Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/07/2023

je ne sais si c'est parce que je cultive quelques arpents de terre, que je n'aime point que les terres soient seules chargées d'impôts

... Nos temps modernes ont apporté bien des impôts nouveaux et il est désormais possible qu'on en arrive à taxer l'air que nous respirons (dès qu'on aura trouvé le moyen de nous greffer un compteur ! ).

Casse-toi, classe moyenne à la con ! – L'actu en patates

https://www.lemonde.fr/blog/vidberg/2012/09/11/casse-toi-...

 

 

« A Daniel-Marc-Antoine Chardon

25 décembre 1767

Monsieur,

Je n'ai pu retrouver le petit mémoire 1 fait par un conseiller du parlement de Toulouse, dans lequel on justifie l'assassinat juridique de Jean Calas, et on soutient l'incompétence et l'irrégularité prétendue de l'arrêt de messieurs les maîtres des requêtes . Mais je crois que vous recevrez dans une quinzaine de jours, au plus tard, cette pièce de Toulouse même. Elle vous sera adressée sous l'enveloppe de M. le duc de Choiseul.

Je crois que les circonstances n'ont jamais été plus favorables pour tirer la famille Sirven de l'oppression cruelle dans laquelle elle gémit depuis six années. Elle a contre elle un juge ignorant, un parlement passionné, un peuple fanatique; mais elle aura pour elle son innocence et M. Chardon.

Cette affaire est bien digne de vous, monsieur. Non-seulement vous serez béni par cinq cent mille protestants, mais tous les catholiques ennemis de la superstition et de l'injustice vous applaudiront. Je me flatte enfin que l'absence de M. Gilbert ne vous empêchera point de rapporter l'affaire devant le roi, et je suis bien sûr que le roi sera touché de la manière dont vous la rapporterez. Je m'intéresse autant à votre gloire qu'à la justification des Sirven.

J'ai lu le livre de M. de La Rivière 2 ; je ne sais si c'est parce que je cultive quelques arpents de terre, que je n'aime point que les terres soient seules chargées d'impôts 3. J'ai peur qu'il ne se trompe avec beaucoup d'esprit; mais je m'en rapporte à vos lumières.

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect, et un attachement qui se fortifie tous les jours, monsieur,

votre, etc.

Voltaire.

P. S. J'apprends dans le moment, monsieur, que vous allez faire le rapport devant le roi. Vous n'aurez point encore reçu le mémoire du conseiller de Toulouse contre messieurs les maîtres des requêtes . Mais soyez assuré qu'il existe; je l'ai lu, et je suis incapable de vous tromper. »

1 Dans la lettre précédente, il est appelé Lettre. Cet ouvrage semble n'avoir pas existé .

3 La thèse Le Mercier de La Rivière consiste à soutenir que toutes les richesses viennent de la terre ; par conséquent, toutes les denrées devraient être taxées une fois pour toutes au moment de leur production par l'agriculture ou les mines . Tous les autres impôts directs, soit impôts indirects au stade de la transformation seraient abolis . V* avoue naïvement pourquoi ce projet lui convient fort peu .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fiscalit%C3%A9_d%27Ancien_R%C3%A9gime

Il ne faut point troubler les ménages ; on doit respecter l'amour, on doit encore plus respecter la société. Il est très mal de m'imputer ce sacrilège. Je n'aime point d'ailleurs à nourrir les enfants que je n'ai point faits

... Eternel problème !

Citation Socrate enfants : Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises  manières, se...

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon, de

l'Académie des belles-lettres

rue du Doyenné Saint-Louis-du-Louvre

à Paris

25è décembre 1767

En qualité de vieux faiseur de vers, mon cher ami, je voudrais avoir fait les deux épigrammes qu'on m'a envoyées et surtout celle contre Pyrrhon 1, qui venge un honnête homme des insultes d'un fou; mais pour les vers contre M. Dorat 2, je les condamne, quoique bien faits. Il ne faut point troubler les ménages ; on doit respecter l'amour, on doit encore plus respecter la société. Il est très mal de m'imputer ce sacrilège. Je n'aime point d'ailleurs à nourrir les enfants que je n'ai point faits. En un mot, j'ai beaucoup à me plaindre, le procédé n'est pas honnête.

