12/09/2024
de la hauteur dans la façon de penser; mais les Parisiens sont-ils capables de goûter le mérite
...Certains ont semblé goûter et apprécier les J.O. et les athlètes et leurs performances ; qu'en penseront-ils encore dans trois mois, six mois, un an , usés par les embouteillages et la vie chère ?
« A Jean-François La Harpe
À Ferney, ce 10 mars 1769 1
Mon cher panégyriste de Henri IV,
Et vitula tu dignus, et hic 2. Vous avez bien du talent en vers et en prose. Puisse-t-il servir à votre fortune comme il servira sûrement à votre réputation ! Je vous ai écrit, au sujet du tripot, la lettre ostensible 3 que vous demandiez : j’ai écrit aussi à M. le maréchal de Richelieu 4. Je crois à présent toutes choses en règle.
L’ouvrage de M. Lambert 5 me paraît, à plusieurs égards, fort au-dessus du siècle où nous sommes. Il y a de l’imagination dans l’expression, du tour, de l’harmonie, des portraits attendrissants, et de la hauteur dans la façon de penser; mais les Parisiens sont-ils capables de goûter le mérite de ce poème ? Ils ne connaissent les quatre saisons que par celle du bal, celle des Tuileries, celle des vacances du parlement, et celle où l’on va jouer aux cartes à deux lieues de Paris, au coin du feu, dans une maison de campagne. Pour moi, qui suis un bon laboureur, je pense à la Saint-Lambert.
Il m’est venu trois ou quatre A, B, C6 d’Amsterdam. Si vous voulez je vous en enverrai un. Je vous embrasse de tout mon cœur, sans cérémonie.
V.»
1 Original ; éd. Mercure de France ( avril 1769 ), qui ne donne que le second paragraphe, introduit par cette note : « Ne pouvant placer dasn ce volume le compte que nous nous proposons de rendre du nouveau poème des Saisons ,par M. de S.-L., nous croyons au moins faire plaisir à nos lecteurs de rapporter à ce sujet l'extrait d'une lettre de M. de Voltaire à M. de La Harpe . »
2 C’est à Gaillard et La Harpe que Voltaire applique ces premiers mots du vers 109 de la 3e églogue de Virgile : Et toi, et celui-ci êtes dignes d'une jeune génisse […]
Voir lettre du 23 janvier 1769 à Gaillard : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/05/je-suis-charme-que-vous-ayez-eu-le-prix-et-qu-il-ait-eu-l-accessit-quiconqu.html
et celle du 5 janvier à La Harpe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/15/l-arret-porte-qu-on-lui-arrachera-la-langue-qu-on-lui-couper-6507108.html
3 Cette lettre ostensible est perdue.https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/319 Elle ne semble pas pouvoir être comme le propose M. Besterman, le second paragraphe de la présente lettre . Le « tripot » fait toujours allusion aux Comédiens-Français, or V* parle ici du poème des Saisons, qui n'a rien à voir avec le théâtre .
4 Cette lettre est aussi perdue ; car ce ne peut être celle du 27 février 1769 dont parle ici Voltaire.
5 Le poème des Saisons ; voir lettre du 7 mars 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/09/c-est-chez-moi-que-murit-la-figue-a-cote-du-melon-6513860.html
16:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
Écrire un commentaire