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07/12/2011

c'est la maladie qui fait la vieillesse et qui détruit les talents mais rien ne détruit mon goût pour les talents des autres

 J'aime beaucoup cette photo consensuellement/politiquement incorrecte :

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Je la dédie à tous les fumeurs, et fumeuses (n'est-ce pas Mam'zelle Wagnière ) non repentis, à qui je souhaite de tout coeur d'échapper à toute maladie liée à l'herbe à Nicot, comme le fit un brave homme que je connais, mort dans sa centième année, fumeur invétéré .

 Et merde aux censeurs qui ont supprimé la pipe de Jacques Tati, la cibiche de Sartre, le mégot de Lucky Lucke !

 

 

Volti, non fumeur, n'a jamais jété l'anathème sur les producteurs de fumée bleue . Il prisa, par mode , sans doute , dans sa prime jeunesse .

 

 

« A Henri-Louis LEKAIN i

A Prangins, 27 février [1755]

Mon cher Orosmane,ii venez à Dijon, où l'on vous admire, et de là dans une maison où l'on vous chérit. Si vous voulez que j'écrive à M. le maréchal de Richelieu pour vous faire obtenir un congé iii, je hasarderai ma faible recommandation, et Mme Denis y ajoutera la sienne, qui n'est pas faible.

J'aimerai jusqu'au dernier moment le spectacle de Paris qui fait le plus d'honneur à la nation; mais je vous aimerai encore davantage. Faites mes compliments, je vous en prie, à tous vos camarades. J'ai lu le Triumvirat; j'y ai trouvé de belles choses iv. Ce n'est point M. de Crébillon qui a quatre-vingts ans, c'est moi: car c'est la maladie qui fait la vieillesse et qui détruit les talents mais rien ne détruit mon goût pour les talents des autres, et surtout pour ceux que vous possédez. Adieu je vous embrasse de tout mon cœur, je vous embrasse tendrement.

P. S. Pour moi, qui me porte bien, monsieur, je trouve le Triumvirat détestable; mais je meurs d'envie de vous voir, aussi bien que mon oncle. Je suis fort flattée de votre souvenir. Venez voir le malade et sa garde; vous serez reçu avec le plus grand plaisir du monde, et mon oncle n'aura peut-être pas le cœur assez dur pour vous laisser partir les mains vides. On a beau essayer de persuader au public que mon oncle avait fait le Triumvirat, celui de Crébillon n'en a pas paru meilleur. Quelle folie de répandre de pareils bruits .

Adieu, monsieur; allez à Dijon vous faire admirer, et venez nous voir nous aimons autant votre personne que vos talents.

DENIS
. »


 

 

ii Un des personnages principaux de Zaïre : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-zaire-partie-1-79291504.html

 

iii Le maréchal de Richelieu, premier gentilhomme de la Chambre du roi, avait aussi la responsabilité des spectacles donnés par les Comédiens français, dont Lekain, qui pour jouer indépendamment, devait obtenir un congé ; ce sera fait pour les congés de Pâques de la Comédie Française .

 

 

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Douce chaîne de la vie .

En écho à cette belle photo sur : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance---annee-1741---partie-10-90652809.html


06/12/2011

Les matins on vous voit paraître Dans la meute des chiens courants, Et dans celle des courtisans, Tous bons serviteurs de leur maître

 

Lequel des deux est le courtisan de l'autre ?

NB.- Le moustachu en uniforme, par fonction , et vocation, ne pense pas, et peut servir l'un ou l'autre sans état d'âme . Grandeur et servitude de la gent militaire ! A mettre parfois dans la meute des chiens courants ...

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Mais oui ! mais oui !

Gros, gras, bouffi d'orgueil, prétendu de gauche, le plein aux as Dirty Silly Keutard est aussi à l'aise avec un candidat de gauche qu'avec un de ceux de droite . Ne cherchez pas l'erreur, l'argent est un beaume puissant qui fait passer bien des douleurs d'amour-propre (quand il en reste encore, ce qui n'est pas le cas ici !)

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Pauvre France !

 

 

 

 

« A M. LE DUC DE LA VALLIÈREi

Des bords du lac, 26 février [1755]

Quelle lubie vous a pris, monsieur le duc ! Je ne parle pas d'être philosophe à la cour c'est un effort de sagesse dont votre esprit est très-capable. Je ne parle pas d'embellir Montrouge comme Champs vous êtes très-digne de bien nipper deux maîtresses à la fois. Je parle de la lubie de daigner relancer du sein de vos plaisirs un ermite des bords du lac de Genève, et de vous imaginer que

Dans ma vieillesse languissante
La lueur faible et tremblante
D'un feu près de se consumer
Pourrait encor se ranimer
A la lumière étincelante
De cette jeunesse brillante
Qui peut toujours vous animer.


