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12/09/2013

La déroute, la consternation, le découragement

... N'ont pas été des freins dans la vie qu'a menée Albert Jacquard qui dit : «Etre conscient que demain existera et que je peux avoir une influence sur lui est le propre de l'homme» . Et il a été homme, actif , tourné vers le futur .

En cela il est du même bois que Voltaire et digne de la même admiration, et , ce qui lui plairait davantage encore, oeuvrer encore et toujours pour améliorer le sort de nos contemporains démunis .

http://www.leparisien.fr/societe/le-geneticien-engage-albert-jacquard-est-mort-12-09-2013-3130743.php

 

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« A Marie-Louise Denis

4 juillet [1758] , Morat

[…] Toujours mouillés et grelottant de froid au mois de juillet [...] »

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

12 juillet [1758], Schelestad, en passant

Après avoir revu tous nos amis de Colmar, ma chère enfant, après avoir eu une indigestion de chevreuil chez le premier président, après avoir guéri mon postillon avec du quinquina et ma jument avec du vin, toujours voyageant en tortue […] j'ai le plaisir de vous écrire dès que je suis seul . Ma chère enfant, je crains de n'être pas assez heureux pour acquérir Champignelle . L'abbé de Munster m'a dit qu'elle est bâtie comme Saverne […] à Strasbourg , j'arrive à Strasbourg, il était l'heure de diner . J'ai débarqué chez monsieur l'intendant . La première nouvelle qu'il m'a dite c'est que l’Électeur palatin vient de perdre Düsseldorf […] , les Hanovriens l'ont prise . Le voilà bien payé d'avoir pris notre parti . La déroute, la consternation, le découragement sont inexprimables . On n'a jamais essuyé tant de honte […] Arrivé chez M. de Turkeim, je reçois ma chère enfant, vos lettres du 4, du 5 et du 7 . Dieu soit béni de tout, vous allez avoir la comtesse de Bentinck à nos petites Délices [...] »

 

 

 

 

 

11/09/2013

Une belle terre à gouverner est une chose très amusante

... Et je sens bien que Dieu s'applique à travailler en s'amusant, tout comme il l'a encore récemment soufflé au ministre de l'éducation pour cette fameuse réforme des rythmes et programmes scolaires .

Je sens bien aussi que le résultat sera identique à celui que l'on voit dans le bordel ambiant qui régit ce monde, ce globule comme dit Voltaire .

Tiens, à propos de globule(s), n'oubliez pas de donner quelques uns des vôtres pour sauver quelques vies et être utiles et heureux à coup sûr .

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« A Marie-Louise Denis 1

2 juillet [1758] , Lausanne

Je vous assure que je suis plus affligé que vous . Mais , ma chère enfant, vous savez que ce voyage à Manheim est un devoir qu'il fallait remplir . Soyez sûre que ce sera de tous les devoirs le plus promptement dépêché et que je reviendrai bientôt au seul devoir de mon cœur . Nous avons voyagé par le déluge des Délices à Lausanne , il pleuvait dans la berline à peu près comme dans le grand chemin . Je soupai hier chez M. d'Hermenches avec tous les Chandieux, le marquis de Gentil n'y étais pas , il paraît qu'on le boude . Il est vrai que Mme de Bentinck a envoyé à Montriond Mlle de Donop, parente du général de Donop que vous avez vu […] Je pars demain lundi à Morat […] Si j'ai de la santé je ne m'arrêterai nulle part […] Il me semble que je ne marche que comme moitié de coq 2: j'ai laissé l'autre moitié et la meilleure aux Délices […] Tout le monde s'est empressé à demander de vos nouvelles, tout le monde vous fait des compliments, je fais les miens à votre sœur, à son fils, à M. de Florian 3 […] Ayez surtout grand soin de votre santé, promenez-vous quelquefois dans les allées que j'ai plantées . J'ai quelque envie que vous vous promeniez aussi dans celles de Champignelle 4 et de vous voir dame du château avec votre aumônier . Une belle terre à gouverner est une chose très amusante et si vous pouvez aimer cette vie qui est la plus naturelle, la plus tranquille et le plus saine, je serai le plus heureux des hommes . Paris n'est bon qu'à vingt-cinq ans […] Je ne songe à présent qu'à me rapprocher de vous […] »

1 Extraits empruntés au catalogue de la vente Cornuau (Paris, 21 février 1936).

2 Allusion à un conte populaire dont le héros est ainsi nommé . Voir à ce propos : http://lsj.hautetfort.com/archive/2009/05/27/le-trou-du-cul-du-coq.html

3 Le catalogue de vente donnait : Fleuriau  , et sans doute a confondu avec Claret de Fleurieu, secrétaire de l'Académie de Lyon, père du comte de Fleurieu, ministre de la marine sous Louis XVI. .

