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20/12/2010

je vais vendre tous mes meubles cette semaine pour payer des dettes pressantes que j'ai , aimant bien mieux n'avoir point de lit que d'avoir des créanciers

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« A Marguerite-Madeleine du Moutier, marquise de Bernières

[Mme la présidente de Bernières à Rouen]

 

Ce 20 [décembre 1723]

 

Je reçus votre dernière lettre hier 19, et je me hâte de vous répondre, ne trouvant point de plus grand plaisir que de vous parler des obligations que je vous ai ; vous qui n'avez point d'enfants vous ne savez pas ce que c'est que la tendresse paternelle et vous n'imaginez point quel effet font sur moi les bontés que vous avez pour mon petit Henri i. Cependant l'amour que j'ai pour lui ne m'aveugle pas au point de prétendre qu'il vienne à Paris dans un char trainé par six chevaux ; un ou deux bidets avec des bâts et des paniers suffisent pour mon fils, mais apparemment que votre fourgon vous apporte des meubles et que Henri sera confondu dans votre équipage . En ce cas, je consens qu'il profite de cette voiture, mais je ne veux point du tout qu'on fasse ces frais uniquement pour ce marmouset. Je vous recommande très instamment de le faire partir avec plus de modestie, et moins de dépense. Martel ii est surtout inutile pour conduire ce petit garçon. Je vous ai déjà mandé, par ma dernière lettre que vous eussiez la bonté d'empêcher qu'on ne lui fit ses deux mille habits iii; ainsi il sera prêt à partir avec vous et il pourra vous suivre dans votre marche avec deux chevaux de bât qui marcheront derrière votre carrosse et qui vous quitteront à Boulogne où il faudra que mon bâtard s'arrête. Ayez la bonté, je vous en supplie, de me faire savoir avec votre exactitude ordinaire si vous avez donné vos ordres au sujet de tous les articles dont je vous ai parlé dans ma dernière lettre iv; il n'y a pas un moment de temps à perdre, le jour de votre départ s'avance et je crois que vous ne reculerez pas . Je n'aurai jamais en ma vie de si bonnes étrennes que celles que me prépare votre arrivée pour le jour de l'an.

 

Je vous prie de me mander si vous pourrez me prêter pour quelques mois un lit et quelques fauteuils v, car je vais vendre tous mes meubles cette semaine pour payer des dettes pressantes que j'ai vi, aimant bien mieux n'avoir point de lit que d'avoir des créanciers . Faites, je vous prie, bien mes compliments à M. de Bernières et aux personnes qui sont chez vous. Thiriot ne vous écrit point cet ordinaire parce qu'il est auprès de son père à qui on administre le sacrement de l'extrême-onction. »

 

i   La Henriade ou La Ligue ou Henri le Grand. V* a renoncé à l'édition de luxe conçue en Hollande et a proposé aux souscripteurs de les rembourser. Chez Mme de Bernières il a fait connaissance d'un imprimeur rouennais, Abraham Viret qui accepta fin mars de faire une édition clandestine et en octobre quatre mille exemplaires sont imprimés. http://wapedia.mobi/fr/La_Henriade http://www.voltaire-integral.com/Html/08/02_Beuchot_H.html http://books.google.be/books?id=zDqwv-eTdBAC&pg=PR5&a...

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Henriade

 

 

 

 

ii   C'est un homme de confiance qui dissimule à Rouen ou environs deux mille exemplaires en feuilles et deux mille brochés.

 

iii   Deux mille reliures de plus .

 

iv   Quatre recommandations : donner à un homme sûr la lettre envoyée pour Boulogne et en accuser réception ; informer V* du jour de départ et d'arrivée à Boulogne ; demander à Viret un mémoire de ce qu'il a reçu de V* ; dire à martel qu'il ne veut que deux mille reliures, qui valent 50 livres tournois, et que s'il en fait davantage il paiera le surplus .

 

v  V* ira s'installer quelque temps rue de Beaune chez le marquis et la marquise de Bernières à qui il loue un appartement.