C'est assurément par charité pure que vous me faites des propositions. Quel besoin pourriez-vous avoir des réflexions d'un Suisse, dans la vie charmante que vous menez ?

 


Les matins on vous voit paraître
Dans la meute des chiens courants,
Et dans celle des
courtisans,
Tous bons serviteurs de leur maître.

Avec grand bruit vous le suivez
Pour mieux vous éviter vous-même,
Et le soir vous vous retrouvez.

Votre bonheur doit être extrême
Alors qu'avec vous vous vivez.
A vos beaux festins vous avez
Une troupe leste et choisie
D'esprits comme vous cultivés,
Gens dont les goûts non dépravés,
En vins, en prose, en poésie,
Sont des bons gourmets approuvés,
Et par qui tout bas sont bravés
Préjugés de théologie.
Dans ce bonheur vous enclavez
Une fille jeune et jolie,
Par vos soins encore embellie,
Qu'à votre gré vous captivez,
Et qui dit, comme vous savez,
Qu'elle vous aime à la folie.
Quelle est donc votre fantaisie,
Lorsque, dans le rapide cours
D'une carrière si remplie,
Vous prétendez avoir recours
A quelque mienne rapsodie ?
N'allez pas mêler, je vous prie,
Dans vos soupers, dans vos amours,
Ma piquette à votre ambroisie
Ah ! toute ma philosophie
Vaut-elle un soir de vos beaux jours?

Tout ce que je peux faire, c'est de vous imiter très-humblement et de très-loin non pas en rois, non pas en filles, mais dans l'amour de la retraite. Je saluerai, de ma cabane des Alpes, vos palais de Champs et de Montrouge, je parlerai de vos bontés à ce grand lac de Genève que je vois de mes fenêtres, à ce Rhône qui baigne les murs de mon jardin ii. Je dirai à nos grosses truites que j'ai été aimé de celui à qui on a donné le nom de Brochet, que portait le grand protecteur de Voiture iii. Comptez, monsieur le duc, que vous avez rappelé en moi un souvenir bien respectueux et bien tendre. La compagne de ma retraite iv partage les sentiments que je conserverai pour vous toute ma vie.
Ne comptez pas qu'un pauvre malade comme moi soit toujours en état d'avoir l'honneur de vous écrire.
J'enverrai mon billet de confession à M. l'abbé de Voisenon,v évêque de Montrouge. »

 

 

i Louis-César Le Blanc de La Baume, d'abord duc de Vaujour (cité sous ce nom dans la lettre 661), et ensuite duc de La Vallière, naquit le 9 octobre 1708, et mourut le 16 novembre 1780. Il était petit-neveu de la duchesse de La Vallière, l'une des maitresses de Louis XIV. Il épousa, en 1732, Anne-Julie de Crussol d'Uzès. Le duc de La Vallière était capitaine des chasses, etc., et grand-fauconnier de France, depuis 1748.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_C%C3%A9sar_de_La_Baume_Le_Blanc,_duc_de_La_Valli%C3%A8re

 

ii Aux Délices .

 

iii Le prince de Condé, dit le Grand Condé, duc d'Enghien, fut protecteur de Voiture ; la Lettre de la Carpe [Voiture] au Brochet [Condé] eut une grande réputation ; V* en parle dans ses Mélanges Littéraires, au chapitre Connaissance des beautés et des défauts, article Lettres familières .

http://www.maremurex.net/Voiture.html

Condé : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_II_de_Bourbon-Cond%C3%A9

Voiture : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Voiture

 

iv Mme Marie-Louise Denis, une de ses nièces .

 

v Ami de Voltaire, de longue date ; V* s'amusait à le nommer « monseigneur de Montrouge ».

 

04/12/2011

Vous m'avez établi concierge pendant ma vie

 

concierge ecrivain.jpg

http://www.nicolasancion.com/index.html

 

 

 

 

« A M. le conseiller François TRONCHIN i.

18 février [1755]

Nous avons donc fait, monsieur, un marché dont tout le monde est content . La chose est assez rare; mais elle n'est pas difficile avec les personnes de votre nom. Je ne crois pas d'ailleurs que, dans le triste état de ma santé, on puisse trouver mauvais que je m'approche du meilleur médecin de l'Europe ii comme des plus honnêtes gens.

