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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

on voit bien que j'ai des sentiments très dangereux, et que je suis un très mauvais chrétien

... A l'égal de Voltaire, je semble correspondre à cette description ; tant pis !

 

 

« A monsieur le président Germain-Gilles-Richard de Ruffey

à Dijon

Au château de Ferney, pays de Gex

16è janvier 1761

Ambroise de Croze vous a écrit, monsieur, ou du moins vous a envoyé son petit mémoire anti-sacerdotal, pour vous amuser ; mais il faut que j'aie aussi l'honneur de vous écrire . Je suis enchanté de votre souvenir, j'ai le plaisir d'être rapproché de vous de plus d'une lieue ; c'est toujours cela ; mais le mont Jura est terrible . Je vous demande en grâce d'embrasser bien tendrement M. de La Marche mon contemporain, que j'aimerai jusqu'au dernier moment de ma vie ; je voudrais qu'il pût abandonner pendant quelques jours ses campagnes de Lucullus, pour venir dans mes chaumières . Je serais bien curieux de voir son histoire des impôts 1 ; le livre de M. Mirabeau me paraît d'un fou, qui a de beaux accès de raison ; je suis bien persuadé que M. de La Marche aura mis plus de vérité , et plus de profondeur dans son ouvrage et moins de bavarderie 2; je suis très désintéressé sur cette matière, car mes terres sont libres, et ne paient rien au roi ; mais je n'en gémis pas moins sur le sort de notre petite province de Gex ; les fermiers généraux ont trouvé un beau secret dans ce petit pays-là, celui de réduire à huit mille habitants, seize à dix-sept mille que le pays en contenait il y a quatre-vingts ans ; mais en récompense, ils entretiennent dans ce pays de six lieues de long quatre-vingt-douze commis extrêmement utiles pour l’État . Que voulez-vous, monsieur ! il faut bien qu'il y ait scandale en ce monde ; mais malheur à celui par qui vient scandale 3.

Je viens, moi, de me donner un petit plaisir, qui paraît assez scandaleux aux jésuites ; ils avaient usurpé un domaine assez considérable sur six gentilshommes, tous frères, tous officiers, tous en guenille ; j'ai obligé les révérends pères à déguerpir du patrimoine d'autrui malgré les lettres patentes du roi, entérinées au parlement de Dijon . Frère Berthier ne manquera pas de dire, qu'on voit bien que j'ai des sentiments très dangereux, et que je suis un très mauvais chrétien .

Je ne sais pas ce qu'est devenu M. Le Bault, il avait la bonté de me vendre de fort bon vin tous les ans, et il m'abandonne ; mais j'ai pris le parti d'en faire chez moi d’assez passable .

Mille respects à Mme de Ruffey .

V. »

1 Note de l'éditeur de la Correspondance inédite : « Manuscrit conservé au château de La Marche, et que l'éditeur de ces lettres [Th. Foisset] a parcouru . »

2 Sur le manuscrit, et moins de bavarderie a été ajouté par V* au-dessus de la ligne .

3 Evangile de Matthieu , XVIII, 7 .

 

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16/01/2016 | Lien permanent

monsieur Cramer ferait très bien de venir manger de ce chapon lequel sera toujours moins gras et moins dodu que lui

... Eh oui ! seul l'Aubergiste de l'Europe tient encore table ouverte, les restaurateurs payent par leur fermeture les âneries qui ont eu lieu dans les bistrots .

Le vin comme art de vivre | L'histoire par l'image

 

 

« A Gabriel Cramer

On a découvert deux énormes fautes, ce sont deux noms pour d'autres, et ces fautes sont probablement de moi et non de Wagnière . Monsieur Cramer voudrait-il avoir la bonté de me renvoyer l'errata ? Je le rectifierai et je fournirai de quoi faire la demi-feuille de cartons que monsieur Cramer voulait bien employer . »

 

« On a écrit ce matin à monsieur Cramer un petit mot d’édification . S'il a le manuscrit en question à Tournay, il est prié de le renvoyer . On lui en fera tenir un autre plus ample et plus correct demain matin sans faute . »

 

« Monsieur Gabriel Cramer

à Genève 

On avait envoyé chez Jacoby un tome IVè pour un tome Xè . On le renvoie à monsieur Cramer .

