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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

la louable coutume des Français, qui sont riches en paroles et généreux en promesses

... Ami Voltaire, les Français sont encore et toujours comme ça au XXIè siècle, et les plus remarquablement attachés à cette misérable coutume sont nos politiciens . Il est des coutumes plus néfastes me direz-vous, mais il en est de plus louables heureusement , et vous le savez bien .

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney , 3 janvier 1763 1

Mon illustre magistrat, mon respectable ami, j’ai le cœur serré de la lecture de votre second mémoire . Que je vous plains ! Que les derniers pas de votre belle carrière sont pénibles ! Mais enfin vous êtes sage . Tâchez de finir cette affaire à quelque prix que ce soit et ménagez-vous des heures heureuses sur la fin de ce jour d'orages qu'on appelle la vie . Je voudrais voir le mémoire de votre adverse partie ; et quand je songe que cette adverse partie est un fils, un premier président qui vous doit ce qu'il a et ce qu'il est, je suis bien affligé .

Je vous promets de venir vous voir l'année prochaine, si je suis en vie . Vous savez que jusqu'ici je n'ai pas eu un moment dont je pusse disposer .

Je me flatte que votre procès contre monsieur votre fils vaut mieux que celui que vous entreprenez pour votre dessinateur . Vous en appelez à M. de Caylus, c'est précisément , à ce qu'on me mande, M. de Caylus qui l'a condamné . Pour moi je ne le condamne point, il m'est très indifférent que des figures soient grandes ou petites, et même qu'elles soient bien ou mal faites . On n'examine point les estampes des tragédies qu'on ne peut lire ; et les souscripteurs n'ont que trop d'estampes et de papier pour leur argent .

Beaucoup même de souscripteurs n'ont rien donné selon la louable coutume des Français, qui sont riches en paroles et généreux en promesses, tandis que les Anglais sont ordinairement l'un et l'autre en effet .

Venons à présent à notre petite affaire . Le billet que vous m'avez fait à Lyon entre les mains de MM. Tronchin et Camp, ne vaut rien en justice réglée et déréglée, parce que c'est une quittance plutôt qu'un billet, et que certainement monsieur votre fils ne le paierait pas, et que mesdames vos filles seraient en droit de le pas payer à Mlle Corneille ou à mes autres hoirs après que notre corps sera rendu aux quatre éléments .

La procuration que vous avez eu la bonté de m'envoyer ne peut suffire parce qu'elle ne spécifie point le temps où je vous ai prêté la somme de vingt mille livres, et qu'elle ne dit pas même que cet argent vous a été prêté .

De plus vous marquez par un petit billet séparé que la date du prêt est omise pour éviter le contrôle . Mais vous savez que les fermiers du domaine exigent toujours les droits de contrôle en province, soit que le contrat soit en règle, soit qu'il paraisse défectueux, et l'acte nul quand il n'a pas été contrôlé .

Observons encore que la date du prêt étant omise, l'intérêt de la somme hypothéquée ne pourrait courir que du jour du contrat ; et que s'il arrivait ce qu'on appelle un malheur ( par courtoisie ) , à vous et à moi, ce qui peut très bien arriver, quinze ou seize mois d’arrérages seraient infailliblement perdus pour Mlle Corneille ou pour mes héritiers, lesquels ne seront pas riches attendu que je n'ai presque que du viager, et ma terre de Ferney qui est plus agréable qu'utile .

Je soumets toutes ces raisons à votre prudence et à votre amitié, et je vous supplie de vouloir bien faire un acte légal à Paris où l'on ne paie point de droits de contrôle . Je vous envoie le modèle de cet acte qui peut être dressé entre vous et le notaire, sans qu'il soit besoin de ma procuration , et si on en voulait absolument une, je l'enverrais sur le champ à la réception de vos ordres .

Il faut que je vous dise tout, pardonnez-moi mon respectable ami . Il me revient de plusieurs endroits que votre terre de La Marche ne suffit pas pour remplir les droits prétendus ou à prétendre de monsieur votre fils et de mesdames vos filles . On affecte de répandre que vous vous êtes fait un peu d'illusion dans vos espérances, et qu'on peut abuser de votre facilité . Je ne peux croire qu’ayant si longtemps et si bien décidé des affaires des autres, vous n'avez pas mis dans les vôtres propres toute la clarté et toute la sûreté qui doivent y être .