Vous m'avez établi concierge pendant ma vie iii. Je tâcherai de ne point dégrader votre maison; mais j'ai peur que le Rhône ne lui fasse tort, et qu'il ne soit un plus mauvais voisin que je ne suis un bon concierge. »


 

i François Tronchin : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Tronchin

V* a acheté la propriété des Délices grace à François Tronchin , vendeur, et à Jean-Robert Tronchin, prête-nom, qui cèdera cette propriété à son frère lorque V* y renoncera en 1765.

 

ii Théodore Tronchin .

 

iii Cette acquisition de St Jean avait revêtu la forme d'un location à vie, cessant à la mort de V*.

 

03/12/2011

L'acquisition auprès de Genève coûte très-cher; le tout me reviendra à cent mille francs de France

Ce fut cher en 1755, c'est hors de prix actuellement pour se loger , non seulement sur le terrritoire hélvétique, mais dans la zone française proche de la frontière .

Rien de changé entre le XVIIIè et le XXIè siècle ; il ne fait pas bon vivre auprès d'un peuple de banquiers , et dans une zone d'influence d'organisations internationales (ONU, BIT, CRI, ILO, OMS, CERN, ...) qui donnent des salaires immoraux à leurs fonctionnaires ; la plupart, comme on dit, se font des "couilles en or", et , oui mesdames, vous aussi !

Les propriétaires se gavent ; ceux qui "travaillent sur France " comme on dit, rament .

Et ce n'est pas un changement de locataire  l'Elysée qui va changer quoi que ce soit !

 

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« A M. de Brenles.

A Prangins, 18 février [1755]

Voici, mon cher monsieur, ce tome troisième dont vous me faites l'honneur de me parler; je vous envoie un exemplaire tel qu'il a été imprimé. J'y joins un autre exemplaire tel, à peu près, qu'il paraitra dans l'édition complète de l'Histoire générale. Je vous prie de donner à M. Polier i le volume relié, et de garder l'autre comme un manuscrit et une esquisse que mon amitié vous présente. Je mets dans le paquet une traduction de quelques poésies de M. Haller ii, que M. Polier avait bien voulu me prêter; pardonnez-moi cette liberté.

Croyez-moi donc à la fin, monsieur, et soyez très-sûr que, si le goût d'une Parisienne iii m'a fait acquérir la jolie maison et le beau jardin des Délices, et si ma mauvaise santé me rapproche de Genève pour être à portée du docteur Tronchin, je prends Monrion uniquement pour me rapprocher de vous. Monrion sera le séjour de la simplicité, de la philosophie et de l'amitié. L'acquisition auprès de Genève coûte très-cher; le tout me reviendra à cent mille francs de France avant que je puisse en jouir à mon aise. Je serai logé là aussi bien qu'un grand négociant de Genève, et je serai à Monrion comme un philosophe de Lausanne. Je vous jure encore une fois que je n'y vais que pour vous, et pour le petit nombre de personnes qui pensent comme vous. Si Mme Goll iv avait pu quitter Colmar assez tôt, j'aurais pris le domaine, et elle y aurait trouvé l'utile et l'agréable mais je me contenterai de la maison et des dépendances, et je regarde la chose comme faite. Ma détestable santé est le seul obstacle qui m'empêche de venir signer, sous vos yeux, un marché que vous seul m'avez fait faire. Nous présentons, ma nièce et moi, nos obéissances très-humbles à Mme de Brenles.

 

 

 

V. »

 

iAntoine-Noé de Polier de Bottens : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-No%C3%A9_de_Polier_d... . Par la suite, pour l'Encyclopédie , il écrira un article Liturgie, qui sera amendé par V*, et Messie, de même .

 

ii Albrecht von Haller : savant physiologiste, et poète bernois de langue allemande, qui aura des relations tendues avec V* ; Haller plein de réservessur les idées et écritsde V* : « Je ne lui ai jamais cédé d'un pas sur ce qui affecte la religion, les moeurs et la patrie . »

http://books.google.com/books?id=fVGQCu3jGxQC&pg=PR3&...

http://www.haller.unibe.ch/f/images.php

 

iiiMarie-Louise Denis, sa nièce et compagne .

 

ivVeuve depuis décembre 1754, elle avait logé V* à Colmar .

 

30/11/2011

Tout le pays où je suis s'est empressé à me donner les marques les plus touchantes de bonne volonté

 

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« A M. le président De RUFFEY i

A Prangins, au pays de Vaud, 16 février 1755.