4 Sur cette propriété voir le lettre du 12 juillet 1758 à Mme Denis où V* dit ne pouvoir acquérir cette propriété qu'il dit « bâtie comme Saverne »

 

10/09/2013

il possède 500 000 francs disponibles pour l'achat d'une propriété en Lorraine

... Mais qui peut de nos jours avoir 500000 francs, si ce n'est soit un Suisse, soit un Africain ; le  premier aurait donc une coquette somme quand le second n'aurait que des clopinettes en francs CFA .

Ah ! cher franc, franc cher, franc qui est gravé recto-verso et frappé dans nos mémoires et reste une référence pour qui veut se rendre compte de l'augmentation de la cherté de nos biens meubles, immeubles et comestibles .

Ah ! qu'il est flatteur et invite à dépenser, notre bel Euro .

, ce sigle évoque pour moi deux pinces de crabe, le crabe étant l'avide banquier doublé du fisc insatiable qui déchiquètent sans trève nos porte-monnaie .

 

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« A Stanislas Leszczynski, roi de Pologne

[vers le 1er juillet 1758]

[Lui fit savoir qu'il possède 500 000 francs disponibles pour l'achat d'une propriété en Lorraine, pour lui permettre de mourir près de son Marc-Aurèle.] 1

1 Ce résumé est basé sur Bettinelli (Saverio Bettinelli, jésuite italien écrivain : voir :http://en.wikipedia.org/wiki/Saverio_Bettinelli) qui a entendu le roi commenter la lettre de V* : il aimerait avoir de nouveau V* à sa cour si seulement il voulait être sensé, mais il ne lui fait pas confiance, il sait V* désireux d'ouvrir la voie à son retour en France, ce pourquoi il a parlé religion à Menoux (voir lettre du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/10/mes-sentiments-de-religion-qui-n-abandonnent-jamais-un-homme.html ) .

Tout ceci est confirmé et approximativement daté par une lettre de Jacques Pineau de Lucé (intendant de la généralité de Strasbourg de 1753 - 1764 Jacques Pineau de Lucé ( -1764) seigneur de Viennay président au Grand Conseil, maître des requêtes, intendant à Tours, intendant de Hainaut, puis conseiller d'État en 1761 ) à Bernis, du 15 juillet 1758 : « M. de Voltaire, monseigneur, est dans le dessein d'acquérir une terre en Lorraine et de venir s'y établir . Le roi de Pologne m'a fait l'honneur de m'en parler, et ce prince paraît assez disposé à le recevoir dans ses États, espérant qu'il s'y comportera avec sagesse et circonspection . Dans le cas où est Sa Majesté polonaise d'être presque entièrement privé de la vue, un homme tel que M. de Voltaire lui serait d'une grande ressource pour la distraire de l'ennui où sa situation la plonge souvent . Cependant elle ne lui accordera point la permission qu'il désire, qu’elle ne sache auparavant si le roi, son gendre, l'approuvera . Si vous me faites l'honneur, monseigneur,de me faire part des intentions de Sa Majesté à cet égard, je les ferai connaitre au roi de Pologne. »

 

09/09/2013

mes sentiments de religion qui n'abandonnent jamais un homme élevé chez vous

... Jésuites, me laissent cependant un reste de libre arbitre dont j'use pour ne confier le salut de mon âme à nul autre qu'à moi, sans intermédiaire, sans gourou, sans  embrouilles . Je ne me permettrai pas de nommer la foule de ceux qui ont fait leurs études en écoles religieuses et en sont (Dieu merci) sortis irreligieux convaincus , ce qui prouve quand même une bonne chose, la liberté de pensée y est encore présente, l'endoctrinement tenté mais limité . Je ne pense pas pouvoir en dire autant d'autres courants religieux à caractère sectaire et/ou purement dogmatique .

