15/01/2011
le commerce de l'esprit ira toujours en décadence quand les commis à la phrase retourneront vos poches à la douane des pensées.
« A Jean Le Rond d'Alembert
Ferney ce 15 janvier 1773
Raton convient que Bertrand i a raison par sa lettre du 9 janvier ii. Bertrand a mis le doigt sur la plaie ; mais il faut qu'il sache qu'on a retranché à Raton deux scènes assez intéressantes auxquelles il a été obligé de substituer des longueurs . On ne fera jamais rien de passable, et le commerce de l'esprit ira toujours en décadence quand les commis à la phrase retourneront vos poches à la douane des pensées. C'est dommage, car le sujet est heureux, et il a donné lieu à des notes qui feront dresser les cheveux à la tête des honnêtes gens, à moins qu'ils ne soient chauves iii.
On reconnaissait les boeufs-tigres iv dans une des scènes supprimées. C'est une plaisante contradiction d'avoir chassé ces bœufs, et de ne vouloir pas que l'on parle de leurs cornes.
M.Belleguier v m'a écrit que vous auriez reçu son discours pour les prix de l'université, il y a plus de huit jours, si les typographes n'avaient pas été fort inquiétés à Montpellier, où sa drôlerie s'imprime. Ce M. Belleguier n'est point plaisant ; ou du moins il n'a pas cru que l'on dût plaisanter dans cette affaire. Il est quelquefois un peu ironique, mais il prouve tout ce qu'il dit par des faits authentiques, auxquels il n'y a pas le petit mot à répondre . Je ne crois pas qu 'il ait le prix, car ce n'est pas la vérité qui le donne. La pauvre diablesse est toujours au fond de son puits, où elle crie : croyez cela et buvez de l'eau.
Je vous embrasse bien tendrement.
Raton. »
i Raton = Voltaire ; Bertrand = d'Alembert.
ii Page 214-217 lettre du 9 janvier 1773 de d'Alembert : « J'ai lu les Lois de Minos ; le sujet est beau, mais je crains pour le cinquième acte ... » http://books.google.fr/books?id=7j8HAAAAQAAJ&pg=PA214&lpg=PA214&dq=alembe...
iii Cf. lettre du 3 février à l'abbé Voisenon, du 8 et 22 février à Thibouville : la pièce « était faite pour fournir des notes sur les sacrifices de sang humain, et sur toutes les horreurs religieuses » , à La Harpe le 29 mars : ce sont « des sacrifices du temps passé et du temps présent »
Lettres pages 684, 687, 690 : http://books.google.fr/books?id=sSsTAAAAQAAJ&pg=PA687...
iv Le « boeuf-tigre » Pasquier responsable de condamnations, prononcées par l'ancien parlement, suite à ses réquisitoires ; cf. lettre à d'Alembert du 16 septembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/16/c...
v Prétendu auteur dont il est question dans les lettres du 1er et 4 janvier . http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/02/j...
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/04/c...
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14/01/2011
c'était un magistrat intègre, et la dévotion ne l'a pas empêché de me rendre justice
« A Théophile Imarigeon Duvernet
Le 13 janvier 1772
Le vieillard de Ferney a été malade pendant un mois ; il est dans l'état le plus douloureux et n'en est pas moins sensible aux bontés et au mérite de monsieur l'abbé Duvernet. Privé presque entièrement de la vue et enterré dans les neiges, il se console en voyant qu'un philosophe aimable et plein d'esprit veut le faire revivre dans la postérité i. Il s'en faut de beaucoup que ce vieillard approche de Despréaux ; mais en récompense monsieur l'abbé Duvernet vaut beaucoup mieux que Brossette ii.
Mon ancien ami Thieriot, si Monsieur l'abbé veut prendre la peine de l'aller voir, le mettra au fait de tout ce qui peut avoir rapport au duc de Sully et au chevalier de Rohan iii qui passait pour faire le métier des Juifs ; il lui donnera aussi des anecdotes sur Julie, devenue la comtesse du Gouvernet iv, et sur la bagatelle des Tu et des Vous v. Il est très vrai que dans ma seconde retraite à la Bastille vi, il me pourvût de livres anglais et qu'il lui fût permis de venir dîner souvent avec moi ; il est encore très vrai que son amitié, du fond de la Normandie où il était alors dans une des terres du président de Bernières, le fit voler à mon secours au château de Maisons où j'avais la petite vérole. Gervasi, le Tronchin de ce temps là fut mon médecin. La limonade et lui me tirèrent d'affaire vii.
