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09/12/2010

nous avons été honorés aussi d'un petit tremblement de terre ...et le dîner n'en a pas été dérangé.

Pour rester dans le ton léger de Volti au sujet du tremblement de terre en territoire genevois :

http://www.youtube.com/watch?v=WePEHIQNh_o

Pour tous ceux qui connaissent le caractère suisse, nul étonnement à ce que même les tremblements de terre helvétiques se passent calmement, parce que : "y'aaa paaas l'feu auauauauau  lac !!"

bouteille bois casse tete.jpg

http://www.palason.ca/main.cfm?p=002&l=fr&SECID=4...

 

 

 

 

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Banquier à Lyon

 

 

Aux Délices près de Genève

10 décembre 1755

 

Vous apprendrez, Monsieur, par toutes les lettres de cet ordinaire que nous avons été honorés aussi d'un petit tremblement de terre . Nous en sommes pour une bouteille de vin muscat qui est tombée d'une table, et qui a payé pour tout le territoire. Il est heureux d'en être quitte à si bon marché. Ce qui m'a paru d'assez singulier, c'est que le lac était tout couvert d'un nuage très épais par le plus beau soleil du monde. Il était deux heures et vingt minutes ; nous étions à table dans nos petites Délices, et le dîner n'en a pas été dérangé. Le peuple de Genève a été un peu effarouché ; il prétend que les cloches ont sonné d'elles-mêmes, mais je ne les ai pas entendues.

 

En attendant la fin du monde, je suis encore forcé de vous importuner, Monsieur, pour les bagatelles de cette vie. Notre sellier avait oublié de demander 8 aunes de grand galon pareil à celui que nous avons l'honneur et l'importunité de fourrer dans cette lettre.

 

L'insatiable Mme Denis jure encore que vous ne lui refuserez pas quatre milliers de clous dorés pour des fauteuils . Il me parait qu'il faut bien des choses pour habiter en terre hérétique.

 

Nous vous faisons mille tendre compliments, mon cher correspondant ; et nous partons pour voir s'il y a eu un tremblement de terre à Montriond.

 

V. »

 

08/12/2010

Qui vous empêchera, Monseigneur, de faire mettre vingt-cinq mille au lieu de trente mille, dans votre édit ?

 

 

 

« A Anne-Robert-Jacques Turgot

 

8è décembre 1775, à Ferney

 

Monseigneur,

 

Il faut encore que malgré vos immenses travaux, malgré les miens chétifs, malgré mon petit accident qu'on a honoré du nom d'apoplexie, et peut-être hélas ! malgré votre goutte, je vous fasse encore passer deux minutes à lire mes radoteries . Je vous dis comme à M. de Trudaine que je vais lundi 11 du mois dans nos États faire accepter votre arrêt i, purement et simplement comme la bulle Unigenitus, en dépit du premier ordre de l'État, qui est , dit-on, un peu rénitent.

 

Je regarde votre arrangement non seulement comme le salut de notre petite province, mais comme experimentum in anima vili, pour faire ailleurs de plus grandes opérations. L'article des corvées, surtout, est l'avantage du royaume . Et pour vos trente mille livres aux soixante colonnes de l'État ii, il faudra bien que nous les donnions, puisque vous croyez la chose juste.

 

Mais après avoir accepté, et signé, je vous demande hardiment une grâce, c'est l'aumône. Elle est de droit divin bien plus que la dîme et surtout bien plus que l'indemnité des trente mille livres. Je dis à chacun des soixante publicains : peccata tua eleemosinis redime iii, vous êtes maudits dans l'Évangile comme dans votre pays ; tâchez de gagner le royaume des cieux en vous faisant amicos ex mammona iniquitatis iv.

 

Qui vous empêchera, Monseigneur, de faire mettre vingt-cinq mille au lieu de trente mille, dans votre édit ? Songez, je vous en conjure, que nous sommes , de compte fait, le plus pauvre canton du royaume, que nous payons tout sur le fonds de nos terres, et que nos terres couvertes de glace pendant cinq mois de l'année ne rendent pas trois pour un. Songez que le corps des fermiers généraux est après celui des bernardins et des bénédictins le corps le plus riche du royaume, et qu'une aumône de cinq mille francs ne fut jamais mieux placée.

