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16/11/2010

Pour sauver la peau des grands hommes, Il faut la faire corroyer.

http://video.google.com/videoplay?docid=-7588898461606073... : une pause dans notre monde de brutes !

 

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Oyez !Oyez!

http://www.deezer.com/listen-291423

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Lille, ce 16 novembre [1743]

 

Est-il vrai que dans votre cour

Vous avez placé cet automne

Dans les meubles de la couronne

La peau de ce fameux tambour

Que Zisca fit de sa personne ?i

 

La peau d'un grand homme enterré

D'ordinaire est bien peu de chose,

Et, malgré son apothéose,

Par les vers il est dévoré.

 

Le seul Zisca fut préservé

Du destin de la tombe noire ;

Grâce à son tambour conservé,

Sa peau dure autant que sa gloire.

 

C'est un sort assez singulier.

Ah ! Chétifs mortels que nous sommes !

Pour sauver la peau des grands hommes,

Il faut la faire corroyer.

Ô mon roi, conservez la vôtre ;

Car le bon Dieu qui vous la fit

Ne saurait vous en faire une autre

Dans laquelle il mît tant d'esprit.

 

Il n'est pas infiniment respectueux de pousser un grand roi de questions ; mais on en usait ainsi avec Salomon, et il faut bien , Sire, que le Salomon du Nord s'accoutume à éclairer son monde.

 

Sa Majesté me permettra donc que j'ose lui demander encore ce que c'est qu'un arc trouvé à Glats ii. Votre Majesté me dira peut-être qu'il faut m'adresser à Jordan ; mais ce Jordan, Sire, est un paresseux, tout aimable qu'il est ; et vous avez plutôt réglé quatre ou cinq provinces, et fait deux cents vers et quatre mille doubles croches, qu'il n'a écrit une lettre.

 

J'arrive à Lille, qui est une ville dans le gout de Berlin, mais où je ne reverrai ni l'opéra ni la copie de Titus iii, Votre majesté, et la reine mère, et Mme la princesse Ulrique ne se remplacent point. Je n'ai pas encore l'armée de trois cent mille homme avec laquelle je devais enlever la princesse, mais en récompense le roi de France en a davantage. On compte actuellement trois cent vingt cinq mille hommes, y compris les invalides : ce sont trois cent mille chiens de chasse qu'on a peine à retenir ; ils jappent, ils crient, ils se débattent, et cassent leurs laisses pour courir sus aux Anglais, et à leurs pesants serviteurs les Hollandais. Toute la nation, en vérité, montre une ardeur incroyable iv. Heureusement encore votre ami de Strasbourg v ne fera plus semblant de commander les armées, et l'empereur, appuyé de Votre Majesté et de la France, pourra bientôt donner des opéras à Munich vi.

 

Comme j'ai osé faire force questions à Votre Majesté, je lui ferai un petit conte, mais c'est en cas qu'elle ne le sache déjà.

 

Il y a quelques mois que Mlle Adélaïde, troisième fille du roi mon maître, ayant treize louis d'or dans sa poche, se releva pendant la nuit, s'habilla toute seule, et sortit de sa chambre. Sa gouvernante s'éveilla, lui demanda où elle allait. Elle lui avoua ingénument qu'elle avait ordonné à un palefrenier de lui tenir deux chevaux prêts pour aller commander l'armée et secourir l'empereur ; mais si elle apprend que Votre Majesté s'en mêle, elle dormira tranquillement désormais.

 

Au moment où j'ai l'honneur d'écrire à Votre Majesté, nos troupes sont en marche pour aller prendre le Vieux-Brisach vii. A l'égard des troupes de comédiens, j'apprends une singulière anecdote dans cette ville de Lille ; c'est que, tandis qu'elle fut assiégée par le duc de Malborough, on y joua la comédie tous les jours, et que les comédiens y gagnèrent cent mille francs. Avouez, Sire, que voilà une nation née pour le plaisir et pour la guerre.

 

Titus prie toujours Votre Majesté pour ce pauvre Courtils qui est à Spandau sans nez viii.

