Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/10/2021

vous avez frémi ; ce n’est plus le temps de plaisanter ; les bons mots ne conviennent point aux massacres

...  A suivre Charlie Hebdo qui le prouve remarquablement : https://charliehebdo.fr/2021/10/proces-13-novembre-2015/j...

https://images.bfmtv.com/9QIU7HMdZAe3OfkDsd9-g8pfoEw=/0x28:768x460/640x0/images/Croquis-de-la-salle-d-audience-au-Palais-de-Justice-de-Paris-lors-du-premier-jour-du-proces-des-attentats-du-13-novembre-le-8-septembre-2021-1124714.jpg

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

18 juillet 1766 1

Notre frère 2 vous a communiqué sans doute la relation d’Abbeville, mon cher philosophe. Je ne conçois pas comment des êtres pensants peuvent demeurer dans un pays de singes qui deviennent si souvent tigres. Pour moi, j’ai honte d’être même sur la frontière. En vérité, voici le temps de rompre ses liens, et de porter ailleurs l’horreur dont on est pénétré. Je n’ai pu parvenir à recevoir la consultation des avocats . Vous l’avez vue sans doute, et vous avez frémi ; ce n’est plus le temps de plaisanter ; les bons mots ne conviennent point aux massacres. Quoi ! des Busiris en robe font périr dans les plus horribles supplices des enfants de seize ans ! et cela 3 malgré l’avis de dix juges intègres et humains ! Et la nation le souffre ! À peine en parle-t-on un moment, on court ensuite à l’opéra-comique ; et la barbarie, devenue plus insolente 4 égorgera demain juridiquement qui elle voudra , et vous surtout, qui aurez élevé la voix contre elle deux ou trois minutes. Ici Calas roué, là Sirven pendu, plus loin un bâillon dans la bouche d’un lieutenant général ; quinze jours après, cinq jeunes gens condamnés aux flammes pour des folies qui méritaient Saint-Lazare. Qu’importe l’Avant-propos du roi de Prusse 5 ? Apporte-t-il le moindre remède à ces maux exécrables ? Est-ce là le pays de la philosophie et des agréments ? C’est celui de la Saint-Barthélémy. L’inquisition n’aurait pas osé faire ce que des juges jansénistes viennent d’exécuter.

Mandez-moi, je vous en prie, ce qu’on dit, dit 6 du moins puisqu’on ne fait rien. C’est une misérable consolation d’apprendre que des monstres sont abhorrés, mais c’est la seule qui reste à notre faiblesse, et je vous la demande. M. le prince de Brunswick est outré d’indignation, de colère, et de pitié. Redoublez tous ces sentiments dans mon cœur par deux mots de votre main, que vous enverrez, par la petite poste, à notre frère 7. Votre amitié, et celle de quelques êtres pensants, est le seul plaisir auquel je puisse être sensible.

La méprise de l’avant-propos consiste en ce qu’on suppose que ces paroles, In principio erat, etc., ont été falsifiées 8, ce sont les deux passages sur la Trinité qui ont été interpolés dans l’épître de Jean 9. Quelle pitié que tout cela ! On perd à déterrer des erreurs un temps qu’on emploierait peut-être à découvrir des vérités.

N. B. Le théologien Vernet s’est plaint au conseil de Genève qu’on se moquait de lui ; le conseil lui a offert une attestation de vie et de mœurs 10, comme quoi il n’avait pas volé sur les grands chemins, ni même dans la poche. Cette dernière partie de l’attestation paraissait bien hasardée 11. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; le manuscrit olographe est passé à la vente Maulde et Renou, le 30 octobre 1856 . On suit ici la copie et on signale les variantes de l'édition de Kehl que reproduisent les autres éditions .

2 À la place, les éditions mettent frère Damilaville .

3 Mot remplacé dans les éditions par leur sentence est confirmée

4 Mot suivi de par notre silence .

5 Voir lettre du

6 Ce mot ne figure pas dans les éditions .

7 À la place, les éditions mettent frère Damilaville .

8 Voltaire veut parler des versets 7 et 8 du chapitre v de la première épître de saint Jean, où l’on lit : « tres sunt qui testimonium dant in cœlo, Pater, Verbum, et Spiritus Sanctus ; et hi tres unum sunt. Et tres sunt qui testimonium dant in terra, spiritus, et aqua, et sanguis ; et hi tres unum sunt. »

9 Voir lettre du 13 juin 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/01/ceux-qui-font-mourir-des-citoyens-sans-dire-precisement-pour-6335108.html

de d'Alembert du 26 juin 1766 : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6374

et du 1er juillet 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/22/je-fais-bien-pis-je-crois-que-j-ai-raison-6339187.html

L'allusion porte sur le passage « Au début était [le verbe] » L’authenticité du prologue de l'évangile selon Jean, parfois contestée, est désormais admise, notamment pour des raisons stylistiques .

