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07/09/2019

permettre que l’exécuteur de votre haute justice vienne afficher aux poteaux de Ferney la condamnation d'un voleur qui faisait beaucoup de tort à tout le pays

... Les Balkany ? Le défunt Robert Mugabe ? Luiz Inácio Lula da Silva, idole de Mélenchon ? Et tant d'autres que tous les poteaux de Ferney ne suffiront pas .

 

 

« A Michel Lullin de Châteauvieux

A Ferney 18 [juillet 1764]1

Monsieur,

Nous vous prions Mme Denis et moi de vouloir bien permettre que l’exécuteur de votre haute justice vienne afficher aux poteaux de Ferney la condamnation d'un voleur qui faisait beaucoup de tort à tout le pays . Le procureur fiscal de notre juridiction qui aura l'honneur de vous rendre cette lettre, se conformera à vos ordres .

J'ai l'honneur d'être avec respect

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 La réception de cette lettre est mentionnée dans le registre, p. 342, à la date du 20 juillet 1764 . On ajoute que « Monsieur le Premier » a accordé « ladite permission , ce qui a été approuvé » par le conseil .

j'aime encore plus la vérité que je n'aime les jésuites

... ou tous autres religieux et croyants de quelque sorte qu'ils soient .

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L'ange au grelot, de Paul Klee

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

18è juillet 1764

Comment se porte madame l'ange ? Vous souvenez-vous de Sémiramis ? Comme elle fut jouée froidement, comme elle tomba à la première représentation ? On dit qu'il n'y a point d'action dans les Roués . Il me semble qu'il y en a beaucoup, et qu'un Pompée un peu ferme eût fait une grande impression . Est-il vrai que Molé est incapable de jouer les rôles vigoureux ? L'ex-jésuite comptait que Lekain jouerait ce rôle . Quoi qu'il en soit, mes divins anges, Lekain a écrit au défroqué, et voici ma réponse que je prends la liberté de vous adresser 1.

Plus j'y pense plus je crois que la pièce jouée avec chaleur n'aurait point refroidi . Si je me trompe, détrompez-moi car j'aime encore plus la vérité que je n'aime les jésuites, et presque autant que j'aime mes anges à qui je suis dévoué pour toute ma vie . 

V.»

06/09/2019

prier mon grand acteur de remettre au principal conjuré la drogue en question, et de ne la montrer à personne au monde

... Promis, juré, craché, il n'y aura pas de contrôle anti-dopage pour la course à la mairie de Paris , tous les coups sont permis, "c'est mathématique" comme dirait -justement ou pas- Cédric Villani . Ce dernier nous ayant gratifié d'un discours à la "moi président !" aura-t-il le même sort que Fanfoué de Tulle, succès et décadence ?

http://www.topito.com/top-trucs-cedric-villani-paris

http://media.topito.com/wp-content/uploads/2019/09/arr%C3%AAt%C3%A9-municipal-600x401.jpg

 

 

 

« A Henri-Louis Lekain

[18 juillet 1764] 1

Le petit jésuite me charge de prier mon grand acteur de remettre au principal conjuré la drogue en question, et de ne la montrer à personne au monde . On prétend que si les autres avaient joué aussi bien que mon grand acteur, si Pompée avait été rendu avec une douleur sombre et terrible, si, etc., la chose eût été plus intéressante . L'ex-jésuite dit qu'il réparera ce petit mal .

L'ami de l'ex-jésuite fait mille tendres compliments à mon grand acteur. »

1 L'édition Cayrol la date du 30 juin 1764 . Elle est datée ici par les références à l'échec d'Octave et par le fait que cette lettre est celle que V* annonce comme enclose dans la lettre du 18 juillet 1764 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1764-partie-24.html

Il existe par ailleurs une lettre à Lekain du 30 juin 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/08/16/il-faut-pardonner-a-un-jeune-homme-qui-cherche-a-tirer-tout-le-parti-possib.html

05/09/2019

On fera cette triste cérémonie le jour qu'on voudra

... (et au prix qu'on vous imposera ! ) dixit les Pompes funèbres !

https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/assurances-obseque...

https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/05/assurances-obseques-des-placements-ruineux-pour-60-millions-de-consommateurs_5506560_3234.html

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Happy end ?

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

J'envoie à monsieur Balleidier la soumission de Vaillet dont il me semble qu'il ne doit nullement être question puisqu'elle n'a point été acceptée . J'espère que monsieur Balleidier me fera rendre une entière justice .

Je suis prêt à donner l'argent nécessaire pour la sentence contre Truttard 1. Monsieur Balleidier le touchera la première fois que je le verrai .

Voltaire.