Je m'en rapporte mon digne magistrat à votre sagesse, à la connaissance parfaite que vous devez avoir de vos affaires ; à votre intégrité et à votre compassion pour l'héritière de Corneille, qui n'a de fortune que ces vingt mille livres, et l'espérance vague du produit d'une souscription . Pardonnez-moi je vous en conjure la liberté que je prends de vous donner avis des bruits publics ; et n'imputez cette liberté qu'à mon tendre attachement . Je ne peux vous exprimer ma surprise et ma douleur de la conduite de monsieur votre fils envers vous . N'y a-t-il nul accommodement à faire ? Le malheureux billet que vous lui avez donné portant approbation et quittance de toute sa gestion ne vous condamnerait-il pas dans la rigueur de la justice, qui n'examine pas si vous avez été surpris ou non, si vous avez signé ou non votre ruine, si vous avez fait cette reconnaissance à la hâte ou avec mûre délibération ? Quel recours pourrait avoir un homme de votre âge et de votre rang ? Je n’en vois aucun . Legem tibi dixisti 2. Vous mettez en évidence les procédés cruels qu'on a eus avec vous , mais irez-vous plaider contre votre signature ? Encore une fois, il ne m'appartient pas de m'ingérer dans vos affaires, et d'oser vous donner un conseil . Je me borne à des souhaits, au vif intérêt que je prends à tout ce qui vous touche et au tendre et respectueux dévouement que je conserverai pour vous toute ma vie .

Je vous proteste que je ne crois aucun des bruits qu’on sème malignement à Dijon . Mais encor une fois j'ai cru qu'il était du devoir de ma respectueuse et tendre amitié de vous en donner avis . On dit que vous avez mis La Marche en vente et que ces fausses rumeurs ont été répandues exprès pour empêcher l'acquisition . Votre ville de Dijon ne vaut pas grand-chose , à ce que les bonnes gens assurent, mais vous n'en êtes que plus respectable pour moi qui vous adore .

V.

Le diable est dans les parlements d'Aix et de Dijon, mais où n'est-il pas ? »

1 Manuscrit olographe appartenant à feu Armand Godoy, de Lausanne .

2 Tu as dit la loi dans ta propre cause ; c'est-à-dire qu'en donnant sa signature, Fyot a pronnocé contre lui-même dans sa propre cause .

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14/11/2017 | Lien permanent

madame, on dit toute sorte de bien de vous dans notre boutique

... Petit message d'Emmanuel Macron , du fin fond de l'Elysée, à Kamala Harris , regrettant certainement, in petto, de n'avoir pas le choix d'une telle femme pour le nouveau gouvernement .

KAMALA-HARRIS-SAN-JOSE-1-SJ.jpg

https://www.sacbee.com/news/politics-government/election/presidential-election/article290222034.html

 

 

 

 

« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

A Lyon 12 janvier 1769 1

Madame,

Je vous fais ces lignes pour vous dire qu'en conséquence à vos ordres précis à moi intimés par madame votre petite-fille 2, j'ai l'honneur de vous dépêcher deux petits volumes traduits de l'anglais 3, du contenu desquels je ne réponds pas plus que les États de Hollande quand ils donnent un privilège pour imprimer la Bible . C'est toujours sans garantir ce qu'elle contient .

Ayez la bonté , madame, de noter que ne sachant pas si messieurs des postes sont assez polis pour vous donner vos ports francs, j'adresse le paquet sous l'enveloppe de monseigneur votre mari, pour la prospérité duquel nous faisons mille vœux dans notre rue . Nous en faisons autant pour vous , madame ; car tous ceux qui viennent acheter des livres chez nous, disent que vous êtes une brave dame qui vous connaissez mieux qu'eux en bons livres, qui avez considérablement de l'esprit et qui ne courez jamais après. Vous avez le renom d'être fort bienfaisante, vous ne condamnez pas même les vieux barbouilleurs de papier à mourir parce qu'ils n'en peuvent plus, et cela est d'une bien belle âme .

