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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Ridero in fino alla morte . C'est un bien qui m'est dû, car après tout je l'ai bien acheté

...

 

« Au comte Francesco Algarotti

Le 15 d'auguste [1760]

Caro, vous voulez Le Pauvre Diable, ecco lo . Che fo io nel mio ritiro ? Credo di ridere . Et che faro ? Ridero in fino alla morte 1. C'est un bien qui m'est dû, car après tout je l'ai bien acheté . J'ai vu le Shellendorf ; il a diné dans ma guinguette . Il a un jeune homme avec lui, qui parait avoir de l'esprit et des talents . J'attends votre chimiste . Mais je vous dirai attamen ipse veni 2.

Fra un mese vi mandero il Pietro 3. Mais songez que vous m'avez promis vos lettres sur la Russie 4. Je veux au moins avoir le plaisir et l'honneur de vous citer dans le second tome, car vous n'aurez cette année que le premier . Cette histoire russe sera la dernière chose sérieuse que je ferai de ma vie . Je bâtis actuellement une église, mais c'est que je trouve cela plaisant .

Tout mon chagrin est que vous n'avez pas La Pucelle, la vraie pucelle, très différente du fatras qui court dans le monde sous son nom . Quand je vous donnai le premier chant à Berlin, je n'étais point du tout plaisant . Les temps sont changés ; c'est à moi seul qu'il appartient de rire . Quand je dis seul, je parle de lui et de moi, et non de vous et de moi .

Je crois comme vous, que Machiavel aurait été un bon général d'armée, mais je n'aurais pas conseillé au général ennemi de dîner avec lui en temps de trêve .

Je ne sais pas encore si Breslau est pris . Tout ce que je sais, c'est qu'il est fort doux de n'être pas dans ces quartiers-là , et qu'il serait plus doux d'être avec vous .

L’amo, l'amerò sempre 5. Votre secretario 6 est un très bon ouvrage . »

1 Cher, vous voulez le Pauvre Diable, le voici . Ce que je fais dans ma retraite ? Je crois que je ris . Et que ferai-je ? Je rirai jusqu'à la mort .

2 D'après Ovide, Heroïdes, I, 2, citation inexacte : en attendant viens toi-même .

3 Dans un mois je vous enverrai le Pierre [le Grand].

4Algarotti : Saggio di lettere sopra la Russia, 1760 .

5 Je vous aime, je vous aimerai toujours .

6 Sans doute l'essai d'Algarotti sur Machiavel, La Scienza militare del segretario fiorentino, recueilli dans les Opere del conte Algarotti, 1764, ou bien encore les Lettere militari, 1759 .

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15/08/2015 | Lien permanent

qu'il n'a eu d'autre but en travaillant à cet ouvrage immense que de s'instruire, et qu'il ne se flatte pas d'instruire

 D'abord une petite dédicace à Mauvaise-Audience-Maximum, qui doit se souvenir que prendre l'avion c'est se rendre coupable de vol ou complicité de vol  : A night in Tunisia : http://www.deezer.com/listen-4563929

Un « Dieu le père » comme n'a sans doute jamais osé l'imaginer Volti (quoique, ça ne m'étonnerait qu'à moitié ! ) : http://www.deezer.com/listen-1173108

ezour vedam f2.highres.png

 Ayurveda , en musique , avec cependant un conseil amical : allez vite faire votre petit pipi avant d'écouter (vous comprendrez vite pourquoi ! ) : http://www.deezer.com/listen-3750468

Et pour vous réveiller : http://www.deezer.com/listen-4130700  ;  http://www.deezer.com/listen-4130701  ;    http://www.deezer.com/fr/#video/dire-straits/sultans-of-s...  . Ne craignez pas de mettre le son maxi !! ça  mérite d'être entendu par vos voisins .

 

 

 Voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Journal_encyclop%C3%A9dique

 

« Au Journal Encyclopédique

 

A Ferney 3è mars 1761

 

M. de Voltaire a l'honneur d'avertir Messieurs les éditeurs de la traduction anglaise de ses ouvrages i qu'on fait actuellement à Genève une édition nouvelle augmentée et très corrigée ; que l'édition de l'Essai sur l'histoire générale est imparfaite et fautive ; que l'évaluation des monnaies est absurde, les copistes ayant mis des sols pour des livres, et ayant altéré les chiffres ; qu'il y manque un chapitre sur le Vedam et l'Ezourvedam des brahmanes ; que l'auteur ayant par la voie de Pondichéry une traduction fidèle de l'Ezourvedam, il en a fait un extrait lequel est imprimé dans cette Histoire générale ; qu'il déposera dans la bibliothèque de Sa Majesté très chrétienne le manuscrit de l'Ezourvedam tout entier ii, manuscrit unique dans le monde ; qu'il manque aussi à l'édition précédente les chapitres sur l'Alcoran, sur les Albigeois, sur le concile de Trente, sur la noblesse, les duels, les tournois, la chevalerie, les parlements, l'établissement des quakers et des jésuites en Amérique, les colonies etc. ; que tout est restitué dans l'édition présente, commencée à Genève ; que tous les chapitres sont très augmentés ; que cette Histoire est poussée jusqu'au temps présent ; qu'il est d'ailleurs prêt à faire à Messieurs les éditeurs de Londres tous les plaisirs qui dépendront de lui ; qu'il n'a eu d'autre but en travaillant à cet ouvrage immense que de s'instruire, et qu'il ne se flatte pas d'instruire les autres . »

