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14/01/2023

il écrase la partie adverse sous le poids des raisons et sous les traits du ridicule

... On  peut en dire autant des niaiseux déraisonnables du PS , voulant "être calife à la place du calife", ridicules avérés , chefaillons d'une troupe décimée .

Victoires à la Pyrrhus : https://www.laprovence.com/article/politique/159212299151...

 

 

« A Charles Bordes

26è juin 1767

Le mémoire que vous m'avez envoyé 1, mon cher confrère, est un des meilleurs que j'aie encore vus, il écrase la partie adverse sous le poids des raisons et sous les traits du ridicule. L'infâme chicane que vous attaquez n'a point de détours et de replis qui puissent la dérober au bras victorieux qui la poursuit. Je vous réponds que le mémoire sera imprimé; mais il faudra que vous nous aidiez à le distribuer aux juges. Dès qu'on aura fini une nouvelle édition du Bolingbroke 2, on se mettra tout de suite à votre mémoire. Je vous assure que vous rendez un grand service à l'innocence opprimée.

Oserai-je vous prier de vouloir bien revoir l'édition des Scythes, que Périsse devrait avoir finie il y a un mois? Il m'a envoyé les épreuves, qui sont pleines de fautes. Je lui en ai donné une liste de cinquante-trois . Mais j'ai oublié, à la page 13 : onvrons pour ouvrons. A la page 15, il faut un point après ce vers

Ma jeunesse peut-être en fut épouvantée.

A la page 33 :

Désespéré, soumis, mais surieux encore, etc.

il faut

Désespéré, soumis, mais furieux encore.

Je vous demande bien pardon de ma témérité et de ces détails; mais il faut que les confrères s'aident l'un l'autre, et je vous réponds que j'aurai attention aux points et aux virgules de votre mémoire. Je vous remercie encore une fois de me l'avoir envoyé ; j'espère qu'à la fin la bonne cause triomphera. Je vous en écrirai un jour davantage. Je vous embrasse et vous aime comme un frère. »

1 Peut-être Le Catéchumène dont il sera question un peu plus loin dans la lettre du 1er mars 1768 à d'Argental . Voir : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/voltaire-le-cathecumene-traduit-du-chinois.html

13/01/2023

Ce serait une chose affreuse si la chose était vraie ; il ne serait plus question de cette heureuse tolérance que l'on commençait à espérer

... Vous n'y pensez pas ! est-ce bien vrai ? On envisage sérieusement l'égalité homme-femme ? Dans quel monde allons-nous vivre ? [sic : paroles d'hommes demeurés ]

Dans celui-ci, dont nous suivons les progrès (encore énormes à faire ): https://www.francetvinfo.fr/societe/droits-des-femmes/

 

 

« A David Lavaysse

Ferney, le 25 juin 1767 1

Je suis dans la cruelle nécessité, monsieur, de vous envoyer la copie d'une lettre que je viens d'écrire à madame votre fille 2 en réponse à la sienne . Si vous m'en croyez, vous l'empêcherez d'attirer de méchantes affaires à un homme indigne d'être votre gendre . Je vous plains du mauvais choix qu'elle a fait, mais ce triste choix ne diminue en rien de votre mérite ni de mes sentiments pour vous .

On me mande que les huguenots ont assassiné trois curés vers Saint-Foy 3, et que le maréchal de Richelieu fait marcher des troupes . Je ne sais pas à quelle Sainte-Foy c'est, il y a une trentaine de bourgs de ce nom . Ce serait une chose affreuse si la chose était vraie ; il ne serait plus question de cette heureuse tolérance que l'on commençait à espérer . Quoi qu'il en soit, monsieur, voyez si vous voulez vous charger d’écrire à madame votre fille qu'elle ne doit songer qu'à faire rentrer son mari dans son devoir. Le mien est de vous assurer que je suis avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Copie archives La Beaumelle, Valleraugue ; édition Lauriol . Cette lettre qui figure dans l'édition Besterman précède la réception d'une lettre de David Lavaysse où celui-ci confirme à V* tout ce que sa fille lui a écrit sur La Beaumelle .

