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02/04/2009

j’aime mieux encore succomber que de signer un compromis qui me couvrirait de honte

Notre président "bien-actif" faute d'être "bien- aimé", -tout comme Volti qui "aime mieux encore succomber que de signer un compromis qui me couvrirait de honte"- , ne saurait accepter "qu'on renvoie sine die à d'autres sommets la résolution de problèmes dont on connait parfaitement la nature". Il est vrai qu'Angela l'a dopé aux bisous affectueux.

Du coup "pas question de caprice, pas une question d'ego", il ne reste comme alternative que l'altruisme qui va permettre -promis, juré,craché !- "un nouveau soutien aux pays les plus pauvres".

Tiendra, tiendra pas ?

Wait and see, is'n't it !!

 

 Je passe la parole à Volti qui se défend -encore !- et qui ne veut pas mentir -quand ça le dessert !- bien sùr .

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental, conseiller au parlement, rue de la Grange-Batelière, à Paris

 

 

                            Mon respectable ami, j’aime mieux encore succomber sous le libelle de Desfontaines, que de signer un compromis qui me couvrirait de honte [V* aurait dû renier le Préservatif et Desfontaines renier La Voltairomanie]. Je suis plus indigné de la proposition que du libelle.

 Desfontaines.jpg

                            Tout ce malentendu vient de ce que M. Hérault qui a tant d’autres affaires plus importantes n’a pas eu le temps de voir ce que c’est que ce Préservatif, qu’on veut que je désavoue comme un libelle purement et simplement.

 

                            Ce Préservatif publié par le chevalier de M. [Mouhy] contient une lettre de moi qui fait l’unique fondement de tout le procès [lettre à Mafféi de septembre 1736 où V* dit qu’il a fait sortir Desfontaines de Bicêtre qui a alors malgré celà rédigé un libelle ]. Cette lettre authentique articule tous les faits qui démontrent mes services et l’ingratitude du scélérat qui me persécute. Désavouer un écrit qui contient cette lettre c’est signer mon déshonneur, c’est mentir lâchement et inutilement. L’affaire me semble, consiste à savoir si Desfontaines m’a calomnié ou non. Si je désavoue ma lettre dans laquelle je l’accuse, c’est moi qui me déclare calomniateur. Tout ceci ne peut-il finir qu’en me chargeant de l’infamie de ce malheureux ? Comment veut-on que je désavoue, que je condamne la seule chose qui me justifie, et que je mente pour me déshonorer ?

 

                            M. de Meinières [parent de Hérault] ne pourrait-il faire à M. Hérault ces justes représentations ? Qu’il promette une obéissance entière à ses ordres, mais qu’il obtienne  des ordres plus doux, qu’il ait la bonté de faire considérer à M. Hérault que pendant dix années l’abbé Desfontaines m’a persécuté moi et tant de gens de lettres par mille libelles, que j’ai été plus sensible qu’un autre parce qu’il a  joint la plus noire ingratitude aux plus atroces calomnies envers moi . Il a fait entendre à M. Hérault que j’ai rendu outrage pour outrage, que j’ai fait graver une estampe dans laquelle il est représenté à Bicêtre, mais l’estampe a été dessinée à Vérone, gravée à Paris, et l’inscription est à peine française. M’en accuser c’est une nouvelle calomnie.

 

                            Enfin, mon cher ange gardien, je suis persuadé qu’une représentation forte de M. de Meinières jointe à la vivacité de M. d’Argenson qui ne démord pas, emportera la place, et cette place c’est une réparation authentique, non un compromis.

