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01/09/2025

En vérité je ne sais quel parti prendre. Mon avis est qu’on attende les événements de cette campagne ; est-ce le vôtre ?

... L'orage gronde à l'Elysée ( tempête sous un crâne ) et la foudre va tomber à Matignon . Zone rouge .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

18è mars 1770

Je reçois la lettre du 13 de mars, mon cher ange. Il n’y a point eu de retardement à celle-ci. Il faut que la première, du 27 de février 1, ait traîné dans quelque bureau ; ce qui arrive quelquefois.

Je ne suis pas assurément en état de travailler au Dépositaire pour le moment présent ; mais j’espère que Dieu m’exaucera quand j’aurai fait mes Pâques. Jamais temps ne fut plus favorable pour des restitutions de dépôt. J’espère que la grâce se fera entendre au cœur de M. l’abbé Terray. Voudrait-il m’enlever mon seul bien de patrimoine, que j’avais en dépôt dans la caisse de M. de Laborde, le seul bien qui puisse répondre à mes nièces des clauses de leurs contrats de mariage, le seul avec lequel je puisse récompenser mes domestiques ? Dans quel tribunal une telle action serait-elle admise ? en a-t-on un seul exemple, excepté dans les proscriptions de Sylla et du Triumvirat ? M. l’abbé Terray, qui sort de la grand-chambre, ne devrait-il pas distinguer entre ceux qui achètent du papier sur la place, et ceux qui déposent chez le banquier du roi leur bien paternel ? Je vois bien qu’il faudra que je meure en capucin, tel que j’aurai vécu.

Dès que j’aurai chassé ces tristes idées de ma cervelle encapuchonnée, et que ma chèvre aura mis un peu de douceur dans mon sang, je vous parlerai de Ninon 2; je vous dirai qu’elle ne serait pas Ninon si elle ne formait pas les jeunes gens, et qu’alors il faudrait lui donner tout un autre nom. Le plaisant et l’utile, à mon gré, est qu’une coquette soit cent fois plus vertueuse qu’un marguillier, sans quoi il n’y a plus de pièce.

Je ne connais ni Sylvain 3, ni les Trois Capucins 4. Je suis entièrement de votre avis sur La Religieuse 5. C’est la seule pièce de théâtre qui nous tire de la barbarie welche ; elle est écrite comme il faut écrire.

Je tremble sur la démarche de Mlle Daudet 6. Comment l’envoyer dans un pays si orageux, pendant une guerre ruineuse, et qui peut finir d’une manière terrible, quoiqu’elle ait heureusement commencé ? En vérité je ne sais quel parti prendre. Mon avis est qu’on attende les événements de cette campagne ; est-ce le vôtre ?

On dit qu’on ne pendra ni Billard 7 le dévot, ni Grizel 8 l’apôtre ; c’est bien dommage que ce confesseur ne soit pas martyr. J’ai quelque envie de donner à M. Garant 9 le nom de Grizant au moins.

Mais si vous avez quelqu’un à pendre, je vous donne Fréron. Lisez, je vous prie, le mémoire ci-joint que m’a envoyé son beau-frère 10 11. Tâchez d’approfondir cette affaire, quand ce ne serait que pour vous amuser. On m’assure que Fréron est espion de la police, et que c’est ce qui le soutient dans le beau monde. Je me flatte que vous distribuerez des copies du petit mémoire du beau-frère. Il faut rendre justice aux gens de bien.

Nous faisons mille vœux ici pour la santé de Mme d’Argental ; vous savez si nos cœurs sont aux deux anges. 

V.»

1 Lettre Besterman D 16185.

2 Dans la comédie du Dépositaire .

4 Les Trois Capucins n'ont pu être identifiés malgré la référence qu'on y trouve dans une lettre de d'Argental du 26 mars 1770 : « Vous ne voulez pas convenir des Trois Capucins. Je ne vous en parlerai plus . »

6 Fille de Mlle Lecouvreur ; voir note 5 de la lettre du 16 août 1753 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome38.djvu/123

8 Voir ibid.

10 Voici le texte de cet étrange « mémoire » tel qu'il est donné dans Dieu , réponse au Système de la nature, 1770.

« Mardi matin 6 mars 1770.

« Fréron, auteur de l'Année littéraire est mon cousin, et, malheureusement pour ma sœur, pour moi et pour toute la famille, mon beau-frère depuis trois ans .