 

Je suis pour jamais aux pieds de Votre Humanité, etc. »

 

i Il s'agit du tambour dit recouvert de la peau de Jan Zizka, héros hussite de la fin du XIVè siècle; Frédéric confirmera, le 4 décembre, l'avoir rapporté de Bohème.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jan_%C5%BDi%C5%BEka

 

ii C'est l'arc de Valasca, ancienne souveraine païenne du comté de Glatz, redoutée pour ses sorcelleries. Le 24 octobre la Spenersche Zeitung signale que le tambour et l'arc sont arrivés à Glatz et portés au cabinet royal de curiosités.

Ici, page 369, il est question de cotte de maille de Valasca : http://books.google.be/books?id=qLl3sOhNChQC&pg=PA369...

 

iii Cf. lettre à Maupertuis du 16 octobre.

 

iv V* parle de la puissance militaire de la France à Frédéric qui en doute, ce qui fait partie de la mission diplomatique que V* veut assumer. Le a décembre, Frédéric répondra : « Vous voilà plus enthousiasmé que jamais de quinze cents gâteux de Français qui se sont placés sur une ile du Rhin et d'où ils n'ont pas le cœur de sortir. »

 

v Broglie qui fut relevé de ses fonctions en juillet 1742 . Cf. lettre à Frédéric du 26 mai 1742 où V* évoque le passage de Frédéric à Strasbourg en 1740 sous le nom de comte du Four.

 

vi Charles VII reprit Munich le 22 novembre.

 

vii Cédé en 1714.

 

viii Ce gentilhomme avait déserté et répondu insolemment à Frédéric-Guillaume qui lui fit couper le nez et les oreilles et envoya à Spandau en 1730. V* raconte l'histoire de ce gentilhomme dans ses Mémoires et demandera sa grâce en octobre 1743. Frédéric consentit à adoucir son sort et finit par gracier Courtils qui ne sortit de Spandau qu'en 1749 cependant.

15/11/2010

la colique , les lettres, les Russes et les arbres prennent tout mon temps

Colique ! petit délire ! ah , qu'en termes galants ces choses-là sont dites :

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Les lettres : inspiration plus romantique , bien que réaliste :

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Les Russes veulent-ils la guerre ? Niet !?

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Les arbres

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« A Jean-Antoine-Noé Polier de Bottens

premier pasteur à Lausanne.i

 

[vers le 15 novembre 1757]

 

Quand je suis voisin du naufrage

Je dois en affrontant l'orage

Penser, vivre et mourir en roi.

 

[Vo]ilà les derniers vers que la lettre du roi de Prusse [m']écrivit avant la bataille ii, il a pensé, il a agi en roi et il n'est pas mort. M. de Correvon iii me demandait ces trois derniers vers. Je lui ai écrit avant de savoir ce qu'il m'ordonnait. Je vous prie, mon cher ami, de lui communiquer ces trois lignes qu'il demande et que la journée du 5 rend si belles. Je n'ai pas un moment à moi dans ma retraite ; la colique , les lettres, les Russes iv et les arbres prennent tout mon temps. On me parle toujours des quatre Russes qu'il faut élever à la brochette v; mais ils sont aussi lents qu'Apraxin vi. Le diable est en Allemagne. La paix soit parmi vous.

 

Vale et ama tuum.

 

V.

 

P.S.- Si vous avez Palavicin vii voyez, je vous prie, s'il dit qu'en 1551 Philippe depuis devenu roi d'Espagne, passa à Trente, que les pères du Concile lui donnèrent un bal, lequel fut ouvert par le cardinal de Mantoue Léges viii. Dansez donc , vous autres pauvres diables. »

 

 

i http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-No%C3%A9_de_Polier_d...

Auteur entre autres de l'article Messie dans l'Encyclopédie : cf cet article dans : http://sites.univ-provence.fr/pictura/Voltaire/VoltaireGe...

