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28/01/2011

On est tenté de se faire débaptiser quand on lit les Saint Barthélémy, les massacres d'Irlande, et l'histoire des Calas

Un cauchemar trop vrai , la nuit de la St Barthélémy :

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Bien sur, il y a les guerres d'Irlande ...

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Et l'injustice , omniprésente :

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Fonts baptismaux du XIIè siècle qui réunissent ce paradoxe de se trouver dans l'abbatiale St Bathélémy et où l'on voit, entre autres, ici le baptème de Corneille ( ancien romain qui a peu à voir avec Pierre ! ). Volti aurait pu les voir s'il avait été punaise de sacristie croisé grenouille de bénitier.

 

 

 

 

 

 

 

« A Paul-Claude Moultou

 

[27 janvier 1763 ?]

 

Voici, Monsieur, un mémoire qu'on m'envoie 1; il avait été fait à Toulouse , il y très longtemps . Je suis bien fâché que les avocats de Paris ne l'aient pas connu ; il y a des choses bien essentielles dont ils auraient fait usage . Votre indignation et votre pitié redoubleront, s'il se peut, à la lecture de ce mémoire . On est tenté de se faire débaptiser quand on lit les Saint Barthélémy, les massacres d'Irlande, et l'histoire des Calas. On aurait du moins de bonnes raisons de se décatholiciser.

 

Je vous renvoie la lettre de votre ami, qui me parait faire fort peu de cas de l'arithmétique.

 

Je vous supplie , Monsieur, de vouloir bien envoyer le mémoire Calas à M. Debrus 2, quand vous l'aurez lu. Vous savez que l'affaire ne sera rapportée 3 que le 8 février. Je ne dormirai point la nuit du 7 au 8. Mon Dieu, que d'abominations !

 

Je prends la liberté de vous embrasser de tout mon cœur. »

 

1 Il s'agit d'un mémoire « que M. de Lavaysse a envoyé » écrit V* à Debrus . François-Alexandre Gaubert Lavaysse, fils de l'avocat toulousain David Lavaysse, était chez les Calas le soir où Marc-Antoine Calas fut retrouvé pendu.

2 Philippe Debrus, avocat et négociant à Genève.

3 Au Conseil du roi.

27/01/2011

Tout ce qu'on pourra faire sera d'éclairer peu à peu la jeunesse qui peut avoir un jour quelque part dans le gouvernement, et de lui inspirer insensiblement des maximes plus saines et plus tolérantes

Je ne résiste pas au plaisir de faire paraitre cette lettre de Volti qui montre ses idées de progrès pour un meilleur monde, et lui, agé de 82 ans qui voit, encore une fois, cet avenir aux mains de jeunes bien formés .

Depuis le XVIIIè siècle, qu'en est-il de ces idées généreuses ?

Faut-il en arriver à la révolte/révolution des jeunes ?

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"Il faut bien lui laisser le plaisir de se faire valoir." , petite citation que je réserve ce jour à un petit nerveux en costume sombre qui veut faire la leçon à d'autres gugusses dans la même tenue , tout ça pour qu'on vote à nouveau , -ce qu'à Dieu ne plaise-, pour le garder cinq ans de plus !

Ici, je suis particulièrement injuste, je l'avoue, car cette phrase est applicable à tant de nos hommes/femmes politiques dont je vous laisse le libre choix , et à ceux qui s'amusent au petit jeu des amendements juste pour prouver qu'ils existent (tant à droite qu'à gauche ),et à ceux qui lancent des grèves liberticides et crétines (scieurs de branches sur lesquelles ils sont assis ). Privilèges de nantis !


 

 

« A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet

 

27è janvier 1776

 

Votre lettre du 16 janvier, mon cher et respectable philosophe, est arrivée saine et sauve, et vous pouvez écrire en toute assurance à ce vieux malade qui vous sera tendrement attaché jusqu'à sa mort.