Mo père subdélégué et sénéchal du Pont-l'Abbé, à trois lieues de Quimper-Corentin en Basse-Bretagne, quoique dans une situation aisée, n’étant pas riche, ne donna à sa fille que vingt mille livres de dot . Trois jours après les noces, M. Fréron jugea à propos d'aller à Brest, où il dissipa cette somme avec des bateleuses .

Il revint chez son beau-père pour donner à ma sœur, sa femme, un tr-s mauvais présent et demander en grâce de quoi se rendre à Paris . Mon père fut assez bon, ou plutôt assez faible pour donner encore mille écus … Il t »tait alors à Lorient et quoiqu'il reçut cette nouvelle somme par lettre de change, il ne put se rendre qu'à Alençon, et fit le reste de la route jusqu'à Paris comme les capucins, et ne donna pour toute voiture à sa femme qu’une place sur un peu de paille de la voiture publique .

Arrivé à Paris, il n'en agit pas mieux avec elle . Ma sœur, après deux ans de patience, se plaignit à mon père, qui m'ordonna de me rendre incessamment à Paris pour m'informer si ma sœur était aussi cruellement traitée qu'elle le lui marquait . Alors Fréron chercha et tenta par tous les moyens de me perdre . Il sut que, pendant les troubles du parlement de Bretagne, où je militais depuis plusieurs années en qualité d'avocat, j'ai montré un zèle vraiment patriotique et toute la fermeté d'un bon citoyen .

Comme il faisait le métier d'espion, il ne négligea rien pour obtenir, par le moyen de …, une lettre de cachet pour me faire enfermer .

Fréron qui voulait être à la fois ma partie, mon témoin et mon bourreau, vint en personne, escorté d'un commissaire et de neuf à dix manants, m'arrêter dans mon appartement à Paris, rue des Noyers . Il me fit traiter de la manière la plus barbare, et conduire au petit Châtelet, où je passai, dans le fond d'un cachot la nuit du dimanche au lundi de la Pentecôte . Le lundi, Fréron se rendit environ les dix heures du matin, avec ses affiliés, au petit Châtelet . Il me fit charger de chaînes et conduire à mes destinations . Il était à côté de moi dans un fiacre, et tenait lui-même les chaînes, etc.,etc. »

 

Sur le caractère suspect de ce Royou voir la lettre du 23 avril 1770 à La Harpe : « Avez-vous entendu parler de l'aventure de Fréron et de son beau-frère ? Ce beau frère nommé Royou est avocat au parlement de Rennes . Il prétend que Fréron est venu à Rennes pendant les troubles en qualité d'espion, l'a déféré au gouvernement .[...] » V* finira par en convenir, mais non sans avoir exploité au maximum les « informations » contenues dans la présente lettre .

11 Un passage de ce mémoire est note 1 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome17.djvu/235.

. Voyez aussi le Mémoire à la suite de la lettre : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7833

: Mémoire sur lequel M. Duclos est prié de dire son avis, et d’agir selon son cœur et sa prudence.

Le sieur Royou, avocat au parlement de Rennes[1], me mande de Londres, où il est réfugié, que le nommé Fréron, ayant épousé sa sœur depuis trois ans, a dissipé sa dot en débauches, et fait coucher sa femme sur la paille ; qu’il la maltraite indignement, etc.

Qu’étant venu à Paris pour y mettre ordre, Fréron l’a accusé d’un commerce secret avec M. de La Chalotais, et a obtenu une lettre de cachet contre lui ; que Fréron a conduit lui-même les archers dans son auberge, et lui a fait mettre les fers aux pieds et aux mains. N. B. Fréron tenait le bout de la chaîne.

Que, par un hasard singulier, le sieur Royou s’est échappé de sa prison ; que Fréron a servi, pendant six mois, d’espion à Rennes ; qu’il a depuis été espion de la police, et que c’est la seule chose qui l’a soutenu.

Qu’on peut s’informer de toutes les particularités de cette affaire au sieur Royou, père du déposant, lequel demeure à Quimper-Corentin ; à M. Dupont, conseiller au parlement de Rennes ; à M. Duparc, professeur royal en droit français à Rennes ; à M. Chapelier, doyen des avocats à Rennes.