M. de Cideville dont vous me parlez était conseiller au parlement de Rouen. Il avait alors beaucoup d'amitié pour moi. Il est à Paris, très vieux, très infirme et très dévot ; c'était un magistrat intègre, et la dévotion ne l'a pas empêché de me rendre justice et d'avouer que la cupidité de Jore gâta tout et me donna de grands embarras viii. Cet imprimeur me demanda pardon ix d'avoir signé un mémoire grossier qu'avait forgé l'abbé Desfontaines. M. Hérault, alors lieutenant de police, intercéda pour lui ; je lui pardonnai et le tirai de la misère x. »
i Duvernet veut faire sa biographie , cf. lettre du 8 novembre 1771 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/07/c...
ii Biographe de Boileau ; voir : http://books.google.be/books?id=S5QNAAAAIAAJ&printsec...
iii Rappel des altercations entre V* et le chevalier de Rohan-Chabot en janvier 1726 et contre qui V* n'eut pas le soutien effectif du duc de Sully qui pourtant avait servi d'appât ; cf. lettre à Hérault du 5 mai 1726 et du 26 octobre 1726 à Thieriot .
iv Suzanne-Catherine Gravet de Corsembleu de Livry, qui fut la maitresse de V*, notamment lors de son exil au château de Sully-sur-Loire en 1716-1717. Elle le trompa avec Faluère de Genonville le temps de son séjour à la Bastille, du 16 mai 1717-11 avril 1718. Il renouera avec elle et l'aidera en avril 1719 à faire ses débuts à la Comédie Française, ce dont elle rêvait (malgré son peu de talent ! ); V* en aura une querelle avec l'acteur Poisson . Elle épousa le marquis du Gouvernet en 1727. V* lui aurait également offert son portrait peint par Largillières en 1719.
v L'Epître des Vous et des Tu, que V* aurait écrite à la suite du mariage de Suzanne de Livry qui lui fermait sa porte. Quant à l'Epître à Julie, il semble que terminée en 1722, elle devint en 1726 l'Epître à Uranie, puis Le Pour et le Contre en 1735.
http://www.monsieurdevoltaire.com/article-epitre-sous-le-...
http://www.voltaire-integral.com/Html/09/06PETIT.htm#AVERTISSEMENT POUR LE POUR ET LE CONTRE.
vi Lors de son bref passage en avril-mai 1726, avant l'exil anglais.
vii Novembre 1723.
viii Cf. lettre à Cideville du 8 mai 1734 concernant ses ennuis et sa fuite, suite à la parution des Lettres philosphiques imprimées par Jore. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/j...
ix Jore écrit : « Je désavoue le factum injuste et calomnieux que l'on a mis sous mon nom et que j'ai eu le malheur de signer. » dans une lettre du 30 décembre 1738 . Le 29 mai 1739, V* accepte de lui donner 250 livres à condition qu'il lui écrivît qu'il « ne se pardonna jamais l'écrit calomnieux auquel l'abbé Desfontaines l'a obligé de mettre son nom » ; Jore refusa cet accord.
x V* intercèda auprès de Hérault (cf. lettre du 20 février 1739 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/19/j... ); Jore remrcia V* le 3 juin 1742 des 300 livres qu'il lui a fait donner et exprime à nouveau le repentir qu'il a « depuis si longtemps. »
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13/01/2011
plus de modération, encore plus d'ordre et de méthode.
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Monsieur d'Argental Conseiller au parlement, près du rempart Grange-Batelière à Paris
Mon cher ange gardien, c'est pour vous dire que suivant vos sages idées je réforme tout le mémoire i qui est d'une nécessité indispensable. Point de numéro, de peur de ressembler au Préservatif ; plus de modération, encore plus d'ordre et de méthode. C'est ce qu'il faut tâcher de faire . Puissé-je dire au public
et mea facundia si qua est
quae nunc pro domino pro vobis saepe locuta est ii.
Conseilleriez-vous de l'envoyer à M. d'Argenson manuscrit et de le faire présenter au chancelier ? Rien sans vos ordres . Je vous quitte pour travailler, et de là je cours au plan de la tragédie iii. M. de Maupertuis est ici, mais cela ne m'empêche pas de travailler à ce que vous aimez et à ce que vous favorisez. Mille respects à Mme d'Argental, et à la philosophe maison d'Ussé.
V.
Ce 13 [janvier 1739] »
i Contre Desfontaines et sa Voltairomanie. http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica...