 

D'ailleurs, en vérité ces soixante rois des aides et gabelles méritent-ils tant de libéralité de votre part ? ne savez-vous pas tous les tours qu'ils veulent vous jouer, et tous les bruits ridicules qu'ils font courir ? n'êtes-vous pas précisément dans le cas où était le duc de Sully quand tant de financiers et de suppôts de financiers s'élevaient contre sa probité éclairée ? Il est bien juste de les condamner à une amende de cinq mille francs en faveur des pauvres de Gex qui vous bénissent.

 

Nous vous supplions surtout de vouloir bien, en faisant ce traité avec les soixante rois de France, leur signifier de retirer leurs troupes v au 1er janvier. Leurs grenadiers jouent de leur reste ; ils se croient dans un pays ennemi, et ils le désolent. Mais surtout paccata tua eleemosinis redime.

 

Je me mets à vos pieds goutteux ; et mon âme particulièrement se met aux pieds de la vôtre.

 

LE VIEUX MALADE DE FERNEY V. »

 

 

i  Qui concerne le rachat du monopole du sel aux fermiers généraux, l'expulsion de leurs commis et l'abolition des corvées.                                               Cf. lettres du 29 août à Moultou,31 août à de Vaines, 5 octobre à Mme de Saint-Julien, du 5 octobre à Turgot.http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/28/a...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/31/m...

 

ii  Les soixante fermiers généraux.

 

iii  Rachète tes péchés par des aumônes.

 

iv  (Fais toi )des amis avec l'argent de l'injustice.

 

v  Leurs employés.

la raison vient de Dieu, et la superstition vient des hommes

 

peacock.jpg

 

 

« A Peacock i


A Ferney, 8 décembre 1767

 

Je ne saurais , Monsieur, vous remercier en anglais, parce que ma vieillesse et mes maladies me privent absolument de la facilité d'écrire. Je dicte donc en français mes très sincères remerciements sur le livre instructif que vous avez bien voulu m'envoyer ii. Vous m'avez confirmé de vive voix iii une partie des choses que l'auteur dit sur l'Inde ; sur ses coutumes antiques conservées jusqu'à nos jours ; sur ses livres, les plus anciens qu'il y ait dans le monde ; sur les sciences, dont les brachmanes ont été les dépositaires ; sur leur religion emblématique, qui semble être à l'origine de toutes les autres religions . Il y a longtemps que je pensais, et que j'ai même écrit une partie des vérités que ce savant auteur développe . Je possède une copie d'un ancien manuscrit iv qui est un commentaire du Veidam, fait incontestablement avant l'invasion d'Alexandre. J'ai envoyé à la Bibliothèque royale de Paris l'original de la traduction faite par un brame, correspondant de notre pauvre Compagnie des Indes, qui sait très bien le français.

 

Je n'ai point de honte, Monsieur, de vous supplier de me gratifier de tout ce que vous pourrez retrouver d'instructions sur ce beau pays où les Zoroastre, les Pythagore, les Apollonius de Thyane ont voyagé comme vous.

 

J'avoue que ce peuple, dont nous tenons les échecs, le tric-trac, les théorèmes fondamentaux de la géométrie, est malheureusement d'une superstition qui effraie la nature. Mais avec cet horrible et honteux fanatisme il est vertueux, ce qui prouve bien que les superstitions les plus insensées ne peuvent étouffer la voix de la raison : car la raison vient de Dieu, et la superstition vient des hommes qui ne peuvent anéantir ce que Dieu a fait.

 

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec une très vive reconnaissance ... »

 

ii  Deux premiers volumes de Interesting historical Events relative to the provinces of Bengal and the Empire of Indostan, 1766-1771, de J. Z. Holwell. http://books.google.fr/books?id=s_0RAAAAYAAJ&printsec...

 

 

iii  A Chabanon, le 26, V* écrira qu'il a eu chez lui « le fermier général du roi de Patna » qui « sait très bien la langue courante des brahmes. »

 

iv  Cf. la lettre à Deshauterayes du 21 décembre 1760 au sujet de ce prétendu ancien manuscrit.http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/26/o...

07/12/2010

la haine cordiale que j'ai pour votre métier de César.

Dans le domaine "je me fous de votre gueule et je me gave", un César, qui au demeurant ne manquait pas de talent artistique, et qui a eu celui de vivre grâce au mauvais goût de ses contemporains, dont un exemple suit :

 

cesar_moto.jpg

Etre Cesar ! Est-ce bien enviable ?  http://www.deezer.com/listen-5803986

Rendons à Cesar ce qui appartient à Jules : http://www.deezer.com/listen-2417346 ; merci à Georges Chelon, que, malheureusement, on n'entend qu'à dose homéopathique sur nos ondes hertziennes.

