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27/06/2021

il n’y aurait guère que deux mille sages en France ; mais ces deux mille, en dix ans, en produisent quarante mille, et c’est à peu près tout ce qu’il faut : car il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu’il soit instruit 

... Constat actuel ? Base des programmes de nos politiciens ? qu'en dit maître Blanquer ? La multiplication des sages selon Voltaire nous amènerait, en supposant deux mille sages au début du quinquennat de Fanfoué, à quarante mille à la fin du quinquennat d'Emmanuel, soit presque un par commune : génial ! non ? Les faits sont têtus , le sage se fait rare et se reproduit au compte gouttes, les malfaisants eux sont prolifiques comme les cloportes .

Humour : Facebook guidant le peuple… | Finobuzz

Tout faire pour que jamais nous ne soyons sous la coupe des censeurs

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19 mars 1766 1

M. de Laleu, mon cher ami, vous donnera tout ce que vous prescrirez. J’attends avec mon impatience ordinaire cette estampe et le mémoire de notre prophète Élie . Il est sans doute signé de plusieurs avocats, dont il faut payer la consultation. Vous êtes le seul qui vouliez bien rendre ces services essentiels à la philosophie. Daignez donc donner à M. de Beaumont ce qu’il faudra , et rendez ces services essentiels à la philosophie 2.

Ô que j’aime cette philosophie agissante et bienfaisante ! Il y a dans le discours de M. de Castillon 3 un bel éloge de cette vraie philosophie qu’il rend compatible avec la religion, ainsi qu’il le devait faire dans un discours public.

Le roi de Prusse mande 4 que, sur mille hommes, on ne trouve qu’un philosophe ; mais il excepte l’Angleterre. À ce compte, il n’y aurait guère que deux mille sages en France ; mais ces deux mille, en dix ans, en produisent quarante mille, et c’est à peu près tout ce qu’il faut : car il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu’il soit instruit ; il n’est pas digne de l’être 5.

J’ai lu Henri IV 6 : je pense comme vous ; mais je crois que, si on permettait la représentation de ce petit ouvrage, il serait joué trois mois de suite, tant on aime mon cher Henri IV , et je ne vois pas pourquoi on prive le public d’un ouvrage fait pour des Français.

Pourriez-vous, mon cher ami, m’envoyer le Philosophe sans le savoir 7 ? J’ai bien de la peine à écrire de ma main. Wagnière est malade, et un autre copiste est occupé 8.

Voici une petite lettre pour Laleu, et une autre pour Briasson 9, qui me néglige. Mais 10 parlez-moi donc du Dictionnaire . Les souscripteurs l’ont-ils ? Maître Beaudet s’oppose-t-il à la publication ? Les baudets ne passeront pas les trois volumes de Mélanges 11. Il faudra du temps, il faudra attendre qu’il y ait quarante mille sages 12. »



1Il y a trois versions , la copie contemporaine Darmstadt, la copie Beaumarchais-Kehl et l'édition de Kehl ; voie notes suivantes .

2 Ce paragraphe biffé sur la copie Beaumarchais manque dans les éditions anciennes ; l'éd. 1 le remplace par ce texte , joint à la lettre du 28 avril 1766 : «Vous êtes le seul qui vouliez bien rendre ces services essentiels à la philosophie ; daignez donc donner à M. de Beaumont ce qu'il faudra : vous ferez prendre ce qui sera nécessaire chez M. de Laleu . » Le ms 1 supprime la dernière phrase et donne de la troisième une version abrégée . 

4 Dans une lettre du 25 février 1766, Frédéric écrit : « S'il se trouve donc un homme sur mille qui pense, c'est beaucoup. » Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6275

5 Depuis car il est à propos […], passage manquant sur ms1.

6 La Partie de chasse de Henri IV, comédie de Collé ; voir lettre du 17 avril 1762 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/18/2-5922869.html

8 Ce paragraphe manque sur la copie Beaumarchais .

9 Lettres perdues .

10 Ce début manque sur le ms 1 .

12 Curieusement l'ed 2 donne pages pour sages .

26/06/2021

ce qui me paraissait froid auparavant me faisait une très grande impression. Le style m’en parut plus animé, plus pur, et plus vigoureux, les tableaux plus vrais ; enfin je crus voir un plus grand intérêt dans tout l’ouvrage