 

ii Le 8 octobre avant la bataille de Rossbach où il fut vainqueur le 5 novembre.

iii Gabriel Seigneux de Correvon qui traduisit Usong, histoire orientale de Albrecht von Haller : http://books.google.fr/books?id=UYhaAAAAQAAJ&printsec...

Il écrivit : Voeux de l'Europe pour la paix : http://www.priceminister.com/offer/buy/79671964/seigneux-...

http://books.google.fr/books?id=VTP5gnTcr6cC&printsec...

Voir « les érudits » : http://www.culturactif.ch/revues/espaceseptembreoctobre20...

Et surtout : Essai sur l'usage, l'abus et les inconvénients de la torture : http://books.google.fr/books?id=pFc7AAAAcAAJ&printsec...

 

iv Son Histoire de Russie.

v « Élever à la brochette » = élever avec beaucoup de soin et d'application (dict. De Trévoux, 1752), la brochette étant un petit bâton utilisé pour donner la becquées aux petits oiseaux ; il s'agit ici sans doute des jeunes Russes dont parle V* dans sa lettre du 7 août à Schouvalov.

viLe maréchal Stepan Fédorovitch Apraksin après avoir battu les Prussiens le 30 août à Gross-Jaegersdorf , n'a pas exploité sa victoire.

vii Sforza Pallavicino auteur de Istoria del consilio di Trento, 1656-1657, page 15, chap. XI.

http://en.wikipedia.org/wiki/Pietro_Sforza_Pallavicino

http://fr.wikipedia.org/wiki/Francesco_Maria_Sforza_Palla...

 

viii Voltaire s'appuie sur les textes de Pallaviciono et Fra Paolo Sarpi pour discuter de ces questions particulières du concile de Trente dans un chapitre ajouté à l'Essai sur les mœurs.

Voir : http://www.voltaire-integral.com/Html/12/06ESS175.html#172

 

14/11/2010

Je vous demande en grâce d'employer le vert et le sec, et toute votre industrie pour vous informer de la vérité

 http://www.deezer.com/listen-4536672 : We named it justice ! Yeah man !! ça faisait une éternité que je n'avais plus écouté Art Blakey . Bon décollage à vous aussi ...

En ce temps là : http://www.deezer.com/listen-2291841 : cool, cool , à danser collé-serré  ...

 http://www.deezer.com/listen-2291868 : Somebody loves me : ce que j'aime à penser ...

They can't take that away from me : http://www.deezer.com/listen-2291867

and, I Only have eyes for you : http://www.deezer.com/listen-2291853

et je me sens Blue and sentimental : http://www.deezer.com/listen-2291844

http://www.deezer.com/listen-2291835 : so, Wrap your troubles in dreams ... ce que je vais faire aussi dès l'enregistrement de cette page .

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 Claude-Louis comte de Saint Germain , dont le nom m'a inspiré pour l'illustration musicale .

 http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://i47.servimg.com...

 

 

 

 

« A Joseph Vasselier i


A Ferney 13è novembre 1775

 

Je recommande à vos bontés, mon cher ami, les incluses, toujours timbrées de Lyon.

 

J'ai une étrange prière à vous faire. Il y a dans Lyon un ex-jésuite nommé Fessy, dont le père (qui s'appelait originairement M. Fesse, banquier dans votre ville) changea son nom en Fessy, dès que son fils fut jésuite ii.

 

Ce M. Fessy, homme d'environ soixante et dix ans, demeure à Lyon, chez sa sœur qui s'appelle Mlle Meinard.

 

Il s'agit de savoir de ce Fessy s'il est vrai que cet ex-jésuite ait eu autrefois l'avantage d'être le camarade de ce brave officier, M. de Saint-Germain, devenu aujourd'hui ministre de la Guerre avec l'applaudissement de toute la France ; père Adam soutient qu'en effet M. de Saint-Germain, dans sa grande jeunesse, se fit jésuite, et régenta les basses classes avec père Fessy à Dôle en Franche-Comté.

 

Je vous demande en grâce d'employer le vert et le sec, et toute votre industrie pour vous informer de la vérité ou de la fausseté de cette anecdote iii. Vous trouverez aisément dans Lyon l'ex-jésuite Fessy. Je vous demande bien pardon ; mais la chose mérite assurément votre curiosité.

