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04/04/2025

il m'a donné sa soumission

... Affirmation de la délinquante malotrue Marine Le Pen concernant le bien mal engagé Jordan Bardella : https://www.lunion.fr/id703552/article/2025-04-02/lactual...

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B, comme bordelique

Voir https://www.youtube.com/watch?v=M6AXm2hBALw&ab_channe...

 

 

 

« A Sébastien Dupont, Avocat au

Conseil souverain d'Alsace

franco

à Colmar

19è septembre 1769

Mon cher ami, j'ai du moins obtenu un diplôme montbéliardin 1 pour recevoir du sieur Rosé sept mille livres tous les trois mois, et il m'a donné sa soumission . J'ai aussi promesse de passer contrat à Colmar à ma volonté . Par ce contrat on me subrogera aux droits du sieur Dietrich . Ce sera à vous d'en dicter l'acte . Je ne veux pas que vous perdiez cette petite aubaine . En attendant, je vous prie de vouloir bien préparer le sieur Rosé à m'envoyer quatorze mille livres en or au mois d'octobre prochain . Cela est un peu lourd . Le voilà chargé de me payer cinquante-six mille livres par an . Je doute beaucoup qu'Horbourg et Riquewihr puissent fournir cette somme .

Je suppose que la caisse de Montbéliard versera dans la sienne de quoi me payer . En tout cas j'ai dû demander un payeur que je puisse contraindre ; et il est à croire que la régence de Montbéliard ne laissera pas Rosé exposé à recevoir des assignations .

C'est avec mes rentes de Montbéliard que je compte payer ce que j'ai promis à ma famille ; et je n'aurais que des embarras nouveaux si Rosé n'était point exact . Je vous supplie de l'en avertir . Me voilà, comme vous voyez, possesseur de Riquewihr et d'Horbourg .

Je ne sais pas comment se nomme la terre que le baron s'est approprié ; ayez la bonté de me le mander . Il faut bien que la régence ait de quoi rembourser Dietrich, puisqu'elle s'est engagée au nom de M. le duc de Virtemberg à me passer contrat de subrogation . Si j'étais plus jeune je viendrais signer à Colmar .

Je vous embrasse, mon cher ami, du meilleur de mon cœur.

V. »

03/04/2025

Je me tais quand je n’ai rien à dire

... M. Bayrou le "troublé" de service, que n'appliquez-vous cette sage attitude au lieu de débiter encore une ânerie supplémentaire à une trop longue liste en si peu de temps de premier ministre . C'est inadmissible . Est-ce un signe de lâcheté face au RN qui peut vous faire disparaitre facilement ? Je le crois . On vous garde alors que Michel Barnier s'est fait jeter sans avoir fait autant de boeufferies  .

A suivre : https://www.lopinion.fr/politique/condamnation-de-marine-le-pen-francois-bayrou-trouble-son-propre-camp-en-desaccord

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

18è septembre 1769 à Ferney

Je vous écris, monseigneur, quand j’ai quelque chose à mander que je crois valoir la peine de vous importuner. Je me tais quand je n’ai rien à dire, et quand je songe que vous devez recevoir par jour une quarantaine de lettres, je crains de faire la quarante et unième.

Vous me demandez où est la gloire . Je vais vous le dire. Un homme qui revient de Gênes me contait hier qu’il y avait vu un homme de la cour de l’empereur. Cet Allemand, en regardant votre statue, disait : « Voilà le seul Français qui, depuis le maréchal de Villars, ait mérité une grande réputation. » Un pareil discours est quelque chose. Ce seigneur allemand ne se doutait pas que vous le sauriez par moi.

Vous m’accusez toujours d’avoir une confiance aveugle en certaines personnes 1. Comment voulez-vous que je consulte des gens qui ont fourré ces vers-ci, de leur cru, dans la tragédie de Tancrède ?

Voyant tomber leur chef les Maures furieux

L'ont accablé de traits dans leur rage cruelle 2

Les comédiens n'ont pas manqué de réciter ces beaux vers du Pont-Neuf . Cependant je respecte une amitié de cinquante années ; et je la respecte si fort que je prie instamment mon héros de me garder le secret 3.

