Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/11/2010

Il faut vouloir ce qu'on ne peut empêcher.

 Moustapha du XXIè siècle, peu glorieux : http://www.deezer.com/listen-5500238

 mustapha3.jpg

 

 

 

 

 

 

 

« A Catherine II, impératrice de Russie

 

A Ferney 26 novembre 1770

 

Madame,

 

Il faut vouloir ce qu'on ne peut empêcher. Je vois qu'on obligera ce gros Moustapha à vous demander la paix. Mais au nom de Jésus-Christ notre Sauveur faites-la lui payer bien cher. Quand Votre Majesté Impériale sera devenue son amie, je l'appellerai Sa Hautesse. On a débité qu'il voyait familièrement l'ambassadeur d'Angleterre deux fois par semaine et qu’il lui parlait en italien i; j’ai bien de la peine à le croire : les Turcs apprennent l’arabe tout au plus. Je connais des souveraines fort supérieures en tout aux Moustapha, qui parlent plusieurs langues en perfection ; mais pour le padischa de Stamboul, je doute fort qu’il ait ce mérite, et qu’il ait chez lui une académie.

 

         On dit aussi qu’il va confier ses armées invincibles à son frère, ce qui contredit un peu les desseins pacifiques qu’on lui attribue . Mais son frère en sait-il plus que lui ? et puisqu’il est padischa, pourquoi ne commande-t-il pas ses armées lui-même ?

 

         Je m’imagine qu’il tremblerait de peur devant l’un des quatre Orlof, qui valent mieux que les quatre fils Aymon, et qui sont des héros plus réels.

 

Je plains beaucoup plus l’anarchie polonaise que l’insolence ottomane : toutes les deux sont dans la détresse qu’elles méritent. Vive le roi de la Chine, qui fait des vers ii, et qui est en paix avec tout le monde !

 

         J’avoue à Votre Majesté que je déteste le gouvernement papal iii. Je le trouve ridicule et abominable ; il a abruti et ensanglanté la moitié de l’Europe pendant trop de siècles. Mais le Ganganelli qui règne aujourd’hui est un homme d’esprit, qui sent apparemment combien il est honteux de laisser la ville de Constantin à des barbares, ennemis de tous les arts, et qu’il faut préférer des Grecs, quoique schismatiques, à des mahométans. Le roi de Sardaigne , qui a des droits à l’île de Cipre iv, n’aime point ces barbares. Mais, encore une fois, je ne comprends pas l’indifférence des Vénitiens, qui pourraient reprendre Candie en trois mois ; encore moins l’impératrice-reine v, à qui Belgrade, la Bosnie, et la Servie, étaient ouvertes. On est devenu bien modéré avec les Turcs, et bien honnête.

 

         Pardon, Madame, de mes réflexions ; mais vous avez daigné m’accoutumer à dire ce que je pense, et on pardonne tout aux grandes passions.

 

Que Votre majesté Impériale daigne agréer toujours le profond respect et l'attachement inviolable du vieil ermite de Ferney. »

 

 

 

 

 

 

i Réponse de Catherine le 12/23 décembre disant « qu'aucun ministre étranger ne voit le sultan que dans les audiences publiques » et que « Moustapha ne sait que le turc. » Cf. lettre 68 de : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

 

ii Cf lettre à Thiriot du 26 novembre ; cf. : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/24/s...

Clement_XIV Ganganelli.PNG 

 

 

 

iii Le 9/20 octobre Catherine écrivit : « Je trouve qu'il n'y a que le pape et le roi de Sardaigne qui aient du mérite en Italie. » ; cf. lettre 59 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

 

 

 

Charles_Emmanuel_III_van_Sardinië.jpg

iv Le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel III, prenait automatiquement le titre de roi de Chypre.

 

 

 

 

 

v Marie-Thérèse d'Autriche.

je tâche de me corriger, moi et mes ouvrages, dans un âge où l'on prétend qu'on est incapable de tout

 

Note écrite le 31 juillet 2011 pour parution le 26 novembre 2010 .