... Face à la "montée de l'illibéralisme", n'êtes-vous pas émerveillés par le discours de notre Macron national lors du sommet européen du 25 juin à Bruxelles ? Notre jeune dictionnaire sur pattes n'a pas fini d'user d'un langage emberlificoté sensé tancer les vilains sans fâcher directement le fautif, Orban en l'occurence . Appelons un chat "Miaou", et un homophobe "Enflure", et bottons-le en touche (Orban, pas le chat ! ).

EURO 2020 : le tacle d'Angela Merkel sur le nombre de supporters dans les  stades hongrois - Quotidien | TMC

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19 mars [1766]

Il faut, pour réjouir mes anges, que je leur conte que le petit ex-jésuite vint hier chez moi le visage tout enflammé,

Et tout rempli du dieu qui l’agitait sans doute 1.

Il m’apporta son drame 2; je ne le reconnus pas. Tout était changé, tout était mieux annoncé, chaque chose me parut à sa place, et ce qui me paraissait froid auparavant me faisait une très grande impression. Le style m’en parut plus animé, plus pur, et plus vigoureux, les tableaux plus vrais ; enfin je crus voir un plus grand intérêt dans tout l’ouvrage. Sa pièce était un peu griffonnée, et faisait beaucoup de peine à mes faibles yeux . Je le priai de m’en lire deux actes. Ce pauvre garçon n’a pas de dents, et moi, je suis un peu aveugle . Nous nous aidions comme nous pouvions. Le pauvre ex-jésuite n’a point de dents, mais il a de l’âme ; et, ayant le cœur sur les lèvres, il arrive que ses lèvres font à peu près l’effet des dents, et qu’il prononce assez-bien. Mme Denis fut très-émue. Si on ne l’avait pas avertie, elle aurait cru entendre une pièce nouvelle.

« Prenez bien garde, disait-elle à ce petit drôle, que tous vos vers soient coulants. — Ah ! madame ! — Qu’ils soient forts sans être durs. — Eh, mais ! est-ce que vous en avez trouvé de raboteux ? — Je ne dis pas cela 3 ; mais je vous dis que je ne peux souffrir ni un vers disloqué, ni un vers faible, ni une pensée inutile, ni rien qui m’arrête à la lecture : il faut vite transcrire votre ouvrage, afin que j’en juge à tête reposée. — On le transcrira, madame ; mais le copiste est actuellement malade, il faudra attendre quelque temps. — Tant mieux, monsieur ; car, dans cette 4 intervalle, il vient toujours quelque idée. Je vous répète qu’il faut que la diction soit parfaite, sans quoi on ne plaît jamais aux connaisseurs. Quand votre pièce sera bien finie et bien copiée, vous l’enverrez à vos anges, qui l’éplucheront encore. — Je vous assure, madame, que je n’y manquerai pas. »

Pendant cette conversation, M. de Chabanon, de son côté, mettait son plan au net , et le pauvre La Harpe viendra bientôt faire aussi son plan. Nous attendons aujourd’hui M. de Beauteville avec un autre plan ; c’est celui de rendre sages les Genevois. Ce qui est bien sûr, c’est que la pièce finira comme M. le duc de Praslin voudra.

Vous ne me dites rien, mes divins anges, de la pièce 5 que le roi a jouée au parlement . Elle réussit beaucoup dans l’Europe.

Je baise le bout de vos ailes plus que jamais. 

V.»

2 Le « petit jésuite » est bien évidemment V*, la pièce est Octave .

3 Réminiscence du Misanthrope, I, 2, de Molière : https://www.youtube.com/watch?v=xYVtFypxLNA

4 Sic ; comme pour beaucoup de mots commençant par une voyelle et finissant par un e muet, le genre du mot intervalle est hésitant jusqu'au XIXè siècle .

5 Discours du roi au Parlement, du 3 mars 1766 .

25/06/2021

que je ne sois jamais soupçonné de la folie de la métaphysique

... Laquelle se limite, comme celle d'Amélie Nothomb, au stade, aujourd'hui bien dépassé (du moins je le prétends ), du tube .

