22/09/2024
Il est très éloigné de vouloir jamais revenir contre ce qui a été décidé
... Le président Macron a sans doute le gouvernement qui lui plait - enfin - !
L'opposition de gauche enrage, celle de droite extrême se la joue grenouille aussi grosse que le boeuf, le citoyen sort peureusement manifester, les fins de mois restent difficiles, beaucoup d'argent public gaspillé, la montagne a accouché d'une souris .
Rentrée des classes pour : https://www.vie-publique.fr/en-bref/295289-le-gouvernemen...
Nota bene : Quelles sont les conditions pour être ministre : https://www.vie-publique.fr/fiches/19465-conditions-pour-etre-ministre-et-incompatibilites-gouvernementales
Pourquoi pas vous ? ou moi ?
Est-ce la nécessité de probité qui a ralenti si démesurément le choix de nos nouveaux gouvernants ? En notant au passage que Rachida Dati , bien que mêlée à une affaire de corruption reste en poste, ce qui ne me rassure pas sur la qualité blanc-bleu demandée aux nommés , et non respectée évidemment . Rendez-vous à de nouvelles "affaires" touchant ces nouveaux dirigeants .
« A Louise-Bernarde Berthier de Sauvigny
17è mars 1769 à Ferney
J’ai attendu, madame, pour vous remercier de la confiance et de la bonté avec laquelle vous avez bien voulu m’instruire de l’état des affaires de monsieur votre frère, que je fusse plus particulièrement informé de sa conduite présente. Je n’ai rien épargné pour en avoir les informations les plus sûres. J’ai envoyé un homme sur les lieux ; j’ai écrit aux magistrats, aux gentilshommes ses voisins. Je crois que vous serez contente d’apprendre que, depuis sept ans qu’il est dans ce pays-là, tout le monde, sans exception, a été charmé de sa conduite. On lui a donné partout droit de bourgeoisie, et on a partout recherché son amitié. Ces témoignages unanimes plairont sans doute à une sœur qui pense aussi noblement que vous.
Je sens bien que la crainte de voir un frère peu accueilli dans les pays étrangers devait vous inquiéter ; je sens combien il est cruel d’avoir à rougir de ceux à qui le sang nous lie de si près, et je partage la consolation que vous devez éprouver d’être entièrement rassurée.
Tout le défaut de M. Durey de Morsan, comme je vous l’ai déjà dit 1, madame, est cette malheureuse facilité qui causa sa ruine . Il a été pillé en dernier par trois ou quatre réfugiés, les uns banqueroutiers, les autres chargés de mauvaises affaires. Il s’était endetté pour eux. L’un d’eux lui avait fait accroire qu’il devait avoir quarante-deux mille livres de rente par la liquidation de ses biens ; et on ne lui mettait ces chimères dans la tête que pour vivre à ses dépens.
Je lui ai fait voir clair comme le jour qu’il ne doit espérer de longtemps que les six mille livres de pension auxquelles il est réduit par ses fautes passées. Je lui ai fait, sentir très fortement qu’il doit vivre avec une sage économie, en homme de lettres tel qu’il est ; et que, loin de se plaindre de vous, il doit s’appliquer à mériter votre tendresse par la conduite la plus mesurée, et par une confiance entière.
Je l’ai tiré des mains qui dévoraient sa subsistance ; j’ai payé pour lui environ deux mille livres : je lui ferai rentrer de 2 ce qu’on lui doit, autant que je le pourrai ; la pitié que m’a d’abord inspirée son état s’est changée ensuite en amitié.
Il est très éloigné de vouloir jamais revenir contre ce qui a été décidé par sa famille ; il se contentera de ses six mille livres. Il n’a nul dessein de tenter jamais de revenir à Paris ; il voudrait seulement pouvoir faire un petit voyage dans le pays de Bresse et dans celui de Saint-Claude, où on lui doit quelque argent. Je lui procurerai une habitation fixe et peu coûteuse vers le territoire de Genève ; j’empêcherai qu’il ne dépense un écu au delà de sa pension : il donnera une procuration à un homme de confiance pour recevoir son revenu tous les mois, et payer son petit ménage . Il aura des livres qui le consoleront dans sa retraite . Je veillerai sur sa conduite, j’en répondrai comme de moi-même ; et je m’engage envers vous, madame, et envers sa famille, comme s’il s’agissait de mes propres intérêts.