 

vi  V* a eu la variole, a failli en mourir et les soins lui ont coûté fort cher et il a aussi dû faire des avances pour l'impression de La Henriade. Récit de sa maladie page 61, lettre au baron de Breteuil janvier 1724 : http://books.google.fr/books?id=3RJEAAAAYAAJ&pg=PA61&...

 

 Et pour moi et quelques archer(e)s du club, en ce jour, nous chantons : http://www.deezer.com/listen-4615381

 

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si je voulais transcrire les paroles favorables que vous m'avez écrites pour Bing,

 Note rédigée le 25 juillet 2011 pour parution le 20 décembre 2010.

 

 

« A Louis François Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

Aux Délices près de Genève

20 décembre [1756]

 

Je suis honteux, Monseigneur, d'importuner mon héros 1, qui a bien autre chose à faire qu'à lire mes lettres . Mais je ne demande qu'un mot de réponse pour le fatras ci -dessous .

 

1° Un Anglais 2 vint chez moi ces jours passés se lamenter du sort de l'amiral Bing 3 dont il est ami . Je lui dis que vous m'aviez fait l'honneur de me mander que ce marin n'était point dans son tort et qu’il avait fait ce qu'il avait pu . Il répondit que ce seul mot de vous pourrait le justifier, que vous aviez fait la fortune de Blackney par l'estime dont vous l'avez publiquement honoré, et que si je voulais transcrire les paroles favorables que vous m'avez écrites pour Bing, il les enverrait en Angleterre . Je vous en demande la permission . Je ne veux et je ne dois rien faire sans votre aveu .

 

Voilà pour le vainqueur de Mahon .

 

Voici une autre requête pour le 1er gentilhomme de la chambre, c'est qu’il ait la bonté d'ordonner qu'on joue Rome sauvée à la cour cet hiver sous sa dictature . La Noue quitte à Pâques, et M. d'Argental prétend que cette faveur de votre part est de la dernière importance .

 

Ce tendre d'Argental me mande qu'il a poussé bien plus loin ses sollicitations . Mais ce serait étrangement abuser de vos bontés qu'il ne faut certainement pas hasarder en ce temps-ci 4. J'apprends que La Beaumelle avant de faire pénitence 5 avait apporté une édition de La Pucelle où il a fourré un millier de vers de sa façon, qu'on la vend publiquement 6, qu'elle est remplie d'atrocités contre les personnes les plus respectables, et que c'est l'ouvrage le plus criminel qu'on ait jamais fait en aucune langue . On donne cette horreur sous mon nom . Elle est si maladroite qu'il y a dans l'ouvrage deux endroits assez piquants contre moi-même . Il y a bien des choses dignes des halles . Mais il suffira d'un dévot pour m’attribuer cette infamie . Je crois que c’est un torrent qu'il faut laisser passer . La vérité perce à la longue . Mais il faut du temps et de la patience .

 

Vous en avez beaucoup de lire mes lettres au milieu de vos occupations . Votre nouvel hôtel, la Guyenne, l'année d'exercice !7 vous ne devez pas avoir du temps de reste . J'en abuse, je vous en demande pardon ; j'ose attendre deux petits mots . Je vous renouvelle mon tendre respect et Mme Denis se joint à moi .

 

V.

 

Il y a des choses affreuses contre le roi dans l'abominable ouvrage de La Beaumelle et de ses associés ; et on laisse vendre dans Paris de telles horreurs qui sont des crimes de lèse-majesté ! »

2 Thomas Pitt, frère de William Pitt le nouveau premier ministre anglais . V* avait mentionné sa présence le 8 : page 403 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f407.image.r=.langFR

3 Byng, qui commandait l'escadre anglaise envoyée au secours de la garnison de Minorque, fut considéré comme responsable de la défaite, relevé de son commandement dès la prise de Mahon par Richelieu, et incarcéré .