 

 

 

« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville

rue de Beaune à Paris

 

26è novembre 1777

 

Je dois autant de reconnaissance que d'estime au vrai Baron 1, plus connaisseur que Baron . Nous sommes encore bien loin de livrer Irène aux bêtes féroces du parterre de Paris . Mais j'ai eu le temps de remédier aux très grands défauts que vous aviez trouvés au second acte, quand on vient annoncer au prince Alexis Comnène en présence d'Irène qu'il est mandé par l'empereur 2. C'est assurément un coup de théâtre qui méritait qu'Alexis en parlât avec plus d'étendue . Je n'ai pas manqué d'envoyer cette addition à l'ange exterminateur, redevenu l'ange sauveur 3.

 

Permettez-moi de résister obstinément aux autres critiques qui sont trop contraires à l'esprit dans lequel j'ai fait Irène . J'avais tenté d’abord de rendre son mari tout à fait odieux, afin de la justifier . Je m'aperçus bien vite qu'alors elle devenait ridicule de s'obstiner à être fidèle, et de se tuer très sottement pour ne pas manquer à la mémoire d'un méchant homme . J'ai vu évidemment qu’il faut avoir quelque reproches à se faire pour qu'on soit bien reçue à se tuer entre son père et son amant .

 

A l'égard de la catastrophe, il faut bien se donner de garde de l'allonger . Le parterre s'en va dès que l'héroïne est morte . Il ne faut que le spectacle attendrissant de l'amant et du père qui disent chacun deux mots aux genoux de la mourante ; Omne supervacuum pleno de pectore manat 4.

 

L'ascendant d'un vieillard fanatique sur une enfant, c'est à dire sur une fille, et non pas sur un garçon, ne peut fournir aucune allusion . Vous savez bien qu'il n'y a dans votre pays aucun fanatique qui gouverne sa fille enfant .

 

Mon imagination décrépite est d'ailleurs aux ordres de votre critique judicieuse, et mon cœur est encore plus aux ordres de votre cœur . Vous vous êtes heureusement corrigé de l'habitude affreuse de m'écrire deux fois par an quatre mots indéchiffrables qui ne signifiaient rien . Cela est bon pour la petite poste de Paris pour avertir un homme oisif qu'il est prié à souper chez une femme oisive, avec des gens qui n'ont rien à faire , ni à dire . Je n'ai pas un moment à moi dans la journée ; je suis accablé de travaux incroyables, de maladies et d'années, et cependant je trouve encore des moments pour raisonner avec vous , pour vous dire que je vous aime tendrement, surtout quand vous secouez avec moi votre paresse, et je viendrai vous voir si je puis jamais supporter le voyage, et si je ne meurs point en chemin . Mais la destinée m'a toujours contredit . Nous formons des projets avec Mme Denis, avec M. et Mme de Villette, nous arrangeons ces projets à midi et nous en découvrons toutes les impossibilités à deux heures . Cette Mme Denis vous écrit à la fin . Vous voyez bien qu'on n'est pas incorrigible . Pour moi je tâche de me corriger, moi et mes ouvrages, dans un âge où l'on prétend qu'on est incapable de tout . Je n'en crois rien . Si j'avais fait une faute à cent ans, je voudrais la réparer à cent un . Adieu ; si j'avais tort de vous aimer, je ne m'en corrigerais pas .

 

V. »

3 D'Argental .

4 Tout ce qui est surabondant est un trop-plein pour l'esprit et s'en échappe .

25/11/2010

Si vous connaissez des gens qui veuillent de belles montres à bon marché, adressez-vous à la fabrique de Ferney

 

 

 

 

Des montres comme celle-ci ? http://www.deezer.com/listen-3103246

 

montre ceret louis dufour pierre 1770 à ferney louvre.jpg

 Auriez-vous l'heure ?

 

http://www.deezer.com/listen-5195626

Une discrète allusion au corps malade de Volti : http://www.deezer.com/listen-7198228

A ras le bitume, C'est l'heure : http://www.deezer.com/listen-3770581

Mais au fait Quelle heure est-il ? :  http://www.deezer.com/listen-776606

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot



A Ferney 26 novembre [1770]



J'ai répondu à M. de Salies à son adresse. Voici, mon ancien ami, un rogaton qui pourra vous amuser 1.Vous connaissez sans doute l'Eloge de Moukden en vers par le roi de la Chine 2.Vous verrez dans la réponse l'éloge de mon pays.



