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28/03/2022

vous alliez baiser la pantoufle d’un prêtre

...

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally

A Ferney, 22 Décembre 1766

Venez, monsieur ; vous alliez baiser la pantoufle d’un prêtre 1, et vous serez embrassé par des profanes qui vous aiment de tout leur cœur. Vous me trouverez dans mon lit, bien languissant ; mais la chair est faible, l’esprit est encore prompt 2, et surtout très prompt à sentir tout ce que vous valez, très touché de votre souvenir, et empressé à vous marquer les plus tendres et les plus respectueux sentiments. »

1 Rochefort allait à Rome. Clément XIII est pape : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_XIII

2 Evangile selon Matthieu , XXVI, 41 : https://saintebible.com/matthew/26-41.htm

27/03/2022

tous les ministres, savent assez quelle est la conduite punissable de cet homme. C’est tout ce que je puis vous dire, et je vous prie de le dire

... Eric Zemmour ne se sent plus pisser , L'Heureux-con-quête des voix en perdant la sienne, ce dégonflé n'a pas osé faire taire ceux qui hurlaient "Macron assassin" alors qu'il fait appel et fait applaudir les plus grands guignols de la droite , des fonds de panier avariés . Zemmour , tu ne seras pas même chef de classe, c'est écrit  .

 

 

« A Alexandre-Frédéric-Jacques Masson, marquis de Pezay

22è décembre 1766 1

L’amitié que vous me témoignâtes, monsieur, dans votre séjour à Ferney, et les sentiments que vous m’inspirâtes, me mettent en droit de me plaindre à vous de M. Dorat  2. Il m’a confondu d’une manière bien désagréable avec Jean-Jacques 3, et il a trop oublié que l’ingratitude de ce malheureux envers M. Hume, son bienfaiteur, et son infâme conduite envers moi, sont des choses très essentielles qui blessent la société, et dans lesquelles le seul agresseur a tort. Ce n’est pas là un objet de plaisanterie. Ce malheureux m’a calomnié pendant un an auprès de M. le prince de Conti et de madame la duchesse de Luxembourg. Il a eu la basse hypocrisie de signer entre les mains d’un cuistre, à Neuchâtel, qu’il écrivait contre M. Helvétius, l’un de ses bienfaiteurs, et il accusait M. Helvétius d’un matérialisme grossier 4. Il m’a de même accusé presque juridiquement ; il a insulté tous ceux qui l’ont nourri.

Encore une fois, monsieur, il n’est point question ici de ses mauvais livres et des querelles de littérature ; il s’agit des procédés les plus lâches et les plus coupables. M. le duc de Choiseul, et tous les ministres, savent assez quelle est la conduite punissable de cet homme. C’est tout ce que je puis vous dire, et je vous prie de le dire à M. Dorat, dont vous savez que je ne vous ai jamais parlé qu’avec la plus grande estime.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.»

2 L’Avis aux sages du siècle, M. Voltaire et Rousseau, par Dorat, se terminait ainsi : Soyez toujours nos bienfaiteurs,/ Et, plus dignes de nos hommages, / Achevez enfin par vos mœurs / Ce qu’ont ébauché vos ouvrages .

Voir page 224 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774837n/texteBrut

Je ne vous demande point pardon de mon importunité, car il s’agit de faire du bien

... D'Emmanuel Macron à Poutine , avant une énième conversation/réclamation/ négociation  ?

 

 

« De Voltaire, Pierre-Jacques-Claude Dupuits et Marie-Françoise Dupuits

à

Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont

A Ferney, 22 décembre 1766 1

Madame,

Permettez que deux personnes qui vous doivent leur bonheur en grande partie, ainsi qu’à M. le duc de Choiseul, vous témoignent au moins une fois par an leur reconnaissance.

Nous sommes avec un profond respect, madame, vos très humbles, très obéissants, et très obligés serviteur et servante.

Corneille-Dupuits. Dupuits.



Il y en a trois, madame ; je vous ai au moins autant d’obligation que les deux autres ; mais ce n’est pas assez pour votre cœur de faire des heureux, vous pouvez d’un mot tirer une famille entière du plus grand malheur. Vous avez protégé l’innocence des Calas, les Sirven essuient précisément la même horreur, et ils demandent au Conseil la même justice contre les mêmes juges dont le fanatisme se joue de la vie des hommes.