3 Il s'agit de l'affaire dite des « masqués de Sainte-Foix » à laquelle Gabriel de Seigneux fera allusion dans une lettre à V* du 22 octobre 1767 sans donner de détails qui puissent l'éclairer . Voir aussi la lettre du 4 juillet 1767 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/05/correspondance-annee-1767-partie-39.html

12/01/2023

Je suis fâché d’affliger cette dame, mais elle ne doit s'affliger que des fautes de son mari et ne songer qu'à en hâter la réparation

... J'ai beau aimer ce sacré Voltaire, je ne peux l'aimer , ni le suivre dans ses rancunes , c'est alors un détestable valétudinaire , il donne sottement du grain à moudre à ses adversaires . Bravo à Mme La Beaumelle .

Mam'zelle Wagnière, vous auriez été de mon avis, en toute bonne foi, j'en suis sûr .

 

 

« A Rose-Victoire de La Beaumelle 1

La dame qui m'écrit est fille d'un homme que j'estime, et femme d'un homme qui m'a outragé . J'ignore si son mari a été à la Bastille ou à Bicêtre, mais je sais qu'il méritait un châtiment plus terrible pour avoir insulté Louis XIV, le duc d'Orléans régent et tous les ministres. Ce ne sont point ici des sottises littéraires, mais des crimes . Ils sont à la vérité les crimes d'un fou, mais ils n'en sont pas moins punissables .

La lettre anonyme que j'ai reçue est en original dans le bureau des ministres, et j'en ai gardé une copie authentique . Tout ce que j'ai écrit à ce sujet est vrai, est prouvé et sera soutenu par moi . Quand on a été coupable de telles atrocités, il n'y a d'autre parti à prendre que celui du repentir . L'insolence dans l’opprobre n'est jamais qu'une mauvaise ressource . On paie cher longtemps les emportements d'une jeunesse effrénée . Si la fille d'un homme de bien qui a eu le malheur d'épouser un homme si coupable veut lui épargner les horreurs attachées à une si mauvaise conduite, elle doit commencer par le faire rougir, et finir par le rendre honnête homme . Ce n'est qu'à ce prix que je puis oublier les actions infâmes . Je suis fâché d’affliger cette dame, mais elle ne doit s'affliger que des fautes de son mari et ne songer qu'à en hâter la réparation.

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi

Au château de Ferney , 25 juin [1767]. »

1 Original signé (archives de la famille Angliviel auxquelles on n'a pas eu accès ) ; éd. Taphanel . Les éditeurs de Kehl quoique ayant pris copie de cette lettre ne l'ont pas publiée, pas plus que la lettre du 24 juin 1767 à La Beaumelle, pour des raisons assez évidentes. Voici l’essentiel de la lettre, très digne, de Mme de La Beaumelle à laquelle répond V* ici .

« 12 juin 1767

« Vous êtes, monsieur, un cruel homme . Depuis douze ans, mon mari n'a pas écrit une syllabe contre vous ; depuis quatre ans, je m'occupe de lui faire oublier toutes ces misères d'auteur . Et tandis que je me flatte d'avoir réussi, je reçois par la poste une lettre horrible que vous écrivez au public contre lui . J'ai été, je vous l'avoue, désolée de ces nouvelles hostilités . M. de La Beaumelle est dans un état à n'avoir pas besoin d'émotions violentes . Je crois donc devoir vous écrire, monsieur, avant de lui montrer cette pièce, afin que, si vous reconnaissez votre tort, comme je l'espère, cette affaire n'aille pas plus loin.

Je vous proteste d'abord, avec toute la vérité possible, que mon mari n'a aucune part aux lettres anonymes qui vous ont été écrites soit de Lyon soit d'ailleurs . Je vois tout ce qu'il écrit. Depuis plus de dix-huit mois il est en proie à des douleurs de tête qui ne lui laissent aucun repos […] Uniquement occupé de sa santé, renfermé dans sa solitude, il est bien éloigné de vous attaquer . J'avais obtenu de lui qu'il supprimerait l'éloge de M. de Maupertuis où vous ne jouez point un rôle avantageux. Votre Traité sur la Tolérance l’avait charmé ; il parlait de vos talents avec admiration, et jamais de ses démêlés avec vous . Et quoiqu’il n’eût pas médiocrement contribué au rétablissement des Calas, tant par des effets réels que par des mémoires d'après lesquels MM. de Beaumont, Loiseau, Mariette et vous-même agîtes et travaillâtes, cependant il vous voyait avec joie vous en attribuer toute la gloire et vous l'attribuait lui-même dans l'occasion .

Enfin je croyais que toutes ces vieilles animosités étaient assoupies pour jamais, lorsque je reçois cette circulaire où vous renchérissez sur tous vos excès passés .

