17/09/2025
Il nous faut une ville, des maisons, des artistes, de la liberté, de l’argent et point de bastions
... ni de prisons , ni de grèves et destructions ... Mon cher Voltaire pourquoi ne t'écoute-t-on pas ?
« A François de Caire
Mon commandant saura que M. de Crassier envoie aujourd’hui au ministre par la courrier, le petit avis 1 dont je joins ici la copie .
Il saura que par le même courrier j’envoie à Mgr le duc de Choiseul, une caisse de montres pour l'Espagne, faites sous mes yeux 2 en moins de six semaines, à Ferney , faubourg de Versoix, et que nous aurons huit ou dix caisses nouvelles dans moins de trois mois .
Pendant ce temps-là Auzière court à Lyon, Bérenger fait des brochures 3 , croit que l'univers a les yeux sur lui, et fait imprimer à Lyon que lui Bérenger aime fort sa patrie nommée Genève .
Auzière est venu m'apporter ce chef-d’œuvre d'éloquence, et je lui ai dit qu'il aurait mieux valu m'apporter un pignon de montre . Malheur à qui ne travaille pas à son métier .
J'écris à M. le duc et à Mme la duchesse . Je n'oublie pas mon cher commandant dans mes lettres . Il nous faut une ville, des maisons, des artistes, de la liberté, de l’argent et point de bastions .
Je salue et j'embrasse mon cher commandant.
Frère François capucin indigne.
9è avril 1770.
Je crois qu'il serait très bon d'envoyer à M. Gayot la copie de l'insolence navilienne 4 . Il y en a bien d'autres . »
1 Sans doute le placet mentionné dans la lettre du même jour à la duchesse de Choiseul : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/11/correspondance-annee-1770-partie-11.html
2Ici à Ferney, biffé sur le manuscrit .
3 Jean-Pierre Bérenger, Lettre de M. Bérenger à M. Cramer, 1770, datée du 14 mars 1770 ; voir aussi l'ouvrage mentionné dans la lettre du 5 avril 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/09/13/les-lettres-aux-ministres-dans-lesquelles-on-ne-leur-demande-6562581.html
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je trouve très bon qu’on prenne les rescriptions des financiers qui ont gagné beaucoup en pillant l’Etat ; mais je trouve très mauvais qu’on prenne le patrimoine des particuliers, et qu’on ruine des familles innocentes
... M. Lecornu sera-t-il inspiré comme Voltaire pour prendre l'argent où il est en quantité ? Voir : https://www.youtube.com/watch?v=P69kRcHKeIQ&ab_channe...
Qu'en pensent les "riches" ? Combien rapporteraient-ils ?
« A Philippe-Antoine de Claris , marquis de Florian
Le 7 Avril [1770] 1
Mon cher grand-écuyer, il faut que frère François mette tout au pied de son crucifix. Les livres qui font ma consolation ne me viennent point . Il faut que l’abbé Terray ait arrêté les guimbardes sur la route avec les rescriptions. Il m’a pris tout mon bien de patrimoine, et fort au-delà. Non seulement il me traite en capucin, mais il me traite en évêque. Il veut que je meure banqueroutier comme la plupart de nosseigneurs. Le bon Dieu soit loué ! La fin de la vie est triste, le milieu n’en vaut rien, et le commencement est ridicule.
M. de Laleu a trop d’affaires pour m’avoir jamais entendu. Je lui ai toujours dit que le plaisir que me faisait M. de La Borde était de m’épargner sept à huit pour cent, pour le change et pour la conversion de l’argent de Genève en argent de France.
Au reste, je trouve très bon qu’on prenne les rescriptions des financiers qui ont gagné beaucoup en pillant l’Etat ; mais je trouve très mauvais qu’on prenne le patrimoine des particuliers, et qu’on ruine des familles innocentes. Vous vous en sentirez comme moi, messieurs ; je vous exhorte à entrer, comme moi, dans l’ordre des capucins.
Je remercie bien le conseiller du Parlement 2 de la bonté qu’il a pour l’affaire de mon benêt de Franc-Comtois. Je le prie de vouloir bien me mander combien cela aura coûté de frais. J’enverrai sur-le-champ une lettre de change, en dépit de M. l’abbé Terray.
Si j’avais des rescriptions sur le grand Turc, l’impératrice de Russie me les ferait bien payer. Je crois vous avoir dit qu’elle m’a mandé 3 qu’elle ne manquerait ni d’hommes ni d’argent . Tout le monde n’en peut pas dire autant.
Genève se dépeuple, mais le contrôleur général de France leur paie toujours quatre millions cinq cent mille livres de rente. Pourquoi ne pas prendre cet argent, au lieu du nôtre ?
Allez au plus vite jouir des douceurs de la campagne avec madame de Florian. Nous sommes enchantés d’apprendre que sa santé s’est rétablie.
Nous vous embrassons vous et elle, et le Grand conseil et le Parlement 4.
Fr . François. »
1 Copie Beaumarchais-Kehl qui omet sur la route à la quatrième ligne et remplace comme moi par à mon exemple à la vingt et unième .
Voir : https://archives.bge-geneve.ch/ark:/17786/vtaa1dd93e2764cf8fe
2 D’Hornoy. (G.Avenel.)
3Lettre du 30 janvier 1770 donnée en note de la lettre du 2 février 1770 à Catherine II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/07/08/bien-que-je-ne-sois-ni-sorcier-ni-prophete-j-avais-soutenu-violemment-qu-un.html
4 C’est-à-dire Mignot et d’Hornoy. (G.Avenel.)
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