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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Vous pourriez bien entendre parler encore d'une bataille. Ne cessera-t-on point de s'égorger ?

... Le combat cessera faute de combattants . Pour ne plus entendre parler de batailles, il ne reste que l'île déserte ou la tombe, et encore, dans cette dernière option ne suis-je pas sûr à cent pour cent de trouver une éternité sereine . Me reste le doute optimiste qui, vous l'avouerez, est bien préférable au doute pessimiste, non ?

 

s égorger on-les-aura.jpg

 On les aura !

Un coup à se retrouver seul "à l'heure imbécile où ça fait 2000 morts "

http://www.youtube.com/watch?v=d3FP1IKU9ck

 

 

 

« A M. Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

Conseiller d'honneur du Parlement

rue de la Sourdière à Paris

Aux Délices, 2 décembre [1757].

Mon cher et respectable ami, dès que vous m'eûtes écrit que celui Qui miscuit utile dulci,1 voulait bien se souvenir de moi, je lui écrivis pour l'en remercier. Je crus devoir lui communiquer quelques rogatons très- singuliers qui auront pu au moins l'amuser. J'ai pris la liberté de lui écrire avec ma naïveté ordinaire, sans aucune vue quelle qu'elle puisse être. Il est vrai que j'ai une fort singulière correspondance, mais assurément elle ne change pas mes sentiments; et, dans l'âge où je suis, solitaire, infirme, je n'ai et ne dois avoir d'autre idée que de finir tranquillement ma vie dans une très-douce retraite. Quand j'aurais vingt-cinq ans et de la santé, je me garderais bien de fonder l'espérance la plus légère sur un prince qui, après m'avoir arraché à ma patrie, après m'avoir forcé, par des séductions inouïes, à m'attacher auprès de lui, en a usé avec moi et avec ma nièce d'une manière si cruelle. Toutes les correspondances que j'ai ne sont dues qu'à mon barbouillage d'historien. On m'écrit de Vienne et de Pétersbourg aussi bien que des pays où le roi de Prusse perd et gagne des batailles. Je ne m'intéresse à aucun événement que comme Français. Je n'ai d'autre intérêt et d'autre sentiment que ceux que la France m'inspire, j'ai en France mon bien et mon cœur. Tout ce que je souhaite, comme citoyen et comme homme, c'est qu'à la fin une paix glorieuse venge la France des pirateries anglaises, et des infidélités qu'elle a essuyées, c'est que le roi soit pacificateur et arbitre, comme on le fut aux traités de Vestphalie 2. Je désire de n'avoir pas le temps de faire l'Histoire du czar Pierre, et quelque mauvaise tragédie, avant ce grand événement .
Si vous pouvez rencontrer, mon divin ange, la personne 3 qui a bien voulu vous parler de moi, dites-lui, je vous prie, que j'aurais été bien consolé de recevoir deux lignes de sa main, par lesquelles il eût seulement assuré ce vieux Suisse des sentiments qu'il vous a témoignés pour moi.
Savez-vous que le roi de Prusse a marché, le 10 de novembre, au général Marschall, qui allait entrer avec quinze mille hommes en Brandebourg, et qui a reculé en Lusace ? Vous pourriez bien entendre parler encore d'une bataille. Ne cessera-t-on point de s'égorger ? Nous craignons la famine dans notre petit canton. Un tremblement de terre vient d'engloutir la moitié des villes Açores 4, dont on m'avait envoyé le meilleur vin du monde, la reine de Pologne 5 vient de mourir de chagrin, on se massacre en Amérique, les Anglais nous ont pris vingt-cinq vaisseaux marchands. Que faire ? Gémir en paix dans sa tanière 6, et vous aimer de tout son cœur. 

V.»