[…] En écrivant que mon mari est un prédicant, qu'il a été à Bicêtre, qu'il a fui avec une servante après un vol fait à la maîtresse de cette servante, prétendez-vous faire croire ce que assurément vous ne croyez pas vous-même ? Vous savez très bien que c'est à la Bastille qu'il a été, où l'on met les auteurs imprudents, et non pas à Bicêtre, où l'on met les malfaiteurs . Vous savez très bien qu'il n'est, ni n'a jamais été prédicant . Tout Genève peut vous l'avoir dit . Il y avait fait une partie de ses études aux dépens de son père . Vous pouvez l'avoir trouvé inscrit dans la matricule des étudiants ; mais sûrement il n'eut jamais l'honneur d'être inscrit, comme vous l'avancez, dans le registre de la compagnie des ministres . Voilà pour ce qu'il a été . Quant à ce qu'il est aujourd'hui, il est seigneur direct, haut , moyen et bas justicier du Carla, ville du comté de Foix […] cette qualité paraît assez incompatible en France avec celle de prédicant .

Je ne parle point du reste . Une imposture semblable à celle de sa condamnation aux galères pour avoir pris l'habitude de fouiller dans les poches de son prochain [...] se réfute d'elle-même. Je vois bien que vous ne voulez que l’inquiéter parce que vous croyez qu'il est votre ennemi . Mais je vous assure qu'il ne l'est pas maintenant . [,,,] Que vous reviendra-t-il au bout ? […] S'il se défend, en serez-vous plus avancé ? Est-il possible qu'à votre âge vous ne puissiez vous résoudre à jouir de votre gloire et à laisser jouir les autres de leur obscurité ? Mon mari ne reprendra plus la plume contre vous ; du moins je l'espère de mes instances, je l'espère même de votre équité .[...] »

Et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Angliviel_de_La_Beaumelle

11/01/2023

Vivez heureux, ..., si on peut l'être parmi les sots, les fous et les méchants

... On peut essayer , si on n'est ni sot, ni fou, ni méchant, mais alors c'est plus dur .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

Mon cher et vrai philosophe, vous avez dû recevoir la seconde lettre il y a longtemps . Je vous prie de me mander si M. Marmontel est aux eaux d'Aix-la-Chapelle 1 et avec qui il fait ce voyage . On a un paquet à lui faire remettre et on ne sait où il faut l’adresser . Mon petit La Harpe se recommande à vous . Il a fait un Éloge de Charles V qui me paraît éloquent et philosophique et qui, à ces deux titres,est digne de votre suffrage . Sa devise est

vim temperatam dii

quoque provehunt

in majus 2.

Il paraît que la raison a des ennemis qui n'ont pas vim temperatam, et que les cuistres vont in minus 3 .

Voici un ennemi de la raison et du genre humain, mais dans un goût différent, qui est à Vésel . Vous connaissez Vésel . Londres vaut un peu mieux, et rien n'est bon pour Jean-Jacques . Vivez heureux, mon cher philosophe, si on peut l'être parmi les sots, les fous et les méchants .

V.

25 juin [1767]. »

1 Oui, et même « avec des femmes fort aimables », selon la Correspondance littéraire (ed. Tourneux, VII, 419 ).

2 D'après Horace, Odes, III, iv, 66-67 ; la force bien réglée, les dieux eux-mêmes la font avancer toujours plus haut.

3 C'est-à-dire des ennemis qui ne n'ont pas une force bien réglée et les cuistres vont sur leur déclin .

10/01/2023

Mon maître ne répond point, monsieur, aux sottises des calomniateurs : il a reçu le détail de vos menaces

... Ainsi pourrait écrire le plus modeste gratte-papier ukrainien à l'ignoble Poutine .

 

 

 

« A Laurent Angliviel de La Beaumelle

[24 juin 1767 ?] 1

Mon maître ne répond point, monsieur, aux sottises des calomniateurs : il a reçu le détail de vos menaces . En attendant votre châtiment, il vous permet de faire imprimer cette lettre au haut de vos libelles 2 . Je suis, monsieur, votre serviteur.

