30/11/2010
On dit qu'une nouvelle scène de finances va égayer la nation.
Cette phrase, comme bien d'autres sorties de leur contexte, semble admirablement s'appliquer à l'actualité, et pourtant elle est de 1759 !
Les charlatans qui font de Nostradamus et Elisabeth Tessier leurs garants, leurs maitres, ne manqueront pas, -je le leur demande-, de reconnaitre en Volti un prophète exceptionnel ! ou alors c'est à désespérer de la bonne foi de ces gourous à deux sous !
Pour trouver un tel "caillou" il faut aller en Normandie, mon cher Volti, point d'Elbe, ni de Tamise ...
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Connaissez-vous l'Abbé Caillou ? http://www.deezer.com/listen-5106405
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Mais connaissez-vous, par contre, Alphonse du gros caillou ? Non ? alors je vous le présente : http://www.deezer.com/listen-6110380 et j'en reste là pour ce jour .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Aux Délices 30 novembre [1759]
Mon adorable ange, je vois bien par votre lettre que M. le duc de Choiseul est encore plus estimable que je ne croyais ; je vois sa franchise noble et digne d'un meilleur temps, et surtout je vois que son cœur est digne de vous aimer. Il vous a mis au fait de tout i. Il ne peut assurément mieux placer sa confiance. Je lui envoie aujourd'hui un gros paquet de Luc ii. Peut-être avec le temps on tirera quelque avantage des lettres que je fais passer. Je ne suis point jaloux du roi d'Espagne iii. S'il fait la paix, moi Jodelet, je ne vais point sur les brisées de Sa Majesté Catholique . Sérieusement , mon cher ange, je n'ai aucune envie de me faire de fête. J'ai seulement rêvé que pouvant aller souvent chez l'Électeur palatin qui daigne m'aimer un peu, et chez Mme la duchesse de Gotha, et même à Londres, où l'on m'a invité vingt fois, je pourrais dans l'occasion faire passer au ministre un compte fidèle de ce que j'aurais vu et entendu iv. Je me flatte que M. le duc de Choiseul ne me prend pas pour un alte succinctus v qui cherche pratique. Je suis frappé de nos malheurs et s'il s'agissait de m'arracher à ma charmante retraite pour aller ramasser quelque caillou qui pût servir parmi les fondements qu'on cherche pour établir l'édifice de la paix, j'aurais été chercher ce caillou dans l'Elbe ou dans la Tamise. Mais, Dieu merci je serai inutile, et je ne quitterai probablement pas mes étables, ma bergerie et mon cabinet. Permettez-moi de laisser dormir mes chevaliers vi jusqu'en janvier . Pour les oublier mieux vii, je me mets au second volume de Pierre le Grand . Le Prut viii, Catherine orpheline gouvernant un empire, un fils condamné par son père et par quatre-vingts juges dont la moitié ne savait pas signer son nom ix, feront une diversion qui vaudra les neuf années d'Horace x. On dit qu'une nouvelle scène de finances va égayer la nation xi. On ne fera point la guerre l'hiver, on courra aux spectacles, et la chevalerie pourra vous égayer ce carême.
Je pense que c'était l'abbé du Resnel à gouverner nos finances plutôt qu'à Silhouette, car celui-ci n'a traduit Pope et le Tout est bien qu'en prose, et l'abbé l'a traduit en vers. Mais j'aimerais encore mieux Martin xii le manichéen .
De grâce, mon respectable ami, dites-moi si les effets publics reprennent un peu de faveur. J'ai quatre-vingts personnes à nourrir .
Est-il vrai que M. d'Armentières a été battu xiii, est-il vrai que les flottes se battent xiv? Je croyais que la flotte de M. le maréchal de Conflans allait à la Jamaïque. J'ai peur que tout n'aille aux diables sur mer et sur terre. La paix, la paix, mon divin ange.