1 Celui qui mêla l'utile et l'agréable ; Horace, Art poétique . Il s'agit là de Bernis .

2 Il faudra attendre février 1763 pour retrouver la paix générale .

3 Bernis .

4 Sic : Iles Açores ou villes des Açores .

5 Marie-Josèphe d'Autriche, femme de Frédéric Auguste II de saxe (Auguste III de Pologne) fille de l'empereur Joseph, est morte à Dresde le 17 novembre 1757. Elle était la mère de la dauphine qui donna le jour à Louis XVI, Louis XVIII, et Charles X. (Beuchot.)

6 Variante de la leçon de Candide .

 

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09/02/2013 | Lien permanent

Je vous supplie de vouloir bien me mander si c'est votre commodité de me faire payer des six premiers mois de ma rente é

... Et pendant que vous y êtes, le versement de ma pension de retraite se fera-t-il toujours à terme échu ? Je vous préviens que le premier qui s'avise de la rogner me mettra en rogne , stade suivant de ma grogne .

 http://leslapinsgovin.over-blog.com/article-35286630.html

 crise-on-grogne.jpg

 

« A Son Excellence monsieur le baron Heinrich Anton von BECKERS

ministre d’État

et de conférence

à Manheim

A Lausanne 12 janvier 1758

Monsieur, j'ai l'honneur de renouveler à Votre Excellence au commencement de cette année tous les sentiments qui m'attachent à elle . Je vous supplie de vouloir bien me mander si c'est votre commodité de me faire payer des six premiers mois de ma rente échus au premier janvier, c'est-à-dire la somme de 6500 livres de France sur M. de Montmartel à Paris . Cet arrangement vous serait aisé ; et me serait très convenable . Sinon , monsieur, j'attends vos ordres pour savoir à quel banquier de Francfort vous souhaitez que je m'adresse .

Je me flatte que vous voudrez bien en user avec moi comme Mgr le duc de Virtemberg qui me fait une pareille rente et qui me fait toujours toucher ce qui m'est dû, libre et dégagé de tous frais . C'est une bagatelle pour Son Altesse électorale . Je vous supplie de me mettre à ses pieds et de me continuer votre bienveillance.

J'ai l'honneur d'être avec respect

Monsieur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire. »

 

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18/03/2013 | Lien permanent

Avouez, madame, qu'il sera bien plaisant d'être sous le masque, donnez-vous ce plaisir-là, je vous prie

... et baignons-nous, à l'abri des regards indiscrets, dans notre piscine  quasi-olympique/jupitérienne de Brégançon ! "

Dès ce jour, notre président et sa dame vont pouvoir se mettre à poil, ça va les requinquer, j'espère . Une mise à nu ne peut que faire du bien .

Sur ce, je retourne dans ma baignoire .

 Image associée

Coup de soleil ? ça fait mal .

 

 

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

13è auguste 1763

L'un des anges, je reçois la lettre dont vous m'honorez du 4è auguste . Je vous envoie, pour vous amuser, un premier acte, un peu plus joli que n'était l'autre, plus dialogué, et plus convenable . Il y a , dans tous les actes, des morceaux que j'ai fortifiés, mais à présent que j'ai un maudit procès pour mes dîmes, et que je fais des écritures, je ne peux guère faire d'écrits ; j'ai eu douze jours de bon, je les ai employé à brocher un drame, cela est bien honnête . Avouez, madame, qu'il sera bien plaisant d'être sous le masque, donnez-vous ce plaisir-là, je vous prie .

J'ai peur que M. le duc de Praslin n'aime pas mon impératrice de Russie, j'ai peur qu'on ne la dégote 1; il ne me restait plus que cette tête couronnée, il m'en faut une absolument .

J'ai lu Les Quatre Saisons du cardinal de Bernis, c'est une terrible profusion de fleurs . J'aurais voulu que les bouquets eussent été arrangés avec plus de soin . Je jouis pleinement de ce qu'il a chanté . Vous ne savez pas, madame, combien l'on est heureux d'être à la campagne, et peut-être qu'il ne le sait pas non plus .

