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19/08/2012

ce pauvre citoyen [JJ Rousseau] est le cynique des philosophes

... Ce qui est dit en toute objectivité , à mon sentiment .  

 Par définition : "Le sage cynique choisit donc de vivre dans l'abstinence, la frugalité. Il ne recherche aucune richesse, ni honneur, ni célébrité, ni privilège, il n'a pas de maison, il se contente des nourritures les plus simples et refuse tout ce qui ne lui semble pas absolument nécessaire." En est-il plus estimable pour autant ? Je ne crois pas, je dirais même que c'est le portrait d'un assisté, pour ne pas dire d'un emmerdeur, passez-moi l'expression . Volti résume en un mot juste l'attitude de JJ R . Ce dernier devenant franchement désagréable et imbuvable par la suite .

Vous saurez aisément qui est la fleur et qui l'escargot ratatiné dans sa coquille .

 

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« A M. Pierre PICTET,

Professeur.
[septembre 1756 ?]
J'ai lu ce morceau du jésuite Castel 1, descendant de Garasse 2 en droite ligne disant des injures d'un ton assez comique. Il est le cynique des jésuites, comme ce pauvre citoyen est le cynique des philosophes. Mais Rousseau n'a jamais dit d'injures à personne, et il écrit beaucoup mieux que Castel: voilà deux grands avantages. »

 

1 Castel (Louis-Bertrand), que Voltaire a traité de Zoïle après l'avoir appelé Euclide, né à Montpellier en 1688, est mort le 11 janvier 1757. Il avait publié, au commencement de 1756, L’Homme moral opposé d l'homme physique de M. R*** (Rousseau), Lettres philosophiques où l'on réfute le déisme du jour. Si, comme je le présume, c'est de cet ouvrage que parle Voltaire, sa lettre peut être antérieure à septembre. (Beuchot.)

Voir : http://www.musicologie.org/Biographies/c/castel.html

Zoïle (Castel ayant critiqué Newton): http://fr.wikipedia.org/wiki/Zo%C3%AFle

 

18/08/2012

ami, tout le monde fait des sottises

... Par pensées, par paroles et par actions dit-on lorsque l'on va se confesser de ce genre de sottises que le clergé catholique nomme péchés .

Il y a belle lurette que mes genoux n'ont pas repris contact avec les marches d'un confessionnal et que j'ai mis au panier de linge sale les sept péchés capitaux et la kyrielle de péchés véniels y attenant . Point de lessive de mon âme par un sous -fifre à col romain, je fais confiance à celui qui est censé m'avoir permis de commettre des "sottises"

. 

Elle est pas vachement belle la vie ?

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« A M. THIERIOT

Aux Délices, 17 septembre [1756]

Mon ancien ami, tout le monde fait des sottises. Les frères Cramer en ont fait une très-ridicule; je leur ai lavé leur tête genevoise 1. Ce sont gens de mérite; mais ils ne connaissent point Paris.
J'apprends que Mme de La Popelinière est guérie radicalement par M. Castera 2. Cela est-il vrai ? Je la prie de croire que je m'y intéresse véritablement.
Mme de Fontaine est très-mal, M. Tronchin aura bien de la peine à la tirer d'affaire. Je serais inconsolable de la perdre. Quid novi de Salomon3 et de la reine de Saba 4?
Mes respects à Mme de Graffigny; mes compliments de ce qu'elle donne une sœur à Cénie 5. Je suis bien loin de rimer pour un théâtre que je ne verrai plus. »

 

1 Il écrira à d'Anville (géographe du roi) en parlant de l'Essai sur l'Histoire générale que les Cramer éditent trop tôt: «  Mrs Cramer qui sont tout deux tres aimables, et des premieres familles de Geneve et fort au dessus de la profession de libraire m’ont arraché cet ouvrage tres informe qui demanderait le travail assidu de plusieurs gens de lettres, la bibliothèque (sic) du Roy et beaucoup de goût pour être moins indigne du public : il y a dans ce livre bien des fautes de l’imprimeur, et encore plus de l’auteur »

2 Pierre Castera, qualifié de médecin de l'armée de Bohème .

3 Frédéric II

4 Marie-Thérèse d'Autriche

5 La Fille d'Aristide . Voir lettre du 13 septembre à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/17/la-paix-vaut-encore-mieux-que-la-vengeance.html

 

17/08/2012

Quelque chose qui arrive, il est probable que nous autres, bons Suisses, nous serons toujours tranquilles

... Je confirme .

