01/09/2025
J'espère qu'il y aura quelques articles plus amusants pour votre imbécillité. Vous êtes imbécile, à ce que je vois, comme Archimède et Tacite, quand ils étaient las de travailler
... Voir les débats télévisés politiques actuels et à venir suites aux déclarations ministérielles, comme ceci : https://www.tf1info.fr/politique/direct-crise-politique-vote-de-confiance-budget-2026-francois-bayrou-interview-refuse-de-faire-ses-adieux-et-creuse-son-sillon-sur-la-dette-les-dernieres-informations-lundi-1er-septembre-2025-2391916.html
« A Jean Le Rond d'Alembert
19 de mars 1770
Mon cher philosophe, mon cher ami, vous êtes assurément fort modeste, car vous traitez bien mal vos panégyristes, qui n'ont entrepris cet ouvrage que pour vous rendre hommage 1.
Si l'imprimeur a mis 3 pour 7, cela se corrigera aisément.
Vous avez toujours sur le bout du nez un certain homme 2. Le contrôleur-général vient de me prendre deux cent mille francs 3, seul bien libre que j'avais, et dont je pusse disposer; de sorte que, s'il ne me les rend point, je n'ai pas de quoi récompenser mes domestiques après ma mort 4. L'autre, au contraire, m'a accordé sur-le-champ toutes les grâces que je lui ai demandées, places, argent, honneurs, et je ne lui ai jamais rien demandé pour moi. Vous devriez me mépriser si je ne l'aimais pas.
Il me paraît que français doit avoir la préférence sur francès : 1° parce que dans plusieurs livres nouveaux on emploie français et non pas francès ; 2° parce qu'on doit écrire : je fais, tu fais, il fait, et non pas je fès, tu fès, il fêt ; 3° parce que la diphtongue ai indique bien plus sûrement la prononciation qu'un accent qu'on peut mettre de travers, qu'on peut oublier, et que les provinciaux prononcent toujours mal ;
4° Parce que la diphtongue ai a bien plus d'analogie avec tous les mots où elle est employée ; 5° Parce qu'elle montre mieux l'étymologie. Je fais, facio ; je plais, placeo ; je tais, taceo. Vous voyez qu'il y a toujours un a dans le latin.
Je fais une grande différence entre les bâillements des voyelles au milieu des mots, et les bâillements entre les mots, parce que les syllabes d'un mot se prononcent tout de suite, et qu'on doit très souvent, dans le discours soutenu, séparer un peu les mots les uns des autres.
Je fais encore une grande différence entre le concours des voyelles et le heurtement des voyelles. Il y a longtemps que je vous aime : cet il y a est fort doux ; il alla à Arles est un heurtement affreux.
Nous avons voyelle qui entre, et voyelle qui n'entre point. Je dirais hardiment dans une comédie de bas comique : il y a plus d'un mois que je ne vous ai vu.
Je n'aime point un verbe en monosyllabes. Nos barbares de Welches ont fait il a d'habet.
L'abbé Audra a à Toulouse un, etc.
J'avoue qu'il y a un peu d'arbitraire dans mon euphonie ; chacun a l'oreille faite comme il peut.
Un e ne me paraît point choquer un e, comme a choque un a.Immolée à mon père n'écorche point mon gosier, parce que les deux e font une syllabe longue. Immolé à mon père m'écorche, parce qu'é est bref. Je peux avoir tort en voyelles et en consonnes ; mais je crois que si les vers des Quatre saisons et de La Religieuse flattent mon oreille, et si tant d'autres vers la déchirent, c'est que MM. de Saint-Lambert et de La Harpe ont senti comme je sens.
Je vous demande très humblement pardon de toutes ces pauvretés ; elles sont au-dessous de vous, je le sais bien ; il ne faut pas parler d' a b c à Newton. J'espère qu'il y aura quelques articles plus amusants pour votre imbécillité. Vous êtes imbécile, à ce que je vois, comme Archimède et Tacite, quand ils étaient las de travailler.
Ne m'oubliez pas auprès de M. de Saint-Lambert. Madame Denis et moi nous vous embrassons de tout notre cœur.
V.
Voici une affaire qui n'est pas de grammaire : je vous prie instamment d'en conférer avec M. Duclos.
Vous me demandez ce que je pense de la Religieuse, des Géorgiques et de l'Exportation des blés.
Je dis anathème à quiconque ne pleurera pas en lisant la Religieuse ;
A quiconque ne rira pas des facéties de Galiani, lequel pourrait bien avoir raison sous le masque ;
et à quiconque ne sera pas charmé de voir Virgile traduit mot à mot avec élégance.
