30/04/2022
Souffrez aussi que je félicite mon siècle de ce qu’il produit des âmes comme la vôtre, qui désarment la superstition
... Vive Pierre-François Moreau !
Et Spinoza, le véritable insoumis !*
https://www.philomag.com/articles/la-raison-contre-la-sup...
*Pas comme le Mélenchon politicard, insoumis de pacotille.
NDLR - Rédigé le 7 mai pour parution le 30 avril 2022
« Au chevalier François-Jean de Chastellux
Au château de Ferney, par Genève, 14è janvier 1767
Monsieur,
Il y a des malheurs 1 qui produisent les choses du monde les plus heureuses. Votre philosophie et votre générosité ont secouru l’innocence menacée. Permettez-moi de vous témoigner la reconnaissance dont je serai pénétré toute ma vie. Souffrez aussi que je félicite mon siècle de ce qu’il produit des âmes comme la vôtre, qui désarment la superstition . Cela ne serait pas arrivé il y a vingt ans.
J’ai l’honneur d’être, avec autant de reconnaissance que de respect,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Le chevalier de Chastellux a écrit en marge la note suivante : « Il s’agissait dans cette lettre de livres arrêtés. Je ne me rappelle pas à quel propos ; mais c’était toujours une recommandation auprès de M. d’Aguesseau (fils du chancelier et oncle de Chastellux) que M. de V. avait demandée. »
D'Aguesseau de Fresne, doyen du conseil, beau-frère du comte de Chastellux, père du chevalier François-Jean de Chastellux ; voir : https://portail.biblissima.fr/ark:/43093/pdatab534c2a39c3... et : https://gw.geneanet.org/arnac?lang=fr&n=de+chastellux&oc=0&p=francois+jean
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29/04/2022
nous reprenons gaiement nos chaînes si elles ne sont pas déshonorantes
... L'élection présidentielle est passée, ne nous déshonorons pas en élisant des guignols à l'Assemblée . Le premier-ministrable auto-proclamé Mélenchon rappelle furieusement Georges Marchais, et l'on sait ce qu'il advint de ces épousailles forcées : divorce et funérailles .
https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_de_la_gauche
NDLR- Rédigé le 7 mai pour parution le 29 avril 2022.
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
13 janvier [1767], partira le 14 1
Nous venions, mon cher ange, d’envoyer le mémoire ci-joint à M. de Montyon 2, et d’en faire une copie pour vous, selon notre usage, lorsque nous avons reçu votre aimable lettre du 7 janvier.
1° C’est à votre sagesse à voir quel usage on peut faire de ce mémoire. C’est un grand bonheur que ce Jeannin n’ait nommé que la Doiret devant ces trois témoins ; il ne sera plus reçu à nommer un autre nom. Faites valoir ou supprimez ce mémoire, tout sera bien fait.
2° Que l’on prononce contre la dame Doiret toutes les condamnations possibles, cela ne nous fait rien. Que l’on fasse des livres ce que l’on voudra, nous ne nous y intéressons assurément point.
3° Nous ne concevons pas, notre cher ange, comment vous nous proposez d’écrire à M. de Chauvelin, lorsque vous êtes à portée de lui parler 3.
Est-il possible que vous nous proposiez de faire par lettres, à cent trente lieues d’éloignement, ce que vous pouvez faire de vive voix à Paris en deux minutes ! Nous ne demandons la prompte révocation de Jeannin qu’afin qu’il ne puisse apprendre le nom de Mme Lejeune au bureau de Collonges, et vous restez tranquille !4
4° Vous ne dites point quel est le président du bureau ; et vous devez bien présumer que nous le saurons sans vous, et que nous le saurons trop tard 5 . N. B. Nous l’apprenons dans le moment, et nous aurions tremblé à ce nom, sans M. de Praslin et M. de Chastellux .
5° Nous sommes aux pieds de M. le duc de Praslin, mais nous serions aussi à son cou s’il avait parlé d’abord à monsieur le vice-chancelier 6.