V. »
i V*, une fois de plus, sert d'intermédiaire entre la France et la Prusse, depuis septembre, dans des négociations de paix secrètes. Il fait passer les lettres écrites suivant les instructions du ministère par le truchement de la Duchesse de Saxe-Gotha à qui il adresse des billets d'accompagnement codés ; cf. lettre du 26 janvier 1760 : par exemple « la belle » ou « la coquette » désignent Frédéric !
ii Choiseul le remerciera le 20 décembre de la communication de « deux lettres de Luc, une du 12 novembre et l'autre du 21 » ; il écrira : « J'ai montré votre lettre (celle du 30 novembre) au roi et à sa société ; je les ai fort assurés que j'avais trouvé le pupitre, qu'il ne restait plus qu'à trouver le traité à signer dessus une base si agréable. » La lettre du 21 était arrivée par l'intermédiaire de la duchesse de Saxe-Gotha.
iii Choiseul proposait une médiation de l'Espagne.
iv C'est par l'intermédiaire de d'Argental que V* avait proposé ses services à Choiseul vers le 15 novembre.
v « qui a son vêtement retroussé haut » comme le sont les serveurs d'Horace dans les Satires, à savoir remuants, voire intrigant comme l'altecinctus de Phèdre.
vi Tancrède.
vii Par habitude, V* prend du recul : « ces ouvrages gagnent à se reposer » dit-il ans une lettre du 20 juillet.
viii Le Pruth, rivière célèbre par la mauvaise campagne de Pierre le Grand contre les Turcs.
ix Le 22 novembre, V* écrit à Schouvalov : « La triste mort du czarovits m'embarrassera un peu. Je n'aime pas à parler contre ma conscience, l'arrêt de mort m'a toujours paru trop dur ... Je tâcherai de me tirer de ce pas glissant en faisant prévaloir dans le cœur du czar l'amour de la patrie sur les entrailles du père. »
x A propos de Tancrède, il écrit le 24 novembre : « Horace veut qu'on tienne son affaire enfermée neuf ans »
xi Bertin, le 23 novembre vient de remplacer le contrôleur Silhouette qui avait fait enregistrer par lit de justice le 20 septembre l'Édit de subvention qui taxait les riches ; il avait dû suspendre les remboursements le 21 octobre . V* dira de Silhouette le 3 décembre : « il a voulu gouverner en temps de guerre comme à peine on pourrait le faire en temps de paix ... il a ruiné le crédit dont il avait besoin . Ses idées m'ont paru très belles, mais employées très mal à propos ... il a fait tout le contraire de ce qu'on fait à Londres. » Le 12, il soupçonnera certains financiers à qui il « voulait faire rendre gorge » de l'avoir « culbuté ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_de_Silhouette...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_L%C3%A9onard_Jean_Bapt...
xii En rapport avec Candide.
xiii Louis de Conflans, marquis d'Armentières abandonne, sur ordres supérieurs, Munster le 23 novembre.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Conflans_d'Armenti%...
xiv Hubert de Conflans est battu sur mer le 20 novembre par l'amiral anglais Hawke dans la baie du Morbihan.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_de_Brienne_de_Conflan...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Hawke
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un petit volume qui sera peut-être amusant pour ceux qui n'ont rien à faire .
Lettre écrite le 28 juillet 2011 pour parution le 30 novembre 2010.
De Voltaire et Jean-Louis Wagnière
« A Gabriel Cramer
[vers le 30 novembre 1772]
Quelque chose qu'on fasse à Paris allons toujours notre train, Caro. Après les notes 1 nous mettrons l'Epître à Boileau, l'Epître à Horace, la Réponse d'Horace de La Harpe 2, et deux ou trois autres pièces que j'ai un peu relimées . Cela fera , comme je vous l'ai dit, un petit volume 3 qui sera peut-être amusant pour ceux qui n'ont rien à faire .
Ordonnez, je vous en prie, qu'on fasse la correction ci-jointe .
Wagnière remercie bien sensiblement monsieur Cramer de la grande Encyclopédie . »
2 Voir lettres, à d'Alembert du 13 novembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/12/je-deviens-plus-insolent-a-mesure-que-j-avance-en-age-la-can.html
à La Harpe du 30 novembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/index.html
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29/11/2010
Il n'est point du tout honnête de s'emparer aussi du bien de ses camarades. On ne fait point de pareils tours à la Chine.
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http://www.deezer.com/listen-7488618 Chet Baker, celui que vous avez ci-dessus !