Une curiosité :  http://www.deezer.com/listen-1566386

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Ferney, 8 décembre [1773]

 

Sire,

 

Une belle dame de Paris i (dont vous ne vous souciez guère) prétend que vous serez fâché contre moi de ce que je donne Votre Majesté au diable ii; et moi je lui soutiens que vous me le pardonnerez, et que Belzébuth même en sera fort content, attendu qu'il n'y a jamais eu personne plus diable que vous à la tête d'une armée, soit pour arranger un plan de campagne, soit pour l'exécuter, soit pour réparer un accident.

 

Je n'aime point du tout, il est vrai, votre métier de héros, mais je le révère ; ce n'est point à moi de juger de la Tactique de M. Guibert. Je ne m'entends point à ces belles choses ; je sais seulement qu'il vous regarde avec raison comme le premier tacticien, et moi, j'ajoute : comme le premier politique ; car vous venez d'acquérir un beau royaume, sans avoir tué personne iii, et non seulement vous voilà pourvu d'évêchés et d'abbayes, non seulement vous voilà général des jésuites iv après avoir été général d'armée, mais vous faites des canaux comme à la Chine, et vous enrichissez le royaume que vous vous êtes donné par un trait de plume. Que vous reste-t-il à faire ? rien d'autre que de vivre longtemps pour jouir.

 

Comme Votre Majesté recevra probablement mon petit paquet aux bonnes fêtes de Noël, et que le Dieu de paix va naître avant qu'il soit trois semaines, je me recommande à lui, afin qu'il obtienne ma grâce de vous et que vous me pardonniez toutes les pouilles que j'ai dites à Votre Majesté, et la haine cordiale que j'ai pour votre métier de César. Ce César comme vous savez, pardonnait à ses ennemis quand il les avait vaincus ; et vous aurez pour moi la même clémence, après vous être bien moqué de moi v.

 

Le vieux malade de Ferney, qui s'égaye quelquefois dans les intervalles de ses souffrances, se met à vos pieds avec cinq ou six sortes de vénérations pour vos cinq ou six sortes de grands talents, et pour votre personne qui les réunit. »

 

i  Mme Necker ; V* en parlait à d'Alembert le 5 décembre.

 

ii  En parlant de l'Essai général de tactique de Guibert, V* dans la Tactique écrit : « A Frédéric surtout portez ce bel ouvrage, / Et soyez convaincu qu'il en fait davantage : / Lucifer l'inspira bien mieux que votre auteur ; / Il est maître passé dans cet art plein d'horreur, / Plus adroit meurtrier que Gustave et qu'Eugène. » ; cf. lettre à d'Alembert du 19 novembre. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Antoine-Hippolyte_de...

Tactique de V* : page 6 : http://books.google.fr/books?id=0y4HAAAAQAAJ&printsec...

 

iii  Partage de la Pologne en 1772, -traité ratifié par le roi de Pologne et la diète le 18 septembre 1773,- alors que Frédéric n'a pas participé à la guerre. Il se justifia auprès de V* le 9 octobre 1773 : « ... l'Europe croit assez généralement que le partage que l'on a fait de la Pologne est une suite de manigances politiques qu'on m'attribue, cependant rien n'est plus faux. Après avoir proposé vainement des tempéraments différents, il fallut recourir à ce partage comme l'unique moyen d'éviter une guerre générale. » D'autre part il écrivit : « je concours depuis longtemps aux opérations des Russes par des subsides que je leur paie, et vous devez savoir qu'un allié ne fournit pas des troupes et de l'argent en même temps... »

 

iv  Cf. lettre à d'Alembert du 19 novembre.

 

v   Le 9 octobre, Frédéric venait de se moquer des attitudes contradictoires de V* face à la guerre.

06/12/2010

On pourrait même dans ce programme, donner quelque échantillon, comme, par exemple, l'article « Femme » , afin d'amorcer vos chalands

"Cela dépend entièrement de toi, elle sera comme tu la vois, si tu penses que c'est une belle femme, elle sera une belle femme, si dans ton coeur tu nourris des pensées pernicieuses, tu ne verras qu'un monstre."