 

Je me doutais bien que le prétendu refroidissement entre deux grands hommes i, faits pour s'aimer, était une de ces absurdes calomnies dont votre ville de Paris est continuellement inondée. Une nouvelle plus vraie me désole, c'est la goutte et la fièvre du meilleur ministre des Finances que jamais la France ait eu ii. Je suis tombé dans le malheureux contretemps de lui envoyer un long mémoire en qualité de commissionnaire de nos petits États iii. Je ne pouvais deviner qu'un accès de goutte le mit au lit, dans le même temps que je lui écrivais. Je l'avais prié de me faire réponse par M. Dupont iv en marge de mon mémoire, et si vous voyez M. Dupont je vous serai très obligé de vouloir bien lui en dire un mot.

 

Je ne crains point la compagnie du métier de saint Matthieu, que vous appelez la canaille du sel v, notre grand ministre nous en a délivrés pour nos étrennes vi, et probablement pour jamais. Sa déclaration est enfin enregistrée au parlement de Dijon. Ce parlement s'est réservé de faire des remontrances ; mais elles seront peu importantes et assez inutiles . Il faut bien lui laisser le plaisir de se faire valoir.

 

Les deux canailles vii dont vous me parlez, me font toujours trembler . J'ai été trop heureux de tirer d'Etallonde des griffes de l'une viii; mais je vois avec douleur qu'on ne pourra jamais ôter à l'autre le droit de faire du mal, surtout quand ces deux canailles sont jointes ensemble pour nuire au genre humain. Vous avez bien vu par l'aventure arrivée à La Harpe combien cette réunion est à craindre ix.

 

Je vous conjure encore une fois de ne pas souffrir qu'aucun de vos amis x se donne le funeste plaisir de m'imputer des ouvrages qui m'exposent à la fureur de ces persécuteurs éternels. Soyez très sur que le ministère n'oserait jamais soutenir un homme qui serait poursuivi par eux . Vous avez vu que M. Turgot lui-même n'a pu, ni voulu, défendre dans le Conseil un petit ouvrage qui était uniquement à sa gloire xi, et qu'il a laissé condamner M. de La Harpe pour avoir loué cet ouvrage dans le Mercure.

 

Il y a une autre canaille à laquelle on sacrifie tout ; et cette canaille est le peuple . C'est elle, il est vrai, que les trois autres réduisent à la mendicité, mais c'est pour elle qu'on va à la messe, à vêpres et au salut ; c'est pour elle qu'on rend le pain bénit ; c'est pour elle qu'on a condamné le chevalier de La Barre et d'Etallonde au supplice des parricides . On voudra toujours mener cette canaille par le licou qu'elle s'est donnée elle-même. C'est pour elle qu'on touchera toujours les écrouelles xii, c'est pour elle même qu'on laissera subsister les moines qui dévorent sa substance. Nous ne pourrons jamais détruire les abus qu'on a le malheur de croire nécessaires au maintien des États, et qui gouvernent presque toute l'Europe. Ces abus sont le patrimoine de tant d'hommes puissants qu'ils sont regardés comme des lois fondamentales . Presque tous les princes sont élevés dans un profond respect pour ces abus. Leurs nourrices et leurs précepteurs leur mettent à la bouche le même frein que le cordelier et le récollet mettent à la gueule du charbonnier et de la blanchisseuse. Tout ce qu'on pourra faire sera d'éclairer peu à peu la jeunesse qui peut avoir un jour quelque part dans le gouvernement, et de lui inspirer insensiblement des maximes plus saines et plus tolérantes. Ne nous refroidissons point, mais ne nous exposons pas . Songez que les premiers chrétiens mêmes laissaient mourir leurs martyrs . Soyez sûr qu'on soupait gaiement dans Carthage le jour qu'on avait pendu saint Cyprien.

