Rechercher : richelieu 26 mai 1755
J'aurais pu donner quelques bons avis; mais je me renferme dans mon obscurité et dans ma solitude, comme de raison.
... Et parmi ces "bons avis", l'expression de ma satisfaction de voir que Martine Aubry ne fait pas partie du gouvernement . Voilà un boulet (de charbon ?) qui va tenter d'être à nouveau bienvenu chez les Ch'tis !
Fiat lux !
« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.
A Monrion, 7 février [1756]
Je vous remercie bien fort, mon héros, de votre belle et instructive épître. Il est vrai que vous écrivez comme un chat, et que, si vous n'y prenez garde, vous égalerez le maréchal de Villars. Je me flatte bien que vous l'égalerez tout de même, quand il ne sera pas question de plume; mais il me semble que le nouveau traité dont le roi de Prusse s'applaudit ne vous permettra pas la guerre de terre. Vous ne seriez pas le premier de votre nom 1 qui eût gagné une bataille navale mais, jusqu'à présent, vous n'avez pas tourné vos vues de ce côté. Vous allez pourtant vous montrer à la Méditerranée; et je voudrais que les Anglais fissent une descente à Toulon, pour que vous les traitassiez comme on vient de les traiter à Philadelphie.
Je reviens à Fontenoy. Je suis encore à comprendre comment ma nièce ne vous donna pas le manuscrit que je lui avais envoyé pour vous. Ce manuscrit ne contenait que des mémoires qu'il fallait rédiger et resserrer, il y avait une grande marge qui attendait vos instructions dans vos moments de loisir.
M. de Ximenès, qui allait souvent chez ma nièce, sait comment ces mémoires, informes et défigurés, ont été imprimés en partie. Je ferai transcrire l'ouvrage entier dès que je serai de retour à mes petites Délices auprès de Genève. Il est bien certain que le nom de Reiss ou de Thésée 2 est une chose fort indifférente mais ce qui ne l'est point, c'est qu'on ose vous contester le service important que vous avez rendu au roi et à la France.
Permettez-moi seulement de vous représenter qu'en vous tuant de dire qu'il n'y a pas un mot de vrai dans la conversation rapportée, vous semblez donner un prétexte à vos envieux de dire que ce qui suit cette conversation n'est pas plus véritable.
Je n'ai pas inventé le Thésée, et, par parenthèse, cela est assez dans le ton de M. le maréchal de Noailles. C'est, encore une fois, votre écuyer Féraulas qui me l'a conté, c'est une circonstance
inutile, sans doute; mais ces bagatelles ont un air de vérité qui donne du crédit au reste; et, si vous me contestez le Thésée publiquement, vous affaiblissez vous-même les vérités qui sont liées à cette conversation. On présumera que j'ai hasardé tout ce que je rapporte de cette journée si glorieuse pour vous.
Au reste, toute cette histoire est fondée sur les lettres originales de tous les généraux; et quelques petites circonstances qu'on m'a dites de bouche ne peuvent, je crois, faire aucun tort au reste de l'histoire, quand je rapporte mot pour mot les lettres qui sont dans le dépôt du ministre.
Je souhaite que la guerre sur mer soit aussi glorieuse que la dernière guerre en Flandre l'a été.
Croirez-vous que le roi de Prusse vient de m'envoyer une tragédie de Mérope mise par lui en opéra ? Il m'avertit cependant qu'il n'est occupé qu'à des traités. Je voudrais que vous vissiez quelque chose de son ouvrage, cela est curieux. Faites vos réflexions sur ce contraste et sur tous ces contrastes. J'aurais pu donner quelques bons avis; mais je me renferme dans mon obscurité et dans ma solitude, comme de raison.
Je ne doute pas que vous ne voyiez Mme de Pompadour avant votre départ. Je n'ai qu'à vous renouveler mon éternel et respectueux attachement. »
1 Allusion à la digue construite par les ordres du cardinal de Richelieu, en 1628, pour fermer le port de la Rochelle à la flotte anglaise.
2 Ceci est relatif à ce passage du récit de la bataille de Fontenoy dans l'Histoire de la guerre de 1741 , Amsterdam, 1755, in-12, seconde partie, page 163 « M. le duc de Richelieu se présente hors d'haleine, l'épée à la main, et couvert de poussière. « Eh bien, Reiss, lui dit le maréchal de Noailles » (c'était une plaisanterie entre eux), « quelle nouvelle apportez-vous? » Voir aussi page 244 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411331n/f247.image
Apparemment que Richelieu avait fait observer à Voltaire que le surnom qu'on lui donnait n'était pas Reiss, mais Thésée. (Beuchot.)