 

i Une édition critique en anglais des œuvres de V*, par Tobias George Smollet- le révérend Thomas Francklin, etc., parut entre le 25 février 1761 et le 1er mars 1765 ; 11 parurent en 1761 (9 de prose et deux d'œuvres dramatiques), 24 les années suivantes.

Voir par ex. : http://books.google.fr/books?id=FjcLAAAAQAAJ&printsec...

Tobias Smolett : http://en.wikipedia.org/wiki/Tobias_Smollett

ii Cet « Ezourvedam » que V* croit si précieux, ne l'est pas réellement ; voir lettre à Deshauterayes du 21 décembre 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/26/o...

 

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05/03/2011 | Lien permanent

Ce qu'il y a de pis c'est que cet abominable procès me fait perdre mon temps, trésor plus précieux que l'argent qu'il me

... C'est ce qu'on peut nommer un nouvel exemple de la loi de la relativité .

 

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'Marre d'être pris pour un pigeon !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Envoyé de Parme

rue de la Sourdière

à Paris

21 mai [1761]

Mes anges mon noble courroux contre maître Le Dains 1 et consorts commence à s'apaiser un peu puisque maître Loyola a eu sur les doigts, mais cette noble colère renait contre tout prêtre à l'occasion d'un beau procès qu'on me fait pour des murs de cimetière . Je bâtissais une jolie église dans un désert . Je n'essuie que des chicanes affreuses pour prix de mes bienfaits . Ce qu'il y a de pis c'est que cet abominable procès me fait perdre mon temps, trésor plus précieux que l'argent qu'il me coûte . Adieu le czar, adieu l'Histoire générale, et tragédie et comédie et amusements de la campagne , et défrichements . Il faut combattre ; et je suis très malade . Voilà mon état .

Je vous enverrai pourtant mes divins anges ce Droit du seigneur, ou L’Écueil du sage . Mais voici ce qui m'est arrivé . J'en avais deux copies , on a fait partir deux seconds actes au lieu du premier et du second, dans le paquet destiné à celui qui doit faire présenter cet anonyme ; dès que la méprise sera réparée et qu'un de mes seconds actes sera revenu vous aurez les cinq . Mais hélas à présent je ne suis ni plaisant ni touchant ; je ne suis que M. Chicanneau 2. Voilà une triste fin . Il valait mieux mourir d'une tragédie que d'un procès .

Priez Dieu, mes anges gardiens, pour que j'aie assez de tête pour soutenir tout cela . Il me semble qu'il faut de la santé pour avoir l'esprit courageux . Mon cœur ne se ressent point de mon état ; il est plus à vous que jamais . »

 

1Etienne-Adrien Dains, bâtonnier de l'Ordre des avocats de Paris, avait requis contre Huerne de La Mothe, François-Charles, avocat ; voir lettre du 22 avril 1761 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/01/m-damilaville-me-mande-qu-il-y-a-quelque-breche-a-votre-roto-5782839.html

2 Personnage des Plaideurs de Racine : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Plaideurs

 

 

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22/04/2016 | Lien permanent

le génie poétique est libre et commande . Il faut attendre l'inspiration .

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Conseiller d'honneur du Parlement

rue de la Sourdière à Paris.

 

Aux Délices 22 mars [1756]

 

Mon cher ange, vous avez raison ; il vaudrait mieux faire des tragédies que des poèmes sur les malheurs de Lisbonne et sur la loi naturelle . Ces deux ouvrages sont donc imprimés à Paris pleins de lacunes et de fautes ridicules ! et on est exposé à la criaillerie ! Madame de Fontaine a dû vous donner il y a longtemps le Poème sur la Loi naturelle i. On lui a donné le titre de Religion naturelle ii. A la bonne heure . Mais il fallait l'imprimer plus correct . C'est une faible esquisse que je crayonnai pour le roi de Prusse il y a près de trois ans iii, précisément avant la brouillerie . La margrave de Bareuth en a donné des copies ; et j'en suis fâché pour plus d'une raison . Que faire ? Il faudra le publier après y avoir mis sagement la dernière main iv.

 

J'en fais autant de la jérémiade sur Lisbonne . C'est actuellement un poème de 250 vers . Il est raisonné et je le crois très raisonnable . Je suis fâché d'attaquer mon ami Pope mais c'est en l'admirant . Je n'ai peur que d'être trop orthodoxe, parce que cela ne me sied pas . Mais la résignation à l'Être suprême sied toujours bien v.

