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05/11/2023

queste coglionerie mi trastullano un poco . Elles me délassent de mille requêtes inconsidérées, et de mille propositions ridicules que je reçois tous les jours

... Mais qu'est-ce qui peut amuser un président en exercice comme Emmanuel Macron , qui manque visiblement de sommeil ?

Personnellement j'ai un fort faible pour les humoristes de France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/bouquet-l-humour-d-inter

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

16è mars 1768 1

J'ai reçu avec satisfaction la lettre de bonne année que vous avez pris la peine de m'écrire, en date du 4 de janvier. Je continuerai toujours à vous donner des marques de mes bontés; et, quoique vous radotiez quelquefois, j'aurai de la considération pour votre vieillesse, attendu que je connais votre sincère attachement pour ma personne, et les idées que vous avez de mon caractère. J'ai souvent fait des grâces à des Genevois quand vous m'en avez prié, quoiqu'ils ne les méritent guère. Ils m'ont excédé pendant deux ans pour leurs sottes querelles et quand ils ont obtenu un jugement définitif, ils ne s'y sont point tenus . C'était bien la peine que je leur fasse l'honneur de leur envoyer un ambassadeur du roi

Je sais que vous avez très bien traité les troupes que j'ai fait séjourner neuf mois dans vos quartiers, que vous avez fourni le prêt à la légion de Condé 2, que vous avez eu dans votre chaumière pendant deux mois M. de Chabrillant, et tous les officiers du régiment de Conti et si M. de Chabrillant, chargé des plus importantes affaires, a oublié de marquer sa satisfaction à Mme Denis, qui lui a fait de son mieux les honneurs de votre grange, je prends sur moi de vous savoir gré de votre attention pour les officiers, et des couvertures que vous avez fait donner aux soldats dans votre hameau.

Je n'ignore pas que le grand chemin ordonné par moi pour aller de l'inconnu Meyrin à l'inconnu Versoix, dans l'inconnu pays de Gex, vous a coupé quatre belles prairies, et des terres que vous ensemencez au semoir . Cela aurait ruiné l'homme aux quarante écus de fond en comble, mais je vous conseille d'en rire.

Tout décrépit que vous êtes, on ne dira pas que vous êtes vieux comme un chemin, car vous avez, ne vous en déplaise, soixante et quatorze ans passés, et mon chemin de Versoix n'a qu'un an tout au plus.

Je sais que vous avez pleuré comme un benêt de ce que j'ai opiné dans le Conseil contre la requête des Sirven . Vous êtes trop sensible pour un vieillard goguenard tel que vous êtes. Ne voyez-vous pas que toutes les formes s'opposaient à l'admission de la requête, et que, dans les circonstances où je suis, il y a des usages consacrés que je ne dois jamais heurter de front ?

Consolez-vous. Je sais que Sirven est dans votre maison avec sa famille . Elle est bien infortunée et bien innocente. J'en aurai soin, je leur donnerai, dans Versoix, un petit emploi qui, avec ce que vous leur fournissez, les fera vivre doucement. Je fais le bien que je peux, mais il m'est impossible de tout faire.

On m'a dit que La Harpe s'était pressé d'apporter à Paris votre second chant de la Guerre de Genève, qui n'était pas achevé . Il faut que vous le raccommodiez. Est-il vrai qu'il y a cinq chants?

Envoyez-les-moi, queste coglionerie mi trastullano un poco 3. Elles me délassent de mille requêtes inconsidérées, et de mille propositions ridicules que je reçois tous les jours.

Je veux que vous me donniez la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV . C'était un beau siècle, celui-là, pour les gens de votre métier. Je suis fâché d'avoir oublié de recommander à Taulès de vous fournir des anecdotes . Votre ouvrage en vaudrait mieux. C'est un monument que vous érigez en l'honneur de votre patrie . Je pourrai le présenter au roi dans l'occasion.

Portez-vous bien et si vous avez quelques petits calculs dans la vessie et dans l'urètre, prenez du remède espagnol 4, je m'en trouve bien. L'Espagne doit contribuer à ma guérison, puisque j'ai contribué à sa grandeur et à celle de la France par mon pacte de famille.