6° S’il était nécessaire que moi V. j’allasse arranger mes affaires avec M. le duc de Virtemberg, vous concevez bien que les discours de Paris ne m’en empêcheraient pas. Il est vrai que je suis bien malade, et que je risquerais ma vie au milieu des neiges ; mais si on me persécutait à soixante-treize ans, cette vie ne mériterait pas d’être conservée 7.
7° Permettez-nous d’insister plus que jamais sur la saisie de l’équipage de Mme Denis. Vous ne connaissez pas encore une fois la province où nous sommes. Cette saisie et la raison de la saisie ne lui permettraient pas de rester dans un château que j’ai bâti à si grands frais. Il faudrait tout abandonner, et j’irais certainement mourir dans les pays étrangers 8.
8° Moi V., je vous, conjure à présent de songer aux Scythes plus que jamais. C’est précisément dans ce temps-ci qu’il faut qu’ils paraissent pour faire diversion ; il est absolument nécessaire ou qu’on les joue ou qu’on les débite. Vous ne m’avez point accusé réception des deux exemplaires adressés à M. le duc de Praslin . Je lui en ai adressé encore un troisième, avec les directions nécessaires pour les acteurs. Puisse cette pièce être jouée comme elle va l’être à Ferney ! M. et Mme de La Harpe sont des acteurs excellents, et tout le reste est fort bon 9.
Maintenant vous me demanderez peut-être comment je ne me suis pas adressé à M. le duc de Choiseul dans l’affaire présente ? C’est que précisément, dans ce temps-là même, je prenais la liberté de lui en recommander d’autres auxquelles il se prêtait avec une bonté et un courage inexprimables. C’est enfin parce que, ne sachant pas quelle serait l’issue de cette abominable aventure, je réservais sa protection pour mes affaires avec M. le duc de Virtemberg 10.
Je vous supplie de remercier pour moi M. le chevalier de Chastellux. Je le connais par ricochet ; c’est un philosophe. On me mande qu’on exerce une furieuse tyrannie contre les autres philosophes. Jugez si j’ai dû commencer par faire mes paquets !
Songez bien aux dates, mon cher ange, je vous en conjure . Le mémoire pour M. de Montyon est parti un jour avant que je vous écrive cette lettre 11. Si vous jugez à propos que ce mémoire n’ait d’autre effet que celui de faire voir combien le receveur du bureau de Collonges est indigne de recevoir le prix de sa rapine, il suffira que M. de Montyon l’ait lu sans pousser les choses plus loin.
Songez bien encore que nous n’avons commencé un procès criminel contre des quidams inconnus que pour montrer combien nous avons à cœur de poursuivre les délinquants et de constater notre innocence. Ce procès criminel n’a point été suivi, et nous en avons effacé tous les vestiges.
Encore une fois, que la Doiret et le quidam soient condamnés à l’amende, c’est ce que nous demandons ; et que le nom de Jeannin même ni le mien ne paraissent point dans l’arrêt.
Nous aurions demandé un délai à M. de Montyon ; mais, sur votre lettre et sur la lettre détaillée de l’abbé Mignot, nous n’en demandons plus.
Le mot d’amende qui se trouvait dans la lettre de Mme d’Argental, et qui semblait porter sur Mme Denis, nous avait cruellement alarmés ; nous étions résolus à tout hasarder plutôt que de nous soumettre à un tel affront 12.
Nous respirons depuis douze ans l’air des républiques ; mais nous reprenons gaiement nos chaînes si elles ne sont pas déshonorantes. Vous savez que, de cette petite affaire-là, j’ai eu une attaque d’apoplexie ; mais je ne veux pas en avoir deux, et je veux mourir tranquille 13.
Je me mets aux pieds du satrape Nalrisp 14. J’ai des raisons essentielles pour que l’on joue les Scythes, et pour qu’on les débite incessamment.
Le temps est horrible : le thermomètre est à quinze degrés au-dessous de la glace, comme en 1709, dans notre Sibérie. Le froid est, dit-on, excessif à Paris ; mais on peut apprendre ses rôles dans cette extrême rigueur de la saison, et jouer la pièce dans un temps plus doux.