CIBR-FR023 Ragnarok Métaphysique

 Soyons réalistes, rêvons !

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[vers le 15 mars 1766]

Eh bien, vous allez donc nous donner une métaphysique, m'a dit aujourd’hui M. Constant . Moi monsieur ! Dieu m'en préserve . J'aime mieux un conte de La Fontaine .

Mon cher Gabriel, que je ne sois jamais soupçonné de la folie de la métaphysique . Je vous en conjure .

Je prie instamment Mme Cara d'avoir grand soin du livre de la prédication et de me le rendre le plus tôt qu'elle pourra .

Elle a dû vous donner un petit paquet contenant deux pages .

Interim vale . »

Voici, mon cher ami, de quoi faire un bon pourri

... Offrez-lui le pouvoir !

Erdogan accueille Poutine et Rohani pour un sommet sur la Syrie - RFJ votre  radio régionale

Superbe brochette de malfaisants, et ce n'est qu'un échantillon de ce qui existe : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dictateur_(sens_moderne)

 

 

« A Henri Rieu

14 mars 1766

Voici, mon cher ami, de quoi faire un bon pourri 1, c'est Le Cid, tel qu'on le joue à Paris, et une comédie du roi de Prusse qu'on a jouée à Berlin . Ces deux morceaux sont également rares .

Je ne puis vous exprimer ma tendre reconnaissance de tous les soins que vous prenez de ma bibliothèque .

Mes compliments et mes respects à toute votre famille .

V. »

1 Un pot-pourri, ce que l’on appelle maintenant un recueil factice ; dans le cas présent, de la collection du Théâtre français, dont on reparlera .

ceux qui ont tâté des affaires de ce monde : ils font semblant de s’intéresser fort à l’autre ; mais, dans le fond, ils se moquent de nous, et on le leur rend bien

... D'où le taux d'abstention ! Ne cherchons pas plus loin . Deuxième épisode dimanche : manche éliminatoire, l'écrémage du week end passé a déjà donné une tendance , le lait a tourné, quels seront les rats qui vont élire domicile dans le fromage ?

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« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

À Ferney, 12 mars 1766

Quatre personnes, monsieur, se sont empressées de m’envoyer la réponse du roi au Parlement. Je vous dirai ce que je leur ai mandé : c’est que le roi est le meilleur écrivain de son royaume ; que je n’ai rien vu de plus noblement pensé ni de plus noblement écrit, et que s’il n’était pas protecteur de l’Académie, je lui donnerais ma voix pour être l’un des Quarante.

Vous ne me dites point quand vous allez à la campagne ; vous ne me parlez point de la tonsure sacerdotale de votre ami qui veut apparemment passer du Conseil au collège des cardinaux. Il n’y a pas d’apparence qu’il ne prétende qu’à être canonisé ; c’est une envie qui ne prend guère à ceux qui ont tâté des affaires de ce monde : ils font semblant de s’intéresser fort à l’autre ; mais, dans le fond, ils se moquent de nous, et on le leur rend bien.

Il me paraît qu’il y a un peu de différence entre Esculape Tronchin et Harpagon Astruc ; mais ce qui me fâche le plus, c’est qu’un homme d’esprit tel que votre ami, dont vous me parlez, soit devenu un énergumène. Cela me prouve évidemment qu’il est trop loin d’avoir l’esprit juste ; et je crois qu’il a très-mal calculé quand il calculait, comme il raisonne aujourd’hui très-mal. Vous savez sans doute que le livre de la prédication1, ou contre la prédication, est de l’abbé Coyer. Toute la partie du livre où il se moque des sermonneurs est fort bonne, et la partie où il veut établir des censeurs lui en attirera.

Vous allez donc à la Pentecôte à Hornoy. Il est bon que vous sachiez ce que c’est que la Pentecôte, suivant saint Augustin, dans son sermon 125 : « Quarante jours figurent évidemment la vie présente ; dix jours la vie éternelle. Dix et quarante font cinquante, ce qui fait l’accomplissement de la loi. 2» Je ne doute pas que de pareilles prédications, qui sont en très-grand nombre dans Augustin, n’augmentent beaucoup la dévotion de votre ami.

