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24/09/2013

Soyez sûr qu'ils vendront leur vaisselle d'argent plutôt que de ne pas payer

... Disent les Amis de Nicolas Sarkozy (et Carla ?) qui doit encore quelques sous (quelques fifrelins qui lui arrachent le coeur au moment de les lâcher ) que les membres de l'Union des Mauvais Payeurs se refusent (enfin) à rembourser pour leur leader maximo . Ô merveilleuse naïveté ou admirable mensonge, les deux étant monnaie courante (c'est d'actualité ), et me laissant froid .

 ... Itou ! disent les amis de Nanard L'Esbrouffe, et comment ne pas les croire, le Père Noël étant de la famille .

 ... OK ! disent les amis des évadés fiscaux , et là je ris jaune .

 

vaisselle d argent.jpg

 

« A Jean-Louis Labat, baron de Grandcour

A Schwessingen près de Manheim

26 juillet [1758]

Mon cher baron, Mme le duchesse de Saxe-Gotha me mande du 17 juillet 1 qu'on n'avait point encore de réponse à la lettre que son ministre vous avait écrite . Je ne doute pas qu'à présent on n'ait de vos nouvelles dans cette cour . Je suis sûr que vous avez déjà consommé cette petite négociation de la négoce . Rien n'est plus simple . Comptez qu'il ne faut qu'un billet signé du duc et de la duchesse . Soyez sûr qu'ils vendront leur vaisselle d'argent plutôt que de ne pas payer . Je réponds de tout . Jamais affaire n'a été plus sûre . Vous avez apparemment déjà pris 80 mille livres ou 90 mille sur mon compte . Je vous exhorte à finir cette affaire au plus tôt, ou pour mieux dire je vous en félicite .

Le Rhin et le Neckar sont débordés dans tout le Palatinat, la communication des villes interceptée, les biens de la terre perdus, l'armée jadis Clermont et les Hanovriens souffrent également . Dix mille Saxons que le roi avait pris à son service marchent de Strasbourg à travers les eaux pour aller renforcer et affamer nos troupes . Les Russes ont déjà fait des courses en Poméranie et en Silésie . Luc est très embarrassé . Mais tout le monde l'est aussi , on se ruine, et il ne résulte de tout cela que le malheur public . Ne m’oubliez jamais auprès de ces dames , de toute votre famille et du grand docteur . J'espère vous renouveler bientôt les sentiments qui vous attacheront toujours le Suisse

V. »

1 Lettre encore inconnue .

 

23/09/2013

Ma chère enfant, vous n'aimez point la Suisse

... Et je vous comprend, la Suisse n'est point faite pour les enfants, il leur faut être trop raisonnables , devenir de merveilleux coupeurs de cheveux en quatre , des donneurs de leçons à tous ceux qui  n'ont pas le bonheur d'être nés Suisses .

Etre propre en ordre ! voilà le leitmotiv ; surtout pas , au grand jamais , de ch'ni !

 Assez de grimaces ! Décolère !

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«  A Marie-Louise Denis

26 juillet [1758] Schwetzingen

Point de lettres de vous, cela est désespérant, cela est abominable . Je vous écris tous les jours et vous m'abandonnez . Qu'est-il donc arrivé ? seriez-vous malade ? mais on me l'aurait mandé . Il n'est pas naturel que j'aie reçu pour toute consolation une lettre unique de vous à Manheim […] Je ne vous ai jamais tant regrettée et je n'ai jamais été si en colère contre vous […] Ma chère enfant, vous n'aimez point la Suisse [...] »

 

Enfin les troupes légères des Russes sont entrées

... Nulle part fort heureusement,... et celles de France feraient bien de rester l'arme au pied, selon mon modeste avis . Il serait vraiment idiot de se faire coincer entre l'arbre Bachar el Assassin et l'écorce  révolutionnaire brûlante . Quant à L'ONU, que ses représentants, délégués et fonctionnaires se bougent un peu le derrière .

 Toutes griffes dehors, il faut tenir

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«  A Marie-Louise Denis

24 juillet [1758] Schwetzingen

Enfin les troupes légères des Russes sont entrées en Silésie . Mais le roi de Prusse rebrousse vers la Bohème avec beaucoup d'ordre […] Cette guerre n'a que trop l'air de durer encore longtemps . Voilà ma chère enfant pour les nouvelles publiques […] M. de La Galaisière 1 m'écrit au sujet de Fontenoy 2, toute la cour de Lorraine a grande envie de vous voir dame de cette terre [...] »

1  Antoine-Martin de Chaumont, marquis de La Galaisière, intendant d'Alsace à Strasbourg . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Martin_Chaumont_de_La_Galaizi%C3%A8re

2   Un domaine y tente V* par ses revenus potentiels  ; voir lettre du 19 juillet 1758 à Saint-Lambert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/20/etant-vieux-et-malingre-je-ne-peux-vivre-que-chez-moi-il-est.html

 

22/09/2013

Plus je vous aime et plus j'aime vos lettres

... Et ici j'attire votre attention sur l'ordre des amours , "vous" avant "vos" !