 

Vous me parlez des esclaves de Franche-Comté xiii. Je vous assure que ces esclaves ne feraient pas la guerre de Spartacus pour sauver un philosophe. Cependant, il faut les secourir puisqu'ils sont hommes . J'attends le moment favorable pour faire présenter une requête à M. Turgot, et à M. de Malesherbes xiv. Nous avons retrouvé un édit minuté sous Louis XIV par le premier président Lamoignon, bisaïeul de M. de Malesherbes : cet édit abolissait la mainmorte pour tout le royaume, selon les vues de saint Louis, de Louis Hutin, et de plusieurs de nos rois . L'accomplissement d'un tel ouvrage serait bien digne du gouvernement présent. Je ne doute pas que vous n'en parliez à ces deux dignes ministres , avec votre éloquence de la vertu, quand cette requête sera envoyée dans un temps favorable.

 

J'attends les nouveaux ouvrages de M. Turgot xv, contre lesquels on se déchaîne sans les connaître . Il ne faut courir ni deux lièvres, ni deux édits à la fois.

 

Je vous embrasse tendrement, vous et votre digne ami M. d'Alembert . Je vous demande en grâce de m'écrire ce que vous pensez tous deux de ma lettre . Conservez-moi l'un et l'autre une amitié qui fait la consolation de mes derniers jours.

 

V. »

 

i D'Alembert et Condorcet.

 

ii Turgot.

 

iii Prières et Questions adressées à M. Turgot, contrôleur général, envoyées le 13 janvier : page 441 : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

V* demande pour le pays de Gex la permission pour des achats avantageux de sel, et permission de faire participer les commerçants au paiement des tente milles livres d'indemnités aux fermiers généraux, l'exemption d'impôt sur la marque des cuirs, l'application du décret de liberté de commerce des blés . Le 19 janvier, par Bouvard de Fourqueux, il a envoyé une Supplique à M. Turgot pour demander entre autres « la permission de faire venir toutes les marchandises de Marseille avec la même exemption de droits dont Genève jouit. » ; page 443 : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

 

iv Dupont de Nemours.

 

v Les fermiers généraux.

 

vii Le parlement et les dévots.

 

viii Le parlement.

 

ix Le parlement avait condamné le censeur Louvel et le Mercure parce que La Harpe avait fait dans ce journal compte-rendu et citations de la Diatribe à l'auteur des Éphémérides, de V*.L'Assemblée du clergé avait fait condamner la Diatribe elle-même par le Conseil ; cf. lettre à La Harpe du 3 septembre 1775 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/03/e...

et Page 369 : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

 

x Allusion à l'affaire de l'Épitre adressée à Tressan, dans laquelle V* a même soupçonné Condorcet ; Cf. lettre à Condorcet et d'Alembert du 8 avril 1775 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/04/08/l...

 

 

xi La Diatribe de V* concernant le commerce des blés.

 

xii Cf. lettre à Frédéric II du 7 juillet 1775 : voir deuxième lettre de la note http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/07/06/l...

 

xiii Paysans de Saint-Claude (Jura) soumis à la mainmorte par les moines.

 

xiv En première intention, Christin, avocat , a perdu leur procès au parlement de Besançon .

 

xv Nouveaux édits en préparation : 1° suppression des corvées, 2° suppression des droits établis à Paris sur les grains, 3° suppression des offices inutiles créés sur les ports, quais, halles et marchés de Paris, 4° suppression des jurandes, maîtrises et corporations, 5° suppression de la caisse de Poissy*, 6° diminution des droits sur les suifs.

Voir par exemple : *Caisse de Poissy : page 175 : http://books.google.be/books?id=MYYCAAAAMAAJ&pg=PA175...

 

 

Je sais que le bien que l'on dit d'un homme ne passe guère la porte de la chambre où on en parle, et que la calomnie va à tire-d'aile jusqu'aux ministres

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 Et chantez les premières phrases de cette lettre sur cet air : 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Conseiller au parlement , rue Neuve-saint Augustin à Paris.

