18/12/2025
Je ne ferai rien sans vos ordres
... Dixit Sebastien Lecornu, premier ministre de son état, interpellé par le Conseil d'Etat qui en a ras-le-bol de voir trainer la signature de décrets : https://documentation.maregionsud.fr/Default/doc/SYRACUSE...
« A Pierre-Michel Hennin
M. Fabry, monsieur, ayant inquiété le menuisier Landry sur les bois qu’il a fait transporter à Prégny sans avoir fait viser votre ordre, et ayant demandé à voir votre signature, que j’ai entre les mains, je n’ai pas cru devoir m’en dessaisir sans votre permission expresse, d’autant plus qu’elle est la seule justification de Landry, et que si elle était perdue il serait très exposé. Je ne ferai rien sans vos ordres.
J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec tous les sentiments que vous me connaissez, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire.
7è juillet 1770 à Ferney
P. S. Vous savez comme le parlement traite M. d’Aiguillon 1. Malgré les lettres patentes du roi, il ne veut point obtempérer 2.
1 Par un arrêt du 2 juillet, le Parlement , poursuivant sa fronde avait ignoré les ordres du roi, donnés par les lettres patentes du 27 juin, d'abandonner les procédures contre le duc d’Aiguillon ; en conséquence, le roi annula l'arrêt du Parlement par un arrêt du Conseil du 3 juillet 1770 ; voir aussi : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/392
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel-Armand_de_Vignerot_du_Plessis
2 Il n'en était rien comme on le verra bientôt .
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17/12/2025
Il faut se lier quelquefois avec ses anciens ennemis contre des ennemis nouveaux
... Ainsi fait la Turquie avec la Russie , oubliant le XVIIIè siècle voltairien.
Je ne crois pas que ce soit là le raisonnement du repris de justice Sarlozy, je le soupçonne plutôt de jouer les lèche-bottes auprès du RN en espérant un renvoi d'ascenseur si ce parti, mené par une délinquante , remporte la présidentielle . Grâce à lui nous nous rapprocherions d'un république bananière ; tout, tout étant permis pour arriver au pouvoir . Bravo Nicolas, tu vas battre des records dans la saga des présidents menteurs .
« A Jean Le Rond d'Alembert
J’ai un petit moment pour répondre à la lettre du 2è juillet, par le courrier de Lyon à Versoix. Il me paraît que la littérature est comme ce monde, il y a de l’or et de la fange. Vous êtes mon or, mon cher ami. Je crois qu’il est très convenable que le roi de Prusse souscrive, et qu’on rende à Jean-Jacques son denier ; que la conduite de ce misérable Fréron soit approfondie, et que l’on connaisse ce misérable Fréron qui a été si longtemps l’oracle de Mme Du Deffand.
Vous êtes l’ami de l’archevêque de Toulouse 1. Je suis persuadé que vous l’avez mis au rang des souscripteurs, puisqu’il est notre confrère ; mais ce n’est pas assez, il faut qu’il soit au rang des vengeurs de l’innocence. Toute la jeunesse du parlement de Toulouse est devenue philosophe, et j’en reçois tous les jours des témoignages évidents ; mais les vieux sont encore des druides barbares.
Mme Calas, que j’embrassai hier avec tous ses enfants, m’apprit que le procureur général Riquet avait conclu à la faire pendre, et à rouer un de ses fils avec Lavaysse. Nous avons contre nous ce procureur général de Belzébuth dans l’affaire de Sirven. Nous demandons des dédommagements considérables, et on nous les doit. Riquet 2 s’y oppose. Pouvez-vous nous donner la protection de l’archevêque ? Il faut se lier quelquefois avec ses anciens ennemis contre des ennemis nouveaux.
Je suis un peu en guerre avec Genève, pour avoir recueilli chez moi une centaine de Genevois, et pour avoir établi sur-le-champ une manufacture considérable rivale de la leur. Je suis obligé de bâtir plus de maisons que je n’ai fait de livres. M. le duc de Choiseul me soutient de toutes ses forces, il fait son affaire de la mienne ; Mme la duchesse de Choiseul l’encourage encore, et nous lui avons les dernières obligations. La tolérance universelle est établie chez moi plus qu’à Venise.
