04/02/2023
c'est un tissu de calomnies si long et si odieux qu'il faut bien enfin y mettre ordre
... Il serait grand temps que les saloperies , je dis bien les saloperies de Cyril Hanouna cessent d'être déversées larga manu sur un public décérébré qui le porte au nues . Les millions accordés à ce minable et grossier personnage, modèle de lâcheté devant ses "invités", et sa bande de prétendus chroniqueurs , encouragent la décadence ; pour être riche et célèbre, brassez des ordures, couvrez-en le monde et vendez les . Hanouna , ce ne sont pas seulement Les Mains Sales que tu incarnes, tu es ordurier, c'est impardonnable .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
15 juillet 1767
Je reçois votre lettre angélique du 10 juillet, mon tendre et respectable ami . Vous aurez bientôt ces malheureux Scythes ; mais je crois qu'il faut mettre un intervalle entre les sauvages de l'Orient et les sauvages de l'Occident . Je persiste toujours à penser qu'il faut laisser le public dégorger Les Illinois ; je pense encore qu'une ou deux représentations suffiront avant Fontainebleau . Faisons-nous un peu désirer et ne nous prodiguons pas .
Je suis sans doute plus affligé que le petit Lavaysse ; mais comment voulez-vous que je fasse ? J'ai affaire à un d’Éon et à un Vergy 1, et je ne suis pas ambassadeur de France . Je suis persécuté depuis longtemps par mes chers rivaux les gens de lettres ; c'est un tissu de calomnies si long et si odieux qu'il faut bien enfin y mettre ordre . Il y a plus de douze ans que ce La Beaumelle me persécute et me fait le même honneur qu'à la maison royale . Il y a plus de sûreté à s'attaquer à moi qu'aux princes ; si j'étais prince, je ne m'en soucierais guère, mais je suis un pauvre homme de lettres sans autre appui que celui de la vérité ; il faut bien que je la fasse connaître, ou que je meure calomnié . Il ne s'agit pas ici de La Défense de mon oncle, qui est une pure plaisanterie, il s'agit des plus horribles postures dont jamais on ait été noirci.
Je serai assez hardi pour écrire à M. d'Aguesseau, puisque vous m'encouragez, mon cher ange, et je tâcherai de ne lui écrire que des choses qui pourront lui plaire et le toucher 2.
La Harpe ( Dieu merci) ne fait point deux tragédies, mais il a abandonné un sujet presque impraticable pour un autre où il est plus à son aise. En un mot, mon atelier aura l'honneur de vous servir.
Lacombe n'a donné que deux cents francs à cause des petits frais qu'il a été obligé de faire .
Je ne me souviens plus des deux rôles que vous voulez que je donne pour Le droit du seigneur 3. Si vous voulez bien avoir la bonté de m'envoyer les noms, je signerai sur-le-champ 4.
Je vous avoue que je voudrais bien qu'on jouât Olympie une ou deux fois avant Fontainebleau mais qu'on la jouât comme je l'ai faite, car il est assez dur de se voir mutiler. Il est vrai que je ne le vois point, mais je l'entends dire, et je reçois la blessure par les oreilles. Vous savez que les oreilles d'un poète sont délicates. Toute notre petite troupe vous présente ses hommages, ainsi qu'à madame d'Argental.
Je crois M. de Thibouville à la campagne. S'il vient à Paris, je vous supplie de ne me pas oublier auprès de lui. Recevez toujours mon culte de dulie.
Je viens d'acheter un Dictionnaire historique portatif , par une société de gens de lettres, en quatre gros volumes in-8°, sous le titre d'Amsterdam, qu'on dit imprimé à Paris 5. Je tombe sur l'article « Tencin ». Madame votre tante y est indignement outragée. On y dit que La Freynaye, conseiller au grand-conseil, fut tué chez elle 6. Quels historiens ! quels Tite-Live ! Dites-moi, après cela, si je dois souffrir un La Beaumelle. Vous devriez bien demander à Marin où s'est faite cette infâme édition, et qui en sont les auteurs.