 

A Amsterdam ce 27 janvier 1737

 

Respectable ami, je vous dois compte de ma conduite. Vous m'avez conseillé de partir, et je suis parti, vous m'avez conseillé de ne point aller en Prusse, et je n'y ai point été. Voici le reste que vous ne savez pas. Rousseau i apprit mon passage par Bruxelles, et se hâta de répandre et de faire insérer dans les gazettes que je me réfugiais en Prusse, que j'avais été condamné à Paris à une prison perpétuelle etc ii. Cette belle calomnie n'ayant pas réussi, il s'avise d'écrire que je prêche l'athéisme à Leyde iii. Là-dessus il forge une histoire, et on envoie ces contes bleus à Paris, où sans doute la bonté du prochain ne les laissera pas tomber par terre. On iv m'a renvoyé de Paris une des lettres circulaires qu'il a fait écrire par un moine défroqué qui est son correspondant à Amsterdam v. Ces calomnies si réitérées, si acharnées et si absurdes ne peuvent ici me porter coup, mais elles peuvent beaucoup me nuire à Paris. Elles m'y ont fait déjà des blessures, elles rouvriront les cicatrices. Je sais par expérience combien le mal réussit dans une belle et grande ville comme Paris, où l'on n'a guère d'autre occupation que de médire. Je sais que le bien que l'on dit d'un homme ne passe guère la porte de la chambre où on en parle, et que la calomnie va à tire-d'aile jusqu'aux ministres. Je suis persuadé que si ces misérables bruits parviennent à vous , vous en verrez aisément la source, et l'horreur, et que vous préviendrez l'effet qu'ils peuvent faire. Je voudrais être ignoré, mais il n’y a plus moyen. Il faut se résoudre à payer toute ma vie quelques tributs à la calomnie. Il est vrai que je suis taxé un peu haut ; mais c’est une sorte d’impôt fort mal réparti. Si l’abbé de Saint-Pierre vi a quelque projet pour arrêter la médisance, je le ferai volontiers imprimer à mes dépens.

Du reste je vis assez en philosophe, j’étudie beaucoup, je vois peu de monde, je tâche d’entendre Newton, et de le faire entendre. Je me console, avec l’étude, de l’absence de mes amis. Il n’y a pas moyen de refondre à présent l’Enfant prodigue. Je pourrais bien travailler à une tragédie le matin, et à une comédie le soir ; mais passer en un jour de Newton à Thalie, je ne m’en sens pas la force.

 

         Attendez le printemps, Messieurs ; la poésie servira son quartier ; mais à présent c’est le tour de la physique. Si je ne réussis pas avec Newton, je me consolerai bien vite avec vous. Mille tendres respects, je vous en prie, à M. votre frère. Je suis bien tenté d’écrire à Thalie vii ; je vous prie de lui dire combien je l’aime, combien je l’estime. Adieu ; si je voulais dire à quel point je pousse ces sentiments-là pour vous, et y ajouter ceux de mon éternelle reconnaissance, je vous écrirais des in-folio de bénédictins.

 

V.

 

Quand vous aurez quelques ordres à me donner, adressez vos lettres à MM. Ferrand et Darty, négociants à Amsterdam , sans autre nom, sans autre enveloppe, la lettre me sera surement rendue. »

 

ii La Gazette d'Utrecht a annoncé le 3 janvier que V* a sans doute quitté définitivement la France puisque pour échapper à l'emprisonnement il était parti sur le territoire lorrain, à Cirey en 1734.

iii Le 1er mars, V* précise : « C'est lui qui écrivait et qui faisait écrire ... que j'avais soutenu une thèse d'athéisme à Leyde contre M. Sgravesende, qu'on m'avait chassé de l'université etc. Vous êtes instruit de la lettre de M. Sgravesende dans laquelle cette indigne et absurde calomnie est si pleinement confondue. »

Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/pages/Annee_1737_Partie...

iv Formont peut-être ?

v Jean-Baptiste de La Varenne, rédacteur entre autres de l'Observateur. Voir 5.1.3 page 247 : ttps://openaccess.leidenuniv.nl/.../Thèse+complète+Leyde+revue+bis.pdf

vi Charles-Irénée Castel, abbé de Saint-Pierre, auteur d'un Projet de paix perpétuelle.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k105087z

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Ir%C3%A9n%C3%A9e_Cas...

