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10/08/2016

On nous débite ainsi tous les jours mille fausses nouvelles, tant sur la paix que sur la guerre

... Mais il est un domaine réel où la France se débrouille actuellement au mieux, la vente d'armes ! Pas de modestes rapières ou autres FAMAS, mais de superbes hélicoptères hérissés de canons et roquettes, excusez du peu .

Si vis pacem para bellum ! et les vaches seront bien gardées ...

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et bizness is bizness , comme toujours !

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin Banquier

à Lyon

Ferney 2è septembre [1761]

Pardonnez, monsieur, si je vous importune encore pour une bagatelle . On me prie de m'informer si M. de Mongiraud, négociant à Lyon, a reçu l'avis d’une lettre de change de douze louis d'or, tirée sur lui par M. Caran de Paris, agent de M. Gayet, directeur de la diligence, pour fournir pareille somme à M. Poinsinet à Genève .

On nous débite ainsi tous les jours mille fausses nouvelles, tant sur la paix que sur la guerre; mais je n'aime point qu'on dise que les Anglais sont à Saint-Jean-de-Luz 1, parce que cela n'est que trop vraisemblable . J'ai bientôt mangé l'argent que vous m'avez envoyé . Mme Denis veut un beau théâtre, et moi une belle église ; nous irons à l'hôpital entre Jésus-Christ et Corneille .

Mille compliments .

V. »

1 La flotte anglaise en effet naviguait à l'aise dans le golfe de Gascogne .

 

09/08/2016

voilà O perdu

... Voltaire et Histoire d'O , qui l'eut cru !

Notre auteur, coquin à ses heures , l'aurait lue sans déplaisir je crois .

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NDLR - Infiniment plus prenante et attachante que l'insipide , sans style et frelaté "50 nuances de Grey"  

 

 

« A Gabriel Cramer

[août-septembre 1761]

Quoi j'aurai corrigé la feuille O ! je l'aurai proprement mise sur ma table . J'aurai dit à caro Gabriele, cher Gabriel prenez cela, et voilà O perdu . Renvoyez-moi un O car voilà P. Car je suis exact . Car j'ai écrit à Mme de Montferrat, et je vais écrire à M. Michaudière 1. »

1 Mme de Montferrat et La Michaudière souscrivirent chacun pour un exemplaire .

 

il n'y a pas grand profit à faire . C'est le sort de la plupart des livres

... Paroles de libraire . Mais que ça ne soit pas une raison pour ne plus en publier .

Il reste tout de même un commerce plus que florissant avec une clientèle captive , celle des élèves obligés d'acheter les livres, bons ou mauvais, dont de dignes (?!) enseignants font leur beurre . Et vive la révision des programmes dés/organisée régulièrement par ces êtres hautement et certainement désintéressés, sauf erreur de ma part .

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« A Etienne-Noël Damilaville

[vers le 31 août 1761]

J'ai reçu de mes frères les Recherches sur les théâtres de ce Beauchamp 1, et il n'y a pas grand profit à faire . C'est le sort de la plupart des livres . Il faudra tâcher que les commentaires de Corneille ne méritent pas qu'on en dise autant . »

 

Gex ressemble à Genève comme une botte de foin à un collier de perles

... Gex, mon pays natal, heureusement est beau comme une botte de foin ! et Genève triste comme des perles mortes . Voltaire  a exagéré ! alors moi aussi !

 Gex est une jolie petite sous-préfecture où il fait bon vivre, avec une vie associative très animée et un paysage magnifique .

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Beau comme une botte de foin , j'ai dit , persiste et signe !

 

 

« A Jean-Robert Tronchin Banquier

à Lyon

Vous nous avez renvoyé François en très bonne santé, monsieur, et tout le monde vous en remercie .

Voulez-vous que je vous consulte sur une petite affaire ? Le roi nous accorde, comme vous savez, quatre cents louis pour notre Corneille, et monsieur le contrôleur général m'a mandé qu'il me les donnerait en effets royaux . Mais quels effets royaux dois-je demander ? Ne connaissez-vous point quelque manière d'arranger cette affaire ? Vous êtes plus à portée que personne de me donner de bons avis, et je vous les demande .