Il manque les tomes XVè et XIVè . On renvoie un tome XV qui est incomplet . Monsieur Cramer est prié de le faire compléter ainsi que le XIVè et de les faire remettre chez Jacoby .

M. de Voltaire a un exemplaire complet des dix premiers volumes, il lui manque les huit derniers ; il prie monsieur Cramer de le lui compléter . »

 

 

« On renvoie à monsieur Cramer ce qu'on lui a promis .

Il est prié très instamment d'en faire tirer plusieurs exemplaires séparés qu'on puisse envoyer à des amis par la poste .

Les Annales de l'Empire demanderont un peu plus de temps .

On doit observer soigneusement de mettre les titres courants, et en marge le numéro du dialogue . »

 

« On envoie à monsieur Cramer des rogatons numérotés pour compléter son petit recueil . Le reste suivra sans perte de temps . »

 

« On envoie un gros paquet concernant l'histoire, cela fait presque un volume . On ne pouvait faire moins en conscience . »

 

« Samedi au soir.

On est obligé en conscience d'avertir monsieur Cramer qu'on ne dine point à Ferney ; qu'on mange sur les huit heures du soir un bon chapon au riz ; que monsieur Cramer ferait très bien de venir manger de ce chapon lequel sera toujours moins gras et moins dodu que lui [...] D'ailleurs le vieux solitaire de Ferney est tout à fait de l'avis de monsieur Cramer sur la lettre anglaise [...] »

 

« On est tout confondu de n'avoir point depuis trois jours une épreuve dont on disait qu'il y avait déjà neuf pages de composées .

On avait envoyé de quoi faire deux nouvelles feuilles au moins . Ce retardement fait une peine extrême à la personne qui s'était confiée à monsieur Cramer .

Il était d'une nécessité indispensable que la chose parût immédiatement après Pâques, pour des raisons que monsieur Cramer approuvera . Il eût beaucoup mieux valu ne point imprimer l'ouvrage que le retarder .

Monsieur Cramer ne sait pas la peine qu'il fait à son ami ; s'il s'en doutait il aurait autant d'empressement qu'on en a pour lui . Plus on l'aime, plus on est affligé . »

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03/11/2020 | Lien permanent

il n'y aura jamais de moi d'édition bien arrêtée qu'après ma mort

 

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Mais pour le moment, j'ai les yeux bien ouverts !


"A chaque fois qu'il tombe, voilà qu'il se relève ... !"

 http://www.youtube.com/watch?v=MMDgGYE6G9c

... Comme Volti ...

 

 

 

«  A M. Georg - Conrad WALTHER. 1

Aux Délices, près de Genève, 5 novembre 1755.

Mandez-moi, mon cher Walther, si je peux vous envoyer par la poste cette tragédie de l'Orphelin de la Chine que vous me demandez. Je l'ai encore beaucoup changée depuis qu'elle est imprimée c'est ainsi que j'en use avec tous mes ouvrages, parce que je ne suis content d'aucun. Cela déroute un peu les libraires, et j'en suis très-fâché mais je ne puis m'empêcher de corriger des ouvrages qui me paraissent défectueux. C'est un malheur pour moi de connaître trop mes défauts, et il n'y aura jamais de moi d'édition bien arrêtée qu'après ma mort. Le sieur Lambert à Paris, et les sieurs Cramer à Genève, ont voulu, chacun de leur côté, faire une nouvelle édition de mes œuvres. Je ne puis corriger celle de Lambert mais je ne puis m'empêcher de corriger, dans celle des frères Cramer, toutes les pièces dont je suis mécontent; c'est un ouvrage auquel je ne puis travailler qu'à mesure qu'on imprime. Il y a à chaque page des corrections et des additions si considérables que tout cela fait, en quelque façon, un nouvel ouvrage. Si vous pouviez trouver le moyen de mettre toutes ces nouveautés dans votre dernière édition 2, cela pourrait lui donner quelque cours à la longue mais c'est une chose qui ne pourrait se faire que par le moyen de quelque éditeur habile; et encore je ne vois pas comment il pourrait s'y prendre. Je suis très-fâché de toute cette concurrence d'éditions.
Si j'avais pu trouver quelque séjour agréable dans votre pays, vous savez bien que je me serais fait un plaisir infini de vous aider et de tout diriger; mais ma santé ne m'a pas permis de m'établir dans votre climat. Partout où je serai, je vous rendrai tous les services dont je serai capable. Si je peux vous envoyer par la poste quelque chose qui m'est tombé entre les mains, et qui vous donnerait un grand profit, je vous ferai ce plaisir sur-le-champ mais, comme c'est un ouvrage qui n'est pas de moi, et de l'orthodoxie duquel je ne réponds pas, je ne vous le ferai parvenir qu'en cas que vous puissiez agir discrètement et sans imprimer cette pièce sous votre nom. »