M. de Beaumont, l’avocat des Calas, a fait pour les Sirven un mémoire signé de dix avocats ; on l’imprime actuellement et il ne sera présenté qu’aux juges. M. le duc de Choiseul a eu la bonté de promettre qu’il demanderait M. de Chardon pour rapporteur à M. le vice-chancelier. M. de Chardon s’y attend. Je vous supplie, madame, de vouloir bien en faire souvenir M. le duc votre frère. Je ne vous demande point pardon de mon importunité, car il s’agit de faire du bien, et je vous sers dans votre goût.

J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect et la plus vive reconnaissance, madame, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.»

 

 

 

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26/03/2022

Songez bien, encore une fois, que, si nous n’avons pas le bonheur d’obtenir une évocation, nous aurons pour nous le cri de l’Europe, qui est le plus beau de tous les arrêts

... J'espère que c'est ce que pensent les Ukrainiens, n'en déplaise à Jo Biden .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

22 Décembre 1766.

Mon cher ami, l’autre Sémiramis ne valait pas celle-ci 1 . Le Ninus 2 n’était qu’un vilain ivrogne ; j’admire sa veuve, je l’aime à la folie. Les Scythes deviennent nos maîtres en tout . Voilà pourtant ce que fait la philosophie. Des pédants chez nous poursuivent les sages, et des princesses philosophes accablent de biens ceux que nos cuistres voudraient bannir 3.

Que M. de Beaumont fasse comme il voudra, mais je veux avoir son mémoire, je veux donner aux Sirven la consolation de l'imprimer 4. Songez bien, encore une fois, que, si nous n’avons pas le bonheur d’obtenir une évocation, nous aurons pour nous le cri de l’Europe, qui est le plus beau de tous les arrêts. Je compte toujours que M. Chardon sera le rapporteur. Pour moi, si j’étais juge, je condamnerais le bailli de Mazamet à faire amende honorable, à nourrir et à servir les Sirven le reste de sa vie.

Je doute fort que le roi permette la convocation des pairs au parlement de Paris ; ou je me trompe fort, ou il en sait beaucoup plus qu’eux tous . Il apaise toutes les noises en temporisant.

Genève est un peu plus difficile à mener que notre nation, mais à la fin on en viendra à bout.

Je me suis aperçu qu'il y a bien des fautes dans la scène du Scythe ; mais en gros je voulais savoir comment vous et Platon l'avez trouvée 5 .

J’embrasse tendrement le favori de ma Catherine 6. Je vais écrire à ma Catherine, et lui dire tout ce que je pense d’elle.

Mandez-moi des nouvelles de la pomme de Guillaume Tell : vous êtes Normand 7, vous devez vous intéresser aux pommes 8. Oh ! comme je vous embrasse !

Je vous prie, mon cher ami, de m’envoyer une lettre de change sur Lyon, de cinquante louis, dont voici la quittance. L’affaire de Lamberta traîne un peu en longueur ; mais elle se fera, malgré le dérangement où l’on est 9. »

1 Catherine II. V* envoie la copie de sa réponse à Damilaville ( lettre du même jour à Catherine II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/24/j... )

2 Pierre III, son mari qu'elle avait fait tuer .

3 D'après la copie Beaumarchais , l'édition de Kehl met brûler .

4 L'édition de Kehl pour éviter de dramatiser, affaiblit le texte en mettant le lire .

5 Ce paragraphe manque dans la copie Darmstadt .

6 Diderot. .

7 Damilaville était né près de Saint-Clair-sur-Epte.

8 Cette phrase manque aussi dans la copie Darmstadt .

9 Tout ce paragraphe est omis dans la copie Darmstadt .

Je vous souhaite d’ailleurs,... une maîtresse potelée, tendre, pleine d’esprit, et pourtant fidèle. Jouez du flageolet pour elle, et du violon pour vous

... En tout bien, tout honneur .