 

Je mets encore aujourd'hui sous votre protection une petite boîte iv pour Dijon.

 

Adieu, mon cher ami, je suis toujours dans un triste état.

 

V. »

 

ii Inexact, il se nommait bien Fessy.

 

iii Le 24 novembre, V* écrit à Vasselier un billet ne comprenant que : « Je le crois jésuite, / Je le crois jésuite. »

Le 29 novembre, à Mme de Saint Julien : « ... il est très vrai, très constant qu'on [Saint Germain] a été jésuite cinq ans en comptant deux années de noviciat. On en est sorti en 1730... » Le même jour un billet à Vasselier fait penser que c'est de lui que V* tient la confirmation.

Le 11 janvier 1776,à Thibouville, V* parlera d'une « pasquinade intitulée Entretien du père Adam et du père Saint-Germain » qui « court dans Paris » Saint Germain a effectivement commencé par enseigner chez les jésuites.

Cf. lettre 84 page 116 et lettre 108 page 154 de http://books.google.fr/books?id=alATAAAAQAAJ&pg=PA155...

 

 

iv Des montres de la manufacture de Ferney. Cf. http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.deo-erexit-...

 

13/11/2010

Je deviens plus insolent à mesure que j'avance en âge . La canaille dira que je suis un insolent vieillard.

 Loin de Lully de Rameau et de Gluck, mais bon, chaque siècle a la musique qu'il mérite :

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Insolent, soit !

Vieillard ? A voir !

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http://www.deezer.com/listen-4454309 : voyez donc ce vieillard .

Mon préféré : Le petit vieillard qui chantait mal : http://www.deezer.com/listen-3832989

 

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« A Jean Le Rond d'Alembert

 

13è novembre 1772

 

Mon cher et grand philosophe, mon véritable ami, j'ai reçu par une voie détournée, une lettre que je n'ai pas cru d'abord être de vous, parce que voici la saison où je perds la vue selon mon usage. Je ne savais pas d'ailleurs que vous fussiez l'ami de Madame de Geoffrin. Je vous en félicite tous deux. Mais mettez dorénavant un D au bas de vos lettres, car il y a quelques écritures qui ressemblent un peu à la vôtre, et qui pourraient me tromper. Il est vrai que personne ne vous ressemble, mais n'importe, mettez toujours un D.

 

Pour vous satisfaire sur votre lettre vous et Mme de Geoffrin, il faut d'abord vous dire que je brochai il y a un an Les Lois de Minos i, que vous verrez siffler incessamment. Dans ces Lois de Minos le roi Teucer dit au sénateur Mérione :

Il faut changer de lois, il faut avoir un maître.

Le sénateur lui répond :

Je vous offre mon bras, mes trésors et mon sang,

Mais si vous abusez de ce suprême rang,

Pour fouler à vos pieds les lois de la patrie,

Je la défends, Seigneur, au péril de ma vie.

Etc.

 

C'était le roi de Pologne qui devait jouer ce rôle de Teucer, et il se trouve que c'est le roi de Suède qui l'a joué ii.

 

Quoi qu'il arrive, je me trouve d'accord avec madame de Geoffrin dans son attachement pour le roi de Pologne, et dans son estime pour M. le comte d'Hessinsten iii. Mais je l'avertis que Mérione n'est qu'un petit fanatique et qu'il n'a pas la noblesse d'âme de son Suédois. J'admire Gustave III, et j'aime surtout passionnément sa renonciation solennelle au pouvoir arbitraire. Je n'estime pas moins la conduite noble et les sentiments que M. le comte d'Hessinsten. Le roi de Suède lui a rendu justice, la bonne compagnie de Paris, et les Welches mêmes la lui rendront. Pour moi je commence par la lui rendre très hardiment.

 

Je vous envoie, mon cher ami, l'Épitre à Horace. Cette copie est un peu griffonnée, mais c'est la plus correcte de toutes. Je deviens plus insolent à mesure que j'avance en âge iv. La canaille dira que je suis un insolent vieillard.