 

 

2 L'édition de 1752 en sept volumes.

 

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14/04/2012 | Lien permanent

On varie tous les jours, mon cher monsieur, sur la liste des impôts ; mais toutes les listes que j'ai vues sont bien lon

... Et il en est encore qui regrettent le "bon vieux temps" en ignorant qu'il ressemblait au nôtre ; à quelques inventions près , on voit la valse des impôts , à trois (tiers) temps ou plus, sans cesse rejouée . Administrativement, peu de différence entre un roi et des parlements avec fermiers généraux, et un président avec parlement et sénat et un trésor public redoutable .

Qui paye qui ? Qui paye quoi ?

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

Au Délices près de Genève 27 août 1759

On varie tous les jours, mon cher monsieur, sur la liste des impôts ; mais toutes les listes que j'ai vues sont bien longues, le fardeau bien pesant, et la tristesse générale . Cependant il faudra bien prendre un parti pour la clôture des Délices , attendu qu'il n'y a d'impôts sur le territoire de Genève ni sur les pierres ni sur les arbres . Les nouvellistes de votre ville ont voulu contester la défaite du roi de Prusse, mais elle est aussi vraie que celle du maréchal de Contades ; l'une et l'autre pourront être réparées, et la guerre peut durer encore longtemps .

Vous aurez probablement des objets plus satisfaisants à Lyon , vous y aurez deux cours brillantes . Si Mme Denis et moi avions un peu de santé nous pourrions bien aller voir Mme de Pompadour et M. de Choiseul, à qui nous avons plus d'une obligation . Mais je vous avoue que dans le fond du cœur, je préfère mes campagnes à toutes les cours du monde .

Voici, monsieur, deux petites lettres de change . Je reçois peu et je dépense beaucoup, ce n'est pas le moyen de laisser un grand héritage ; le grand point est de se réjouir, c'est pour cela que nous présentons, ma nièce et moi, nos remerciements à M. Camp, et que nous attendons des aunes de verdure et de fleurs comme M. Guillaume attendait des aunes de mouton 1. J'attends aussi que M. le conseiller d’État vienne régler avec moi quelques aunes de muraille .

Mille tendres compliments.

V. »

1 David-Augustin de Brueys, L'Avocat Pathelin, acte III,sc. 3, adaptation de la farce médiévale .

BRUEYS (De) et PALAPRAT. L’Avocat patelin, comédie en trois actes et en prose.

La première édition de l’Avocat patelin a eu lieu en 1706.

David de Brueys (1641-1723), poète et théologien français élevé dans la religion protestante, fut converti par Bossuet,et embrassa la religion catholique. S’étant alors fixé à Paris, il prit goût au théâtre et composa avec son ami Palaprat plusieurs comédies qui eurent du succès.

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/David_Augustin_de_Brueys

 

 

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01/10/2014 | Lien permanent

Les esprits me paraissent bien aigris de tous les côtés. Je vois les malheurs du genre humain augmenter, sans qu'ils pro

... En temps de paix, comme en temps de guerre, l'humain est un drôle d'animal râleur et encore plus s'il est payé pour ça comme tous les homo politicus de notre globule .