Je suis bien persuadé que vous aimerez mieux le savoir sous mes yeux que sous des yeux étrangers.
Je vous donne encore ma parole d’honneur qu’il ne sortira pas hors des limites du mont Jura, et qu’il n’habitera jamais aucune ville du royaume. La personne chargée de son revenu ne le permettra pas, et, de plus, je vous jure qu’il n’a nulle envie de se montrer, et qu’il veut vivre dans la plus profonde obscurité. Je me flatte, encore une fois, que ce parti vous agréera, et que vous ne souffrirez pas qu’on poursuive votre malheureux frère comme un voleur de grand chemin, tandis qu’il est assez puni de ses faiblesses passées, et qu’il les expie depuis si longtemps par une vie irréprochable. Je sais, madame, que vous avez eu de la générosité pour des étrangers . Vous en aurez pour un frère.
J'ai l'honneur d'être avec respect . »
1 Lettre du 30 janvier 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/08/ses-premieres-dettes-sont-excusables-elles-en-attirerent-d-a-6509819.html
2 L'édition Besterman omet le mot ce .
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Il est vrai que les énergumènes de ce temps-ci sont plus dangereux ... ceux-ci veulent s’engraisser et dominer
... La Gauche ne sait plus que crier à l'injustice de n'avoir pas l'honneur d'être des ministrables , le RN plus vicieux manoeuvre en sourdine .
A l'heure où sera publiée cette note on saura peut-être enfin qui seront nos gouvernants , pour un certain temps ...
« A Hans Karl Heinrich von Trautschen 1
16è mars 1769
Monsieur, si la vieillesse et la maladie l’avaient permis, j’aurais eu l’honneur de vous remercier plus tôt de votre lettre et de votre dialogue 2. On dit que les Allemands sont fort curieux de généalogies ; je vous crois descendu de Lucien en droite ligne ; vous lui ressemblez par l’esprit ; il se moquait, comme vous, des prêtres de son temps . Les choses n’ont guère changé que de nom. Il y a toujours eu des fripons et des fanatiques qui ont voulu s’attirer de la considération en trompant les hommes, et toujours un petit nombre de gens sensés qui s’est moqué de ces charlatans.
Il est vrai que les énergumènes de ce temps-ci sont plus dangereux que ceux du temps de Lucien, votre devancier. Ceux-là ne voulaient que faire bonne chère aux dépens des peuples ; ceux-ci veulent s’engraisser et dominer. Ils sont accoutumés à gouverner la canaille, ils sont furieux de voir que tous les gens bien élevés leur échappent. Leur décadence commence à être universelle dans l’Europe. Une certaine étrangère nommée la raison a trouvé partout des apôtres, depuis une quinzaine d’années. Son flambeau a éclairé beaucoup d’honnêtes gens, et a brûlé les yeux de quelques fanatiques qui crient comme des diables. Ils crieront bien davantage, s’ils voient votre joli dialogue.
Pour moi, monsieur, je n’élève la voix que pour vous témoigner mon estime et ma reconnaissance, et pour vous dire avec quels sentiments respectueux j’ai l’honneur d’être,
monsieur,
votre, etc. »
1 Voir : https://de.wikipedia.org/wiki/Hans_Karl_Heinrich_von_Trautzschen
Le nom du destinataire a été jusqu'ici donné par erreur sous la forme Trantzsehen par une double erreur de lecture sur les lettres u et c ; le nom devait être écrit Trautzehen sur le manuscrit original .
Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7508
2 Voir : Militarische und Litterarische Briefe , 1769 . L’auteur n’a point place dans l’Allemagne littéraire.
Voir : https://saebi.isgv.de/biografie/Hans_Karl_Heinrich_von_Tr...)
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21/09/2024
On commence à être très las de toutes les disputes sur l'origine des parlements
... A la proportionnelle ou pas, chaque élu est bien heureux du résultat qui le concerne, et se fiche des vaincus , comme d'hab' .
« A Gabriel Cramer
[Mars 1769]
Voici bientôt le temps, mon cher Caro, d'achever votre Histoire du Parlement 1 . Je crois qu'avant deux mois tout sera décidé, réglé et aplani .