4Il s'agit toujours d'interventions en faveur du retour de V* ( voir lettre à Richelieu du 10 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/10/09/69aa3a4200e7571393e5028d3b2d4248.html

et à d'Argental du 20 septembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/17/le-reste-du-jour-est-necessairement-donne-aux-processions-de.html)

Le bruit en court et V* enverra un démenti à la duchesse de Lutzelbourg le 27 décembre : page 410 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f414.image.r=.langFR

5 A savoir , avant d'être enfermé à la Bastille .

6 Edition débitée à Paris en août, et V* l'apprend en octobre .

7 Richelieu est devenu gouverneur de Guyenne et c'est aussi son tour de diriger le Théâtre en 1757, comme premier gentilhomme de la chambre en service .

Leur impertinente démarche ne mérite que des croquignoles

 Note rédigée le 24 juillet 2011 pour parution le 20 décembre 2010 .

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« A Gabriel Cramer

 

[vers le 20 décembre 1763]

 

Vous savez, caro, que votre f. consistoire a dénoncé la lettre de l'autre quakre 1, à votre Conseil 2. Il faut que ces gens-là soient enragés . Il m'est tombé entre les mains une de ces lettres . Il n'y a rien qui regarde ces polissons ni qui puisse offenser directement le premier établissement de leur polissonnerie . Leur impertinente démarche ne mérite que des croquignoles . Cependant vous voyez bien quel esprit d'animosité et de vertige les anime . Ils se doutent que vous avez imprimé la Lettre du quakre . Ils veulent la faire condamner pour vous exclure de l'auditorerie 3. J'ai donné à M. Bertrand la seule lettre quakerienne qui me restât . Si vous n'en avez pas laissé courir de copie je ne conçois pas comment ces animaux-là en ont attrapé une . Attendez, je me souviens encore que j'en ai donné une à Constant qui peut-être l'aura donnée au professeur 4 qui l'aura donnée à un prêtre .

 

Je serais fâché qu'il y eut un éclat et d'autant plus fâché que je rends actuellement un service important au Conseil.5

 

Vous pourriez engager M. le syndic Cramer 6 à diriger le Conseil dans cette affaire ; le parti le plus sage serait de répondre aux cuistres qu'on veillera sur l'écrit dénoncé, qu'on empêchera le débit s'il y en a dans Genève, et de s'en tenir là .

 

Quant aux barbares du consistoire de Berne, vous savez qu'ils sont gomaristes, et qu'ils ont pu être choqués d'une note de la Tolérance qui déclare le dogme de Gomar un dogme infernal 7. Or, comme ces messieurs sont très infernaux, ils ont agi selon leur vocation .

 

Je croyais que vous étiez instruit du changement de scène à Versailles et de la nomination d'un conseiller du parlement à l'administration des finances .8

 

Puisque vous voulez des nouvelles de notre pays, Bigot, intendant du Canada, et trois consorts condamnés au bannissement perpétuel 9, confiscation et restitution, les autres accusés à un bannissement limité, et la France condamnée à perdre le Canada .10

 

Pour vous Messieurs, vous êtes condamnés éternellement aux tracasseries . Interim vale et me ama.

 

N.B.- Tâchez de déterrer le délateur . Voyez à qui vous avez donné des Quaker, car vous savez que je n'en ai pas envoyé à Genève . »

1 A savoir le quaker prétendu auteur de la Lettre d'un quakre à Jean-George Lefranc de Pompignan, évêque du Puy-en-Velay,etc.etc.…, par opposition au quaker Claude Gay dont il était question le 12 novembre et le 9 décembre .

http://www.voltaire-integral.com/Html/25/03_Quaker1.html

2 La requête du consistoire contre la Lettre d'un quakre est notée dans les Registres de la Compagnie des pasteurs le 8 décembre, elle est transmise au Conseil le 10 ; le résultat négatif de l'enquête ordonnée par le Conseil est annoncé le 14 .

3 Charge d'auditeur au Conseil de Genève qui venait d'être conférée à Gabriel Cramer .

4 Pictet .

5 V* faisait « prier » le duc de Praslin , par les d'Argental, de présenter Crommelin au duc de Choiseul ( qui est par son ministère « colonel général des suisses ») et d'appuyer un mémoire que Crommelin, représentant de Genève à Paris, devait présenter au sujet du problème des recrues qui embarrasse « extrêmement » le Conseil de Genève . Choiseul fera une réponse favorable à V* qui la communiquera au Conseil le 15 janvier 1764.