Je crois que voici le temps de donner Ninon et Gourville 3.



Si vous connaissez des gens qui veuillent de belles montres à bon marché, adressez-vous à la fabrique de Ferney. J'y ai accueilli les meilleurs artistes de Genève au nombre de trente familles 4. Vale et me ama.

kien long.jpg

1  Epître au roi de la Chine.

Page 261 : http://books.google.fr/books?id=hh7rAAAAMAAJ&pg=PA261...

 

2  Eloge de la ville de Moukden et de ses environs ... On y a joint une pièce de vers sur le thé de Kien Long, ce poème a été traduit en prose.

http://books.google.at/books?id=8WwTAAAAQAAJ&printsec...

 

 

24/11/2010

vous verrez ce que peut encore un jeune homme de quatre-vingt et un ans, quand il veut vous amuser et vous plaire

 

blaireau2.gif

Blaireau des Alpes : j'ai du mal à reconnaitre en lui Volti qui n'était vraiment pas si rondouillard, ni si poilu . Par contre leur point commun est de se réfugier loin du froid, dans une tanière, fût-elle un château.

Je signale en passant que le château de Volti à Ferney-Voltaire peut se visiter en période hivernale par groupes constitués et sur réservation ( voir le lien ci-contre ). A tous ceux qui auront la chance de faire cette visite, je conseille de mettre une doudoune car souvent il fait plus chaud dehors que dans le château. Mais votre jeune guide saura vous réchauffer par sa verve.

 Gentillet, limite cucul , -comme une chanson de Patrick Sébastien-, mais bon , c'est rythmé et ça réchauffe: http://www.deezer.com/listen-7597940

Plus intello : http://www.deezer.com/listen-6685971

Réaliste ? : http://www.deezer.com/listen-2486481 (tranche de vie avec au passage un petit coup de griffes sur les curés ! promis, juré ce n'était pas prémédité !!)

Dédié à tous ceux qui ne lisent plus que Voici ou Olla et les accros des reality shows : http://www.deezer.com/listen-2635319

Et n'oublions pas que les blaireaux ne sont pas seulement européens, outre-atlantique aussi on en trouve, aucun pays n'y échappe, cette espèce à deux pattes à su s'adapter à tous les climats . J'adore cette chanson et je vous souhaite bien des rires à cette écoute : http://www.deezer.com/listen-6942894

Vous voyez/entendez que le blaireau inspire encore au XXIè siècle !

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

24 novembre 1774

 

Mon cher ange, il faut premièrement que madame d'Argental affermisse sa santé contre la rigueur de l'hiver ; pour moi, je ne sors de ma chambre que quatre mois. Tout ce que je crains, c'est de mourir avant que l'affaire du jeune homme si digne de vos bontés soit entamée . Il faut avoir toutes les pièces du procès sans en excepter une, après quoi on prendra le parti que votre prudence et celle des autres sages jugeront le plus convenable. J'écris à Mme la duchesse d'Anville i. Je vous prie de lui demander à voir ma lettre, et de me dire si la vivacité de ma jeunesse ne m'a pas emporté un peu trop loin. Elle pardonnera sans doute à un cœur sensible aussi pénétré de sa générosité que des abominables horreurs dont je lui parle. Je vais écrire à Mme du Deffand ii, j'écrirai aussi à M. Goltz iii. M. de Condorcet dit qu'il aura les pièces à Paris. Je fais mille efforts pour les avoir à Abbeville ; ce que j'ai n'est pas suffisant, et on ne peut rien hasarder sans ce préalable.

 

M. Turgot nous protègera et certainement nous ne le compromettrons point. J'aimerais mieux mourir (et ce n'est pas coucher gros iv) que d'abuser de son nom et de ses bontés ; il doit en être persuadé, et quand mon cher ange le verra, il le confirmera dans cette sécurité.

 

Si vous me demandez ce que je fais dans les intervalles que me laisse cette épineuse et exécrable affaire, vous le saurez bientôt, mon cher ange, et vous verrez ce que peut encore un jeune homme de quatre-vingt et un ans, quand il veut vous amuser et vous plaire v.