Bonsoir, ma chère marmotte je crois que je deviens aussi bavard que vous

Signé le duc de Choiseul.

15 mars 1768. »

1 Minute autographe que Wagnière a intitulé « folie à M. le duc de Choiseul » ; édition Kehl. Cette plaisanterie de V* consiste à envoyer à Choiseul la réponse qu'il est censé faire aux demandes et aux lettres de V* . c'est un amusant pastiche du style de Choiseul . V* récidivera cette plaisanterie le 21 mars 1768, avant même que Choiseul n'ait répondu à celle du 16 .

2 Le prêt est l'argent avec lequel les officiers font à leurs hommes l'avance de leur paie.

3 Ces couillonneries m'amusent un peu .

04/11/2023

il ne lui sera pas difficile de faire voir le faux

... Au contraire, jamais cela ne sera devenu plus difficile, à l'heure où vient d'être mise à disposition du dernier des péquins une batterie d'applications de modification de photos et vidéos . Il était déjà difficile de croire un nombre croissant de nouvelles , -fake news, oeuvres de malfaisants,- et voilà qu'on ne pourra plus se fier aux photos et vidéos d'amateurs, ce qui me fait penser qu'on en revient au temps des peintres qui mettaient en scène ce qui leur plaisait sans souci de vérité historique, à ceci près que nos contemporains sont essentiellement dénués de talents artistiques .

Voir : https://le1hebdo.fr/journal/fake-news-mensonges-et-vidos/349/1/article/voyage-au-pays-des-images-truques-4704.html

et un antidote parmi d'autres : https://www.pcastuces.com/pratique/astuces/4213.htm

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Monkey face

 

 

« A Daniel-Marc-Antoine Chardon

16 mars 1768

Monsieur,

Comme M. l'abbé de Chardon, votre cousin, veut rendre à l’Église le service de réfuter la plupart des mauvais livres qui s'impriment tous les jours en Hollande contre la religion catholique, et qu'il m'a ordonné de lui envoyer sous votre enveloppe ce qui paraîtrait de plus virulent, je prends la liberté de lui faire tenir par vous ce petit écrit comique et raisonneur 1 dont il ne lui sera pas difficile de faire voir le faux . C'est dans cette espérance que j'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

l'abbé Yvroye. »

1 Certainement la Relation du bannissement des jésuites de la Chine, 1768, attribué par la page de titre à « l'auteur du compère Matthieu », donc Du Laurens ; voir : https://www.fabula.org/colloques/document6431.php

Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Relation_du_bannissement_des_J%C3%A9suites_de_la_Chine

et : https://books.google.fr/books?id=hKWJG3sIxzIC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

03/11/2023

des indécences et des excès qui se commettent quelquefois dans les cabarets

... ne sont rien comparé à ce qui se passe dans et hors les stades de foot de la part de supporters abrutis . En passant, je rappelle, en toute logique cartésienne, que ce sont ceux qui poussent les cris de singes qui sont les singes et non pas ceux qui entendent . OL, OM, PSG, etc., etc., vous ne faites pas grand chose pour empêcher ces dangereuses dérives , il est vrai que l'argent que vous brassez est votre seul souci .

 

 

« A Pierre Gros

[mars 1768 ?] 1

Je prie monsieur le Curé d'avertir les paroissiens qu'on s’est plaint au parlement de Dijon des indécences et des excès qui se commettent quelquefois dans les cabarets à Ferney .

Les remontrances de monsieur le Curé mettront fin à ces plaintes, il inspirera le respect pour la religion et pour les mœurs.

Voltaire. »

1 Édition Renouard imprime cette lettre comme une sorte de post-scriptum à la lettre du 15 avril 1768 à Mgr Biord ( http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-15.html ) . La date proposée se fonde sur l'hypothèse que ce billet aurait précédé le sermon de Pâques de V*, suscité par les mêmes plaintes portées au parlement de Dijon .

02/11/2023

il est doux d'avoir obligation à ceux qui sont au gré de tout le monde

... Les morts que l'on fête aujourd'hui ont-ils été aimés de tous pour services rendus , ou pour eux-mêmes ?