 Allons, réjouissons-nous ... tout n'est pas perdu

 mélodie du bonheur.jpg

 Ecoutez Manitas de Plata, génial et généreux, pour mettre en joie : https://www.youtube.com/watch?v=oz8CJTgo0W8&list=RDw2NUQm3CzuA&index=5

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Au château de Tournay, par Genève, 22 octobre [1759].
Madame, j'ai reçu l'honneur de votre lettre 1, et le billet que Votre Altesse sérénissime avait eu la bonté d'insérer en son paquet. La personne à qui vous aviez bien voulu faire parvenir ce que j'avais pris la liberté de vous adresser prétend qu'elle n'a point reçu un assez gros paquet, envoyé directement à elle deux jours auparavant, par une voie qui, jusque-là, avait toujours été sûre. Votre Altesse sérénissime permet que je m'adresse dorénavant à elle. Je ne pourrai peut-être de longtemps répondre au petit billet sans adresse 2; il faudra, je crois, attendre la fin de la campagne. Les esprits me paraissent bien aigris de tous les côtés. Je vois les malheurs du genre humain augmenter, sans qu'ils produisent le bien de personne. L'Angleterre nous bat, mais elle se ruine. Le prince de Brunswick nous bat aussi; mais la Hesse est dans un état déplorable. Les Russes ont battu le roi de Prusse; mais ils n'ont pas de quoi subsister. Le roi de Prusse se soutient; mais tous ses États souffrent. L'Autriche s'épuise. La France est accablée d'impôts malheureusement nécessaires. La Saxe est aussi désolée que du temps de la bataille de Muhlberg 3, et plus que du temps de Charles XII. Puisse toujours la paix, la tranquillité, l'abondance, régner dans le beau château d'Ernest, que je voudrais revoir avant de mourir! Je crains toujours que les éclaboussures ne viennent dans vos États; mais votre sagesse écarte tous les orages. Je me mets aux pieds de Vos Altesses sérénissimes avec le plus profond respect et un attachement éternel. 

V.»

1 Lettre du 8 octobre 1759 acheminant une « petite lettre sans adresse », « le plus sûrement et le plus promptement » possible .

2 De Frédéric II, le 22 septembre 1759, voir lettre du 1er septembre 1759 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/03/je-n-ai-ose-meler-ma-voix-au-bruit-des-canons-qui-ont-gronde.html

La duchesse écrivait : « Comme j'ignore absolument le contenu je marche en tâtonnant : peut-être voudriez-vous y répondre et en ce cas vous n'avez pas à balancer à vous servir du même canal que la première fois mais sous le couvert et l'adresse que je vous joins encore ici . L'exactitude avec laquelle on vous répond me fait présumer monsieur que votre proposition n'a pas déplu et qu'on y ajoute fois [...]. »

3 Gagnée par Charles-Quint en 1547, sévère défaite de Jean-Frédéric, prince électeur de Saxe .

 

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08/11/2014 | Lien permanent

Portez-vous bien, mon cher frère, et, soit que je vive, soit que je meure, écrasez l’infâme

...

Fichier:Ivoire Voltaire.jpg

Sans fard

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

27 janvier 1766 1

J’ai vu ce buste d’ivoire 2 mon cher ami , le buste est long, et les bras sont coupés. Il y a une draperie à l’antique sur un justaucorps . On a coiffé le visage d’une perruque à trois marteaux, et par-dessus la perruque, d’un bonnet qui a l’air d’un casque de dragon. Cela est tout à fait dans le grand goût et dans le costume. J’espère que ces pauvres sauvages, étant conduits, feront quelque chose de plus honnête.

Il y a un polisson de libraire à Paris, nommé Guillyn 3, qui demeure quai des Augustins ; je vous supplie de vouloir bien ordonner à Merlin de fournir un des six exemplaires complets à ce Guillyn, en fourrant Jeanne d’Arc, que Panckoucke doit fournir. Voici un petit mémorandum pour ce Guillyn, que votre protégé Merlin lui donnera.

J’ai une cruelle fluxion de poitrine . Je ne peux ni parler, ni dormir, ni dicter, ni voir, ni entendre. Voilà un plaisant buste à sculpter ! Portez-vous bien, mon cher frère, et, soit que je vive, soit que je meure, écrasez l’infâme. »

1 Edition Correspondance littéraire ; le manuscrit (Darmstadt B. ) n'est qu'une copie incomplète de l'édition , laquelle n'identifie pas le correspondant .

2 Du sculpteur Joseph Rosset . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Rosset

et https://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2011/important-mobilier-sculptures-et-objets-dart-pf1111/lot.132.html

et https://www.artcurial.com/fr/lot-ecole-francaise-du-debut-du-xixe-siecle-dapres-joseph-rosset-1706-1786-voltaire-et-rousseau

Un autre buste surmonte le poêle situé dans le salon du château de Voltaire à Ferney .