La personne à qui le fugitif s’est adressé ne fera rien sans que M. Duclos ait pris des informations, qu’il ait donné son avis, et accordé sa protection au sieur Royou. »

 

31/08/2025

Oui, madame, on a assassiné des femmes grosses

... Bien sûr des femmes enceintes et non pas des obèses . Voltaire ne se permettant pas ce genre de critique . Oui, de futures mères sont assassinées dans la bande de Gaza,: https://www.unfpa.org/fr/news/famine-confirm%C3%A9e-%C3%A0-gaza-les-femmes-enceintes-et-les-nouveau-n%C3%A9s-courent-un-risque-majeur

et  d'autres en Ukraine, en nombre inconnu, bilan dissimulé :

https://www.unfpa.org/fr/news/h%C3%B4pital-de-Kiev-se-bat-pour-prendre-en-charge-les-femmes-enceintes-et-les-nouveau-n%C3%A9s

 

 

« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

17 mars 1770

Madame,

Il ne s’agit point ici de capucins, il s’agit de femmes grosses ; vous devez les protéger ; et plût à Dieu que vous le fussiez  (car la fussiez n’est pas français, régulièrement parlant ) 1. Je ferais une belle offrande à saint François mon patron.

Oui, madame, on a assassiné des femmes grosses à Genève, et je vous demande justice de monseigneur votre époux. Je vous demande en grâce de lui faire lire cette lettre 2, quoiqu’il n’ait pas beaucoup de temps à perdre.

Je ne veux pas abuser du vôtre et de vos bontés . Je suis très malade ; ma dernière volonté est pour votre salut ; et, si je réchappe, je compte avoir l’honneur de vous envoyer des œufs de Pâques. En attendant, daignez agréer le respect paternel, les prières et les bénédictions de Frère François, capucin indigne. »

1 Telle est la règle de Vaugelas, mais les femmes résistèrent longtemps à l'appliquer .

30/08/2025

il se peut faire qu’on vous ait caché une partie des horreurs qui se sont passées

... Exactement, sans aller jusqu'en Israël ou en Ukraine, l'horreur n'a pas de frontière ni nationalité, et on a encore un triste lot de violences sexuelles commis dans un collège- lycée  catholique : c'est puant  https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/08/29/violences-sexuelles-dans-un-etablissement-catholique-a-nantes-10-victimes-5-pretres-mis-en-cause_6637413_3224.html

L'Infâme sévit encore , vite, Ecr l'Inf !

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

17 mars 1770 à Ferney

Notre protecteur,

Vous ne croyez donc pas aux femmes grosses assassinées ? Tenez, voyez, lisez 1. Il y a huit jours que je n’ai vu votre résident ; il se peut faire qu’on vous ait caché une partie des horreurs qui se sont passées à Genève. Très souvent on ne sait pas dans une rue ce qu’on a fait dans l’autre. Pour moi, qui suis bien malade, et qui paraîtrai bientôt devant Dieu, je vous dis la vérité telle qu’on me l’a dite. Je n’en aime pas moins mon libraire Philibert Cramer, conseiller de Genève.

Je pardonnerai, à l’article de la mort, et pas plus tôt, à M. l’abbé Terray ; et je ne pardonnerai ni dans ce monde ni dans l’autre à ceux qui voudraient vous contrecarrer : voilà ma dernière volonté. Mes petits-neveux verront Versoix, mais moi je verrai Dieu face à face 2; je vous aurais donné volontiers la préférence. Agréez le profond respect du capucin, et moquez-vous de lui si vous voulez.

V. »

1 Ce memorandum n'est pas conservé, à moins qu'il ne s'agisse de celui qui est dans la lettre du 12 mars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/25/m-6560152.html

29/08/2025

J’ai soupçonné que, dans toute cette affaire, il y avait eu quelque malin vouloir

... Rien d'étonnant à ça, mon cher Voltaire, dès qu'on parle politique, et plus encore élections, et les tractations pour que Rachida Dati puisse concourir à la mairie de Paris en sont un des exemples . Cette femme est vraiment un morpion (elle s'attache aux parti(e)s et tant pis si ça ne sent pas bon) , gloriole et pognon sont ses buts .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

17è mars 1770

Je reçois, mon cher ange, aujourd’hui 17 de mars, votre lettre du 27 de février 1. Cela est aussi difficile à concilier que la chronologie de la Vulgate et des Septante.