V. »
1Voir lettre 24 janvier 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/08/je-me-gueris-moi-meme-par-le-regime-et-par-la-patience-et-jusqu-ici-je-m-en.html
2 Cette lettre dont il sera encore question dans celle du 17 juillet 1767 ne nous est pas parvenue.
3 Le Droit du seigneur ne fut pas repris, pas plus qu'Olympie dont il est question un peu plus loin .
4 Ce paragraphe et le précédent,biffés sur le manuscrit ont été omis dans l' édition de Kehl et les éditions suivants .
5 Il s'agit du Nouveau dictionnaire historique portatif [...] de Louis Mayeul-Chaudon et autres , par une société de gens de lettres, 1766, quatre volumes . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30407055.texteImage
6 L'article Tencin de ce dictionnaire est en effet fort injuste . On y dit que le bref rendant Mme de Tencin au monde avait été obtenu « par le crédit de Fontenelle » et sur de « faux motifs » . Des recherches récentes de Coynart ont au contraire démontré que Mme de Tencin avait protesté à temps, par devant notaire, de la contrainte qui lui avait été faite . Quant à La Fresnaye, il est vrai qu'il mourut chez elle d'une balle de pistolet;mais il semble qu'il ait choisi ce lieu pour se suicider dans l'intention délibérée de la compromettre .
Voir : http://siefar.org/dictionnaire/fr/Claudine-Alexandrine_Gu%C3%A9rin_de_Tencin
10:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
03/02/2023
Je suis forcé de le renvoyer
... pourrait dire Emmanuel Macron contre Laurent Berger : https://www.ladepeche.fr/2023/03/11/reforme-des-retraites...
« A Pierre-Michel Hennin
Voici un pauvre garçon bien malheureux . Voyez, monsieur, ce que votre compassion peut faire pour lui . Il a eu le malheur d'être capucin . Je l'avais recueilli chez moi ; il lui est échappé quelques paroles indiscrètes dans un cabaret . Le curé a soulevé les habitants contre lui . On veut lui faire un procès criminel . Je suis forcé de le renvoyer . Il est fidèle, discret, et sait copier . Si vous pouvez le placer, je ne crois pas que vous en ayez des reproches . S'il peut vous être utile, il vous coûtera peu . Adieu monsieur, je vous vois toujours trop peu . Vous connaissez mes tendres et respectueux sentiments pour vous .
V.
Mardi [14 juillet 1767 ?]1»
1 Manuscrit olographe . Édition Correspondance inédite, 1825, qui place cette lettre fin 1767 .
Le capucin défroqué dont il s'agit ici est Bastian, que V* a recueilli à l'automne 1765 ; voir lettre du 7 octobre 1765 à Fabry : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/04/j-ose-vous-demander-votre-protection-monsieur-pour-ce-pauvre-6295456.html
et du 13 novembre 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/07/o-welches-vous-n-avez-pas-le-sens-d-une-oie-6301969.html ; V* le renvoya vers le milieu de juillet 1767 et Bastian partit pour Lyon en volant l'écrivain ( voir lettre du 27 juillet 1767 à Tabareau : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/06/correspondance-annee-1767-partie-42.html ) . Ce détail fait penser que le « procès criminel' qu'on voulait lui faire était fondé sur autre chose que « quelque paroles indiscrètes ».
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02/02/2023
vous m'avez comblé à Paris de vos bons offices, comme si je les avais mérités
... Je ne puis, hélas , en dire autant pour moi ; ce qui au reste n'intéresse personne, il est vrai .
« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont
A Ferney, 13 juillet.
Je suis pénétré, monsieur, des attentions et des bontés dont vous m'honorez. Il est bien rare qu'on se souvienne à Paris des solitaires qu'on a vus en passant dans des retraites ignorées. A peine ma vieillesse et mes maladies m'ont-elles permis de vous faire ma cour, lorsque vous êtes venu dans nos cabanes, et cependant vous m'avez comblé à Paris de vos bons offices, comme si je les avais mérités. Vous avez fait bien plus , je vous dois la protection de Mme de Beauharnais 1 dont l'esprit et la beauté sont connus même dans notre pays sauvage.
Si je puis trouver à Genève ou à Bâle quelques nouveautés dignes de votre curiosité, je ne manquerai pas de vous les envoyer à l'adresse que vous avez bien voulu me donner.