Avec une logique imparable, ce petit peuple protège les fonds de toutes provenances et entretient un fond belliqueux , est encore capable d'avoir des citoyens-soldats et dépense des milliards en armement . Mais pour ne pas être perdants sur tous les fronts, ce sont aussi d'excellents vendeurs d'armes , qu'ils ont/avaient l'astuce, à mes yeux un peu grosse, de faire transiter comme matériel agricole (je le sais de source sure) ; le labourage au canon et les semis à la bombe à fragmentation, ça dépote, c'est sûr . N'étant pas Suisse, je peux me permettre de ne pas être neutre sur ce sujet qui me déplait souverainement .

Cette même logique leur permet de se vouer à St Fric et faire tout un plat pour honorer un J-J Rousseau gagne-petit renfrogné .

http://www.tranquille.ch/

 

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« A madame la duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 14 septembre[1756]

Madame, voilà une de ces occasions où il aurait fallu, à la tête de l'électorat de Saxe, quelque héros de la branche aînée, qui eût la grandeur de vos sentiments et la sagesse de votre esprit. Je me flatte, au moins, que si la guerre s'allume, l'heureuse tranquillité dont jouissent les États de Votre Altesse sérénissime ne sera point troublée. Qui sait à présent, madame, sur quelle tête cet orage crèvera? Je suis comme les Russes qui, lorsqu'on leur demande si leur autocratrice ira à la promenade, répondent « Il n'y a que Dieu et saint Nicolas qui le sachent. » On a déjà donné les ordres, en France, pour assembler environ vingt mille hommes auprès de Metz. Mais c'est une démarche prudente, qui n'annonce pas encore l'effusion du sang humain.
Quelque chose qui arrive, il est probable que nous autres, bons Suisses, nous serons toujours tranquilles. Tout indifférents que nous paraissons, nous sommes curieux, et nous attendons le dénoûment avec impatience. Mais, parmi tant d'agitations, mes vœux les plus ardents sont pour la prospérité de Votre Altesse sérénissime et de son auguste famille. Je me flatte qu'elle jouit d'une santé parfaite je la souhaite à la grande maîtresse des cœurs, et je me mets à vos pieds, madame, avec le plus profond respect et l'attachement le plus inviolable. »

 

La paix vaut encore mieux que la vengeance

... Voilà qui est sage .

 Et évite bien des heures perdues et des aigreurs d'estomac . Mais tout de même, ça ne serait pas mal si ce "bon M. Freytag est pendu", au fond, la paix serait encore mieux assurée , non ?

Voici ce que je viens de découvrir par Canal + , et qui est bon pour le moral :

http://thekindnessoffensive.com/

kindness offensive.jpg

 

« A M. le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 13 septembre [1756].

Mon cher ange, vous vous êtes tiré d'affaire très-courageusement avec notre conseiller d'État 1. Cet Apollon.-Tronchin n'aurait pas réussi à Paris comme l'Esculape-Tronchin. Notre Esculape nous gouverne à présent, il y a un mois que la pauvre Mme de Fontaine est entre ses mains. Je ne sais qui est le plus malade d'elle ou de moi nous avons besoin l'un et l'autre de patience et de courage. Mme Denis espère que vingt-quatre mille Français passeront bientôt par Francfort; elle leur recommandera un certain M. Freytag, agent du Salomon du Nord, lequel s'avise quelquefois de faire mettre des soldats, avec la baïonnette au bout du fusil, dans la chambre des dames 2. Je voudrais que M. le maréchal de Richelieu commandât cette armée. Puisque les Français ont battu les Anglais, ils pourront bien déranger les rangs des Vandales. Avez-vous vu le vainqueur de Mahon dans sa gloire? S'est-il montré aux spectacles? A-t-il été claqué comme Mlle Clairon ? On dit que Mme de Graffigny va donner une comédie grecque,3 où l'on pleurera beaucoup plus qu'à Cénie. Je m'intéresse de tout mon cœur à son succès; mais des tragédies bourgeoises, en prose, annoncent un peu le complément de la décadence.
On dit que Marie-Thérèse est actuellement l'idole de Paris, et que toute la jeunesse veut actuellement s'aller battre pour elle en Bohême. Il peut résulter de là quelque sujet de tragédie. Je ne me soucie pas que la scène soit bien ensanglantée, pourvu que le bon M. Freytag soit pendu. On attend, dans peu de jours, la décision de cette grande affaire. On ne sait encore s'il y aura paix ou guerre. Le Salomon du Nord a couru si vite que la reine de Saba pourrait bien s'arrêter. La paix vaut encore mieux que la vengeance. Adieu, mon cher et respectable ami portez-vous mieux que moi, et aimez-moi. »
 

