06/12/2014
et c'est par delà le grand chemin , vers le lac ; que le crime concernant les deux noix a été commis
...
Et les autres sont vouées au même sort !
Ah ! les joies du maraudage !
« A Louis-Gaspard Fabry
Aux Délices 30 novembre 1759 1
Monsieur, les moments que vous voudrez bien venir passer avec nous aux Délices seront bien chers . Si quelque affaire vous arrête, pourrai-je saisir cet intervalle de temps pour vous prier, monsieur de vouloir bien me donner quelques lumières sur la position de la maison nommée La Perrière et ses dépendances le long du lac, dans lesquelles dépendances on a volé deux noix et reçu un coup de sabre 2, le tout estimé environ mille écus selon l'usage .
1° On prétend que cet endroit est du territoire de Versoy .
2° D'autres disent qu'il est du fief de Saint Victor .
3° Je ne trouve dans mon terrier ni Panchaud, ni la Fayard, sa femme , qui posséda ce bien, ni les Frizé, dont les Fayard achetèrent .
4° Si ce terrain relevait de moi, le colonel Pretet 3 qui le fit subhaster 4 l'année 1751, me devrait des lods et ventes ; et je n'en ai point entendu parler .
5° La seigneurie de Tournay ne s'étend point jusqu'au lac ; elle finit au grand chemin, et c'est par delà le grand chemin , vers le lac ; que le crime concernant les deux noix a été commis .
6° En 1727, au mois d'août, 24 du mois, un Genevois nommé Sonnet ayant tué un homme au même endroit, la chose fut jugée au nom et aux frais du roi .
Je vous supplie instamment, monsieur, de m'aider de vos lumières .
Je vous avais bien dit que Silhouette ne resterait pas en place . Montmartel gouvernera sous le nom de M. Bertin 5. Le temps est très favorable pour le succès de vos idées . Je me flatte que M. de Fleury s'y prête .
Sans cérémonie et de tout mon cœur votre très humble et très obéissant serviteur .
V. »
1 La date est donnée par sa comparaison avec une lettre de De Brosses à V* ainsi que par les sujets abordés . Si V* a demandé à Fabry de venir aux Délices, ce peut être au sujet du procès avec le curé Ancian , curé de Moëns , et de la dette des communiers dont Fabry expose la solution proposée par V* dans une lettre à Joly de Fleury du 29 novembre : un « arrêt contradictoire du parlement de Dijon du 14 août 1758 » condamne las habitants de Ferney à restituer le dîme de Collovrex perçu par eux pendant plusieurs années et à tous les dépens . Le 12 avril, Joly de Fleury a ordonné que toue les habitants « imposeraient sur eux pendant trois années consécutives au marc la livre de leur taille et par un rôle séparé la somme de 2102 livres 4 sous 8 deniers », ordonnance qui « a rencontré une grande difficulté dans son exécution . Les habitants non communiers et les propriétaires forains ont prétendu ne devoir point être compris dans le rôle de l'imposition , attendu qu'ils n'ont aucunement profité des fruits de la dîme […] et qu'ils n'ont pris aucune part […] au procès ; cette prétention qui paraît fondée rejetait tout le poids de l'imposition sur un petit nombre d’habitants pauvres et hors d'état de supporter une charge si forte . M. de Voltaire touché de leur situation a bien voulu […] leur [prêter] sous le nom de madame Denis sa nièce sans aucun intérêt une somme de 2100 livres imputable chaque année sur la rente de 120 livres, prix d'une amodiation que les habitants de Ferney lui ont passé d'un marais, et d'un pré faisant partie de leurs communaux « . Fabry envoie à Joly de Fleury l’extrait original du contrat en lui demandant d'en autoriser l'exécution .
2 Il s'agissait des frais d'un procès criminel fait à un sieur Panchaud, de la Perrière (entre Tournay et Genève), pour un coup de sabre porté dans une rixe occasionnée par un vol de noix. Ces frais étaient à la charge du seigneur haut-justicier. Peu empressé de les payer, Voltaire soutenait que la Perrière ne dépendait pas de Tournay. (Note du premier éditeur.)
3 Ou plutôt Pictet .
4 Vendre par autorité de justice .
5 Henri-Léonard-Jean-Baptiste Bertin ;oir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bertin
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