06/11/2024
On ne peut faire que des réflexions désagréables sur les irrégularités
... De quelque camp qu'elles soient . Statistiquement il est quasiment impossible qu'il n'y en ait pas . Trump / Harris ? Qui va gagner ? Y a-t-il encore un grain de raison aux USA ?
« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont
J’eus l’honneur, monsieur le comte, de vous répondre et de vous remercier, il y a plusieurs mois. J’adressai ma lettre chez M. le prince de Soubise. On ne peut faire que des réflexions désagréables sur les irrégularités de la poste, et il faut se taire.
Vous parlez d’aller voir les Turcs ; c’est apparemment pour les battre. Vous êtes trop bon chrétien et trop galant pour prendre le parti des infidèles contre les dames. À l’égard de brûler des maisons et de couper les arbres fruitiers par le pied, comme cela ne se trouve ni dans l’histoire d’Attila ni dans celle de Genséric, et que je ne me mêle plus que de l’histoire ancienne, ce n’est pas à moi de parler de tels exploits ; mais ceux de votre valeur et de votre prudence me seront très précieux.
Vous savez, monsieur, avec quels respectueux sentiments je vous suis dévoué.
V.
31è avril [1er mai] 1769. 1»
1 Original, d'abord daté du 30 avril ; éd. Cayrol .
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05/11/2024
ce que vous me proposez est très faisable
... Telle est la réponse attendue par les ministres à la question à "Comment atteindre la neutralité carbone en 2050 ?", que l'on peut trouver dans le Plan national d'adaptation : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-cli...
« A Henri Rieu
1er mai 1769
Mon cher ami, ce que vous me proposez est très faisable. Je serai charmé d'obliger Pellet . Il pourrait faire un petit volume 1 de pièces fugitives honnêtes qu'on lui fournirait ; nous en conférerons la première fois que vous serez assez bon pour venir chez le solitaire malade .
Il est bien étonnant que MM. De Fournes 2, pour qui Grasset travaille depuis si longtemps, abandonnent cette pauvre famille à une persécution aussi cruelle ; on le punit pour avoir imprimé la lettre de Rilliet 3 et Rilliet en l'a pas payé . En vérité on devrait avoir pitié de ce pauvre homme qui a quatre enfants et qui va mourir de faim . Je ne doute pas que vous ne fassiez tout ce qui sera en votre pouvoir pour lui rendre service . Il y a bien des corsaires dans ce monde, mais il n'y en a point qui ait le cœur aussi bon que vous .
Je vous embrasse bien tendrement .
V."
1 Peut-être les Pièces nouvelles de M. de Voltaire, 1769 , qui forment un petit volume entièrement composé de pièces de V* ; voir fin de la lettre du 2 mai 1769 à Chabanon : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie15.html
2 Sans doute faut-il lire Tournes, quoique Grasset n'eût pas été directement au service de ces éditeurs lyonnais .
3 V* pratique ici un amalgame visant à le disculper. Grasset avait été effectivement condamné à une amende le 25 janvier , pour avoir imprimé la Lettre de Théodore Rilliet […] à dame Lucrèce Angélique de Normandie, sa femme, 1769 ; Archives de Genève, CCLXX, 59 : https://www.e-rara.ch/gep_r/content/titleinfo/26239355
Mais c'est pour avoir vendu des livres défendus , et tout spécialement le Recueil nécessaire, qu'il fut emprisonné le 25 avril 1769 (ibid CCLXX, 255-256).
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04/11/2024
mon zèle éclairé seconde leur zèle ignorant : je me recommande à leurs prières savoyardes
... Du Barnier tout net ? Voir ce que veut cet homme d'Etat : https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/29/la-notion...