Enfin, madame, on dit toute sorte de bien de vous dans notre boutique ; mais j'ai peur que cela ne vous fâche parce qu'on ajoute que vous n'aimez point cela . Je vous demande donc pardon, madame, et suis avec un grand respect,

madame

votre très humble et très obéissant serviteur

Guillemet

typographe en la ville de Lyon. »

1 Original ; édition Kehl . Le manuscrit semble être de la main déguisée de Bigex.

2 Mme Du Deffand a en effet demandé L'A.B.C. ; voir lettre du 6 janvier 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/18/m-6507463si-elle-repond-qu-il-n-y-a-nul-danger.html

3 Sans doute deux exemplaires de L'A.B.C. car Mme Du Deffand en demandait un pour elle et un pour la duchesse de Choiseul.

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23/07/2024 | Lien permanent

Il me paraît qu'il a bien peu de foi et de zèle puisqu'il veut renoncer à la gloire d'être galérien

...  Carlos Ghosn, alias "cost killer", est bien trop riche en dollars pour se permettre de l'être aussi en qualités humaines . Merci amis du bout du monde, un tricheur en cellule, c'est bien, nous devrions en faire autant . Je suis d'ailleurs pour qu'on applique la bonne vieille peine du goudron et des plumes

 

ghosn goudron plumes.png

Tricheur invétéré, faute d'as,  il sort une dame de sa manche

(Carole, ne t'inquiète pas , il vous restera bien quelques millions!)

 

 

« A Louis Necker, Négociant 1

à Marseille

11è janvier 1764 au château de Ferney 2

J'écris sur-le-champ , monsieur, à M. le duc de Choiseul pour votre martyr le cordonnier . Il me paraît qu'il a bien peu de foi et de zèle puisqu'il veut renoncer à la gloire d'être galérien pour la bonne cause . Ce n'est pas ainsi qu'en usaient les premiers chrétiens, tous gens très sensés, qui aimaient à la folie les coups de bâton ou de corde . Quoi qu'il en soit, j'envoie en sa faveur un beau mémoire, qui peut-être ne servira à rien, car j'ignore si M. le duc de Choiseul se mêle des galériens comme des galères, et si l'emploi dont est revêtu le bon homme Chaumont 3 n'est pas dans le département de la feuille des bénéfices . J’écris au hasard à la cour, où l'on ne sait pas seulement s'il y a des huguenots aux galères . Je m'intéresse à ce Chaumont à qui je dois une lettre de vous, et qu'il m'a valu le plaisir de vous dire combien j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi

Je vous supplie de vouloir bien faire mes compliments à M. Audibert, si vous le voyez . »

2 L'édition « Anecdote sur Voltaire, envoyée aux rédacteurs », Journal de Genève du 20 décembre 1788, décrit le destinataire comme « M.*** à Marseille ».

3 Claude Chaumont, condamné le 15 mars 1751 : voir : http://www.museedudesert.com/article5778.html

et voir N. Weiss « Les protestants du Languedoc et leurs persécuteurs », « Bulletin historique et littéraire : Société de l'histoire du protestantisme français, 15 mars 1895 . Voir : https://www.shpf.fr/

et : http://www.regard.eu.org/livres/BulletinHistoire_1886-1895.php

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17/01/2019 | Lien permanent

Si les arrangements de finance qu'on m'a mandés sont tels qu'on le dit, il est bien sûr qu'ils sont aussi responsables q

... Eh oui ! que peut-on reprocher à un parti présidentiel qui a bénéficié d'une ristourne pour ses frais ? n'a-t-il pas agi en bon père de famille , selon la formule consacrée ?

 A suivre ...