Je ris aux anges, c'est-à-dire que je suis rempli pour vous, madame, du plus tendre respect .

V.

Mme Denis, et ma petite famille qui rit et saute tout le jour, baisent humblement le bout de vos ailes . »

1 Ce mot signalé au XVIIè siècle par Ménage comme mot de l'ouest, est certainement encore vulgaire à l'époque où l'emploie V* . Desfontaines l'utilise au sens de « déplacer » en 1740, et d'Argenson au même sens que V* dans la présente lettre un peu plus tard .

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04/08/2018 | Lien permanent

Si j'étais une jeune et jolie femme, je sais bien comment je récompenserais un homme qui m'aurait adressé de si jolis ve

... Fi du 49-3 !

 

 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore etc.

rue Neuve-des-Capucines

à Paris

Je vous fais bien tard mes remerciements, monsieur ; ils n'en sont pas assurément moins sincères . Un petit voyage et les maladies qui accablent ma vieillesse ne m'ont pas permis de vous dire plutôt 1 avec quelle satisfaction j'ai relu votre héroïde, et le plaisir extrême que m'a fait votre épître 2 . Si j'étais une jeune et jolie femme, je sais bien comment je récompenserais un homme qui m'aurait adressé de si jolis vers ; il n'aurait pas à se plaindre de moi . Je n'ai rien vu d'écrit avec plus de grâce . Je suis persuadé que la dame vous a bien payé de vos peines . Les amants malheureux ne font pas des vers si agréables . Plus je lis ces ouvrages qui sont du meilleur ton, plus j'ai bonne opinion de votre commentaire sur Racine qui était le poète du sentiment . J’espère que nous aurons bientôt l'édition que vous nous avez promise . Ce sera un grand service que vous rendrez à la littérature ; je l'attends avec la plus grande impatience ; elle sera l'ornement de ma bibliothèque et l'occupation de mes journées .

J’ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

4è juillet 1767 à Ferney. »

1 C'est-à-dire plus tôt .

2 Une note de Blin de Sainmore sur une copie faite par lui de la lettre de V* précise qu'il s’agit d’une « nouvelle édition de l'héroïde de Calas précédée d'une épître à Mme*** [Élie de Beaumont) sur le sentiment », c'est-à-dire la Lettre de Jean Calas à sa femme et à ses enfants, 1767, tournée en « héroïde » à la mode du temps ; voir : https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/2879b220932eff741dc05174d5803a45.pdf

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20/01/2023 | Lien permanent

Voudriez-vous bien monsieur avoir la bonté d'avertir sa famille ? C'est une nouvelle obligation que le pays vous aura

... M. James Comey, serez-vous estimé et reconnu valable par vos concitoyens U.S. après votre déclaration , qui n'est pas sans fondement, que Donald Trump est moralement inapte à diriger son pays ( et tout autre d'ailleurs si ça lui était possible ! ) : http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/04/16/donald...

 Image associée

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry, Maire

et subdélégué à Gex

Aux Délices 25 avril [1763]

Monsieur,

Vous avez eu la bonté de faire agréer qu'on eût soin dans l'hôpital de Lyon d'un nommé Betems 1 du village de Moens qui a le malheur d'être fou furieux . Ses parents ne paient plus sa pension . L’hôpital renverra ce malheureux qui sera très dangereux dans le pays . Voudriez-vous bien monsieur avoir la bonté d'avertir sa famille ? C'est une nouvelle obligation que le pays vous aura . Vous savez avec quels sentiments j’ai l'honneur d'être

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

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16/04/2018 | Lien permanent

j'ai un si profond respect pour les biens de l’Église , que je me juge absolument indigne de leur payer les lods et vent

... Et me contente de donner quelques denrées au Secours catholique, sans apporter mon écot aux "princes" de l'Eglise , fonctionnaires sans soucis du lendemain .