 

Encore une fois, une tragédie vaudrait mieux, mais le génie poétique est libre et commande . Il faut attendre l'inspiration .

 

Je vous avais supplié, mon cher ange, de parler à M. de Meynières, mais l'affaire dont il était question vi est en bon train et ce n'est pas la peine de l'importuner . Adieu, je vous embrasse, je travaille . Comment vous portez vous ? Pourquoi me négligez-vous ? Comment va le pied de Mme d'Argental ?

 

J'apprends qu'on a imprimé la Religion naturelle à Mme la duchesse de Saxe-Gotha vii aussi bien que celle au roi de Prusse . Je me vois comme l'âne de Buridan . »

 

i Il l'annonce à Mme de Fontaine le 15 janvier .

ii Ce titre porté par les éditions pirates était, selon Collini, le seul qu'eût jamais le poème « de l'aveu de Voltaire » ; cependant les quatre éditions qu'il a contrôlées sont nommées Poème sur la loi naturelle.

iii Voir lettre du 29 janvier à Gauffecourt : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/29/a...

et 22 mars à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/22/s...

iv Ce qu'il écrit le même jour à Lambert sur qui sont tombés ses soupçons . Les poèmes sur La Loi naturelle et sur le Désastre de Lisbonne sont en cours d'impression à Genève chez Cramer .

v Voir lettre du 18 février au pasteur Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/18/l...

vi Le 26 février, V* parlait de cette affaire : le président de Meynières lui « avait rendu un petit service autrefois dans une affaire où un procureur nommé Pinon Ducoudrai (l')avait embarqué ... Ce Pinon Ducoudrai retient depuis longtemps un argent qui était en séquestre et ...promet de rendre tous les jours », aussi demande-t-il à Meynières de lui dire « deux mots ».

vii Une édition pirate donne à la suite l'une de l'autre la version en quatre parties dédiée au roi de Prusse et la version en trois chants composée à Gotha et dédiée à « une souveraine sans faste, et femme sans faiblesse » ; une autre édition joint à la première version « les variantes » de la seconde . Voir dans les lettres à la duchesse le problème diplomatique qui se pose à V* . Leur contenu laisse à penser que le dernier paragraphe de cette lettre a été ajouté le 24 .

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Je suis fan de Miss Tic : http://fr.wikipedia.org/wiki/Miss.Tic , idéale et insolente alliance de texte et dessin .

 

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22/03/2011 | Lien permanent

Je ne rougis, ni de ce que j'écris, ni de ce que je pense, ni de ce que je fais

... Facile quand on est voltairien .

Les chroniques de Yannick Haenel et Philippe Lançon - Philippe  Sollers/Pileface

 

 

« A Jean-André de Luc 1

A Ferney 11è janvier 1766

En attendant, monsieur, que je sache l'adresse de M. Bertrand, j'ai pris le parti d'écrire à M. de Freudenrich, l'un des seigneurs les plus accrédités de Berne, son ami, son protecteur, et qui m'honore depuis longtemps d'un peu d’amitié .

Je vous envoie la lettre que je lui écris, et je peux vous répondre qu'il sera aussi étonné que moi-même de la singulière imposture que vous m’avez apprise . Ce tissu de calomnies que j'ai ignorées pendant plusieurs années a été, je le vois bien, une des causes des dissensions qui agitent votre République . On a voulu faire accroire que j'avais contribué à faire décréter M. Rousseau à Genève et à le faire chasser de l’État de Berne, tandis que je ne me suis mêlé de ces affaires que pour lui offrir une retraite honorable, que je lui offre encore en pur don pour sa vie . Il eût mieux fait, sans doute de l'accepter, que de fuir d'asile en asile, et de désert en désert, pour aller chez une nation dont il ne pourra jamais parler la langue ; qui se soucie très peu des livres français, et qui au bout de deux jours fait un accueil très médiocre aux étrangers . Il a mal calculé en tout, et le désir d'être singulier ne lui a attiré que des infortunes singulières .

Vous qui avez, monsieur, de la justesse dans l'esprit, et de la justice dans le cœur, je vous fais juge de sa conduite et de la mienne . Je voudrais qu'il fût temps de réparer tant de fautes et tant de malheurs . Si la vérité avait été plus tôt connue, je ne doute pas que M. Rousseau n'eût pris un meilleur ami .

Il paraît par la lettre de M. d'Ivernois que votre infortuné citoyen, aveuglé par ses malheurs et peut-être par une fierté opiniâtre, croit, ou feint de croire que j'ai agi comme lui, ce qui est directement contraire à toute ma conduite, à toutes mes maximes, et surtout à l'intérêt des opinions que je professe hautement .