 

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Soyons laïcs que diable !

 

charte-de-la-laicite-dans-les-ecoles.jpg


 http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/09/07/fa...

 

 

« A Joseph de Menoux 1

 

[vers le 1er juillet 1758]

 

[…] Mon âge et mes sentiments de religion qui n'abandonnent jamais un homme élevé chez vous, me persuadent que je ne dois pas mourir sur les bords du lac de Genève [...]"

 

1Révérend père jésuite , né en 1695 à Besançon, confesseur du roi Stanislas, mourra en 1766 à Nancy, « le plus intrigant et le plus hardi prêtre » qu'il eut connu, selon V*; voir ses œuvres  : http://www.worldcat.org/identities/lccn-n2003-89578

Père Menoux : Page 153 : http://books.google.fr/books?id=evNRAAAAMAAJ&pg=PA153...

 

je vous remercie de votre fumier dont je fais plus de cas que des cours

... du rouble" pourrait être ma réponse au csar de tragi-comédie Poutine après son offre de bons offices .  Une certaine odeur de fumier en effet se dégage , et toute désagréable qu'elle puisse être pour des nez inexperts, elle est diantrement préférable à celle des gaz tueurs de Bachar al Assad .

Ce Jean-Foutre de Poutine est tout à fait/parfaitement/dégueulassement capable de planquer les armes chimiques de Brute armée Assassine pour mieux le fournir en armes "réglementaires" , j'y parierais jusqu'à mon dernier zloty .

Mais, si jamais, -et je crains bien que ça soit vrai,- les gaz ont été employés par les rebelles au régime, que toute aide à leur mouvement guerrier leur soit refusée , qu'ils disparaissent, à l'égal d'Assad, dans le  feu même qu'ils ont allumé . Mektoub !

 

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« A François Tronchin

conseiller d’État

[juin/juillet 1758]1

Eh bien Luc est donc battu ? Mais que nous importe ? Vivons heureux loin des rois . Mon cher ami je vous remercie de votre fumier dont je fais plus de cas que des cours .

Quand aurons-nous l'honneur de vous voir ?

Rendez-moi donc ma Femme qui a raison . Mille respects à votre respectable femme .

V. »

1 Pour fixer la date le facteur décisif est la référence à La Femme qui a raison, cette pièce n'étant publiée qu'en 1759, si elle l'avait déjà été V* n' aurait pas demandé qu'on lui renvoie le texte . On sait par ailleurs que cette pièce fut représentée à Carouge en juin-juillet 1758 et on peut penser que cette lettre a été écrite à cette occasion . En revanche la « défaite de Luc » fait partie des rumeurs et commentaires fréquents pendant la Guerre de Sept ans .

C'est vers cette époque que Charlotte de Constant écrit à son mari à Genève : « Tout est fort tranquille ici […] Il n'en est pas tout à fait de même aux Délices, il y a du grabuge entre les sœurs, n'en dites rien à personne, je ne voudrais pas que cela vint de moi d'autant plus que je ne sais rien de particulier. »

 

 

 

08/09/2013

On dit que les fonds de Paris baissent beaucoup . Dieu veuille que les Anglais ne les fassent pas baisser davantage

 ... Il ne manquerait plus que l'on demande au peuple français (en général) et parisien (en particulier) de participer à une collecte pour payer les couches du royal baby d'outre Manche, après que l'Union des Minables Perdants ait réussi à ponctionner 11 millions d'euros , excusez du peu .