 

 

Je ne connais pas le talent de chanteuse de Mlle Quinault, mais j'ai de la tendresse pour Isabelle Aubret :

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26/01/2011

nous n'avons point le goût sophistiqué, comme on l'a dans Paris, et nos lumières ne sont point obscurcies par la rage de critiquer mal à propos

 Note rédigée le 1er juin 2011 , jour de sortie du film d'animation Le Chat du rabbin, félin pour qui j'ai une grande affection, déjà en temps que matou, ensuite pour son histoire qui aurait satisfait Volti par son ambiance de tolérance .

 http://musique.fnac.com/a3530364/Bande-originale-de-film-...

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

26 janvier 1762, aux Délices

 

Ô mes anges ! Je vous remercie d'abord, vous , et M. le comte de Choiseul de l’éclaircissement que je reçois sur les propositions de mariage faites en 1725 entre deux têtes couronnées 1. Je vous prie de dire à M. le comte de Choiseul qu'un jour le maréchal Keit me disait : Ah ! Monsieur, on ment dans cette cour là encore plus que dans la cour de Rome .

 

Mais vous m'avouerez que si les Scythes savent mentir, ils savent encore mieux se battre, et qu'ils deviennent un peuple bien redoutable . Je suis leur serviteur, comme vous savez, et un peu le favori du favori, mais j'avoue qu'ils mentent beaucoup, et je ne l'avoue qu'à mes anges .

 

Il est fort difficile de trouver à présent les Sermons du Rabbin Akib. On tâchera d'en faire venir de Smyrne incessamment 2.

 

À l'égard du capitaine de chevaux 3, si les fiançailles ne sont pas épousailles, désir passager n'est pas fiançailles : on attendra tranquillement que Dieu et le hasard mettent fin à cette belle aventure .

 

Je vais tâcher, tout malingre que je suis, d'écrire un mot à M. le président de La Marche, et le remercier de son beau zèle pour mon nom 4. Vous devriez bien le détourner du malheureux penchant qu'il semble avoir encore pour cette secte abominable 5 contre laquelle le rabbin Akib semble porter de si justes plaintes .

 

Les jésuites et les jansénistes continuent à se déchirer à belles dents . Il faudrait tirer à balle sur eux, tandis qu'ils se mordent, et les aider eux-mêmes à purger la terre de ces monstres . Vous me trouverez peut-être un peu sévère dans ce moment, mais c'est que la fièvre me prend, et je vais me coucher pour adoucir mon humeur .

 

Je vous demande en grâce, mes divins anges, de me renvoyer mes deux Cassandre 6, et si la fièvre me quitte vous aurez bientôt un Cassandre selon vos désirs . Mille tendres respects .

 

Encore un mot tandis que j'ai le sang en mouvement . Je suis douloureusement affligé qu'on ait retranché l'homme qui paie noblement quand il perd une gageure, et la réponse délicieuse à mon gré : Ai-je perdu ?7 Nous nous gardons bien sur notre petit théâtre de supprimer ce qui est si fort dans la nature, car nous n'avons point le goût sophistiqué, comme on l'a dans Paris, et nos lumières ne sont point obscurcies par la rage de critiquer mal à propos, comme c'est la mode chez vous, à une première représentation . Il faut avoir le courage de résister aux premières critiques, qui s’évanouissent bientôt .

 

Je crois que ce qui me donne la fièvre est qu'on ait retranché dans Zulime le J'en suis indigne 8 du cinquième acte 9, qui fait chez nous le plus grand effet, et qui vaut mieux que Eh bien mon père ! dans Tancrède 10. Puisqu'on m'a ôté ce trait de la pièce, qui est le meilleur, je n'ai plus qu'à mourir, et je meurs (du moins je me couche). Adieu . »

 

1 Entre Louis XV et Élisabeth de Russie « alors pauvre princesse ».

2 Sermon du rabbin Akib prononcé à Smyrne le 20 novembre 1761 : http://www.voltaire-integral.com/Html/24/44_Rabbin.html

voir lettre du 27 novembre 1761 à Richelieu : page 392 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800358/f398.image.r=.langFR

et du 15 janvier 1762 à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/01/14/652f902d8fb0d0cb912f2134ab4e50b5.html#more