L'édition Garnier indique curieusement « Ce buste de Voltaire avait été exécuté par un ouvrier du sieur Claude ; Voltaire en reparle dans sa lettre du 21 mai », le « sieur Claude » étant un parfait inconnu est mis incongrûment là pour « Saint Claude » .

3 Pierre Guillyn, que V* orthographie Guislin , né à Nemours, reçu libraire à Paris le 10 janvier 1742, mort à Montlhéry le 9 juin 1781. Voir : https://data.bnf.fr/fr/12355908/pierre_guillyn/

et : http://worldcat.org/identities/lccn-no2010019153/

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16/05/2021 | Lien permanent

les filles n'y ont gagné que la vérole, il est bien juste que la ville de Gex en ait sa part

... Non, ce n'est pas le bilan des festivités du 1er août à Genève, mais pour ceux qui connaissent cette ville, on n'en est pas loin, le commerce sexuel y étant florissant au grand dam de Calvin ; lequel commerce ne connaissant pas de frontière, Gex n'y échappe sûrement pas .

Suivez le programme : https://lepaysgessien.lemessager.fr/649320972/article/202...

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

17è janvier 1769 à Ferney

Je vous envoie, ma chère nièce, un petit paquet par M. Des Franches, dans lequel vous trouverez les changements essentiels pour l'ouvrage de La Touche . Ils sont dans une grande feuille, divisée par coupons comme des effets royaux ; rien ne sera plus aisé que de mettre ces coupons à leur place, avec quatre petits pains .

Voici une autre affaire . C'est une requête que je vous prie très fort de signer, et d'envoyer à M. Gayot, votre ancien ami . Nous avons été terriblement vexés, le pauvre Mallet et moi . Les soldats du régiment de Cambrésis sont ingouvernables, quelque peine que les officiers aient prise pour les contenir . Votre pauvre village a été foulé, figurez-vous qu'on a été obligé de fournir cinquante paires de draps, autant de couvertures et dix-sept lits garnis d'officiers . Mallet et moi, nous avons presque tout fourni . Le paysan était près de tout abandonner et de s'enfuir . Des hommes et des femmes ont été battus, les filles n'y ont gagné que la vérole, il est bien juste que la ville de Gex en ait sa part . Pour moi, j'avoue que je ne puis tenir à ce voisinage . Je ne veux point importuner M. le duc de Choiseul de ces détails dans lesquels il n'entre guère . Je le crois assez embarrassé de la malheureuse expédition en Corse . Ces petites choses très importunes dépendent entièrement de M. Gayot . Je ne doute pas qu'il n'ait beaucoup d'égard à vos représentations . La chose presse, voici le temps de la distribution des quartiers . Il ne vous en coûtera qu'une petite lettre à M. Gayot pour appuyer la requête . Plût à Dieu que vous eussiez vendu Ferney qui ne rapporte que de l'embarras, vous auriez beaucoup d'argent comptant, et je mourrais tout aussi bien à Tournay qu'à Ferney, le président De Brosses ayant eu honte enfin de ses infâmes procédés, et s'étant mis à la raison .

Je me flatte, ma chère nièce,que votre santé est entièrement raffermie . On dit que votre saison est charmante et que vous avez le printemps au mois de janvier ; nous l'avons aussi,mais nous le paierons chèrement .

Je n'ai point entendu parler du paquet du président Hénault que vous vouliez m'envoyer par la diligence de Lyon .

Aimez-moi toujours un peu, c'est mon unique plaisir dans ma profonde retraite.

V. »

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01/08/2024 | Lien permanent

je regarderais comme une démence bien condamnable à mon âge des plaisanteries qui ont pu m'amuser il y a trente ans

 ... Mais , soit démence sénile prématurée, soit Alzheimer, je n'ai pas en mémoire des plaisanteries de trente ans que je puisse condamner de nos jours .

Il est vrai qu'une activité de père de famille banale ne permet pas d'écarts plaisants qu'on doive regretter avec le recul . Sage , trop sage .Tant pis !

Les plaisanteries que je peux pratiquer actuellement seront couvertes par la prescription avant que je sois à même de les condamner . Heureusement !

Des deux, lequel/laquelle est le/la plus joyeux/se ?