En attendant, je vous prie de faire imprimer quelques exemplaires d'une troisième édition 2 corrigée et augmentée d'un certain petit rogaton qu'on m'a envoyé sur les affaires présentes ; cette petite pièce peut, si je ne me trompe, faire quelque bien, et préparer les esprits . Il me semble qu'il y a des faits vrais, et point d' injure .
On commence à être très las de toutes les disputes sur l'origine des parlements, et on paraît assez content de cette nouvelle brochure qui n'entre point dans ces conditions ennuyeuses . Je vous prie très instamment de me faire l'amitié d'imprimer d'un caractère cicéro, et de vouloir bien m'en faire tenir trente-six exemplaires le plus tôt que vous pourrez . Il est nécessaire que tout ceci finisse, sans quoi messieurs nos payeurs de Paris auraient toujours un prétexte de ne payer personne !
Vale .
Le vieil ermite. »
1 Histoire du Parlement de Paris, publié fin mai-début juin 1769 :https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_parlement_de_Paris
2 Probablement des Questions sur les miracles : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier
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20/09/2024
Une partie de l’Europe me console d’être né français
... Une moitié de l'Europe suffit à me faire apprécier l'autre moitié comprenant la France .
« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville
15è mars 1769
Vous me mandez, par votre lettre du 25 février 1, que ma dernière lettre tenait un peu de l’aigre-doux. S’il y a du doux, mon cher marquis, il est pour vous : s’il y a de l’aigre, il est pour toutes les sottises de Paris, pour le mauvais goût qui y règne, pour les plates pièces qu’on y donne, pour les plats auteurs qui les font, et pour les plats acteurs qui les jouent ; pour la décadence en toutes choses, qui fait le caractère de notre siècle.
Je sens pourtant que j’aimerais encore le tripot de la Comédie, si j’étais à Paris ; mais je vous aimerais bien davantage : ce serait une consolation pour moi de parler avec vous des impertinences qu’on a la bêtise d’applaudir sur le théâtre où Mlle Lecouvreur a joué Phèdre.
À l’égard des autres bêtises, je ne vous en parle point, parce que je les ignore, Dieu merci. Je suis encore enterré sous la neige au mois de mars. Je me réchauffe dans une belle fourrure de martre zibeline que l’impératrice Catherine m’a envoyée, avec son portrait enrichi de diamants, et une boîte tournée de sa main, avec le recueil des lois qu’elle a données à son vaste empire. Tout cela m’a été apporté par un prince qui est capitaine de ses gardes. Je doute qu’une lettre d’un bureau de ministre puisse être plus agréable. Une partie de l’Europe me console d’être né français, et de n’être plus que suisse 2.
Je vous embrasse bien tendrement.
V. »
1 Les lettres du marquis de Thibouville à V* n'ont pas été conservées .
2 Mot significatif de l'état d'esprit de V* à l'époque .
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Vous êtes aucunement le maître, monsieur, de demeurer dans un cul-de-sac
... M. Michel Barnier vous y avez été fourré par le président , certes, mais vous n'avez pas dit "non", croyant sans doute que pour sortir d'un cul-de-sac reculer est aussi simple qu'y entrer ou que , optimisme remarquable ou confiance démesurée, vous considériez le fond inatteignable ou inexistant .
« A Simon-Nicolas-Henri Linguet 1
A Ferney 15è mars 1769 2
Vous êtes aucunement le maître, monsieur, de demeurer dans un cul-de-sac 3, de dater vos lettres du mois d’août, quoique celui qui a donné son nom à ce mois se nommât Augustus, et d’appeler la ville de Cadomum, Can 4, quoiqu’on l’écrive Caen. Vous aurez pu voir des courtisans chez le roi, sans avoir jamais vu de courtisanes chez la reine. Vous avez vu dans votre cul-de-sac passer les coureurs du cardinal de Rohan, mais point de coureuses. Vous aurez vu chez lui de beaux garçons, et point de garces ; des architraves dans son palais, et aucune trave. Les gendarmes qui font la revue dans la cour de l’hôtel de Soubise sont si intrépides qu’il n’y en [a] pas un de trèpide.