3 Colmont de Vaugrenand, prétendant éventuel à la main de Marie-Françoise Corneille.

4 Il avait écrit le 13 septembre à V* qu'il avait trouvé « au château de Voltaire (car Ferney n'aura plus , s'il-vous-plait, d'autre nom) » ce qu’il n'avait pas trouvé dans sa patrie . Le 14 septembre, à d'Argental dira : « M. de La Marche a été d'une humeur charmante ; il n'y parait plus . C'est, de plus, une belle âme ; c'est dommage qu'il ait certains petits préjugés de bonne femme. »

5 Les jésuites .

7 Dans Le Droit du seigneur ; III , 11 :

http://www.voltaire-integral.com/Html/06/01LEDROI.htm

8 Parole que prononce Zulime avant de se tuer ; la suppression est bien visible sur le manuscrit conservé à la Comédie française .

9 Voir lettre du 14 septembre 1761 à d'Argental : page 338 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800358/f344.image.r=.langFR

10 Dit par Arménaïde, vers 1561, V, 5 .

j'aurai toujours beaucoup de respect pour les belles et tout vieux que je suis, j'aime encore mieux en parler que des horreurs de la guerre

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Je viens de voir Tim Burton's Corpse bride , dessin animé déjanté et poétique , comme je les aime. Comme Volti, j'ai bien du respect pour les belles, et même beaucoup plus pour l'une d'elles, ce qui n'empêche pas que je garderai toujours aussi mon attrait pour la BD et les dessins animés . Je vous laisse profiter d'une partie de la bande son ci-dessus.

 

 

« A Louise Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

 

Aux Délices 26 janvier [1760]

 

Madame,

 

Si mon petit commerce avec la personne que vous savez trouve quelques épines, il me vaut bien des fleurs de la part de Votre Altesse Sérénissime . Je la crois un peu coquette. Ce n'est pas vous, assurément que je veux dire, c'est la belle i dont Votre Altesse Sérénissime favorise les beautés et les prétentions. Elle a fait part de ses amours ii à un confident qui n'a pas le cœur tendre iii et je crois que son amant iv pourrait être un peu refroidi. Voilà, Madame, la première fois que j'ai parlé galanterie au milieu des neiges des Alpes . Je me sens plus à mon aise et plus dans mon naturel en parlant à Votre Altesse Sérénissime des talents de votre auguste famille, des grâces d'Alzire, et de celles de Gusman, d'un jupon à falbalas de plumes, et d'un habit à l'espagnole v. Je devrais bien être le souffleur. Ce rôle me conviendrait mieux que celui que je fais je ne sais comment. J'ai de la peine avec la coquette vi. Je sais bien qu'elle est faite pour séduire, et qu'avec tant de beauté on n'attend pas d'elle beaucoup de bonne foi. Je souhaite qu'on respecte ses caprices, et qu'elle ne s'en repente pas. Pour moi j'aurai toujours beaucoup de respect pour les belles et tout vieux que je suis, j'aime encore mieux en parler que des horreurs de la guerre, et des tigres de l'espèce mâle qui se déchirent dans les glaces vii.

 

On a imprimé, Madame, les Poésies du philosophe de Sans-Souci viii. Je n'ai pu encore parvenir à en avoir un exemplaire . Il serait plaisant qu'il eût imprimé ses vers pour en faire présent à M. de Daun ix, je crois que ces poésies seront mises à Rome à l'index x. Daignez agréer toujours, Madame, le profond respect du Suisse.