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Il Y A : http://www.deezer.com/listen-7488632 , parfois on regarde les choses en se disant : pourquoi pas ?...
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« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
28è novembre 1770
Mon cher conseiller, les scènes que vous avez jouées à la campagne sont sûrement plus plaisantes que celles qu'on donne quelquefois sur votre grand théâtre de législation. Je vous trouve un très grand philosophe de savoir joindre les amusements aux affaires. Vous pourriez bien en avoir une avec votre ancien confrère M. l'abbé Terray au sujet de cent mille francs qui vous appartiennent et sur lesquels il semble avoir mis une main qu'il n'a pas encore retirée i. Il n'est point du tout honnête de s'emparer aussi du bien de ses camarades. On ne fait point de pareils tours à la Chine. Vous savez sans doute que les remontrances des six premiers grands tribunaux y ont force de loi. Voilà ce gouvernement qu'on nous a peint comme si despotique. Il faut bien qu'on y soit heureux puisque l'empereur fait des vers ii.
On n'est pas si heureux dans mon petit empire de Ferney. Le blé y vaut cinquante francs (le setier de Paris [http://fr.wikipedia.org/wiki/Setier]) depuis un an, et à présent vingt écus [= 60 francs ; http://erwan.gil.free.fr/index.php?mod=freepages&page...]. Il faut que la France soit devenue bien riche depuis le système de MM. les économistes et les Éphémérides du citoyen iii.
Comme mon commerce avec le roi de la Chine commence à faire du bruit dans votre province d'Europe, il est juste que vous en soyez instruit. Je vous envoie une des lettres à ce monarque que la malice m'attribue iv.
Je salue madame votre femme à la chinoise. Je voudrais bien un jour prendre avec elle une tasse de thé. Je vous embrasse de tout mon cœur.
V. »
i En cadeau de mariage, V* a donné à son petit-neveu d'Hornoy, de l'argent à récupérer sur celui des rescriptions perdu (provisoirement au moins) à la suite des mesures prises par le contrôleur général des finances Terray.
ii Allusion à l'Éloge de la ville de Moukden et de ses environs... de Kien Long ; cf. lettres à Thiriot et à Catherine II du 26 novembre 1770.
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/24/s...
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/25/i...
iii Que publie Dupont de Nemours ; cf. lettre du 16 juillet.
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/07/30/t...
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28/11/2010
Autrefois les ministres ne faisaient jamais de tels aveux.
J'en conclus fort aisément que nous sommes revenus à une époque d'Ancien Régime (quoique tous les régimes amaigrissants aient été mis au ban de la médecine récemment, ils ont cela de commun avec la politique de faire maigrir les petits et engraisser les gros ! ).
Des ministres ! faire des aveux !
Non, mais , Volti, tu rêves .
Plutôt crever la bouche pleine que recracher des mensonges , telle est la règle de nos jours .
"Il a noblement avoué son tort"
Alors là !!
Reconnaitre le tort des autres partis ? oui !
Celui de son parti ? presque, si on est en froid avec ses dirigeants !
Jamais, si on vise une place juteuse ou si on veut la garder !
Je réactualise donc : "Aujourd'hui, les ministres ne font jamais de tels aveux."
Aveux de banlieue : Yo ! man ! : http://www.deezer.com/listen-524271
Aveux de rigolade : petit retour vers le feuilleton radiophonique qui berça mes dernières années lycéennes : http://www.deezer.com/listen-235991
et http://www.deezer.com/listen-235991
et encore http://www.deezer.com/listen-235895
Et puis, aveux d'amour : http://www.deezer.com/listen-1150376
Ceux-ci coûtent autant à faire, je crois même plus, que ceux qu'on doit faire sur la place publique . Dans l'intime on risque sa vie , dans le public on ne risque que sa place . Alors ...
Au passage, je vous recommande de lire les lettres de d'Alembert qui fait jeu égal en humour et esprit avec Volti. C'est un magnifique scientifique et un érudit qui me plait .
« A Jean Le Rond d'Alembert
28 novembre [1762]
Mon cher confrère, mon grand philosophe, vous ne me paraissez pas trop compter sur l'amitié des grands i. N'avez-vous jamais éprouvé que les petits n'aiment guère mieux ? Pour moi qui ai le bonheur d'être petit, je vous avertis que je vous aime de tout mon cœur.