 Résultat de recherche d'images pour "aveugle et chien barbet"

Ce n'est pas encore une race de chien présidentiel, et pourtant ... bonne bouille .

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry, Maire et

subdélégué

à Gex

7 janvier 1764, à Ferney 1

Dans l'état où je suis, monsieur, je compte ne faire d'autre acquisition que celle d'une place aux Quinze-Vingts, et d'un chien barbet pour me conduire avec une ficelle . Personne ne sait plus que moi l'utilité dont le prieuré de Prévessin est au royaume, et j'ai un si profond respect pour les biens de l’Église , que je me juge absolument indigne de leur payer les lods et ventes . Ainsi permettez que je n'achète point le domaine qu'on me propose . Soyez bien sûr que tout ce que j’ai trouvé de plus agréable dans ce pays, c'est d'avoir l'honneur de vous connaître ; je vous supplie d'être persuadé de l'attachement inviolable avec lequel je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Le manuscrit original signé a été communiqué à Beaune par Le Sérurier ; c'est donc cette dernière édition qui est suivie, d'autant qu'elle semble plus fidèle à l'original .

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12/01/2019 | Lien permanent

j'ai fait des enfants, bâti des maisons, et planté des arbres . Je ne sais pas bien exactement, monsieur, si j'ai rempli

... Voilà un beau programme  , oeuvre de création et de transmission de vie , présenté ici par ordre décroissant de soucis potentiels  ! Ceux qui ont fait les trois points sont sans doute d'accord avec mon classement proposé .

 arbre-cathedrale.jpg

 Il faut avoir gardé une âme d'enfant pour construire dans un arbre .

 http://lgirafes.blogspot.fr/2012/08/vivre-dans-un-arbre.html

 

« A Jacques-Bernard Chauvelin 1

Aux Délices route de Genève

3è février 1759 2

Vous allez être étonné, monsieur, qu'au lieu de vous demander des lumières sur des objets de littérature, selon mon ancien usage, je me borne à vous demander votre protection sur le centième denier . J'ai commencé à être honteux sur la fin de ma vie de l'avoir employée à barbouiller du papier . On prétend que les Chinois et les Indiens disent à Dieu en mourant , Tu n'as rien à me reprocher, j'ai fait des enfants, bâti des maisons, et planté des arbres . Je ne sais pas bien exactement, monsieur, si j'ai rempli le premier devoir mais je me vois au moins deux tiers d'Indou , et de Chinois, je plante et je bâtis . Je fais plus, je laboure, et je crois que l'invention du semoir est très utile à l’État. Mais en mettant beaucoup de deniers dans ces opérations je ne pense pas que je doive le centième denier exigé par M. Girard 3. Je crois que M. Girard n'est ni un homme de génie, ni un homme de bonne compagnie . C'est ce qui fait, monsieur,que je m’adresse à vous de préférence à lui ; je vois crois d'ailleurs beaucoup plus juste qu'un Girard . Je n'ai pas l'honneur de vous écrire de ma main, et vous pardonnerez cette insolence à un vieux malade, mais tant que les facultés de sentir et de penser me resteront, je vous serai toujours attaché avec le plus tendre respect .

Voltaire . »

2 Sur la copie de cette lettre, Chauvelin qui était intendant des finances a noté, à l'intention de son premier commis Vincent , « V. m'en parler. »

3 Fermier général qui est en cause dans une requête de V* concernant Tournay : « ainsi le sieur Girard, receveur ou directeur de la ferme du domaine à Dijon, n’est pas recevable dans l’évaluation qu’il fait ; ledit Girard abusant d’autant plus de son emploi, qu’il demande ce paiement injuste avant même que le complaignant soit en possession de la terre dont il ne doit jouir que le 22 Février. »

 

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22/02/2014 | Lien permanent

quoi qu'il en soit, on ne peut refuser la révision, ou bien il faudrait qu'il n'y eût ni pudeur, ni justice, ni honneur

... dès aujourd'hui , pour ce remaniement ministériel . Aura-t-on une ou des nouvelles têtes tout aussi inconnues que celles qu'elles remplaceront ?