Richelieu parait avoir tout simplement contesté la vérité de ce détail.
16/05/2012 | Lien permanent
Mais, comme on dit, il faut vouloir, et on ne veut pas assez
... "on", y compris moi-même .
Le hasard étant parfois sympathique , je me suis retrouvé heureusement face à l'ami Voltaire dimanche matin, et j'espère que Mam'zelle Wagnière aussi : https://www.france.tv/france-5/une-maison-un-artiste/une-maison-un-artiste-saison-7/1037591-voltaire-le-patriarche-de-ferney.html
« A Etienne-Noël Damilaville
28 juillet 1766 1
J’ai reçu toutes vos lettres, mon cher ami. Je suis toujours dans le même état, à la même place, et dans la même résolution. Il y a un homme puissant 2 dans l’Europe qui est aussi indigné que nous. Voici le moment de prendre un parti, pour peu qu’on trouve des âmes fortes et courageuses qui nous secondent.
J’ai dévoré le mémoire 3et je me flatte qu’il sera bientôt public. Notre ami Élie l’aurait fait plus éloquent. Ce mémoire devait être un beau commentaire sur le livre des Délits et des Peines. On dit que ce commentaire paraîtra bientôt : mais l’ignorant doit rentrer dans sa coquille, et ne se montrer de plus de six mois. Je crois vous avoir déjà dit quelque chose du lièvre qui craignait qu’on ne prît ses oreilles pour des cornes 4.
J’ai relu tous les détails que vous m’avez écrits. Vous jugez de l’impression qu’ils ont faite sur moi. Que ne puis-je être avec vous, et vous ouvrir mon cœur !
Si le Platon moderne 5 voulait, il jouerait un bien plus grand rôle que l’ancien Platon. Je suis persuadé, encore une fois, qu’on pourrait changer la face des choses. Ce serait d’ailleurs un amusement pour vous et pour lui de faire une nouvelle édition de ce grand recueil des sciences et des arts, de réduire à quatre lignes les ridicules déclamations des Cahusac 6 et de tant d’autres, de fortifier tant de bons articles, et de ne plus laisser la vérité captive. Il y a un volume de planches dont on pourrait très-bien se passer. En un mot, en réduisant l’ouvrage, je suis certain qu’il vous vaudrait cent mille écus. Mais, comme on dit, il faut vouloir, et on ne veut pas assez.
On vous supplie de donner cours aux incluses. »
1 Copie contemporaine Darmstadt B. : il manque la dernière phrase ; les Éditions Littéraires n'identifient pas le destinataire .
2 Frédéric II de Prusse .
3 Ce mémoire , annoncé à V* par Thieriot le 17 juillet 1766 est l’ensemble des Mémoires à consulter pour les sieurs Moisnel, Dumaisniel de Saveuse et Douville de Maillefer datés du 27 juin 1766
4 La Fontaine, livre V, fable iv. :Les oreilles du lièvre : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/oreilliev.htm
5 Diderot .
6 Louis de Cahusac a écrit plusieurs articles, tous signés, pour l'Encyclopédie : https://obvil.sorbonne-universite.fr/corpus/danse/html/cahusac_encyclopedie-anthologie.html
Voir lettre du 3 octobre 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/11/23/je-suis-si-attache-a-cette-belle-entreprise-que-je-voudrais-que-tout-en-fut.html
25/10/2021 | Lien permanent
594 147 383 270 102 938 219 382 894 333 519 830 26 juillet
Plus fort que James Bond et Hubert Bonisseur de La Bath , Volti dans un exercice d’agent secret, qu’il prend très au sérieux alors que l’adversaire le voit venir comme un paon dans sa cuisine !... Lettre codée que je vous laisse le soin de déchiffrer , bon courage !
« A Jean-Jacques Amelot de Chaillou
Monseigneur,
Je suis obligé de me servir de ce chiffre pour avoir l’honneur de vous dire que le roi de Prusse ayant toujours voyagé , n’a pu
594 147 383 270 102 938 219 382 894
m’écrire que le à Magdebourg . Il me donne ordre de le
333 519 830 26 juillet 193 480 777 890 849 855 906 410 749 837
trouver à Aix-la-Chapelle au commencement d’août . Il réitère vivement
164 605 757 174 310 399 586 268 363 543 389 954
les offres qu’il m’a souvent faites et emploie même.