Dupré,

laquais de M. de Voltaire. »

1 Original ( archives de la famille Angliviel dont l'accès a été refusé ) ; édition Taphanel .

2 Cette lettre est caractéristique de l'attitude de V* envers ses ennemis . Successivement, dans une Lettre de M. de Voltaire, datée du 24 avril ( https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_de_monsieur_de_Voltaire/%C3%89dition_Garnier

), puis dans deux sections des Honnêtetés littéraires (XVI et XVII) et dans la Lettreà l'auteur des Honnêtetés littéraires sur les Mémoires de Mme de Maintenon publiées par La Beaumelle ( http://www.tal.univ-paris3.fr/plurital/travaux-2008-2009/L7T04-2008-2009/Agnieszka_Marie_Sophie/PAGES-ASPIREES/FR/5/2.html

), il porte contre La Beaumelle des accusations atroces, et quand ses victimes lui demandent des comptes, il répond par des insolences ou en aggravant ses accusations les plus dangereuses (voir lettre à Mme de La Beaumelle du 25 juin 1767 ). En l’occurrence, il répond à une brève lettre de La Beaumelle lui demandant s'il est bien l'auteur d'une lettre du 29 avril (imprimée ) contre lui . Cette réponse est bien sûr un aveu .

Voir : https://voltairefoundation.wordpress.com/tag/la-beaumelle/

09/01/2023

on connaît quels sont les liens des devoirs et des plaisirs

... L'amour ? L'argent ? La loi ? La foi ? L'altruisme ?

 

«A János Fékété, comte de Galánta 1

24 juin 1767

Celui qui a été assez heureux pour recevoir du noble inconnu un recueil de vers pleins d'esprit et de grâces présente sa respectueuse estime à l'auteur de tant de jolies choses. Il admire comment l'inconnu peut écrire si bien dans une langue étrangère. Il admire encore plus la générosité de son cœur. On serait heureux de pouvoir jouir de la conversation d'un jeune homme d'un mérite si rare. On n'ose pas s'en flatter, on connaît quels sont les liens des devoirs et des plaisirs. Il n'appartient qu'aux souverains et aux belles de jouir du bonheur de le posséder. Quand il voudra se faire connaître, on lui gardera le secret. En attendant, on bénira le ciel d'avoir produit des Messala et des Catulle dans le pays où l'on prétend que les compagnons d'Attila s'établirent. Il est prié d'agréer tous les sentiments qu'il inspire, et le respect d'un homme pénétré de son mérite. »

1 Le comte George de Fékété de Galantha, vice-chancelier de Hongrie, etc., a fait imprimer dans sa patrie, en 1781, deux volumes in-12, intitulés Mes Rapsodies, ou Recueil de différents essais de vers et de prose. Paul Wallaszky, auteur du Conspectus reipublicœ litterariœ in Hungaria, deuxième édition, 1808, in-8°, n'indique ni la naissance ni la mort de Fékété. (Beuchot). C'est à Fékété que sont adressées les lettres 6976, 7052, et trois antres des années 1768 et 1769 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

Un manuscrit n'est qu'une copie de l'imprimé faite au XIXè siècle et a donc été négligé. L'envoi et la lettre au comte de Galánta dataient de Vienne le 9 juin 1767 .

08/01/2023

On veut le faire passer ... pour un impie, parce qu'il a dit que la famine, la peste et la guerre, sont envoyées par la providence

... Qui est-ce ?

 

« A Etienne-Noël Damilaville

24 juin 1767

Monsieur, je reçois la vôtre du 16 juin. Je vois que c'est toujours à vous que les infortunés doivent avoir recours. Le sieur Nervis 1 s'est un peu trop hâté d'aller à Paris; mais il n'a pas été possible de modérer son empressement. Il n'était pas d'ailleurs trop content de Genève. Je sais que sa présence n'imposera pas beaucoup . La veuve respectable d'un homme livré par le fanatisme au plus horrible supplice, accompagnée de deux filles dont l'une était belle, devait faire une impression bien différente. Je crois que le mieux que peut faire Nervis est de ne se montrer que très peu.

M. Cassen, son avocat, me paraît homme de mérite, qui pense sagement, et qui agit avec noblesse. Heureusement l'affaire est uniquement entre ses mains. Je sais que le triste procès de M. de Beaumont peut faire grand tort à la cause que vous soutenez. Le public n'est pas dupe il verra trop que l'envie de briller lui a fait entreprendre la cause des Calas et des Sirven, et que l'intérêt lui fait réclamer la cruauté de ces mêmes lois, contre lesquelles il s'élève dans ses mémoires pour ses deux clients protestants. Ils sont tous révoltés, ils se plaignent amèrement. Cette contradiction frappante, qui les indigne, les refroidit beaucoup pour le pauvre Nervis . Mais leur ressentiment n'aura aucune influence sur le rapporteur et sur les juges.