A l'égard du duc de Choiseul, convenez que je lui ai une très grande obligation puisque je lui dois d'être libre chez moi ii, et de ne pas dépendre d'un intendant. Vous en savez pas ce que c'est qu'un intendant de province. Le frère d'Omer iii me manda un jour qu'il n'était en place que pour faire du mal. Aussi voulut-il m'en faire ; et j'eus les franchises de ma terre malgré lui. Vous voyez que je me suis toujours moqué de la famille d'Omer. C'est à M. le duc de Choiseul que je dois tout cela. S'il a eu le malheur de croire sur une écriture rapide que j'avais écrit une sotte lettre iv, il a bien réparé son erreur. Il a noblement avoué son tort. Autrefois les ministres ne faisaient jamais de tels aveux.
Pour Luc, quoique je doive être très fâché contre lui, je vous avoue qu'en qualité d'être pensant, et de Français je suis fort aise qu'une très dévote maison v n'ait pas englouti l'Allemagne et que les jésuites ne confessent pas à Berlin. L'Infâme est bien puissante vers le Danube. Vous me dites qu'elle perd de son crédit vers la Seine vi. Je le souhaite, mais songez qu'il y a trois cent mille hommes gagés vii pour soutenir ce colosse affreux, c'est à dire plus de combattants pour la superstition que la France n'a de soldats. Tout ce que peuvent faire les honnêtes gens, c'est de gémir entre eux quand cette superstition est persécutante, et de rire quand elle n'est qu'absurde, d'éclairer le plus d'esprits bien nés que l'on peut et de former insensiblement dans l'esprit [des hommes]viii destinés aux places une barrière contre ce fléau abominable. Ils doivent savoir que sans les disputes sur la transsubstantiation et sur la bulle, Henri III, Henri IV et Louis XV n'auraient pas été assassinés . C'est un bon arbre, disent les scélérats dévots, qui a produit de mauvais fruits. Mais puisqu'il en a tant produit ne mérite-t-il pas qu'on le jette au feu ?ix Chauffez-vous en donc tant que vous pourrez, vous et vos amis.
Vous pensez bien que je ne parle que de la superstition car pour la religion chrétienne je la respecte et je l'aime comme vous .
Courage donc, mes frères, prêchez avec force et écrivez avec adresse. Dieu vous bénira.
Protégez, mon frère, tant que vous pourrez la veuve Calas . C'est une huguenote imbécile, mais son mari a été la victime des pénitents blancs. Il importe au genre humain que les fanatiques de Toulouse soient confondus. Un autre fanatique, Patouillet, aidé de Caveirac, a écrit deux volumes contre l'Histoire générale x. Tant mieux. Si on lit leur livre, cela fera naître des éclaircissements. J'avais levé un coin du voile dans la première édition, je le déchire un peu dans la seconde. Vous y trouverez de quoi vous édifier. En attendant j'enverrai à l'Académie l'Héraclius de Calderon : il fera connaitre le génie espagnol xi. En vérité ils sont dignes d'avoir chez eux l'Inquisition.
Que faites-vous à présent ? travaillez-vous en géométrie, en histoire, en littérature ? Quoi que vous fassiez, écrasez l'Infâme, et aimez qui vous aime. »
i D'Alembert moqueur a écrit : « ... à l'égard de ses bontés (de Choiseul) je vous en souhaite la continuation. » ; lettre du 17 novembre : http://books.google.fr/books?pg=PA592&lpg=PA592&i...
ii En mai 1759, Choiseul a fait obtenir à V* et Mme Denis le brevet de conservation des droits seigneuriaux de Ferney ; ces droits seront à nouveau contestés en mai 1763.
iii Le frère d'Omer Joly de Fleury était intendant de Bourgogne. V* l'avait reçu chez lui en octobre 1760, fort bien, avec le fils même d'Omer : http://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Joly_de_Fleury
et cf. lettre du 16 octobre 1760 à Mlle Clairon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/10/16/a...
iv « ... sotte lettre » : version très falsifiée et antigouvernementale publiée dans le St James's chronicle du 17 juillet 1762 de la lettre adressée à d'Alembert le 29 mars ; cf. lettre du 15 septembre à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/15/tachez-de-votre-cote-d-eclairer-la-jeunesse-autant-que-vous.html
et lettre 104 et suivantes,pages 587-... : http://books.google.fr/books?pg=PA592&lpg=PA592&i...