514 619 954 849 143 586 770 339 314 415 543 726 177 3
le mot d’amitié.
203 63i 853 913 895 730 268 322 909 610 , mais vous savez que je préfère à tout le bonheur de vous servir.
Je reste ici
Je vous supplie de me mander si vous ne jugez pas à propos que 900 945 317 enfermé en attendant le rendez-
619 444 77 818 789 920 640
vous d’Aix-la-Chapelle.
820 874 885 605 214.
Je suis dans une liaison intime avec quelques étrangers
19 920 844 380 589 528 298 514 879 739 721 224 950
qui me font part de toutes les affaires et qui me mettront
810 188 229 198 710 680 809 183 3 326 879 914 405
en état de le brouiller avec l’Angleterre.
77 704 353 290 40 843 594 488 770 417.
Je ne veux abuser ni de vos bontés ni de votre temps par une plus longue lettre, j’attends vos ordres et suis avec respect etc.
A La Haye chez M. l’ambassadeur ce 5 juin 1743 à 4 heures du soir. »
Moi aussi, j'ai un message codé pour vous :
http://www.monsieurdevoltaire.com/article-32262623.html
Pour la beauté du geste dans ce monde mercantile, -alors qu'on édicte des lois de plus en plus contaignantes au lieu de faire la réelle part des choses ( à savoir ne plus être esclaves de la loi du "pognon" de quelques nantis qui en veulent toujours plus ) -, merci Yann : http://www.youtube.com/homeprojectFR
05/06/2009 | Lien permanent | Commentaires (2)
Je ne sais comment votre lettre datée du 26 juillet , ne m'est parvenue que le 19è août
... Ah si Voltaire avait eu le Web à disposition, ce genre de contretemps ne serait -presque- pas arrivé ; je dis presque car il est des pays/des gouvernants qui sont tellement soucieux du bien-être de leurs administrés qu'une admirable censure bloque Internet .
D'un autre côté, il est heureux que mon philosophe préféré ait abondamment utilisé ce support papier qui nous permet de le suivre au quotidien, qu'aurions-nous s'il n'avait eu que le courriel volatile par essence ?
Mieux vaut un courrier en retard que pas de courrier . Timbre vert, couleur d'espérance , ou timbre rouge, couleur triomphale ? Vive La Poste, jaune et puissante : c'est Froome qui s'y colle jusqu'en 2017 !
« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille 1
[vers le 22 août 1761]
Je me hâte, monsieur, de répondre à monsieur le contrôleur général 2, et je vous adresse la lettre à cachet volant, afin que vous en jugiez .
Je suis pénétré de ses bontés, et il y a longtemps que je lui suis attaché . Je vous avoue que je suis un peu piqué de ce mot, Corneille ce poète . Il y a longtemps que La Bruyère a dit, Person est un peintre, Pradon est un poète, mais le Poussin est le Poussin, et Corneille est Corneille 3.
Je ne sais comment votre lettre datée du 26 juillet , ne m'est parvenue que le 19è août . Il faut qu'il y ait quelque méprise, ou dans votre date ou dans les courriers . Si vous rencontrez par hasard l'abbé Grizel et maître Le Dains, je vous prie de leur faire mes compliments . Recevez ceux de votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Voir : http://data.bnf.fr/12443470/philibert-charles-marie_varenne_de_fenille/
et voir lettre du 22 avril 1761 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/02/rien-n-est-plus-commun-que-de-nous-prouver-que-nous-avons-to-5783131.html