 

                            Si vous pouviez faire un petit mot à M. Hérault, par M. Maurepas, l’affaire n’en irait pas plus mal. Ah ! mon cher et respectable ami, que de persécutions, que de temps perdu ! Eripe me a dentibus eorum. [= arrache moi à leurs dents]

 

                            Mon autre ange, celui de Cirey, vous écrit, ainsi je quitte la plume, je m’en rapporte à tout ce qu’elle vous a dit. L’auteur de Mahomet 2 [La Noue] m’a envoyé sa pièce, elle est pleine de vers étincelants, le sujet était bien difficile à traiter. Que diriez-vous si je vous envoyais bientôt Mahomet premier ? Paresseux que vous êtes, j’ai plus tôt fait une tragédie que vous n’avez critiqué Zulime !

 

                            Ah ! Mettez mon âme en repos, et que tous mes travaux vous soient consacrés.

 

                            Faites lire à vos amis l’Essai sur Louis XIV, je voudrais savoir si on le goûtera, s’il paraitra vrai et sage.

 

                   Adieu mon cher ange gardien, mille respects à Mme d’Argental.

 

 

                   V.

                   2 avril 1739.»

 

Pour les curieux :

ref : Bicêtre au XVIII ème: http://www.initiales.org/Dans-la-nuit-de-Bicetre.html

25/02/2009

Les miennes sont fanées, mes divins anges !

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            J’ai acquitté votre lettre de change, Madame, le lendemain de sa réception, mais je crains de ne vous avoir payée qu’en mauvaise monnaie [vers demandés en l’honneur de Maurice de Saxe]. L’envie même de vous obéir ne m’a pu donner de génie. J’ai mon excuse dans le chagrin de savoir que votre santé va mal. Comptez que cela est bien capable de me glacer. Vous ne savez peut-être pas, M. d’Argental et vous, avec quelle passion je prends la liberté de vous aimer tous deux. Si j’avais été à Paris, vous auriez arrangé de vos mains la petite guirlande que vous m’avez ordonnée pour le héros de Flandre et des filles, et vous auriez donné à l’ouvrage la grâce convenable. Mais aussi pourquoi moi ? quand vous avez la grosse et brillante Babet [le futur cardinal de Bernis surnommé Babet la bouquetière] dont les fleurs sont si fraiches ? Les miennes sont fanées, mes divins anges ; et je deviens pour mon malheur plus raisonneur et plus historiographe que jamais. roses.jpgMais enfin il y a remède à tout et Babet est là pour mettre quelques roses à la place de mes vieux pavots .pavots vieux.jpgVous n’avez qu’à l’ordonner.

 

                            Mon prétendu exil  [la reine se serait fâchée suite à un compliment adressé à Mme de Pompadour, et non comme il le prétend pour une lettre adressée à la dauphine ] serait bien doux ici si je n’étais pas trop loin de mes anges. En vérité ce séjour-ci est délicieux. C’est un château enchanté dont le maître fait les honneurs. Mme du Châtelet a trouvé le secret d’y jouer Issé [« Pastorale héroïque en musique » de Houdar de La Motte] trois fois sur un très beau théâtre et Issé a fort réussi. La troupe du roi m’a donné Mérope ; croiriez- vous, Madame, qu’on y a pleuré tout comme à Paris ? et moi qui vous parle je me suis oublié au point d’y pleurer comme un autre. On va tous les jours d’un palais dans un kiosque, ou d’un palais dans une cabane, et partout des fêtes, et de la liberté.

Isse_.jpg

Mme du Châtelet qui joue aujourd’hui Issé en diamants vous fait mille compliments. Je ne sais pas si elle ne passera pas ici sa vie. Mais moi qui préfère la vie unie et les charmes de l’amitié à toutes les fêtes j’ai grande envie de revenir dans votre cour.