 

« A François de Chennevières

Aux Délices 23 mai [1763]1

Les gens ayant à peu près septante ans, malingres et presque aveugles n'écrivent pas comme ils voudraient mon cher ami et puis Dieu sait ce que deviennent les lettres . Il y en a qui ne parviennent point . M. de Varenne, secrétaire de monsieur le contrôleur général, m'écrivit il y a quelque temps , et se plaignit ensuite de n'avoir point reçu de réponse . Je lui avais cependant adressé un gros paquet avec superscription 2, ou inscription ou dessus de lettres, car Dieu merci le mot propre manque à notre langue, à Monsieur de Varenne secrétaire de Monsieur le contrôleur général, à Paris . J'en ai écrit une autre 3 qui je crois n'a pas eu un plus heureux sort . Vous devez mon cher ami connaître M. de Varenne car il a de l'esprit et il fait de jolis vers . Je vous prie d'éclaircir avec lui cette aventure . Vous me ferez grand plaisir de me la mettre au net . Je serais bien fâché qu'un homme aussi aimable que M. de Varenne me soupçonnât de ne lui avoir pas répondu .

Il me paraît que le parlement fait attendre bien longtemps sa réponse à monsieur le contrôleur général . Si les arrangements de finance qu'on m'a mandés sont tels qu'on le dit, il est bien sûr qu'ils sont aussi responsables que nécessaires ; et je ne conçois pas comment le parlement peut s'y opposer . Il ne veut pas sans doute empêcher que le roi paie ses dettes . Les Anglais vainqueurs paient les leurs .

Bonsoir . Mme Denis se remet un peu d'une longue maladie . Nous vous embrassons vous et la sœur du pot . »

1 L'édition Gauthier-Villars date la lettre de 1764 . Le manuscrit est passé à la vente Loliée, à Paris .

2 Sous cette forme, le mot est un anglicisme, quoiqu'il ait été employé à une époque ancienne .

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22/05/2018 | Lien permanent

C'est une chose plaisante de voir tous les efforts qu'on prépare pour faire tomber un vieillard qui tomberait bien de lu

 "la ligue est trop forte, je serai battu. " : Ho ! surprise, je ne reconnais pas là mon Volti moqueur et combattant !

Heureusement, ce n'est qu'un moment de découragement . Volti repartira pour de nouvelles bagarres contre l'Infâme et ses représentants et contre la maladie .

Vive Voltaire et longue vie à sa pensée !

 http://www.deezer.com/listen-2554386

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

24è novembre 1772

 

Mon cher ange, voici une petite addition qui m'a paru essentielle dans le mémoire de notre avocat i. Je vous prie de la mettre entre les mains du président Lekain. Elle est nécessaire , car on jouait au propos interrompu.

 

Je crains fort les ciseaux de la police . Si on nous rogne les ongles, il nous sera impossible de marcher. D'ailleurs le vent du bureau n'est pas pour nous. On ne veut plus que des Roméo ii et des Chérusques iii. Les beaux vers sont passés de mode. On n'exige plus qu'un auteur sache écrire . Hélas ! j'ai hâté moi-même la décadence en introduisant l'action et l'appareil . Les pantomimes l'emportent aujourd'hui sur la raison et sur la poésie, mais ce qu'il y a de plus fort contre moi, c'est la cabale. J'ai autant d'ennemis qu'en avait le roi de Prusse. C'est une chose plaisante de voir tous les efforts qu'on prépare pour faire tomber un vieillard qui tomberait bien de lui-même.

 

Actuellement que le congrès de Foczani est renoué iv, il n'y a plus que moi en Europe qui fasse la guerre, mais la ligue est trop forte, je serai battu. Ne m'en aimez pas moins, mon cher ange. »

 

i Dans les Lois de Minos dont l'auteur prétendu est un avocat du nom de Duroncel.

http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition....

http://www.livres-et-ebooks.fr/ebooks/Les_Lois_de_Minos-4...

 

iii Tragédie Les Chérusques (d'abord imprimée sous le titre Arminius) de Jean-Grégoire Bauvin, représentée le 26 septembre 1772.

http://books.google.be/books?id=lbI_AAAAcAAJ&printsec...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Caius_Julius_Arminius

 

iv Échec des pourparlers de paix ouverts pendant l'été 1771 entre les Russes et les Turcs ; un nouveau congrès ouvert à Bucarest en 1772 échoua aussi.