2 La lettre à laquelle V* répond n'est pas connue .
3 Réminiscence de La Bruyère, Caractères : « Du mérite personnel », 24 ; voir : http://short-edition.com/classique/jean-de-la-bruyere/du-merite-personnel
26/07/2016 | Lien permanent
fait tout juste pour l'avide curiosité du public
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
Aux Délices près de Genève
14 juin [1756]
J'ai quelque orgueil, mon héros, de voir une partie de ma destinée unie à la vôtre. Il est assez plaisant que je sois auprès de vous l'homme le plus réellement intéressé à la prise de Port-Mahon : je me suis avisé de faire le prophète [dès le 3 mai, V* a écrit un « petit compliment »en vers en ajoutant dans la lettre en prose qu'il le croyait déjà vainqueur dans Port-Mahon ou qu'il le serait à la réception de la lettre]. Vous accomplirez sans doute ma prophétie. Elle est très claire. Il y en a eu jusqu'ici peu dans ce goût-là. Votre panégyriste est devenu votre astrologue. Par quel hasard faut-il que ma prédiction coure Paris avant que le maudit rocher de M. Blakney ne soit rendu [ce qui court, c'est, comme il l'apprendra plus tard, l'épître en vers où « la peau de l'ours » est un peu moins nettement vendue ; William Blakeney se rendra le 28 juin] ? Le même jour que j'ai reçu la lettre dont vous honorez votre petit prophète, j'ai appris que mon petit compliment était répandu dans Paris. C'est Thiriot la trompette qui me dit l'avoir vu et tenu, et même l'avoir désapprouvé. Il y a longtemps que je vous avertis que vous aviez probablement quelque secrétaire bel esprit qui rendait publiques les galanteries que je vous écrivais quelquefois. Je suis bien sûr que ce n'est pas moi qui ai divulgué ma prophétie, je ne l'ai certainement envoyée à personne qu'à mon héros. C'était un secret entre le ciel et lui . Thiriot fait quelquefois la cour à madame la duchesse d'Aiguillon. Si c'est chez elle qu'il a vu ma lettre, peut-être Mme d'Aiguillon n'en aura pas laissé prendre de copie; et en ce cas il n'y a que quelques lambeaux de publiés. Voyez, Monseigneur,comment notre secret a pu transpirer [aux d'Argental, il écrit le 2 juillet que c'est le gendre de Richelieu, le comte d'Egmont – avec lui à Port-Mahon – qui a envoyé l'épître à sa femme]. Je vous envoyai cette saillie par monsieur le duc de Villars, et je ne lui en fis pas confidence. Nul autre que vous au monde n'a vu la prédiction . Si vous l'avez fait lire à quelque profanateur de ces mystères, il n'y a pas grand mal. Vous me justifierez bientôt. Vous confondrez les incrédules comme les envieux. On verra bien que vous êtes un héros et que je ne suis pas un prophète de Baal [Baal = tous les faux dieux, dans la bible].
Au milieu des coups de canon vous soucierez-vous de savoir que La Beaumelle, qui s'est fait , je ne sais comment, héritier des papiers de madame de Maintenon, a fait imprimer quinze volumes, soit de lettres, soit de mémoires [Les Mémoires pour servir à l'histoire de Mme de Maintenon et à celle du siècle passé et Lettres de Mme de Maintenon, 1755-1756]? Ce ramas d'inutilités est relevé par un tas d'impudences et de mensonges [le 15 juin, à d'Argental : « Il y a eu quelques bons mémoires et il a noyé le peu de vérités inutiles que contiennent les mémoires de Dangeau, d'Hébert, de Mlle d'Aumale , dans un fatras d'imposture de sa façon »] qui est fait tout juste pour l'avide curiosité du public. Il y a quatre-vingt ou cent familles outragées. Voilà ce qu'il faut au gros des hommes. Je ne puis concevoir comment M. de Malesherbes a souffert et favorisé ce recueil de scandales [en fait édité en Hollande, et La Beaumelle sera embastillé en août]. Il y a parmi les lettres de Mme de Maintenon une lettre de M. le duc de Richelieu votre père qui certainement n'était pas faite pour être publique [peut être une lettre de juillet 1711 où le père de Richelieu parle de « la conduite outrée d'un fils qui ne peut être corrigée que par la sagesse et l'autorité d'un maître qui peut venir à bout de tout ce qui lui plait ». Le père du futur maréchal le fit effectivement embastiller]. Les termes qui vous regardent sont bien peu mesurés ; et il est désagréable que monsieur votre fils soit à portée de les voir. Il me paraît bien indécent de révéler ainsi des secrets de famille du vivant des intéressés.[le 15 mai, V* a fait interrompre l'impression du Siècle de Louis XIV par les Cramer : « … il faut … relever, la preuve en main, dans des notes au bas des pages du Siècle …, sans aucune affectation et par le seul intérêt de la vérité » les « mensonges très aisés à confondre » qu'on trouve à presque toutes les pages de ces prétendus Mémoires]
Mais après tout qu'importe qu'on attaque la conduite de M. le duc de Fronsac en 1715, pourvu qu'on rende justice à M. le maréchal de Richelieu et 1756 [Richelieu porta le titre de duc de Fronsac, jusqu'à la mort de son père en 1715]?