 

Je ne sais si d'Hornoy dans ces commencements aura le temps vi de prendre des mesures avec vous pour la résurrection de notre jeune homme vii. Rien ne presse encore ; il faut attendre que la procédure arrive. Vous croyez bien que je ne paraitrai pas m'en mêler ; mes services secrets sont nécessaires ; mais mon nom est à craindre.

 

Je voudrais bien que vous pussiez rencontrer M. le marquis de Condorcet et causer avec lui sur cet évènement infernal.

 

Quoi qu'il en arrive, cette entreprise coûtera beaucoup et a déjà coûté, mais on ne peut mieux employer son argent. Vous m'avez mis par votre attention charmante viii en état de faire ce que l'humanité exige de moi. Plût à Dieu que M. le maréchal de Richelieu voulût en user comme vous ! Il me doit beaucoup. Son intendant me mande que l'affaire de Mme de Saint-Vincent l'empêche de me soulager . Cette affaire est bien désagréable. Il valait peut-être mieux s'accommoder avec la famille pour quelque argent, ce qui eut été très facile, que de s'exposer à soixante-dix-huit ans aux discours du tout Paris et de l'Europe, et surtout de plusieurs gens de lettres très accrédités qui se plaignent de lui, et qui ne pardonnent point. Cela me fâche ix. Le marquis de Vence l'appelle dans ses lettres l'antique Alcibiade ; c'est un nom que je lui avais donné dans mes goguettes, quand il n'était point antique x. Le sarcasme retombe un peu sur moi, et cela me fâche encore.

 

Les Enquêtes de Paris sont fâchées aussi, mais la Grand'chambre doit être bien aise. Le Grand conseil me parait demander de petites modifications nécessaires.

 

Je me trouve entre mon neveu Mignot et mon neveu d'Hornoy xi. je les aime tous les deux parce qu'ils ont tous deux l'âme très honnête. J'aime la besogne de M. de Maurepas dans cet arrangement difficile. Il a rempli les vœux du public, et en rétablissant le parlement, il n'a donné aucune atteinte à l'autorité royale xii. Voilà certainement l'aurore d'un beau règne. M. de Maurepas commence mieux que le cardinal de Fleury xiii. C'est qu'il a plus d'esprit , qu'il est plus gai , et qu'il n'est point prêtre.

 

On dit que Henri IV va paraître à la fois à la Comédie italienne et à la Française, comme sur le Pont-Neuf xiv. La nation sera toujours très drôle et il est bon de laisser en cela ses coudées franches.

 

Adieu, mon cher ange, le grand point est que madame d'Argental se porte bien. Je fais mille voeux pour sa santé, mais à quoi bon les vœux d'un blaireau des Alpes peuvent-ils servir ? Ceux de l'univers entier ne servent pas d'un clou à soufflet . »

 

 

soufflet-fe3d3.jpg

 

 

 

i V* écrit à cette dame le 26 : « J'ai appris par M. d'Argental l'action généreuse que vous daignez faire ... Le jugement atroce qui ne passa que de deux voix est mille fois pire que celui des Calas. Il n'y avait certainement pas de quoi fouetter un page ... Un seul homme détermina les juges à être assassins et cannibales, afin de passer pour chrétiens ... je suis persuadé que vous toucherez M. le comte de Maurepas ... Je me jette à vos pieds au nom de l'humanité ... »

Page 269 : http://books.google.be/books?id=eSAQAAAAYAAJ&pg=PA271...

 

Mme la duchesse d'Anville vue par Boissieu, qui visita Ferney en 1765 : http://www.whitman.edu/VSA/visitors/Boissieu.html

 

ii Ce jour même : « ... le principal sujet de ma lettre est de vous remercier ... de l'humanité ...avec laquelle vous êtes entrée dans l'affaire dont M. d'Argental vous a parlé. Il me mande que vous voulez bien la solliciter auprès de Mme la duchesse d'Anville. Je sais qu'elle n'attend pas qu'on la prie ... Les éloges que vous donnerez à sa belle action seront sa récompense... »

Page 266 : http://books.google.be/books?id=eSAQAAAAYAAJ&pg=PA271...