Gao Xingjian, (Prix Nobel de littérature)"La montagne de l'âme" Ed. L'aube poche

 

vieille_jeune_femme.jpg

 

http://www.deezer.com/listen-882931

http://www.deezer.com/listen-2245301 : eh! oui !!

http://www.deezer.com/fr/#video/olivia-ruiz/la-femme-choc...  pour les gourmands ;

Et je vous recommande particulièrement ceci :http://www.deezer.com/listen-4122806 , et autres cris du coeur de cette chanteuse engagée, Mannick .

 

Comme vous pouvez le constater, l'homme du XVIIIè siècle n'est au fond pas fait autrement que celui du XXIè ...

... Sauf quelques imbéciles qui se croient bénis de Dieu quand ils infligent des règles scélérates aux femmes ; ils iront en paradis quand on pourra faire passer un chameau par le chas d'une aiguille -comme il est dit dans les Ecritures -. Pierre Perret, je vous salue : http://www.deezer.com/listen-7604656

Volti aurait fait un redoutable publicitaire si j'en crois les conseils qu'il donne à un éditeur ; certes il ne propose pas d'affiche en 4x5 m avec une dame-oiselle dénudée pour vendre un presse-purée, mais quand même, il est assez réaliste pour dire qu'un article "Femme" est une bonne accroche pour l'acheteur de prose philosophique.

Et ce qui me fait encore bondir de joie, c'est son aveu frais et ingénu de "jeune homme" de 76 ans qui est heureux (comme je le suis moi-même ! ) de la beauté de certaines femmes : "mes compliments à madame votre femme dont j'ai toujours l'idée dans la tête depuis que je l'ai vue à Ferney" . Il ne manque pas de franchise, ni d'audace ce Volti. Cet "aveugle" est assez sélectif dans ce qui est capable d'imprimer ses rétines !

Qu'il me soit permis de le paraphraser et de dire "mes tendres compliments à Mam'zelle Wagnière dont j'ai chaque jour l'idée en tête et au coeur depuis qu'elle est venue à Ferney".

http://www.deezer.com/listen-2173929

 

 

« A Charles-Joseph Panckoucke

 

6 de décembre [1769]

 

Vous savez, Monsieur, que je vous regarde comme un homme de lettres i et comme un ami ; c'est à ces titres que je vous écris.

 

On a besoin sans doute d'un supplément à l'Encyclopédie ; on me l'a proposé ii; j'y ai travaillé avec ardeur ; j'ai fait servir tous les articles que j'avais déjà insérés dans le grand dictionnaire ; je les ai étendus et fortifiés autant qu'il était en moi ; j'ai actuellement plus de cent articles de prêts. Je les crois sages ; mais s'ils paraissent un peu hardis, sans être téméraires, on pourrait trouver des censeurs qui feraient de mauvaises difficultés, et qui ôteraient tout le piquant pour y mettre de l'insipide. Je vous réponds bien que tous ceux qui sont à la tête de la librairie ne mettront aucun obstacle à l'introduction de cet ouvrage en France, et je vous réponds d'ailleurs qu'il sera vendu dans l'Europe, parce que, tout sage qu'il est, il pourra amuser les oisifs de Moscou, aussi bien que les oisifs de Berlin. Puisque vous avez été assez hardi pour vous charger de mes sottises in-4°, il faut que cette sottise-ci soit de la même parure.

 

Il ne serait pas mal à mon avis de faire un petit programme par lequel on avertirait Paris, Moscou, Madrid, Lisbonne et Quimper-Corentin, qu'une société de gens de lettres, tous Parisiens, et point Suisses, va , pour prévenir les jaloux, donner un Supplément, etc. On pourrait même dans ce programme, donner quelque échantillon, comme, par exemple, l'article « Femme » iii, afin d'amorcer vos chalands.

 

Au reste, je pense qu'il faut se presser, parce qu'il se pourrait bien faire qu'étant âgé de soixante et seize ans, je fusse placé incessamment dans un cimetière, à côté de mon ivrogne de curé iv qui prétendait m'enterrer, et qui a été tout étonné que je l'enterrasse.