Jean-Pierre Crommelin : page 360 : http://books.google.fr/books?id=jjiha4kR_z0C&pg=PA360...

6 Jean Cramer, cousin de Gabriel et syndic en 1763 .

7 V* écrit cette note du chapitre IV : « Gomar … soutint … que Dieu a destiné de toute éternité la plus grande partie es hommes à être brûlés éternellement ; ce dogme infernal fut soutenu … par la persécution ... ». Page 423 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80022x/f428.image

8 Charles-Clément-François de Laverdy avait remplacé Bertin le 12 décembre . http://en.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_Charles_Fran%C3...

http://en.wikipedia.org/wiki/Henri_L%C3%A9onard_Jean_Bapt...

9 Occasion de plaisanterie pour V* qui écrit le 21 décembre à Damilaville : « Je sais l'aventure des bigots . Voilà le seul bigot qu'on ait puni. » François Bigot avait été condamné pour fraude. Page 346 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80036m/f351.image.r...

10 Ce qui sera effectif par le traité de Paris de février 1763. http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Paris_(1763)

 

 

19/12/2010

il me dénoncerai comme auteur de quelques livres contre la religion, moi qui assurément n'en ai jamais fait

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http://www.deezer.com/listen-315556 : cette interprètation a le don de me faire frissonner, moi qui ne suis pourtant pas frileux comme Volti . 

Beethoven est grand et Furtwängler est son prophète !

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

19è décembre 1770

 

Que l'on fasse ou non la guerre aux Anglais, que le Parlement fasse ou non des sottises -moi je fais sottises et guerre. Mes anges recevront par M. le duc de Praslin un paquet. Ce paquet est la tragédie des Pélopides, c'est à dire Atrée et Thyeste . Il est vrai qu'elle a été faite sous mes yeux en onze jours par un jeune homme i. La jeunesse va vite, mais il faut l'encourager.

 

Ma sottise – vous la voyez .

 

Ma guerre est contre les Allobroges qui ont soutenu qu'un Visigoth nommé Crébillon avait fait des tragédies en vers François, ce qui n'est pas vrai ii.

 

Mes divins anges, il y va ici de la gloire de la nation.

 

De plus le nasillonneur De Brosses, président, veut être de l'Académie. C'est Foncemagne qui veut le faire entrer . Il est bon que Foncemagne sache que j'ai une consultation de neuf avocats de Paris qui m'autorisent à lui faire un procès pour dol. J'enverrai cette consultation, si on veut. Le président pour détourner le procès m'a écrit pour me faire entendre que si je lui faisais un procès, il me dénoncerai comme auteur de quelques livres contre la religion, moi qui assurément n'en ai jamais fait iii.

 

J'enverrai la lettre si on veut.

 

Tous les gens de lettres doivent avoir De Brosses en recommandation . Mes anges diront à M. de Foncemagne ce qu'ils voudront iv, je m'en remets à leur bonté, discrétion, prudhommie, et à leur horreur contre de tels procédés.

 

V. »

 

i V*, bien sur.

 

ii Crébillon père avait fait un Atrée et Thyeste représenté en 1707, imprimé en 1716 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Atr%C3%A9e_et_Thyeste

Voir ce que dit V* dans son article « Langue française » des Questions sur l'Encyclopédie, 1771 et son appréciation des vers de Crébillon ; « françois », graphie considérée comme barbare par V* qui veut que l'on respecte la prononciation dans la graphie.Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-ph...

et : http://books.google.fr/books?id=MSMHAAAAQAAJ&pg=PA163...

 

iii Cf. lettre à d'Alembert du 10 décembre 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/09/s...

et lettre à Mme Denis du 6 avril 1768 .

 

iv Le 12 décembre, d'Alembert a écrit à V* de faire intervenir d'Argental auprès du « doucereux Foncemagne » pour éviter la « plate acquisition » de De Brosses par l'Académie.Page 391 : http://books.google.fr/books?id=zzQHAAAAQAAJ&printsec...