 Black is black !

blackisblack 9731.JPG

 http://www.youtube.com/watch?v=VVWNZPOUhO8

 

« A M. Pierre ROUSSEAU 1

à Liège.

Aux Délices, 28 novembre [1756].

J'ai vu dans votre journal de novembre, monsieur, des vers qu'on m'attribue 2; ils commencent ainsi

C'est par ces vers, enfants de mon loisir,
Que j'égayais les soucis du vieil âge;
0 don du ciel, etc.


Sans examiner si ces vers sont bons ou mauvais, je peux vous jurer, monsieur, que non-seulement je n'en suis pas l'auteur, mais que je regarderais comme une démence bien condamnable à mon âge des plaisanteries qui ont pu m'amuser il y a trente ans. Ceux qui achèvent ainsi sous mon nom des ouvrages si peu décents sont assurément plus coupables que je ne le serais d'en faire mon occupation. Je ne me reconnais dans aucune des éditions qui ont paru du petit poème dont vous me parlez. J'ai encore vu dans vos précédents journaux une prétendue lettre de moi à M. le maréchal de Richelieu, où il est dit qu'on a perdu le Pinde 3 je n'ai jamais écrit cette lettre. Plus j'estime votre
journal, qui ne me parait fait que pour la vérité, et plus je crois de mon devoir de vous la faire connaître.
Je reçois dans ce moment une lettre de M. de Caussade 4, datée de Liège. Il me parle d'un projet d'abréger et de rectifier les Mémoires de Mme de Maintenon 5. Tout ce que je peux répondre, c'est
qu'il n'y a dans ces Mémoires que des choses triviales, entièrement défigurées, ou des anecdotes entièrement fausses. On peut s'en convaincre par les dates seules des événements. Ces sortes
d’ouvrages excitent d'abord la curiosité, et tombent ensuite dans un éternel oubli.
Je fais mes compliments à M. de Caussade, et j'ai l'honneur d'être, etc. »

2 Ces vers sont l'épilogue de l'édition de 1756; ils sont maintenant placés avec les variantes du XXIè chant de La Pucelle d'Orléans . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-chant-vingt-et-unieme-86642161.html

5 Éditées par Laurent Angliviel de La Beaumelle, une des raisons qui l'ont mené à la Bastille . Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206443s/f3.image.r=...

 

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06/09/2012 | Lien permanent

il me semble que je passerais bien du temps avec vous, si je n'étais pas né trop tôt

... Te vedero caro cigno .

 

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Ah ! fleur d'eau affleure l'eau

 

« Au comte Francesco Algarotti

à Venise

Au château de Ferney pays de Gex

par Genève 22è février 1761

J'ai tâté, caro mio signore, de toutes les misères de la vieillesse, pendant quatre mois entiers ; j'ai eu la goutte successivement à tous les membres, excepté dans le cœur qui est toujours sain et chaud ; je vous ai envoyé une petite cargaison adressée à Venise, mais je ne sais si vous y êtes . Notre ambassadeur 1 paraît bien fâché de ne vous avoir pas vu, car il connait tout votre mérite, et il me paraît que c'est une condition fort triste d'être à Venise, et de n'y pas voir le Cygne de Padoue . J'ai relu tous vos charmants écrits pendant ma maladie ; ils ont fait ma consolation, j’ai trouvé partout de l'instruction, et le ton de la bonne compagnie . Je vous avouerai que ce qui me déplait della mia vecchieza 2, c'est que je ne pourrai pas vous lire longtemps, et que je désespère de vous revoir ; il me semble que je passerais bien du temps avec vous, si je n'étais pas né trop tôt .

Je suis bien aise de vous dire que j'ai entre les mains un ancien commentaire du Vedam 3 des brahmanes ! Un brahmane de beaucoup d'esprit qui a rendu de grands services à notre compagnie des Indes , et qui sait très bien le français, s'est donné la peine de le traduire ; cela est beaucoup plus curieux et plus ancien que le Sadder des Persans ; j'espère en faire bon usage, si je retrouve un peu de santé, et de loisir .

L'estampe que vous trouverez au devant de Tancrède, m'a paru très bien dessinée ; il y a un portrait qui est d'après nature . Où êtes-vous ? que faites-vous ? m'aimez-vous encore ?