Prenez vite Mahon . Triomphez des Anglais et des mauvais discours. Je lève les mains au ciel sur mes montagnes [allusion biblique]; et je chanterai des Te Deum en terre hérétique.
V.
Mme Denis et moi sommes les deux Suisses qui aiment le plus votre gloire et votre personne. »
14/06/2010 | Lien permanent
Eh bien les Anglais valent donc 40 livres pièce?
... May be !
Je ne sais pas comment Volti a estimé la valeur des perfides Anglais , je trouve qu'ils ne valent pas grand chose .
Je n'ai pas fait le calcul pour estimer les roastbeefs à l'unité .
Mais, bon, pour 40 livres j'espère que la bête est tendre, et que, même avec une sauce à la menthe et des haricots baignant dans la graisse , on n'en fera qu'une bouchée lors des jeux prochains .
Pour connaitre leur vraie valeur, je devrais sans doute m'adresser à la Mafia et autres margoulins qui truquent les matchs !
Cependant, les Ecossais, qui ont toute ma sympathie, montrent volontiers leurs pompons, sans sucer les bonbons anglais !
Il y en a au moins un qui ne plombe pas le bas de son kilt comme les jupettes de Liz !
God save qui il voudra !!
« A M. Jean-Robert TRONCHIN, de Lyon
26 février [1756]
Que dites-vous du départ du grand docteur Tronchin? Le docteur m'est venu voir sur la route il ne m'a pas dit où il allait mais je crois l'avoir deviné 1.
Le bruit d'un combat naval 2 a couru dans nos montagnes; mais elles sont trop éloignées de la mer. Il paraît que voilà la guerre de Rome et de Carthage. Les Carthaginois forcèrent les Romains à devenir meilleurs marins qu'eux; mais il y a encore bien loin de Brest à Londres. Le commerce souffrira beaucoup, les deux nations s'épuiseront en Europe pour quelques arpents de neige en Amérique. Il paraît qu'il n'y a qu'une petite décoration de changée à Versailles. Eh bien les Anglais valent donc 40 livres pièce? Des dissensions pour un vieux conseiller du grand conseil 3, des guerres ridicules chez les Algonquins, des billets de confession 4, etc., tout cela fait que je me trouve fort bien à Monrion et aux Délices. »
2 Dès juin 1755, l'Angleterre, avec son premier ministre Newcastle, alors officiellement en temps de paix, lance des opérations navales militaires « préventives », et fin 1755, ce sont près de 300 navires qui sont déjà capturés avec 7500 hommes . La Guerre de 7 ans commencera officiellement après que Louis XV ait réclamé la restitution de ces prises .
4 Ce dont V* se moquait déjà dans sa lettre du 24 octobre 1753 à la comtesse de Lutzelbourg : « On songe à Paris à de misérables billets de confession, et on ne songe ni à la petite vérole, ni à l'autre . »
31/05/2012 | Lien permanent
vous avez deux grandes consolations, la philosophie et du tempérament
Lit vide, nid vide
« A M. de BRENLES
Aux Délices, 16 avril [1755]
Je partage votre douleur, monsieur, après avoir partagé votre joie 1; mais heureux ceux qui, comme vous, peuvent réparer leur perte au plus vite, je ne serais pas dans le même cas. Bien loin de faire d'autres individus, j'ai bien de la peine à conserver le mien, qui est toujours dans un état déplorable. En vérité, je commence à craindre de n'avoir pas la force d'aller sitôt à Monrion.
Soyez bien sûr, monsieur, que mes maux ne dérobent rien au tendre intérêt que je prends à tout ce qui vous touche. Je crois que Mme de Brenles et vous avez été bien affligés mais vous avez deux grandes consolations, la philosophie et du tempérament 2. Pour moi, je n'ai que de la philosophie; il en faut assurément pour supporter des souffrances continuelles qui me privent du bonheur de vous voir. Ma nièce s'intéresse à vous autant que moi, elle vous fait les plus sincères compliments, aussi bien qu'à Mme de Brenles. Nous apprenons que vous avez un nouveau bailli ce sera un nouvel ami que vous aurez.
Adieu, mon cher monsieur; je suis bien tendrement à vous pour jamais.