 

 

iii Envoyé de Prusse ; d'Etallonde étant entré au service du roi de Prusse, celui-ci a promis le 8 octobre d'en faire parler favorablement par son envoyé au nouveau ministre français ; le 18 novembre, il informait V* des bonnes intentions qu'avaient manifesté le vice-chancelier de Vergennes et ajoutait que « cette affaire sera suivie par M. de Goltz ». Le 7 décembre, V* écrit à Goltz : « ... je me flatte que le nom du roi votre maître suffise, avec vos bons offices, pour obtenir la justice qu'on demande. S'il nous est impossible de retirer du greffe (les pièces du procès) nous pourrions alors vous conjurer d'engager M. le comte de Vergennes [ministre des affaires étrangères] à demander la communication de ces pièces à M. le garde des sceaux, et nous saurions enfin précisément ce que nous devons demander. »

Page 271 : http://books.google.be/books?id=eSAQAAAAYAAJ&pg=PA271...

 

iv= risquer gros .

 

v Édition proche de Dom Pèdre dans les premiers jours de 1775 ; le 9 décembre il reparle de cet ouvrage en disant qu'il l'enverra dans six semaines.

Page 105 : « Il est très inutile de savoir quel est le jeune auteur de cette tragédie nouvelle ... » :

http://books.google.be/books?id=yU40AAAAMAAJ&pg=PA105&lpg=PA105&dq=dom+p%C3%A8dre+voltaire&source=bl&ots=50Q-gpJbzc&sig=PlIniSt8L_qe3AgZw_DDPa7CxSk&hl=fr&ei=adjrTLXpPIWk4AbngZmaAQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CBoQ6AEwAQ#v=onepage&q&f=false

 

vi Il y avait neuf édits à mettre au point ; l'ancien parlement avait été rétabli par lit de justice du 12 novembre 1774 et d'Hornoy était entré en fonction ; cf. lettre à d'Hornoy du 20 novembre .

 

vii D'Etallonde, qui avait été brûlé en effigie après avoir réussi à fuir.

 

viii En payant sa dette de 10 000 livres ce dont V* le remerciait le 10 octobre.

Page 803 : http://books.google.be/books?id=sSsTAAAAQAAJ&pg=PA803...

 

ix« Fâcher » = affliger .

Le 28 novembre, V* engage Richelieu à faire paraître un Mémoire .

Cf. lettre du 5 septembre à d'Argental.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/05/24-jour-de-la-st-barthelemy-je-ne-sais-par-quelle-fatalite-s.html

Le marquis de Vence est le père de Mme de Saint-Vincent.

 

x Dans l'épître à Pallu datée de Plombières en août 1729.

Page 60 : http://books.google.be/books?id=o8o_AAAAcAAJ&pg=PA63&...

 

xi Mignot appartenait au parlement de Maupéou et d'Hornoy à l'ancien parlement. L'ancien parlement vient d'être rétabli le 12 novembre . L'abbé Mignot redevient conseiller clerc au Grand conseil qui vient d'être restauré lui-aussi. Les Enquêtes = la Grande chambre des enquêtes .

Les chambres des requêtes viennent d'être supprimées.

 

xii Le public a applaudi le retour de l'ancien parlement, symbole des libertés. En rétablissant le parlement dissous par Maupéou et supprimant les Conseils supérieurs qui en réduisaient le ressort, le gouvernement a pris certaines précautions. Il donne les offices du Grand conseil rétabli aux titulaires des offices créés en 1771 et supprimés maintenant, et surtout limite les privilèges du Parlement. Si pour forcer la main au roi il suspendait la justice, le Grand conseil se substituerait à lui ; en cas de démissions concertés, les démissionnaires seraient jugés par une cour pleinière. Le parlement rétabli va d'ailleurs faire des représentations au roi dès le 8 janvier 1775 contre l'ordonnance de discipline et contre les pouvoirs accordés à la Grand'chambre qui « se trouverait seule ... être un tribunal supérieur à toute la Pairie. »

 

xiii Ils sont tous deux devenus ou redevenus ministres à 73 ans . Maurepas revint au gouvernement le 11 mai 1774. V* fait sans doute allusion à la lutte d'influence que Fleury dut soutenir contre le duc de Bourbon pour s'imposer. Cf. début du Précis du siècle de Louis XV :chapitre III : http://www.voltaire-integral.com/Html/15/09PREC10.html#i3