 

V. »

 

i Frédéric II.

ii Des négociations secrètes de paix avec la France, désignées sous le code de fiançailles dans les lettres précédentes.

iii William Pitt.                http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Pitt_l%27Ancien

iv La France, et plus précisément son Secrétaire d'État aux Affaires étrangères , Choiseul. Celui-ci, écrit à V* le 14 janvier, mécontent qu'une lettre privée adressée à V* se soit retrouvée jusqu'en Russie où l'on accuse alors la France de vouloir faire une paix séparée.

v La duchesse avait demandé à V* de dessiner les costumes afin que ses enfants puissent jouer Alzire. V* se contenta le 15 janvier de donner une description détaillée où il est question d'une jupe à plumes pour Alzire et d'un habit à l'espagnole pour son fils et Alvares.

vi Toujours Frédéric.

vii Guerre au Canada entre Français et Anglais.

viii Elles paraissent à Lyon chez Bruyset le 17 janvier 1760, puis à Paris le 30 janvier. C'est sans doute le chevalier de Bonneville qui avait vendu le manuscrit.

http://www.voltaire-integral.com/__La%20Bibliotheque/Tabl...

http://books.google.fr/books?id=dU4OAAAAQAAJ&printsec...

ix Quelques jours plus tard, V* citera à ses correspondants ( la duchesse, De Brosses, ...) ce vers de l'Épitre au maréchal Keit : « Allez, lâches chrétiens... » Voir page 272, et vers fin de page 285 : http://books.google.be/books?id=c38HAAAAQAAJ&pg=RA1-P...

Le marquis d'Argens sera plus timide et demandera l'autorisation à Frédéric de mettre « mortels craintifs » à la place                                                                                                                   CF. lettre du 1er avril 1761 : http://books.google.be/books?id=rc1WAAAAMAAJ&pg=PA227...

Frédéric malmenait du même ton l'Angleterre et la Russie. Ce qui fait que le gouvernement français n'empêcha pas la publication. V* ne craint pas qu'on le soupçonne d'être l'éditeur du recueil, écrira-t -il à Thieriot le 18 février , puisque « Salomon fit la niche de le défaire de ses œuvres à Francfort, et son ambassadeur en cette ville signa » un reçu ;                                                                           cf. lettres du 20 juin et 8 juillet 1753 :  http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/21/n...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/07/08/b...

x Frédéric y revendiquait aussi son athéisme.

25/01/2011

Un homme qui se tiendrait dans l'attitude qu'on me donne, et qui rirait comme on me fait rire, serait trop ridicule.

 

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« A Dominique Vivant Denon

Vivant, baron Denon

 

A Ferney le 24 janvier 1776

 

Je suis bien loin, Monsieur, de croire que vous ayez voulu faire une caricature i dans le goût des plaisanteries de M. Huber.

 

J'ai actuellement chez moi le meilleur sculpteur de Rome ii, à qui ma famille a montré votre estampe : il a pensé comme pensent tous ceux qui l'ont vue . On l'a prié d'écrire ce qu'il fallait pour la corriger : je vous envoie sa décision.

 

Il court dans Paris une autre estampe , qu'on appelle mon Déjeuner ; on dit que c'est encore une plaisanterie de M. Huber . J'avoue que tout cela est assez désagréable . Un homme qui se tiendrait dans l'attitude qu'on me donne, et qui rirait comme on me fait rire, serait trop ridicule.

 

Vous m'auriez fait plaisir si vous aviez pu corriger l'ouvrage qui a révolté ici tout le monde ; et s'il en était encore temps, ma famille vous aurait beaucoup d'obligation . Je n'en suis pas moins sensible à votre bonté, et je n'en estime pas moins vos talents . Je vous supplie de ne rien imputer à une fausse délicatesse de ma part. Je sais bien que vous m'avez fait beaucoup d'honneur ; mais je vous prie de pardonner à mes parents et à mes amis, qui ont cru qu'on avait voulu me tourner en ridicule.

 

Je suis honteux de vous fatiguer de nos représentations. Soyez très persuadé du respect et de l'attachement qu'aura toujours pour vous votre vieux confrère iii.