V. »
1 Les de Brenles viennent de perdre leur nouveau-né .
Voir lettre du 20 décembre 1754 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/26/a-ceux-qui-sont-aussi-attaches-aux-papes-que-je-le-suis.html
et du 29 mars 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/01/03/les-sots-font-des-enfants-mais-ils-ne-font-pas-verser-des-la.html
2 Ici, V* sous entend : « Avoir du tempérament, être porté au plaisir physique de l'amour ». Voir par exemple la lettre à Mlle de Lubert :
Les neuf bégueules savantes
Avec leurs têtes de pédantes
...
Avaient peu de tempérament.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_de_Lubert
11/01/2012 | Lien permanent
je vous supplie de considérer qu'on ne peut se défaire tout d'un coup de ses mauvaises habitudes
... Conclut , en toute franchise le candidat Sarkozy , après son débat !
- Eh ! Réveille - toi , James , tu entends des voix et tu prends tes désirs pour des réalités , tu n'es pas au pays des Bisounours .
- Oui, c'est vrai, l'orgueil et la mauvaise foi ne permettront jamais à cet individu de se reconnaitre quelque défaut qui soit .
- Notre purgatoire touche sans doute à sa fin et ce combinard bien plus à l'aise pour parler du Mali et de l'Afghanistan que de sa capacité à réduire les inégalités sociales en France , va débarrasser le plancher élyséen .
- Celà est bien dit , mais il faut cultiver notre jardin !
- Ah ! toujours aussi candide, mon pauvre James, n'as-tu pas entendu sa dernière tirade de lèche-cul vis à vis de l'électorat (respectable ! bien évidemment, ô miracle de l'urgence ) de Marine et de Bayrou ?
- Malheureusement, si ! A vomir !! Je lui dédie ceci ...
... Grande gueule réunissant le bleu (marine) au (joli) vert par le centre (blanc neutre )
« A madame la duchesse de SAXE-GOTHA
A Monrion, près de Lausanne, 1er janvier 1756.
Madame, j'allais souhaiter la bonne année à Votre Altesse sérénissime et à toute son auguste famille, avec la simplicité d'un bon Suisse, tel que j'ai l'honneur de l'être. Je reçois dans le moment la lettre dont Votre Altesse sérénissime daigne m'honorer. Elle me parle de Lisbonne, elle m'avait auparavant envoyé une Ode sur la Mort 1; je suis tenté, madame, de vous croire dévote, et cela m'encourage à vous envoyer un sermon 2. Votre Altesse sérénissime y trouvera peut-être encore un peu de philosophie; mais je vous supplie de considérer qu'on ne peut se défaire tout d'un coup de ses mauvaises habitudes. J'étais fâché contre les tremblements de terre quand je fis cette homélie.
Nous autres Suisses, nous n'avons pas été engloutis le 9 décembre 3, à quelques lieues de Lausanne. Je passe mon quartier d'hiver auprès de Lausanne, dans un petit ermitage tel que celui où je me suis retiré l'été, auprès de Genève. Je partage ainsi mes hommages entre deux républiques paisibles, dans le temps que les grands royaumes sont près de se couper la gorge et de se faire une guerre plus cruelle qu'un tremblement de terre ne peut l'être 4. Le roi de Prusse cependant m'a fait écrire, par l'abbé de Prades, qu'il travaillait pacifiquement à mettre en opéra ma tragédie de Mérope. De telles occupations me plaisent plus que ses procédés guerriers à Francfort 5. A propos de la guerre, madame, on s'est avisé d'imprimer sous mon nom une Histoire de la Guerre de 1741. Ce n'est pas là certainement mon ouvrage; il s'en faut beaucoup. Je suis en tout temps la victime des libraires et de La Beaumelle 6, mais les bontés dont Votre Altesse sérénissime m'honore me consolent de tout. Je la supplie de me les continuer. Je me mets aux pieds de toute son auguste famille, je présente à Son Altesse sérénissime mon profond respect et mon inviolable attachement. »
1 Rédigée « De main de maître » par Frédéric II ; voir lettre du 20 novembre 1755 à Elie Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/20/si-j-etais-plus-jeune-et-si-j-aimais-encore-la-poesie-je-ser.html
2 Un manuscrit incomplet du Poëme sur la destruction de Lisbonne est joint à cette tettre. En marge on lit le mot secret. (A. F.)