Mme de Choiseul est intime amie de Mme du Deffand.
Vous voyez d’un coup d’œil la situation délicate où je me trouve.
Elle l’est bien davantage par rapport à votre Encyclopédie . Panckoucke pourra vous en informer.
Voilà bien des fardeaux pour un malade de soixante et seize ans.
Mandez-moi, s’il vous plaît, si M. et Mme de Choiseul ont souscrit, ou s’ils l’ont oublié . Il est très nécessaire qu’ils souscrivent.
Portez-vous bien, mon grand et véritable philosophe, et vivez pour faire respecter la raison et l’esprit.
N. B. Je crois la Grèce entière libre, au moment que je vous parle 3. Voulez-vous que nous allions y faire un tour ?
Ce 7 juin [ juillet] 1770.4»
1 Etienne-Charles de Loménie de Brienne ainsi qu'on l'a vu déjà ; voir d'ailleurs le texte de la lettre de d'Alembert du 2 juillet 1770 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7943
2 Riquet de Bonrepos, procureur général au parlement de Toulouse.
3 V* se faisait à ce sujet quelques illusions ; les Russes alliés aux Grecs révoltés furent bannis de Grèce et durent se rembarquer .
4 Copie contemporaine ; éd. Kehl qui supprime tout le passage du premier paragraphe concernant le roi de Prusse ; éd. Renouard qui croit utile de remplacer, la seconde fois ce misérable Fréron par ce folliculaire .
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16/12/2025
Je présume que cette affaire ne regarde qu’eux
... Le budget est entre les mains de nos sénateurs qui disent oui-mais après le non-pas-du-tout des députés : que faire ? Que va-t-il arriver si on ne croit plus à la raison mais seulement à l'intérêt de chefaillons de partis qui ne vivent que pour leur propre gloire et fortune ; à suivre : https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/12/15/budget-2026-le-senat-adopte-une-version-remaniee-du-projet-de-loi-de-finances-une-cmp-doit-se-reunir-vendredi-pour-tenter-de-trouver-un-accord_6657730_823448.html
« A Joseph Vasselier
6è juillet 1770
Mon cher correspondant, jamais Tourte n’a habité dans mes terres . Il vint un jour me prier d’intercéder en sa faveur . Je le renvoyai à M. Hennin, résident à Genève. J’écris à M. Hennin au moment que je reçois votre lettre 1. Il faut savoir si on a rendu à Tourte ses montres . En ce cas, il faut qu’il soit condamné à les remettre au sieur Maroy, auquel elles appartiennent, et c’est à quoi M. Hennin pourrait servir.
Si les montres sont encore confisquées, je pense que Maroy pourrait, avec quelque protection, s’accommoder avec les fermiers généraux. Je présume que cette affaire ne regarde qu’eux, et qu’elle n’est point du ressort de M. le duc de Choiseul. Mettez-moi bien au fait. Toutes les choses auxquelles la bonté de votre cœur s’intéresse intéresseront toujours le mien.
Mille tendres amitiés à M. Tabareau.
Je vois que votre fou de Lyon n’aimait pas les têtes puantes ; mais il ne faut pas pour cela donner des coups de couteau à un capucin, car qui tue un capucin pourrait bientôt tuer un homme. »
1 Voir lettre du 4 juillet 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/12/11/j-ignore-ce-qu-il-faut-faire-et-ce-que-je-dois-repondre-a-ce-6574354.html
et la réponse de Hennin du 6 juillet : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7946
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15/12/2025
quia oportet cognosi malos / Parce qu'il faut que les méchants soient connus
... La liberté de la presse doit être une priorité .
Il est aussi recommandable que les bons soient eux aussi connus , même davantage que les méchants . Mais il est vrai que on met plus en lumière les trains en retard et les chiens écrasés, les divorces plutôt que les unions, les tempêtes plus que le beau temps , le blabla des influenceurs.euses plus que la réflexion : baste !