 

DSCF4583 j aime.png

 

 

« A Marie-Louise Denis

22 juillet [1758] Schwetzingen

Vous ne m'écrivez guère , ma chère habitante des Délices . S'il fait aux bords du lac le même temps qu'aux bords du Rhin, vous devez être changée en naïade . Je me suis avisé d’acheter ici des assiettes de porcelaine, un pot à oille, un déjeuner, une corbeille, un sucrier pour vous faire voir qu'on a un grand tort de proscrire la manufacture de Strasbourg […] Plus je vous aime et plus j'aime vos lettres [...] »

 

21/09/2013

me mettre à ses pieds, en cas que je ne l'incommode point

 ... Ce qui est l'exact pendant du redoutable travail des vendeuses de chaussures,... surtout en fin de journée .

 Chaudes effluves

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« A Caroline-Louise von Hessen-Darmstadt, margravine de Baden-Durlach 1

A Schwessingen 22 juillet [1758]

Madame, je n'ai pu avoir l'honneur de faire tenir plus tôt cette lettre 2 à votre Altesse Sérénissime, ni la remettre moi-même entre ses mains, étant parti longtemps après l'avoir reçue, et n’ayant pu passer par vos États . Permettez, madame, que j'aie l'honneur de l'envoyer aujourd'hui à votre Altesse sérénissime et que je lui demande en même temps la permission de venir la saluer et de me mettre à ses pieds, en cas que je ne l'incommode point et qu'elle veuille agréer l’envie que j'ai depuis longtemps de lui faire ma cour . J'attendrai , comme je le dois, ses ordres .

J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect

Madame

de votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre

du Roi Très Chrétien.

Je demande pardon de cacheter avec un chiffre, mais je n'ai point ici de cachet . »

 

 

2 En se basant sur la réponse de la margravine, il s'agissait d'une lettre de Constant d'Hermenches .

 

20/09/2013

étant vieux et malingre, je ne peux vivre que chez moi, il est fort insolent d'avoir deux chez-moi, et d'en vouloir un troisième

 ... Dieu merci [formule doublement consacrée !], j'ai la chance de ne pas correspondre à ce tableau quant à mon physique, et la malchance (?) de ne briguer ni un deuxième et encore moins un troisième logis .

Dans ce registre du cumul, il semble bien que nos sénateurs , en moyenne gens de sens rassis, surtout bien assis de surcroit, sont cumulards dans l'âme . Il est vrai que ça rapporte .

 Morale : faites le plein !

 DSCF4669 trois chez moi.JPG

 

«  A Jean-François de SAINT-LAMBERT

[19] juillet 1758 1

Mon cher Tibulle, votre lettre a ragaillardi le vieux Lucrèce. Je ne me pendrai absolument pas comme fit le bon philosophe, et j'ai la plus grande envie de vivre avec vous. Je suis pénétré des bontés de M. de Boufflers , et je voudrais l'en venir remercier. Voici mon cas je suis depuis quelques jours chez l'électeur palatin par reconnaissance, je lui suis attaché, tout souverain qu'il est, parce qu'il m'a fait un très-grand plaisir, et j'ai fait cent quarante lieues pour lui dire que je lui suis obligé. J'en ferais davantage pour votre cour, pour Mme de Boufflers 2 et pour vous.