1 François Tronchin qui a écrit Les Comnènes.

2 Ce qu'il a fait lors de l'arrestation musclée de V* du 31 mai au 7 juillet 1753, et de Mme Denis à Francfort, lors du retour de V* en France , ce que l'on nomme les « avanies de Francfort » . Voir :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/21/nous-avons-douze-soldats-aux-portes-de-nos-chambres.html

et http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/07/08/b69f85f3f4bb3d0eb001b2c5347a626a.html

 

16/08/2012

Les Hollandais n'auront plus pour barrière que leurs canaux et leurs fromages

... Depuis les accords de Schengen, suite logique de leur élan pour l'Union Européenne . Du côté canaux, je ne sais où ils en sont, mais je pense qu'ils ont écouté Volti et se sont mis activement au travail pour bâtir des murs de fromages . A défaut de stopper un adversaire, ça peut couper une petite faim .

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« A Madame de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg.

Aux Délices, 13 septembre [1756]1

Priez bien Dieu, madame, avec votre chère amie, Mme de Brumath, pour notre Marie-Thérèse; et si vous avez des nouvelles d'Allemagne, daignez m'en faire part. Notre Salomon du Nord vient de faire un tour de maître Gonin 2; nous verrons quelles en seront les suites.
On dit que la France envoie vingt-quatre mille hommes à cette belle Thérèse, sous le commandement du comte d'Estrées, et que cette noble impératrice confie trois de ses places en Flandre à la bonne foi du roi. Les Hollandais n'auront plus pour barrière que leurs canaux et leurs fromages. Ne seriez-vous pas bien aise de voir Salomon à Vienne, à la cour de la reine de Saba? Je suis bien étonné qu'on m'attribue le compliment à la Chèvre 3; c'est une pièce faite du temps du cardinal de Richelieu. Je ne suis point au fond de mon village, comme le dit le compliment et il s'en faut beaucoup que j'aie à me plaindre de cette Chèvre.
Je n'ai à me plaindre que de Salomon; mais j'oublie tous les rois dans ma retraite, où je me souviens toujours de vous. J'ai chez moi une de mes nièces qui se meurt. Je me meurs toujours aussi mais je vous aime de tout mon cœur. »

 

1 Cette lettre, toujours mise au 13 août, ne peut être que du mois de septembre, puisque Voltaire y fait allusion à l'entrée soudaine de Frédéric en Saxe, et que ce coup se fit le 29 août. (Georges Avenel.)

2 Personnage du roman Les tours de maître Gonin (de Laurent Bordelon), intriguant, rusé, menteur,etc . : http://books.google.fr/books?id=cZQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

3 Il s'agit de quatorze vers de Maynard qu'on attribuait à Voltaire, et qu'on appliquait au comte d'Argenson, surnommé la Chèvre. Voir : http://books.google.fr/books?id=jbxBAAAAcAAJ&pg=PA115&lpg=PA115&dq=argenson+la+ch%C3%A8vre&source=bl&ots=GLFaUIsxSc&sig=RhB1RcAfLgQo9PEXMEQzZ_Ow66k&hl=fr&sa=X&ei=_lwtUKSRMIqw0QWY5YCwDA&sqi=2&ved=0CD4Q6AEwAg#v=onepage&q=argenson%20la%20ch%C3%A8vre&f=false

Et voir tome XIV, au Catalogue des écrivains du Siècle de Louis XIV, l'article MAYNARD : page 103 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113308/f120.image.r=maynard

 

J'écris quand je peux, mon cher monsieur

.. ma chère madame , ma chère mademoiselle !

C'est le cri du coeur du blogger solitaire qui, comme disait la bonne du curé (Annie Cordy), "voudrait bien, mais j'peux point", en tout cas point autant qu'il le souhaiterait , ça viendra quand le temps libre s'allongera , foi de voltairien !

 

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 Voir : http://www.ginisty.com/Auto-censure-Tout-ce-que-j-ecris-sera-t-il-retenu-contre-moi_a779.html

 

 

 

« A M. le président de RUFFEY

Aux Délices, 12 septembre [1756].