Quoique votre lettre vienne bien tard, je ne laisse pas d’envoyer 2 sur-le-champ à M. le duc de Choiseul les attestations de la mort de femmes grosses. Je prétends qu’on me croie quand je dis la vérité. Un capucin est fait pour être cru sur sa parole, qui est celle de Dieu. D’ailleurs on ne ment point quand on est aussi malade que je le suis ; on a sa conscience à ménager.

Si les choses de ce monde profane me touchaient encore, je vous parlerais de M. l’abbé Terray, votre ancien confrère, qui, sans respecter votre amitié pour moi, m’a pris, dans la caisse de M. de Laborde, tout ce que j’avais, tout ce que je possédais de bien libre, toute ma ressource. Je lui donne ma malédiction séraphique. Mais, plaisanterie à part, je suis très fâché et très embarrassé. Je n’ai assurément ni assez de santé, ni assez de liberté dans l’esprit pour songer au Dépositaire. Mon dépositaire est contrôleur général ; mais il n’est pas marguillier. J’ai soupçonné que, dans toute cette affaire, il y avait eu quelque malin vouloir ; et vous pouvez, en général, me mander si je me trompe.

Je vous ai envoyé une petite consultation pour M. Bouvart 3. Elle arrivera peut-être au mois d’avril, comme votre lettre de février est arrivée en mars. Je voulais savoir s’il avait des exemples que le lait de chèvre eût fait quelque bien à des pauvres diables de mon âge, attaqués de la maladie qui me mine. N’ayant point de réponse, j’ai consulté une chèvre ; et si elle me trompe, je la quitterai.

J’imagine qu’à présent vous avez quelques beaux jours à Paris, et que Mme d’Argental s’en trouve mieux. Je vous souhaite à tous deux tous les plaisirs, toutes les douceurs, tous les agréments possibles. Vous pouvez être toujours sûrs de ma bénédiction. Non seulement je suis capucin, mais je suis si bien avec les autres familles de saint François que frère Ganganelly m’a fait des compliments 4.

Vraiment oui j’ai lu La Religieuse, et ce n’a pas été avec des yeux secs. Tout ce qui intéresse les couvents me touche jusqu’au fond de l’âme.

Recommandez-vous bien aux saintes prières de

Frère François, capucin indigne. »

1 Elle est conservée.

Je doute beaucoup de toutes ces séductions. Vous savez avoir raison et plaire

... Heu ! non ! sinon M. Bayrou, premier ministre encore en place de justesse, vous n'auriez pas besoin de brandir l'article 49-1 de la Constitution : https://www.publicsenat.fr/actualites/parlementaire/vote-...

Voltaire vous aurait-il approuvé, lui qui écrivait en 1733 : "... flatté qu’en adoucissant certains traits, je pourrais obtenir une permission tacite ; et je ne sais si je prendrai le parti de gâter mon ouvrage pour avoir une approbation."

Rendez-vous le 8 , en comptant sur les abstentions .

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

16è mars 1770

Vraiment, monsieur, je ne me plains point de Bougroz 1; mais je plains beaucoup ceux qu’il a volés. Sa femme et lui sont fort adroits. Ils enlevèrent tous leurs meubles pendant la nuit sous le nez de leur hôtesse, emportèrent la clef de l’appartement, laissèrent pour environ six cents livres de dettes, et vinrent tranquillement vous demander un passeport.

Ce Bougroz a été garde du corps dans la compagnie de Noailles, chassé probablement pour des tours semblables, et envoyé en Amérique. Il se fit depuis chirurgien, médecin et apothicaire. Il est très violemment soupçonné d’avoir empoisonné à Ferney une pauvre fille de Suisse qu’il disait sa femme.

Tout ce qu’on pourrait faire en faveur de celle qu’il a emmenée en Languedoc, et avec laquelle il a fait un contrat en Suisse, serait de l’exhorter à n’être jamais purgée de sa façon.

Je pense d’ailleurs que vous pourriez lui faire envoyer son attestation de divorce, mais avec une boîte de contre-poison.

Voilà tout ce que je sais de Bougroz.

Quant a monsieur l’a[m]bassadeur, si c’est M. le BARON DE PHILIBERT, il est bon qu’on en soit instruit à Versailles pour le recevoir selon sa dignité 2.

On prétend que monsieur le duc est fort mécontent de monsieur l’abbé 3, je le défie de l’être plus que moi ; j’aiderai pourtant la colonie autant que je le pourrai, quoiqu’on m’ait pris une somme terrible.

