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03/03/2024

La vieillesse est encore bonne à quelque chose

... 

BONNE FÈTE À TOUTES LES GRANDS-MÈRES DU MONDE

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« A Louise-Suzanne Gallatin Vaudenet

à Prégny

Vous êtes bénie de Dieu , madame . Il y a six ans que je plante des figuiers et pas un ne réussit . Ce serait bien là le cas de sécher mes figuiers 1 . Mais si j'avais des miracles à faire ce ne serait pas celui-là . Je me borne à vous remercier, madame,. Je crois qu'il n'y a que les vieux figuiers qui donnent . La vieillesse est encore bonne à quelque chose .

J'ai comme vous des chevaux de trente ans, c'est ce qui fait que je les aime . Il n'y a rien de tel que les vieux amis . Les jeunes pourtant ne sont pas à mépriser des dames .

V.

10è auguste 1768 à Ferney. »

1 Évangile selon Matthieu, XXI, 19 : https://www.aelf.org/bible/Mt/21

les petites dépenses que je pourrai faire à Lyon

... En préférant les activités gratuites proposées par la SNCF ? https://www.sncf-connect.com/fr-lu/article/visiter-lyon-g...

Je dois avouer que j'ai un faible pour la Croix Rousse , les traboules, les murs peints et les quais de Saône, lieux qui me rappellent intensément Mam'zelle Wagnière .

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Le troisième fleuve à Lyon

 

 

« A Gaspard-Henri Schérer

J'ai fait mettre hier au coche de Versoix, monsieur, un group 1 contenant huit cent louis d'or, à votre adresse ; je vous prie de joindre cette somme à celle que vous avez déjà à moi, et de réserver seulement cinq ou six cents livres pour le compte courant, qui serviront à payer les petites dépenses que je pourrai faire à Lyon .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

A Ferney mardi au soir 9è auguste 1768 .2

Je vous prierai de m'accuser réception du group . »

1 Sac d'argent cacheté qu'on envoie d'une ville à l'autre.

2 Original signé, cachet « Genève », sur lequel Schérer a porté : « […] reçu le 11 […] .

Noter que l'on a ici une lacune de dix jours dans la correspondance de Voltaire, puisque la lettre précédente est du 30 juillet. Certes , certaines lettres ont pu ne pas nous parvenir . Néanmoins , la raison principale de cette discontinuité dans les lettres est donné par Voltaire lui-même à ses amis d'Argental le 14 août : il vient , en douze jours de composer Les Guèbres . Voir lettre du 14 août 1768 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1768-partie-23.html

02/03/2024

Vous me dites que le président est à plaindre d’avoir quatre-vingts ans . Ce sont ses amis qui sont à plaindre

... " Je ne suis ni satirique ni flatteur ; je dis hardiment la vérité."

Voltaire résume bien le problème U. S. et sait ce que vaut Joe Biden, et est encore réaliste en dénonçant ce qu'endurent les partisans de l'octogénaire plus tout à fait opérationnel . Le très bientôt octogénaire Trump , lui me semble bien mériter le châtiment voltairien : "pour les pirates, on les pend au mat de son vaisseau.", ce qui est possible dans ces USA qui ne savent plus quoi inventer pour occire leurs citoyens .

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« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

30è juillet 1768 à Ferney

Voici des thèmes, Dieu merci, madame. Vous savez que mon imagination est stérile quand elle n’est pas portée par un sujet, et que, malgré mon attachement de plus de quarante années, je suis muet quand on ne m’interroge pas. Je suis un vieux Polichinelle qui a besoin d’un compère.

Vous me dites que le président est à plaindre d’avoir quatre-vingts ans . Ce sont ses amis qui sont à plaindre. D’ailleurs pensez-vous que soixante-quinze ans, avec des maladies continuelles, et des tracasseries plus tristes encore, ne vaillent pas bien quatre-vingts ans ? Nous sommes tous à plaindre, madame ; il faut faire contre nature bon cœur. Les tracasseries sont encore plus tristes ; et les tracasseries imprimées insupportables .Vous me parlez du janséniste ou de l’ex-janséniste La Bletterie . Je suis son serviteur. Il logeait autrefois chez ma nièce Florian, et ne cessait de dire du mal de moi. Il imprime aujourd’hui que j’ai oublié de me faire enterrer 1 . Ce tour est neuf, agréable, et très-bien placé dans une traduction de Tacite. Ai-je eu tort de lui prouver que je suis encore en vie 2 ? On m’a écrit que, dans une autre note aussi honnête, il se contredit : il veut qu’on m’enterre à la façon de Mlle Le Couvreur et de Boindin 3. Vous m’avouerez que, pour peu qu’on ait du goût pour les obsèques, on ne tient point à ces bonnes plaisanteries.

Sérieusement, je ne vous comprends pas, et je ne retrouve ni votre amitié, ni votre équité, quand vous me dites que je devais me laisser insulter par un homme qui a dédié une traduction à M. le duc de Choiseul. Je crois M. le duc de Choiseul et votre grand-mère trop justes pour m’immoler à La Bletterie. Vous m’affligez sensiblement.