Ces absurdes calomnies m'ont attiré des injures très grossières , auxquelles je n'ai répondu que par quelques plaisanteries . Mais il faut enfin en oubliant les injures et les railleries, que la vérité s'éclaircisse .

Je vous répéterai toujours que s'il y a dans Genève un seul conseiller à qui j'ai parlé, ou fait parler pour décréter M. Rousseau, je consens de passer pour un scélérat aussi lâche que celui qui a le premier débité cette étrange imposture . Il faut bien que M. d'Ivernois ne soit pas encore pleinement éclairci puisqu'écrivant souvent à M. Rousseau il est le seul de ses amis qui ne soit pas venu chez moi 2. Je vous prie de voir la lettre que je lui ai écrite en réponse à la sienne 3. Ma candeur et mon indignation l'ont dictée , et il doit sentir qu'on n'écrit point ainsi quand on a quelque chose à se reprocher .

Je désirerais fort, monsieur, pouvoir vous entretenir incessamment pour de très fortes raisons, et que vous vinssiez seul . Vous connaissez mes sentiments, et il n'est plus question de compliments entre nous .

V. »

2De fait, d'Ivernois ira finalement chez V* et rapportera les propos de son hôte dans une lettre à J.-J. Rousseau du 1er février 1766 qui constitue un témoignage vivant, reproduit ici, sauf le paragraphe d'introduction :

« J'ai vaincu ma répugnance, j'ai été enfin chez V, je lui ai fait part de la partie de votre lettre qu'il convenait qu'il sût pour bien apprendre à vous connaître, et pour le fortifier dans les intentions où il paraît être de vouloir vous être favorable . Quand je lui eus fait rapport du premier paragraphe et de ce qui termine le second, il porta ses mains sur sa tête, et dit d'un ton qui parut sortir d'un homme à sentiments, Vous m'accablez, monsieur . Hé pourquoi répondis-je ? Il faut, répliqua -t-il, faire revenir ici monsieur Rousseau, faites-lui savoir, qu'il court quelques chiffons de papier où il est question de lui, s'ils lui tombent sous la main, qu'il n'y fasse pas attention, ils étaient écrits avant que je connus ses sentiments . Je répondis : «  Si chacun connaissait comme moi la pureté des intentions de mon ami, et la droiture de son coeur, il aurait certainement moins d'ennemis et surtout dans sa patrie . » Je me servis de votre expression, mais tel fiert qui ne tue pas. « Je suis attaché à M. Rousseau de la manière la plus forte, et je n'ai pu, ni ne puis voir qu'avec peine les personnes qui ont cherché et qui cherchent peut-être encore à lui nuire . Souffrez, monsieur, que je vous fasse quelques questions . N'avez-vous point coopéré aux injustices du gouvernement envers lui ,? n'avez-vous point écrit à quelqu'un à Paris ou ailleurs, que malgré la protection du roi de Prusse, vous trouveriez le moyen de le faire sortir de la comté de Neuchâtel ? n'avez-vous pas correspondu à son sujet avec M. Bertrand de Berne, et enfin, monsieur, n'avez-vous pas cherché à lui nuire par d'autres moyens ? » A chaque question je voyais un homme saisi d'un tel étonnement qui ne caractérisait rien moins qu'un hypocrite . Voici ses réponses .

« « Chacun parle des torts d'autrui, monsieur, personne n'avoue les siens . Vous savez le conte de la poutre et du fétu, il ne faut juger que par les faits, ils sont clairs . Je conserve la lettre que M. R m'écrivit en 1759 dans laquelle il me dit qu'il ne m'aime point, que je corromps sa patrie en donnant des spectacles dans mon château ( qui n’est point dans sa patrie ) . Est-ce là le prix de l'asile que Genève vous a donné ? Cette lettre outrageante et inattendue de la part d'un homme qui faisait des opéras, des comédies, et des romans était d'autant plus déplacée qu’assurément je n'ai pas besoin d'asile . Et quand j'ai bien voulu prendre une maison auprès de Genève pour ma santé, je l'ai payée assez cher , puisque j'en ai donné près de quatre-vingts mille francs à condition qu'on m'en rendrait trente-huit mille quand je voudrais la quitter . M. R a cru apparemment, ou on lui a fait accroire qu'ayant été ainsi offensé par lui, j’avais dû me venger . Il y a eu de l'absurdité à dire que j'avais contribué à faire brûler son Vicaire savoyard et son Contrat social . Le Vicaire savoyard m'a toujours paru un excellent ouvrage et susceptible du sens le plus favorable . J'ai condamné hautement, je condamne et condamnerai toujours ceux qui ont cru flétrir cet ouvrage en le faisant brûler . Il n'y a qu'un scélérat qui puisse dire que j'aie eu la moindre part à la condamnation de M. R . J'aimerais autant qu'on dît que j'ai fait rouer Calas, que de dire que j'ai persécuté un homme de lettres . M. R croyant ou feignait de croire que je lui voulais du mal n'a cessé de m'outrager . Il s'est fait mon délateur dans les Lettres de la montagne en m'accusant d'avoir fait le Sermon des cinquante , ouvrage publiquement connu pour être de La Mettrie . Il est faux et calomnieux que j'aie jamais écrit à Paris ni ailleurs contre M. R, il est également faux que je me suis entretenu de lui avec M. Bertrand de Berne, et ma correspondance avec lui n'a roulé que sur l'histoire naturelle et pour lui procurer la vente de son cabinet ; j'offre de vous mettre sous les yeux toutes les lettres du dit monsieur dans aucune desquelles je défie qu'on trouve le nom de M. R, et je le défie lui d'articuler un seul fait où il ait à se plaindre de moi . Je ne me suis vengé qu'en plaisantant . M. Marc Chappuis est témoin que j'ai offert une maison à M. R . Écrivez-lui, monsieur, que je la lui offre toujours, et que s'il veut je me fais fort auprès des médiateurs de le faire rentrer dans tous ses droits à Genève . J'offre de vous donner cette déclaration signée de ma main, que vous pourrez rendre publique si vous trouvez à propos . Je ne rougis, ni de ce que j'écris, ni de ce que je pense, ni de ce que je fais . »