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22/11/2010 | Lien permanent

Il y a bien des gens qui n’achètent point de livres, parce qu’ils n’ont point de quoi acheter un habit

... Triste vérité .

Alors, félicitations aux médiathèques pour tous !Afficher l'image d'origine

Avec ou sans habits ...

... vive les vacances !

 

 

 

 

« A Octavie Belot etc.

cloître Saint Thomas-du-Louvre

à Paris

Au château de Ferney, par Genève,

27 auguste 1761. 1

Je suis fâché, madame, de m’intéresser si inutilement à vous ; mais je crois qu'on fait fort bien de prendre le parti qu’on vous conseille. Les typographes de Paris sont bien plus en état de faire un bon parti que les typographes de Genève, attendu que les frais sont moins considérables à Paris, et que ceux du transport sont immenses.

D’ailleurs, vous jouirez bien plus tôt de votre réputation et du petit avantage qui peut la suivre en faisant travailler à Paris. Votre ouvrage 2 paraîtra deux jours après l’impression ; et dans votre premier plan, il paraîtrait six mois après. Ainsi, à marché égal, vous y gagneriez encore beaucoup. Je pense qu’il n’y a pas à balancer.

Je suis très flatté que M. de Valori veuille bien se souvenir de moi. Si vous le voyez, madame, je vous serai très obligé de lui présenter mes très humbles obéissances.

Il me semble que les nouvelles sont de jour en jour plus affligeantes. Ce temps-ci n’est guère favorable aux lettres, et je doute qu’il en vienne un plus heureux. Il y a bien des gens qui n’achètent point de livres, parce qu’ils n’ont point de quoi acheter un habit. Ce n’est plus le temps où l’on avait vingt aunes de drap sur un billet signé Germanicus 3. Je plains le siècle ; il est aussi infortuné que ridicule.

Vous me parlez, madame, de M. Fourbonay 4 . Il ne sait pas les obligations que je lui ai , c’est l’homme du monde avec lequel je me suis le p[lus] instruit etc., etc., etc. ».

 

 

1 Manuscrit original abimé .

2 L'édition du Droit du seigneur que V* avait offerte à Mme Belot . Voir lettre du 29 mars 1761 à la même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/03/16/ce-que-vous-refuserez-si-la-proposition-offense-votre-honneu-5774879.html

 

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02/08/2016 | Lien permanent

Vous savez qu’il m’importe bien peu que les vers du pays de Gex ou d’un autre fassent de mauvais repas de ma maigre figu

... Lu et approuvé .

210 idées de Confinement, com finement, con finement en 2021 | humour,  blague, drôle

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

20è janvier 1766

Voilà donc qui est fait ; j’aurai la douleur de mourir sans vous avoir vus ; vous me privez, mes cruels anges, de la plus grande consolation que j’aurais pu recevoir. Je ne vous alléguerai plus de raisons, vous n’entendrez de moi que des regrets et des gémissements. Quel que soit le ministre médiateur que M. le duc de Praslin nous envoie, il sera reçu avec respect, et il dictera des lois. Si je pouvais espérer quelques années de vie, je m’intéresserais beaucoup au sort de Genève. Une partie de mon bien est dans cette ville, les terres que je possède touchent son territoire, et j’ai des vassaux sur son territoire même.

Il est d’ailleurs bien à désirer qu’un arrangement projeté avec les fermes générales réussisse ; qu’on transporte ailleurs les barrières et les commis qui rendent ce petit pays de Genève ennemi du nôtre ; qu’on favorise les Genevois dans notre province, autant que le roi de Sardaigne les a vexés en Savoie ; qu’ils puissent acquérir chez nous des domaines, en payant un droit annuel équivalent à la taille, ou même plus fort, sans avoir le nom humiliant de la taille. Le roi y gagnerait des sujets ; le prodigieux argent que les Genevois ont gagné sur nous refluerait en France en partie ; nos terres vaudraient le double de ce qu’elles valent. Je me flatte que M. le duc de Praslin voudra bien concourir à un dessein si avantageux. Je ne me repentirais pas alors de m’être presque ruiné à bâtir un château dans ces déserts.