Oui vraiment j'ai lu Le Galérien 3 ; il y a des vers très heureux, il y en a qui partent du cœur, mais aussi il y en a de pillés. Le style est facile, mais quelquefois trop incorrect. La bourse donnée par le galérien à la dame ressemble trop à Nanine. Le vieux prédicant est un infâme d'avoir laissé son fils aux galères si longtemps. La reconnaissance pèche absolument contre la vraisemblance. Le dernier acte est languissant ; la pièce n'est pas bien faite, mais il y a des endroits touchants. L'auteur me l'a envoyée , je l'ai loué sur ce qu'il a de louable.

Il parait une nouvelle Histoire de Louis XIII 4, que je n'ai pas encore lue. Celle de Levassor 5doit être dans la bibliothèque du roi, comme Spinosa dans celle de monsieur l'archevêque.

Je vous ai déjà mandé 6, mon cher confrère en Melpomène, que j'ai envoyé à M. de La Borde Pandore, avec une grande partie des changements que vous désirez, le tout accompagné de quelques réflexions qui me sont communes avec maman 7. Elle s'est gorgée de vos huîtres. Je suis toujours embarrassé de savoir comment les huîtres font l'amour, cela n'est encore tiré au clair par aucun naturaliste.

J'attends avec bien de l'impatience l'ouvrage de M. Anquetil 8 ; j'aime Zoroastre et Brama, et je crois les Indiens le peuple de toute la terre le plus anciennement civilisé. Croiriez-vous que j'ai eu chez moi le fermier général du roi de Patna 9? Il sait très bien la langue courante des brames, et m'a envoyé des choses fort curieuses. Quand on songe que, chez les Indiens, le premier homme s'appelle Adimo, et la première femme d'un nom qui signifie la vie, ainsi que celui d'Ève ; quand on fait réflexion que notre article le était a vers le Gange, et qu'Abrama ressemble prodigieusement à Abram, la foi peut être un peu ébranlée 10; mais il reste toujours la charité, qui est bien plus nécessaire que la foi. Ceux qui m'imputent l'épigramme contre M. Dorat n'ont point du tout de charité . L'abbé Guyon encore moins , mais vous en avez, et de celle qu'il me faut. Je vous le rends bien, et je vous aime de tout mon cœur. »

1 L'épigramme contre Piron est celle de Marmontel qui commence par ce vers « Le vieil auteur du cantique à Priape...» : http://www.theatre-classique.fr/pages/theorie/MARMONTEL_CONTREPIRON.HTM

5 Sur cette « Histoire » de Michel Le Vasseur [Levassor]: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10431313

voir lettre à destinataire inconnu du 10 décembre 1738 : « On serait moins inondé de livres si on pensait comme moi, si on écrivait que ce qui mérite d'être su . Le Vasseur a fait en quatorze tomes l'histoire de Louis 13 . Un petit in douze est au juste la mesure qui lui convenait. » La Pléiade, Correspondance de Voltaire, 1964, tome I, page 1217, note 1

7 Mme Denis.

8 Abraham- Hyacinthe Anquetil-Du Perron, né en 1731, mort en 1805, frère d'Anquetil l'historien, publia, en 1771, Zend-Avesta, ouvrage de Zoroastre traduit en français sur l'original Zend, deux tomes en trois volumes in-4°.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_Hyacinthe_Anquetil-Duperron

et https://terrediran.com/avant-indiana-jones-abraham-hyacinthe-anquetil-duperron/

10 Les rapprochements entre les croyances indiennes et chrétiennes ont été faites bien avant Voltaire ; dans son Journal de Voyages aux Indes, 1721, Robert Challe compare la « Cita Maria » dont il entend parler à Pondichéry avec la « santa Maria » des chrétiens . Mais la conclusion qu'on en tirait à la fin du XVIIè siècle est différente : c'est que « quelques lumières » de la vraie religion sont passées jusqu'aux Indes par la prédication de l'apôtre Saint-Thomas, ce qui est actuellement admis .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97397187

17/07/2023

L'intolérance déshonore trop la nature humaine

... Et la tolérance vécue, une vertu , et ça se discute : https://www.youtube.com/watch?v=34NtmFXuF7U&ab_channe...