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« A Michel-paul-Guy de Chabanon

A Ferney, 22 décembre 1766 

Il y a longtemps que j’aurais dû vous remercier, mon cher confrère d’avoir fait votre tragédie. Vous savez combien j’aime à corrompre la jeunesse, et combien j’adore les talents. M. de La Harpe travaille chez moi dix heures par jours ; et moi, vieux fou, j’en ai fait tout autant. La rage des tragédies m’a repris comme à vous ; mais, de par Melpomène, gardons-nous bien de les faire jouer. Figurez-vous que Zaïre fut huée dès le second acte, que Sémiramis tomba tout net, qu’Oreste fut à peu près sifflé . La même Adélaïde du Guesclin, redemandée par le public, avait été conspuée par cet aimable public ; que Tancrède fut d’abord fort mal reçu, etc., etc., etc.

Je conclus donc, et je conclus bien, qu’il faut faire imprimer sa drogue ; ensuite les comédiens donnent notre orviétan sur leur échafaud, s’ils le veulent ou s’ils peuvent ; et notre pauvre honneur est en sûreté , car remarquez bien qu’ils ne représenteront jamais une pièce imprimée que quand le public leur dira : Jouez donc cela, il y a du bon dans cela, cela vous vaudra de l’argent. Alors ils vous jouent, ils vous défigurent ; mademoiselle Dumesnil court à bride abattue, une autre dit des vers comme on lit la gazette, un autre mugit, un autre fait les beaux bras, et la pièce va au diable ; et alors le public, qui est toujours juste, comme vous savez, avertit, en sifflant, qu’il siffle messieurs les acteurs et mesdemoiselles les actrices, et non pas le pauvre diable d’auteur.

Ce parti me paraît prodigieusement sage, et d’une très fine politique. Faites imprimer votre Eudoxie ou Eudocie, quand nous en serons tous deux contents, et alors je vous réponds que les comédiens mêmes ne pourront la faire tomber.

Je vous souhaite d’ailleurs, pour l’année 1767, une maîtresse potelée, tendre, pleine d’esprit, et pourtant fidèle. Jouez du flageolet pour elle, et du violon pour vous. Cultivez les beaux-arts, jouissez de la vie. Vous êtes fait pour être une des créatures les plus heureuses, comme vous êtes des plus aimables. Maman et moi, et Cornélie-Chiffon, et tous ceux qui ont eu l’honneur de vous voir, vous font leurs plus tendres compliments.

V.»

 

 

25/03/2022

j’ambitionne bien d’oser parler au nom du genre humain, si ma voix peut encore se faire entendre

... Soit M. Zelensky soyez entendu , compris, aidé , tout en faisant en sorte que vous ne condamniez pas les pays amis quand ils n'apportent pas une aide armée directe, et tout simplement (si on peut dire ) portent secours au peuple . Il faut se résoudre à négocier, au plus tôt , l'armée russe n'est pas prête à rejouer Potemkine .

 

 

« A Catherine II, impératrice de Russie

A Ferney par Genève, le 22 décembre 1766

Madame,

Que Votre Majesté impériale me pardonne : non, vous n’êtes point l’aurore boréale 1; vous êtes assurément l’astre le plus brillant du Nord, et il n’y en a jamais eu d’aussi bienfaisant que vous . Andromède, Persée et Caliste, ne vous valent pas. Tous ces astres-là auraient laissé Diderot mourir de faim 2. Il a été persécuté dans sa patrie, et vos bienfaits viennent l’y chercher. Louis XIV avait moins de magnificence que Votre Majesté . Il récompensa le mérite dans les pays étrangers, mais on lui indiquait ce mérite , vous le cherchez, madame, et vous le trouvez. Vos soins généreux pour établir la liberté de conscience en Pologne sont un bienfait que le genre humain doit célébrer, et j’ambitionne bien d’oser parler au nom du genre humain, si ma voix peut encore se faire entendre.

En attendant, madame, permettez-moi de publier ce que vous avez daigné m’écrire au sujet de l’archevêque de Novogorod 3, et sur la tolérance 4. Ce que vous écrivez est un monument de votre gloire ; nous sommes trois, Diderot, d’Alembert, et moi, qui vous dressons des autels . Vous me rendez païen . Je suis avec idolâtrie,

madame,

aux pieds de Votre Majesté,

mieux qu’avec un profond respect

le prêtre de votre temple »

 Voltaire. »

1 Voir lettre du 9 (20 nouveau style) juillet 1766 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35175925.html

2 Catherine venait d’envoyer vingt-cinq mille francs à Diderot, qui n’avait pas été payé de la pension annuelle de mille francs qu’elle lui faisait. (Georges Avenel)