 

Encore un mot, Monsieur, ; avant que vous vous fussiez lancé dans les grandes entreprises, vous aviez, ce me semble, ouvert une souscription pour les malsemaines de Martin Fréron v. Je me suis aperçu, à mon article « Critique vi» que je dois dévouer à l'horreur de la postérité les gueux qui pour de l'argent, ont voulu décrier l'Encyclopédie et tous les bons ouvrages de ce siècle, et que c'est une chose aussi amusante qu'utile de rassembler les principales impertinences de tous ces polissons. Envoyez-moi tout ce que vous avez , jusqu'à ce jour, des imbéciles méchancetés de Martin, afin que je le fasse pendre avec les cordes qu'il a filées.

 

Je vous embrasse de tout mon cœur, sans cérémonie, et je vous prie de vouloir bien faire mes compliments à madame votre femme, dont j'ai toujours l'idée dans la tête depuis que je l'ai vue à Ferney. »

 

i Il avait en particulier traduit Lucrèce et publié De l'homme et de la reproduction... 1761. http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Joseph_Panckoucke

Page 575 : http://books.google.be/books?id=egkJAAAAQAAJ&pg=PA575...

 

ii Cf lettre à d'Alembert du 28 octobre.

 

iii Qui paraitra dans les Questions sur l'Encyclopédie . V* avait beaucoup critiqué l'article « femme » de Desmahis paru dans l'Encyclopédie ; cf. lettre à d'Alembert du 13 novembre 1766.

http://www.monsieurdevoltaire.com/article-36117250.html

 

iv Le curé Pierre Gros. Quelques rapports plus ou moins houleux avec ce curé en 1769 : pages 72-73 : http://books.google.be/books?id=KS0HAAAAQAAJ&pg=PA73&...

 

v A savoir pour L'Année littéraire de « l'âne » Fréron.

 

vi Qui paraitra dans les Questions sur l'Encyclopédie ; un article « critique » a déjà paru dans le Dictionnaire philosophique.

http://www.voltaire-integral.com/Html/18/critique.htm

05/12/2010

je n'ai point de culs noirs , et j'ai renoncé aux blancs que j'aimais autrefois à la folie

Voici un cul-noir sur fond noir : Eh! oui, il est à fleurs !!

cul noir.jpg

J'ai ri de bon coeur en apprenant la nouvelle de ces irascibles voyageurs en partance pour Casablanca qui ont voulu jouer les fortes têtes dans leur avion .

Rendez-vous compte : au moment de leur départ, ils sont informés que suite à une panne sur un avion de la même compagnie, ils vont devoir passer par deux autres étapes imprévues pour aller récupérer les passagers en difficulté, avant d'atteindre leur destination : bilan, 6 h de voyage en plus prévues .

Ces gens -là, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur intérêt de consommateurs égoïstes, n'entendent point partager leur bel avion avec ceux qui sont en rade .

Et ça devient très moral heureusement : quelques meneurs décident l'occupation de l'avion et quelques transactions plus tard, beaucoup plus tard, ceux-là qui ne voulaient pas perdre 6h de leur précieux temps libre de vacanciers privilégiés, ceux-là donc sont encore au sol au point de départ 14h plus tard que prévu et au départ effectif de l'avion auront "gagné" près de 24h de colère imbécile à ajouter à leur vie bornée.

Rions mes frères et Ecr[asons] l'Imb[écile] !


 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

5è décembre [1759] aux Délices

 

Ermite de l'arsenal, l'ermite de Tournay et des Délices est dictateur i, parce qu'il a mal aux yeux. Vous m'écrivez toujours à Genève comme si j'étais un parpaillot, mettez par Genève, s'il vous plait ; je ne veux pas que l'enchanteur qui fera mon histoire prétende sur la foi de vos lettres que j'ai fait abjuration. La bonne compagnie de Genève veut bien venir chez moi, mais je ne vais jamais dans cette ville hérétique ; c'est ce que je vous prie de signifier à frère Berthier, supposé qu'il vive encore, ou à frère Garassise ii, ou même à l'auteur des Nouvelles ecclésiastiques iii; il me semble qu'il faudrait faire une battue contre toutes ces bêtes puantes ; mais les philosophes ne sont presque jamais réunis, et les fanatiques après s'être déchirés à belles dents se réunissent tous pour dévorer les philosophes. Un de mes plaisirs dans mon petit royaume, est de tirer à cartouches contre ces drôles-là sans les craindre ; c'est un amusement de ma vieillesse.