Il y a deux émigrants à Ferney, l’un nommé Vaucher, l’autre Gaubiac, qui veulent ravoir leurs femmes et leurs effets. On les a menacés de la prison, s’ils reviennent à Genève, parce qu’ils n’ont pas fait le serment. Je pense que vous pourriez leur accorder un passeport comme à des Français ; mais, en attendant, j’envoie leur placet à monsieur le duc, et je le prie de vous le renvoyer apostillé 4.

On m’a assuré que l’ambassadeur, qui est séduisant, séduirait M. de Taulès contre vous 5, et que tous deux séduiraient M. de Bournonville, lequel séduirait monsieur le duc. Je doute beaucoup de toutes ces séductions. Vous savez avoir raison et plaire. Vous avez séduit mon cœur pour tout le temps qu’il battra dans ma pauvre machine.

Comme le pape me fait des compliments par M. le cardinal de Bernis 6, je vous prie, monsieur, de recevoir ma bénédiction séraphique.

Frère François, capucin indigne. »

2 En effet Choiseul refusa de recevoir Philibert Cramer et lui écrivit de sa main qu'il était inutile qu'il se donnât la peine de le voir, « comme il était très inutile que vous fissiez ce voyage ».

3 L’abbé Terray.

5 Le 24 mars, Hennin informa Choiseul des rumeurs selon lesquelles il aurait été remplacé comme envoyé à Genève, rumeurs sans fondement .

6 V* force un peu la note. Dans sa lettre du 28 février 1770 Bernis lui écrivit textuellement : « J'ai dit au pape que vous m'écriviez il y a quelque temps : :Comment donc ! Votre pape paraît avoir une bonne tête ! Depuis qu'il règne il n'a pas fait encore une sottise ! Sa Sainteté écouta cette plaisanterie avec plaisir , elle me parla avec éloge de la supériorité de vos talents . Si vous finissez par être un bon capucin, le pape osera vous aimer autant qu'il vous estime . »

Il n'y a que vous qui puissiez me donner de mauvaises pensées si j'avais l'honneur de vous faire ma cour

... Peut-on , mesdames, être plus agréablement courtisées ?

 

 

« À Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

16 mars 1770, à Ferney.

Madame,

Je vois que vous êtes une mondaine, qui négligez les grâces d'en haut et qui n'êtes occupée que des vôtres.

Après avoir si noblement secouru les capucins mes confrères, vous abandonnez frère François qui prie Dieu soir et matin pour votre colonie de la ville de Choiseul sur la rivière de Versoix.

C'est une belle chose Madame que d'être fondateur, mais je vous prie de considérer que mon patron saint François d'Assise a été fondateur aussi, et qu'il a nourri plus de fainéants que M. l'abbé Terray n'en ruine.

Pensez-vous que si monsieur le contrôleur général m'a pris tout ce qui était dans mon tronc, j'en sois moins cher à Dieu? Tout au contraire Madame, j'en serais plus résigné . Il n'y a que vous qui puissiez me donner de mauvaises pensées si j'avais l'honneur de vous faire ma cour.

En attendant que vous me damniez, j'ose vous supplier de faire votre métier, et de satisfaire votre passion favorite c'est-à-dire, de faire du bien et de protéger des malheureux.

Daignez proposer à monseigneur votre époux d’apostiller à Genève ce placet 1 que je mets à vos pieds. Je les préfère à ceux de frère Ganganelly avec lequel je ne suis pas mal .

Agréez toujours à bon compte, Madame, ma très respectueuse bénédiction

Frère François capucin indigne.

Nota . – On m'a dit que mon libraire Cramer, député de Genève s'appelle le BARON PHILIBERT, il est bon que monseigneur le sache afin qu'il n'y ait point d'équivoque. Philibert est son nom de baptême et vous savez quelle vénération j 'ai pour ces noms-là. Un député peut mentir mais il ne peut tromper monseigneur votre époux . Au reste mon libraire est fort aimable, mais je ne voudrais pas qu’il vit mes mauvaises plaisanteries qui ne conviennent pas à la gravité de mon caractère. »

28/08/2025

procurer, à eux et à leurs camarades, toutes les facilités convenables, toute sûreté pour leurs femmes