Cela faisait sa « vraie tribulation » que le duc de Choiseul le « crû l'auteur de cette belle rhapsodie anglaise » et « qu'il le (lui)( eût) écrit avec bonté... » disait-il aux d'Argental le 25 octobre ; il ajoutait : « J'en ai été outré et je lui ai dit bien des injures qu'il mérite. » Pour détromper Choiseul
il lui envoyait la véritable lettre avec un billet de d'Alembert ; le 12 décembre, Choiseul le tranquillisait : « Vous avez raison, vous n'avez point écrit la lettre supposée ; personne n'en parle, ni ne songe actuellement à vous l'imputer ... ma chère marmotte, je vous aimerai toujours de tout mon cœur. »
v La maison d'Autriche. Luc = Frédéric II de Prusse.
vi Le 17 novembre d'Alembert lui a écrit : « il y a , dit-on, 24 jésuites retirés à Versailles ...Le parlement ne les y voit pas d'un bon œil et se propose d'enfumer le terrier ..., ils ne sont plus guère renards. » Sur les avatars des jésuites, cf. lettre du 19 mai 1762 . La dissolution de l'ordre a été prononcée le 6 août 1762 par le Parlement.
vii Prêtres et moines.
viii Mots omis par V*.
ix Tel qu'il est dit dans les évangiles.
x V* évoque les Erreurs de M. de Voltaire sur les faits historiques, dogmatiques..., 1762, ouvrage anonyme dont il a demandé le nom de l'auteur à Damilaville ; cf. lettre du 9 septembre 1762, et page 407 lettre CCLIX : http://books.google.be/books?id=9EUQAAAAYAAJ&pg=PA407...
. L'auteur est le jésuite Nonnotte (qui figure dans le tableau dit Le triomphe de Voltaire au château à Ferney-Voltaire, -en enfer bien entendu !-.)
Le père Patouillet avait publié entre autre l'Apologie de Cartouche, ou le scélérat sans reproche par la grâce du P. Quesnel, 1731,http://books.google.be/books?id=EewFAAAAQAAJ&pg=PA5&a...
et Novi de Caveirac, auteur de l'Apologie de Louis XIV et de son conseil, sur la révocation de l'Édit de Nantes ... avec une dissertation sur la journée de la Saint Barthélémy, 1758 : http://books.google.be/books?id=708A7rLJkwAC&printsec...
xi V* a joint à ses Commentaires sur Corneille une traduction de la pièce de Calderon qu'il juge très sévèrement ; cf. lettre du 4 juin à Capacelli et lettres du 17 juin et 15 septembre 1762 à d'Alembert.
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27/11/2010
J'aimerais mieux être nègre que Portugais
Lettre écrite le 30 jullet 2011 pour parution le 27 novembre 2010 .
« A Louis-François-Armand du Plessis, maréchal duc de Richelieu
A Ferney 27 novembre 1761
Vous donnez, Monseigneur, quatre-vingt-deux ans à Malagrida aussi noblement que je faisais Cerati 1 confesseur d’un pape . Malagrida n'avait que 74 ans 2. Il ne commit point tout à fait le péché d'Onan. Mais Dieu lui donnait la grâce de l'érection ; et c'est la première fois qu'on a fait brûler un homme pour avoir eu ce talent . On l'a accusé de parricide 3, et son procès porte qu'il a cru qu'Anne, mère de Marie, était née impollue, et qu'il prétendait que Marie avait reçu plus d'une visite de Gabriel 4. Tout cela fait pitié, et fait horreur . L’Inquisition a trouvé le secret d'inspirer de la compassion pour les jésuites . J'aimerais mieux être nègre que Portugais . Eh ! misérables, si Malagrida a trempé dans l'assassinat du roi, pourquoi n'avez vous pas osé l'interroger, le confronter , le juger , le condamner ? Si vous êtes assez lâches, assez imbéciles pour n'oser juger un parricide, pourquoi vous deshonorez-vous en le faisant condamner par l'Inquisition pour des fariboles ?