Voir aussi lettre de M. de Burigny à l'abbé Mercier au sujet de ce différend ; page 349- ... : http://books.google.fr/books?id=1RYaAAAAYAAJ&pg=PA353...
ii Et mon éloquence, si j'en ai, qui maintenant parle pour mon maitre, a souvent parlé pour vous.
iii Zulime, dont il était déja question, à mots couverts dans une lettre du 12 décembre 1738 de Mme du Châtelet à d'Argental ; lettre 16 page 97 : http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-94268&...
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12/01/2011
Le nom de Rousseau n'est pas heureux pour la bonne morale et la bonne conduite.
Mon "amour" !?!? pour Rousseau, le Jean-Jacques, -je laisse de côté le Jean-Baptiste, très falot,- est aujourd'hui très visible par le choix de ce titre !
Persiste et signe.
Réalisme d'un blogueur pas solitaire .
Amusons-nous autant que possible , comme nous y invite ce pastiche :
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/vu-sur-le-web/20...
Usez sans modération de cette adresse :
http://voltaire-a-ferney.org/41.html
« A Etienne-Noël Damilaville
12è janvier 1765
J'ai fait chercher hier dans Genève la brochure dont vous m'avez parlé i; je n'ai pu encore la trouver. On dit que ce n'est qu'une seule feuille, et qui a été oubliée presque en naissant, qu'on attribue à un ministre nommé Vernes ou Vernet ii, lequel a déjà écrit une autre brochure contre Jean-Jacques iii, oubliée tout de même. Je n'ai vu ni l'un ni l'autre écrit, Dieu merci, et n'ai fait que parcourir les livres ennuyeux faits à cette occasion. Je serais assurément bien fâché d'avoir la moindre part à toutes ces tracasserie. J'ai resté constamment dans mes campagnes depuis dix ans, et j'y mourrai sans me mêler à ces sottes querelles. Le nom de Rousseau n'est pas heureux pour la bonne morale et la bonne conduite.
Au reste, mon cher frère, je serais très fâché que mes Lettres prétendues secrètes fussent débitées à Paris iv; quelle rage de publier des lettres secrètes ! J'ai prié instamment M. Martin de renvoyer ces rogatons en Hollande d'où elles sont venues. Je suis bien las d'être homme public, et de me voir condamné aux bêtes comme les anciens chrétiens. L'état où je suis ne demande que le repos et la retraite ; il faut mourir en paix ; mais afin que je meure gaiement écr[asez] l'Inf[âme]. »
i Le Sentiment des citoyens, attribué à V* et publié le 27 décembre 1764 : http://www.voltaire-integral.com/Html/25/19_Sentiments.html
ii Vernes, pasteur est un ami de V*, tandis que Vernet est alors un ennemi de V* (voir la Guerre littéraire en 1759 ; cf. lettre 26 page 27 : http://books.google.fr/books?id=bp0DOrSvtd8C&pg=PA27&... )
iii Vernes a publié les Lettres sur le christianisme de Jean-Jacques Rousseau, 1763 ; http://www.archive.org/stream/lettressurlechri00vern#page...
V* commentera les Lettres de monsieur le pasteur Vernes à monsieur J.-J. Rousseau avec les réponses que Cramer achètera et éditera en 1764-1765.
iv Lettres secrètes de M. de Voltaire, données comme éditées à Genève en 1765 par M. L.B.(initiales mises pour faire croire que l'éditeur est La Beaumelle), en fait Baptiste-René Robinet, contenaient essentiellement le texte inexact des lettres à Berger (1734-1748); cf. page 2588 : http://books.google.fr/books?id=dMs8AQAAIAAJ&pg=PA258...
Dès le 8 octobre 1764, V* en parle, et entendra dire en novembre 1764 que des lettres que lui avait adressées Frédéric II et qui faisaient partie de la collection de Mme du Châtelet s'imprimaient à Utrecht.
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11/01/2011
les vieilles têtes rongées de la teigne de la barbarie mourront bientôt
« A Jean Le Rond d'Alembert
13è janvier 1769
Je vous renvoie, mon cher philosophe, votre chien danois i. Il est beau, bien fait, hardi, vigoureux, et vaut mieux que tous les petits chiens de manchon qui lèchent et qui jappent à Paris.
Votre discours est excellent, vous êtes presque le seul qui n'alliez jamais ni en deçà ni en delà de votre pensée. Je vous avertis que j'en ai tiré copie.