Je ne saurais finir sans vous dire encore que je n’ai aucune part aux plaisanteries de M. Baudinet et de M. Montmolin. Soyez sûr d’ailleurs que, s’il y a encore des cuistres du seizième siècle dans ce pays-ci, il y a beaucoup de gens du siècle présent ; ils ont l’esprit juste, profond, et quelquefois très délicat.

Il n’y a point à présent de pays où l’on se moque plus ouvertement de Calvin que chez les calvinistes, et où l’esprit philosophique ait fait des progrès plus prompts : jugez-en par ce qui vient de se passer à Genève : un peuple tout entier s’est élevé contre ses magistrats, parce qu’ils avaient condamné le Vicaire savoyard . Il n’y a point de pareil exemple dans l’histoire depuis 1766 ans.

Ceux qui ont eu part au Dictionnaire philosophique sont publiquement connus. Je sais bien qu’on a inséré dans ce livre plusieurs passages qu’on a pris dans mes Œuvres : mais je ne dois pas être plus responsable de cette compilation, dont on a fait cinq éditions, que de tout autre livre où je serais cité quelquefois. Si on avait l’injustice barbare de me persécuter pour des livres que je n’ai point faits, et que je désavoue hautement, vous savez que je partirais demain, et que j’abandonnerais une terre dont j’ai banni la pauvreté, et une famille qui ne subsiste que par moi seul. Vous savez qu’il m’importe bien peu que les vers du pays de Gex ou d’un autre fassent de mauvais repas de ma maigre figure. Les dévots sont bien méchants : mais j’espère qu’ils ne seront pas assez heureux pour m’arracher à la protection de M. le duc de Praslin, et pour insulter à ma vieillesse.

Les tracasseries de Genève sont devenues extrêmement plaisantes. M. Hennin, qui en rit comme un homme de bonne compagnie qu’il est, en aura fait rire sans doute M. le duc de Praslin . On se fait des niches de part et d’autre avec toute la circonspection et toute la politesse possible. Ce n’est pas comme en Pologne, où l’on tire un sabre rouillé à chaque argument de l’adverse partie . Ce n’est pas comme dans le canton de Switz, où l’on se donne cent coups de bâton pour donner plus de poids à son avis. On commence à plaisanter à Genève ; on dit que les syndics usent du droit négatif avec leurs femmes, attendu qu’ils n’en ont point d’autre. Le monde se déniaise furieusement, et les cuistres du XVIè siècle n’ont pas beau jeu.

L’ex-jésuite vous enverra ses guenillons à Pâques ; il est malade par le froid horrible qu’il fait en Sibérie. Nous nous mettons, lui et moi, sous les ailes de nos anges.

 

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09/05/2021 | Lien permanent

je vous supplie de vouloir bien rendre un arrêt , par lequel il sera ordonné à un de vos gens, de m'envoyer cent bouteil

...Oui, monsieur le président, plutôt qu'un énième discours, et plus précisément  votre intervention à propos de l'épidémie du Covid-19 (on dirait un nom de bagnole ou de zinc ! ) qui ne fera qu'enfoncer des portes ouvertes et rabâcher des évidences, vous feriez mieux de donner ce qui est nécessaire au corps médical, d'abord, sans oublier de donner suite à ma demande, en titre .

J'attends !

Oh ! pendant que j'y pense, lors de votre hommage aux victimes du terrorisme , une chose m'a sauté aux yeux ( sans doute parce que je suis sensible à la présentation telle la dédicace de l'église du Patriarche de Ferney ) : FRATERNITE est écrit deux fois plus petit que LIBERTE et EGALITE ! Est-ce un signe pour le chacun pour soi ? Si oui, ce serait particulièrement maladroit quand on veut lutter contre le fanatisme et le terrorisme .

Ou est-ce subliminairement  un appel à ne plus donner d'accolades , bisous, poignées de mains  ? Mot d'ordre, spoiler du discours de ce jour contre le gros méchant virus ?