 

18/12/2010

J'ai toujours regardé l'athéisme comme le plus grand égarement de la raison

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 J'ai choisi celui-ci car j'en ai un dans ma voiture depuis cet automne, c'est une "petite tortue" ! (je vous jure que je ne vois pas d'éléphant rose posé sur mon rétroviseur ! ).

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« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint Julien

15è décembre 1766 à Ferney

Charmant papillon de la philosophie, de la société et de l'amour, j'aurais été enchanté de vous voir honorer encore ma retraite d'une de vos apparitions, vous auriez même été mon premier médecin, car il y a environ deux mois que je ne sors guère de mon lit.

Savez-vous bien, madame, que j'ai des choses très sérieuses à répondre à la lettre très morale que vous n'avez point datée. Vous m'apprenez que dans votre société on m'attribue Le Christianisme dévoilé, par feu M. Boulanger i; mais je vous assure que les gens au fait ne m'attribuent point du tout cet ouvrage . J'avoue avec vous qu'il y a de la clarté, de la chaleur, et quelquefois de l'éloquence, mais il est plein de répétitions, de négligences, de fautes contre la langue, et je serais très fâché de l'avoir fait, non seulement comme académicien, mais comme philosophe, et encore plus comme citoyen.

Il est entièrement opposé à mes principes . Ce livre conduit à l'athéisme que je déteste. J'ai toujours regardé l'athéisme comme le plus grand égarement de la raison, parce qu'il est aussi ridicule de dire que l'arrangement du monde ne prouve pas un artisan suprême, qu'il serait impertinent de dire qu'un horloge ii ne prouve pas un horloger.

Je ne réprouve pas moins ce livre comme citoyen. L'auteur parait trop ennemi des puissances . Des hommes qui penseraient comme lui ne formeraient qu'une anarchie, et je vois trop par l'exemple de Genève, combien l'anarchie est à craindre.

Ma coutume est d'écrire sur la marge de mes livres ce que je pense d'eux. Vous verrez, quand vous daignerez venir à Ferney les marges du Christianisme dévoilé chargées de remarques qui démontrent que l'auteur s'est trompé sur les faits les plus essentiels iii.

Il est assez douloureux pour moi, Madame, que la malignité, et la légèreté des papillons de votre pays, qui n'ont ni votre esprit, ni vos grâces, m'imputent continuellement des ouvrages capables de perdre ceux qu'on en soupçonne.

Quant à M. le maréchal de Richelieu, je me doutais bien qu'il n'aurait pas le temps de parler à M. le comte de Saint-Florentin de la famille infortunée qui a excité votre compassion iv. Il allait partir pour Bordeaux. Votre jolie âme en a fait assez ; cette famille obtient par vos bontés une pension sur son propre bien dont on lui arrache le fonds pour avoir donné il y a vingt-six ans à souper à un sot prêtre hérétique v.

Quand j'aurai quelque grâce à implorer pour des malheureux, je demanderai votre protection, Madame, auprès de M. le duc de Choiseul. Je l'ai importuné quelquefois de mes indiscrètes requêtes, et il a toujours daigné m'accorder ce que j'ai pris la liberté de lui demander. Je craindrais bien de fatiguer ses bontés si je ne savais par vous-même quel est l'excès de sa générosité.

Venez à Ferney, Madame, nous chanterons ses louanges et les vôtres pour le prologue de l'opéra de Pandore vi, et vous serez ma Pandore, mais vous n'ouvrirez point la boîte.

Agréez, Madame, le respect et l'attachement du vieux solitaire.