On m'a dit, Monseigneur, que vous aviez favorisé les jésuites à Bordeaux . Tâchez d'ôter tout crédit aux jansénistes et aux jésuites et Dieu vous bénira .
Mais surtout persistez dans la généreuse résolution de délivrer les comédiens qui sont sous vos ordres, d'un joug, et d'un opprobre qui rejaillit sur tous ceux qui les emploient . Otez-nous ce reste de barbarie malgré maître Le Dain, et malgré son discours prononcé du côté du greffe 5.
Le polisson qui a fait le Testament du maréchal de Belle-Isle mériterait un bonnet d'âne 6.
Quelles omissions avez-vous donc faites dans une convention de Closterseven 7? On n'en fit qu'une ; ce fut de ne la pas ratifier sur-le-champ .
Ce n'est pas que je suis fâché contre le faiseur du Testament qui prétend que j'aurais été mauvais ministre . A la façon dont les choses se sont passées quelquefois, on aurait pu croire que j'avais grande part aux affaires .
Qu'on pende le prédicant Rochette, ou qu'on lui donne une abbaye, cela est fort indifférent pour la prospérité du royaume des Francs . Mais j'estime qu'il faut que le Roi lui fasse grâce 8. Cette humanité le fera aimer de plus en plus . Et si c'est vous, Monseigneur , qui obtenez cette grâce du Roi, vous serez l'idole de ces faquins de huguenots . Il est toujours bon d'avoir pour soi tout un parti .
Je joins au chiffon que j'ai l'honneur de vous écrire, le chiffon de Grizel 9. Il faut qu'un premier gentilhomme de la chambre ait toujours un Grizel en poche pour l'inciter doucement à protéger notre tripot dans ce monde-ci et dans l'autre . Agréez toujours mon profond respect .
V. »
1 Cerati était confesseur du conclave et no, à proprement parler le confessseur de Clément XII ; V* laissa cependant subsister cette erreur dans son commentaire sur Corneille (à propos d ela dédicace de Théodore ) voir lettre à Mlle Clairon du 7 août 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/07/introduire-dans-la-piece-de-sophocle-une-partie-carree-d-ama.html#more
2 Soixante-douze en réalité ; il avait été exécuté au cours d'un autodafé le 21 septembre . Cet autodafé sert de point de départ au Sermon du rabbin Akib que V* vient de composer .
3 Le roi du Portugal ne fut que blessé le 4 septembre 1758 ; Malagrida fut alors emprisonné bien que les jésuites n'aient pas participé, du moins directement , à l'attentat ; puis il fut relâché .
4 Malagrida fut à nouveau emprisonné et condamné, officiellement pour avoir écrit la Vie de sainte Anne, et la Vie de l'Antéchrist .
5 Sur la polémique concernant l'excommunication des comédiens, voir lettre du 6 mai à Le Brun : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/des-lors-il-devint-ingrat-cela-est-dans-la-regle.html
du 31 mai à Damilaville et Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/05/30/il-faut-defendre-les-vivants-et-les-morts-contre-les-gens-d.html
du 7 août à Mlle Clairon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/07/introduire-dans-la-piece-de-sophocle-une-partie-carree-d-ama.html
En ce qui concerne le rôle de Richelieu, V* pense sans doute comme il l’écrivait à Mlle Clairon le 27 août, qu'il « sera très aisé aux premiers gentilshommes de la chambre de guérir (la) blessure » , car « il y a une ordonnance du roi ... » : page 329 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800358/f335.image.r=.langFR
6 Le Testament politique du maréchal de Belle-Isle , 1761, de François-Antoine Chevrier qui écrivait dans sa préface que le père Griffet avait réfuté les doutes de V* concernant l'authenticité du Testament du cardinal de Richelieu .
