23/06/2025
enfin il faudra bien que l’argent se retrouve
... C'est dans l'urgence de fonds à obtenir des USA que se trouve le Haut Commissariat aux Réfugiés :
Il semblerait bien que Mister Trump aie du dollar à foison pour larguer des bombes mais des clopinettes pour les réfugiés . A sa défense, on peut remarquer que le HCR est sans doute doté de trop de fonctionnaires trop bien payés, comme dans tous ces organismes internationaux , de l'ONU à la Croix Rouge en passant par le BIT et l'ILO , et l'OMC, etc. : https://www.geneve.ch/themes/geneve-internationale/instit...
« A Jean-François-René Tabareau
Directeur général des postes, etc.
à Lyon
et à
Joseph Vasselier
je suis très sensiblement touché, monsieur, de tout ce qui vous arrive. Voilà une aventure bien étrange que celle de ce dévot caissier 1 qui vous emporte votre argent ! On dit qu’il portait un cilice, ou du moins qu’il le faisait porter par son laquais. Je suis bien sûr que, si vous en aviez été informé, vous ne lui auriez pas confié un sou . Mais enfin il faudra bien que l’argent se retrouve, puisqu’on a sa personne.
Je vous prie d’avoir la bonté de m’instruire de votre bonne ou mauvaise fortune dans cette singulière affaire. Croyez que je prends l'intérêt le plus vif à tout ce qui vous regarde .
Est-il bien vrai qu’il y a cinq banqueroutiers qui se sont tués dans Paris ! comment peut-on avoir la lâcheté de voler, et le courage de se donner la mort ? Voilà de plaisants Catons d’Utique que ces drôles-là !
La banqueroute est-elle aussi considérable qu’on le dit ? M. Jeannel 2 exerce-t-il toujours son emploi ? Voilà bien des questions que je vous fais. J’y ajouterai encore une importunité sur le roi de Portugal. On m’avait mandé que son aventure n’était qu’une galanterie, qu’un cocu lui avait donné quelques coups de bâton, et que cela n’était rien.
En voilà trop pour un homme accablé d’affaires, comme vous l’êtes. Ne me répondez point.
Mais vous, monsieur Vasselier, si vous avez un moment à vous, répondez-moi sur toutes mes demandes.
Votre bibliothécaire ne pourra augmenter votre cabinet de livres qu’au printemps . En attendant, conservez-moi tous deux une amitié qui fait ma consolation dans ma très infirme vieillesse.
V.
12è janvier 1769 [1770]3.»
1 Billard, caissier général des postes, qui fit une banqueroute frauduleuse.
Voir note : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome8.djvu/554
et : https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0002097655
2 Jeannel est l'intendant général des Postes et fait partie du Cabinet noir : https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/7e6bfdd6bb72c24e2a77bbd05e29979f.pdf&ved=2ahUKEwiGv_XNvISOAxU7KvsDHRP-DkwQFnoECBcQAQ&usg=AOvVaw3KlcUz-iXe860VJp0l21XJ
; voir lettre du 9 août 1756 à Thieriot, note 8 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/05/je-m-unis-a-tout-hasard-aux-sentiments-des-saints-sans-savoi.html
Il mourra le 5 mars 1770 âgé de 87 ans. Son successeur sera un de ses parents Claude Rigoley, baron d'Ogny .
3 Cette lettre a toujours été classée mal à propos à l’année 1769. Elle est de 1770. (Garnier.)
Le lapsus de Wagnière concernant la date a été suivi par toutes les éditions jusqu'à ce qu'Avenel le corrigeât dans l'édition Moland .
09:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
22/06/2025
Lui rappelle que le paiement relatif au quartier échu de la rente n'a pas été fait
... Ce dont se fiche éperdument le ministre de l'Economie qui jongle tranquillement avec les millions de sa fortune : https://www.tf1info.fr/politique/le-ministre-eric-lombard...
Fraudeur en col blanc
« A Charles-Henri-Chrétien Rosé
[12 janvier 1770] 1
[Lui rappelle que le paiement relatif au quartier échu de la rente n'a pas été fait .]
1 L'existence de cette lettre et sa teneur ne sont connues que par la réponse de Rosé du 29 janvier 1770 ( Best. D 16119)
08:37 | Lien permanent | Commentaires (0)
Si j'ai tort le temps me l'apprendra
... Peut-être !...