 

xiv 14 novembre 1774, au Théâtre Italien, Henri IV ou la bataille d'Ivry de Barnabé Farmian de Rosoy ;

le 16 novembre 1774 à la Comédie Française La partie de chasse de Henri IV de Collé ;

le 10 janvier 1775 sur le Théâtre des Grands Danseurs Le Charbonnier est maître chez lui, ou la partie de chasse de Roger TimothéeRégnard de Pleinchesne ; on joua aaussiLa Partie de chasse ou le charbonnier est maître chez lui de Nicolas Médard Audinot.

 

23/11/2010

Tout ce que je vois de Russes me persuade toujours qu'Attila était un homme charmant,

Après un zéro qui ne vaut rien par définition, un Hun de paccotille :

http://www.deezer.com/listen-6427341

Un Attila du XXè siècle : jazzy !

http://www.deezer.com/listen-2854818

http://www.deezer.com/listen-2854827 : The day before

 

Qui peut m'indiquer le prénom d'Attila ? Vous donnez votre langue au chat (après brossage bien entendu , car Minet est très délicat pour sa nourriture) ?

Marcel ! Attila Marcel !  voici la preuve :

http://www.deezer.com/listen-5937331

 

Attila-039-s-Real-Face-3.jpg

Attila, pas celui des films peplum ou autres représentations grimaçantes .

Si l'herbe ne repoussait pas où était passé son cheval, en revanche son poil poussait dru où ne passait pas le rasoir !

Quant à le qualifier de "charmant", j'en laisse la responsabilité à Volti et aux dames .

 

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

19 novembre 1773

 

Mon cher philosophe aussi intrépide que circonspect, et qui avez grande raison d'être l'un et l'autre, voici une petite assiette de marrons i que Raton envoie à son Bertrand. Je les avais adressés à M. de Condorcet, mais je crois qu'il est toujours à la campagne, et je vous les fais parvenir en droiture. Ces marrons sont comme les livres de mon libraire Caille, ils ne valent rien qui vaille ii; mais il est juste que je vous fasse lire ma satire contre M. de Guibert iii, qui m'a d'ailleurs paru un homme plein de génie, et ce qui n'est pas moins rare, un homme très aimable iv. Je m'intéresse à son Connétable de Bourbon v, d'autant plus que ce grand homme passa par Ferney en se réfugiant chez les Espagnols.

 

Tous les jésuites aujourd'hui, qui ne sont pas de si grands hommes, veulent se réfugier en Silésie, et dans la Prusse polonaise, chez le Révérend Père Fédéric vi. Riez donc, et riez bien fort.

 

La dédicace d'une église catholique a été faite, comme vous savez , à Berlin vii. Je ne sais si les sociniens en obtiendront une viii.

 

Ne croyez vous pas lire les Mille et une nuits quand vous voyez combien de millions Catherine Seconde donne aux princesses de Darmstadt et au comte Panin ix? Où prend-elle tant d'argent après quatre ans d'une guerre si vive et si dispendieuse x? tandis que M. l'abbé Terray xi ne me paye pas, après dix ans de paix, un pauvre petit argent qu'il m'avait pris chez M. Magon xii?

 

Mon cher philosophe, vous seriez actuellement aussi riche que M. Necker si vous aviez été en Russie xiii. C'était à la cour de France de récompenser dignement votre noble désintéressement. Mais vous en êtes dédommagé par les bontés de l'abbé Sabatier xiv, c'est toujours quelque chose.

 

Je ne sais où est Diderot, il était tombé malade à Duisbourg en partant de La Haye pour aller chez l'impératrice des Mille et une nuits xv.

 

Nous avons actuellement à Ferney l'ancien empereur Shouvaloff xvi. C'est un des hommes les plus polis, et des plus aimables que j'aie jamais vus. Tout ce que je vois de Russes me persuade toujours qu'Attila était un homme charmant, et que la sœur d'Honorius xvii fit très bien de partir en poste pour aller l'épouser. Si malheureusement elle ne s'était pas fait faire en chemin un enfant par un de ses valets de chambre, nous pourrions avoir aujourd'hui de la race d'Attila sur quelque trône de l'Europe, et peut-être sur la chaire de saint Pierre.