3 Dans une lettre du 28 novembre 1765, Catherine a écrit à V* : « Dmitri, métropolite de Novgorod, n'est ni persécuteur, ni fanatique ; il n'y a pas un principe dans le mandement d'Alexis qu'il n'avouerait, ne prêcherait et ne publierait dès que cela serait utile ou nécessaire . » Voir lettre du 24 janvier 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/11/la-tolerance-est-etablie-chez-nous-elle-fait-loi-de-l-etat-et-il-est-defen.html

Voir lettre 5  : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-34382830.html

4 Voir lettre de Catherine II citée plus haut .

24/03/2022

je ris encore ; et, Dieu merci, je regarde ce monde comme une farce qui devient quelquefois tragique. Tout est égal au bout de la journée, et tout est encore plus égal au bout de toutes les journées

... Fatalitas ! comme dit Chéri-Bibi .

Chéri-bibi t.1 ; fatalitas - Pascal Bertho, Marc-Antoine Boidin - Delcourt  - Grand format - Librairie Gallimard PARIS

 

 

 

« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

Ferney, 22 décembre 1766.

Monseigneur, je souhaite la bonne année à Votre Éminence s’il y a de bonnes années ; car elles sont toutes assez mêlées, et j’en ai vu soixante-treize dont aucune n’a été fort bonne. Je ne m’imaginerai jamais que vous abandonniez entièrement les belles-lettres ; vous seriez un ingrat. Vous aimerez toujours les vers français, quand même vous feriez des hymnes latins. Je ne dis pas que vous aimerez les miens, mais vous me les ferez faire meilleurs. Vous m’avez accoutumé à prendre la liberté de vous consulter : je présente donc à votre muse archiépiscopale une tragédie profane pour ses étrennes. Il m’a paru si plaisant de mettre sur la scène tragique une princesse qui raccommode ses chemises, et des gens qui n’en ont pas, que je n’ai pu résister à la tentation de faire ce qu’on n’a jamais fait. Il m’a paru que toutes les conditions de la vie humaine pouvaient être traitées sans bassesse ; et quoique la difficulté d’ennoblir un tel sujet soit assez grande, le plaisir de la nouveauté m’a soutenu, et j’ai oublié le solve senescentem 1: mais, si vous me dites solve, je jette tout au feu. Jetez-y surtout ces étrennes si elles vous ennuient, et tenez-moi compte seulement du désir de vous plaire. Je me flatte que vous jouissez d’une bonne santé, et que vous êtes heureux. Je sais du moins que vous faites des heureux, et c’est un grand acheminement pour l’être. Vous faites de grands biens dans votre diocèse ; vous contemplez de loin les orages, et vous attendez tranquillement l’avenir.

Pour moi chétif, je fais la guerre jusqu’au dernier moment . Jansénistes, molinistes, Frérons, Pompignans, à droite, à gauche, et des prédicants et J.-J. Rousseau. Je reçois cent estocades, j’en rends deux cents, et je ris. Je vois à ma porte Genève en combustion pour des querelles de bibus 2, et je ris encore ; et, Dieu merci, je regarde ce monde comme une farce qui devient quelquefois tragique.

Tout est égal au bout de la journée, et tout est encore plus égal au bout de toutes les journées.

Quoi qu’il en soit, je me meurs d’envie que vous soyez mon juge, et je vous demande en grâce de me dire si j’ai pu vous amuser une heure. Vous êtes pasteur, et voici une tragédie dont des pasteurs sont les héros. Il est vrai que des bergers de Scythie ne ressemblent pas à vos ouailles d’Albi  . Mais il y a quelques traits où l’on retrouve son monde. On aime à voir dans des peintures, quoique imparfaites, quelque chose de ce qu’on a vu autrefois. Ces réminiscences amusent et font penser. En un mot, monseigneur, aimez toujours les vers ; pardonnez aux miens et conservez vos bontés pour votre vieux et attaché serviteur.

V.»

1 Horace, Epîtres, I, i, 8 : voir note de lettre du 19 décembre 1766 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/19/j-etais-las-de-voir-toujours-des-princes-avec-des-princes-et-6372201.html