Au reste, j’écris un mot de remerciement à M. le chevalier de Chastellux 15, et je vous supplie de vouloir bien le lui faire remettre.
Il ne me reste plus qu’a baiser les ailes de mes anges avec mon idolâtrie ordinaire.
V.»
1 Les commentaires qui figurent en notes sont de la main de d'Argental , rajoutés par lui en marge des paragraphes en question .
2 Lettre du 9 janvier 1767 à Montyon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/19/n-ayant-rien-on-ne-peut-rien-m-oter-j-ai-tout-donne-6377302.html
3 « C'est pour gagner du temps que l'on a indiqué cette voie, persuadé que c'était tout perdre que de demander sur-le-champ la révocation . »
4 « C'est précisément ce qu'il ferait s'il était révoqué e ton ne douterait pas alors que M. de Voltaire n'eut favorisé le colportage « . Remarque fort judicieuse : l'insistance que met V* à réclamer la révocation du malheureux procède évidemment plus d'un désir de vengeance que d'un calcul raisonné .
5 M. d’Argental répond en marge : « On ne l’a point nommé parce que cela ne pouvait servir qu’à inquiéter. »
6 Note de M. d’Argental : « M. de Praslin n’était point à portée de parler au vice-chancelier ; sa recommandation aurait tout gâté. »
7 Note de M. d’Argental : « Le duc est parti pour Venise ; ainsi le prétexte serait tout trouvé. »
8 « Monsieur l'abbé a répondu à cet article du prétendu déshonneur. »
9 « On peut les jouer le mercredi des Cendres mais soit qu'on les joue, soit qu'on en distribue l'édition il est essentiel que M ; de V. retouche son Vè acte . »
10 Note de M. d’Argental : « Cette raison est mauvaise ; M. le duc de Choiseul n’aurait pas mieux demandé que d’ajouter ce service aux autres. »
11 Note de M. d’Argental : « Le mémoire et la lettre sont arrivés en même temps ; la poste n’est point exacte, et c’est ce qui fait que monsieur le chancelier a reçu le procès-verbal avant que nous en ayons eu l’avis. »
12 Note de M. d’Argental : « Mme d’Argental n’a jamais parlé d’amende que comme devant tomber sur la Doiret. »
13 « Il est affreux de reprocher à son ami qu'il a été cause de la prétendue attaque d'apoplexie . »
14 Praslin.
15 La lettre du 14 janvier 1767 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-7.html
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28/04/2022
s’il n’est pas un jour votre secrétaire, vous ne pourrez mieux faire que de le faire agréer à la bibliothèque du roi, place très conforme au genre d’étude vers lequel il se porte avec une espèce de fureur
... Je vois bien ce conseil donné à E. Macron à propos de cette Perrette-Mélenchon qui se hausse du col pour réclamer le poste de premier ministre : ce serait risible si ce n'était un bluff gros comme l'orgueil de ce hableur . Le bordel risquerait d'être infailliblement à notre portée .
NDLR- Rédigé le 7 mai pour parution le 28 avril 2022.
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
13 janvier [1767] au soir, par Genève, malgré les troupes.
Après avoir eu l’honneur de recevoir votre lettre de Bordeaux, concernant Gallien, je vous écrivis, monseigneur, le 9 de janvier. Je reçois aujourd’hui votre lettre du 29, par laquelle je vois que je suis heureusement entré dans toutes vos vues, et que j’avais heureusement prévenu vos ordres concernant ce jeune homme.