J'ai toute ma famille dans un de mes ermitages nommé les Délices, auprès de Genève. Je suis devenu jardinier, vigneron et laboureur. Il faut que je fasse en petit ce que le roi de Pologne fait en grand; que je plante, déplante, et bâtisse des nids à rat quand il rêve des palais. Je déteste les villes, je ne puis vivre qu'à la campagne, et, étant vieux et malingre, je ne peux vivre que chez moi, il est fort insolent d'avoir deux chez-moi, et d'en vouloir un troisième; mais ce troisième m'approcherait de vous. J'ai très-bonne compagnie à Lausanne et à Genève mais vous êtes meilleure compagnie. Mes Délices n'ont que soixante arpents, coûtent fort cher, et ne me rapportent rien du tout, c'est d'ailleurs terre hérétique dans laquelle je me damne visiblement, et j'ai voulu me sauver avec la protection du roi de Pologne. Fontenoy m'a paru tout propre à faire mon salut, attendu qu'il me rapporte dix mille livres de rente et que j'enrage d'avoir des terres qui ne me rapportent rien. Je ne peux abandonner absolument mes Délices, qui sont, révérence parler, ce qu'il y a de plus joli au monde pour la situation. Craon est un beau nom; Fontenoy aussi, à cause de la bataille. Craon n'est-il pas une maison de plaisance, et puis c'est tout ? Il n'y a rien là à cultiver, à labourer et planter. J'ai une nièce qui joue Mérope et Alzire à merveille, toute grosse et courte qu'elle est, et qui, malgré le droit des gens de Puffendorf et de Grotius, a été traînée dans les boues à Francfort-sur-le-Main, en prison, au nom de Sa gracieuse Majesté le roi de Prusse et comme ce monarque ne fait rien pour elle, du moins jusqu'à présent, je me crois obligé, en conscience, de lui laisser une bonne terre, un bon fonds, un bien assuré voilà ce qui m'a fait penser à Fontenoy. Il n'y a plus qu'une petite difficulté, c'est de savoir si on vend cette terre. Quoi qu'il en soit, la tête me tourne de l'envie de vous revoir. Ma reconnaissance à Mme de Boufflers. Si vous voyez l'évêque de Toul 3, dites-lui que le bruit de ses sermons est venu jusque dans le pays de Calvin, et que ce bruit-là m'a converti tout net.

Avez-vous à Commercy M. de Tressan 4? C'est bien le meilleur et le plus aimable esprit qui soit en France; et M. Devaux, jadis Panpan 5, est-il aussi à Commercy? Conservez-moi un peu d'amitié. Comment va votre machine, jadis si frêle? Je suis un squelette de soixante-quatre ans, mais [avec] des sentiments vifs, tels que vous les inspirez.

Mandez-moi aux Délices près de Genève de quoi il est question, et raimez 6 un peu le Suisse Voltaire. »

1 Cette date n'est qu'approximative . Aux éditeurs de Kehl qui lui demandaient les lettres écrites par V*, Saint-Lambert répondit à Decroix : « J'ai beaucoup de regrets de ne pouvoir donner les lettres que ce grand homme m'a écrites, mais l'honnêtetté ne me permet pas de céder à l'envie d'obliger les éditeurs et à la vanité de publier le bien qu'il dit de moi ; elles ne paraitront jamais . » Pourtant quelques unes de ces letttres parurent uktérieurement sur le marché, dont quatre publiées par l'édition de Kehl . Pour la présente lettre, on dispose d'une copie contemeporaine .Beuchot la publia avec la date du 9 juillet, ce uqi n'est pas possible , V*n'arrivant chez l'Electeur que le 16 juillet et y étant « depuis quelques jours ».

2 Marie-Françoise-Catherine épouse de Louis-François de Boufflers : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Fran%C3%A7oise_Catherine_de_Beauvau-Craon

6 Raimer est-il un mot de Mme du Châtelet employé ici à dessein ? On le rencontre en effet dans une lettre d'elle du 2 mai 1743 et dans une autre du 29 mai 1743 .

 

19/09/2013

le roi de Pologne m'offre un logement dans celle de ses maisons que je voudrai choisir

... Et en échange je referai la plomberie car selon certains dires les plombiers polonais ont tous migré en France . Dois-je croire l'offre du roi ? Oui ? autant que la nouvelle de l'exil de ces chers artisans de l'est  (qui , entre parenthèses, travaillent réellement bien ) !

 

plombier polonais.jpg

 

 

« A Marie-Louise Denis 1

19 juillet [1758] Schwetzingen

Vous saurez d'abord, ma chère enfant, que M. de Beauvau et Mme de Boufflers m'offrent le château de Craon auprès de Lunéville,soit à louer, soit à vendre, que le roi de Pologne m'offre un logement dans celle de ses maisons que je voudrai choisir […] Je reçois dans ce moment une lettre de Mme la margrave de Bareith qui veut absolument que j'aille chez elle, autant en dit Mme la duchesse de Gotha . Ma chère enfant, j'irai bientôt aux Délices, voilà ma réponse [...] »

1 Extraits tirés du catalogue de la vente Cornuau, 21 février 1936 ; voir lettre du 2 juillet 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/11/une-belle-terre-a-gouverner-est-une-chose-tres-amusante-5163.html