« Je le remerciai, et lui dis que je vous ferais part de cet entretien . De Luc l'aîné était présent […] / « D'Ivernois

« J'oubliais de vous dire que V m’ajouta : je veux faire imprimer Le Vicaire savoyard dans un recueil d'autres pièces que je me propose de donner au public […].

Genève le 1er février 1766 »

3 Aucune de ces lettres n'est connue, la lettre du 27 novembre 1765 à d'Ivernois en donne un idée : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/22/si-les-deux-partis-voulaient-communiquer-ensemble-amiablemen-6305043.html

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03/05/2021 | Lien permanent

nous pourrons faire ce nouveau contrat dans peu de temps, comme nous avons fait le premier . Je trouve ces placements t

... Ce n'est pas l'avis des syndicats . Et la grève dure dure ! Il est vrai que rien ne vaut une méchante grève pour se préparer une riante retraite, non ? L'âge pivot, l'âge où l'on perd le nord, voila un joli terme pour un terminus , le pivot étant par essence un point fixe qui ne permet plus qu'un mouvement : tourner en rond ; vu comme ça, peut-on encore dire  "vivement la retraite" ?

https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/01/07/retra...

 

 

« A Sébastien Dupont

13è novembre 1764 au château de Ferney

Je vous fais mon compliment, mon cher ami, sur la place d'adjoint à M. de Bruge au Conseil de M. le duc de Virtemberg . M. le comte de Montmartin me mande qu'on vous la donne avec grand plaisir . J'aurais bien envie de venir à tâtons vous embrasser à Colmar ; ma santé ne me le permet pas, et je me suis donné des chaînes ; je me suis fait une assez nombreuse famille d'adoption ; les Turcs appellent cela les enfants de l’âme . Père Adam , que vous connaissez, est encore un de mes enfants ; comment transporter tant de monde ? Ce serait trop d'embarras pour un aveugle . Vous savez que Tobie envoya son fils chez Gabelus, et que le bonhomme resta chez lui 1.

Je crois vous avoir déjà mandé que les neiges me rendent aveugle quatre ou cinq mois de l'année dans le plus beau lieu de la nature . M. le duc de Virtemberg a la bonté de m'accorder le château de Montbéliard . Je pourrais y aller passer les hivers avec tout mon train, mais j'ai bien peur de trouver des neiges partout . Je voudrais bien savoir ce que c'est que ce Montbéliard . Vous savez combien il me plairait puisque ce n'est pas loin de Colmar . Vous pouvez aisément vous informer de tout ce qui concerne cette habitation ; M. Jeanmaire pourrait vous dire s’il n'y a point quelque autre demeure où je serais commodément . Il me faut bien peu de chose pour moi ; mais il en faut beaucoup pour tout ce qui m'entoure . Je suis honteux de ne pouvoir marcher qu'avec 25 ou 30 personnes . Je puis faciliter mes transmigrations par une nouvelle négociation entamée avec M. le duc de Virtemberg ; elle se consommera dans les premiers jours de janvier au plus tard , et nous pourrons faire ce nouveau contrat dans peu de temps, comme nous avons fait le premier . Je trouve ces placements 2 très convenables et très sûrs .

Tâchez, je vous prie, mon cher ami, de savoir de M. Jeanmaire s'il loge quelqu'un dans le château de Montbéliard , et si je l'aurais tout entier à ma disposition .

Présentez mes respects à M. et à Mme de Klinglin . Je vous embrasse tendrement vous et toute votre famille.

V. »

2 Ce mot remplace emplacement écrit par erreur par Wagnière .

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08/01/2020 | Lien permanent

Puisse la France imiter bientôt la Russie et la Pologne

... Un peu de provoc' par ce titre !