Je n’aime ni la traduction de Tacite, ni Tacite même comme historien. Je regarde Tacite comme un satirique pétillant d’esprit, connaissant les hommes et les cours, disant des choses fortes en peu de paroles, flétrissant en deux mots un empereur jusqu’à la dernière postérité. Mais je suis curieux, je voudrais connaître les droits du sénat, les forces de l’empire, le nombre des citoyens, la forme du gouvernement, les mœurs, les usages : je ne trouve rien de tout cela dans Tacite : il m’amuse, et Tite-Live m’instruit. Il n’y a d’ailleurs dans Tacite ni ordre ni dates . Le président m’a accoutumé à aimer ces deux choses essentielles.

M. Walpole est d’une autre espèce que La Bletterie 4. On fait la guerre honnêtement contre des capitaines qui ont de l’honneur ; mais, pour les pirates, on les pend au mat de son vaisseau.

J’adresserai à votre grand-mère ce que je pourrai faire venir de Hollande. Je sais qu’elle est un très honnête homme. Je compte d’ailleurs sur sa protection, autant que je suis charmé de son esprit juste et délicat. Sans justesse d’esprit, il n’y a rien.

Souvenez-vous toujours, madame, que lorsque je cherche et que j’envoie ces bagatelles pour vous amuser, je vous conjure, au nom de l’amitié dont vous m’honorez depuis longtemps, de ne les confier qu’à des personnes dont vous soyez aussi sûre que de vous-même, et de ne pas prononcer mon nom. Il y a des gens qui diraient à peu près comme le curé de La Fontaine :

Autant vaut l’avoir fait que de vous l’envoyer5.

Je ne fais rien que mes moissons, et le Siècle de Louis XIV, que je pousse jusqu’à 1764. J’y rends justice à tous ceux qui ont servi la patrie, en quelque genre que ce puisse être, à tous ceux qui ont été Français, et non Welches. Je ne suis ni satirique ni flatteur ; je dis hardiment la vérité.

Voilà mes seules occupations ; je n’en suis pas moins persécuté par des fanatiques ; mais heureusement le fanatisme est sur son déclin, d’un bout de l’Europe à l’autre. La révolution qui s’est faite depuis vingt ans dans l’esprit humain est un phénomène plus admirable et plus utile que les têtes qui reviennent aux limaçons 6.

À propos, madame, le fait est vrai : j’en ai fait l’expérience . J’ai eu peine à en croire mes yeux. J’ai vu des limaçons à qui j’avais coupé le cou manger au bout de trois semaines. Saint Denis porta sa tête, comme vous savez, mais il ne mangea pas.

Adieu, madame ; conservez la vôtre. Hélas ! il revient des yeux aux limaçons. Adieu, encore une fois. Que je vous plains ! que je vous aime ! que la vie est courte et triste ! »

1 Voir la lettre du 20 juin 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/02/03/l-absence-a-de-terribles-inconvenients-6483596.html

C'est en effet ce que dit d'Alembert ( voir lettre du 27 avril 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/28/je-pourrais-bien-meme-faire-du-theatre-une-ecole-pour-les-pe-6477688.html ), mais on n'a pas retrouvé la note en question et l'on se demande si d’Alembert n'a pas pour quelque raison, malignement excité V* contre La Bletterie qu'il pouvait considérer comme un rival en fait de traduction de Tacite .

3 Même remarque que pour la note précédente ; on remarque d'ailleurs la formule : « On m'a écrit que ... » V* n'a donc pas lu lui-même le passage incriminé .

4 Sur la copie Wyart, Walpole a noté ceci : « Ceci regarde la préface du Château d'Otrante. »

5  La Fontaine, dans son conte intitulé Le Cas de conscience, termine par :

Autant vaut l’avoir vu que de l’avoir mangé.

Voir : https://textbase.scriptorium.ro/la_fontaine/contes_et_nouvelles_en_vers/livre_quatrieme/le_cas_de_conscience

01/03/2024

je fais quelques gambades sur le bord de mon tombeau

... C'est l'impression que j'ai Vlad en te voyant prêt à massacrer sans remords au son de "Chéri fait moi peur ! " et "Pas chiche !". Notre président marche en "réfléchissant" et "pesant" ses paroles avec en arrière-plan la comptine "Qui a peur du grand méchant loup ? c'est pas nous, c'est pas nous !" . Les pas-nous-pas-nous  que nous sommes serrent quand même un peu les fesses .

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/poutine-hausse-...

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Vlad, pas cap' de retourner la table ! t'es tout seul !