 

André Ganganelli a heureusement assez d'esprit pour ne point croire que la Lettre de l'abbé Pinzo soit de moi v; un sot pape l'aurait cru et m'aurait excommunié. On ne connait point cet abbé Pinzo à Rome . C'est apparemment quelque aventurier qui aura pris ce nom et qui aura forgé cette aventure pour attraper de l'argent aux philosophes. Il m'a passé quelquefois de pareils croquants par les mains.

 

Le roi de Prusse vient de m'envoyer un service de porcelaine de Berlin qui est fort au dessus de la porcelaine de Saxe et de Sèvres vi. Je crois que Dantzic en paiera la façon vii.

 

Adieu, vous verrez le beau tapage le jour des Lois de Minos. Il y a encore des gens qui croient que c'est l'ancien parlement qu'on joue viii. Il faut laisser dire le monde. Les Fréron et La Beaumelle auront beau jeu ix.

 

Bonsoir, madame Denis vous fait les plus tendres compliments ; faites les miens , je vous prie, à M. le marquis de Condorcet ; et surtout dites à Mme de Geoffrin combien je lui suis attaché. »

 

i On trouve le récit de la naissance de la pièce dans la lettre à d'Argental du 19 janvier 1772, écrite du 18 décembre 1771 au 12 janvier 1772.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/01/19/6...

http://www.voltaire-integral.com/Html/07/04MINOS.html

 

ii Il écrira à Frédéric le 8 décembre : « ... comme les confédérés de Crète ont quelque ressemblance avec ceux de Pologne, et encore plus avec ceux de Suède, je prendrai la liberté de mettre à vos pieds la soporative tragédie... » ; Gustave III de Suède a rétabli par un coup d'État, le 19 août, la prépondérance du pouvoir royal, limitant et délimitant les pouvoirs du sénat et de la diète ; il rétablit l'unité et fut un monarque éclairé , Cf. lettre à d'Alembert du 16 septembre.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/16/m...

et page 66 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5720930g.image.r=f%...

 

 

iii Frédéric-Guillaume de Hessenstein, 1735-1808, fils naturel de Frédéric de Suède et de Hedwig von Taube ; il écrira à Mme Geoffrin en la nommant « maman » ; ce paragraphe sera presque intégralement publié dans le Mercure de France de février 1773 à la demande du comte d'Hessenstein.

Voir page 67 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5720930g.image.r=f%...

 

 

iv Le 4 novembre il écrivit à Mme du Deffand à propos de cette Epître : « Le roi de Prusse sera peut-être mécontent que j'aie dit un mot à Horace de mes tracasseries de Berlin, dans le temps où il me fait mille agaceries et mille galanteries. Les dévots feront semblant d'être en colère de la manière honnête dont je parle de la mort. L'abbé Mably sera fâché »

A d'Argental, le 11 novembre : « Il faut se consoler et croire qui ni le roi de Prusse ni Ganganelli ni l'abbé Grizel ni l'avocat Marchand ne me persécuteront pour cette honnête plaisanterie. »

V* répond aussi dans cette Épître à la Réponse de Boileau de Clément (de Dijon, que V* nommait « Clément l'inclément ») qui est elle-même une réponse à l'Épitre à Boileau de V*.

http://www.theatre-classique.fr/pages/theorie/VOLTAIRE_EP...

 

v Voir lettre de d'Alembert du 16 septembre.

 

vi Le manuscrit porte « Sève ».

 

vii Dantzig, ville libre n'était pas comprise dans le partage de la Pologne en faveur de Frédéric.