Ce voeu idéaliste du XVIIIè siècle n'est plus d'actualité, désormais  un pur voeu pieux  .

Il est bien évident qu'on ne doit absolument pas imiter un Poutine et ses sbires, dans le même temps qu'on est en droit d'accueillir, ou au moins aider, des Ukrainiens comme le fait la Pologne  : https://www.lesechos.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-la...

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin

14è mars 1767

Le diable est déchaîné, mon cher ami ; et quand on n’est pas aussi fort que l’archange Michel, qui le battit si bien, il faut faire une honnête retraite. Il est très-prudent à vous de ne point envoyer à Dijon des armes offensives qui pourraient tomber entre les mains des ennemis . Il faut attendre qu’il y ait une trêve, pour avoir des correspondances sûres.

Je trouve qu’on fait beaucoup d’honneur au parlement de Besançon, en avouant qu’il n’est pas persécuteur ; mais je crois qu’on se trompe en regardant comme tel le parlement de Dijon. J’espère que Fantet 1 y sera traité aussi favorablement qu’il l’aurait été dans votre province.

J’écrirai à des amis qui prendront sa défense . Avertissez-moi quand Fantet sera à Dijon, et quand il faudra agir . J’y mettrai tout mon savoir-faire. J’ai la main heureuse . L’affaire des Sirven prend le train le plus favorable ; et, quoi qu’on en dise et quoi qu’on fasse, la raison et l’humanité l’emportent sur le fanatisme. Puisse la France imiter bientôt la Russie et la Pologne. L’impératrice de Russie et le roi de Pologne me font l’honneur de m’écrire de leur main qu’ils font tous leurs efforts pour établir la plus grande tolérance dans leurs États . Ils poussent l’un et l’autre la bonté jusqu’à me dire que mes faibles écrits n’ont pas peu contribué à leur inspirer ces sentiments. Ma patrie ne va pas encore jusque-là ; mais la dernière aventure du bureau de Collonges 2 prouve assez les progrès de la raison.

On aura soin, mon cher ami,de vous payer pour vos déboursés . Tâchez de faire parvenir des Honnêtetés 3 à M. Leriche, et quelques Questions 4. Mille tendres amitiés. »

1 Libraire de Besançon, poursuivi juridiquement pour avoir vendu quelques ouvrages philosophiques.

2 L’affaire Le Jeune.

4 Les Questions de Zapata , dont la publication est attestée à partir du 4 mars 1767 ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/183

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23/08/2022 | Lien permanent

Dîtes-moi pourquoi depuis Bossuet et Fléchier nous n'avons point eu de bonne oraison funèbre ? Est-ce la faute des morts

 http://www.deezer.com/listen-7199241

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

18 septembre 1768

 

 

Il y a un Tronchin [i], mon cher ange, qui, lassé des tracasseries de son pays, va voyager à Paris et à Londres, et qui n'est pas indigne de vous. Il a souhaité passionnément de vous être présenté, et je vous le présente. Il doit vous remettre deux paquets qu'on lui a donné pour vous. Je crois qu'ils sont destinés à cette pauvre sœur d'un brave marin tué en Irlande [ii], laquelle fît comme vous savez un petit voyage sur terre presque aussi funeste que celui de son frère sur mer. Apparemment qu'on a voulu la dédommager un peu de ses pertes, et qu'on a cru qu'avec votre protection elle pourrait continuer plus heureusement son petit commerce. Je crois qu'il y a un des deux paquets venu d'Italie, car l'adresse est en italien [iii]. L'autre est avec une surenveloppe à M. le duc de Praslin.

 

Pour le paquet du petit Desmahis [iv], je le crois venu à bon port ; il fût adressé il y a quinze jours à l'abbé Arnaud, et je vous en donnai l'avis par une lettre particulière.

 

Je crois notre pauvre père Thoulier, dit l'abbé d'Olivet, mort actuellement, car par mes dernières lettres il était à l'agonie. Je crois qu'il avait 84 ans. Tâchez d'aller par-delà, vous et Mme d'Argental, quoique après tout la vieillesse ne soit pas une chose aussi plaisante que le dit Cicéron .

 

Vous devez avoir actuellement Lekain à vos ordres. C'est à vous à voir si vous lui donnerez le commandement du fort d'Apamée [v], et si vous croyez qu'on puisse tenir bon dans cette citadelle contre les sifflets. Je me flatte, après tout, que les plus dangereux ennemis d'Apamée seraient ceux qui vous ont pris il y a cent ans Castro et Ronciglione [vi]; mais supposé qu'ils dressassent quelque batterie, n'auriez-vous pas des alliés qui combattraient pour vous ? Je m'en flatte beaucoup, mais je ne suis nullement au fait de la politique présente, je m'en remets entièrement à votre sagesse et à votre bonne volonté.

 

Je n'ai point vu le chef-d'œuvre d'éloquence de l'évêque du Puy [vii]. Je sais seulement que les bâillements se faisaient entendre à une lieue à la ronde.