 

On dit que la tragédie de M. de Thibouville iv n'a pas si bien réussi que l'apparition de frère Berthier v; il y a quelques années que les choses sérieuses ne réussissent guère en France ; témoin la prose réitérée du traducteur de Pope vi, et témoins nos combats sur terre et sur mer ; il faut espérer que le diable qui n'est toujours pas à la porte d'un pauvre homme vii, ne sera pas toujours à la porte de la pauvre France.

 

O passi graviora, dabit deus his quoque finem.viii

 

On profitera sans doute des bons exemples des Russes, et du maréchal Daun. Retenez pour votre vie, mon ancien ami, une anecdote singulière. Le roi de Prusse me mande du 17 novembre ces propres mots : Dans trois jours je vous en écrirai davantage de Dresde. Et au bout de trois jours, il perd vingt mille hommes ix; vous m'avouerez que ce monde-ci est la fable du pot au lait ; vous avez sans doute une mauvaise copie de La Femme qui a raison, et soyez sûr qu'on n'a que de très détestables copies de presque tous nos amusements de Tournay et des Délices ; vous auriez bien dû venir voir les originaux ; nous avons joué une nouvelle tragédie x sur un petit théâtre vert et or ; et nous avons fait pleurer deux des plus beaux yeux que je connaisse, qui sont ceux de Mme l'ambassadrice de Chauvelin, sans compter ceux de son mari, moins beaux, à la vérité, mais appartenant à une tête pleine d'esprit et de goût. Ma nièce n'a pas tous les talents de Mlle Clairon ; mais elle est beaucoup plus attendrissante, et non moins vraie. Pour moi, je suis, sans vanité, le meilleur vieillard que nous ayons à la comédie. Je me suis un peu ruiné, mon cher ami, en bâtiments et en châteaux, et mes moutons meurent de la clavelée ; cependant je n'ai point envoyé ma vaisselle à la monnaie xi; attendu qu'il n'y [a] point d'hôtel, ni même aucune monnaie dans le pays de Gex, et je ne veux point la vendre aux huguenots ; je n'ai point de culs noirs xii, et j'ai renoncé aux blancs que j'aimais autrefois à la folie.

 

M. de Paulmy a-t-il renoncé à l'exécrable dessein d'aller en Pologne xiii? Présentez-lui mes respects, et dites-lui que s'il persiste dans cette triste idée, j'avertirai les hussards prussiens qui le prendront en passant ; n'a-t-il donc pas assez de son mérite pour vivre à Paris, toujours estimé et honoré ?

 

Bona noce, mon ancien ami.

 

V. »


i = Celui qui dicte, au sens premier de dictator, en latin.

 

ii Allusion à la Relation ...du jésuite Berthier (cf. deux billets de septembre-octobre 1759 et la lettre du 25 août) qui se termine par « l'Apparition de frère Berthier à frère Garassise continuateur du Journal de Trévoux », et peut-être déjà à la future Relation du voyage de frère Garassise ... publiée en 1760. http://www.voltaire-integral.com/Html/24/17_Relation_Bert...

 

 

 

iii Les Mémoires ecclésiastiques ou mémoires pour servir à l'histoire de la constitution Unigenitus (1728-1803)de tendance janséniste, dont les principaux rédacteurs étaient alors Fontaine de La Roche et semble-t-il Louis Guidi. http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelles_eccl%C3%A9siastiques

http://c18.net/dp/dp.php?no=1027

 

v « Cette brochure s'est vendue à tous les carrefours et les plaisanteries en on fort réussi. » écrivit Thiriot le 28 novembre.

 

 

vi Celle des édits de Silhouette qui avait aussi traduit Pope; cf. lettre du 30 novembre.

 

vii Est-ce une allusion à son Pauvre Diable ?

 

viii Oh ! Vous avez supporté des maux si lourds ! La divinité mettra également un terme à ceux ci .

 

ix Frédéreic perdit 15 000 hommes, tant blessés que prisonniers le 21 novembre à Maxen. En fait les « propres mots » de Frédéric étaient : « Je vous écrirai dans une huitaine de jours de Dresde. » V* commence un chapitre de ses Mémoires par cette « anecdote singulière ».

 

x Tancrède ; cf. lettre du 5 novembre 1759.

 

xi Comme les Français de France, y compris le roi, sous le ministère de Silhouette par son arrêt du 26 octobre 1759.http://www.comite-histoire.minefi.gouv.fr/admin_eco/minis...