« [Destinataire inconnu]
[Avril-mai 1769] 1
Je ne sais point mauvais gré à ceux qui m’ont fait parler saintement dans un style si barbare et si impertinent. Ils ont pu mal exprimer mes sentiments véritables ; ils ont pu redire dans leur jargon ce que j’ai publié si souvent en français ; ils n’en ont pas moins exprimé la substance de mes opinions. Je suis d’accord avec eux ; je m’unis à leur foi : mon zèle éclairé seconde leur zèle ignorant : je me recommande à leurs prières savoyardes. Je supplie seulement 2 les faussaires qui ont fait rédiger l’acte du 15 avril de vouloir bien considérer qu’il ne faut jamais faire d’actes faux en faveur de la vérité 3. Plus la religion catholique est vraie (comme tout le monde le sait), moins on doit mentir pour elle. Ces petites libertés trop communes autoriseraient d’autres impostures plus funestes ; bientôt on se croirait permis de fabriquer de faux testaments, de fausses donations, de fausses accusations, pour la gloire de Dieu. De plus horribles falsifications ont été employées autrefois.
Quelques-uns de ces prétendus témoins ont avoué qu’ils avaient été subornés, mais qu’ils avaient cru bien faire. Ils ont signé qu’ils n’avaient menti qu’à bonne intention.
Tout cela s’est opéré charitablement, sans doute à l’exemple des rétractations imputées à MM. de Montesquieu, de La Chalotais, de Monclar 4, et de tant d’autres. Ces fraudes pieuses sont à la mode depuis environ seize cents ans. Mais quand cette bonne œuvre va jusqu’au crime de faux, on risque beaucoup dans ce monde, en attendant le Royaume des cieux. »
1 Le Commentaire historique sur les œuvres de l’auteur de la Henriade rapporte cette lettre sans dire à qui elle a été adressée, et sans en donner la date. Je pense qu’elle doit être du même temps que la lettre à d’Alembert, du 24 mai. (Beuchot.)
La lettre est datée d'après les éventements auxquels elle fait allusion . Lorsque V* la revit pour la publier dans le Commentaire […], il la remania .(Besterman).
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k713385/f287.item
2 L'édition Garnier donne humblement pour seulement .
3 V* contredit ici, de même que dans les lettres du 24 avril à Mme Du Deffand et du 24 mai 1769 à d'Alembert , ce qu'il a dit et avoué dans les documents reproduits à propos des lettres du 30 mars 1769 au curé Gros et du 15 avril 1769 à Richelieu . Sa duplicité est constante dans ce genre d'affaires, il dément dans des lettres « ostensibles » ce qu'il a fait pour rester en règle avec l’Église et pour ne pas manquer d'obtenir la sépulture chrétienne à laquelle il tient absolument .
4 Comme on l'a déjà fait pressentir, la mention de la mort de Ripert de Monclar ne peut être antérieure à 1773 . V* écrivit même à ce sujet un mémorandum qui peut être daté de mai 1773.Voir lttre à Vernes : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1773/Lettre_8832
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03/11/2024
Tout le monde est content à Paris ; il y a longtemps que cela n'était arrivé
... Si longtemps que l'on peut en venir à douter que le présent réjouisse vraiment les Parisiens, ou alors peut-être exceptionnellement seulement les Parisiennes en préparant la fumeuse/fameuse purée Mousline ? De nos jours, il faut savoir se contenter de petits riens .
https://www.adforum.com/agency/17296/creative-work/346850...
« A Gabriel Cramer
Avril-mai 1769
Monsieur Cramer est prié de vouloir bien faire envoyer la feuille qui finit l'Histoire du Parlement 1 . Il ne s'agit que d'ajouter cinq ou six lignes , sur la sagesse et la clémence du roi, qui rétablit cette compagnie utile,laquelle a été quelquefois dangereuse .
Monsieur Cramer s'est-il souvenu d’une estampe qui doit représenter un guerrier assassinant à coups de poignard un autre guerrier désarmé, étendu à ses pieds, et deux ou trois hommes accourant inutilement avec indignation, horreur et pitié ? etc.