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« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La

Touraille, Premier gentilhomme

de S.A.S Mgr le prince de Condé,

etc.

à l'hôtel de Condé

à Paris

15è mars 1768

Permettez que je vous dise, monsieur, la même chose qu'à Mgr le prince de Condé, que, si j'étais jeune et un de ses soldats, je ne demanderais pas mon congé.

Je suis enchanté que vous soyez content de M. le duc de Choiseul. Par ma foi, c'est le plus aimable ministre que la France ait jamais eu, et il est doux d'avoir obligation à ceux qui sont au gré de tout le monde.

J'aurais mieux aimé une épigramme de lui qu'une pension de M. de Louvois.

Réjouissez-vous bien, monsieur, il n'y a que cela de bon 1 après tout. J'envie M. de Chennevières, qui jouit du bonheur de vous voir quelquefois. Je ferais exprès le voyage de Paris, si ma santé, absolument perdue, me permettait de venir vous dire qu'il n'y a point de vieillard en Bourgogne qui vous soit attaché avec une plus respectueuse tendresse que le bonhomme

V. »

1  Réminiscence de l'Ecclésiaste, III, 12 : https://saintebible.com/ecclesiastes/3-12.htm

01/11/2023

Il me vient des volées d'Anglais, je leur ferme la porte au nez

... Ou plus exactement d'anglais ! Juste retour de bâton après le Brexit ? Non pas . On tente, tant qu'il est possible de refouler les anglicismes : https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-fran...

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian

au château d'Hornoy

par Abbeville

15è mars 1768 à Ferney 1

Je reçois, ma chère nièce, votre lettre du 5 mars . Vous savez à présent que votre sœur est chez vous, et qu'il faut qu'elle arrange nos affaires avec le maréchal de Richelieu, tandis que je ferai des traités avec le duc de Virtemberg .

Vous savez aussi, peut-être, que M. de la harpe m'a fait une infidélité dont les suites m'ont coûté de violents chagrins . Mais il faut oublier ce procédé, pardonne[r] entièrement à La Harpe, et ne se jamais souveni[r de ce ] qu'il m'a fait par imprudence plutôt que par [avari]ce 2.

Vous vous imaginez donc, mes chers seigneurs d'Hornoy, que je ferai avoir dans quatre ans une lieutenance au très aimable Florianet ? Savez-vous bien que j'ai soixante et quatorze ans, et que dans quatre ans j'en aurai soixante et dix-huit ? Ma délabrée figure n'est pas assurément faite pour atteindre jusque là . Mais je vous jure que si les jansénistes me laissent vivre jusqu'à cet âge, je demanderai bien vivement cette lieutenance . Je ferai mieux . Si avant ce temps-là Atropos coupe mon vieux fil, je tiendrai une lettre toute prête qu'il n'y aura qu'à faire parvenir à M. le duc de Choiseul . Il aime la plaisanterie ; il exécutera mon testament je vous en réponds .

Me voici tout seul avec père Adam, après avoir eu deux cents personnes à souper, et après avoir donné la comédie . Le fracas ne me va point . La solitude me sied mieux. Je vais mettre en ordre toutes mes paperasses, [et] cela sera long . Ferney est la plus belle retraite qu'il y ait à cinquante lieues à la ronde . Vous ne sauriez croire combien le château et les jardins sont embellis, mais je n'y reçois personne . Il me vient des volées d'Anglais, je leur ferme la porte au nez . Mon goût pour la solitude est devenu ma passion dominante, mais elle est subordonnée à celle que j'ai pour vous deux.

V.

Cependant il a bien fallu recevoir aujourd'hui les Genevois des deux partis qui sont venus se réjouir chez moi et s'embrasser après avoir voulu s'égorger il y a huit jours . Tout est fini à la satisfaction du peuple . »

1 Original, post scriptum autographe, cachet « de Lyon » . Le manuscrit est endommagé par la cachet.

2 Ou malice ?

Sans ces trois objets il faudrait demander l'aumône pour le présent ,... Je viendrai à bout de tout avec une sage économie

... Comprenez-vous maintenant pourquoi la première ministre use à tour de bras du 49-3 pour l'adoption du budget national ?