J'écris quand je peux, mon cher monsieur ; je dérobe ce petit moment à mes alarmes et à mes souffrances pour vous remercier de votre souvenir. J'ai chez moi une nièce qui a été longtemps entre la vie et la mort 1. Je ne suis guère mieux. Ainsi tenez-moi compte avec votre bonté ordinaire de mon triste laconisme. J'avais conseillé à M. de La Marche 2 de venir voir Tronchin, quoique Tronchin ne me guérisse pas.
J'ai pour voisin le président de Brosses 3; c'est un homme qui paraît très-instruit. Mais je ne peux profiter d'un si bon voisinage. Je peux à peine vous mander que je vous suis tendrement attaché.
Le malade V. »

 

1 Mme Marie-Elisabeth de Fontaine.

2 Fyot de la Marche, ancien ami de collège de V* .

3 Ceci parait marquer le commencement des rapports de Voltaire avec de Brosses. Ils sont plus caractérisés dans une lettre de ce dernier à M. de Ruffey, en date du 14 octobre 1756.
« Je n'ai guère pu profiter de l'agréable voisinage de Voltaire, n'ayant passé qu'une soirée à mon aise avec lui, Tronchin, Jalabert et d'Alembert, l'encyclopédiste, qui s'y trouva. Nous nous ajournâmes à un grand dîner pour le surlendemain. Mais, l'une de ses nièces étant tombée malade à l'extrémité, la partie ne put avoir lieu. Elle a toujours été fort mal, de sorte que je n'ai vu l'oncle que deux autres fois depuis, et assez succinctement. »

 

ceux qui se sont mêlés de rendre la vie aux morts ne se sont jamais avisés de donner une seconde représentation sur le même sujet

 ... De même que ceux qui soutiennent des pays financièrement moribonds ne me semblent pas disposés à mettre encore la main à la poche, ou alors seulement pour y garder leur argent dans un poing bien serré .

Quand le banc des députés est vide, la politique se fait à la corbeille

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« A M. THIERIOT.

Aux Délices, 10 septembre [1756].

Mon ancien ami, je vous assure que Tronchin est un grand homme il vient encore de ressusciter Mme de Fontaine. Esculape ne ressuscitait les gens qu'une fois; et ceux qui se sont mêlés de rendre la vie aux morts ne se sont jamais avisés de donner une seconde représentation sur le même sujet. Tronchin en sait plus qu'eux je voudrais qu'il pût un peu gouverner Mme de La Popelinière 1, car je sais qu'elle a besoin de lui, et plus qu'elle ne pense; mais je ne voudrais pas qu'elle nous enlevât notre Esculape je voudrais qu'elle le vint trouver. Vous seriez du voyage; comptez que c'est une chose à faire.
Vous devez savoir à présent, vous autres Parisiens, que le Salomon du Nord 2 s'est emparé de Leipsick. Je ne sais si c'est là un chapitre de Machiavel ou de l'Anti-Machiavel, si c'est d'accord avec la cour de Dresde, ou malgré elle;ea cura quielum 3, qu'on me sollicitat .
Je songe à faire mûrir des muscats et des pêches je me promène dans des allées de fleurs de mon invention, et je prends peu d'intérêt aux affaires des Vandales et des Misniens.
Je vous suis très-obligé des rogatons du Pont-Neuf, et des belles pièces suédoises. Il y a un mois que j'avais ce monument suédois de liberté 4 et de fermeté.
Ce n'est pas là une brochure ordinaire. Seriez-vous homme à procurer à ma très-petite bibliothèque quelques livres dont je vous enverrai la note? Vous seriez bien aimable. Je crois que Lambert se mordra les pouces de m'avoir réimprimé, dix volumes sont durs à la vente. Dieu le bénisse, et ceux qui liront mes sottises . Pour moi, je voudrais les oublier.
Farewell, my old friend; I am sick. »

1 La « chimiste » ou la « philosophe » comme la surnommait V* , Thérèse Boutinon des Hayes, épouse divorcée de La Pouplinière. Elle mourra le mois suivant ; voir : http://jp.rameau.free.fr/deshayes-bio.htm

2 Frédéric II de Prusse .

3 VIRGILE. Æneide, lib. IV, v. 379.

4 Le parti des Bonnets et celui des Chapeaux, en Suède, s'entendaient alors sur un point: c'était de restreindre la prérogative royale, vainement défendue par le baron de Horn. Voir lettre du 20 août 1756 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/09/tu-tityre-lentus-in-umbra-et-moi-aussi.html