Tout le monde est content à Paris ; il y a longtemps que cela n'était arrivé . »
1 Un passage apportant ce complément fut en effet ajouté et devient le paragraphe final de l'Histoire du parlement de Paris . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_du_parlement/%C3%89dition_Garnier/Chapitre_68#cite_note-p110-1
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02/11/2024
Cette petite méprise est corrigée dans les éditions nouvelles auxquelles on travaille actuellement
... Petit survol des travaux parlementaires où l'on peut constater que nos impôts paient des petites têtes d'où sortent des amendements en foule, allant des irrecevables aux discutés, des discutés aux rejetés, des rejetés aux stupides, des stupides aux inutiles . Pour preuve : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/amendements?dos...
« Au Journal encyclopédique
L'auteur s'est servi d'un terme très impropre en disant que le comte régnant de la Lippe Schombourg n'avait point encore commandé de troupes, lorsqu'il se signala en 1762 dans la défense du Portugal 1. Il est vrai que sa campagne du Portugal n'en serait que plus glorieuse ; mais il fallait dire qu'il n'avait point encore été général d'armée . Cette petite méprise est corrigée dans les éditions nouvelles auxquelles on travaille actuellement .
A Ferney le 30 avril 1769.2 »
1 Précis du Siècle de Louis XV, chap. XXXV, où la correction sera effectivement appportée ; voir p. 371-372 : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_35
2 Ed. « Eclaircissement sur un passage de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV et du Précis du siècle de Louis XVC, t. 1, p. 200 », Journal encyclopédique du 15 juin 1769, IV, iii, 466 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1523018j/f138.item
Voir aussi page 122 du Journal encyclopédique du 1er avril 1769 « Une erreur historique à réparer » : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15230085/f128.item
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01/11/2024
Le fond de la nation est fou et absurde ; et, sans une vingtaine de grands hommes, je la regarderais comme la plus indigne des nations
... Je vise les USA, bien sûr .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
[30 avril 1769] 1
Voici, mon divin ange, ma réponse à Lekain et aux idées du tripot, dont quelques-unes sont bonnes, et d’autres très mauvaises. La vie est courte. J’attends avec impatience le manuscrit que je vous ai demandé.
Béni soit cependant le duc de Parme, béni soit le comte d’Aranda, béni soit le comte de Carvalho, qui a fait incarcérer l’évêque de Coïmbre, lequel évêque avait fourré mon nom, assez mal à propos, dans un mandement séditieux, s’en prenant à moi de ce que les yeux de l’Europe commençaient à s’ouvrir. Son mandement a été brûlé par monsieur le bourreau de Lisbonne ; mais à Paris la grand-chambre a fait brûler le poème de la Loi naturelle 2, l’ouvrage le plus patriotique et le plus véritablement pieux qu’ait notre poésie française. Cette bêtise barbare est digne de ceux qui ont voulu proscrire l’inoculation. Les Welches seront longtemps welches. Le fond de la nation est fou et absurde ; et, sans une vingtaine de grands hommes, je la regarderais comme la plus indigne 3 des nations.
Je tremble beaucoup pour le mari d’une très aimable femme que Mme Du Deffand appelle sa grand-maman 4, et que Mme Denis alla voir en revenant à Paris. J’ai peur qu’il n’y ait des changements qui vous seraient désagréables, et dont je serais extrêmement affligé. Cependant il faut s’attendre à tout, et être bien sûr de tout regarder avec des yeux philosophiques.
J’espère que mes anges seront toujours aussi heureux qu’ils méritent de l’être.
M. du Tillot 5 n’est-il pas toujours premier ministre de Parme ? mais n’a-t-il pas un autre nom et un autre titre ? »
1 Copie Beaumarchais-Kehl, datée « 1er mai 1769» ; l'éd. Kehl date du début de mai . La date est titrée de la première ligne qui se rapporte à la lettre du 30 avril à Lekain, et convient sans doute .