Il n'est point du tout vrai que la communication avec Genève soit rétablie, au contraire, les défenses de rien laisser passer sont plus sévères que jamais. On ouvre plusieurs lettres. J'ai heureusement reçu tous vos paquets, parce qu'on sait que nous sommes tous deux bons serviteurs du roi, et que nous ne nous mêlons d'aucune affaire suspecte. M. de Lamberta doit recevoir quelques instruments de mathématiques dans peu de jours 2.

Bélisaire, qui est, je crois, de M. Marmontel, a été reçu dans toutes les cours étrangères avec transport. Mes correspondants me mandent que l'impératrice de Russie l'a lu sur le Volga, où elle est embarquée 3. On me mande aussi qu'elle a fait un présent considérable à Mme de Beaumont mais ce n'est pas la vôtre c'est une Mme de Beaumont-Leprince 4, qui fait des espèces de catéchismes pour les jeunes demoiselles.

Il me semble qu'on ne connaît point encore hors de Paris le Supplément à la Philosophie de l'Histoire. Il est d'un nommé Larcher, ancien répétiteur du collège Mazarin, qui l'a composé sous les yeux de Riballier. Il n'est pas trop honnête qu'on permette de traiter de Capanée5 feu l'abbé Bazin, qui était un homme très pieux. On veut le faire passer dans la préface, page 33, pour un impie, parce qu'il a dit que la famine, la peste et la guerre, sont envoyées par la providence 6. Vous voyez bien que ces messieurs, qui osent nier la providence, se rendent gaiement coupables de la plus horrible impiété quand ils en accusent leurs adversaires. Il est à croire que les mêmes personnes qui ont permis la rapsodie infâme de Larcher permettront une réponse honnête 7. Ils le doivent d'autant plus que ce Larcher s'appuie de l'autorité de l'hérétique Warburton, qui a scandalisé toutes les Églises de la chrétienté en voulant prouver que les Juifs ne connurent jamais l'immortalité de l'âme, et en voulant prouver que cette ignorance même imprimait le caractère de la divinité à la révélation de Moïse. Au reste, je doute fort que les gens du monde lisent tous ces fatras. On ne peut guère faire naître des fleurs au milieu de tant de chardons.

J'ai dû vous mander déjà qu'on a lu avec beaucoup de satisfaction l'ouvrage du bachelier sur les trente-sept propositions de Bèlisaire 8. Ce bachelier paraît orthodoxe, et, qui plus est, de bonne compagnie.

Voilà donc J.-J. à Vésel 9! Il n'y tiendra pas; il n'y a que des soldats mais il ira souvent en Hollande, où il fera imprimer toutes ses rêveries. On parle d'un roman intitulé l'Homme sauvage 10; on l'attribue à un de vos amis. Je vous supplie de vouloir bien me l'envoyer par la voie dont vous [vous ] servez ordinairement.

Adieu, monsieur toute ma famille vous fait les plus sincères et les plus tendres compliments.

Boursier. »



1 Sirven . Le 4 juillet 1767, Sirven écrit à Marie-Anne Ramond, lui disant : « J'oubliais de te dire que j'ai pris le nom de Neuris , jusqu'à ce que le Conseil m'ait accordé des juges [... ]»

2 Cette phrase absente de la copie et de l'édition de Kehl a été restituée par Beuchot .

3 Catherine lut cet ouvrage et collabora à sa traduction .Voir lettre de Catherine II du 29 de mai 1767  (recherche C809 sur https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut )

et voir Albert Lortholary, Le Mirage russe en France au XVIII7 siècle, 1951 .

4 Marie Leprince, mariée à un M. de Beaumont, puis séparée d'avec lui, et connue sous le nom de Leprince de Beaumont, née Rouen en 1711, morte à Chanavod (Savoie) en 1780. Elle est auteur de beaucoup d'ouvrages d'éducation dont Le Magasin des enfants, 1758 qui fut réimprimé jusqu'à la fin du XIXè siècle et traduit dans de nombreuses langues.

6 Voyez tome XIX, page 318 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800160/f324.image.r=318

Au début de l'article Guerre de l'édition de 1764 du Dictionnaire philosophique.

9 Après avoir quitté l'Angleterre le 21 mai 1767 et séjourné à Amiens ldu 23 mai au 3 juin 1767, à Fleury-sous-Meudon du 5 au 19 juin, Rousseau est arrivé à Trye-le-Château le 21 juin ; il y restera un an .

10 Voir une note sur la lettre du 19 juin 1767 à d'Alembert .