« A Jacques Lacombe
L’auteur de ces anecdotes 1 les écrivit il y a sept ou huit ans comme il paraît par ses dates . Il est difficile que ces faits ne soient pas vrais . On les fait imprimer à bon compte quia oportet cognosi malos 2.
L'auteur est sûrement lié avec Lambert qu'il cite en plusieurs endroits . Monsieur de Lacombe doit être au fait de tout ce qui est raconté dans cette brochure ; s'il veut bien me nommer le sacrificateur qui a immolé au public ce bouc émissaire de la littérature je lui serai très obligé, et je lui garderai le secret .
Je ne sais si monsieur de Lacombe connaît M. Thieriot. C'est lui qui envoya le manuscrit il y a quelques années ; il le tenait de la main de l'auteur, mais je ne sais plus à présent où demeure M. Thieriot ; tout ce que je sais, c'est qu'un maraud comme Fréron doit être marqué de la fleur de lys du Parnasse . Si monsieur de Lacombe veut bien me donner quelques éclaircissements sur tout cela, il ne sera point cité, et il rendra service au public .
Je lui renouvelle les sentiments avec lesquels je serai toujours son très humble et très obéissant serviteur
V.
6è Juillet 1770. »
1 Les Anecdotes sur Fréron ; voir lettre du 20 août 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/16/continuez-a-combattre-en-faveur-du-bon-gout-et-du-sens-commu-6277712.html
et https://www.monsieurdevoltaire.com/article-satires-anecdotes-sur-freron-123235251.html
2 Parce qu'il faut que les méchants soient connus .
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14/12/2025
Voulez-vous bien aussi avoir la bonté de m'envoyer quelques -unes de vos déclarations pour être signées par les émigrants qui se présentent tous les jours
... De tout temps l'émigration semble bien avoir été source de paperasse, et on peut envier la simplicité des démarches au XVIIIè siècle : bon courage et patience : https://www.service-public.gouv.fr/particuliers/vosdroits...
« A Louis-Gaspard Fabry
6è juillet 1770 à Ferney
Monsieur,
Les affaires se multiplieront à mesure que Ferney s'agrandira . Le charpentier Landry est venu me trouver aujourd'hui, et m'a montré l’ordre de monsieur le résident de faire passer des bois aux confins de Prégny pour bâtir un théâtre qui devait adoucir les mœurs des Genevois , et qui n'aura point lieu 1. Il m'a mis cet ordre entre les mains . Il n’est pas étonnant que ces bois devenus inutiles causent une perte à Landry que nous tâcherons de réparer . Les voituriers ont eu très grand tort de ne vous pas demander un visa . C'est leur faute .
Au reste, ces bois sont toujours sur France, et j'espère m'en servir . Je vous prie de me mander quelles sont vos volontés .
Voulez-vous bien aussi avoir la bonté de m'envoyer quelques -unes de vos déclarations pour être signées par les émigrants qui se présentent tous les jours à Ferney.
J'ai l'honneur d'être avec un attachement respectueux,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 V* a renoncé dès lors à l'espoir de voir Versoix devenir la rivale de Genève . Le 9 juillet Dupan devait écrire aux Freudenreich : « M. de Jaucourt, qui commande en Bresse, et l'un des promoteurs de Versoix, commence à en être dégoûté, et Voltaire est le rival de ce Versoix, qu'il voudrait transporter à Ferney. »
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13/12/2025
Je me flatte pourtant que vous vous occuperez plus à loger les vivants que les morts
... "Laisse les morts enterrer les morts" dit Jésus, mais il est vrai que de nos jours Netanyahou est à mille lieues de cette sage résolution et fait plus de cas de récupérer des cadavres que de rebâtir pour des sur/vivants . Sans parler de ce brindezingue Trump qui ne rêve que de golf et stations balnéaires méditerranéennes à Gaza . Même en France, je n'admets toujours pas qu'on bâtisse des monuments aux morts plus facilement que des logements pour les sans abris .