Il est vrai, monsieur, que j'ai loué pour quelque temps une des plus jolies campagnes du monde auprès de Genève. Je ne sais si j'en aurais pu trouver une aussi agréable auprès de Rome. Mais je n'ai choisi cette campagne qu'en qualité de malade, et parce qu'elle m'approche du médecin ii en qui Mme Denis dit que je dois avoir confiance. Cette maison est sur le chemin des bains d'Aix en Savoie, où l'on veut me conduire. J'aimerais bien mieux aller à Dijon, jouir de votre amitié et être témoin de tous les avantages que M. de La Marche iii procure à la ville et aux lettres. Si ma santé peut devenir tolérable, je vous assure que je viendrai à Dijon passer une partie de l'hiver. Je suis tendrement attaché à M. de La Marche depuis mon enfance iv, ce serait une grande consolation pour moi de le voir encore avant de mourir; mais je crains bien de n'avoir plus la force de faire des voyages. Je vous dois, monsieur, les bontés de Mme la baronne de Donop v; elle m'a fait déjà l'honneur de m'écrire pour m'offrir ses bons offices. Tout le pays où je suis s'est empressé à me donner les marques les plus touchantes de bonne volonté, mes maladies m'empêchent d'en profiter, mais elles me laissent un cœur bien sensible aux attentions dont vous m'honorez.

Je vous prie de vouloir bien présenter mes respects à M. le premier président de La Marche. J'ai l'honneur d'être, avec toute la reconnaissance possible et avec les sentiments les plus tendres et les plus respectueux, monsieur, votre très-humble et très obéissant serviteur.

 

V. »

 

i Le président Germain-Gilles-Richard de Ruffey : président de la Chambre des Comptes de Bourgogne, fondateur d'une société littéraire à Dijon , qui deviendra académie, dont en 1761, V* deviendra membre . Il enverra des poèmes, des rosiers, des graines, du vin à V* qui lui demandera son aide dans ses démêlés avec le curé Ancian et le président de Brosses . http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_Germain_Richard_de_Ruffey

 

 

iiiClaude-Philippe Fyot de La Marche , ami au collège Louis-le-Grand de V*, et ami de de Ruffey, devenu premier président du parlement de Bourgogne .

 

 

v Ce n'est pas Mme Donop que V* avait connue à Berlin, mais Françoise Turrettini, veuve de David Vasserot, baron de Viney, qui avait épousé en secondes noces le baron August Moritz vonDonop, ministre des Affaires étrangères de Hesse-Cassel .

 

28/11/2011

Si on se torchait le derrière avec eux, on aurait des hémorroïdes

Cette verte affirmation vaut pour tout écrit d'extrêmistes, de menteurs patentés, de sauveurs du monde richement logés pour blablater du meilleur moyen de ralentir le réchauffement climatique tout en revenant à leurs réels intérêts : le fric , à donner, à recevoir . Gigantesque partie de poker menteur . Belle entente de ceux qui veulent rafler le pot . 


Etant d'un naturel délicat, je n'achèterai pas les journaux pour en faire l'usage sus-mentionné par crainte des conséquences funestes sur mon anatomie .

Cependant, il est plusieurs manières de soigner les hémorroïdes, soit dit sans vous offenser . 

  • Soft !

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  • A l'usure !!

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  • A l'espagnole !

Olé !!!

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Ci-après, Voltaire s'en prend, avec un sens du raccourci que j'adore ( Adorer : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-ph... ), aux vers de la pièce d'un auteur qui, circonstance aggravante, non content de mal écrire, est soutenu par la marquise de Pompadour . 

 

« A M. de Ximenes i

A Prangins, le 13 février [1755]

Nous aurons donc Amalazonte ii, monsieur ; nous l'attendons avec l'impatience de l'amitié qui nous attache à vous. L'âme de Royer iii ne sera pas placée dans l'autre monde à côté des Vinci et des Pergolèze. Celle de l'auteur du Triumvirat iv pourrait bien aller trouver Chapelain v. Quels diables de vers, que de dureté et de barbarismes . Si on se torchait le derrière avec eux, on aurait des hémorroïdes, comme dit Rabelais vi! Est-il possible qu'on soit tombé si vite du siècle de Louis XIV dans le siècle des Ostrogoths? Me voilà en Suisse, et presque tout ce qu'on m'envoie de Paris me paraît fait dans les Treize-Cantons. Le malade et la garde-malade vous embrassent tendrement. Pardonnez à un moribond qui n'écrit guère de sa main. »


 

ii Amalazonte, tragédie représentes le 30 mai 1754 à la Comédie Française .http://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=nyp.33433081895116

iii Royer, musicien-compositeur qui a mis en musique un opéra d''après une pièce de V* et dont ce dernier s'est plaint en voyant son texte défiguré par M. de Sireuil, librettiste ; Royer est décédé il y a peu de temps .

iv Crébillon, auteur de Le Triumvirat, ou la Mort de Cicéron , 1754, pièce que déteste V* . Crébillon bénéficie de l'appui de la marquise de Pompadour .

v Jean Chapealain , poète, est mort en 1674 .

vi Pantagruel : « Panurge assure que s'étant torché le cul avec un feuillet des décrétales appelées clémentines, il en eut des hémorroïdes longues d'un demi-pied ».