Je ne connais aucun comédien, excepté Lekain. Il y a vingt et un ans que je n’ai vu Paris, et tous les acteurs ont été reçus depuis ce temps-là. J’ai une autre nièce que Mme Denis, qui se mêle aussi de jouer quelquefois la comédie dans son castel. Elle a distribué une ou deux fois de mes rôles. J’ai aussi un neveu conseiller au parlement, qui est sans contredit le meilleur comique des enquêtes. Je voudrais que la grand’chambre ne fit que ce métier-là, tout en irait mieux.

À propos de grand’chambre, vous devez bien voir, monseigneur, par l’énorme brigandage qui régnait dans l’Inde, que ce n’était pas votre ancien protégé Lally qui était coupable. Il y a des choses qui me font saigner le cœur longtemps. Je suis un peu le don Quichotte des malheureux. Je poursuis sans relâche l’affaire des Sirven, qui est toute semblable à celle des Calas, et j’espère en venir à bout dans quelques semaines. Ces petits succès me consolent beaucoup de ce que les sots appellent malheur.

J’ignore toujours si M. le marquis de Chimène ne s’est pas trompé quand il m’a mandé que vous ordonniez qu’on jouât Les Guèbres. Ordonnez ce qu’il vous plaira ; je vous serai sensiblement obligé de tout ce que vous ferez. J’ai la vanité de croire Les Guèbres très dignes de votre protection. Il n’y a qu’un fat de robin 4 qui ait dit que Les Guèbres étaient dangereux ; où a-t-il pris cette impertinente idée ? craint-il qu’on ne se fasse guèbre à Paris ? M. de Sartines est bien loin de penser comme cet animal.

Je me mets aux pieds de mon héros, et je le remercie de toutes ses bontés.

V. »

1 Les d'Argental .

2 V* revient plusieurs fois sur les corrections malheureuses de Tancrède ; voir lettre du 28 octobre 1760 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1760/Lettre_4316

et du 17 février 1767 à Lekain : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/07/11/j-espere-qu-il-ne-m-arrivera-plus-ce-qui-m-arriva-6391404.html

3 L'édition de Kehl ne garde que la première phrase de tout ce paragraphe . Elle remplace la suite par : Qui voulez-vous que je consulte ? L'ingratitude de V* à l'égard des d'Argental, pour un motif aussi futile a paru peu excusable, à un moment où il les mettait encore à contribution .

02/04/2025

Madame, vous n’êtes plus Mme Gargantua...Vous avez entendu quelquefois parler des tracasseries de cour ...il ne faut vous aborder que les mains pleines de fleurs.

... Oui, Marine, nous sommes quelques uns à être heureux de vous offrir une couronne mortuaire .

Marine Le Pen , n'oubliez pas, le vol est un délit punissable, pas la peine de tortiller du cul pour c... droit, comme on dit : https://www.lecanardenchaine.fr/

Cette politicarde  récolte ce qu'elle a semé, n'en déplaise à sa mémoire sélective : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/sur-l-ineligibilite-a-vie-marine-le-pen-ne-voit-pas-de-contradiction-avec-ses-declarations-de-2013_248263.html

Merci à Philippe Cavarivière , homme d'esprit qui nous réjouit : https://www.dailymotion.com/video/x9h49h4

et : https://www.dailymotion.com/video/x9h4ahi

 

 

 

« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

À Ferney 18è septembre 1769

Madame, vous n’êtes plus Mme Gargantua, et je ne m’appelle plus Guillemet 1 ; je n’ai reçu votre joli et vrai soulier qu’après avoir pris la liberté de vous envoyer ma soie : j’ignore si vous avez daigné agréer ce ridicule hommage, mais je sais bien que mes jours ne seront pas filés d’or et de soie si vous persistez à soupçonner que des choses que j’abhorre soient de moi. Vous avez entendu quelquefois parler des tracasseries de cour, des petites calomnies qu’on y débite, des beaux tours qu’on joue ; soyez bien sûre que la république des lettres est précisément dans ce goût. Arlequin disait : Tutto il mondo è fatto come la nostra famiglia 2 et Arlequin avait raison. Je ne vous fatiguerai pas des noirceurs qu’on m’a faites ; mais souvenez-vous de cet écrit 3 dans lequel on insulta, l’année passée, le président Hénault, et une personne très respectable que je ne nomme point 4, la même dont nous me parlez dans votre dernière lettre 5, la même à laquelle vous êtes si attachée, la même qui… Le style de cet ouvrage était brillant et hardi ; on me fit l’honneur de me l’imputer, et bien des gens me l’attribuent encore. Un homme de condition 6 l’avait lu dans la séance publique d’une académie, comme s’il en était l’auteur : il en reçut les compliments, et s’en vanta a moi dans sa lettre : et, pour comble, il a été avéré qu’il n’avait d’autre part à l’ouvrage que celle de l’avoir acheté, et qu’il était très incapable de l’écrire.

Le tour qu’on me fait aujourd’hui est plus méchant ; mais comment croira-t-on que j’aie dit que le roi donna des pensions à tous les conseillers qui jugèrent Damiens, tandis qu’il est de notoriété publique qu’on n’en donna qu’aux deux rapporteurs ? Comment aurais-je pris M. de Bésigny pour le président de Nassigny ? comment aurais-je dit qu’on fit un procès à Damiens, et qu’on perpétra son supplice ? Tout cela est absurde, et aussi impertinent que mal écrit. Un abbé Desfontaines fit autrefois une édition de La Henriade, dans laquelle il inséra des vers contre l’Académie pour m’empêcher d’en être. J’ai une édition de La Pucelle dans laquelle il y a des vers contre le roi et contre Mme de Pompadour ; et ce qu’il y a de pis, c’est que ces vers ne sont pas absolument mauvais. Messieurs les tracassiers de cour ont-ils jamais rien fait de plus noir ? Voilà, madame, ce qui m’a fait quitter la France : ai-je tort ? Je suis très honteux de vous entretenir de ces misères, il ne faut vous aborder que les mains pleines de fleurs.

J’ai vu un petit médecin 7 dont vous avez fait la fortune et la réputation . Je n’avais pas osé vous le recommander ; je lui avais seulement conseillé d’implorer vos bontés, parce que sa requête était juste ; vous avez fait pour lui plus qu’il n’espérait et plus qu’il ne demandait. Voilà comme vous êtes, madame ; la bienfaisance est votre passion dominante . Vous aurez des autels jusque dans le pays barbare que j’habite. Dupuits vous doit tout 8; et moi, que ne vous dois-je point ! Vous m’avez fait connaître tout votre esprit et toute la bonté de votre caractère . Vous m’avez réconcilié avec mon siècle, dont j’avais fort mauvaise opinion.

Je reviens, madame, à votre soulier . On dit que quelque Praxitèle s’est mêlé des proportions de votre figure.

Je n’en crois rien, et je demande
Aux connaisseurs que vous voyez
Comment, avec ces petits pieds,
On peut avoir l’âme si grande !

Daignez recevoir, madame, avec votre bonté ordinaire, le profond respect de votre ancien typographe, et de votre très affligé et très obéissant serviteur

V. »

2 Tout le monde est fait comme notre famille .

3 Sur cet écrit, voir lettre du 13 septembre 1769 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html

4 Le roi .

5 Cette lettre date du 27 août 1769 . La duchesse critique encore le second livre de l'Histoire du Parlement de paris et se dit prête à accepter officiellement la thèse selon laquelle il n'est pas de V*.

6 Bélestat .

8 Le 30 janvier 1768 Mme Du Deffand écrit à Walpole qu'elle « avait fait grande connaissance » avec Dupuits ; qu'après avoir passé un mois à Paris, il a obtenu une compagnie de dragons ( Lewis, IV, 18, 20-21. ).

01/04/2025

April fool's day

...

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« A Joseph-Marie Balleidier

Ferney 17 septembre 1769 1

[ Pas de texte disponible .] »

1 Le manuscrit olographe est passé chez Charavay le 28 février 1886 . A cette date, la lettre peut se rapporter aux démêlés du père Adam et de Bigex .