 

 

« [Destinataire inconnu]

27 Juillet [1768] à Ferney 1

Ne jugez pas, monsieur, de ma sensibilité par le délai de ma réponse. Je suis quelquefois un malade assez gai ; mais quand mes souffrances redoublent, il n’y a plus moyen de badiner avec son vaisseau, ni de remercier aussitôt qu’on le voudrait ceux qui, comme vous, veulent bien lui souhaiter un bon voyage . Je suis vieux : je fais quelques gambades sur le bord de mon tombeau, mais je ne peux pas toujours remplir mes devoirs ; c’en est un pour moi de vous dire combien vos vers sont agréables, et à quel point j’en suis reconnaissant.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, etc. »

1 Édition « Réponse de M . de Voltaire à l'auteur », Mercure de France , septembre 1768, p. 59-60, à la suite de « Vers à M. de Voltaire, sur le vaisseau qui porte son nom », commençant par :

Poète aimable, ô Voltaire enchanteur / Comme l'amour, tu règnes sur nos âmes […]

et finissant par :

Que l'aquilon te cède la victoire ;/ Sois dans ton cours, précédé par la gloire, / Et des zéphyrs devient le favori . »

Voir page 57 et suiv. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3746615r/f57.item.r=voltaire

Voir aussi l'épître A mon vaisseau : https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89p%C3%AEtres_(Voltaire)/%C3%89p%C3%AEtre_102

29/02/2024

Il n'y a guère que maître Aliboron, dit Fréron, dont on ne parle pas

... Quelqu'un peut-il me dire pourquoi cet individu ne vient pas se faire voir comme tous les autres guignols politicards au Salon de l'Agriculture ?

Voire ! si quelque journaliste avait pour/contre eux autant de verve que Voltaire ; petit exemple , vous remplacez Fréron par tel gugusse qui vous déplait : https://www.poetica.fr/poeme-510/voltaire-les-freron/

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« A Charles-Joseph Panckoucke

27 juillet 1768 1

[Lui demande de publier une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV et de Louis XV  ] Il y a une notice raisonnée de tous les savants et de tous les artistes célèbres, qui fera plaisir aux intéressés . J'ai tâché de rendre justice à tous ceux qui ont honoré les lettres . Il n'y a guère que maître Aliboron, dit Fréron, dont on ne parle pas […]. »

1 Le manuscrit olographe de trois pages est passé à la vente Reynart, le 28 mai 1879 .

Il vous est aisé de prendre des arrangements convenables

... Alors que ne le faites-vous pour reloger les trois mille étudiants qui vont être vidés des logements du CROUS parisien au profit du personnel des JO ?

Vous avez eu plus de quatre ans pour y penser , délai plus que raisonnable . Notre comité des J. O. battrait-il un record olympique, celui de l'incompétence ?

https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/paris-202...

 

 

 

« A Jean-Isaac Boissier

Lieutenant-colonel au service

du roi de Sardaigne etc.

à la Servette 1

Au château de Ferney 27 juillet 1768 2

Monsieur,

Je n'entends rien à ce que vous me faites l'honneur de me dire de la part de M. de Beaumont . Tout ce que je sais c'est que je vous ai prêté à vous seul , monsieur, et non à des associés, trois mille six cents livres sans intérêt, qu’il y a trois mois que je devrais être payé, que j'ai un besoin très pressant de cette somme, et que je la demanderai en justice si vous ne me rendez pas la justice que vous me devez . Il vous est aisé de prendre des arrangements convenables .

J'ai l'honneur d'être,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi. »

2 Manuscrit olographe, sauf l'adresse ; édition Jean-Daniel Candaux , « Trois billets inédits de Voltaire », Musées de Genève (novembre-décembre 1970).

28/02/2024

j’ai peu de crédit dans ce monde

... Si Macron a encore une once de réalisme, il doit en être convaincu maintenant :

https://www.france24.com/fr/europe/20240227-troupes-occidentales-en-ukraine-emmanuel-macron-face-%C3%A0-l-opposition-europ%C3%A9enne-et-fran%C3%A7aise

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

27 Juillet 1768

Vous savez, mon cher ange, que vos ordres me sont sacrés, et que le souffleur de la Comédie 1 aura son petit recueil, si la douane des pensées le permet. J’ai adressé le paquet à Briasson le libraire, et l’ai prié de le faire rendre audit souffleur. Le succès de cette affaire dépend de la chambre syndicale. Vous savez que j’ai peu de crédit dans ce monde. J’espère en avoir un peu plus dans l’autre, grâce aux bons exemples que je donne.

Je ne suis pas revenu de ma surprise, quand on m’a appris que ce fanatique imbécile d’évêque d’Annecy, soi-disant évêque de Genève fils d’un très mauvais maçon, avait envoyé au roi ses lettres et mes réponses. Ces réponses sont d’un père de l’Eglise qui instruit un sot. Je ne sais si vous savez que cet animal-là a encore sur sa friperie un décret de prise de corps du parlement de Paris, qu’il s’attira quand il était porte-Dieu à la Sainte-Chapelle-Basse. En tout cas, je suis très bien avec mon curé, j’édifie mon peuple ; tout le monde est content de moi, hors les filles.

Que Dieu vous ait en sa sainte garde, mes chers anges ! Je ne sais pas ce que c’est que la vie éternelle, mais celle-ci est une mauvaise plaisanterie.

A propos, j’ai coupé la tête à des colimaçons 2 : leur tête est revenue au bout de quinze jours ; le tonnerre les a tués . Dites à vos savants qu’ils m’expliquent cela. »

1 Delaporte. (G.Avenel.)

2 Voyez Les Colimaçons du R.P. l’Escarbotier. (G.Avenel.)