 

Bonsoir mon très cher et très illustre Bernard.

 

LE VIEUX MALINGRE RATON »

 

i A savoir une brochure de V*. Pour l'image des marrons tirés du feu par Raton pour Bertrand cf. lettres des 1er et 4 janvier 1773.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/02/j...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/04/c...

 

 

 

ii La Tactique, poème envoyé par V* commence ainsi : « J'étais lundi passé chez mon libraire Caille, / qui dans son magasin n'a souvent rien qui vaille. » Le libraire genevois protestera contre cette assertion.

http://www.voltaire-integral.com/Html/10/35_Tactique.html

 

 

 

iii Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert a publié un Essai général de tactique, 1772, auquel V* répond par un poème satirique, tout en écrivant à d'Argental le 15 novembre que le livre de Guibert « est plein de grandes idées » et prie d'Argental de faire parvenir à Guibert « une copie de la satire ou de l'éloge qu'il vient de faire de son métier de la guerre. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Antoine-Hippolyte_de_Guibert

http://www.archive.org/stream/essaignraldetac00guibgoog#page/n12/mode/1up

 

 

 

iv Guibert est allé rendre visite à V* à Ferney en revenant de Prusse où il avait assisté aux manœuvres militaires de Frédéric II.

 

vi Frédéric signe « Fédéric ».

Les jésuites chassés des autres États et dont l'ordre vient d'être supprimé par le pape, trouvent asile dans les États de Frédéric qui les juge utiles et capables d'améliorer l'enseignement.

 

vii Ce fut le 1er novembre . Dans sa lettre du 9 octobre Frédéric parlait de « cette cérémonie, étrangère pour (eux), (qui) attire un grand concours de curieux ».

 

viii Cf. lettre du 22 septembre à Frédéric .

 

ix A l'occasion du mariage de son fils Paul, -dont Panin a été le précepteur-, avec la princesse Wilhelmine de Hesse-Darmstadt.

 

x Guerre depuis le 6 octobre 1768 entre la Russie et la Turquie.

 

xi Contrôleur général des finances.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Marie_Terray

 

xiii Catherine II lui avait proposé d'être précepteur de son fils.

 

xiv Sabatier de Castres, auteur de l'Apologie de Spinoza et du spinozisme « accuse (Marmontel) d'Alembert, M. Thomas [V*], et tutti quanti , d'être un peu hérétiques, ou du moins d'être tombés dans des erreurs qui sentent l'hérésie » : lettre à Marmontel du 24 juillet 1773.Le 26 décembre 1772, d'Alembert a raconté à V* la vie peu honorable de ce « petit maraud » qu'il avait dû chasser de chez lui « parce qu'il imprimait des impertinences contre ce que nous avons de plus estimable dans la littérature » : cf. lettre à d'Alembert du 1er janvier .

 

xv Catherine II le lui avait écrit le 11/22 septembre.

Lettre 134 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

 

 

xvi Ivan Shouvalov fut un favori de feu l'impératrice Élisabeth.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Chouvalov

http://www.batguano.com/vlbcshuvaloff.jpg

 

xvii V* semble faire allusion à Honoria (en réalité sœur de Valentinien III) d'une conduite peu honorable qui implora l'aide d'Attila contre sa famille ; elle voulu l'épouser, ce qu'il acceptait moyennant la moitié des provinces de l'Empire. En fait , c'est Attila qui a rencontré en chemin une autre femme, à coté de laquelle il est mort la nuit de ses noces.

22/11/2010

C'est une chose plaisante de voir tous les efforts qu'on prépare pour faire tomber un vieillard qui tomberait bien de lui-même

 "la ligue est trop forte, je serai battu. " : Ho ! surprise, je ne reconnais pas là mon Volti moqueur et combattant !

Heureusement, ce n'est qu'un moment de découragement . Volti repartira pour de nouvelles bagarres contre l'Infâme et ses représentants et contre la maladie .

Vive Voltaire et longue vie à sa pensée !

 http://www.deezer.com/listen-2554386

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

24è novembre 1772

 

Mon cher ange, voici une petite addition qui m'a paru essentielle dans le mémoire de notre avocat i. Je vous prie de la mettre entre les mains du président Lekain. Elle est nécessaire , car on jouait au propos interrompu.