 

                            Si M. d’Argental voit Marmontel, il me fera le plus sensible plaisir de lui dire combien je suis touché de l’honneur qu’il me fait [dédicace de Denys le Tyran]. J’ai écrit à mon ami Marmontel il y a plus de dix jours pour le remercier. J’ai accepté tout franchement  sans aucune modestie un honneur qui m’est très précieux, et qui à mon sens rejaillit sur les belles lettres. Je trouve cent fois plus convenable et plus beau de dédier son ouvrage à son ami et à son confrère qu’à un prince. Il y a longtemps que j’aurais dédié une tragédie à Crébillon, s’il avait été un homme comme un autre. C’est un monument élevé  aux lettres et à l’amitié. Je compte que M. d’Argental approuvera cette démarche de Marmontel, et que même il l’y encouragera.

 

                            Adieu vous deux qui êtes pour moi si respectables et qui  faites le charme de la société. Ne m’oubliez pas, je vous en conjure, auprès de monsieur votre frère ni auprès de M. de Choiseul et de vos amis. J’attends avec impatience le temps de vous faire ma cour.

 

                            Voltaire

                            A Lunéville ce 25 février 1748. »

 

 

 

22/02/2009

Voilà bien du bruit

« A Charlotte-Sophie Von Altenburg, comtesse Bentinck

 

 

                            J’ai certainement gagné mon procès, Madame, puisque l’homme de l’ancienne loi [le juif Hirschell, verdict rendu le 18 février ], instrument des nouvelles cabales [menées par les amis de Baculard d’Arnaud -(dont V* a obtenu le renvoi)- avec le major Chazot ] , a été condamné à la prison et à me rendre  x  mille écus de lettres de change qu’il me volait .

 

                            J’ai gagné l’autre partie du procès puisque cinq joailliers qui se connaissent mieux en diamants que cinq chanceliers, ont jugé que l’Hébreu m’a trompé de moitié.

 

                            Un Juif m’a volé. Voilà bien du bruit pour une bagatelle. [copié sur l’anecdote qu’il raconta : « voilà bien du bruit pour une omelette au lard »]

 

                            Conservez-moi vos bontés, Madame, et je me moquerai de l’Ancien testament et du Nouveau.

 

                            Mais par parenthèse s’il ne vous faut qu’une apparence d’emprunt de 200 mille écus [en novembre 1750, elle cherchait 300 000 écus, séparée de son mari ; V* intervenait plus ou moins en sa faveur, ce qui déplaira à Fréderic II], ne pouvez-vous pas avoir l’air de les emprunter d’un négociant ? sans tant de façons et de peines ?

 

                            Voltaire

                            22 février 1751. »

 

 

 

« A Charles-augustin Ferriol, comte d’Argental er à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

                        Ô anges,

 

                        Vous connaissez les faibles mortels . Ils se trainent à pas lents. Quatre vers le matin, six le soir, dix ou douze le lendemain, toujours rentrayant [c.à.d. cousant des morceaux avec couture invisible], toujours rapetassant, et ayant bien de la peine pour peu de chose. Renvoyez-moi donc ma guenille, afin que sur le champ elle reparte avec pièces et morceaux, et que la hideuse créature se représente devant votre face, toute recousue et toute recrépie.

 

                        Mais, ô mes divins anges, le drame de Cassandre [d’abord nommé Statira, puis plus tard Olympie ] est plus mystérieux que vous ne pensez. cassandre.jpgVous ne  songez qu’au brillant théâtre de la petite ville de Paris ; et le grave auteur de Cassandre a de plus longues vues. Cet ouvrage est un emblème ; que veut-il dire ? que la confession, la communion, la profession de foi etc. etc. sont visiblement prises des Anciens. Un des plus profonds pédants de ce monde, et c’est moi, a fait une douzaine de commentaires par A et par B à la suite de cet ouvrage mystique, et je vous assure que cela est édifiant et curieux [V* :  « J’ai choisi ce sujet moins pour faire une tragédie que pour faire un livre de notes à la fin de la pièce… »]. Le tout ensemble fera un singulier recueil pour les âmes dévotes.