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Cheese ! ouistiti ! saucisson !  But don't forget : "It is dangerous to be right when the government is wrong." Voltaire .

 

 

« A Philippe Debrus

7è janvier 1763 à Ferney

Je doute fort , monsieur, que ce soit M. le duc de Bedfort, qui ait obtenu la relaxation de Mlles Calas ; mais je ne doute point que le parlement de Toulouse ne soutienne que Calas et toute la famille est coupable, et qu'il n'a prévariqué qu’en ne faisant pas rouer la famille entière . Il n'a que cette honteuse et abominable ressource ; soyez 1 qu’elle ne servira qu'à le couvrir d’opprobre .

Il se pourrait bien faire que le père Bourges 2 fût un fripon ; je soupçonne un peu, parce qu'il n'a point répondu à la lettre que Donat Calas lui avait écrite ; quoi qu'il en soit, on ne peut refuser la révision, ou bien il faudrait qu'il n'y eût ni pudeur, ni justice, ni honneur sur la terre . C'est sur quoi nous serons éclaircis ce mois-ci . On jugera sur le mémoire très judicieux de M. Mariette, il porte la conviction dans les esprits, et la vue d'une mère et de deux filles en crêpe et en larmes redemandant le sang d'un époux et d'un père, porteront la pitié dans tous les cœurs .

Cette affaire devient de jour en jour plus intéressante 3. J'ai l'honneur de vous renvoyer vos lettres . »

1Wagnière a oublié un mot , sans doute sûr .

2 Les deux dominicains présents lors de la mise à la question de Jean Calas proclamèrent qu’il avait été ferme jusqu'à la mort . Mais l'un d'entre eux, Bourges, contribua plus tard à faire entrer Pierre Calas dans un couvent .

3 A l'époque, le terme a un sens fort, et n'est donc pas à négliger ici .

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21/11/2017 | Lien permanent

il pourra naître un grand bien de l'horrible mal qu'il s'est commis

... mais vraiment, cet espoir est irréaliste quand il s'agit de la Syrie et l'innommable

Bachar el-Assad, tueur patenté, soutenu par Poutine ; belle paire qui confirme que le pire a de l'avenir .

 

 

« A Philippe Debrus

Je peux vous assurer, monsieur, que M. Dumas et Mme Calas n'ont qu'à se tenir tranquilles , Dieu bénira la générosité de l'un, et l'innocence de l'autre . On songe à eux plus qu'ils ne pensent, et je vous répète ce que je vous ai dit depuis six mois, qu'il pourra naître un grand bien de l'horrible mal qu'il s'est commis . Je vous renouvelle mes tendres compliments, aussi bien qu'à M. Dumas, à Mme Calas, et à mesdemoiselles ses filles .

A-t-on donné ma lettre à M. le marquis de Gouvernet ? Que votre feu languedochien vous conserve la vie au milieu des neiges . Ce temps-ci me rend bien malade .

14 mars [1763]. »

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25/02/2018 | Lien permanent

Il faut tâcher de bien faire ce qu’on fait, fût-ce un bout-rimé ou une antienne

... Avec ou sans  redoublement en cycle primaire ?

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« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

Aux Délices 19 juillet 1762 1

Ce n’est pas sans raison, monseigneur, et non sine numine divum 2, que l’effigie de ma maigre physionomie est au Louvre 3, précisément au-dessous de votre rond et resplendissant et très aimable visage . C’est, comme disent les docteurs, un vrai type 4. Cela signifie que mon âme reçoit d’en haut les rayons de la vôtre. Vous avez bien voulu m’illuminer plus d’une fois sur mon œuvre des six jours ; vous ne vous êtes point rebuté. Comptez que je sens tout le prix de vos bontés, comme celui de votre esprit et de votre goût. Que Votre Éminence a bien raison de dire que Statira ne parle pas à Antigone d’une manière assez imposante ! J’ai changé sur-le-champ la chose ainsi :

La majesté peut-être, ou l’orgueil de mon trône,

N’avait pas destiné, dans mes premiers projets,

La fille d’Alexandre à l’un de mes sujets ;

Mais vous la méritez en voulant la défendre ;

C’est vous qu’en expirant désignait Alexandre .