Lundi [16 juillet 1764] au soir 2

On fera cette triste cérémonie le jour qu'on voudra . »

1 Suite à un vol commis par les consorts Truttard, domestiques de V* ; voir chap. 6 : https://www.fabula.org/actualites/o-guichard-ferney-archives-ouvertes_41677.php

2 Datée par Balleidier qui ajoute la mention : « Du lundi 16è juillet / 1764 / R[épondu] le 17è. »

04/09/2019

Vous avez trouvé le véritable secret qui est l'abstinence, mais c’est un secret dont vous n'usez pas avec la jeune dame que vous nous avez enlevée

... Un bon conseil n'est jamais de trop !

Abstinence sexuelle : 5 conséquences sur la santé mentale et physique

Coeur à coeur, corps à corps, pas dos à dos !

 

 

« A Claude-Ignace Pajot de Vaux, Conseiller maître

en la chambre des comptes de Dôle, Chevalier

de Saint-louis

à Lons-le-Saunier

Franche-Comté

16è juillet 1764 à Ferney

Monsieur,

Ma mauvaise santé m'a empêché de vous dire plus tôt combien je suis sensible à votre souvenir . Je ne le suis pas moins à votre bonheur et à celui que Mme de Vaux partage avec vous 1. Il me manque d'en être témoin ; je crois surtout qu'il sera durable . Vous savez combien Mme Denis s'y intéresse, et combien nous maudissons les montagnes qui nous séparent de vous .

Nous sommes très affligés de la maladie de monsieur votre frère . Nous nous flattons qu'elle n’aura pas de suite, et qu'il en est quitte à présent . Vous nous avez fait voir qu'on sait se guérir dans votre famille sans le secours des Tronchin . Vous avez trouvé le véritable secret qui est l'abstinence, mais c’est un secret dont vous n'usez pas avec la jeune dame que vous nous avez enlevée . Je lui présente mes respects, ainsi qu'à monsieur votre frère . J'ai l'honneur d'être avec les mêmes sentiments,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Mme de Vaux est née Marie-Jeanne Dupuits ; voir lettres à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/03/22/je-ne-croyais-pas-qu-il-l-eut-si-grosse-6138048.html

il faut espérer que tout le monde arrangera ses affaires, puisque le roi de France arrange les siennes

... Encore faut-il que le "roi de France" soit exemplaire !

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« A monsieur le professeur Pierre Pictet

Sur Saint-Jean près des Délices

16è juillet 1764 à Ferney

Je vous suis bien obligé, mon très cher voisin, des bonnes nouvelles que vous voulez bien me donner de Stutgard . Celles des receveurs ne sont pas si bonnes, mais il faut espérer que tout le monde arrangera ses affaires, puisque le roi de France arrange les siennes . Mille tendres respects, je vous en prie, à Mme Constant et à Mme Pictet quand vous lui écrirez . Tout Ferney vous embrasse de tout son cœur . »

03/09/2019

il y a tant de fous dans le parti contraire qu’il faut bien qu’il y en ait chez nous

...Tous partis confondus doivent en être conscients à moins qu'ils aient assez de fous pour le nier mordicus .

 

 

Ci-dessous lettre dont j'ai fait une première mise en ligne le 16/7/2009 avec  mise à jour des notes aujourd'hui 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

Mon grand philosophe, et pour dire encore plus, mon aimable philosophe, vous ne pouvez me dire Simon dors-tu ? [le 9 juillet d’Alembert écrit : « je dirais …comme défunt le Christ à défunt Simon Pierre : Simon, dormis ? Il y a un siècle que je n’ai entendu parler de vous . »] ni Tu dors Brutus [référence à La Mort de César]; car assurément je ne me suis pas endormi, demandez plutôt à l’Inf…

Comment avez-vous pu imaginer que je fusse fâché que vous soyez de mon avis ?[d’Alembert a écrit : « Votre long silence m’a fait craindre un moment que vous ne fussiez mécontent de la liberté avec laquelle je vous ai dit mon avis sur le Corneille ,… vous auriez du multiplier les croquignoles et les références. »] Non, sans doute je n’ai pas été assez sévère sur les vaines déclamations, sur les raisonnements d’amour, sur le ton bourgeois qui avilit le ton sublime, sur la froideur des intrigues ; mais j’étais si ennuyé de tout cela que je n’ai songé qu’à m’en débarrasser au plus vite.