« Au baron Friedrich Melchior von Grimm
12 janvier 1770 1
J'ai cru lire, mon cher philosophe, tantôt Platon, tantôt Molière . Je me trompe fort ou le nom de l'auteur commence par un I . Si j'ai tort le temps me l'apprendra . Quoi qu'il en soit je vous remercie du fond de mon cœur de m'avoir fait lire un ouvrage qui m'a autant instruit qu'amusé 2.
On m'a fait tant de contes sur le coup donné au roi de Portugal que je ne sais plus que croire : tout ce que je vois c'est qu'il a quelques ennemis sur les bras . Si vous avez un moment de loisir, je vous prie de me dire des nouvelles de cette tracasserie et des Caton d'Utique qui se sont tués à Paris . Je suis fâché que les hommes héroïques ne soient que des banqueroutiers frauduleux et des coupeurs de bourses .
Bonsoir, mon cher prophète . L'oncle et la nièce vous font mille compliments . »
1 Copie contemporaine qui ne donne pas le nom du destinataire ; ce ne peut être que Grimm .
2 A savoir Ferdinando Galiani, Dialogue sur le commerce des blés, 1770 . Le manuscrit de l'auteur avait été revu par Diderot et Grimm, mais V*, on ne sait pourquoi l'attribue à un M. de L'Hulière ; voir lettre du même jour à Turgot .
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialogues_sur_le_commerce_des_bl%C3%A9s
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21/06/2025
elle s’en ira en fumée, comme toutes les affaires qui traînent
... Allez ! du vent contre l'éolien : https://www.franceinfo.fr/environnement/energie/energies-...
« A Jean Le Rond d'Alembert
12 de janvier [1770]
Premièrement, mon cher philosophe, il faut que je vous dise que j’ai vu, il y a quelque temps, une annonce intitulée Supplèment à l’Encyclopédie 1, etc. Ce plan ou programme, appelé prospectus, comme si nous manquions de mots français, commence ainsi :
« Des libraires associés avaient projeté de refondre entièrement l’immense Dictionnaire de l’Encyclopédie, et d’en faire un ouvrage nouveau ; mais on leur a représenté, etc. »
Il manquait à cet édit la formule car tel est notre plaisir. Vous avez enrichi les libraires, et vous voyez qu’ils n’en sont pas plus modestes.
Il y a quelqu’un qui fait, dit-on, un petit supplément 2 pour se réjouir ; mais il ne fera aucune représentation à ces messieurs.
J’ai lu un petit Avis aux gens de lettres 3, par M. de Falbaire, auteur de L’Honnête Criminel 4: il ne traite pas ces despotes , (j’entends les libraires) , avec tout le respect possible.
Je ne sais où en est actuellement l’affaire de Luneau de Boisjermain 5 ; j’imagine qu’elle s’en ira en fumée, comme toutes les affaires qui traînent.
Je sais à présent qui vous a récité des vers sur Michon ou Michault 6, je sais qui vous a dit qu’ils étaient de moi. Il n’est point du tout honnête qu’Achille ait voulu combattre sous les armes de Patrocle. Heureusement il est assez sage pour n’avoir point lâché son ouvrage dans le monde ; mais je ne dois pas être content du procédé. Je lui pardonne, à condition qu’il assommera le bœuf-tigre 7 quand il le rencontrera ; mais je ne lui pardonne qu’à cette condition.
Je m’aperçois que je passe ma vie à pardonner : mais ce n’est pas à vous, qui êtes mon vrai philosophe, et qui remplissez tous les devoirs de la société. Vos théorèmes sur cet article sont aussi bons que sur tout le reste.
Est-il vrai que l’abbé Alary 8 soit encore plus vieux et plus mal que moi ? Je l’en défie, car je n’en puis plus.
L’oncle et la nièce vous embrassent de tout leur cœur. »
1 Ce Supplément, dont les premiers volumes parurent en 1776, est intitulé Nouveau Dictionnaire des sciences et arts ; il est en cinq volumes in-folio.
Le prospectus fut reproduit notamment dans le Journal étranger du 15 septembre 1769, VI, iii, 463-465.
2 Il s’agit des Questions sur l’Encyclopédie, qui ont été fondues dans le Dictionnaire philosophique.
Ces mots peuvent suggérer que V* au lieu de fournir le Supplément à Panckoicke a décidé de donner lui-même ses Questions sur l'Encyclopédie ; voir lettre du 20 février 1770 à Cramer .
3Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey : Avis aux gens de lettres contre les prétentions des libraires, 1770, in-8°.V* eut l'idée d'inclure cet Avis dan le second volume des Choses utiles et agréables .
4 Voir lettre du 1er décembre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/06/16/par-quelle-fatalite-deplorable-faut-il-que-des-ennemis-du-ge-6447905.html
5 Luneau vendait ses ouvrages ; le 31 aoûl 1768, les libraires firent faire une saisie chez lui. En février 1770, la chambre de police du Châtelet déclara irrégulière la saisie, et condamna les libraires à cent écus de dommages-intérêts.
6 Sur cette affaire, voir lettre à Luneau de Boisjermain du 21 octobre 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/04/26/la-vie-est-herissee-de-ces-epines-et-je-n-y-sais-d-autre-rem-6545177.html
7 Pasquier ; voir lettre du 3890 du 7 novembre 1754 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/11/si-vous-me-conservez-une-amitie-a-laquelle-je-suis-mille-foi.html
8 Pierre-Joseph Alary, membre de l’Académie française, était né le 19 mars 1690, et mourut le 15 décembre 1770. C’est de lui qu’il est question dans la lettre du 15 février 1739 à Frédéric, prince royal de Prusse : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome35.djvu/183
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20/06/2025
Mais sur quelle parole peut-on compter ?
... Ah les bons billets que nous donnent les gouvernants ! D'est en ouest et de nord en sud, où y a-t-il des gens de parole quand parlent les armes ? On vit avec les menaces de comptes à rebours fatals épuisants .
« A Sébastien Dupont
A Ferney, 11 Janvier 1770 1
Tâchez, mon cher ami, de tuer quelque gros prélat dont le bénéfice soit à la nomination de M. le duc de Virtemberg, car il m’a promis que la première place serait pour M. votre fils 2, et M. de Montmartin m’en a donné aussi sa parole. Mais sur quelle parole peut-on compter ? Je n’entends parler ni de M. Rosé 3, ni de la subrogation sur la terre du baron banquier Diétrich, ni du remboursement di questo barone 4. On s’est moqué de moi dans cet arrangement ; mais, après tout, le sieur Rosé s’est soumis à me payer quatorze mille francs tous les trois mois jusqu’à fin de compte ; et quand même il dirait : Le beau billet qu’a La Châtre ! 5 il faut qu’il me donne de l’argent.
Je vous prie de vouloir bien le faire souvenir très sérieusement de ses engagements, et d’avoir la bonté de me dire en quels termes on est avec le baron. Je soupçonne qu’il n’a jamais été question de le rembourser ; il est assez vraisemblable que tout mon argent a été donné à M. le prince de Virtemberg, qui est à Montbéliard avec quatre enfants. Il est juste qu’étant prince et père de famille, il passe avant nous ; mais il est juste aussi que Rosé me paie, car j’ai aussi une nombreuse famille à nourrir. Je vous demande en grâce de me recommander à ses bontés, afin que je ne sois pas forcé de demander la protection du conseil souverain d’Alsace auprès de lui.
Adieu, mon cher ami ; je vous souhaite à vous et à toute votre famille beaucoup de bonnes années ; ainsi fait madame Denis ; ainsi fait aussi père Adam.
V. »
1 Original passé à la vente à New York les 21-22 novembre 1938 ; éd. Lettres inédites, 1821 .
2 Il reçut la cure de Bennwihr près de Colmar, dont le revenu était de 4000 livres par an ; voir Fernand J. Heitz, Le Barreau à Colmar, Deux registres de délibérations du Barreau de Colmar 1712-1870, 1932 , p. 279 .
3 V* n'a manifestement pas encore reçu la lettre de Rosé du 4 janvier 1770 qui le rassurait sur le paiement, mais lui déconseillait l'usage du vin de Riquewihr qu'il souhaitait se procurer : « Il abrégerait vos jours précieux […] En général le vin de Riquewihr est malsain pour les personnes qui n'y sont pas accoutumées. »
4 De ce baron .
5Mot de Ninon de Lenclos, locution proverbiale , https://www.ruedesfables.net/ah-le-bon-billet-qua-la-chatre/
et voir lettre de 1751 : https://www.monsieurdevoltaire.com/article-articles-sur-mademoiselle-de-lenclos-66758928.html
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il faut absolument que vous ajoutiez à toutes vos bontés celle de venir coucher chez nous, le plus tôt sera le mieux
... Invitation un tantinet lèche-culbottes . Le plus tôt sera le 1er janvier 2026 avec le sommet des dirigeants du G7 : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2025/06/17/annonce-...