 

viii Condorcet écrira le 22 novembre à Turgot : « On va bientôt jouer Les Lois de Minos ; c'est, dit-on, l'apologie de M. le chancelier. Il est vrai que Minos chasse les hypocrites et les fanatiques qui faisaient des sacrifices de sang humain, et que les gens chassés par M. Maupéou ont bien quelque chose d'approchant à se reprocher. »

 

ix V* parlera le 2 décembre de « la cabale fréronique et beaumellique qui prépare, dit-on, ses batteries avec tout l'art de la guerre. »

12/11/2010

si vous protégez quelque petit jurisconsulte qui ait de l'esprit, qui ne soit pas fâché de gagner cent louis d'or, et qui aime à dire hardiment la vérité

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Je suis sans doute encore influencé par la fête de l'Armistice 14-18, c'est mon côté "poilu" ou velu (vous choisirez à l'occasion ! ) qui se manifeste . Petit saut vers une période où mon père avait des culottes courtes et ma mère de longs cheveux ondulés :

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 Et pour Mam'zelle Wagnière, un petit clin d'oeil amical:

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Félicité :

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« Au chevalier François-Jean de Chastellux i

 

12è novembre 1777

 

J'ai donc l'honneur, Monsieur, de vous envoyer mon petit programme suisse ii. Si vous connaissez, et si vous protégez quelque petit jurisconsulte qui ait de l'esprit, qui ne soit pas fâché de gagner cent louis d'or, et qui aime à dire hardiment la vérité, vous contribuerez peut-être à faire changer nos lois ; vous aurez travaillé de toutes façons à la félicité publique iii.

 

Il y a un endroit dans lequel je ne parais pas assez respecter le sentiment de M. le chancelier d'Aguessau. Je vous demande pardon si j'ai tort, mais je compte sur votre suffrage si j'ai raison. C'est dans le chapitre affreux de la torture iv.

 

Vous daignez me parler d'ouvrages d'un autre genre qui ne conviennent pas plus à un homme de quatre-vingt-quatre ans que la correction du Code criminel ne convient à un poète. Mais nous marions à Ferney M. de Villette v. Nous avons voulu célébrer sa conversion par quelques amusements. Les folies de notre petit théâtre ont percé  jusqu'à Paris. Ce sont des amusements de campagne vi qui ne sont pas dignes assurément d'être connus à la ville vii.

 

Si jamais vous avez quelques ordres à me donner, je vous supplie de vouloir bien mettre un C et un S à la fin de votre lettre ; car votre écriture étant semblable à celle d'un homme qui m'écrit quelquefois et qui ne vous ressemble pas, j'ai été sur le point de faire une grosse bévue.

 

Conservez vos bontés, Monsieur, pour le vieux malade qui vous sera bien respectueusement dévoué jusqu'au dernier moment de sa vie.

 

V. »

 

ii La Société économique de Berne, dont V* fait partie, veut réformer le Code et offre un prix ; V* propose un plan à ceux qui concourent pour ce prix ; c'est le Prix de la justice et de l'humanité.

http://www.arche-editeur.com/arche.php?page=fick&num=390

http://books.google.fr/books?id=MTQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&dq=Prix+de+la+justice+et+de+l%27humanit%C3%A9&source=bl&ots=goZstcnr8j&sig=kazxf8skFkcHX9z4Zcbqpum2yTc&hl=fr&ei=_hLcTICLOoPOhAfHo7jPAg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBcQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false

Cf. lettre à Catherine II du 28 octobre et du 16 juillet à Frédéric de Hesse.

 

iii Allusion à l'ouvrage de Chastellux De la félicité publique dont V* fit un compte-rendu et fut à l'origine d'une polémique sur L'Esprit des lois de Montesqieu ; cf. lettre à Chastellux le 7 juin 1777.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k405727p.pdf

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4057282.pdf

 

iv Chapitre XXIV , page 103 du Prix de la justice .

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5705868k.image.r=Pr...

 

Chastellux descendait de d'Aguessau par sa mère .

 

v Ce même jour est signé le contrat de mariage. Cf. Lettre à Beaulieu de Barneville du 9 .

vi Irène qu' « on jouera derrière des paravents au coin du feu » pour « l'essayer » écrit-il vers le 10 à Thibouville.

 

vii Cf. lettre à d'Argental du 25 octobre.