Embrassez pour moi ma nièce, qui doit bien plaindre ce pauvre homme. »

2 Les Sermons de saint Augustin sur le Nouveau Testament, traduits en français [...] par M. Dubois [Philippe Dubois-Goibaud], 1700 , III, 133 (sermon CXXV, le numéro est différent dans les autres éditions) .Voir : https://data.bnf.fr/fr/12158778/philippe_goibaud-dubois/

24/06/2021

Tout ce qui est un éternel sujet de dispute est d’une inutilité éternelle

... Entendez-vous bien, fanfarons (de tout sexe, all inclusive ) qui vous battez pour savoir qui sera désigné calife de vos ridicules partis politiques, diviseurs , démolisseurs, vains, petits !

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

12 Mars 1766.

Je suis enchanté, madame, de me rencontrer avec vous ; ce n’est pas seulement par vanité, c’est parce qu’à mon avis lorsque deux personnes, qui ont le sens commun et qui sont de bonne foi, pensent de même sans s’être rien communiqué, il y a à parier qu’elles ont raison. Je m’occupais de votre idée lorsque j’ai reçu votre lettre 1 ; je me prouvais à moi-même que les notions sur lesquelles les hommes diffèrent si prodigieusement ne sont point nécessaires aux hommes, et qu’il est même impossible qu’elles nous soient nécessaires, par cette seule raison qu’elles nous sont cachées. Il a été indispensable que tous les pères et mères aimassent leurs enfants : aussi les aiment-ils . Il était nécessaire qu’il y eût quelques principes généraux de morale pour que la société pût subsister ; aussi ces principes sont-ils les mêmes chez toutes les nations policées. Tout ce qui est un éternel sujet de dispute est d’une inutilité éternelle. Ai-je bien pris votre idée, madame ? Il me semble qu’elle est consolante ; elle détruit toute superstition, elle rend l’âme tranquille ; ce n’est pas la tranquillité stupide d’un esprit qui n’a jamais pensé, c’est le repos philosophique d’une âme éclairée. Je ne suis point du tout étonné que vous aimiez la vie, toute malheureuse qu’elle est, et que vous n’aimiez point la mort. Presque tout le monde en est réduit là ; c’est un instinct qui était nécessaire au genre humain. Je suis persuadé que les animaux sont comme nous.

J’avoue donc avec vous, madame, que les connaissances auxquelles nous ne pouvons atteindre nous sont inutiles ; mais avouez aussi qu’il y a des recherches qui sont agréables ; elles exercent l’esprit. Les philosophes n’ont pas tant de tort d’examiner si, par leur seule raison, ils peuvent concevoir la création, si l’univers est éternel, si la pensée peut être jointe à la matière, comment il y a du mal dans le monde, et vingt autres petites bagatelles de cette espèce. Nous sommes tous curieux ; il n’y a personne qui ne voulût sonder un peu ces profondeurs, si on ne craignait pas la fatigue de l’application, et si on n’était pas distrait par les amusements et les affaires . Vous êtes précisément dans l’état où l’on fait des réflexions ; la perte des yeux sert au moins au recueillement de l’âme. Il me vient très souvent entre mes rideaux des idées qui s’enfuient au grand jour. Je mets à profit les temps où mes fluxions sur les yeux m’empêchent de lire ; je voudrais surtout passer ces temps avec vous.

J’ai lu la réponse du roi au parlement. Je m’imagine que je pense encore comme vous sur cette pièce ; elle m’a paru noblement pensée et noblement écrite ; et s’il ne s’agissait que du style, je dirais qu’il est fort au-dessus de celui des représentations, et surtout de celui de la plupart de nos auteurs.

Adieu, madame ; conservez au moins votre santé ; c’est là une chose nécessaire à tout âge et à tout état . La mienne n’est pas trop bonne ; mais il est nécessaire d’avoir patience. De toutes les vérités que je cherche, celle qui me paraît la plus sûre, c’est que vous avez une âme selon mon cœur, à laquelle je serai très tendrement attaché pour le peu de temps qui me reste. »

 

23/06/2021

Je ne suis pas assez bon financier pour savoir si l’impôt sur les terres suffirait, je vois seulement qu’il n’y a aujourd’hui aucun pays dans le monde où les marchandises, et même les commodités de la vie, ne soient taxées

... Il est deux constantes universelles, la coïonnerie et les impôts, depuis la nuit des temps .