Permettez-moi de vous demander un panier de vin de liqueur, attendu que nous allons avoir un peu de compagnie cet automne à Ferney .
M. le duc de Villars est fort content des Délices, et on commence à l'être sur sa santé . Notre petit pays s'embellit tous les jours mais il ne s'enrichit pas ; Gex ressemble à Genève comme une botte de foin à un collier de perles . Nous avons des comédiens auprès de Châtelaine, il n'y a que les Genevois qui viennent les entendre, parce qu'il n'y a qu'eux qui aient de l'argent . Adieu, mon cher monsieur, je cachette avec un petit pain, parce que je n'ai pas encore ma cire .

Ferney 31è august 1761. »

 

08/08/2016

Il faut toujours avoir raison ; et un particulier ne peut jamais s’en flatter

... Est-ce à dire que la majorité a toujours raison ? Ce serait trop beau ! Et l'Histoire, justement, prouve que non .

 

 

« A Charles Pinot Duclos

31 auguste 1761

J’ai reçu, monsieur, l’épître dédicatoire, la préface sur le Cid, et les remarques sur les Horaces. Je crois que l’Académie rend un très grand service à la littérature et à la nation, en daignant examiner un ouvrage qui a pour but l’honneur de la France et de Corneille. Voilà la véritable sanction que je demande ; elle consiste à m’instruire. Il faut toujours avoir raison ; et un particulier ne peut jamais s’en flatter. Je trouve toutes les notes sur mes observations très judicieuses. Il n’en coûte qu’un mot dans vos assemblées, et, sur ce mot, je me corrige sans difficultés et sans peine : c’est la seule façon de venir à bout de mon entreprise. Je remercie infiniment la compagnie, et je la conjure de continuer. Je lui envoie des choses un peu indigestes ; mais, sur ses avis, tout sera arrangé, soigné pour le fond et pour la forme ; et je ne ferai rien annoncer au public que quand j’aurai soumis au jugement de l’Académie les observations sur les principales pièces de Corneille. Plus cet ouvrage est attendu de tous les gens de lettres de l’Europe, plus je crois devoir me conduire avec précaution. Je ne prétends point avoir d’opinion à moi ; je dois être le secrétaire de ceux qui ont des lumières et du goût. Rien n’est plus capable de fixer notre langue, qui se parle à la vérité dans l’Europe, mais qui s’y corrompt. Le nom de Corneille et les bontés de l’Académie opéreront ce que je désire.

Quant aux honneurs qu’on rendait à ce grand homme, je sais bien qu’on battait des mains quelquefois quand il reparaissait après une absence : mais on en a fait autant à mademoiselle Camarjol 1. Je peux vous assurer que jamais il n’eut la considération qu’il devait avoir. J’ai vu, dans mon enfance, beaucoup de vieillards qui avaient vécu avec lui : mon père, dans sa jeunesse, avait fréquenté tous les gens de lettres de ce temps ; plusieurs venaient encore chez lui. Le bonhomme Marcassus 2, fils de l’auteur de l’Histoire grecque, avait été l’ami de Corneille. Il mourut chez mon père, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Je me souviens de tout ce qu’il nous contait, comme si je l’avais entendu hier. Soyez sûr que Corneille fut négligé de tout le monde, dans les dernières vingt années de sa vie. Il me semble que j’entends encore ces bons vieillards Marcassus, Réminiac, Tauvières, Regnier, gens aujourd’hui très inconnus, en parler avec indignation. Eh ! ne reconnaissez-vous pas là, messieurs, la nature humaine ? Le contraire serait un prodige.

C’est une raison de plus pour vous intéresser au monument que j’élève à sa gloire. Présentez, je vous prie, monsieur, mes remerciements et mes respects à la compagnie, etc.

N.b. que je prends la liberté d'envoyer des esquisses ; tout est fait ; je vous jure, à ce courant de plume, cela ne paraît pas fort respectueux , mais il faut avancer sa besogne, on corrige ensuite à loisir et à l'impression . »

 

07/08/2016

Je compte ne faire imprimer un programme que quand j'aurai eu les avis de l'Académie

... "Autant vous dire que ce n'est pas demain la veille du jour où vous pourrez le lire", aurait dit en aparté le candidat, plus people que jamais, Sarkozy ; l'opération séduction est commencée, prêt à toutes les manoeuvres pour être à nouveau le premier sur le trône, Bling Bling Ier nous la joue "plus aimable et plus compétent que moi, tu meurs !". Combien de gogos va-t-il attirer ? trop, à mon goût .