7 Suivant laquelle les troupes de Hanovre et de Brunswick commandées par le duc de Cumberland capitulaient devant Richelieu en septembre 1757, et se retiraient ; elle fut rompue avant d'être ratifiée ; sur ces négociations de paix avec l'Angleterre, voir lettre du 14 septembre 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/13/ah-pauvres-francais-rejouissez-vous-car-vous-n-avez-pas-le-s.html
8 Ce même jour, V* écrit à Ribote-Charron de Montauban à propos de cette affaire : « M. le maréchal de Richelieu me mande … qu'il ne peut rien pour votre ministre et pour ses adhérents tant qu'ils seront entre les mains du parlement de Toulouse . J'ose me flatter de la clémence du roi lorsque l'affaire sera jugée . Vous ne pouvez pas douter … qu'on ne soit très indigné à la cour contre les assemblées publiques . On vous permet de faire dans vos maisons tout ce qui vous plait … Jésus-Christ a dit qu'il se trouverait toujours entre deux ou trois personnes assemblées en son nom, mais quand on est trois ou quatre mille, c'est le diable qui s'y trouve . » Le pasteur Rochette fut pendu en février 1763 .
9 Conversation de M. l'intendant des menus en exercice avec M. l'abbé de Grizel : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k728828/f3.image ;
voir les lettres du 6 mai à Le Brun (ci-dessus, note 5) et 11 novembre 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/11/nous-nous-ramentevons-ici-qu-il-y-a-six-semaines-en-ca-que-n.html
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Un temps viendra où les tracasseries de la comédie seront finies
Lettre rédigée le 29 juillet 2011 pour parution le 27 novembre 2010 .
Petites tracasseries !
jolies ...
Voir d'autres oeuvres sur : http://elixum.over-blog.fr/
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
27è novembre [1765]
Je dois dire , ou répéter, à mes anges, que quand je leur ai envoyé un plan 1, qui n'est pas un plan de tragédie, je n'ai pris cette liberté que parce que plusieurs personnes des deux partis m'en avaient prié 2. J'ajoute encore que je n'ai mis par écrit mes idées que pour donner à M. Hennin 3 des notions préliminaires de l'état des choses . M. Fabry, dont j'ai déjà eu l'honneur de vous parler, et qui est à peu près chargé des affaires par intérim, m'a paru être de mon avis dans les conversations que j'ai eues avec lui . Ce qui pourrait me faire croire que j'ai rencontré assez juste, c'est qu'ayant proposé en général le nombre de sept cents citoyens, pour exiger une assemblée du corps entier de la république, ce nombre a paru trop fort aux citoyens, et trop petit aux magistrats . Par conséquent il ne s'écarte pas beaucoup du juste milieu que j'ai proposé, puisque l'assemblée générale n'est presque jamais composée que de treize cents tout au plus, et qu'il n'y a qu'un seul exemple où elle ait été de quatorze cents.
Mes remontrances à Lekain deviennent inutiles après l'édition faite d'Adélaïde 4, ainsi n'en parlons plus . Un temps viendra où les tracasseries de la comédie seront finies comme celles de Bretagne 5, et où le petit ex-jésuite pourra revenir à ses Roués 6; mais pour moi je serai toujours à mes anges avec respect et tendresse .
V. »
1 Le « petit plan de pacification » qui deviendra les Propositions à examiner pour apaiser les divisions de Genève et les Réflexions sur les moyens proposés pour apaiser les troubles de la ville de Genève .
2 Le 25 novembre le Conseil avait décidé d'envoyer Lullin, secrétaire d'Etat, chez V* dire : « le plus honnêtement qu'il pourra que le Conseil n'est en aucune façon disposé à transiger sur la constitution de la république et qu'il rompe le plus civilement qu'il sera possible toute négociation .»
4 Le 25 novembre, V* envoyait à Lekain une ancienne et « meilleure » leçon pour deux vers ; le 16, il lui avait demandé d'indiquer dans l'errata que quatre vers devaient être supprimés . Le 29 , en lui accusant réception de l'édition, il lui reprochera « beaucoup de fautes qui ne sont point corrigées dans l'errata. »
5 Celles du parlement de Bretagne : en rapport avec le jugement de La Chalotais . Plutôt que d'accorder au roi les impôts demandés, le parlement de Rennes, soutenant les nobles des États de Bretagne, avait presque en entier donné sa démission le 20 mai 1765, applaudi par le peuple . Le 11 novembre, La Chalotais, procureur général au parlement, son fils et trois conseillers avaient été arrêtés . Le parlement de Paris fera des remontrances au roi qui ira le sermonner et le menacer le 3 mars 1766 .