Le Mercure devient bon ii. Il y a des extraits de livres fort bien faits ; pourquoi ne pas y insérer ce discours dont le public a besoin iii? La Bletterie a juré à son protecteur et à sa protectrice iv qu'il ne m'avait point eu en vue et qu'il me permettait de ne pas me faire enterrer . Il dit aussi qu'il n'a point songé à Marmontel quand il a parlé de Bélisaire, ni au président Hénault quand il a dit que la précision des dates est le sublime des historiens sans talents v. J'ai tourné le tout en plaisanterie.
A propos du président Hénault, le marquis de Bélestat m'a écrit enfin qu'il était très fâché que j'eusse douté un moment que le portrait de Sha Abas et du président fussent de lui vi; qu'ils sont très ressemblants, que tout le monde est de son avis, et qu'il n'en démordra point vii. J'ai envoyé sa lettre à notre ami Martin . On a fait trois éditions de ce petit ouvrage en province, car la province pense depuis quelques années ; il s'est fait un prodigieux changement par exemple dans le parlement de Toulouse ; la moitié est devenue philosophe et les vieilles têtes rongées de la teigne de la barbarie mourront bientôt viii.
Oui, sans doute , je regrette Damilaville ix. Il avait l'enthousiasme de Saint Paul et n'en avait ni l'extravagance ni la fourberie . C'était un homme nécessaire . Oui, oui, l'A.B.C. est d'un membre du parlement d'Angleterre nommé Huet x, parent de l'évêque d'Avranches et connu par de pareils ouvrages . Le traducteur est un avocat nommé La Bastide ; ils sont trois de ce nom là . Il est difficile qu'ils soient égorgés tous les trois par les assassins du chevalier de La Barre.
Vous n'avez point de bons livres à Paris , Le Militaire philosophe xi, Les Doutes xii, L'Imposture sacerdotale xiii, Le polissonnisme dévoilé xiv; il parait tous les huit jours un livre dans ce goût en Hollande . La Riforma d'Italia xv, qui n'est pourtant qu'une déclamation, a fait un prodigieux effet en Italie. Nous aurons bientôt de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; j'entends pour les honnêtes gens : car pour la canaille le plus sot ciel et la plus sotte terre est ce qu'il lui faut.
Je prends le ciel et la terre à témoins que je vous aime de tout mon cœur.
Par Dieu, vous êtes bien injuste de me reprocher des ménagements pour gens puissants xvi que je n'ai connus jadis que pour gens aimables, à qui j'ai les dernières obligations, et qui même m'ont défendu contre les monstres. En quoi puis-je me plaindre d'eux ? Est-ce parce qu'ils m 'écrivent pour me jurer que La Bletterie jure qu'il n'a pas pensé à moi ? Faudrait-il que je me brûlasse toujours les pattes pour tirer les marrons du feu ? Ce sont les assassins xvii que je ne ménage pas ; voyez comme ils sont fêtés, tome Ier et tome IV du Siècle. »
i Discours prononcé à l'Académie en l'honneur du roi de Danemark.
ii Lacombe a pris la direction du Mercure en juillet 1768, succédant à La Place ; V* lui écrira : « Enfin nous avons un bon Mercure » et souscrira à nouveau.
Page 143 : http://books.google.be/books?id=sJvdVcXBdSoC&pg=PA143...
iii Le Mercure de janvier n'en donnera qu'un bref résumé.
iv Duc et duchesse de Choiseul ; le duc a écrit à V* le 16 novembre 1768 : « L'abbé de La Bletterie n'a jamais dit que vous aviez oublié de vous faire enterrer ...; il ne vous a point eu en vue du tout dans les notes de son ouvrage ; il me l'a juré, et pour peu qu'on le connaisse, l'on est obligé de le croire. » Cf. lettre à Mme du Deffand du 26 décembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/25/q...
v Ce que vient de lui écrire Mme du Deffand le 5 janvier, ajoutant : « Personne ne lui en a fait l'application [à Hénault] », car , dit-elle, « La Bletterie parle des historiens, et le président n'a prétendu faire qu'une chronologie. »
vi A savoir les critiques contre Louis XV et le président Hénault contenues dans l'Examen de la nouvelle histoire de Henri IV ( que V* attribuera à La Beaumelle) ; cf. lettre à Hénault du 13 septembre, lettre à d'Argental du 18 septembre: http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/18/d...
, Mme Denis du 26 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/26/m...