Je suis encore fort incertain si je partirai ou non pour aller chez monsieur l’ambassadeur en Suisse, et de là régler mes affaires avec M. le duc de Virtemberg. Vous seriez d’ailleurs bien étonné de la raison principale qui peut me forcer d’un moment à l’autre à faire ce voyage. C’est un homme que vous connaissez, un homme qui vous a obligation, un homme dont vous vous êtes plaint quelquefois à moi-même, un homme qui est mon ami depuis plus de soixante années, un homme enfin qui, par la plus singulière aventure du monde, m’a mis dans le plus étrange embarras Je suis compromis pour lui de la manière la plus cruelle ; mais je n’ai à lui reprocher que de s’être conduit avec un peu trop de mollesse ; et, quoi qu’il arrive, je ne trahirai point une amitié de soixante années, et j’aime mieux tout souffrir que de le compromettre à mon tour. Je vous défie de deviner le mot de l’énigme, et vous sentez bien que je ne puis l’écrire ; mais vous devinez aisément la personne 1. Tout ce que je sais, c’est qu’il faut s’attendre à tout dans cette vie, se tenir prêt à tout, savoir se sacrifier pour l’amitié, et se résigner à la fatalité aveugle qui dispose des choses de ce monde.
Cela n’empêchera pas que je ne vous envoie ma tragédie des Scythes pour votre carnaval, dès que vous m’en aurez donné l’ordre ; cela vous amusera, et il faut s’amuser.
Je vous demande très humblement pardon de la prière que je vous ai faite 2; mais l’état où je suis m’y a forcé. Si je reste dans mes montagnes, nous serons obligés d’envoyer à dix lieues chercher des provisions, parce que la communication est interrompue avec Genève par des troupes ; nos fermiers se sont enfuis sans nous payer ; et, si je vais en Suisse et ailleurs, le secours que j’ai pris la liberté de vous demander ne me sera pas moins nécessaire.
Je suis bien de votre avis quand vous me marquez que Gallien 3 n’est pas encore en état de faire l’histoire du Dauphiné ; mais je pense qu’il est très à propos de lui laisser amasser les matériaux qu’il trouve dans ma bibliothèque, et dans celles de plusieurs maisons de Genève, où on se fait un plaisir de l’aider dans ses recherches. Il travaille beaucoup, et même avec passion ; il cultive sa mémoire, qui est, comme tout le monde en conviendra, tout à fait étonnante ; et, s’il n’est pas un jour votre secrétaire, vous ne pourrez mieux faire que de le faire agréer à la bibliothèque du roi, place très conforme au genre d’étude vers lequel il se porte avec une espèce de fureur. Quand même je ne serais pas à Ferney, il pourra toujours assembler ses matériaux dans ma bibliothèque et dans celles dont je vous ai parlé ; après quoi son style, que je ne trouve rien moins que mauvais, venant à se perfectionner au bout de quelque temps, on le confiera à quelque savant bénédictin du Dauphiné, pour en tirer les anecdotes les plus curieuses pour l’embellissement de l’histoire de cette province, pour laquelle il a un violent penchant, et sur laquelle il a déjà huit portefeuilles d’anecdotes et de recherches qu’il a faites depuis son arrivée, sans compter ce qu’il avait déjà recueilli dans l’endroit 4 où vous l’avez si judicieusement tenu pendant deux ans, temps qu’il a mis à profit, contre l’ordinaire. Enfin j’augure bien de cette histoire du Dauphiné. Cette province, heureusement pour lui, n’a pas un écrivain dont la lecture soit supportable. Elle peut être enfin le fondement de sa fortune.
En vous priant d’agréer mes hommages et ceux de Mme Denis, permettez que je vous envoie un fragment d’un endroit de ma lettre 5 à la personne dont je vous ai parlé . Vous verrez par là à quel homme j’ai affaire. Je vous conjure de me garder le plus profond secret.
V. »
1 D’Argental. Voltaire explique encore ici les choses à sa manière. (Georges Avenel.)
2 Voltaire, créancier de Richelieu, avait demandé deux cents louis à son débiteur ; voir lettre du 9 janvier 1767 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/20/votre-banquier-de-bordeaux-peut-aisement-vous-avancer-pour-s-6377475.html
3 Voir lettre 6530 du 8 octobre 1766 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/10/il-n-y-a-point-assurement-de-facon-de-pisser-plus-noble-que-6359638.html
4 Ce doit être quelque maison de correction.
5 La lettre précédente du 12 janvier 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/24/les-ministres-s-etaient-fait-une-loi-de-ne-point-se-comprome-6378278.html
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27/04/2022
je prends la liberté de vous envoyer pour vos étrennes un petit éloge de l’hypocrisie
... Adressé au premier ministre qui doit se faire bien voir des membres de son gouvernement , lesquels sont aux aguets pour remporter les palmes de bonne conduite .