Ma foi, monsieur, les beaux esprits se rencontrent

... Alors que les mauvais esprits, eux, divergent , chacun campant sur sa mauvaise foi et ses idées tordues .

PLANTU Officiel Twitterissä: "Le cardinal Barbarin chez le Pape François.  Le dessin du Monde de ce mercredi 20 mars.… "

Ô vous qui déclarez que le secret de la confession est sacré et au-dessus des lois nationales , oserez-vous vous défendre avec la même ferveur la charia islamique ?

 

 

« A Pierre-Michel Hennin, Résident

de France

à Genève

Jeudi matin [17 juillet 1766] 1

Ma foi, monsieur, les beaux esprits se rencontrent. Vous ne me dites point que messieurs les plénipotentiaires avaient employé la même formule que moi chétif, quand je vous montrai mon édit émané contre le col tord ou tors 2. Si on lui donne une attestation de vie et de mœurs, il sera de ces gens qu’on pend avec leur grâce au cou 3. Avez-vous le gendre du roi d’Angleterre aujourd’hui 4? avez-vous le grand kan des Cosaques ? Comment me tirerai-je d’un hetman 5 et d’un prince héréditaire ? Si vous ne venez à mon secours avec M. le chevalier de Taulès, qui est de la taille du grand kan, je suis perdu 6. Mettez-moi toujours aux pieds de Son Excellence, et ayez pitié du pauvre vieillard qui vous aime de tout son cœur. »

2 Voir lettre du 26 juin 1766 de d'Alembert : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6374

D’Alembert, fait allusion à une note plaisante de la Lettre curieuse ; voir : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/504

3 V* fait allusion à ses démêlés avec Vernet à propos notamment de la Lettre curieuse de Robert Covelle , documents cités par Besterman .

4 Plus exactement la princesse Augusta, femme du prince, petite-fille du feu roi George II, et sœur de George III : https://fr.wikipedia.org/wiki/Augusta-Charlotte_de_Hanovre

5 V* écrit hitman .

6 Trois mots ajoutés au-dessus de la ligne .

Vous voyez quelquefois dans Paris les ruines du bon goût et du bon sens

...  Anne Hidalgo en rêvait, Bertand Lavier l'a fait : embrocher une moto ; ça a un côté cure-dents peu ragoûtant .

Journée d'hommage à Johnny Hallyday | La Presse

Chez Harley , on se marre, belle pub , Harley au-dessus de tous (au fait combien a touché le sculpteur [sic] , et la veuve Halliday ? )

 

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally

Aux eaux de Rolle en Suisse, 16 juillet 1766

La petite acquisition de mon cœur que vous avez faite, monsieur, vous est bien confirmée en vous remerciant des Ruines de la Grèce 1, que vous voulez bien m’envoyer. Vous voyez quelquefois dans Paris les ruines du bon goût et du bon sens, et vous ne verrez jamais que chez un petit nombre de sages les ruines que vous désirez de voir.

Voici une relation 2 qu’on m’envoie, dans laquelle vous trouverez un triste exemple de la décadence de l’humanité. On me mande que cette horrible aventure n’a presque point fait de sensation dans Paris. Les atrocités qui ne se passent point sous nos yeux ne nous touchent guère ; personne même ne savait la cause de cette funeste catastrophe. On ne pouvait pas deviner qu’un vieux élu, très réprouvé, amoureux, à soixante ans d’une abbesse, et jaloux d’un jeune homme de vingt-deux ans 3, avait seul été l’auteur d’un événement si déplorable. Si Sa Majesté en avait été informée, je suis persuadé que la bonté de son caractère l’aurait portée à faire grâce.

Voilà trois désastres bien extraordinaires, en peu d’années ; ceux des Calas, des Sirven, et de ces malheureux jeunes gens d’Abbeville. À quels pièges affreux la nature humaine est exposée ! Je bénis ma fortune, qui me fait achever ma vie dans les déserts des Suisses, où l’on ne connaît point de pareilles abominations. Elles mettent la noirceur dans l’âme. Les Français passent pour être gais et polis ; il vaudrait bien mieux passer pour être humains. Démocrite doit rire de nos folies ; mais Héraclite doit pleurer de nos cruautés. Je retournerai demain dans l’ermitage où vous m’avez vu, pour recevoir le prince de Brunswick. On le dit humain et généreux ; c’est le caractère des braves gens. Les robes noires, qui n’ont jamais connu le danger, sont barbares.