3 Voir lettre du 26 décembre à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/30/quel-interet-ai-je-a-cela.html
5 Les fameuses « avanies » de Francfort , quand V* fut arrêté et retenu prisonnier avec sa nièce Mme Denis lorsqu'il quitta la Prusse en juin 1753 .
6 Voir lettre du 21 décembre 1755 à l'Académie française : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/29/est-non-seulement-un-outrage-fait-a-la-verite-defiguree-en.html
02/05/2012 | Lien permanent
Je m’en suis guéri avec de l’eau .C’est un cordial qui guérit tout
Café des Délices : http://www.youtube.com/watch?v=f22oesdlRjI : pourquoi pas ?
Volti était un grand buveur de café !
C'est un alibi pour placer cette chanson qui est moin d'être ma préférée, mais ma foi, encore, pourquoi pas ?
Délices voltairiennes !
Oui! amours, délices et orgues sont féminines au pluriel et masculines au singulier !!
Ou : amour, délice et orgue sont masculins au singulier et féminins au pluriel !!!
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
A Prangins 13 février [1755]
Mon héros,
J’apprends que monsieur le duc de Fronsac [fils de Richelieu qui a eu la variole ; le 1er mai V* vantera à Richelieu les mérites de l’inoculation, comme il le fait depuis longtemps et qui est pratiquée à Genève par Théodore Tronchin ; il dira : « Heureusement, la nature a servi M. le duc de Fronsac aussi bien que s’il avait été inoculé. »] est tiré d’affaire, et que vous êtes revenu, de Montpellier [Richelieu est gouverneur du Languedoc] avec le soleil de ce pays là sur le visage, enluminé d’un érésipèle. J’en ai eu un, moi indigne, et je m’en suis guéri avec de l’eau [à Potsdam en juin 1752 : « Je me baigne, je prends les eaux » disait –il à la comtesse Bentinck.] . C’est un cordial qui guérit tout. Il ne donne pas de force aux gens nés faibles comme moi. Mais vous êtes né fort, et votre corps est tout fait pour votre belle âme. Peut-être êtes-vous à présent quitte de vos boutons
J’eus l’honneur en partant de Lyon d’avoir une explication avec M. le cardinal de Tencin sur le concile d’Embrun. Je lui fournis des preuves que les écrivains ecclésiastiques appellent petits conciles les conciles provinciaux, et grands conciles les conciles œcuméniques. Il sait d’ailleurs mon respect pour lui et mon attachement pour sa famille [Tencin est l’oncle de d’Argental]. Etc.
Je n’ai qu’à me louer à présent des bontés du roi de Prusse, etc. ; mais cela ne m’a pas empêché d’acquérir sur les bords du lac de Genève une maison charmante et un jardin délicieux [le 29 janvier, il écrit à la duchesse de Saxe-Gotha qu’il ne se laisserait pas « ramener » et qu’il ne retournerait pas en Prusse malgré ce qu’on lui écrivait]. Je l’aimerais mieux dans la mouvance de Richelieu. J’ai choisi ce canton séduit par la beauté inexprimable de la situation, et par le voisinage d’un fameux médecin [Théodore Tronchin], et par l’espérance de venir vous faire ma cour quand vous irez dans votre royaume. Il est plaisant que je n’aie de terres que dans le seul pays où il ne m’est pas permis d’en acquérir . La belle loi fondamentale de Genève est qu’aucun catholique ne puisse respirer l’air de son territoire. La république a donné en ma faveur une petite entorse à la loi, avec tous les petits agréments possibles [à Saint-Jean, face à Genève, il a acheté une maison, (qu’il baptise les Délices), sous le nom de Tronchin en prenant des garanties : il « prête 87 200 livres de France à l’acquéreur réel ; lequel ne viole la loi en aucune manière » écrivait-il à François Tronchin le 7 février]. On ne peut ni avoir une retraite plus agréable ni être plus fâché d’être loin de vous. Vous avez vu des Suisses, vous n’en avez point vu qui aient pour vous un plus tendre respect que
V. et D. »
Volti connaissait-il cette station thermale ? Va savoir : http://www.auvergne-thermale.com/fr/der-dermatologie.php
A recommander à Richelieu ? A vous ? A moi ?