"Lève les yeux, parle en citoyen libre :
Sois franc, sois simple; et, sans affecter rien,
Essaye un peu d'être un homme de bien."
NDLR- Rédigé le 6 mai pour parution le 27 avril 2022 .
« A Frédéric II, landgrave de Hesse-Cassel
À Ferney, le 13 janvier 1767 1
Monseigneur,
Comme je sais que vous aimez passionnément les hypocrites, je prends la liberté de vous envoyer pour vos étrennes un petit éloge de l’hypocrisie 2, adressé à un digne prédicant de Genève. Si cela peut amuser Votre Altesse sérénissime, l’auteur, quel qu’il soit, sera trop heureux.
Votre Altesse sérénissime est informée, sans doute, de la guerre que les troupes invincibles de Sa Majesté très chrétienne font à l’auguste république de Genève. Le quartier général est à ma porte. Il y a déjà eu beaucoup de beurre et de fromage d’enlevé, beaucoup d’œufs cassés, beaucoup de vin bu, et point de sang répandu. La communication étant interdite entre les deux empires, je me trouve bloqué dans ce petit château que Votre Altesse sérénissime a honoré de sa présence. Cette guerre ressemble assez à la Secchia rapita 3; et si j’étais plus jeune, je la chanterais assurément en vers burlesques 4. Les prédicants, les catins, et surtout le vénérable Covelle, y joueraient un beau rôle. Il est vrai que les Genevois ne se connaissent pas en vers ; mais cela pourrait réjouir les princes aimables qui s’y connaissent. La seule chose que j’ambitionne à présent, monseigneur, ce serait de venir au printemps vous renouveler mes sincères hommages.
J’ai l’honneur d’être, etc.
Voltaire.»
1 L'orignal signé est passé en vente chez Charavay à Paris le 18 mars 1899 .
2 Cette pièce en vers a été publiée pour la première fois dans les Honnêtetés littéraires sous le titre « Maître Guignard, ou De l’hypocrisie, diatribe par M. Robert Covelle », parmi les Satires : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome10.djvu/147
3 Voir lettre du 4 février 1766 à Moultou : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/25/vos-genevois-sont-malades-d-une-indigestion-de-bonheur-ils-sont-trop-a-leur.html
4 Par ce passage on voit que V* a commencé à écrire La Guerre civile de Genève : https://books.google.fr/books?id=Gy8HAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
16:38 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/04/2022
Ayez la bonté de faire savoir à quoi vous vous sentez le plus propre
... D'un président à un ministre potentiel .
NDLR - Rédigé le 6 mai pour parution le 26 avril 2022 .
« A Jacques-Marie-Bertrand Gaillard d'Etallonde 1
13 de janvier 1767
Un homme qui a été sensiblement touché de vos malheurs 2, monsieur, et qui est encore saisi d’horreur du désastre d’un de vos amis 3, désirerait infiniment de vous rendre service. Ayez la bonté de faire savoir à quoi vous vous sentez le plus propre ; si vous parlez allemand, si vous avez une belle écriture, si vous souhaiteriez d’être placé chez quelque prince d’Allemagne, ou chez quelque seigneur, en qualité de lecteur, de secrétaire, de bibliothécaire ; si vous êtes engagé au service de Sa Majesté le roi de Prusse, si vous souhaitez qu’on lui demande votre congé, si on peut vous recommander à lui comme homme de lettres ; en ce cas on serait obligé de l’instruire de votre nom, de votre âge, et de votre malheur. Il en serait touché ; il déteste les barbares ; il a trouvé votre condamnation abominable.