, Mme du Deffand du 21 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/20/j...
vii Bélestat écrit à V* le 20 décembre 1768 pour assumer la paternité de l'ouvrage : « Je le lus il y a quelque temps à l'Académie, et je ne vois pas ce qui pourrait m'engager à le désavouer ... je ne souffrirais pas que qui que ce soit abusât de mon nom... ». Il se justifie ainsi : « La page 24 que vous avez fait copier est une critique vague de l'éducation raisonnée de la plupart des princes, et n'est applicable à aucun d'eux en particulier ... Quant au président Hénault, j'en ai dit ce qu'en pensent tous ceux qui sont versés dans notre histoire... »
viii L'abbé Audra lui a écrit le 20 novembre de Toulouse : « Vous ne sauriez croire combien augmente dans cette ville le zèle des gens de bien et leur amour et leur respect pour le patriarche de la tolérance et de la vertu ... Quant au parlement et à l'ordre des avocats, presque tous ceux qui sont au-dessous de l'âge de trente cinq ans sont pleins de zèle et de lumière, et il ne manque pas de gens instruits parmi les personnes de condition. »
ix Décédé en décembre.
x L'A.B.C. est attribué à V* ; le nom de Huet vient peut-être de celui de William Hewet qui lui demandait de patronner son Essai sur la religion et lui annonçait sa visite le 3 décembre 1758 ; cf. lettres à Mme du Deffand du 21 et 26 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/25/q...
xi Édité principalement par Naigeon, d'après le manuscrit des Difficultés sur la religion, proposées au père Malebranche.
xii Doutes sur la religion, suivis de l'analyse du traité théologico-politique de Spinoza, par le comte de Boulainvilliers, qui peut être en réalité de Guéroult de Pival, 1767.
xiii Du baron d'Holbach, 1767.
xiv = Le Christianisme dévoilé du baron d'Holbach.
xv De Pilati di Tassulo.
xvi Le 2 janvier d'Alembert a écrit : « Vous voyez ... ce qui en arrive quand on les flatte ; ils trouvent mauvais qu'on se moque des plats auteurs qu'ils protègent ; on s'expose à de tels reproches quand on caresse ceux qui les font. » Page 218 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80039n/f223.image.p...
xvii Tant ceux qui condamnent à mort que ceux qui exécutent par fanatisme.
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10/01/2011
Comme je sais que vous aimez passionnément les hypocrites
Fin d'un bonheur populaire déclaré officiellement ? Fin de l'hypocrisie ?
Si Volti n'a pas vu de sang couler en ce début de conflit franco-genevois, il en verrait en Afrique du Nord où le ras le bol populaire contre les dirigeants politiques vient de faire sauter le couvercle à propos de la cherté de la vie.
Affamer la population , dictateurs modernes, sachez- le, mène à la révolte si ce n'est la révolution . Seriez vous assez incultes pour oublier les leçons de l'histoire ? En mon fors intérieur, je le suppose . Seriez vous de banals tyrans ? Je le crois, itou !
Vous qui savez si bien faire suer le burnou, présidents et ministres, quand va-t-on , enfin, vous envoyer balayer le Sahara ?
Je crains cependant que, dans ces pays où l'oral et la tradition sont si forts, le couvercle du couscoussier ne retombe aussi vite qu'il est monté dès qu'un beau parleur armé caressera le peuple dans le sens du poil . Une manière de mai 68 avec nouveaux BO-BOs pour résultat . Les prisons garderont encore les mêmes locataires.
Le monde occidental ne râlera que pour des vacances annulées à Djerba, ou autre lieu pour amateur de bronzette, et plus si affinité !
« A Frédéric II, landgrave de Hesse-Cassel
A Ferney, le 13 janvier 1767
Monseigneur,
Comme je sais que vous aimez passionnément les hypocrites, je prends la liberté de vous envoyer pour vos étrennes un petit éloge de l'hypocrisie i, adressé à un digne prédicant de Genève. Si cela peut amuser Votre Altesse Sérénissime, l'auteur, quel qu'il soit, sera trop heureux.