 

Dîtes-moi pourquoi depuis Bossuet et Fléchier nous n'avons point eu de bonne oraison funèbre ?est-ce la faute des morts ou des vivants ?les pièces qui pêchent par le sujet et par le style sont d'ordinaire sifflées .

 

 

Auriez-vous lu un Examen de l'Histoire de Henri IV écrite par un Bury ?[viii] Cet Examen fait une grande fortune, parce qu'il est extrêmement audacieux et que si le temps passé y est un peu loué, ce n'est qu'aux dépens du temps présent. Mais il y a une petite remarque à faire, c'est qu'il y a beaucoup plus d'erreurs dans cet Examen que dans l'Histoire de Henri IV. Il y a deux hommes bien maltraités dans cet Examen, l'un est le président Hénault en le nommant [ix], et l'autre que je n'ose nommer [x]. Le peu de personnes qui ont fait venir cet Examen à Paris en paraissent enthousiasmées. Mais si elles savaient avec quelle impudence l'auteur a menti, elles rabattraient de leurs louanges.

 

Adieu, mon cher ange, adieu la consolation de ma très languissante vieillesse.

 

N. B. - Vous sentez bien que la crème des fromages [xi] qu'on envoie à la sœur du marin est pour vous.

 

V. »

i Jacob Tronchin, qui a démissionné de ses fonctions politiques à Genève, qui veut racheter Ferney ; cf. lettre du 8 mars 1768 à Mme Denis.

ii La femme du libraire Lejeune, envoyée à V* par d'Argental, qui avait été arrêtée à son retour en décembre 1766 avec une cargaison de livres défendus, dont 80 exemplaires du Recueil nécessaire de V* ; cf. lettre à d'Argental du 2 janvier 1767 .

iii Peut-être un ouvrage qu'il prétend traduit de l'italien Les Droits des hommes... Cf. lettre du 9 septembre à Chabanon.

iv Sa tragédie Les Guèbres, qu'il attribue alors à feu Desmahis.

v Où se déroulent Les Guèbres.

vi Les fidèles du pape qui ont pris ces places au duc de Parme (dont d'Argental est l'envoyé à Paris) ; V* parle de cette « usurpation » dans Les Droits des hommes et les Usurpations des autres (ou des papes ), comme il l'écrit le 9 septembre à Chabanon.

vii Oraison funèbre de la reine par Lefranc de Pompignan.

viii Il s'agit de Histoire de la vie de Henri IV, roi de France et de Navarre, 1765 d'Édouard Bury, et Examen de la nouvelle histoire de Henri IV de M. de Bury , 1768, que V* attribue à La Beaumelle.

ix Le 13 septembre, V* cite au président Hénault le passage de la page 30 où il est traité de « guide peu sûr, abréviateur infidèle, hasardeux dans ses anecdotes, trop court sur les grands évènements pour être lu avec utilité, trop long sur les minuties pour être lu sans ennui, trop attentif à ramasser tout ce qui est étranger à son sujet ... pour obtenir une grâce ... sur les négligences de son style, sur ses omissions des faits importants, sur la confusion qui règne dans ses dates ... »

x Le roi !

V* a cité le passage incriminé au président Hénault : « Voici comment il parle du roi ... page 24 :'' ... le petit fils de Scha Abas [le roi] fut bercé pendant sept ans par des femmes, ... ensuite il fut bercé pendant huit ans par des hommes ; ... on l'accoutuma de bonne heure à s'adorer lui-même...; tout ce qui l'environnait avait ordre de lui épargner le pénible soin d'agir, de penser, de vouloir...'' » Cf. lettre du 26 octobre à Mme Denis.

xi Il s'agit des brochures évoquées au début .

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18/09/2010 | Lien permanent

la nation a été souvent plus malheureuse qu'elle ne l'est ; mais elle n'a jamais été si plate

... Consolation : la plate bande !

Oui, c'est à raz le gazon, normal .

 

Mis en ligne le 14/11/2020 pour le 7/8/2015

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand 1

à Saint-Joseph

à Paris

6 août 1760

Si la guerre contre les Anglais nous désespère, madame, , celle des rats et des grenouilles est fort amusante ; j'aime à voir les imprimeurs bernés, et les méchants confondus ; il est assez plaisant d'envoyer du pied des alpes à Paris des fusées volantes qui crèvent sur la tête des sots ; il est vrai qu'on n'a pas visé précisément aux plus absurdes, et aux plus révoltants , mais patience, chacun aura son tour ; il se trouvera quelque bonne âme qui vengera l'univers, 2 et le président Lefranc de Pompignan n'est pas le seul qui mérite que l'univers lui donne des nasardes . On m'a mandé que l'illustre Palissot a fait imprimer mes lettres, mais je soupçonne fort qu'il a altéré la pureté du texte ; il est sujet à corrompre ses citations, aussi bien que Me Joly de Fleury .