La langue d’ailleurs s’embellit tous les jours : on commence à éduquer les enfants, au lieu de les élever ; on fixe une femme, au lieu de fixer les yeux sur elle. Le roi n’est plus endetté envers le public, mais vis-à-vis le 5 public. Les maîtres d’hôtel servent à présent des rostbif de mouton 6, tandis que le Parlement obtempère ou n’obtempère pas aux édits.
Notre jargon deviendra ce qu’il pourra. Je suis moitié Suisse et moitié Savoyard, enseveli à soixante-quinze ans sous les neiges des Alpes et du mont Jura ; je m’intéresse peu aux beautés anciennes et 7 nouvelles de la langue française ; mais je m’intéresse beaucoup à vos grands talents, à vos succès, au courage avec lequel vous avez dit quelques vérités 8. Vous en diriez de plus fortes si ceux qui sont faits pour les redouter ne cherchaient point à les écraser ; cependant elles percent malgré eux. Le temps amène tout, et la raison vient enfin consoler jusqu’aux misérables qui se sont déclarés contre elle. Le même imbécile, conseiller de grand’chambre, qui a donné sa voix contre l’inoculation, finira par inoculer son fils, et quand la campagne aura besoin de pluie, on ne fera plus promener la châsse de sainte Geneviève à Paris sur le pont Notre-Dame.
J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec toute l'estime que vous méritez, votre . »
2 Réponse à la lettre de Linguet : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7496
Minute autographe à partir de et quand la campagne … ; copies Beaumarchais -Kehl ; éd. « Réponse de M. de Voltaire à M. Linguet », Journal étranger 1er septembre 1769, VI, 299-300 . Linguet, comme Féraud était un adepte de la « néologie ».
3 V* a horreur de cul-de-sac ; voir lettre du 11 juin 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/18/donner-a-ceux-qui-peuvent-defendre-le-bon-gout-contre-le-prejuge.html
4 L'étymologie de Caen est longuement discutée dans le Dictionnaire universel de Thomas Corneille : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040116g/f7.item
Quoi qu'il en soit, V* prend les choses à l'envers : c'est l'orthographe qu'on pourrait changer pour la mettre en accord avec la prononciation et non la prononciation qui comme pour les mots faon, taon, paon, etc., a réduit l'hiatus existant en ancien français .
5 Ici, V* ne songe pas qu'une langue, contrairement à ce qu'on entend dire parfois n'est pas un système réductible à un modèle formalisable . Toute langue comporte l'anormal à côté du régulier, la redondance à côté de la déficience, l'analogique à côté du logique, etc. , et toutes ces irrégularités se trouvent, non dans la périphérie, mais au cœur même du système linguistique . Il n'est, pour s'en convaincre,que d'examiner les formes du verbe être ou ou du verbe aller .
6 Ici, V* reprend un certain nombre de néologismes déjà signalés (sauf fixer transitif) dans le Dictionnaire néologique de l'abbé Desfontaines et Jean-Jacques Bel , 1726 ; plusieurs réédition augmentées jusqu'en 1750 .
Voir : https://www.persee.fr/doc/gadge_1950-974x_2009_num_7_1_930
7 Cette impropriété ne semble pas s'être répandue ; pourtant V* reprend sa critique au début de sa Lettre à l'Académie française, 1776 : https://books.google.ru/books?id=aBVbAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
8 Ces mots sont de la main de V*sur le manuscrit .
09:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/09/2024
Cela est plaisant . Ces personnes en place sont des faiseurs de brochures qui dans leurs greniers avaient proposé de nouveaux systèmes de finances
... On les trouve face à Michel Barnier, dans le meilleur des cas, et dans son dos pour le descendre pour les plus détestables : https://www.lesechos.fr/
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy , Conseiller
au Parlement
rue d'Anjou au Marais
à Paris
15è mars 1769
Mon cher conseiller, les notaires et les procureurs diront tout ce qu’ils voudront, mais , nemo dat quod non habet 1 . Je n'ai qu'un seul exemplaire in-4° dont on m'a fait présent . Voilà tout ce que mon greffe me produit dans mon métier, quoiqu’on ait imprimé que j'avais gagné quatre cent mille francs à faire de mauvais livres . Cramer de Genève et Panckoucke de Paris se sont avisés de faire cette édition in-4° sans me consulter . Ils y ont mis des choses qui ne devaient pas y être ; je n'en ai jamais vu une seule feuille. Cela est extraordinaire mais cela est vrai 2. Il faut apparemment que je sois condamné puisqu'on a confisqué mon bien .