 

Je crains fort les ciseaux de la police . Si on nous rogne les ongles, il nous sera impossible de marcher. D'ailleurs le vent du bureau n'est pas pour nous. On ne veut plus que des Roméo ii et des Chérusques iii. Les beaux vers sont passés de mode. On n'exige plus qu'un auteur sache écrire . Hélas ! j'ai hâté moi-même la décadence en introduisant l'action et l'appareil . Les pantomimes l'emportent aujourd'hui sur la raison et sur la poésie, mais ce qu'il y a de plus fort contre moi, c'est la cabale. J'ai autant d'ennemis qu'en avait le roi de Prusse. C'est une chose plaisante de voir tous les efforts qu'on prépare pour faire tomber un vieillard qui tomberait bien de lui-même.

 

Actuellement que le congrès de Foczani est renoué iv, il n'y a plus que moi en Europe qui fasse la guerre, mais la ligue est trop forte, je serai battu. Ne m'en aimez pas moins, mon cher ange. »

 

i Dans les Lois de Minos dont l'auteur prétendu est un avocat du nom de Duroncel.

http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition....

http://www.livres-et-ebooks.fr/ebooks/Les_Lois_de_Minos-4...

 

iii Tragédie Les Chérusques (d'abord imprimée sous le titre Arminius) de Jean-Grégoire Bauvin, représentée le 26 septembre 1772.

http://books.google.be/books?id=lbI_AAAAcAAJ&printsec...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Caius_Julius_Arminius

 

iv Échec des pourparlers de paix ouverts pendant l'été 1771 entre les Russes et les Turcs ; un nouveau congrès ouvert à Bucarest en 1772 échoua aussi.

21/11/2010

tandis que quelques sacrés coquins brûlent quelques fanatiques la terre engloutit les uns et les autres.

Up to date , aujourd'hui, peut-être est-ce le 316è anniversaire de la naissance de François-Marie Arouet dit VOLTAIRE . Aussi je dis, comme le 20 février,

BON ANNIVERSAIRE VOLTI !

 

Bon anniversaire à LoveVoltaire et à son blog monsieurdevoltaire !!

Dédicace spéciale ...

biere 1664 1694 joiedevivrelibre.jpg

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Banquier à Lyon

24 novembre [1755]aux Délices

 

 

Voilà, Monsieur, une physique bien cruelle i. On sera bien embarrassé à deviner comment les lois du mouvement opèrent des désastres si effroyables dans le meilleur des mondes possibles ii. Cent mille fourmis iii, notre prochain écrasées tout d'un coup dans notre fourmilière, et la moitié périssant sans doute dans des angoisses inexprimables au milieu des débris dont on ne peut les tirer ; des familles ruinées aux bouts de l'Europe, la fortune de cent commerçants de votre patrie abîmée dans les ruines de Lisbonne. Quel triste jeu de hasard que le jeu de la vie humaine ! que diront les prédicateurs, surtout si le palais de l'Inquisition est demeuré debout iv? Je me flatte qu'au moins les révérends pères inquisiteurs auront été écrasés comme les autres . Cela devrait apprendre aux hommes à ne point persécuter les hommes, car tandis que quelques sacrés coquins brûlent quelques fanatiques la terre engloutit les uns et les autres.

 

J'ai déjà vu notre ami Gauffecourt. J'irai à Montriond le plus tard que je pourrai. Je crois que nos montagnes nous sauvent des tremblements de terre. Bonjour mon cher correspondant, apprenez-moi, je vous prie, les suites de cette affreuse aventure.

 

V. »

 

i Tremblement de terre de Lisbonne le 1er novembre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tremblement_de_terre_de_Lisb...

 

ii Allusion à Leibnitz et à Pope ; on trouve déjà le refrain de Candide.

 

iii Premières estimations des victimes très amplifiées ; le 12 décembre on arrivera au chiffre de 50 à 60000 victimes et seulement le quart des maisons détruites.

 

iv Il était prévu un autodafé de juifs à Lisbonne précisément le 1er novembre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Inquisition_espagnole