... Que dit Chat GPT ( après qu'il ait trouvé l'origine de ce titre et que je l'aie forcé à trouver un parallèle avec l'actualité de 2025 ) : 

1. Coopération en sécurité sociale pour travailleurs migrants (Espagne — Mauritanie)

En juillet 2025, l’Espagne a signé une Déclaration d’intention avec la Mauritanie pour créer un cadre de coopération technique et institutionnelle visant à renforcer la protection sociale des travailleurs en transit entre les deux pays. Ce partenariat prévoit une assistance dès septembre avec un dispositif en cours de mise en place, incluant la sélection, la formation aux droits et devoirs, et la facilitation de leur couverture sociale.La Moncloa

Point commun : offrir aux travailleurs migrants des garanties concrètes — formation, protection, soutien — pour eux et, indirectement, pour leurs familles.


2. Réformes de l’immigration et accès des conjoints (France — 2025)

La réforme de l’immigration adoptée en juin 2025 en France introduit un relèvement des critères d’accès au regroupement familial, avec des seuils de revenus augmentés (+15 %) et une obligation de suivre un cours de langue de 6 mois pour le conjoint.ImmiFrance

Similitude : comme hier, les politiques visent aujourd’hui à encadrer de façon plus restrictive l’arrivée des familles — ce qui représente un enjeu de “facilités convenables” pour les épouses, mais dans une logique d’intégration plus exigeante.


3. Faciliter l’emploi des partenaires (Afrique du Sud, Costa Rica)

Selon la Permits Foundation (juin 2025), l’Afrique du Sud envisage d’autoriser directement l’emploi des partenaires des travailleurs hautement qualifiés, et Costa Rica devrait prochainement suivre cette voie.permitsfoundation.com

Analogie : offrir des “facilités” — ici l’accès au travail — aux épouses ou partenaires, favorisant leur autonomie et sécurité, dans un esprit similaire à la demande historique.


4. Campagnes d’information en plusieurs langues pour les travailleurs détachés (France)

Depuis novembre 2024, le Ministère du Travail français, en collaboration avec l’EaSI et d'autres organismes, a mis en place une campagne numérique multilingue destinée aux travailleurs détachés dans le BTP. Objectif : informer travailleurs et employeurs sur leurs droits en matière de santé, sécurité, et social.Ministère du Travail

Contexte proche : garantir la sûreté des travailleurs (et indirectement de leur famille) en les armant d’informations essentielles.


Le saviez-vous ? Je vous recommande les articles 2 et 4 , qui nous intéressent de près .

Qu'en dites-vous ?

Et pendant ce temps-là des crétins agressifs français ne rêvent que grèves et bordel destructif !

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

[16 mars 1770] 1

Monseigneur le duc est très humblement supplié de envoyer ce placet apostillé de sa main à M. le résident de Genève .

Je désire que M. Hennin fasse réussir cette demande .

Le duc de Choiseul.

 

Pierre-Paul Gabriac et Jean-Michel Vaucher, maîtres horlogers, habitant à Ferney près Versoix,

Ayant déclaré depuis très longtemps qu'ils voulaient aller à Versoix avec leur familles, et qu'ayant signé il y a près de trois semaines avec tous ceux qui se sont mis sous la protection du roi dans Versoix même, demandent la liberté de pouvoir, en qualité de Français et de sujets du roi, aller librement retirer tous leurs effets à Genève, et ramener leurs épouses de cette ville .

Ils supplient très humblement monseigneur le duc de Choiseul de vouloir bien recommander à M. le résident pour le roi à Genève de leur procurer, à eux et à leurs camarades, toutes les facilités convenables, toute sûreté pour leurs femmes. Ils espèrent que monseigneur le duc daignera leur accorder cette justice . »

1 Original ; éd. Caussy .

Le même jour , pour le première fois depuis « l'insurrection » du 15 février, Hennin parlait de V* dans la dépêche qu'il envoyait à Choiseul : « M. de Voltaire dans la ferveur du premier moment aurait donné des fonds [pour la construction de Versoix] mais malheureusement il a deux cent quarante mille livres en rescriptions et peu d'argent comptant . Il a cependant promis de faire quelque avances . S'il était possible de lui faire escompter ses rescriptions, on l'engagerait aisément à fournir de quoi mettre sur-le-champ en activité, un très grand nombre d'ouvriers » (ministère des Affaires étrangères, Correspondance politique, Genève, LXXVIII, 125).