V. »

 

i C'est le baron d'Holbach qui a écrit sous le nom de Boulanger .http://books.google.fr/books?id=wRQ-AAAAcAAJ&printsec...

ii Horloge est originellement du genre masculin.

iii V* a écrit sur la page de titre « livre dangereux ».

iv La famille d'Espinas, pour qui V*, le 28 octobre a demandé à Richelieu de « dire un mot » en sa faveur à Saint Florentin.

v Le père avait été condamné aux galères en 1740 et y était resté jusqu'en 1756, son bien avait été confisqué, sauf un tiers pour l'entretien de ses trois enfants, mais en fait ces derniers n'auraient jamais « joui de cette grâce ».

vi La Borde l'avait mis en musique à Ferney ; cf. lettre à Mme du Deffand du 24 septembre 1766.

 

17/12/2010

Il n'y a certainement que l'un de vous deux qui puisse l'avoir écrite . Le troisième n'existe pas

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Faut-il que je vous fasse un petit dessin ?

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Il n'y a pas de Troisème homme, faut-il vous le répéter ?

        Quoique :

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Et pour le plaisir seulement , que j'espère partagé :

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« A Charles Bordes

 

A Ferney, 15è décembre 1766

 

Je vous suis très obligé, Monsieur, des deux livres que vous voulez bien me confier et que je vous rendrai très fidèlement dès que je les aurai consultés i. J'espère les recevoir incessamment . L'abbé Coyer me jure qu'il n'est point l'auteur de la Lettre à Pansophe, c'est donc vous qui l'êtes . Il n'y a certainement que l'un de vous deux qui puisse l'avoir écrite . Le troisième n'existe pas ii. De plus vous étiez tous deux à Londres dans le temps que cette lettre parut ; il n'y a que vous deux qui puissiez connaitre les Anglais dont on trouve les noms dans cette pièce . Le style en est parfaitement conforme à la profession de foi très plaisante que vous fîtes il y a quelques années entre les mains de Jean-Jacques iii.

 

Vous avez très grande raison d'avouer que ce Jean-Jacques a quelquefois de la chaleur dans ses déclamations, et qu'il est souvent contraint, obscur, insolent, hérissé de sophismes, et plein de contradictions. Si vous vouliez ajouter à cette confession générale que vous vous êtes réjoui fort agréablement à ses dépens dans la Lettre à Pansophe, vous auriez une absolution plénière, sans être obligé ni à la pénitence, ni au repentir, et vous seriez certainement sauvé chez tous les gens de goût.

 

Je ne trouve dans cette publication de la Lettre à Pansophe d'autre défaut sinon qu'elle me met en contradiction avec moi-même comme Jean-Jacques . Je dis à M. Hume qu'il y a plus de sept ans que je n'ai écrit à ce polisson, et cela est très vrai. La Lettre à Pansophe semble me convaincre du contraire . Vous m'avez toujours marqué de l'amitié ; je vous en demande instamment cette preuve . La Lettre à Pansophe vous fait honneur et me ferait du tort . Vous avouez l'ode que vous avez mise sous mon nom iv, avouez donc aussi la prose, et croyez qu'en vers et en prose je connais tout votre mérite, et que je vous suis tendrement attaché. »

 

i Le 29 novembre, il a demandé à Bordes « deux ... libelles de jésuites contre les parlements » : Il est temps de parler ou compte rendu au public des pièces légales de M. Ripert de Monclar et de tous les évènements arrivés en Provence à l'occasion de l'affaire des jésuites, de l'abbé Dazès, 1763 , et : Tout se dira ou l'esprit des magistrats destructeurs, de Balbany, 1763 : http://books.google.fr/books?id=FfSZq5-9XpkC&printsec...

 

ii La Lettre à Pansophe est attribuée à V*, publiée en novembre 1766 avec la Lettre de Voltaire à Hume. http://www.voltaire-integral.com/Html/26/02_Pansophe.html ; http://www.voltaire-integral.com/Html/26/03_Hume.html

 

iii Profession de foi philosophique, 1763, jugée « digne des Lettres provinciales », mais où V* reproche quand même que Bordes reconnaisse du génie à Jean-Jacques dans une note de dernière page .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Borde

Voir note page 35 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70706d/f2.image.pag...

 

16/12/2010

unis dans la communion des gens de bien, lisons bien la Sainte Écriture et écr l'Inf.