On retiendra la tolérance de Jane Birkin qui est une belle personne engagée , porte-parole d'Amnesty international et tendre et forte femme que l'on ne peut plus qu'entendre désormais : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i08233283/jane-...

Pour mémoire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jane_Birkin

Arabesque: Jane Birkin: Amazon.fr: CD et Vinyles}

Elle a les clés du paradis , incontestablement : https://www.youtube.com/watch?v=erqlDH7YMqg&list=OLAK5uy_mCzbkojE2K4A6v0Doh2A6OgmtTx1c0YyI&index=12&ab_channel=JaneBirkin-Topic

 

 

 

« A Paul-Claude Moultou fils

à Genève

25è décembre 1767

Mon cher philosophe, l'affaire des Sirven devient d'une importance extrême . Le rapporteur me demande un écrit imprimé depuis quelques mois à Toulouse, dans lequel on justifie l'assassinat juridique des Calas 1; les maîtres des requêtes, qui ont déclaré unanimement la famille innocente, y sont très-maltraités; leur tribunal y est déclaré incompétent et leur jugement injuste. J'ai malheureusement perdu cet écrit précieux, qui doit être une pièce produite au procès . Je ne me souviens plus du titre . Il me semble que c'était une lettre adressée à un correspondant imaginaire, comme les lettres de Vernet. Je vous demande en grâce d'écrire sur-le-champ à quelqu'un de vos amis de Languedoc qu'il faut qu'il déterre cette lettre et qu'il l'envoie en droiture à M. de Chardon, maître des requêtes, sous l'enveloppe de M. le duc de Choiseul.

Cela est, encore une fois, de la dernière importance. Il n'y a point de peine qu'on ne doive prendre pour recouvrer cet ouvrage. C'est un préliminaire nécessaire pour casser le dernier arrêt de Toulouse, qui révolte tout le monde.

Je me porte fort mal, mais je mourrai content avec l'espérance de voir la tolérance rétablie . L'intolérance déshonore trop la nature humaine. Nous avons été trop longtemps au-dessous des Juifs et des Hottentots. Je vous embrasse bien tendrement, mon cher philosophe. Vous devriez bien venir quelque jour coucher chez nous, nous causerions.

V. »

1 On ne connait pas l'écrit répondant à cette description ; voir lettre du 14 novembre 1767 à Chardon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/06/07/cette-piece-soutient-fortement-l-incompetence-de-messieurs-d-6446687.html

16/07/2023

Les historiens et le public aiment ces petites anecdotes

... A vous , jeunes amis, à propos de notre ami Voltaire : https://www.youtube.com/watch?v=q70Lna2_lNM&ab_channe...

Honoré Champion

 

 

 

« A M. Maigrot etc1

à l'hôtel de Bouillon

à Paris

Monsieur, vous m'imposez le devoir de la reconnaissance pour le reste de ma vie, puisque c'est vous qui m'avez assuré une rente viagère, et qui me faites connaître la vérité, que j'aime encore mieux qu'une rente.

A propos de vérité, je dois vous dire que Mgr l'électeur palatin ne croit ni au prétendu cartel proposé par l'électeur Charles-Louis au vicomte de Turenne, ni à la lettre que M. de Ramsay a imprimée dans son histoire, ni à la réponse 2. Effectivement la lettre de l'électeur est du style de Ramsay, et ce Ramsay était un peu enthousiaste. Cependant feu M. le cardinal d'Auvergne m'a fait l'honneur de me dire plusieurs fois que le cartel était vrai, et monsieur le grand prieur de Vendôme disait qu'il en était sûr. Les historiens et le public aiment ces petites anecdotes.

J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que je vous dois,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Au château de Ferney 23è décembre 1767. 3»

1 Chancelier du duché souverain de Bouillon.

3 Original signé, cachet « Genève » ; l'édition de Kehl amalgame la lettre du 15 janvier 1767 à la présente ; voir lettre 7111 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

15/07/2023

Nos mœurs changent, Brutus; il faut changer nos lois

... Pas mieux ! Pas plus .