11/11/2010

Il ne convient ni à ma qualité d'étranger, ni à ma situation, ni à mon goût, d'entrer dans ces querelles

Pour un 11 novembre, remontons le temps : L'Etranger , de Damia :

http://www.youtube.com/watch?v=XBCFmWmB9YE

Selon Camus :

http://www.youtube.com/watch?v=fF7X_fHExP0

Baldé :

http://www.youtube.com/watch?v=qBdZmO6gTnY&feature=fvst

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

13 novembre 1765

 

Le petit ex-jésuite i, mes anges, est toujours très docile, mais il se défie de ses forces ; il ne voit pas jour à donner une passion bien tendre et bien vive à un triumvir ; il dit que cela est aussi difficile que de faire parler un lieutenant criminel en madrigaux.

 

Permettez-moi de ne point me rendre encore sur l'article des filles de Genève ii. Non seulement la loi du couvent n'est pas que les filles seront cloitrées dans la ville, mais la loi est toute contraire. Les choses sont rarement comme elles paraissent de loin. Le cardinal de Fleury iii regardait les derniers troubles de Genève comme une sédition des halles. M. de Lautrec iv arriva plein de cette idée, il fut bien étonné quand il apprit que le pouvoir souverain réside dans l'assemblée des citoyens ; que le Petit conseil avait excédé son pouvoir, et que le peuple avait marqué une modération inouïe jusqu'au milieu même d'un combat où il y avait eu du sang répandu.

 

Rousseau n'est plus en Suisse, il est à Potsdam v, ainsi on ne peut plus soupçonner les citoyens de Genève d'être conduits par lui. Les mécontentements réciproques entre les citoyens et le Conseil subsistent toujours. Il ne convient ni à ma qualité d'étranger, ni à ma situation, ni à mon goût, d'entrer dans ces querelles. Je dois comme bon voisin les exhorter tous à la paix quand ils viennent chez moi, c'est à quoi je me borne.

 

On vient malheureusement de m'adresser une fort mauvaise ode, suivie d'une histoire des troubles de Genève jusqu'au temps présent vi. Cette histoire vaut bien mieux que l'ode, et plus elle est bien faite, plus je parais compromis par un parti qui veut s'attacher à moi. Cet ouvrage doit d'autant plus alarmer le Petit conseil, que nous sommes précisément dans le temps des élections. J'ai sur le champ écrit la lettre ci-jointe à l'un des Tronchin qui est conseiller d'État vii. Je veux qu'au moins cette lettre me lave de tout soupçon d'esprit de parti, je veux apparaitre impartial comme je suis.

 

Je vous supplie, mes divins anges, de bien garder ma lettre, et de vouloir bien même la montrer à M. le duc de Praslin en cas de besoin, afin que je ne perde pas tout le fruit de ma sagesse.

 

Si je tiens la balance égale entre les citoyens et le Conseil de Genève, il n'en est pas ainsi des querelles de votre parlement et de votre clergé. Je me déclare net pour le parlement ; mais sans conséquence pour l'avenir, car je trouve fort mauvais qu'il fatigue le roi et le ministère pour des affaires de bibus viii, et je veux qu'il réserve toutes ses forces contre les usurpations ecclésiastiques, surtout contre les romainesix. Il m'a fallu en ressassant l'histoire relire la Constitution x; je ne crois pas qu'on ait jamais forgé une pièce plus impertinente et plus absurde. Il faut être bien prêtre, bien welche, pour faire de cette arlequinade jésuitique et romaine, une loi de l'Église et de l'État. Ô Welches ! vous n'avez pas le sens d'une oie.

 

M.l'abbé le coadjuteur m'a envoyé son portrait xi. Je lui ai envoyé quelques rogatons qui me sont tombés sous la main ; je me flatte qu'on entendre parler de lui dans l'affaire des deux puissances et que ce Bellérophon écrasera la chimère du pouvoir sacerdotal qui n'est qu'un blasphème contre la raison, et même contre l'évangile.

 

J'ai chez moi un jésuite xii et un capucin xiii, mais par tous les dieux immortels ils ne sont pas les maîtres.

 

Respect et tendresse.

 

V.