 

xii C'est-à-dire de la vaisselle de faïence (à la place de la vaisselle d'argent), au dessous recouvert d'un vernis brun.http://www.leblogantiquites.com/2007/06/cul-noir-de-for.h... http://www.alienor.org/ARTICLES/faience_patronyme/prod02....

 

xiii Comme ambassadeur.

04/12/2010

Je ne vous parlerai pas aujourd'hui, mon cher ange, des deux enfants que j'ai faits dans ma quatre-vingt-quatrième année

 

Mademoiselle_de_Beaumont,_chevalier_d'Éon_(1728-1810).jpg

http://www.youtube.com/watch?v=qgre_75wrsU

 Je viens de revoir comme partenaire de la petite rousse, la brune Zouc, et comme Volti se vante de faire des enfants à 84 ans, parlons d'accouchement :

http://www.youtube.com/watch?v=CZ4vjgxylE0&feature=re...

 

Le_chevalier_d’Éon_(1728-1810).jpg

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

6è décembre 1777 à Ferney

 

Je ne vous parlerai pas aujourd'hui, mon cher ange, des deux enfants que j'ai faits dans ma quatre-vingt-quatrième année i. Vous les nourrirez s'ils vous plaisent ; vous les laisserez mourir s'ils sont contrefaits. Mais je veux absolument vous parler d'un autre monstre, c'est de cet animal amphibie qui n'est ni fille ni garçon ii; qui est, dit-on, habillé actuellement en fille ; qui porte la croix de Saint Louis sur son corset, et qui a comme vous douze mille francs de pension. Tout cela est-il bien vrai ? Je ne crois pas que vous soyez de ses amis s'il est de votre sexe, ni de ses amants s'il est de l'autre. Vous êtes à portée plus que personne de m'expliquer ce mystère . Il ou elle m'avait fait dire par un Anglais de mes amis, qu'il ou elle, viendrait à Ferney iii, et j'en suis très embarrassé.

 

Je vous demande en grâce de me dire un mot de cette énigme.

 

Je ne sais point de nouvelles de la santé de M. de Thibouville, vous croyez bien que je m'y intéresse. La mienne est bien déplorable,vous savez que je n'ai pas besoin d'un fort hiver.

 

Je remercie de loin votre fort aimable secrétaire qui a bien voulu raccommoder les langes de mon dernier enfant iv. Savez-vous bien que je vous en enverrais encore un autre, si celui-là ne mourait pas en nourrice ? Il est plaisant que je sois si prolifique en étant continuellement à la mort.

 

Avez-vous mis en nourrice mon Contantinopolitain v chez M. le maréchal de Duras vi? Je ne vous fais cette question, mon cher ange, que pour vous remercier de vos bontés, car je ne suis pressé de rien. Si j'avais des passions vives, ce serait de venir me mettre à Paris sous les ailes de mon ange. Je me recommande à M. de Thibouville.

 

V. »

 

i Agathocle, et Irène.

 

 

iii Cependant,V* le 16 septembre a écrit au chevalier qu'il aspirait au plaisir de voir un capitaine-femme aussi célèbre. George Keate lui ayant vanté dans une lettre du 15 août les mérites du chevalier d'Éon, dont « on ne parlera plus à présent ... que sous le titre de Mlle de Beaumont » qui souhaitait vivement « passer deux ou trois jours dans sa société [de V*] » dans le courant de septembre .http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Keate

 

 

iv V* a envoyé le 17 novembre « des emplâtres pour mettre un appareil à toutes les blessures d'Irène » en indiquant le mode d'emploi à l'« aimable secrétaire » : « J'ose instamment supplier la secrétaire aimable que vous avez élevée de vouloir bien placer ces petits papiers que j'envoie. Il n'y a qu'à lire l'indication de chacun, ensuite in coupe avec des ciseaux cette indication , et on met la correction avec quatre petits pains à cacheter à la place convenable. »

 

v Irène.

 

vi Premier gentilhomme de la chambre alors « d'année » qui décide des programmes des spectacles à la Comédie Française.

Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras : http://wapedia.mobi/fr/Emmanuel-F%C3%A9licit%C3%A9_de_Dur...

 

 Zouc encore, parce que je l'aime : http://www.dailymotion.com/video/x109eh_zouc_fun

 http://www.dailymotion.com/video/x7kib0_zouc-chez-michel-...

 http://www.dailymotion.com/video/x169z4_zouc-la-fourmi_fun