31/03/2025

Je vous prie de vouloir bien m'accuser la réception de ce paquet

... Précision légale du juge qui vient de prononcer la sentence devant le banc vide de Marine Le Pen, enfin condamnée, elle qui , grâce à des millions mal acquis, a pu s'offrir avocats et sursis , ce que le sujet de base ne peut faire .

Hélas , elle va faire appel, le RN va encore banquer : https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-m...

Bardella brasse de l'air pour sauver sa patronne, visiblement il a la trouille de devenir calife à la place de la calife , l'exemple de Sarkozy avec l'argent libyen lui fait revenir sans doute en mémoire les fonds russes poutiniens pour le RN, mal vus .

 

 

« A Gaspard-Henri Schérer

A Ferney 16 septembre 1769 1

J'ai attendu, monsieur, une occasion de vous remercier de la bonté que vous avez de vous charger quelquefois de me faire parvenir mes lettres .

Je vous envoie pour 13 431 livres de lettres de change payables au mois prochain en vous priant de vouloir bien les joindre au reste aux conditions ordinaires .

J’ai l'honneur d'être bien véritablement,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Je vous prie de vouloir bien m'accuser la réception de ce paquet . »

1 Le manuscrit porte le reçu de la somme, daté du « 17 » , avec le détail des lettres de change.

On a eu cette fois-ci une intention plus maligne

... Tel est le jugement de Trump justement -pour une fois - fâché contre Poutine et qui, ne connaissant que le langage du dollar, envisage des sanctions financières : https://www.bfmtv.com/international/amerique-nord/etats-u...

Le nerf de la guerre est encore et toujours le fric !

 

 

« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille

Le livre 1 dont vous me parlez, monsieur, est évidemment de deux mains différentes. Tout ce qui précède l’attentat de Damiens m’a paru vrai, et écrit d’un style assez pur ; le reste est rempli de solécismes et de faussetés. L’auteur ne sait ce qu’il dit. Il prend le président de Bésigny pour le président de Nassigny 2. Il dit qu’on a donné des pensions à tous les juges de Damiens, et on n’en a donné qu’aux deux rapporteurs 3. Il se trompe grossièrement sur la prétendue union de M. d’Argenson et de M. de Machault 4.

Vous aimez les lettres, monsieur, et vous êtes assez heureux pour ignorer le brigandage qui règne dans la littérature. L’abbé Desfontaines fit autrefois une édition clandestine de La Henriade 5, dans laquelle il inséra des vers contre l’Académie, pour me brouiller avec elle, et pour m’empêcher d’être de son corps. On a eu cette fois-ci une intention plus maligne. Ces petits procédés, qui ne sont pas rares, n’ont pas peu contribué à me faire quitter la France, et à chercher la solitude. L’amitié dont vous m’honorez me console. Je vous prie de me la conserver ; j’en sens tout le prix. Je serais enchanté d’avoir l’honneur de vous voir ; mais il n’y a pas d’apparence que vous puissiez quitter les états de Bourgogne et la cour brillante de Mgr le prince de Condé 6 pour des montagnes couvertes de neige, et pour un vieux solitaire devenu aussi froid qu’elles. 

V.

16è septembre 1769 à Ferney.»

1 Histoire du Parlement de Paris.

6 Le prince de Condé est gouverneur de la Bourgogne .

La raison et le véritable intérêt cherchent toujours des accommodements

... Notre monde n'est ni raisonnable ni intéressant, il est fou et intéressé, et frappe du poing partout en fuyant les accommodements prescrits par mon philosophe préféré .

 

 

« A Marie-Françoise de La Borde- Desmartres

rue Saint-Louis au Marais

à Paris

16è septembre 1769 à Ferney 1

Madame,

J’ai reçu les mémoires que vous avez bien voulu m’envoyer touchant votre procès 2. Je ne suis point avocat. J’ai soixante-seize ans bientôt ; je suis très malade ; je vais finir le procès que j’ai avec la nature ; je n’ai entendu parler du vôtre que très confusément. Je ne connais point du tout le Supplément aux Causes célèbres 3 dont vous me parlez : je vois par vos mémoires, les seuls que j’aie lus, que cette cause n’est point célèbre, mais qu’elle est fort triste. Je souhaite que la paix et l’union s’établissent dans votre famille : c’est là le plus grand des biens. Il vaut mieux prendre des arbitres que de plaider. La raison et le véritable intérêt cherchent toujours des accommodements . L’intérêt mal entendu et l’aigreur mettent les procédures à la place des procédés. Voilà, en général, toute la connaissance que j'ai du barreau.