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Souriez ! c'est la fête de tout le monde !

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

15è mars 1768

Mon cher magistrat, maman doit avoir reçu une lettre , adressée à son passage à Dijon pour être renvoyée à Paris dans votre maison . Je lui ai écrit depuis en droiture . Je ne lui écris point aujourd'hui afin de ne pas multiplier des ports de lettres sans nécessité, ce qui est un ancien axiome d'Aristote .

Je pense avec vous que l'abbé Blet est un goguenard qui amuserait un conseiller au Parlement pendant un an, avant de lui payer un écu, et je suis persuadé que M. le maréchal de Richelieu ne pourra pas tenir contre la présence et les besoins de Mme Denis .

Comme M. de Lézeau n'est pas si grand seigneur que monsieur le maréchal, gouverneur de Guyenne, premier gentilhomme de la Chambre, etc., je me flatte que le procureur boiteux le forcera de payer . Je me charge de M. le duc de Virtemberg . Sans ces trois objets il faudrait demander l'aumône pour le présent , Mme Denis m'ayant laissé quinze mille livres de dettes criardes à payer comptant . Je viendrai à bout de tout avec une sage économie .

Tous les procédés de La Harpe ont été bien cruels pour moi . Il m'a fait un mal qu'il ne pourra jamais réparer, mais il faut l'oublier et lui pardonner . La colère n'est bonne à rien ; les reproches sont inutiles, je lui ferais du mal , et je ne veux certainement pas lui en faire ; il n'est pas riche, il est marié, il a besoins d'avoir des protecteurs et de n'avoir point d'ennemis . Enfin n'en parlons plus ; ne songeons qu'à rendre maman heureuse, et vous aussi mon cher neveu, si je le puis, avant de rendre mon corps aux quatre éléments .

J'embrasse bien tendrement maman, et le gros abbé ; mettez vos grosses joues auprès de celles de ma fille adoptive, mais n'allez pas trop fort de peur de déplaire à mon capitaine que j'embrasse de tout mon cœur .

Avant de fermer ma lettre j'en reçois une de maman du 10 , avec un billet du capitaine et de marmousette 1. Maman aura sans doute reçu la lettre que je lui ai écrite à Dijon et deux autres à Paris . Je n'écrirai à maman qu'au premier ordinaire . Je la conjure de regarder l'affaire avec M. de Richelieu comme son objet principal, tout le reste viendra après . Je lui apprends que tout est à Genève dans une paix profonde . Plusieurs gens des deux partis sont actuellement chez moi et boivent du thé ensemble de la meilleure amitié . Il y a huit jours qu'on était prêt de s’égorger . Dites à Mme Denis que je ne suis pas si mal avec Dieu et le diable . »

31/10/2023

Tout ce que je puis dire, c'est que quiconque achètera Ferney fera un excellent marché

...Je crois bien que ça se vérifiera , l'Etat a fait une bonne affaire en 1999 en achetant le château du Patriarche , et les quelques millions d'euros investis ne sont pas des perles aux cochons :  https://www.chateau-ferney-voltaire.fr/decouvrir/les-prop...

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« A Pierre-Michel Hennin

15è mars 1768 à Ferney 1

Il est vrai, monsieur, que Ferney est à vendre, qu'on en a déjà offert beaucoup d'argent, et que j'en ai dépensé bien davantage pour rendre la maison aussi agréable et la terre aussi bonne qu'elles le sont aujourd'hui. Il est encore vrai que je la donnerai à celui qui m'en offrira le plus ; le tout, pour faire des rentes à maman car pour moi, je ne dois penser qu'à mourir. Tout ce que je puis 2 dire, c'est que quiconque achètera Ferney fera un excellent marché. Je pourrais en ce cas habiter Tournay, car je ne puis plus passer qu'à la campagne le peu de temps qui me reste à vivre.

Permettez que je vous embrasse le plus tendrement du monde .

V. »

 

1 Voir réponse de Hennin du 16 mars 1768 : lettre 7209 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

2 Ces deux mots sont ajoutés par V* au-dessus de la ligne .