Je vous supplie, monsieur, d'agréer la très respectueuse reconnaissance de votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire .
13è juillet 1767 à Ferney. »
1 Marie-Anne-Françoise Mouchard, comtesse de Beauharnais (Fanny de Beauharnais ) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fanny_de_Beauharnais
09:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/02/2023
Faites-vous un ami propre à vous censurer
... Il semble bien que le président et ses partisans y ont parfaitement réussi , quoique "ami" est, pour ceux-ci, bien exagéré .
« A Charles Bordes
Acte Vè, scène première après de vers :
Le cœur du criminel qui ravit son bonheur
Obéide
Moi vous venger ? Sur qui ? De quel sang ? Ah ! Mon père
Hermodan
Le ciel t'a réservé ce sanglant ministère .
Un Scythe
C'est ta gloire et la nôtre .
Sozame
Il me faut révérer
Les lois que vos aïeux ont voulu consacrer,
Mais le danger les suit : les Persans sont à craindre ,
Vous allumez la guerre et ne pourrez l'éteindre.
Le Scythe
Ces Persans que du moins nous croyons égaler
Par ce terrible exemple apprendront à trembler.
Hermodan
Ma fille, il n'est plus temps de garder le silence ;
Le sang d'un époux crie et ton délai l'offense .
Obéide
Je dois donc vous parler . Peuple, écoutez ma voix.
Je pourrais alléguer sans offenser vos lois
Que je naquis en Perse, et que ces lois sévères,
etc., comme dans la copie envoyée à l'imprimeur .
N.B. -- Après ce vers du Scythe : Tremble de rejeter un droit si légitime, mettez :
Obéide ( après quelques pas et un long silence )
Je l'accepte.
Scène IIde
Obéide
Eh bien que ferez-vous ? Corrigez : Eh bien qu'ordonnez-vous ?
Même scène IIde:
Obéide
Vivez, ayez -en le courage.
Les Persans croyez- moi vengeront leur outrage .
Mettez :
Les Persans disiez-vous vengeront leur outrage .
N. B. -- Tous les éditeurs ont mis dans l'avis au lecteur, page 77, ligne 2de : Ennemis des lois et de la sienne ; il faut : Ennemis des lois et de la science .
Je trouve mon cher confrère vos critiques très justes .
Faites-vous un ami propre à vous censurer .1
Je vous remercie autant que je vous aime . Que dites-vous de La Beaumelle ? Est-ce ainsi bon Dieu que sont faits les gens de lettres ? Voila mes ennemis depuis l'abbé Desfont 2.
Vous y consentez tous me paraît nécessaire et a été très bien reçu ainsi que tout le cinquième acte.
Continuez-moi vos bontés .
V.
13 juillet [1767] 3»
1 D'après Boileau, L'Art poétique, I, 186 : http://wattandedison.com/Nicolas_Boileau1.pdf
2 Desfontaine .
3Original autographe à parti de Je trouve mon cher confrère : l »édition Cayrol ne donne que la partie autographe .
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31/01/2023
On est toujours maladroit en feignant les sentiments qu'on n'a pas
...
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
[vers le 12 juillet 1767]1
[Ne mentionne pas Catherine II . Plaint Mme Du Deffand d'être aveugle .]
1 Cette lettre n'est pas connue, seulement mentionnée par Mme Du Deffand dans une lettre du 17 juillet à la duchesse de Choiseul : « J'ai reçu une lettre de Voltaire dont vous seriez bien mécontente . Cependant il ne me parle plus de la czarine . Mais il ne cesse de s'attendrir sur les malheurs de mon état, et il ne tient pas à lui d'en augmenter l'horreur par l'excès de sa compassion . On est toujours maladroit en feignant les sentiments qu'on n'a pas [...] » Du Deffand, I, 130.
18:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
30/01/2023
C'est du moins une consolation pour moi d'avoir à défendre la mémoire de Louis XIV et l'honneur de la famille royale
... Stéphane Bern sort de ce corps : https://www.dailymotion.com/video/x37m78c
« A Etienne-Noël Damilaville
11 juillet 1767
Il est trop certain, mon cher ami, que les protestants de Guyenne sont accusés d'avoir voulu assassiner plusieurs curés 1, et qu'il y a près de deux cents personnes en prison à Bordeaux pour cette fatale aventure, qui a retardé l'arrivée de M. le maréchal de Richelieu à Paris. C'est dans ces circonstances odieuses que l'infâme La Beaumelle m'a fait écrire des lettres anonymes. J'ai été forcé d'envoyer aux ministres le mémoire ci-joint 2. C'est du moins une consolation pour moi d'avoir à défendre la mémoire de Louis XIV et l'honneur de la famille royale, en prenant la juste défense de moi-même contre un scélérat audacieux, aussi ignorant qu'insensé. J'ai toujours été persuadé qu'il faut mépriser les critiques, mais que c'est un devoir de réfuter la calomnie. Au reste, j'ai mauvaise opinion de l'affaire des Sirven. Je doute toujours qu'on fasse un passe-droit au parlement de Toulouse en faveur des protestants, tandis qu'ils se rendent si coupables, ou du moins si suspects. Tout cela est fort triste ; les philosophes ont besoin de constance.
On dit qu'il n'y a point de M. Mercier, que c'est un nom supposé 3 . Cela est-il vrai ? »
1 A Sainte-Foy, sur les frontières du Périgord ; voir lettre du 26 juin 1767 et autres.
2 Voir lettre du 8 juillet 1767 à Saint-Florentin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/08/vous-daignerez-lire-avec-les-yeux-d-un-sage-et-d-un-ministre-6432007.html
3 Allusion probable à L'Homme sauvage : https://books.google.fr/books?id=T3tef4OdXroC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
Tout le paragraphe est du reste supprimé dans la copie Darmstadt et dans les éditions et remplacé par : Adieu, mon cher ami ; je n'ai pas un moment à moi ; je fais la guerre en mourant .
17:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
29/01/2023
On doit mépriser les critiques, mais il faut confondre les calomniateurs
... En tout temps et en tout lieu .
« A Charles Bordes
10 juillet [1767]
Mon cher confrère en académie, et mon frère en philosophie, mille grâces vous soient rendues de toutes les peines que vous daignez prendre . Je n'aime pas les h aspirés, cela fait mal à la poitrine je suis pour l'euphonie. On disait autrefois je hésite, et à présent on dit j'hésite; on est fou d'Henri IV, et non plus de Henri IV. On achète du linge d'Hollande, et non plus de Hollande 1. Ce qu'on n'adoucira jamais, c'est la canaille de la littérature. Vous en voyez une belle preuve dans ce maraud de La Beaumelle, qui m'a adressé la plupart de ses lettres anonymes par Lyon où il faut qu'il ait quelque correspondant. La dernière était datée de Beaujeu, auprès de Lyon. Je crois que ni les ministres, ni monsieur le chancelier, ni la maison de Noailles, ni même la maison royale, ne seront contents de ce La Beaumelle. En vérité, ceci est plutôt un procès criminel qu'une querelle littéraire. Ce n'est pas le cas de garder le silence. On doit mépriser les critiques, mais il faut confondre les calomniateurs. On doit encore plus vous aimer.
Voici une petite brochure 2 en réponse à une grosse brochure. S'il y a quelque chose de plaisant, amusez-vous-en passez ce qui vous ennuiera. Faites-moi votre bibliothécaire, je vous enverrai tout ce que je pourrai faire venir des pays étrangers. Bientôt nous ne pourrons plus avoir de France que des almanachs, ou des fréronades, ou du journal chrétien. Si je suis votre bibliothécaire, soyez, je vous prie, mon Aristarque.
Je recommande la Scythie à vos bontés. »
1 Dans le cas d'hésiter c'était une simple question d'orthographe, on n'a jamais dit je / hésite . Dans le cas d'Henri et de Hollande, le h d'origine germanique s'est prononcé et en conséquence l'e est resté non élidé devant ces mots . Pourtant au XVIIè siècle on disant d'Hollande et non de Hollande et l'évolution a été à l'inverse de ce que dit V*.
2 La Défense de mon oncle : voir tome XXVI, page 367 : https://fr.wikisource.org/wiki/La_D%C3%A9fense_de_mon_oncle/%C3%89dition_Garnier
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