Citation Winston Churchill amour : Certains changent de convictions pour  l'amour de leur parti, moi,...

 

 

 

« A Charles-Godefroy de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon

23 décembre 1767 à Ferney

Monseigneur,

Je n'ai appris la perte cruelle que vous avez faite 1 que dans l'intervalle de ma première lettre 2 et celle dont Votre Altesse m'a honoré 3. Personne ne souhaite plus que moi que le sang des grands hommes et des hommes aimables ne tarisse point sur la terre. Je suis pénétré de votre douleur, et sûr de votre courage.

Je ne crains pas plus les malléonistes 4 que les jansénistes et les molinistes. Le siècle de Louis XIV était beaucoup plus éloquent que le nôtre, mais bien moins éclairé. Toutes les misérables disputes théologiques sont bafouées aujourd'hui par les honnêtes gens d'un bout de l'Europe à l'autre. La raison a fait plus de progrès en vingt années que le fanatisme n'en avait fait en quinze cents ans.

Nos mœurs changent, Brutus; il faut changer nos lois.5

Bossuet avait de la science et du génie . Il était le premier des déclamateurs, mais le dernier des philosophes, et je puis vous assurer qu'il n'était pas de bonne foi. Le quiétisme était une folie qui passa par la tête périgourdine de Fénelon, mais une folie pardonnable, une folie d'un cœur tendre, et qui devint même héroïque dans lui. Je ne vois dans la conduite du cardinal de Bouillon que celle d'une âme noble, qui fut intrépide dans l'amitié et dans la disgrâce. Je n'aime point Rome, mais j'ai déjà insinué mes sentiments dans les éditions précédentes du Siècle de Louis XIV. Je les développerai dans cette édition nouvelle 6, avec mon amour de la vérité, mon attachement pour votre maison, mon respect pour le trône, et mes ménagements pour l'Église.

Serai-je assez hardi, monseigneur, pour vous supplier de m'envoyer tout ce qui concerne l'impudent et ridicule interrogatoire fait à Mme la duchesse de Bouillon 7 par ce La Reynie l'âme damnée de Louvois ?8 Le temps de dire la vérité est venu. Soyez sûr de mon zèle et de la discrétion que je dois à votre confiance.

Je garderai le secret à M. Maigrot 9. Il paraît que ce M. Maigrot a arrangé quelques petites affaires entre Votre Altesse et moi indigne, il y a environ vingt-cinq ans. S'il est parent d'un certain évêque Maigrot 10, qui alla à la Chine combattre les jésuites, je l'en aime davantage.

Conservez-moi, monseigneur, vos bontés, qui me sont précieuses. Je suis attaché à Votre Altesse avec le plus tendre et le plus profond respect.

V. »

1 Son petit-fils Charles-Louis Godefroy, prince d'Auvergne est mort le 23 octobre 1767 .

3 La réponse du duc n'est pas connue .

4 Il faut lire mauléonistes ; ce sont des anti-protestants fanatisés par le meurtre de Gérard Roussel à Mauléon au XVIè siècle ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_Roussel

et : https://journals.openedition.org/siecles/6876?lang=en#text

et : https://www.amazon.fr/G%C3%A9rard-Roussel-Ev%C3%AAque-dOloron-humaniste/dp/2846186456

6 L'édition de 1768.

7Marie-Anne Mancini, femme de Godefroy-Maurice de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon a été interrogée par La Reynie dans l'affaire de La Voisin, et exilée en 1680 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Anne_Mancini

et : https://www.herodote.net/22_fevrier_1680-evenement-16800222.php

8 La Reynie, lieutenant de police, était un des présidents de la « chambre ardente » ; voir Le Siècle de Louis XIV, chap. XXVI , page 458 : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Si%C3%A8cle_de_Louis_XIV/%C3%89dition_Garnier/Chapitre_26

9 Sur ce Maigrot, voir lettre suivante : 7111 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

14/07/2023

tout va au diable . J'y irai bientôt aussi

...