J'ai donné la jouissance du château de Tournay à Cramer par pure bénévolence, et pour être plus à portée d'avoir quelquefois des nouvelles de ce qu'il imprime . Il n'est pas venu chez moi quatre fois dans l’année . Il a vendu toute son édition à Panckoucke, que je ne connais point ; et d'ailleurs il n'y en a encore que la moitié d'imprimée 3.
Je vous supplie de vouloir bien envoyer le petit billet de Cramer que vous avez à un pauvre diable nommé Merlin, libraire qui ne sait pas lire, et qui demeure rue de la Harpe à l’enseigne Saint Joseph, il en fera usage pour d'autres pauvres diables qui aiment les livres, et qui n'ont pas le moyen de les acheter .
Vous souvenez-vous d'une certaine qualification des Quarante écus, comme contraire ua respect dû aux personnes en place ? Cela est plaisant . Ces personnes en place sont des faiseurs de brochures qui dans leurs greniers avaient proposé de nouveaux systèmes de finances. C'est de ces gredins qu'on se moquait dans L'Homme aux quarante écus . On les y appelle par dérision les anciens ministres, l’ancien gouvernement . Les gens qui trouvèrent ce livre entre les mains du nommé Josserand, en voyant ces mots : gouvernement, ministres, contrôleurs généraux, s'imaginèrent que c'était en effet du contrôleur général et des ministres réels qu'on parlait . De pareille méprises ne sont pas rares . Le défaut le plus ordinaire de la plupart des hommes est de n'avoir pas le sens commun , témoin la manière dont les choses vont quelquefois . Si vous aviez pu voir comme moi le temps du système de Law 4, vous auriez été bien ébaubi .
Adieu, mon cher petit-neveu, ayez toujours un peu d’amitié pour votre très vieux grand-oncle . J'embrasse tendrement toute la famille .
V. »
1 Personne ne donne ce qu'il ne possède pas . Cet aphorisme a été corrigé ici, donné par Besterman sous la forme : Ne modat quod non habet.
2 Bien entendu ceci n'est pas à prendre au pied de la lettre . Il est seulement vrai que pour ce qui touchait au contenu de chaque volume de l'édition quarto Cramer ne consultait guère V*, mais il lui donnait néanmoins les feuilles à corriger .
3 A cette date, les douze premiers volumes allaient paraître . Le treizième, contenant les contes, devait suivre avant la fin de l'année et la collection atteindre trente volumes en 1777 .
4 Écrit Lass dans la manuscrit autographe .
09:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
18/09/2024
Il fera de grandes choses si on lui laisse ses coudées franches ; mais je ne les verrai pas, car je ne digère plus ; et, quand on manque par là, il faut dire adieu
... M. Barnier, hâtez le pas, qui que vous choisissiez vous vous tromperez et serez trompé dans les mêmes proportions que vos prédécesseurs, les canards boiteux étant légions et les cygnes immaculés en voie de disparition . La basse-cour ministérielle sera immanquablement bouffée par le renard financier .
https://perrico.over-blog.com/2024/09/michel-barnier-mission-impossible-ou-pas.html
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
15è mars 1769
Vous me marquâtes, madame, par votre dernière lettre, que vous aviez besoin quelquefois de consolation 1. Vous m’avez donné la charge de votre pourvoyeur en fait d’amusements ; c’est un emploi dont le titulaire s’acquitte souvent fort mal. Il envoie des choses gaies et frivoles quand on ne veut que des choses sérieuses ; et il envoie du sérieux quand on voudrait de la gaieté : c’est le malheur de l’absence. On se met sans peine au ton de ceux à qui on parle ; il n’en est pas de même quand on écrit : c’est un hasard si l’on rencontre juste.
J’ai pris le parti de vous envoyer des choses où il y eût à la fois du léger et du grave, afin du moins que tout ne fût pas perdu.
Voici un petit ouvrage contre l’athéisme 2, dont une partie est édifiante et l’autre un peu badine ; et voici en outre mon testament 3, que j’adresse à Boileau. J’ai fait ce testament étant malade, mais je l’ai égayé selon ma coutume ; on meurt comme on a vécu.