Pardonnez à la tristesse de ma lettre, vous, monsieur, qui pensez comme le prince de Brunswick. Conservez-moi une amitié que je mérite par mon tendre et respectueux attachement pour vous. »

2 La Relation de la mort du chevalier de La Barre .

3 Le chevalier de La Barre n'avait que dix-neuf ans .

12/10/2021

la bonne jurisprudence, touchant le fait et le droit

... C'est bien entendu celle qui doit être, incontestablement . La réalité nous montre parfois des faits douteux et des lois boiteuses, sources d'interprétations , régals des avocats, échappatoires des prévenus , n'est-ce pas Nicolas ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16 juillet 1766 1

Votre ami, monsieur, est toujours aux eaux de Rolle en Suisse, et les médecins lui ont conseillé un grand régime. Vous pouvez toujours m’écrire chez M. Souchay, à Genève, tant pour les affaires de Bugey que pour le vingtième. Nous vous supplions très instamment, M. Frégol 2 et moi, de nous envoyer, à l’adresse de M. Souchay la consultation des avocats, les conclusions du procureur général, comme aussi l’avis du rapporteur, les noms des juges qui ont opiné pour, et ceux des juges qui ont opiné contre, afin que nous puissions nous conduire avec plus de sûreté dans la révision de cette affaire.

Nous espérons tirer un grand parti de la consultation des avocats ; nous espérons même de vous envoyer, avant qu’il soit peu, un mémoire raisonné qu’on nous dit être fait sur la bonne jurisprudence, touchant le fait et le droit.

S’il y a quelque chose de nouveau, nous vous prions de vouloir bien en parler à MM. les conseillers Mignot et d’Hornoy, qui vous donneront sans doute les éclaircissements nécessaires. Nous nous recommandons à votre amitié et à votre bonté, étant très particulièrement, monsieur, vos très humbles et très obéissants serviteurs.

Jean-Louis Wagnière et compagnie

procureurs chez M. Souchay

à Genève, au Lion-d'Or. 3»

1 Copie contemporaine ; l'édition de Kehl comporte des variantes de détail .

2 Texte de la copie de Darmstadt ; celle de Kehl et éditions portent Frégote .

3 Louis Moland dans l'édition Garnier de 1883 donne comme signature « J.-L. B. et compagnie. » et note « Ce qui signifie J.-L. Boursier et compagnie. « 

Arlequins anthropophages ! ... Je ne veux pas respirer le même air que vous

... Prêtres et comparses pédophiles, violeurs et tueurs de femmes et enfants, soyez bannis de la société à jamais .

Framasphere*

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux eaux de Rolle, en Suisse

par Genève 16è juillet 1766

Je me jette à votre nez, à vos pieds, à vos ailes, mes divins anges. Je vous demande en grâce de m’apprendre s’il n’y a rien de nouveau. Je vous supplie de me faire avoir la consultation 1 des avocats ; c’est un monument de générosité, de fermeté, et de sagesse, dont j’ai d’ailleurs un très-grand besoin. Si vous n’en avez qu’un exemplaire, et que vous ne vouliez pas le perdre, je le ferai transcrire, et je vous le renverrai aussitôt.

L’atrocité de cette aventure me saisit d’horreur et de colère. Je me repens bien de m’être ruiné à bâtir et à faire du bien dans la lisière d’un pays où l’on commet de sang-froid, et en allant dîner, des barbaries qui feraient frémir des sauvages ivres. Et c’est là ce peuple si doux, si léger, et si gai ! Arlequins anthropophages ! je ne veux plus entendre parler de vous. Courez du bûcher au bal, et de la Grève à l’Opéra-Comique , rouez Calas, pendez Sirven, brûlez cinq pauvres jeunes gens 2 qu’il fallait, comme disent mes anges, mettre six mois à Saint-Lazare . Je ne veux pas respirer le même air que vous.