 Je ne sais pas exactement si après celà Paris se retrouve à sec, mais je crois bien savoir qu'elle est déja sur le sable 

 

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« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

30 juin [1758] aux Délices

Mme du Boccage a retardé mon voyage 1. Je pars enfin, mon cher monsieur . Vous avez bien raison de penser qu'il ne faut attendre que du temps le bien qu'on pouvait espérer l'année passée . Le service que vous rendez au ministère et à la ville de Lyon , est plus prompt et plus sûr, et vous fait beaucoup d'honneur . Je ne pourrai prendre aucun intérêt sur Lyon . Il faut que je fournisse 80 ou 90 mille livres à notre ami Labat 2 dans quelque temps et probablement j'aurai dans un an 200 mille livres à payer 3 . Ainsi vous voyez qu'il restera bien peu de choses du fonds présent . On dit que les fonds de Paris baissent beaucoup . Dieu veuille que les Anglais ne les fassent pas baisser davantage . Je vous embrasse de tout mon cœur vous et M. Camp, et messieurs vos neveux . Mme Denis jouira du bonheur de vous voir et je lui porterai envie .

V. »

2 Cette phrase prouve que V* participait au prêt consenti au duché de Saxe-Gotha . En voici quelques détails : V* avançait la moitié des 131 000 livres de France prêtées ; voir aussi note de la lettre à Labat du 22 juin 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/01/il-faut-brievete-et-clarte-bonsoir-5153854.html

3 Pour l'achat d'une nouvelle demeure .

 

Je suis toujours émerveillé de la disette où vous êtes de gens à talent

... Chers, trop chers producteurs télévisuels . Emerveillé ? on n'aurait pu trouver un plus doux euphémisme .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

Conseiller d'honneur du parlement

rue de la Sourdière à Paris

30 juin [1758] aux Délices

Mon cher ange, quand j'allais partir pour Manheim, Mme du Boccage 1 est venue juger entre Genève et Rome 2, et j'ai retardé mon voyage. On a donné pour elle une représentation de La Femme qui a raison; elle en a été si contente qu'elle a voulu absolument vous l'apporter. J'ai obéi dès qu'elle m'a prononcé votre nom. Il est vrai que nous n'espérons, ni elle ni moi, que cette pièce soit aussi bien jouée à Paris qu'elle l'a été à Genève, à moins que ce ne soit Préville 3 qui fasse le principal rôle. Vous avez un La Thorillière 4 et un Bonneval 5 qui sont l'antipode du comique. Je suis toujours émerveillé de la disette où vous êtes de gens à talent. Je ne sais si la Femme qui a raison vaut quelque chose, et si l'on n'est pas plus difficile à Paris qu'à Genève. J'ignore surtout si on peut être plaisant à mon âge, c'est à vous à en décider, à donner la pièce si vous la jugez passable, et à la jeter au feu si vous la croyez mauvaise. Pour Fanime, nous la jouerons encore à Lausanne, s'il vous plaît; après quoi vous en serez le maître absolu, comme vous l'êtes de l'auteur. Je vais faire un voyage dont je n'ai pu me dispenser; et le seul voyage que je voudrais faire m'est interdit. Il est triste de courir chez des princes, et de ne pas voir son ami.

J'ai vu enfin les Sept Péchés mortels 6 de M. de Chauvelin c'est le plus aimable damné du monde. Je le remercie du huitième péché mortel qu'il veut faire, en disant à qui vous savez 7 combien je lui suis attaché, etc.

Je me flatte que Mme d'Argental est en bonne santé. Mes respects à tous les anges. Adieu, mon cher et respectable ami. Je me console toujours de mon voyage, en espérant une lettre de vous à mon retour.

V. »

1 Voir la lettre de Mme du Boccage à Mme du Perron du 8 juillet 1758 : page 464 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f467.image

3 Pierre-Louis Dubus surnommé Préville : http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7139

6 C'est un recueil de sept épigrammes en forme de quatrains sur les sept péchés capitaux personnifiés par sept femmes . Ils sont cités dans la Correspondance littéraire sous la date du 31 mai 1758 et dans l’ouvrage de Jean-Gabriel Abry : Notice sur le marquis de Chauvelin . Voir : http://satir18.univ-st-etienne.fr/texte/sept-p%C3%A9ch%C3%A9s-capitaux-galanterie/les-sept-p%C3%A9ch%C3%A9s-capitaux

et : http://www.leschroniquesdemichelb.com/2010/10/voltaire-contrebandier-annexe-2.html

Sur Chauvelin voir aussi : http://www.leschroniquesdemichelb.com/2010/10/voltaire-contrebandier-3eme-partie_07.html

7 L'abbé de Bernis .