 

N.B.- Ou que M. de Pralin garde sa place, ou qu'il la donne à M. de Chauvelin. Voilà mon dernier mot. "

 

ii Les filles qu'on empêche d'aller en Russie ; cf. lettre du 14 octobre .

L'impératrice «daignait faire venir quelques femmes de genève pour montrer à lire et à coudre à de jeunes filles de Pétersbourg, que le Conseil de Genève a été  assez fou et assez tyrannique pour empêcher des citoyennes libres d'aller où il leur plaît et assez insolent pour faire sortir de la ville un seigneur envoyé par cette souveraine . » (Bülow).

iii Voir et son action dans ces évènements : Cf. lien de la note iv suivante.

 iv Il fut ambassadeur extraordinaire à Genève du 18 octobre 1737 au 21 juin 1738. Sa médiation aboutit à une promulgation d'un édit ,qui mis fin à un conflit de cinq ans, le 8 mai 1738.

v En réalité à Strasbourg, d'où il partit vers Paris puis l'Angleterre.

vi Jean-Antoine Comparet : La Vérité, Ode à M. de Voltaire, suivie d'une dissertation historique et critique sur le gouvernement de Genève et ses révolutions, 1765. C'est un ouvrage « en faveur des représentants » dédiée à V* ; le Conseil de Genève le condamna au feu après avoir pris soin de faire consulter V*.

vii Jacob Tronchin . V* y propose « d'offrir un repas où (les deux partis) pourraient s'entendre. » et « que  deux de vos magistrats des plus conciliants me fissent l'honneur de venir dîner à Ferney, et qu'ils trouvassent bon que deux des plus sages citoyens s'y rencontrassent . On pourrait ... inviter un avocat en qui les deux partis auraient confiance. »

Les élections évoquées sont celles du procureur général et du lieutenant de police.

viii Choses de peu de valeur, de peu d'importance.

ix Le 24 novembre : « On a, ce me semble, trop fatigué le roi et le ministère par des expressions pleines d'aigreur. On a hasardé de perdre jusqu'aux libertés de l'Eglise anglicane dont tous les parlements ont toujours été si justement et si invariablement les défenseurs. Cela fait de la peine à un pauvre historien qui aime sa patrie... »

x La Constitution Unigenitus.

xii Le père Adam.

xiii Bastian, capucin de Chambéry, « persécuté » et pour qui V* demande la protection de Fabry, le 7 octobre : il « était venu demander ... un asile aux domestiques (ceux de V*)... Il se plaignait d'avoir été fouetté trois fois par semaine, pendant seize mois, avec une discipline de fer. » Le provincial a averti qu'il pourrait le faire saisir ; « ...s'il était repris, il serait enfermé nu dans un cachot, et chargé de chaînes. »

10/11/2010

un quakre de Lyon, un quakre baptisé ! Quelle misère !

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« A Gabriel Cramer

 

[vers le 12 novembre 1763]

 

Caro, vous allez donc être auditeur 1; mais vous ne serez pas lecteur de Lefranc de Pompignan instruisant pastoralement son peuple du Puy-en-Velay 2. Vous faites une bonne œuvre d'imprimer la réponse du quakre 3. Ce quakre-là vaut mieux que celui que le professeur nous a amené 4! C'était un quakre de Lyon, un quakre baptisé ! Quelle misère !

 

Vale Caro. »


1 Au Conseil de Genève.

Voir page 120, lettre 135 : http://books.google.be/books?id=bp0DOrSvtd8C&pg=PA120...

 

2 Cf. lettre du 4 novembre à Damilaville.

 http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/04/l...

3 Lettre d'un quakre à Jean-Georges Lefranc de Pompignan ..., 1763.

http://www.voltaire-integral.com/Html/25/03_Quaker1.html...

 

4 Claude Gay venu d'Angleterre pour prêcher ; voir la lettre du 9 décembre à Végobre, pour les ennuis suscités à V*.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/06/p...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Gay_(quaker)

http://bibliotheq.net/voltaire-et-les-genevois/iii?page=3...