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16/01/2010

il est bien dangereux d’avoir été témoin des actions secrètes d’un homme puissant.

 Puisqu'il va être question de Tombeau, en voici un qui s'écoute :

http://www.youtube.com/watch?v=GXRZQIfxlIU

http://www.youtube.com/watch?v=7jAPs2JigEQ&feature=re...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Tombeau_de_Couperin

tombeau couperin.jpg

Et un qui se fréquente ! J'en connais même qui se font une gloire d'avoir usé quelques fonds de culottes (pour ceux et celles qui en portent encore ! ) sur les bancs de cette vénérable chose . Grand titre de gloire que de présenter une thèse dans les mêmes lieux que Elisabeth Tessier, grande devineresse devant l'éternel ... Enfin, nul n'est parfait ! Admirez cette belle pièce montée ...

sorbonne.jpg

 Volti est-il oui ou non l'auteur du Tombeau de la Sorbonne ?

Il le nie .

Que faire ? Que dire ?

Ne pas le croire , c'est irrespectueux , non ?

Le croire, c'est ne pas le connaitre !

Alors lisez !

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/04_Tombeau.html

 

 

« A Marie-Louise Denis

[lettre autographe et authentique]

 

n° 28

Ecrit le seize janvier [1753] partira quand il pourra.

 

                            J’envoie un exprès hors des frontières des Etats du roi de Prusse. Je l’envoie où je voudrais assurément être moi-même. Il mettra ce paquet à la poste à l’adresse de M. Tirou de Mauregard. Je vais vous confier le secret de ma vie, mais si jamais votre main gauche sait ce qu’a fait votre main droite dans cette affaire je suis perdu sans ressource.

 

                            Peut-être avez-vous déjà engagé milord Maréchal [envoyé du roi de Prusse] et La Condamine à ne pas débiter dans Paris que je suis l’auteur du Tombeau de la Sorbonne. C’est un service que votre amitié et votre zèle éclairé m’auront déjà rendu.

                            Voici maintenant de quoi il  s’agit. Vous le voyez assez par les papiers ci-joints, c’est à dire par une lettre de l’abbé de Prades, et par un morceau de la même main. Cet abbé de Prades est actuellement le favori du roi de Prusse en attendant Baculard d’Arnaud que Maupertuis fait revenir [V* avait fait chasser d’Arnaud en 1750 par le roi de Prusse]. Vous savez que ce  prince a mandé à son envoyé que je suis l’auteur du Tombeau. Vous avez ici la preuve du contraire. Mais je vous avertis que vous risquez ma liberté et ma vie, si d’Alembert, si La Condamine, si La Virotte [Louis-Anne de La Virotte, entre autres, traducteur de l’Exposition des découvertes philosophiques de m. le chevalier Newton de Maclaurin Colin, 1749 ] ont jamais le moindre doute sur ce que je vous confie. Je suis bien loin de vouloir que le public et la Sorbonne imputent à l’abbé de Prades un écrit qui quoique pardonnable à son juste ressentiment [De Prades avait été contraint à la fuite après la condamnation de la thèse qu’il avait soutenue à la Sorbonne, et V* l’avait accueilli en Prusse] lui fermerait pour jamais le portes de sa patrie où il prétend retourner. Je ne veux pas manquer à l’abbé de Prades. Je ne le dois pas .Je ne veux pas non plus me manquer à moi-même. Il serait affreux d’être un délateur, il serait également cruel de passer pour l’auteur d’un tel libelle, surtout dans un  temps où l’on veut faire passer pour un libelle scandaleux l’innocente plaisanterie faite sur les ouvrages de Maupertuis [Diatribe du docteur Akakia ]. Que faut-il donc faire ? Il faut montrer à M. d’Argenson sous le sceau du secret les deux papiers qui font voir évidemment que je ne suis pas l’auteur du Tombeau de la Sorbonne [A-t-il été rédigé par de Prades et corrigé par V* . On le met actuellement dans l’édition de ses Œuvre complètes .]. Ces deux papiers sont attachés ensemble avec une épingle. Ils sont de la même main et l’un des deux est une des feuilles mêmes de l’original du Tombeau de la Sorbonne. Par-là, M. d’Argenson sera convaincu. Il pourra certifier au roi que je ne suis pas l’auteur du libelle. C’est tout ce que je veux. Le public dira ce qu’il voudra, mais les connaisseurs ne m’imputeront pas un ouvrage où il est dit que la Sorbonne était dans un cul-de-sac et qu’elle a fracassé son vaisseau [en citant à peu près cette phrase, en octobre –novembre 1752, il écrit à Frédéric : « Cela ressemble au fameux plaidoyer fait contre les putains de Paris . Elles allèrent dans le rue Brisemiche chercher un abri contre les tempêtes élevées sur leurs têtes dans le rue Chapon . »], et qui est  rempli de platitudes pareilles, un ouvrage où il n’est question  que de gens dont je n’ai jamais entendu parler. Exigez de M. d’Argenson qu’il n’accuse jamais l’abbé de Prades, mais qu’il me justifie, et si je suis encore à Berlin ne m’écrivez sur cette affaire que d’une manière qu’on ne puisse pénétrer.