Il est bon que Paris vive de ces niaiseries, puisqu'il n'a pas de quoi vivre d'ailleurs . Alcibiade coupait la queue à son chien pour détourner l'attention des Athéniens des sottises qu'il faisait à la guerre ; sans Palissot, Pompignan et Fréron on ne parlerait que de remontrances ; je vous avoue que je ne les aime pas dans ce temps-ci, et que je trouve impertinent, très lâche et très absurde qu'on veuille empêcher le gouvernement de se défendre contre les Anglais, qui se ruinent à nous assommer ; la nation a été souvent plus malheureuse qu'elle ne l'est ; mais elle n'a jamais été si plate . Tâchez, madame, de rire comme moi, de tant de pauvretés en tout genre ; il est vrai que dans l'état où vous êtes on ne rit guère, mais vous soutenez cet état, vous vous y êtes accoutumée, c'est pour vous une espèce nouvelle d'existence ; votre âme peut en être devenue plus recueillie, plus forte, et vos idées plus lumineuses ; vous avez sans doute quelque excellent lecteur auprès de vous, c'est une consolation continuelle ; vous devez être entourée de ressources ; nous avons dans Genève à un demi-quart de lieue de chez moi, une femme de cent-deux ans 3 qui a trois enfants sourds et muets ; ils font conversation avec leur mère du matin au soir, tantôt par écrit, tantôt en remuant les doigts, jouent très bien tous les jeux, savent toutes les aventures de la ville et donnent des ridicules à leur prochain, aussi bien que les plus grands babillards ; ils entendent tout ce qu'on dit au remuement des lèvres . En un mot , ils sont de bonne compagnie . M. le président Hénault est-il toujours bien sourd ? Du moins, il est sourd à mes vœux, mais je lui pardonne d'oublier tout le monde, puisqu'il est avec M. d'Argenson .

A propos, madame, digérez-vous ? Je me suis aperçu après bien des réflexions sur le meilleur des mondes possibles, et sur le petit nombre des élus qu'on n'est véritablement malheureux que quand on ne digère point . Si vous digérez, vous êtes sauvée dans ce monde, vous vivrez longtemps et doucement, pourvu, surtout , que les boulets de canon du prince Ferdinand et des flottes anglaises n'emportent pas le poignet de votre payeur des rentes .

Je n'ai nul rogaton à vous envoyer, et je n'ai plus, d'ailleurs, d'adresse contresignante, tant on se plait à réformer les abus ; je suis de plus occupé du czar Pierre matelot, charpentier , législateur, surnommé le Grand . Ayant renoncé à Paris, je me suis enfui aux frontières de la Chine, mon âme a plus voyagé que le corps de La Condamine ; on dit que ce sourdaud 4 veut être de l'Académie française,5 c'est apparemment pour ne pas nous entendre . Heureux ceux qui vous entendent, madame . Je sens vivement la perte de ce bonheur . Je vous aime, malgré votre goût pour les feuilles de Fréron . On dit que L’Écossaise en automne amène la chute des feuilles .

Mille tendres et sincères respects . »

1 La présente lettre est une réponse à la lettre de la marquise du 23 juillet . Le passage qui va de n'est pas le seul qui mérite... à sans Palissot, Pompignan, manque dans les éditions à la suite d'une copie par Wyart .

3 Voir lettre du 9 février 1759 à Mme Gallatin : « Nous avons dans mon petit ermitage une fille qui a aussi cent ans mais je ne ferai jamais de vers pour elle . »

4 Ce mot a déjà été utilisé à propos du même personnage .

5 Il y fut effectivement reçu par Buffon le 12 janvier 1761 .

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07/08/2015 | Lien permanent

Vous savez que les adresses des ministres sont sacrées

... Leurs adresses personnelles bien sûr, pour celles de leurs ministères c'est public, et dans les beaux quartiers : https://lannuaire.service-public.fr/gouvernement

Ainsi Mme Rachida Dati , rue Saint-Honoré, n'est pas dépaysée et peut continuer à profiter de notre industrie du luxe .

 

 

 

« A Jacob Tronchin

ancien Conseiller d’État

à Genève 1

Caro traditore, je vous ai attendu jusqu'à neuf heures et demie passé. Tâchez de réparer cette perfidie . Je serais trop fâché que vous partiez sans avoir eu la consolation de vous embrasser . En attendant, permettez que je vous adresse ce paquet pour M. d'Argental, envoyé de Parme . Vous savez que les adresses des ministres sont sacrées, et qu'il n'y a rien à risquer .

Agréez, monsieur, mes respectueux sentiments , et l'extrême envie que j'ai à vous voir avant votre départ .

V.

Mercredi au soir à 11 heures [14 septembre 1768] à Ferney. »

1 Original ; édition Tronchin, non complète, non datée, donnée comme adressée à François Tronchin .

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29/03/2024 | Lien permanent

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