 

Voltaire. »

 

Voltaire portraits vivant denon.jpg

 

i Vivant Denon avait vu Voltaire à Ferney et lui avait envoyé son portrait le 5 décembre 1775, reçu le 20 décembre . V* lui avait alors demandé de ne pas le laisser courir : « Je ne sais pourquoi vous m'avez dessiné en singe estropié, avec une tête penchée et une épaule quatre fois plus haute que l'autre. Fréron et Clément s'égaieront trop sur cette caricature » et lui envoie une boîte faite dans on voisinage où il verrait « une posture honnête et décente et un ressemblance parfaite ». Vivant Denon répondit : « Je suis... désolé de l'impression que vous a faite mon ouvrage . Mais ... ici ... chacun se l'arrache, et ceux qui ont l'honneur de vous connaitre assurent que c'est ce qui a été fait de plus ressemblant. »

Vivant Denon : http://www.inha.fr/spip.php?article2281

Voir : Appendix pages 255 et suivantes : http://books.google.fr/books?id=oL4KiwiHlDQC&pg=PA259...

Vivant Denon sera possesseur d'un reliquaire où entre autres choses on trouvera la moitié d'une dent de Voltaire, classée sous le N° 1379 du catalogue : « Description des objets qui composent le cabinet de feu M. Le Baron V.Denon : Estampes et ouvrages à figures »

ii Poncet . Le 10 janvier, Mme Pallatin écrit : « Je trouvai chez moi le sculpteur du pape qui a été envoyé par (dit-il)des cardinaux pour sculpter notre ami.

Poncet réalisera un buste de V* qui figure au château de V* à Ferney ; V* ne le vit pas, car la sculpture arrivera au château alors que V* est parti à Paris en 1778.

iii Vivant Denon est gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, comme V*, et avait argué de ce titre pour se faire recevoir à Ferney.

 

estampe le dejeuné de ferney volt 4 juillet 1775.jpg

 

 

24/01/2011

justificatif concernant les diamants volés par messieurs de Tunis

 

« Voilà de plaisants successeurs des Carthaginois que ces voleurs de Tunis » !

Volti , que dirais-tu des riches fuyards/lâches tunisiens qui, je l'espère ( et là je fais une confiance aveugle à l'esprit de rapine qui règne dans le pays refuge ! ), vont devoir payer cher leur liberté imméritée . Un regret tout de même, c'est que ces milliards volés ne reviennent pas au peuple qui les a produits .

Et à ceux qui s'indignent de l'appel au boycot des produits israeliens provenant des zones occupées,-boycot que j'approuve (il ne s'exerce que contre des despotes )-, je rappelle l'étonnement, l'émerveillement  de Volti qui ne comprenait pas que l'on commerce encore avec Tunis et Alger, repaires de voleurs . Cependant , le remède qu'il prescrivait était un peu plus musclé que le boycot .

... Enfin ! je vous parle d'un temps que les moins de 300 ans ne peuvent pas connaitre ...

 

diamants volés.jpg

 

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

 

24è janvier 1770, à Ferney

 

Monseigneur,

 

Pardon, je tremble de fatiguer vos bontés. Voyez le seul papier justificatif concernant les diamants volés par messieurs de Tunis i. Si jamais vous daignez prendre la peine de battre ces barbares, je vous supplierai alors de faire comprendre les diamants dans les articles de paix que vous daignerez leur accorder.

 

J'ai toujours été émerveillé que les princes chrétiens qui se font quelquefois la guerre de gaieté de cœur, ne s'accordassent pas à jeter Tunis et Alger de leurs ports. Voilà de plaisants successeurs des Carthaginois que ces voleurs de Tunis.

 

On dit que vous avez une très florissante marine ii. Permettez à un de vos vieux courtisans de s'intéresser passionnément à votre gloire.

 

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect,

Monseigneur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

 

Voltaire. »


i Sur un bateau battant « pavillon de France » ; pour justifier sa réclamation, V* écrivit au duc de Praslin le 8 décembre 1769 qu'il est « créancier d'un des négociants à qui les diamants pris ... appartiennent ».

 

ii Praslin est alors ministre de la Marine.


A ceux qui aiment les diamants, et l'Orient pays de contes :

Vous noterez que , au XXIè siècle, M. Ben Ali et consorts n'ont pas eu d'autre soucis que de prendre l'avion et n'ont pas connu les serres d'un aigle pour s'enfuir riches . Puissent-ils finir lessivés, comme on le fait aux vieux tapis, mais je garde le doute qu'ils en sortent blanchis .