Mes anges, je vous conjure, encore une fois, de me dire tout ce que vous savez. L’inquisition est fade en comparaison de vos jansénistes de grand’chambre et de tournelle. Il n’y a point de loi qui ordonne ces horreurs en pareil cas ; il n’y a que le diable qui soit capable de brûler les hommes en dépit de la loi. Quoi ! le caprice de cinq vieux fous suffira pour infliger des supplices qui auraient fait trembler Busiris !3 Je m’arrête, car j’en dirais bien davantage. C’est trop parler de démons, je ne veux qu’aimer mes anges. »

1 Un Mémoire à consulter pour le sieur Moinel et autres accusés est suivi d’une Consultation datée du 27 juin 1766, et signée Cellier, d’Outremont, Muyart de Vouglans, Gerbier, Timbergue, Benoist fils, Turpin et Linguet. Le Mémoire et la Consultation font partie du Recueil intéressant publié par Devérité.

Voir : https://www.furet.com/livre-pod/recueil-interessant-sur-l-affaire-de-la-mutilation-du-crucifix-d-abbeville-ed-1776-louis-alexandre-deverite-9782012766914.html

et : https://www.pba-auctions.com/lot/18549/3906062

2 Il y avait cinq accusés, le chevalier de La Barre, Moinel, Douville de Maillefeu, Dumaisniel de Saveuse, et d’Étallonde de Morival ; le premier et le dernier avaient été condamnés à être brûlés, mais d’Étallonde était contumace. La Barre seul fut exécuté.

3 Busiris était un roi mythique d'Egypte qui immolait aux dieux des victimes humaines : https://fr.wikipedia.org/wiki/Busiris_(mythologie)

11/10/2021

il est engagé pour des crevailles ... Qu’il se crève, qu’il se damne, qu’il fasse tout ce qu’il voudra 

... se disent tous les candidats aux élections envers tout candidat adverse, d'autant plus détesté qu'il est originaire du même parti . Le marché de la peau de banane est à la hausse .

Voir , par exemple chez les LR :  https://www.lepoint.fr/politique/congres-ou-pas-dans-les-...

 

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

Mercredi matin à 8 heures, [16 juillet 1766] à Ferney 1

Figurez-vous donc, monsieur, qu’hier mardi M. le prince de Brunswick m’écrit qu’il viendra se reposer de ses fatigues dans mon ermitage. Je lui propose d’y venir manger du lait et des œufs frais, et de renoncer ce jour-là au monde et à ses pompes. Et sur ce que vous m’aviez mandé des pompes, je vous prie de vouloir bien venir avec M. de Taulès pour me bouillir du lait. Point du tout, ne voilà-t-il pas que ce jeune héros me mande qu’il est engagé pour des crevailles 2 avec monsieur l’ambassadeur, et qu’il ne viendra que demain ! Je n’ose plus supplier Son Excellence de venir faire pénitence de ses excès à la campagne. Qu’il se crève, qu’il se damne, qu’il fasse tout ce qu’il voudra . Il est le maître, je suis à ses ordres et aux vôtres. Faites-moi la grâce d’instruire un pauvre vieux ermite de vos marches et de vos plaisirs.

Votre grand diable de Cosaque, qui dit avoir la poitrine perdue, est un fort bon homme. Il avait avec lui un médecin qui a du mérite. »

10/10/2021

Je ne sais qui est l'auteur du Philosophe ignorant

... Ami Voltaire, tu serais étonné de voir la dédicace de B[ernard]-H[enri] L[évy] et amusé de l'enthousiasme de ce philosophe [sic] , ignorant et le restant indéfiniment , bavard impénitent, vain brasseur de vent : "S’il me fallait, aujourd’hui, désigner un texte de Voltaire, un seul, et le recommander à qui en serait encore au point où j’en étais il y a trente ou quarante ans, s’il me fallait convaincre un lecteur qui n’aurait pas compris l’urgence de se plonger dans ce flot de mots dont, comme l’enfer selon saint Bonaventure, on ne sait jamais s’il est trop brûlant ou trop glacé, c’est ce petit texte que je choisirais."

Le ridicule ne tue plus .

https://www.acrimed.org/Un-documentaire-sur-la-tournee-de...

« BHL, c’est un intellectuel luciole. Il cherche la lumière en permanence, et quand il fait noir, il s’éclaire lui-même » Christophe Carron . Tout est dit .

 

 

« A Gabriel Cramer

[juillet 1766]

Je vous prie monsieur Caro et vous prie instamment de m'envoyer le tome de La Henriade corrigé de ma main, sur lequel vous avez imprimé l'in-4° . J'en ai un besoin pressant . Si vous n'avez plus cet exemplaire, je vous prie de m'envoyer les feuilles de l'in-4°.

Je ne sais qui est l'auteur du Philosophe ignorant, mais on doute fort que cette ignorance entre dans la savante ville de Paris . »