Ne vous informez point qui vous écrit, mais écrivez un long détail à Genève, à M. Misopriest 4, chez M. Souchay, marchand de draps, au Lion d’or. Ayez la bonté de dire à M. Haas, chez qui vous logez, qu’on lui remboursera tous les ports de lettres qu’on vous enverra sous enveloppe.
Voulez-vous bien aussi, monsieur, nous faire savoir ce que monsieur votre père vous donne par an, et si vous avez une paye à Vesel ? On ne peut vous rien dire de plus pour le présent, et on attend votre réponse. »
1 Gaillard d’Étallonde, condamné par contumace dans l’horrible affaire du chevalier de La Barre, était fils du président de l’élection d’Abbeville. Échappé aux bourreaux, il prit du service sous le nom de Morival. Voltaire le recommanda au roi de Prusse, qui, plusieurs années après, permit à d’Étallonde de venir en France pour faire casser sa condamnation. Ce fut alors (1775) que Voltaire écrivit le Cri du sang innocent (voyez tome XXÏX, page 375). On offrit à d’Étallonde des lettre de grâce ; il les refusa, et sortit de France. Il alla voyager en Russie. Ayant obtenu, en 1788, des lettres d’abolition, il revint en France, se fixa à Amiens, où il est mort pendant les premières années de la Révolution. (Beuchot.)
2 Hennin a fait part de ces sentiments à V* dans une lettre du 21 juin 1766 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6369
3 Le chevalier de La Barre .
4 Pseudonyme déjà employé depuis le début de 1766 ; ce mot signifie ennemi des prêtres.
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25/04/2022
interea patitur justus /Entre temps, c'est le juste qui pâtit
... Comme d'hab !
« A Pierre de Buisson, chevalier de Beauteville
À Ferney, 13è janvier 1767
Monsieur,
Votre Excellence va être bien étonnée, et va prendre ceci pour une plaisanterie fort indiscrète ; mais comme je suis un peu embarrassé avec mes banquiers de Genève, tant pour leur argent de change inintelligible 1 que par leur agio trop intelligible, je suis obligé d’avoir recours à votre protection . Je suis un pauvre Scythe qui implore les bontés d’un ambassadeur persan. La lettre de change ci-jointe vous dira de quoi il est question. Si vous daignez engager M. le trésorier des Suisses à faire tenir cette lettre de change à Montbéliard, elle sera acceptée sans difficulté, et j’espère venir prendre cet argent chez monsieur le trésorier quand je serai assez heureux pour sortir de mon lit, et pour venir vous faire ma cour dans votre royaume.
Il est bien vrai que nous n’avons point eu aujourd’hui de bœuf pour faire du bouillon. Nous manquons de tout ; les Genevois mangent de bonnes poulardes de Savoie ; on s’imagine les avoir punis, et c’est nous que l’on punit. Le mal tombe surtout sur notre maison. Je prends la liberté grande de dire à M. le duc de Choiseul qu’il a le diable au corps , mais interea patitur justus 2.
Si je ne connaissais pas votre extrême bonté, je n’aurais pas tant d’effronterie.
Au reste, je vous réponds que je ne jouer[ai] pas mes deux cents louis au pharaon, comme le chevalier de Boufflers , mais aussi il ne m’est pas permis, à mon âge, d’être aussi plaisant que lui. Permettez-moi de dire les choses les plus tendres à M. le chevalier de Taulès, et daignez agréer l’attachement inviolable et le profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être ,
monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
1 L'édition Garnier met « par leur argot de change inintelligible »
2 Entre temps, c'est le juste qui pâtit .
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24/04/2022
On peut regarder leur opinion comme un ordre
... L'opinion des électeurs ordonne l'exécution du programme du candidat à la présidence, désormais élu pour cinq ans : Emmanuel Macron (sa challenger, soulagée, peut retourner faire des grattouilles à ses chats et vivre aux crochets de son parti ) .
L'extrême-droite a atteint ses limites : plouf!