 

 

 

«  A François de Chennevières

Je vous renvoie mon cher ami, la lettre de M. de Boismont 1. Toute la réponse que je peux faire, c'est que l'exemplaire ne coûtera que deux louis, soit qu'on l'imprime en douze ou treize volumes in-8° soit qu'on le donne en huit ou neuf volumes in-4° . Je sais bien qu'il y aurait de la perte à ce prix sans les secours du roi, des princes, et des premiers du royaume . Pour moi qui ne suis point grand seigneur, mais qui m'intéresse vivement à cette entreprise, je souscris pour la valeur de cent exemplaires . J'ai déjà commenté Le Cid, Horace, Cinna, Pompée, Rodogune, Polyeucte, Théodore, Le Menteur, Héraclius . J'envoie mes observations à l'Académie, à mesure que je les fais .

Je profite des lumières de mes confrères, et avec cette précaution, j’espère que cet ouvrage servira à fixer la langue chez les étrangers 2; c'est un monument que j'ai élevé à la gloire de Corneille et de ma nation . Je ne suis pas étonné de l'intérêt que vous prenez à cette entreprise . Je compte ne faire imprimer un programme que quand j'aurai eu les avis de l'Académie sur les pièces que je commente . Le fardeau est un peu lourd, mais je le porte avec grand plaisir . Si j'avais plus de loisir, l’ouvrage irait plus vite . J'embrasse très tendrement mon cher ami, et la sœur du pot . Mme Denis en fait autant . 

Ferney 31è august 1761.»

1 Un M. de Boissemont apparaît dans la liste des souscripteurs du théâtre de Corneille .

Voir aussi : https://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2004-4-page-595.htm

2 V* paraît « fixiste » dans ses conceptions du monde, et plus particulièrement dans le domaine de la langue .

 

06/08/2016

Rien ne se fait sans un peu d'enthousiasme

... Qui permet de porter remède à la réflexion qui vient deux lignes plus loin !

Et je pense que Voltaire est un modèle enthousiasmant .

Lui qui serait un vif commentateur des Jeux olympiques et des exploits sportifs, lui qui contrairement à ce que beaucoup pensent n'était pas un intellectuel bureaucrate, mais un vif-argent de corps comme d'esprit . 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Ferney 31è august [1761] 1

On est un peu importun, on présente Pompée aux anges, accompagné d'une lettre à monsieur le secrétaire perpétuel, lequel a renvoyé les Horaces avec quelques notes académiques . Mes anges sont suppliés de donner Pompée avant Polyeucte . Je traite Corneille tantôt comme un dieu, tantôt comme un cheval de carrosse ; mais j'adoucirai ma dureté en revoyant mon ouvrage ; mon grand objet, mon premier objet, est que l'Académie veuille bien lire toutes mes observations comme elle a lu celles des Horaces . Cela seul peut donner à l'ouvrage une autorité qui en fera un ouvrage classique . Les étrangers le regarderont comme une école de grammaire et de poésie .

Mes anges rendront un vrai service à la littérature et à la nation, s'ils engagent tous leurs amis de l’Académie et les amis de leurs amis à prendre mon entreprise extrêmement à cœur . Il faut tâcher que tout le monde en soit aussi enthousiasmé que moi . Rien ne se fait sans un peu d'enthousiasme .

Quand joue-t-on Le Droit du seigneur, et qui joue ?

Tout va-t-il de travers comme de coutume ?

Puis-je supplier mes anges de présenter mes respects à M. et à Mme de Courteilles 2 à qui j'adresse si souvent de si gros paquets ? »

1 L'édition de Kehl omet la dernière phrase, suivie par toutes les éditions .

2 Dominique-Jacques- Barberie de Courteilles , ex-ambassadeur de France en Suisse, mari de Madeleine Fyot de La marche, fille de Claude-Philippe Fyot de La Marche, ancien premier président du parlement de Dijon qui viendra chez V* le mois suivant .