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Je promets à Votre Majesté que tant qu'elle me fera la grâce de me loger aux châteaux, je n'écrirai contre personne
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Je promets d'essayer :
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Mais finalement, Je n'te promets rien (ainsi devait penser Volti en son fors intérieur ):
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Je préfère de beaucoup l'écriture de Volti,( -comme dans cette lettre à Marie-Louise ):
http://www.christies.com/lotfinder/lot_details.aspx?intOb... -,
à celle de Frédéric II : voir
http://www.museedeslettres.fr/public/detail_oeuvre.php?id...
(et ne parlons pas de celle de JJ R. qui me tire les yeux hors de la tête ) : chercher Rousseau sur : http://rde.revues.org/index4152.html
NDLR - Tiré à part :
En oiseau de nuit, je suis revenu sur lien mis dans les favoris il y a quelques mois, Dailymotion , et ai renoué avec France Inter . Je ne le regrette pas, car le hasard faisant bien les choses, je suis tombé sur ceci :
http://www.dailymotion.com/video/xf5ihe_justice-or-not-ju...
et je vous laisse deviner ce qui m'a plu avant même le premier mot du journaliste ! Je compte bien continuer à l'écouter .
« A Frédéric II, roi de Prusse
Je promets à Votre Majesté que tant qu'elle me fera la grâce de me loger aux châteaux, je n'écrirai contre personne, soit contre le gouvernement de France i, contre les ministres, soit contre d'autres souverains, ou contre des gens de lettres illustres envers lesquels on me trouvera rendre les égards qui leur sont dus ii. Je n'abuserai point des lettres de Sa Majesté et je me gouvernerai d'une manière convenable à un homme de lettres qui a l'honneur d'être chambellan de Sa majesté, et qui vit avec des honnêtes gens.
Fait à Potsdam ce 27 novembre 1752 iii.
J'exécuterai, Sire, tous les ordres de Votre Majesté et mon cœur n'aura pas de peine à lui obéir. Je la supplie encore une fois de considérer que jamais je n'ai écrit contre aucun gouvernement, encore moins contre celui sous lequel je suis né, et que je n'ai quitté que pour venir achever ma vie à vos pieds. J'ai été historiographe de France, et en cette qualité j'ai écrit l'histoire de Louis XIV et celle des campagnes de Louis XV que j'ai envoyées à M. d'Argenson iv. Ma voix et ma plume ont été consacrées à ma patrie, comme elles le sont à vos ordres. Je vous conjure d'avoir la bonté d'examiner quel est le fond de la querelle de Maupertuis, je vous conjure de croire que j'oublie cette querelle puisque vous me l'ordonnez. Je me soumets sans doute à toutes vos volontés. Si Votre Majesté m'avait ordonné de ne me point défendre v, et de ne point entrer dans cette dispute littéraire, je lui aurais obéi avec la même soumission. Je la supplie d'épargner un vieillard accablé de maladies et de douleurs, et de croire que je mourrai aussi attaché à elle que le jour où je suis arrivé à sa cour.
Voltaire. »
i Après avoir mentionné cette déclaration, le Journal de la Librairie ajoute : « Il faut apparemment qu'il ait fait quelque ouvrage pour ce pays-ci. », ce qui fit en France l'effet désiré par Frédéric. C'est apparemment un des raisons qui ont empêché l'installation de V* en France à son retour.
ii A Koenig, le 17 novembre, V* écrit une lettre ostensible où il se déclare convaincu par son Appel au public et il condamne les menées de Maupertuis et ridiculise les suggestions faites par celui-ci dans ses Œuvres .On vient, le 27, de découvrir que V* a envoyé à l'imprimeur le 25, la Diatribe du Docteur Akakia (imprimeur Luzac à Leyde).
iii Toute cette première partie est de la main du roi.
iv Envoi du 3 octobre 1752.
v Évocation de la « calomnie » de Maupertuis disant au roi de Prusse que V* aurait déclaré que Frédéric lui donnait son linge sale ( ses œuvres ) à blanchir ; cf. lettre à d'Argental du 26 février 1753 .
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