 

25/11/2011

Je suis de toutes les nations.

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Et pour les gourmands, comme Volti et moi, comme promis ci-après, une grosse pêche !

Volti a  quasiment un côté méridional par cette habitude d'exagérer la taille des poissons et même des fruits que l'on trouve à sa table .

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 Oui, j'ai la pêche , mais pas la grosse tête .

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine i

A Prangins, pays de Vaud, 23 février [1755]

 
Vous avez donc été sérieusement malade, ma chère nièce, et vous avez également à vous plaindre d'un souper et d'une médecine ? Il est bien cruel que la rhubarbe ii, qui me fait tant de bien, vous ait fait tant de mal. Venez raccommoder votre estomac avec les truites du lac de Genève; il y en a qui pèsent plus que vous, et qui sont assurément plus grasses que vous et moi. Je n'ai pas un aussi beau château que M. de Prangins cela est impossible, c'est la maison d'un prince; mais j'ai certainement un plus beau jardin, avec une maison très jolie iii. Le palais de Prangins et ma maison sont dans la plus belle situation de la nature. Vous serez mieux logée à Prangins que chez moi mais j'espère que vous ne mépriserez pas absolument mes petits pénates, et que vous viendrez les embellir de votre présence et de vos dessins. Apportez- moi surtout les plus immodestes iv pour me réjouir la vue. Les autres sens sont en piteux état; je dégringole assez vite; j'ai choisi un assez joli tombeau, et je veux vous y voir. Les environs du lac de Genève sont un peu plus beaux que Plombières, et il y a tout juste dans Prangins même une eau minérale très bonne à boire,v et encore meilleure pour l'estomac. Je la crois très supérieure à celle de Forges.

Venez en boire avec nous, ma chère nièce; tâchez d'amener Thieriot. Il veut venir par le coche il serait roué, et arriverait mort. Songez d'ailleurs qu'il faut être les plus forts à Prangins. Vous y trouverez des Suisses, amenez-y des Français. Pour ma maisonnette, elle n'est point en Suisse elle est à l'extrémité du lac, entre les territoires de France, de Genève, de Suisse, et de Savoie. Je suis de toutes les nations. On nous a très bien reçus partout; mais le plus grand plaisir dont nous jouissions à présent est celui de la solitude. Nous y employons nos crayons à notre manière. Nous vous montrerons nos dessins, en voyant les vôtres nous jouirons des charmes de votre amitié ; vous verrez des gens de mérite de toute espèce, vous mangerez des pêches grosses comme votre tête, et on tâchera même de vous procurer des quadrilles; mais nous avons plus de truites et de gelinottes
que de joueurs. Enfin, venez, et restez le plus que vous pourrez . Mes compliments à l'abbé sans abbaye vi.
Belle Philis, on désespère
Alors qu'on espère toujours.
(Molière, le Misanthrope, acte I.)

Je ne vous écris point de ma main. Excusez un malade, et croyez que c'est mon cœur qui vous écrit. »

 

i Nièce de V*, soeur ainée de Marie-Louise Denis, née Marie-Elisabeth Mignot, femme de Nicolas-Joseph de Dompierre de Fontaine .

 

ii V* sera continuellement en révolte , -et en prendra en cachette,- contre le docteur Tronchin, qui préférait la casse plutôt que la rhubarbe pour « faire aller ».

 

iii Maison de Saint Jean, proche de Genève, en république genevoise, qu'il baptise Les Délices .

 

iv « immodestes » = nus ; en 1756, V* lui écrira le 8 janvier 1756: « Aimez-vous toujours à peindre de beaux corps tout nu, en attendant que le docteur Tronchin rétablisse et engraisse le vôtre ? »

www.pastellists.com/Articles/Dompierre.pdf

 

v Par la suite, V* ira prendre les eaux à Rolle, cité très proche de Prangins et de Lausanne .

 

vi Alexandre-Jean Mignot, frère de Marie-Louise et de Marie-Elisabeth, après avoir été militaire, étudiera au séminaire de Troyes en 1747 et attendra d'avoir les bénéfices d' une abbaye ; il aura Scellières où il pourra faire inhumer son oncle en juin 1778 .