 

                        J’ai lu la belle lettre de Madame Scaliger à la nièce [lettre de Mme d’Argental à Mme Denis ]. Nous sommes dans un furieux embarras. Mademoiselle-Dumesnil-.jpgSi Mlle Dumesnil est ivre, adieu le rôle de Statira. Si elle n’est pas ivre, elle sera sublime. Mlle Clairon, vous refusez Olympie [ ce n’est pas le premier rôle, et V* proposera de nommer sa pièce Olympie pour « qu’elle paraisse jouer le premier rôle »], mais vraiment vous n’êtes pas trop faite pour Olympie, et cependant il n’y a que vous : car on dit que cette de-largilliere-nicholas-mlle-dubois-.jpgDubois est une grande marionnette et que Mlle Hus n’est qu’une grande catin .Tirez-vous de là, mes anges. Vous serez bien habiles.

 

                        Et ma tracasserie avec cet animal de Guy Duchesne [= Pierre Guy qui travaille chez Duschesne, libraire qui sans permission, fait paraitre Zulime d’après une copie utilisée et très modifiée à la Comédie française ]? Vous ne me l’avez jamais mise au net. Encore une fois je ne crois pas avoir fait un don positif à Guy Duchesne, et je voudrais savoir précisément de quel degré est ma sottise.

 

                        Mon plus grand malheur, vous dis-je, est la mort d’Élisabeth. Je crois mon Showalow disgracié. On m’a dit la paix faite entre Pierre III et Frédéric III [en  comptant Frédéric –Guillaume, le traité sera signé le 5 mai]. Ma chère Élisabeth détestait Luc. Je n’y avais pas peu contribué, et je riais dans ma barbe, car je suis un drôle de corps. Mais je ne ris plus. Mlle Clairon m’embarrasse.

 

                        Je baise le bout de vos ailes.

 

                        Accusez-moi donc la réception de Jean Meslier, c’est un élixir pour les âmes chancelantes.

 

                        Voltaire

                        22 février 1762. »

 

 

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Hus

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Dumesnil

http://www.poster.net/de-largilliere-nicholas/de-largilli...

 

25/01/2009

l’avidité du public malin ...!

Qui emploie sa journée fait bien des choses, j'ajouterai, mérite un bon repos !

Volti n'aurait rien à changer dans sa manière de décrire le "public malin" (inspiré par le malin, ce fichu diable que certains tirent par la queue !) ; les revues people , le fameux "poids des mots" (poids plume, alourdi par un cadre publicitaire envahissant) et "choc des photos" ont un avenir radieux, la richesse des uns ébahissant la pauvreté des autres . "Les amateurs, un jour..." : mais quel jour et combien d'amateurs ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

                Mon cher ange, vous avez été bien étonné du dernier paquet de Zulime ; mais qui emploie sa journée fait bien des choses. Je travaille, mais guidez –moi.

 

                Primo, je persiste dans l’idée de faire un procès criminel à l’abbé Desfontaines. Je n’ai rien à craindre du Préservatif. L’auteur s’en déclare [Mouhy, V. écrit, les 19 et 20 février, « Le chevalier de Mouhy… avoue Le Préservatif »] preservatif.jpgJe n’ai rien à craindre non plus des Lettres philosophiques ; j’ai désavoué le livre. Il n’y a aucune preuve, aucun écrit de ma main.

 

                2° Je vous envoie les lettres pour M. l’avocat général, et pour M. le chancelier.

 

                3° J’ai écrit à M. Hérault aux étrennes, avec beaucoup de zèle et d’attachement.

 

                4° J’ai écrit à M. de Maurepas en général sur le même ton, mais encore plus vivement.

 

                5° Autant à M. d’Argenson – réponse affectueuse des trois.