Votre lettre, madame, me paraît remplie des meilleurs sentiments, et M. de La Borde, premier valet de chambre du roi, passe pour un homme aussi judicieux qu’aimable : vous semblez tous deux faits pour vous concilier, et c’est ce que votre lettre même me fait espérer.

J'ai l'honneur d'être avec respect,

madame

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi . »

1 Original signé, cachet « de Lyon » ; éd. Luchet incomplète ; Clogenson moins incomplète , non datée comme la précédente ; Mémoires secrets , 25 novembre 1769, additions ; qui date du 18 . La correspondante de V*, née Marie-Françoise Boutaudon , est la femme de Pierre-Joseph-François de La Borde-Desmartres, cousin de Jean-benjamin de La Borde .

Voir tome XXVIII, pages 81 et 77. : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/91

et https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/87

Grimm, dans sa Correspondance (tome VIII, page 389, édition Tourneux. Paris 1879), fait précéder cette lettre des réflexions suivantes :

« Le patriarche s’est mêlé, dans le courant de l’été dernier, d’un autre procès moins célèbre (que celui de Sirven), mais qui ne laissait pas d’être piquant, parce qu’il s’agissait encore de livrer à l’indignation publique un petit coquin de prêtre fourbe et fripon avec intrépidité. L’abbé Claustre ne retient pas les dépôts, mais il a de l’industrie pour les acquérir, et une vocation décidée au bien d’autrui. Le vieux La Borde, mort depuis peu, ancien fermier général fort protégé autrefois par Mme de Pompadour, dont il était parent, avait mis ce Claustre comme précepteur auprès de ses enfants, il en avait beaucoup. Un de ses fils, aujourd’hui premier valet de chambre du roi, a la malheureuse passion de composer de la musique, et la satisfait souvent a nos dépens. C’est de ce compositeur baroque que l’abbé Claustre a été l’instituteur. Le vieux La Borde avait en même temps dans sa maison un neveu à peu près imbécile : c’est sur ce neveu que ce Claustre spécule. Il se rappelle qu’il a en Auvergne une nièce qui avait alors trente-quatre ans sonnés, il pense qu’il est temps de songer à la marier ; il la fait venir à Paris, et, après s’être retiré de la maison de son bienfaiteur La Borde, il persuade au neveu imbécile qu’il ne saurait demeurer plus longtemps chez son oncle, dans la maison d’un fermier général, sans mettre son salut en danger ; en conséquence, il prend l’imbécile chez lui en pension : c’était la nièce qui avait soin du ménage. Bientôt après il lui fait épouser cette nièce, et quand cela est fait, il intente procès à la famille La Borde au nom de ce neveu, mais avec assez de modération pour ne lui demander qu’environ cent mille écus. M. de La Borde, premier valet de chambre du roi, a eu recours à la plume de l’avocat de l’humanité et des causes honnêtes. Il a mis ci-devant son opéra de Pandore en musique sans avoir pu le faire jouer, il lui a remis le soin de châtier un petit coquin de prêtre ingrat, hypocrite et voleur. Vous jugez aisément ce que ce procès est devenu sous la plume du vengeur de Ferney, qui l’a discuté dans un Supplément aux causes célèbres de trente pages.

« Claustre a cru devoir faire écrire sa nièce à M. de Voltaire pour se plaindre de cet écrit, et le patriarche, qui sait ce qui est dû aux dames, n’a pas manqué de lui répondre, comme vous allez voir. »

2 Le procès de La Borde contre le prêtre Claustre ; voir lettre du 16 avril 1768 à Chabanon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/17/tous-les-honnetes-gens-seront-donc-pour-lui-et-quoi-qu-on-di-6476207.html

3Tel est le sous-titre du Procès de Claustre, brochure de V* : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/87