« A Jacques Lacombe
12è février 1767, à Ferney par Lyon 1
Non, monsieur, vous n’êtes point mon libraire, vous êtes mon ami, vous êtes un homme de lettres et de goût, qui avez bien voulu faire imprimer un ouvrage d’un de mes autres amis 2, et qui voulez bien vous charger de donner une édition correcte des Scythes, dès que je pourrai vous faire connaître l’original. Je vous avoue que l'auteur du Triumvirat m'a confié qu'il est fort affligé que vous ayez tiré plus de sept cent cinquante exemplaires de son ouvrage . Vous ne pouviez guère en débiter un plus grand nombre dans l'indifférence où l'on est aujourd'hui sur tout ce qui peut n'être que bon, et qui n'est pas annoncé au public par un grand succès au théâtre . La multitude de ces écrits est si prodigieuse que les nouveaux venus se perdent dans la foule . S'il est vrai que vous n'avez tiré qu'environ sept cents exemplaires, il dit que c'est cent cinquante de trop . Il vous prie d'en envoyer des exemplaires à M. de Lutteau, correspondant du Journal encyclopédique et du Mercure, à M. Gaillard, chargé de la partie des belles-lettres au Journal des savants, à M. Damilaville au bureau des vingtièmes, quai Saint-Bernard (deux exemplaires ) . Il vous supplie de faire corriger à la main, dans tous ces exemplaires que vous enverrez, la page 29 J'irai chercher Pompée, mettez : J'irais chercher Pompée, et à la page 138 ceux de Mintiane, corrigez : ceux de Minturne.
On vous prie aussi d'ajouter à l'errata qu'on vous a envoyé un changement nécessaire à la page 29 . Mon ami a raison de vouloir que, sa pièce n'étant point intéressante, elle soit au moins correcte . Il y a deux fois heureux à cette page 29 à trois vers l'un de l'autre ,
Pardonne Cicéron, de Rome heureux génie,
mettez :
Cicéron, j'outrageai ta cendre et ton génie.
Si vous vouliez faire plaisir à l'auteur de l'ouvrage, vous en feriez une seconde édition en sacrifiant les exemplaires de la première qui vous restent . Cette seconde édition se vendrait surtout à la faveur de celle des Scythes avec une petite préface par laquelle vous avertiriez que vous joignez ces deux pièces ensemble ainsi que d'autres morceaux de littérature que vous avez cru mériter l'attention des connaisseurs .
Au reste, j'ai préparé un avis au public 3 dans lequel je dis que le sieur Duchesne qui demeurait au Temple du goût, mais qui n'en avait aucun, s'est avisé de défigurer tous mes ouvrages, et qu'il a obtenu un privilège du roi pour me rendre ridicule . Je crois du moins que son privilège est expiré, et qu’il m’est permis de donner mes ouvrages à qui bon me semble. MM. Cramer ont imprimé Les Scythes au milieu des troubles de Genève , et la pièce est si fautive qu'elle est toute corrigée à la main . On n'en débitera aucune exemplaires en France . Le sentiment de M. le duc de Praslin et de M. le duc de Choiseul , à qui la pièce est dédiée, est qu'on puisse la jouer à Paris avant qu'on la débite . On peut regarder leur opinion comme un ordre . Vous pourriez toujours vous munir d'une permission . Je vous enverrai la pièce dès que vous le voudrez . Vous en garderez tous les exemplaires presqu'à ce qu'il soit convenable de faire la vente, et je vous prierai toujours de n'en tirer d'abord que sept cent cinquante en conservant les dernières planches pour me donner le loisir de corriger dans une nouvelle édition ce qu'on aura trouvé de répréhensible. J’attends votre réponse en vous embrassant de tout mon cœur .
V. »
1 L'édition de Kehl amalgame cette lettre, réduite à des fragments, avec des fragments de lettres du 7 février et du 14 mars 1767 .
2 La tragédie du Triumvirat, que Voltaire voulait qu’on attribuât à un jésuite.
3 C’est l’Avis au lecteur imprimé à la fin de l'édition de Lacombe des Scythes : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/345
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