Votre Altesse Sérénissime est informée sans doute de la guerre que les troupes invincibles de Sa Majesté Très Chrétienne font à l'auguste république de Genève ii. Le quartier général est à ma porte. Il y a déjà eu beaucoup
de beurre et de fromage d'enlevé, beaucoup d'œufs cassés, beaucoup de vin bu, et point de sang répandu. La communication étant interdite entre les deux empires, je me trouve bloqué dans ce petit château que Votre Altesse Sérénissime a honoré de sa présence. Cette guerre ressemble assez à la Secchia rapita iii, et si j'étais plus jeune, je la chanterais assurément en vers burlesques. Les prédicants, les catins et surtout le vénérable Covelle y joueraient un beau rôle iv. Il est vrai que les Genevois ne se connaissent pas en vers, mais cela pourrait réjouir les princes qui s'y connaissent. La seule chose que j'ambitionne à présent, Monseigneur, ce serait de venir au printemps vous renouveler mes sincères hommages.
J'ai l'honneur, etc.
Voltaire »
i Maître Guignard, ou De l'hypocrisie, diatribe par M. Robert Covelle, qui parut dans les Honnêtetés littéraires. http://books.google.be/books?id=7CwHAAAAQAAJ&pg=PA237...
ii Il y a eu échec de la médiation et par suite un blocus ; cf. lettre à Choiseul du 9 janvier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/09/b...
iii Poême héroï-comique d'Alexandro Tassoni qui paru pour la première fois à Paris en 1622.
Tassoni : http://fr.wikipedia.org/wiki/Alessandro_Tassoni
La Secchia rapita (Le Seau enlevé) : http://www.intratext.com/ixt/ITA1687/
mis en musique par Antonio Salieri : http://www.deezer.com/listen-1857902
http://books.google.be/books?id=DvgZAAAAYAAJ&printsec...
iv V* écrit La Guerre civile de Genève : http://www.voltaire-integral.com/Html/09/09GUERCI.htm...
cf. lettre aux d'Argental du 4 février 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/03/2...
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09/01/2011
Vous n'êtes point calvinistes, vous êtes hommes
Ah ! quand pourra-t-on dire, en mettant n'importe quel épithète religieux à la place de "calvinistes" : "vous êtes hommes" . Par exemple : "musulman intégriste" ? ou "juif intégriste" ? ou "catho intégriste" ?
Pourquoi en est-on encore , pourquoi en suis-je encore, à parler de celà au futur ?
Pourquoi faut-il que le pouvoir de nocivité de la religion l'emporte sur le bon côté ? Le "côté obscur de la force", connu et reconnu, fait encore les choux gras de trop de profiteurs . Et encore Dark Vador fait figure de débutant devant ces chacals de notre monde réel (que les chacals me pardonnent cette discourtoise comparaison).
Grattez la religion et vous trouvez le pognon , ni plus ni moins . Religion = bon filon qui rapporte bien plus que le paradis hypothétique promis aux crédules ; bon filon qui rapporte à coup sûr, sans pelleteuse, sans se salir les mains ; juste se saloper un peu l'esprit , si tant est que ces prêcheurs-menteurs en aient un . Ce sont des hommes de main, des assassins patentés . Je vous éxècre .
« A Monsieur le ministre Jacob Vernes
chez Monsieur son père à Genève
A Montriond, 13 janvier 1757.
C'est une chose bien honorable pour Genève, mon cher et aimable ministre, qu'on imprime dans cette ville que Servet était un sot et Calvin un barbare i. Vous n'êtes point calvinistes, vous êtes hommes. En France on est fou, et vous voyez qu'il y a des fous furieux. Ravaillac a laissé des bâtards ii. J'ai bien peur que celui-ci ne soit un prêtre janséniste . Les jésuites ont à se plaindre qu'il ait été sur leur marché. Je ne sais encore aucun détail sur cette horrible aventure. Si vous apprenez quelque chose dans votre ville où l'on apprend tout, faites-en part aux solitaires de Montriond. Je suis bien fâché que v[ous ne] soyez venu dans cet ermitage q[ue quand] je n'y étais pas . Mme Denis [et moi] nous vous faisons les plus sincèr[es et les] plus tendres compliments.
V. »
i C'est le résumé brut de ce que V* a écrit dans le chapitre 134 de l'édition de 1756 de l'Essai sur les Mœurs. On a effectivement imprimé le chapitre à Genève, il y aura une vive réaction ;
cf. lettres du 20 mai à Thieriot et 6 septembre 1757 à Le Fort.
page 435 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f439.image.p...
lettre à Thieriot datée du 26 marsen réalité du 20 mai, publiée en mai .
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/06/q... : lettre à Isaac Le Fort
ii Il s'agit de l'attentat de Damiens contre Louis XV qui eut lieu le 5 janvier et dont V* vient d'apprendre la nouvelle.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Fran%C3%A7ois_Damiens...
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