 

                6° J’ai envoyé à M. d’Argenson mon dernier mémoire [ contre Desfontaines ], mais je ne compte le faire imprimer qu’avec permission tacite dans un recueil à la tête duquel on mettra les deux premiers chapitres de l’Histoire de Louis XIV, un écrit sur la manière de faire les journaux, les épîtres corrigées [ Discours sur l’Homme ], et quelques autres pièces. Mais alors, il me semble qu’il sera très convenable de laisser dans mon mémoire justificatif tout ce qui est littéraire, car si l’avidité du public malin ne désire actuellement que du personnel, les amateurs un jour préféreront beaucoup le littéraire. J’ai fait cet ouvrage dans le goût de Pellisson et peut-être de Cicéron. Je serais confondu si ce style était mauvais. Je vous demande en grâce de faire transcrire plusieurs copies de la lettre de Mme de Bernières, afin qu’elles soient montrées à M. le chancelier, à MM. d’Aguesseau, à M. d’Argenson, à M. Hérault. Il ne faut transcrire que jusqu’à l’article où elle demande le secret. Je vous prie aussi de m’en envoyer une copie. Je compte que vous en mettrez copie dans mes lettres que je vous renvoie.

 

                Mme du Châtelet rendra service à Linant, et moi aussi. Je ne sais pourquoi il ne m’écrit point ; Prault devait lui donner de l’argent de ma part, et il devait m’envoyer sa pièce.

 

                Qu’est devenu L’Envieux, qu’est devenu l’Œdipe ?

 

                Si vous voyez Prault, ordonnez-lui donc d’être plus exact.

 

                Adieu, mon cher ange gardien, le temps presse, adieu, je suis pénétré.

 

                V.

                Ce 26 (janvier 1739)

 

                Je vous envoie une lettre que je reçois dans ce moment ; elle vous fera voir encore ce que c’est que l’abbé Desfontaines.

                Je vous enverrai par le premier ordinaire une lettre pour M. Hérault si vous le trouvez bon. »

 

Je préviens tout de suite les malotrous qui feront les gorges chaudes en lisant "adieu, je suis pénétré "que le signataire, tout comme moi est pénétré d'innocence ! Honni soit qui mal y pense, quoi que ...

10/01/2009

On aura la comédie !

« A Charles–Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

    Comment vous portez-vous, mes divins anges ? Votre thermomètre est-il à dix au dessous de la glace comme le nôtre ? Je perds les yeux, les oreilles, la poitrine, les pieds, les mains et la tête .

    An nom de Dieu, quand le doux temps viendra , comme dit Pluche [ abbé Antoine Pluche, dit Noël Pluche , auteur de livres sur la nature et le ciel ], venez avec lui pour être le médiateur de Genève . Vous savez que cette fourmilière importune le roi, et demande un ministre qui règle le pas des fourmis. Tout cela en vérité, est le comble du ridicule . Il y a deux mois que ces pauvres gens pouvaient s’accorder très aisément ; deux ou trois sottises à la tête desquelles est l’orgueil les ont brouillés plus que jamais . Il serait bien difficile de dire précisément pourquoi ; et je crois que les médiateurs seront bien étonnés qu’on les ait fait venir pour de semblables bagatelles [ « il faut savoir si le Petit Conseil est en droit de rejeter quand il lui plait les représentations des citoyens … c’est ce qu’on appelle le droit négatif » : V. ]. Mais enfin venez, vous qui êtes le plus aimable et le plus conciliant de tous les  hommes, comme le plus juste . Que cette aventure me produise le bonheur de ma vie ; vous verrez madame votre tante en chemin , [ Mme de Grolée, sœur du cardinal de Tencin à Lyon ], et cette visite ne sera peut-être pas inutile .

Quand vous serez à Genève, vous recevrez vos paquets de Parme plus tôt qu’à Paris [ d’Argental est le représentant de Parme en France ] . Vous ferez aussi bien des affaires avec M. le duc de Praslin par lettres que de bouche . Vous êtes d’ailleurs deja au fait des tracasseries genevoises ; enfin, je ne vois point d’homme plus propre que vous pour ce ministère. Je suis convaincu qu’il ne tient qu’à vous d’être nommé et, si vous ne l’êtes pas, je ne vous le pardonnerai jamais . Berne et Zurich enverront des magistrats, il faut que la France en fasse autant .