Il nomma le plus digne, et vous le devenez .

Son trône est votre bien quand vous le soutenez .

Allez, et que des dieux la faveur vous seconde .

Que la vertu vous guide à l’empire du monde .

Combattez, et régnez, etc. 5

Je profiterai de toutes vos remarques. Il faut tâcher de bien faire ce qu’on fait, fût-ce un bout-rimé ou une antienne. Recevez, avec mes tendres remerciements, les témoignages de ma juste sensibilité pour tout ce qui touche Votre Éminence. Vous essuyez donc encore des pertes particulières dans des malheurs publics, et votre courage est à toutes les épreuves .  

Durate, et vosmet rebus servate secundis. 6

Je suis bien édifié de votre goût pour les potagers . Je ne savais point que vous fussiez frugivore 7, je vous croyais seulement virum frugi. Je vous parlais de votre belle mine rebondie ; elle est heureuse, et vous serez heureux. Ne serez-vous pas riche comme un puits, quand vous aurez nettoyé vos dettes ? ne serez-vous pas le plus aimable du Sacré-Collège ? ne vivrez-vous pas comme il vous plaira ? ne ferez-vous pas le charme de la société ? On dit que vous voulez être archevêque ? à la bonne heure, mais ce n’est qu’une gêne 8 ; un cardinal n’a pas besoin d’une charge d’âmes, et c’est une triste charge. Je vous voudrais à Paris, à la tête du bon goût et de la bonne compagnie, avec cent mille écus de rente . Mais on dit que ce n’est pas assez pour le cœur humain, et qu’il faut autre chose . Je m’en rapporte . Je suis enfoncé dans l’histoire du temps présent . Je suis émerveillé de nos sottises. Quelles misères !

Tendre attachement, profond respect.

V. »

1 V* répond à une lettre du 10 juin [juillet] 1762 : « A peine arrivé ici, [à Vic-sur-Aisne] j'ai appris qu'un de mes neveux, colonel aux grenadiers de France a été tué dans la dernière affaire ; […] ce second malheur a rouvert les plaies du premier . […] J'ai trouvé votre tragédie si changée en bien que je ne l'ai presque pas reconnue . Le rôle de Statira est admirable et bien soutenu ; il ne s'agit que de jeter une nuance de fierté dans les discours qu'elle tient à Antigone . […] Je plante beaucoup d'arbres ; j'arrose mes pairies ; je soigne beaucoup mes potagers, qui sont devenus mes nourrices, depuis que je ne mange plus de viande […] » . La lettre étant suivie d'une série de remarques sur Cassandre .

2Et non sans volonté des dieux ; Virgile, Enéide, II, 777 .

3 Dans la salle de l'Académie française .

4 Type se dit, en termes de théologie, « des tableaux et des miroirs fidèles où Dieu a voulu que les hommes contemplassent les desseins de sa Providence » (Dictionnaire universel […] de Trévoux).

5 Olympie, III, 5 .

6 Tenez bon, et conservez-vous pour un avenir favorable ; Virgile, Enéide, I, 207 .

7 Littré ne cite de ce mot que des emplois techniques ; V* l'utilise par plaisanterie ; c'est pour lui un latinisme signifiant végétarien, qui fait un jeu de mots avec virum frugi, « homme de bien ».

8 Bernis fut en effet archevêque d'Albi de 1764 à 1769 .

 

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08/06/2017 | Lien permanent

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