Il se pourrait très bien faire que saint Crépin [sans doute l’Électeur palatin, duc des Deux-Ponts ; d’Alembert avait écrit : « …quand le roi de Prusse me demanda si, retournant en France, je m’arrêterais dans toutes ces petites cours borgnes (celles de « tous ces petits principaux d’Allemagne), je lui répondis que non, parce que « quand on vient voir Dieu, on ne se soucie guère de voir St Crespin ». Le mot est assez caractéristique du prestige qu'exerce alors encore la force victorieuse sur les intellectuels du temps alors même que Frédéric II vient d’humilier la France tout au long de la Guerre de Sept Ans .] prît à ses gages maître Aliboron ; il m’a su mauvais gré de ce que j’avais une fluxion sur les yeux qui m’empêchait d’aller chez lui. L’impératrice de Russie est plus honnête ; elle vous écrit des lettres charmantes, quoique vous ne soyez point allé la voir. C’est bien dommage qu’on ne puisse imprimer sa lettre, elle servirait à votre pays de modèle et de reproche.

Je souhaite de tout mon cœur qu’il reste des jésuites en France [d’Alembert avait écrit : « Voilà déjà des parlements qui concluent à garder les jésuites ; j’ai bien peur que ce ne sois enterrer le feu sous la cendre. » La compagnie de Jésus sera dissoute en novembre 1764 par édit du roi.]; tant qu’il y en aura, les jansénistes et eux s’égorgeront : les moutons, comme vous savez, respirent un peu quand les loups et les renards se déchirent. Le testament de Meslier devrait être dans la poche de tous les honnêtes gens. Un bon prêtre, plein de candeur, qui demande pardon à Dieu de s’être trompé, doit éclairer ceux qui se trompent.

J’ai ouï parler de ce petit abominable Dictionnaire [un exemplaire du Dictionnaire philosophique demandé par d’Alembert : « On m'a parlé […] d'un dictionnaire où beaucoup d'honnêtes fripons ont rudement sur les oreilles . […] Si vous en connaissez l'auteur, vous devriez bien lui dire de m'en faire tenir un par quelque voie sûre . Il peut être persuadé que j'en ferai bon usage. »]; c’est un ouvrage de Satan. Il est tout fait pour vous, quoique vous n’en ayez que faire. Soyez sûr que, si je peux le déterrer, vous en aurez votre provision. Heureusement, je n’ai nulle part à ce vilain ouvrage, j’en serais bien fâché ; je suis l’innocence même, et vous me rendrez bien justice dans l’occasion. Il faut que les frères s’aident les uns les autres. Votre petit écervelé de Jean-Jacques n’a fait qu’une bonne chose en sa vie, c’est son Vicaire savoyard, et ce vicaire l’a rendu malheureux pour le reste de ses jours. Le pauvre diable est pétri d’orgueil, d’envie, d’inconséquences, de contradictions et de misère. Il imprime que je suis le plus violent et le plus adroit de ses persécuteurs [référence à lettre de Rousseau à Duchesne du 28 mai et publiée « Lettre de M. Rousseau de Genève à M. X*** à Paris (1764) ; V* demandera si c’est à Duclos que cette lettre a été adressée]; il faudrait que je fusse aussi méchant qu’il est fou pour le persécuter. Il me prend donc pour maitre Omer ! Il s’imagine que je me suis vengé parce qu’il m’a offensé. Vous savez comme il m’écrivit, dans un de ses accès de folie, que je corrompais les mœurs de sa chère république, en donnant quelquefois des spectacles à Ferney qui est en France [17 juin 1760 : « vous avez perdu Genève pour le prix de l’asile que vous y avez reçu. » A cette époque le théâtre se donne encore à Tournay. Le 29 septembre, il écrit à Mme de Fontaine : « Le théâtre de Tournay sera désormais à Ferney. J’y vais construire une salle de spectacle… »]. Sa chère république donna depuis un décret de prise de corps contre sa personne ; mais comme je n’ai pas l’honneur d’être procureur général de la parvulissime [= la plus petite, sous entendu république, terme plus correct que le petitissime employé dans la lettre du 16 décembre 1762 à d'Argental], il me semble qu’il ne devrait pas s’en prendre à moi. J’ai peur, physiquement parlant, pour sa cervelle ; cela n’est pas trop à l’honneur de la philosophie ; mais il y a tant de fous dans le parti contraire qu’il faut bien qu’il y en ait chez nous. Voici une folie plus atroce. J’ai reçu une lettre anonyme de Toulouse, dans laquelle on soutient que tous les Calas étaient coupables, et qu’on ne peut se reprocher que de n’avoir pas roué la famille entière. Je crois que s’ils me tenaient, ils pourraient bien me faire payer pour les Calas. J’ai eu bon nez de toute façon de choisir mon camp sur la frontière ; mais il est triste d’être éloigné de vous, je le sens tous les jours ; Mme Denis partage mes regrets. Si vous êtes amoureux, restez à Paris ; si vous ne l’êtes pas, ayez le courage de venir nous voir, ce serait une action digne de vous.

Mme Denis et moi vous embrassons le plus tendrement du monde.

Voltaire

16 de juillet 1764. »