13/02/2010 | Lien permanent
Le fanatisme est si violent dans certaines têtes
... qu'il faudrait un Don Quichotte , et un Sancho Pança pour l'anéantir : " Ecoute moi abominable monde ... " https://www.youtube.com/watch?v=z2XBaLsB_SM&ab_channe...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental , Envoyé
de Parme, etc.
quai d'Orsay
à Paris
16è avril 1768
Vous demandez, cher ange, qu'on vous ouvre son cœur, et quand on vous l'a ouvert à deux battants, vous ne dites pas un mot à l'ouvreur de loge . Je ne vous ai point parlé de l'aventure de La Harpe, qui , je crois , n'est guère connu de vous, et à qui d'ailleurs je ne veux point faire de peine, et qui n'a jamais eu intention de me nuire, quelque tort qu'il ait pu avoir avec moi . Il est jeune, il est pauvre, il est marié ; il a besoin d'appui, je n'ai pas voulu lui ravir votre estime .
Je souhaite que Mme Denis vive heureuse à Paris, et je veux mourir dans la solitude . Le fanatisme est si violent dans certaines têtes , la persécution contre les gens de lettres se déclare si ouvertement, que je veux que Mme Denis soit à Paris pour repousser les coups de la calomnie et pour empêcher qu'on ne m’attribue les ouvrages de Chevrier 1, de l'ex-capucin Maubert, de l'ex-théatin Laurent, de l'auteur du Catéchumène, de celui du Militaire philosophe, de celui des Trois imposteurs, et de tant d'autres dont l'Europe est inondée ; mon nom vient malheureusement sur le bout de la langue plutôt que celui de ces messieurs . Cela seul est capable de perdre un homme . Vous savez qu'on a cent oreilles pour la calomnie, et à peine une pour la justification d'un accusé . Il faut du moins qu'on me laisse mourir en paix , vous savez que c’est la seule grâce que je demande .
Au reste, vous ne m'avez point répondu sur une lettre de change de quarante écus que je vous ai envoyée . Vous êtes tout juste le contraire de M. le maréchal de Richelieu ; il n'envoie point de lettre de change, et vous ne faites pas semblent d'en recevoir .
On m'a mandé que vous aviez été fort content de la tragédie de M. de Chabanon ; pour moi, je lui ai dit la vérité . Je l’aime trop pour n'être pas très fâché s'il fait imprimer cet ouvrage dans l'état où il est .
Dieu merci, la santé de Mme d'Argental va toujours de mieux en mieux, et il y a tout lieu d'espérer qu'elle jouira très longtemps d'une vie très heureuse . C'est une grande consolation pour moi de savoir qu'à la fin la nature n'a plus de tort avec elle .
Je reviens aux articles de votre lettre du 26 mars , où vous me parliez de Babylone 2 et d'un malheureux chevalier . Je vous ai envoyé tout ce que je savais de Babylone par M. Jeannel . Mais nulle réponse sur ce qui se passe vers l'Euphrate ni de M. Jeannel ni de vous .
Je ne sais rien du malheureux chevalier, et je n'en saurai rien que quand des paquets de Hollande, qui sont toujours trois mois en chemin seront arrivés, alors je vous en rendrai un compte fidèle . Comptez, mon très cher ange, sur mon exactitude autant que sur les sentiments qui m'attachent à vous depuis soixante années ; car vous savez que je vous ai aimé depuis votre enfance, comme je vous aimerai jusqu'au dernier moment de ma vie .
V. »
1 Sur Chevrier, voir lettre du 11 octobre 1761 à Damilaville et Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/01/il-a-fait-avec-le-droit-du-seigneur-la-meme-petite-infamie-q-5855131.html
Tous les noms qui suivent ont été rencontrés à plusieurs reprises dans d'autres lettres . Sur Jean Maubert du Gouvest, voir lettre du 29 juillet 1755 à Clavel de Brenlès : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/03/je-n-ai-jamais-rien-vu-de-plus-plat-et-de-plus-horrible-cela.html
Sur Du Laurent, voir lettre du 12 juillet 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/04/le-ministere-ne-s-occupe-pas-sans-doute-de-ces-pauvretes-il-6341560.html
et du 4 avril 1768 à Charles Bordes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/11/28/on-sait-assez-combien-tous-ces-bruits-sont-faux-mais-a-force-6473139.html
2 Comme la quasi-totalité des lettres d'Argental à V*, cette lettre du 26 mars relative à la Princesse de Babylone ne nous est pas parvenue .
17/12/2023 | Lien permanent