 

                            A l’égard des persécutions cruelles que Maupertuis m’a fait souffrir, je tâcherai de m’en tirer, je tâcherai d’obtenir mon congé du roi. Mais songez qu’on a voulu à la fois me perdre à Paris par le Tombeau de la Sorbonne, et à Berlin par la critique des œuvres de Maupertuis, qu’on veut me retenir pour m’accabler, et que le plus grand préalable est de me laver du Tombeau de la Sorbonne qui peut fort bien être brûlé à Paris.

 

                            Voici à présent l’histoire du procès de Maupertuis avec toutes les pièces. Si Lambert veut les imprimer, je crois qu’elles ne peuvent faire  qu’un très bon effet. Mais il faut qu’il garde le plus profond secret, et qu’on ne sache jamais que cela a été imprimé à Paris.

 

                            Accusez-moi réception de mes numéros. J’ai bien peur que vous n’ayez de très mauvaises nouvelles à me mander .Il est important qu’on sache que j’ai tout remis au roi de Prusse [clé de chambellan et croix de l’ordre du mérite], qu’il m’a tout rendu, et qu’il parlemente un peu, mais sachez encore une fois qu’il est plus difficile de sortir d’ici que de la Sibérie, et qu’il est bien dangereux d’avoir été témoin des actions secrètes d’un homme puissant. Le roi de Prusse ne sait pas que je suis incapable de lui manquer jamais. S’il me connaissait, il ne me persécuterait pas d’une manière si horrible. Je vous parle avec confiance dans les lettres qui ne vont pas par ses Etats, mais dans les autres, il me semble que je me suis expliqué avec retenue.

 

                                      Je reçois votre n° 25 du 27 décembre. Voilà une lettre prudente. Le résultat est qu’il faut vaincre. Il faut rendre de toutes façons Montjeu [= Frédéric] abominable, et démasquer des coutures. Le reste viendra dans son temps, ou ma mort aura tout fini.

 

                            Il ne faut montrer à Frémont [= d’Argenson ? ] la conviction de ce qui regarde le Tombeau qu’en cas que ce Tombeau fasse encore du bruit. Il faut qu’à force d’esprit vous fassiez savoir à la Barios [= Mme de Pompadour)] les horreurs où vous m’apprenez que ce Montjeu s’est emporté contre elle.

 

                            Il faut faire imprimer toute l’histoire du procès ci-jointe [ à Koenig, il écrit le 29 janvier : « On y vend (à Paris) le bon docteur Akakia avec une petite histoire de toute l’aventure » : c’est La Querelle qui parait dans le Journal de la Librairie  le 15 janvier 1753] ou plutôt il faut faire ce que vous jugerez convenable. Mais je croirai toujours qu’il est de la plus grande importance que la Diatribe soit bien publique, et qu’on voie que ce n’est pas là un libelle. C’est la malheureuse brochure du R. d. P. qui est un libelle [ Lettre d’un académicien de Berlin à un académicien de Paris (œuvres de FrédéricII) qui fait référence à la Réponse d’un académicien de Berlin à un académicien de Paris, adressée par V* à la Bibliothèque raisonnée le 18 septembre ]. On a imprimé dans les Nouvelles littéraires de Leipzig que l’auteur d’un si innocent libelle méritait de louer Maupertuis après avoir fait l’éloge de La Mettrie. On imprime partout des choses aussi fortes. Je vous jure que je n’y ai nulle part. Je les apprends le dernier, mais on peut me les imputer. Que voulez vous ? je sais souffrir et mourir. Dites à votre sœur qu’elle prend très mal son temps pour m’envoyer des plaisanteries. Ayez la bonté, je vous en supplie, de faire mettre dans le Mercure cet avertissement.

 

                            Point de Rome sauvée dans ces circonstances. Ecrivez-moi hardiment tout ce qui se passe dans le goût de votre n° 19. Aimez-moi, et croyez que j’ai autant de courage que de tendresse pour vous. Au nom de Dieu ayez soin de votre santé.

 

                            Prenez bien  garde à cette affairé délicate, songez que Bauprès [=Richelieu] est un babillard, que personne sur la terre ne doit être instruit que M. d’Argenson, qu’il faut instruire de tout.

 

 

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