2 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome9.djvu/443
3 Ces deux mots sont biffés sur la copie Beaumarchais et remplacés par dernière , qu'imprimeront toutes les éditions .
4 Mme de Choiseul.
5 Guillaume-Léon du Tillot, marquis de Felino : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Du_Tillot
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31/10/2024
On peut faire des applications malignes, mais il me semble qu’elles seraient bien forcées
... Bruno Retailleau dixit , avec approbation du RN pour une loi sur l'immigration ? et réticences possibles de la Constitution : https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/immigration-bruno-retailleau-devoile-son-projet-de-loi_6869015.html
« A Henri-Louis Lekain
30è avril 1769
On avait prévenu, il y a quinze jours, mon cher ami, le résultat que vous m’avez envoyé. Le jeune homme dont il est question donne de grandes espérances : car, ayant fait cet ouvrage avec une rapidité qui m’étonne, et n’ayant pas mis plus de douze jours à le 1 composer, il s’est fait la loi de l’oublier pendant quatre ou cinq mois, et de le retoucher ensuite de sang-froid avec autant de soin qu’il y avait mis d’abord de vivacité. Des raisons essentielles l’obligent à garder l’incognito. Je pense que plus il sera inconnu, plus il pourra vous être utile ; que la pièce 2 d’ailleurs me paraît sage, d’une morale très pure, et remplie de maximes qui doivent plaire à tous les honnêtes gens.
On peut faire des applications malignes, mais il me semble qu’elles seraient bien forcées. Le Tartuffe et Mahomet sont certainement susceptibles d’allusions plus dangereuses ; cependant on les représente souvent sans que personne en murmure.
L’intérêt que je prends au jeune auteur, et mon amour pour la tolérance, qui est en effet le sujet de la pièce, me font désirer passionnément que cette tragédie paraisse embellie par vos rares talents.
Si on s’obstinait à reconnaître l’Inquisition dans le tribunal des prêtres païens, je n’y vois ni aucun mal ni aucun danger. L’Inquisition a toujours été abhorrée en France. On vient de couper les griffes de ce monstre en Espagne et en Portugal. Le duc de Parme a donné à tous les souverains l’exemple de la détruire. Si les mauvais prêtres sont peints dans la pièce avec les traits qui leur conviennent, l’éloge des bons prêtres se trouve en plusieurs endroits.
Enfin le jugement de l’empereur, qui termine l’ouvrage, paraît dicté pour le bonheur du genre humain.
J’ai prié M. d’Argental 3, de la part de l’auteur, de me renvoyer votre manuscrit, sur lequel on porterait incontinent soixante ou quatre-vingts vers nouveaux qui me semblent fortifier cet ouvrage, augmenter l’intérêt, et rendre encore plus pure la saine morale qu’il renferme. Je renverrais le manuscrit sur-le-champ ; il n’y aurait pas un moment de perdu.
Je crois que, dans les circonstances présentes, il conviendrait que la pièce fût jouée sans délai, fût-ce dans le cœur de l’été. L’auteur ne demande point un grand nombre de représentations . Il ne veut point de rétribution ; il ne souhaite que le suffrage des connaisseurs et des gens de bien. Quand la pièce aura passé une fois à la police, elle restera à vos camarades, et la singularité du sujet pourra attirer toujours un grand concours.
J’ai mandé, autant qu’il m’en souvient, à M. et à Mme d’Argental tout ce que je vous écris. Je m’en rapporte entièrement à eux. Ils honorent l’ouvrage de leur approbation ; ils peuvent le favoriser, non-seulement par eux-mêmes, mais par leurs amis. On attend tout de leur bonté, de leur zèle, et de leur prudence.
Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher grand acteur, et je vous prie de seconder, de tout votre pouvoir, les bons offices de mes respectables amis 4.
V.»
1 le et non la , de l'éd. Besterman .
2 La tragédie des Guèbres.
3 Lettre du 20 avril 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/22/m-6519932un-enthousiasme-fanatique-et-fripon-fait-seul-plus-de-mal-que-tous.html
4 Dans quelques éditions, on trouve ici la première des Lettres à l’abbé Foucher, que nous [ Édition Garnier ]avons placées dans les Mélanges, page 431 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/439
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