Vous permettez ...?http://www.deezer.com/listen-3367725diner des philosophes.jpg  , "aujourd'hui, c'est le dîner ... des gens bien" .

http://www.deezer.com/listen-1124660

        J'ai lu dans la sainte Ecriture : http://www.deezer.com/listen-7840867

                 Jusqu'à la tolérance :http://www.deezer.com/listen-2295094

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

[pour frère d'Alembert]

 

15è décembre [1763]

 

Mon très aimable philosophe, c'est pour vous dire que l'ouvrage du saint prêtre sur la tolérance ayant été très toléré des ministres et des personnes plus que ministres, et ayant été même jugé fort édifiant i, quoiqu'il y ait peut-être quelques endroits dont les faibles pourraient se scandaliser, il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous, mon cher frère, de vous supplier de donner une saccade, et un coup d'éperon, au cheval qui a rué contre la Tolérance, et qui l'a empêchée d'entrer en France par Lyon . Figurez-vous que ce ballot est actuellement sur l'avare mer, exposé à être pris par les Numides, avec qui nous sommes en guerre. Si votre ami M. Bourgelat ii avait un mors de votre façon, son allure deviendrait plus aisée. Les frères Cramer feraient au plus vite une nouvelle édition qu'ils enverraient en la cité de Lyon en guise d'un ballot de soie iii, et les fidèles jouiraient bientôt de l'œuvre honnête dont ils sont privés. Dieu sait quand vous recevrez votre exemplaire.

 

Je vous demande en grâce de m'envoyer copie de la lettre dont vous avez honoré Jean-Georges iv. Vous savez qu'on a imprimé un Examen de notre sainte religion, attribué à St Evremond et qui est de Du Marsais v; je ne l'ai point vu, mais comme je sais que Du Marsais est un très bon chrétien, je souhaite passionnément que cet ouvrage soit entre les mains de tout le monde . Soyons toujours tendrement unis dans la communion des gens de bien, lisons bien la Sainte Écriture et écr l'Inf. »

 

i  Son Traité sur la Tolérance ; Choiseul lui écrivit le 27 novembre : « Mme de Pompadour, Mme de Gramont, tous ceux qui ont lu ... le livre de votre prêtre en ont été enchantés ... »   http://www.voltaire-integral.com/Html/25/01_Tolerance.html

 

ii  Claude Bourgelat , vétérinaire et adjudicataire de la ferme des fiacres à Lyon, ami de d'Alembert; V* demanda à celui-ci le 13 décembre de « lui laver la tête. »                               http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bourgelat

http://www.lyon-photos.com/diaporama/moyenne_555.htm

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http://www.deezer.com/listen-2422628

 

iii  A Gabriel Cramer : si d'Alembert intervient auprès de Bourgelat « ... vous ne feriez pas mal d'en tirer sur le champ mille exemplaires, que vous enverriez par Lyon tout droit à Paris . Vous pourriez employer le plus petit caractère ... Il y aurait de plus quelques corrections à faire ... » « Cet ouvrage n'est point un oiseau de passage, il parait être de toutes les saisons. »

 

iv Le 8 décembre, d'Alembert écrit à V* : « ...ce Jean-Georges ( Lefranc de Pompignan) ... a fait une réponse impertinente à la lettre par laquelle je lui mandais que j'avais envoyé son instruction pastorale à son libraire ... J'ai répondu à sa réponse en lui prouvant très poliment qu'il était un sot et un menteur ... » ; il enverra le 29 décembre copie des deux lettres à V*.

 

v  César Chesneau Du Marsais : http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_Chesneau_Dumarsais ; il écrivit : Analyse de la religion chrétienne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k84514n

La Vraie Religion traduite de l'Écriture sainte dont V* parle le 11 décembre à Damilaville est plutôt l'Examen de la religion dont on cherche l'éclaircissement de bonne foi, Attribué à M. de Saint-Evremond, traduit de l'anglais de Gilbert Burnet, 1761 ; cf. lettre à Cramer vers le 30 décembre 1761.

Cf. Page 591 :http://books.google.fr/books?id=-gzgAAAAMAAJ&pg=PA591...