J’ajoute à toutes ces raisons un point bien important, c’est qu’on aura la comédie à Genève pendant la médiation, pour préparer les esprits à la concorde et à la gaieté .

Enfin, voilà probablement la seule occasion que j’aurai d’embrasser mon ange avant ma mort .
    Voici une lettre d’un mauvais plaisant de Neuchâtel que je vous envoie pour vous tenir en joie  [ « Lettres à l’occasion des miracles » de Voltaire, présentées comme écrites par M. Beaudinet, de Neuchâtel ].

On m’assure dans le moment que le roi de Prusse est très malade, cela pourrait bien être ; il m’écrivit, il y a un mois que je l’enterrerais, tout cacochyme et tout vieux que je suis ; mais je n’en crois rien, ni lui non plus .

Je pense que l’affaire des dîmes est accrochée, comme on dit en style de dépêches [= arrêtées ; dîmes réclamées par le curé de Ferney ]; il n’y a pas grand mal . Je suis rempli de la plus tendre et de la plus respectueuse reconnaissance pour toutes les bontés de M. le duc de Praslin, et confus des peines qu’il a daigné prendre . Lorsque j’ai vu que les Genevois n’étaient plus occupés sérieusement que de la prééminence de leurs rues hautes sur leurs rues basses, et qu’ils étaient résolus de fatiguer le ministère de France pour savoir si le conseil des vingt-cinq a le pouvoir négatif ou non dans tous les cas, j’ai jugé à propos de faire avec mon curé ce que le Conseil genevois aurait du faire avec les citoyens ; j’ai fait un très bon accommodement avec le curé, il m’a rendu maître de tout, et Dieu merci, je n’ai plus de procès qu’avec Fréron .

 

Voltaire

Le 10 janvier 1766. »

   

 

 

 

    « deux ou trois sottises à la tête desquelles est l’orgueil les ont brouillés plus que jamais » : les adversaires israeliens et palestiniens n’ont peut-être pas que de l’orgueil mal placé, une haine qui fait peur et il faut aussi le reconnaitre des moyens financiers qui me laissent pantois pour poursuivre inlassablement leur effort de guerre . J’ai entendu à la radio que « Hamas » a envoyé en moyenne mille roquettes par an depuis sept ans sur Israël, dans le même temps que la bande de Gaza crève de faim . Je pense que les dirigeants des pays en guerre devraient être mis au front, sous les balles et les bombes, auprès des populations qu’ils condamnent à la misère et à la mort . « Armons-nous et partez », c’est leur mot d’ordre , et bien moi je leur dit « levez votre cul bien au chaud dans vos bureaux ultra-protégés, allez enterrer un de vos proches, allez tuer de vos propres -non, sales – mains » et alors là, si vous en êtes capables, et si vous continuez le conflit, c’est que vous êtes complètement cinglés et on doit vous enfermer avant que je vous crache dessus. Vous n’avez rien à faire à la tête de quelque gouvernement qui soit, faites–vous tout petit ! Fauteurs de troubles de tous pays je vous hais ! Peuples de ces pays, réagissez enfin ! Votre manière de lutter contre la surpopulation me défrise ( le peu de cheveux qui me reste )! Laissez faire les maladies et les virus, ils sont très bien équipés pour ça ! Je me mets à débloquer moi aussi , stop !  