J'ai auprès de moi la petite fille du grand Corneille . Dès que nous lui aurons appris le français, qu'elle ne sait point nous lui apprendrons l'italien pour vous lire . Il faudra aussi qu'elle lise Messer Ludovico, dont je suis plus fou que jamais . Ah ! Si on avait La Pucelle telle que [je] l'ai faite, on me prendrait pardieu pour un disciple de l'Arioste , mais patience .

Te amo, te amero, te leggero, te vedero caro cigno di Padua .4

V. »

1 L'ambassadeur de France à Venise fut, du 10 novembre 1760 au 14 août 1761, François de Sainte-Hélène, comte de Baschi . Est-ce de lui dont parle V*, ou d'un de ses prédécesseurs ?

2 De ma vieillesse .

3 Manuscrit conservé à la Bibliothèque national, Nouvelles acquisitions . Il fut publié en traduction française par Clermont-Lodève, baron de Sainte-Croix, sous le titre Ezour -Vedam, ou ancien commentaire du Vedam, 1778 . en fait il ne s'agit nullement d'un ancien commentaire du Vedam, mais de l’œuvre d'un missionnaire ; voir Francis Ellis : «  Account of a discovery of a modern imitation of the Vedas, with remarks on the genuine works », Calcutta , 1822 , XIV, I, 59 . Quoi qu'il en soit, cette œuvre exerça sur V* une grande influence dont on retrouve la trace notamment dans les Lettres d'Amabed .

4 Je t'aime, je t'aimerai, je te lirai, je te verrai cher cygne de Padoue .

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18/02/2016 | Lien permanent

Il me semble, mademoiselle, que je vous dois des remerciements, toutes les années, d’avoir bien voulu venir dans ma peti

... Mam'zelle Wagnière, et je suis au regret d'avoir à faire des travaux " de mise aux normes" comme vous dites au XXIè siècle, lesquels travaux vont officiellement être présentés ce 4 juillet 2016 à 16h , enfin ! Ce qui ne m'empêchera pas de vous laisser à loisir cheminer dans le parc, et l'allée de Charmilles (qui orne votre blog, preuve s'il en était besoin de votre attachement)  , vous partagez mon amour pour ce lieu .

 Voir : http://www.chateau-ferney-voltaire.fr/

Voilé et chapeauté comme une jeune mariée !

La restauration va durer plus longtemps que la construction originelle .

 

 

« A Marie Fels

Au château de Ferney par Genève

29 juillet 1761

Il me semble, mademoiselle, que je vous dois des remerciements, toutes les années, d’avoir bien voulu venir dans ma petite retraite 1. Mais il faut que je vous remercie d’une autre sorte de plaisir que vous m’avez fait, et que vous ne savez peut-être pas.

Vous me dites, aux Délices, qu’il y avait à Paris un homme plein d’esprit et de générosité, dont le plus grand plaisir était celui d’obliger, et que c’était M. de Laborde 2. Je m’en suis souvenu, quand il a été question d’imprimer un Corneille avec des commentaires, et d’en faire une édition magnifique, au profit de la famille infortunée de ce grand homme. J’ai répété mot pour mot à M. de Laborde, très indiscrètement, tout ce que vous m’aviez dit de lui. Je vous assure qu’il n’a pas démenti vos éloges : il favorise cette entreprise avec tout le zèle d’un excellent citoyen, et il m’a écrit une lettre qui fait bien voir qu’il a autant d’esprit que de noblesse d’âme. Je suis si pénétré de tout ce qu’il daigne faire, que je ne puis m’en taire avec vous. Vous qui avez des talents si supérieurs, mademoiselle, vous sentez bien mieux que personne, combien il sera beau à notre nation de protéger les talents du grand Corneille cent ans après sa mort, et vous devez être flattée que ce soit votre ami, M. de Laborde, qui ait fait les premières démarches. Pardonnez donc à mon enthousiasme, et comptez que nous en avons toujours beaucoup pour vous au pied des Alpes, madame Denis et moi. Recevez, avec votre bonté ordinaire, les sentiments respectueux du vieux

Voltaire. »

2 Banquier à la cour ; la lettre de Laborde du 4 juillet 1761 est conservée ; c'est lui qui annonce la souscription de deux cents exemplaires ; il ajoute qu'il a fait souscrire le duc de Choiseul et la duchesse de Gramont pour respectivement 20 et 3 exemplaires .

 

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