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Fraternité ! mon oeil !! ( ou autre organe )

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

6è janvier 1765 au château de Ferney

Un pauvre quinze-vingt, , monsieur, a encore un gosier, quoiqu’il soit privé des yeux . Les dames qui vivent avec moi ne sont pas dignes de votre vin . Elles disent que le bourgogne est trop vif pour elles . Mais moi dont la vieillesse a besoin d'être réchauffée, j'ai recours à vos bontés ; et je vous supplie de vouloir bien rendre un arrêt , par lequel il sera ordonné à un de vos gens, de m'envoyer cent bouteilles, en deux paniers, du meilleur vin qu'un aveugle puisse boire . Peut-être même cela me rendra-t-il la vue, car on dit que ce sont nos montagnes de glace qui m'ont réduit à ce bel état, et que les contraires se guérissent par les contraires . Je vous avoue que je serais fâché de perdre absolument les deux yeux, qui ne pourraient plus voir madame Le Bault , par la même raison qu'il me serait dur de perdre les deux oreilles qui ne pourraient plus entendre ni vous ni elle . Je me suis toujours bercé de l'espérance de venir vous faire ma cour à tous deux à Dijon, mais

Belle Philis on désespère

Alors qu'on espère toujours 1.

Oserai-je, monsieur, prendre la liberté de vous supplier de présenter mes respects à monsieur le procureur général ?2

Daignez me conserver toutes vos bontés . Voulez-vous bien avoir celle de m'adresser les cent bouteilles par Lyon, à l'adresse de M. Camp, banquier de Lyon, par le premier roulier qui partira pour ce pays-là ?

Je vous souhaite les années de celui qui a le premier planté les vignes, soit Bacchus, soit Noé .

J'ai l'honneur d'être avec bien du respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Le Misanthrope, I, sc. 2, de Molière : voir vers 330 : http://www.toutmoliere.net/acte-1,405469.html

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12/03/2020 | Lien permanent

je ne suis qu’un pauvre laboureur ; je sers l’État en défrichant des terres, et je vous assure que j’y ai bien de la pei

... ça eut payé ! 

Ne pas manquer, Fernand Raynaud ( qui fut censuré un temps pour ce sketche ) : https://www.youtube.com/watch?v=Uaxnrx3oxKM&index=3&a...

Résultat de recherche d'images pour "un pauv paysan"

Il faut(che) c'qu'il faut ( mais s'il continue à tenir sa faux comme ça il va se couper les pieds ! )

 

 

« A Pierre-Samuel Dupont de Nemours, fils

chez Monsieur son père, rue de Richelieu

vis-à-vis la fontaine

à Paris

Au château de Ferney par Genève,

16è auguste 1763

Je vois, monsieur, que vous embrassez deux genres un peu différents l’un de l’autre, la finance et la poésie 1. Les eaux du Pactole doivent être bien étonnées de couler avec celles du Permesse. Vous m’envoyez le fort jolis vers avec des calculs de  sept cent quarante millions. C’est apparemment le trésorier d’Aboulcassem qui a fait ce petit état de sept cent quarante millions, payables par chacun an. Une pareille finance ne ressemble pas mal à la poésie ; c’est une très noble fiction. Il faut que l’auteur avance la somme pour achever la beauté du projet.

Vous avez très bien fait de dédier à M. l’abbé de Voisenon vos Réflexions touchant l’argent comptant du royaume ; cela me fait croire qu’il en a beaucoup. Vous ne pouviez pas mieux égayer la matière qu’en adressant quelque chose de si sérieux à l’homme du monde le plus gai. Je vous réponds que si le roi a autant de millions que l’abbé de Voisenon dit de bons mots, il est plus riche que les empereurs de la Chine et des Indes. Pour moi, je ne suis qu’un pauvre laboureur ; je sers l’État en défrichant des terres, et je vous assure que j’y ai bien de la peine. En qualité d’agriculteur, je vois bien des abus ; je les crois inséparables de la nature humaine, et surtout de la nature française ; mais, à tout prendre, je crois que le bénéfice l’emporte un peu sur les charges. Je trouve les impôts très justes, quoique très lourds, parce que, dans tout pays, excepté dans celui des chimères, un État ne peut payer ses dettes qu’avec de l’argent. J’ai le plaisir de payer toujours mes vingtièmes d’avance, afin d’en être plus tôt quitte.