    Quand aura-t-on le cœur de faire une médiation constructive dans le même esprit que l’envisageait Voltaire :  « un point bien important, c’est qu’on aura la comédie à Genève pendant la médiation, pour préparer les esprits à la concorde et à la gaieté ». Préparer les esprits à la concorde, vaste programme ! www.recouvreur.fr/92/CONCORDE%20H300.jpg

CONCORDE%20H300.jpg

On ne rit plus en ce bas monde, ou alors rarement, ou alors à contre temps, ou alors pour ne pas pleurer ! Rassurez-vous , on peut encore lire librement chez nous Voltaire et Desproges, Pierre Dac et Francis Blanche ! Ouf ! Je vais en reprendre un bonne dose …

15/12/2008

plaisir des dieux, plaisir adieu !?

« A Charles –Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

Mon aimable ange gardien, si j’avais eu quelque chose de bon à dire j’aurais écrit à MM. d’Ussé, mais écrire pour dire : j’ai reçu votre lettre, et j’ai l’honneur d’être, et des compliments et du verbiage, ce n’est pas la peine.

Je ne saurais écrire en prose quand je ne suis pas animé par quelque dispute, quelque fait à éclaircir, quelque critique etc. J’aime mieux cent fois écrire en vers, cela est beaucoup plus aisé, comme vous le sentez bien.

Voici donc des vers que je leur griffonne. Qu’ils les lisent, mais qu’ils les brûlent.

Venons à l’épître sur la preuve de l’existence de Dieu par le plaisir .[5ème Discours sur l’homme]. Ne pourrait-on pas y faire une sauce pour faire avaler le tout aux dévots ?

Il est très vrai que le plaisir a quelque chose de divin philosophiquement parlant, mais théologiquement parlant il sera divin d’y renoncer. Avec ce correctif on pourrait faire passer l’épître ; car tout passe. J’ai corrigé encore beaucoup les autres. Un petit mot, s’il vous plait, sur la dernière, sur l’aventure de la Chine [« …je lus hier dans un livre chinois… » : 6ème Discours sur l’homme]. J’aime vos critiques, elles sont fines, elles sont justes, elles m’encouragent. Pousuivez .

Je ne crois avoir fait qu’une action de bon chrétien et non un bon ouvrage dans ce que vous savez [ la pièce L’Envieux donnée à La Marre], et comme il faut que les bonnes œuvres soient secrètes je vous prie de recommander à La Marre le plus profond secret. D’ailleurs qu’il fasse tout ce que vous lui prescrirez. C’est ainsi que j’en userais si j’étais à Paris.

Mme du Chatelet fait mille compliments à l’ange gardien et à cet autre ange Mme d’Argental.

Ce Blaise, c’est ne vous en déplaise, Blaise Pascal mais il faudrait un autre nom. Je vous prie d’engager M. d’Argenson à donner des ordres positifs pour que mes ouvrages n’entrent point en France. Je crains toujours qu’on y ait glissé quelque chose qui troublerait, je ne dis pas mon repos, mais celui d’une personne que je préfère à moi comme de raison.

 

Voltaire

Cirey, le 15 décembre 1738 »

 

« la preuve de l’existence de Dieu par le plaisir », à 44 ans Voltaire a déjà bien travaillé pour accumuler les preuves sur le sujet ; il n’a pas été en retard pour trouver cette réponse par menus et grands plaisirs recherchés dès son adolescence, il faut avouer qu’il est naturellement doué et l’abbé de Chateauneuf, son parrain, n’a pas eu à rougir de son filleul.

« théologiquement parlant il sera divin d’y renoncer » : renonce qui veut, en tout cas , moi je ne veux pas rivaliser avec Dieu ni ses saints ;  que les dévots, grenouilles de bénitiers et punaises de sacristies avalent cette sauce , je reste un homme , pas un ange ( ou alors sérieusement déplumé, à poil(s) en quelque sorte !).

J’envie ce sacré bonhomme philosophe qui fait jouer ses relations de collège, je dirais même qui joue avec ses relations – quelle vérité, quelle  sincérité quand il demande « que mes ouvrages n’entrent point en France . Je crains toujours qu’on y ait glissé quelque chose qui troublerait… » ? Troublant  trublion que ce turbulent’auteur !