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

12 mars 1766

Je viens de relire le Vingtième de M. Boulanger, mon cher ami, et c’est avec un plaisir nouveau. Il est bien triste qu’un si bon philosophe et un si parfait citoyen nous ait été ravi à la fleur de son âge 1. Je ne suis pas assez bon financier pour savoir si l’impôt sur les terres suffirait, je vois seulement qu’il n’y a aujourd’hui aucun pays dans le monde où les marchandises, et même les commodités de la vie, ne soient taxées. Cela est d’une discussion trop longue pour une lettre, et trop embarrassant pour mes faibles connaissances.

L’article Unitaire 2 est terrible. J’ai bien peur qu’on ne rende pas justice à l’auteur de cet article, et qu’on ne lui impute d’être trop favorable aux sociniens . Ce serait assurément une extrême injustice, et c’est pour cela que je le crains.

Vous m’avez fait un très beau présent en m’envoyant la réponse du roi au Parlement 3. Il y a longtemps que je n’ai rien lu de si sage, de si noble, et de si bien écrit. Les remontrances n’approchent pas assurément de la réponse. Si le roi n’était pas protecteur de l’Académie, il faudrait l’en mettre pour cet ouvrage.

M. Marin m’a fait l’amitié de m’écrire au sujet de ces lettres 4 que Changuyon a imprimées. Il me mande qu’il se conduira à son ordinaire, comme mon ami, et comme un homme qui veut de la décence dans la littérature. Je ne sais pas qui sont les chiffonniers qui vont ramassant les ordures . Mandez-moi je vous prie, ce que vous savez de cette nouvelle impertinence . Voulez-vous bien m’adresser à Meyrin, par le carrosse de Lyon 5 six exemplaires de ce petit Voltaire portatif ? C’est un bouclier contre les flèches des méchants.

Protagoras n’est point marié. Tant mieux s’il l’était, parce qu’il ferait des d’Alembert, et tant mieux s’il ne l’est pas, attendu qu’il n’a pas une fortune selon son mérite.

Je plains ce pauvre La Harpe ; il est chargé d'une famille, et il n'a pour vivre que son talent 6.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher frère.

Le petit discours 7 qu’on prétend mettre à la suite du mémoire pour les Sirven n’est qu’une sortie contre le fanatisme, et une exhortation à faire du bien à cette malheureuse famille. Cela n’est bon que pour l’étranger. »

1 Pour signer l'article Vingtième, Damilaville a pris le pseudonyme de « défunt M. Boulanger, ingénieur des ponts et chaussées », Boulanger étant un personnage réel qui a notamment écrit des essais sur les fossiles et des ouvrages antichrétiens, tel l'article « Hébraïque (langue) » de l'Encyclopédie qui lui est attribué .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Antoine_Boulanger

3 Dans son lit de justice du 3 mars, le roi a fortement réaffirmé l'autorité royale ; son discours fut publié sous le titre : Réponse faite par le roi, tenant son parlement de Paris, le 3 mars 1766 aux remontrances de ladite cour suprême sur ce qui s'est passé à Pau et en Bretagne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86138542.image .

Les Remontrances du Parlement de Paris au XVIIIè siècle ne seront publiées qu'en 1888-1898 par Jules Flammermont ; celle dont il est question ici figure au tome II, p . 554 et suiv. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6535528k/f612.texteImage

4 Cette lettre du 3 mars 1766 nous est parvenue . Il y est en effet question des Lettres de Voltaire à ses amis du Parnasse dont Changuion a entrepris la publication .

5 Les éditions suivant l'édition de Kehl donnent m'adresser par Lyon, et suppriment la phrase précédente « Je ne sais....impertinence. »

6 Paragraphe biffé sur le copie Beaumarchais et manquant sur toutes les éditions suivantes .

7 L’Avis au public (Georges Avenel)..