« A Henri Rieu
Mon aimable corsaire, il faut absolument que vous ajoutiez à toutes vos bontés celle de venir coucher chez nous, le plus tôt sera le mieux ; voyez quand vous voulez qu'on vous envoie un carrosse si vous n'avez pas le vôtre à Genève . Je ne vous fais point de compliments, je vous aime trop pour vous en faire .
10è janvier [vers 1770] 1»
1 La lettre pourrait être aussi de quelques années antérieures .
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/06/2025
sur cette formalité vous toucherez de l'argent, chose fort difficile à toucher par le temps qui court ...Il est plaisant qu'on aime tant l'argent et qu'on aime si peu la vie
... Voyons un peu le budget national : https://www.budget.gouv.fr/budget-etat
139 milliards de déficit, ça pique les yeux !
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
10è janvier 1770 à Ferney
Mon cher conseiller, je ne sais si vous savez que le vice-roi d'Aquitaine 1 dit un jour à Mme de Saint-Julien que je lui avais envoyé Mme Denis en qualité de sergent pour lui apporter un exploit . Ce discours que je ne savais pas fait assez comprendre qu'il regardait notre nouvel arrangement comme un nouvel affront, et qu'il en pourrait résulter des sujets assez désagréables dans la situation où il est, et dans celle où je suis . Nous concluons, Mme Denis et moi , qu'il ne faut pas toucher présentement cette corde, et qu'on ne peut employer avec lui que des voies d'insinuation .
Je pense donc, sauf votre meilleur avis, qu'il n'est pas mal à propos que vous vous serviez de la première procuration ; moyennant laquelle il n'est pas possible que vous ne touchiez dans l'année une somme considérable de Rechicourt . Vous la partagerez entre vous à Paris ; j’en donnerai mon reçu . C'est je crois le meilleur parti qu'on puisse prendre dans le moment présent . Rechicourt doit actuellement environ trente mille livres ; prenez ce qu'on vous donnera à bon compte , arrangez-vous tous trois . L'affaire est nette et claire, ce n'est pas là un procès ; ce n'est qu'une procédure légale, une admission légitime au rang des créanciers, une formalité requise qui ne blesse personne ; et il est certain que sur cette formalité vous toucherez de l'argent, chose fort difficile à toucher par le temps qui court .
À l'égard du vice-roi, Mme Denis , s'en charge . On est bien heureux de n'avoir pas son argent sur les Postes 2. Nous sommes dans les temps héroïques ; voilà cinq Catons qui se sont tués sans qu'ils aient eu pourtant affaire à des César 3 , ni qu'ils aient lu le traité de l’immortalité de l’âme . Il est plaisant qu'on aime tant l'argent et qu'on aime si peu la vie .
Voilà donc pour la seconde fois un contrôleur général de votre corps 4 ; tâchez de l'être à votre tour . Le poste est scabreux . Il ne s'agit pourtant que d’égaler la recette à la dépense ; et on dit que c'est là le difficile . Ce miracle arriva, dit-on, sous un nommé Jean-Baptiste Colbert, et précédemment sous un Maximilien de Rosny 5.
on prétend qu'il règne à Paris un luxe prodigieux , moyennant quoi tout le monde se plaint et crie . C'est un beau contraste de splendeur et d'ordure que votre ville . Les campagnes sont plus simples et plus honnêtes . Madame votre mère a bien raison d'y passer neuf mois de l'année. Quand elle y en passera douze je la tiendrai entièrement philosophe .
Je vous embrasse du meilleur de mon cœur, vous et votre famille soit chrétienne, soit turque s.
V. »
1 Le duc de Richelieu .
2 Pierre-François Billard, trésorier de la ferme des Postes, a détourné, au cours des années, une somme de trois millions de francs .il a confessé ces vols le 16 décembre 1769, mais a rejeté le blâme sur son confesseur, un certain Grizel . Le 21 Sartines fut chargé de faire une enquête sur cette affaire .
3 Il s'agit de particuliers ruinés qui se sont suicidés .
4Terray qui a succédé à d'Invault ; par « seconde fois » V* veut dire « la seconde fois de suite ».
5 Sully, ministre de Henri IV.
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