A l’égard des Fréron et des autres canailles, je leur ai payé toujours trop tard ce que je leur devais en vers et en prose.

Pour vous, monsieur, je vous paie avec grand plaisir le tribut d’estime et de reconnaissance que je vous dois. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

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09/08/2018 | Lien permanent

Je conviens qu'il est triste de ne pas revenir dans sa patrie avec une jambe de bois

... Mais je prie messieurs les militaires d'épargner les forêts et les finances des caisses de pensions d'invalidité et de revenir entiers, sinon glorieux .

 

jambe de bois pirate.jpg


 Voici, "pour empêcher la bataille", "Voici" pour éclairer nos jours d'hiver : http://www.youtube.com/watch?v=9jjgfQS_NLY

 

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

Aux Délices 2 décembre [1757]

Je vois monsieur par votre lettre que M. le duc d'Arenberg et la ville de Paris partageront vos faveurs une partie de l'hiver, mais enfin vous nous reviendrez . Je n'aurais pas sans cela conclu mon marché avec M. de Montrond 1. J'ai garanti l'intérieur de sa maison des injures de la bise . J'ai fait des antichambres, des fourneaux, des cheminées mais je fais bien plus de cas des décorations du théâtre Gentil 2. Et vous savez quel besoin ce théâtre a besoin de vous . Celui que nous avons eu cet été aux portes de Genève 3 n'a servi qu'à redoubler notre goût pour celui de Lausanne . Vous serez peut-être bien fâché de ne vous pas faire estropier pendant ce temps là sur les bords du Danube, de l'Elbe ou du Rhin . Je conviens qu'il est triste de ne pas revenir dans sa patrie avec une jambe de bois . Mais tâchez de vous consoler cette année . Il est bien difficile que vous n'ayez tôt ou tard des occasions de contenter votre goût . Pour moi j'accorderai volontiers tous les plaisirs à votre gloire pourvu que vous nous reveniez les hivers avec tous vos membres .

L'affaire du 5 novembre 4 n'est pas à l'honneur des Français et des cercles . Le roi de Prusse qui fait toujours des vers en perdant des villes et en gagnant des batailles m'avait écrit quelque temps avant cette journée

Quand je suis voisin du naufrage

Je dois en affrontant l'orage

Penser, vivre et mourir en roi .

Il s'est assurément conduit en roi et n'en est pas mort . Ceux qu'il a eus en tête ne se sont pas mis en devoir de tuer personne . Il faudra voir si ce qui fait sa gloire pourra contribuer au rétablissement de ses affaires . Il a tant d'ennemis qu'il peut en se faisant une grande réputation perdre ses États . Mais il ne m'appartient point de faire le politique . Je ne vois les choses du fond de ma retraite qu'avec de mauvaises lunettes . Je me borne à être témoin du bonheur paisible de monsieur votre frère . Il est chez moi avec madame sa femme à l'heure où je vous écris . Je les suivrai bientôt à Lausanne où je vous attendrai avec toute l'impatience d'un homme qui ne comptera pour ses beaux jours que ceux qu'il aura l'honneur de passer avec vous et qui vous est attaché par tous les sentiments que vous inspirez .

Ma nièce vous en dit tout autant .

V. »

1 Le propriétaire du Grand Chêne ; voir lettre du 3 avril 1757 à Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/04/03/je-vous-ai-deja-dit-que-tout-est-francais-a-lausanne.html

Voir : http://www.lausanne.ch/view.asp?docId=22756&domId=63038&language=F

2 Théâtre de Monrepos sis à Lausanne dans la maison de Philippe de Gentil, marquis de Langallerie, féru de théâtre .

3 Durand le séjour de V* aux Délices on vit un éphémère théâtre en bois construit sur la Place Neuve de Genève . Il y eut un théâtre à Châtelaine et à Carouge en lisière du territoire de Genève .

4 Bataille de Rosssbach  : défaite française devant les Prussiens : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Rossbach

 

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