 

« A Marc-Antoine-Jean-Baptiste Bordeaux de Belmont

Directeur des spectacles,

à Bordeaux

Il y a un mois, monsieur, que le vieux malade à qui vous avez écrit est au lit. Ainsi vous excuserez sa négligence ordinaire. Le petit divertissement qui avait été exécuté dans sa chaumière, au commencement de l'automne, était intitulé Charlot ou la Comtesse de Givry. On l'a imprimé depuis à Genève et à Paris mais ce sont des oiseaux de passage qu'on ne retrouve plus en hiver. La comédie de Paris est absolument tombée ; il n'y a plus de Lekain ni de Clairon, tout va au diable . J'y irai bientôt aussi ; en attendant, comptez que je suis, de tout mon cœur, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

V.

23è décembre 1767, à Ferney. »



13/07/2023

Vous vous plaignez pendant que vous me rendez seul à plaindre

... Du président à Pap Ndiaye : encore une fois Emmanuel Macron doit soutenir un ministre qui dérape, au risque de déplaire : https://www.lefigaro.fr/politique/elisabeth-borne-recadre...

Pap Ndiaye critique CNews, Emmanuel Macron défend sa liberté d'expression  sans valider son propos

Dur dur de jouer solidaire quand on est président de bras cassés !

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

21 [décembre 1767] 1

Le sieur Raffo 2 , notaire , a copié chez vous exactement les prétendus pouvoirs que vous êtes imaginé avoir été donnés par moi pour dépouiller Monpitan de sa carrière, et pour le faire punir comme usurpateur . Ces prétendus pouvoirs sont des lettres dont la plupart même ne sont pas signées, et ne sont pas écrites de ma main . Elles disent que ni Grenier ni Monpitan qui exploite la carrière ne doivent point passer par les chemins défendus . Or le petit chemin de Genève était défendu alors par ordre du roi . Ces lettres écrites à M. Cramer énoncent donc positivement que Monpitan a droit d'exploiter sa carrière . M. Cramer se plaint qu'après avoir tiré la pierre Monpitan gâte le chemin . Je donne donc à M. Cramer tout pouvoir d’empêcher Monpitan d'endommager ce chemin . Je ne lui ai jamais donné pouvoir d'agir en mon nom . Il n'y a pas un mot dans mes lettres qui fasse seulement soupçonner que Monpitan ne doit pas tirer sa pierre .

Vous vous plaignez pendant que vous me rendez seul à plaindre, pendant que vous me rendez la fable de mes vassaux et que vous me couvrez de confusion … Je ne puis lui ôter son bien ; cela est absurde et inique . Cependant, sans me consulter, sans m'écrire, vous le faites assigner comme usurpateur, comme voleur ( car c'est la même chose ) , vous le faites condamner à mon insu par le juge de ma terre qui est en Franche-Comté . Je n'apprends ce procès que par le cri public et par l'assignation qu'on me donne . Tous les habitants sont soulevés ; tous disent que j'ai plaidé contre ma signature et que j’ai fait condamner injustement un de mes vassaux . Voilà le précipice où vous m'avez jeté, pour avoir agi en mon nom sans aucun ordre de moi . Il est inouï qu'on ait jamais fait un procès d'un autre sans ordre exprès . Le parlement de Dijon punirait sévèrement cette prévarication . Vous ne devez pas perdre un moment pour engager M. Cramer à terminer cette affaire si désagréable pour lui et pour moi . Il faut que vous engagiez le sieur Dulcis à suspendre jusqu'à ce que tout soit apaisé . Il est clair que vous avez poursuivi sans un ordre ; il est clair que vous avez exposé précisément le contraire de ce qui est dans mes lettres à M. Cramer, puisque j'y dis expressément que Monpitan exploite la carrière . Il est clair que vous avez fait condamner Monpitan comme usurpateur sans m'en dire un seul mot . Vous êtes en faute envers moi et envers la justice . Prenez l'accommodement entre M. Cramer et Monpitan, et arrêtez la poursuite du sieur Dulcis . »

1 Édition Vézinet A. (limitée au premier paragraphe ) et Vézinet .

2 Le mot est écrit Rafot dans la lettre du 25 décembre 1767 au duc de Wurtemberg .