« A Louis-Jean Desprez
Ferney 6 juillet 1770 1
Si je n’avais point essuyé, monsieur, un violent accès d’une maladie à laquelle ma vieillesse est sujette, je vous aurais assurément remercié plus tôt de l’honneur que vous me faites . M. Pigalle était prêt à partir de ma petite retraite lorsque votre beau présent arriva 2. Ce grand artiste lui donna l’approbation la plus complète ; M. Hennin, résident de France à Genève, un des meilleurs connaisseurs que nous ayons, en fut enchanté, et moi j’eus la vanité de vouloir être enterré au plus vite dans ce beau monument. Je me flatte pourtant que vous vous occuperez plus à loger les vivants que les morts . Je suis un peu architecte aussi, j’ai bâti la maison dans laquelle je finis mes jours. Je voudrais vous voir construire une salle de spectacle ou un hôtel de ville 3 . Alors j’aurais autant d’envie de vous aller féliciter à Paris que j’en ai d’être éloigné d’une ville où tout un peuple s’écrase et se tue pour aller voir des bouts de chandelles sur un rempart 4.
J’ai l’honneur d’être avec toute l’estime et la reconnaissance que je vous dois, etc. »
1 Copie contemporaine ; copie par Rieu dans un ouvrage de la bibliothèque de V* ; éd. C. L.
2 Desprez , architecte et professeur de dessin à l’École royale militaire, avait publié et dédié à Voltaire trois gravures représentant son Projet d’un Temple funéraire destiné à honorer les cendres des rois et des grands hommes, ouvrage couronné, en 1766, par l’Académie d’architecture.
Voir le Mercure de France d'octobre 1770, I, 171 : https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015065738059&seq=607
et II, 161 .
3 Il fit au moins le plan d'un hôpital ; voir le Mercure de France d'octobre 1771, I, 201 : https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015065738018&seq=211
4 Le 30 mai 1770, aux fêtes pour le mariage du dauphin (futur Louis XVI.)
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12/12/2025
J’ignore ce qu’il faut faire et ce que je dois répondre à ceux qui s’adressent à moi
... Et oui, le doute m'habite, dit Mme Brigitte Macron. Toi qui ne manques pas de vocabulaire ( oui, je te tutoie ) pourquoi insulter si bassement des femmes qui croient un homme coupable et l'expriment même si c'est à tort . Les ors de l'Elysée viennent de se décoller et l'époux président n'avait pas besoin de ce caillou sur la tête pour être insomniaque . Le "Casse-toi pov'con!" gueulé par Sarkozy n'avait pas besoin d'une version féminine, l'inclusion a ses limites . Quoi que tu fasses, tu ne sera plus respectée que comme une femme ordinaire, vulgaire même . Dur d'entrer dans la petite Histoire, je dirai même c'est con .

« A Pierre-Michel Hennin
4è juillet 1770 à Ferney
Le nommé Tourte, horloger de Genève, dont on saisit plusieurs montres à Collonge, il y a trois semaines, s’adressa sans doute à vous, et on me mande de Lyon que son affaire a été accommodée 1. C’est ce que j’ignore. Mais un négociant nommé Maroy, domicilié à Lyon, était celui à qui les montres appartenaient. Il a déjà payé 1400 livres argent comptant à Tourte, et lui a donné pour 2000 livres de lettres de change ; mais il n’a reçu aucune montre, et il n’est pas juste qu’il paye une marchandise qu’il n’a point reçue.
Je vous supplie de vouloir bien me mettre au fait de cette affaire ; elle m’est recommandée très vivement. J’ignore ce qu’il faut faire et ce que je dois répondre à ceux qui s’adressent à moi.
Êtes-vous dans votre maison de campagne ?
Mille respects à Mme Le Gendre 2.
V. »
1 Voir lettre du 6 juillet 1770 à Vasselier : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/12/correspondance-annee-1770-partie-19.html
2 Sœur de M. Hennin. On entendra de nouveau de parler de cette dame qui habitait chez Hennin, il sera aussi question de son mari ; voir lettre du 17 juin 1770 à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/11/20/racas-et-bougres-6571243.html
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