Si votre grand-maman est chez vous quand vous recevrez ce paquet, je voudrais que vous pussiez vous le faire lire ensemble ; c’est une de mes dernières volontés. J’ai beaucoup de foi à son goût pour tout ce que vous m’avez dit d’elle, et je n’en ai pas moins à son esprit, par quelques-unes de ses lettres que j’ai vues, soit entre les mains de mon gendre Dupuits, soit dans celles de Guillemet 4, typographe en la ville de Lyon.
Il m’est revenu de toutes parts qu’elle a un cœur charmant. Tout cela, joint ensemble, fait une grand-maman fort rare. Malgré le penchant qu’ont les gens de mon âge à préférer toujours le passé au présent, j’avoue que de mon temps il n’y avait point de grand-maman de cette trempe. Je me souviens que son mari me mandait, il y a huit ans, qu’il avait une très aimable femme, et que cela contribuait beaucoup à son bonheur 5. Ce sont de petites confidences dont je ne me vanterais pas à d’autres qu’à vous. Jugez si je ne dois pas prier Dieu pour son mari dans mes codicilles. Il fera de grandes choses si on lui laisse ses coudées franches ; mais je ne les verrai pas, car je ne digère plus ; et, quand on manque par là, il faut dire adieu.
On me mande que le président Hénault baisse beaucoup 6; J’en suis très fâché, mais il faut subir sa destinée…
Je voudrais qu’à cet âge
On sortît de la vie ainsi que d’un banquet,
Remerciant son hôte, et qu’on fît son paquet.7
Le mien est fait il y a longtemps. Tout gai que je suis, il y a des choses qui me choquent si horriblement que je prendrai congé sans regret. Vivez, madame, avec des amis qui adoucissent le fardeau de la vie, qui occupent l’âme, et qui l’empêchent de tomber en langueur. Je vous ai déjà dit 8 que j’avais trouvé un admirable secret, c’est de me faire lire et relire tous les bons livres à table, et d’en dire mon avis. Cette méthode rafraîchit la mémoire, et empêche le goût de se rouiller ; mais on ne peut user de cette recette à Paris : on y est forcé de parler à souper de l’histoire du jour, et quand on a donné des ridicules à son prochain, on va se coucher. Dieu me préserve de passer ainsi le peu qui me reste à vivre !
Adieu, madame ; je vivrai plus heureux si vous pouvez être heureuse. Comptez que mon cœur est à vous comme si je n’avais que cinquante ou soixante ans. »
1 Voir la lettre du 1er mars 1769 de la marquise : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7492
2 Épître à l’auteur du livre des Trois Imposteurs ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome10.djvu/412
et lettre du 12 mars 1769 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/13/qui-connait-tres-particulierement-la-presidente-et-qui-m-en-6514424.html
3 Épître à Boileau : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome10.djvu/407
4 Voltaire a signé de ce nom la lettre du 2 février 1769 et quelques autres à Mme de Choiseul. Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/08/j-ai-pense-que-cela-vous-amuserait-plus-que-les-assemblees-d-6509875.html
5 Dans une lettre du 22 avril 1760 .
Ce passage de la lettre de Voltaire fit grand plaisir à la duchesse de Choiseul, qui écrit à Mme Du Deffand : « Ce qui m’en a fait le plus de plaisir, c’est l’endroit de sa lettre où il dit que le grand-papa (le duc de Choiseul) lui a mandé qu’il avait une femme qui contribuait à son bonheur. Ô vanité des vanités ! tout n’est que vanité ! Ne le voyez-vous pas bien, ma chère petite-fille, à ma sensibilité pour ce petit bout de phrase. » (Correspondance complète de Mme du Deffant avec la duchesse de Choiseul, etc., tome Ier, page 194 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2063902/f329.item )
6 Il mourra le 24 novembre 1770 .
7 La Fontaine, VIII, 1 : https://www.texteslibres.fr/livre-8-des-fables-de-la-fontaine/la-mort-et-le-mourant-1326.html . Vers inexactement cités comme dans la lettre du 8 mars 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/28/vous-savez-que-je-ne-presenterai-jamais-requete-pour-etre-ma-6468273.html
8 Cette lettre manque.
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