Puisque je suis en train d'excommunier, et que c'est mon droit, en qualité de capucin, j'excommunie aussi les gens sans goût et sans connaissance de la campagne, qui n'aiment pas les Quatre saisons de M. de Saint-Lambert.
Bonsoir, mon cher philosophe ; je suis bien malade, mais je prends cela de la part d'où ça vient.
Mémoire sur lequel M. Duclos est prié de dire son avis,
et d'agir selon son cœur et sa prudence.
Le sieur Royou 5, avocat au parlement de Rennes, me mande de Londres 6, où il est réfugié, que le nommé Fréron, ayant épousé sa sœur depuis trois ans, a dissipé sa dot en débauche, et fait coucher sa femme sur la paille, qu'il la maltraite indignement, etc. .
Qu'étant venu à Paris pour y mettre ordre, Fréron l'a accusé d'un commerce secret avec M. de La Chalotais, et a obtenu une lettre de cachet contre lui ; que Fréron a conduit lui-même les archers dans son auberge, et lui a fait mettre les fers aux pieds et aux mains. N.B. Fréron tenait le bout de la chaîne ;
Que par un hasard singulier, le sieur Royou s'est échappé de sa prison ; que Fréron a servi, pendant six mois, d'espion à Rennes ; qu'il a depuis été espion de la police, et que c'est la seule chose qui l'a soutenu ;
Qu'on peut s'informer de toutes les particularités de cette affaire au sieur Royou, père du déposant, lequel demeure à Quimper-Corentin ; à M. Dupont, conseiller au parlement de Rennes; à M. Duparc, professeur royal en droit français, à Rennes ; à M. Chapelier 7, doyen des avocats, à Rennes.
La personne à qui le fugitif s'est adressé ne fera rien sans que M. Duclos ait pris des informations, qu'il ait donné son avis, et accordé sa protection au sieur Royou. »
1 V* dans ce paragraphe , comme dans le reste de la lettre, répond de façon précise à la lettre du 10 mars de d'Alembert ; voir : https://www.monsieurdevoltaire.com/2020/06/correspondance-avec-d-alembert-partie-57-5.html
2 Choiseul que d'Alembert n'aimait pas .
3 En suspendant le paiement des rescriptions. Voyez les Stances à Saurin : https://www.monsieurdevoltaire.com/2016/02/stance-a-m-saurin-de-l-academie-francaise.html
(G.Avenel.)
4 Presque toute la fortune de Voltaire était placée en rentes viagères. (G.Avenel.)
5 Né en 1745, mort en 1828. C'est le frère de l'abbé Royou, rédacteur de L'Ami du Roi sous la Révolution. Il collabora aussi à cette feuille royaliste . (G.Avenel.)
6 L'indication « Londres » ne figure pas ailleurs . Quant à la lettre elle-même, elle est donnée à propos de la lettre du 18 mars 1770 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/31/m-6560967.htm
7 Père du député de ce nom à la Constituante . (G.Avenel .)Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_Le_Chapelier
18:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
En vérité je ne sais quel parti prendre. Mon avis est qu’on attende les événements de cette campagne ; est-ce le vôtre ?
... L'orage gronde à l'Elysée ( tempête sous un crâne ) et la foudre va tomber à Matignon . Zone rouge .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
18è mars 1770
Je reçois la lettre du 13 de mars, mon cher ange. Il n’y a point eu de retardement à celle-ci. Il faut que la première, du 27 de février 1, ait traîné dans quelque bureau ; ce qui arrive quelquefois.
Je ne suis pas assurément en état de travailler au Dépositaire pour le moment présent ; mais j’espère que Dieu m’exaucera quand j’aurai fait mes Pâques. Jamais temps ne fut plus favorable pour des restitutions de dépôt. J’espère que la grâce se fera entendre au cœur de M. l’abbé Terray. Voudrait-il m’enlever mon seul bien de patrimoine, que j’avais en dépôt dans la caisse de M. de Laborde, le seul bien qui puisse répondre à mes nièces des clauses de leurs contrats de mariage, le seul avec lequel je puisse récompenser mes domestiques ? Dans quel tribunal une telle action serait-elle admise ? en a-t-on un seul exemple, excepté dans les proscriptions de Sylla et du Triumvirat ? M. l’abbé Terray, qui sort de la grand-chambre, ne devrait-il pas distinguer entre ceux qui achètent du papier sur la place, et ceux qui déposent chez le banquier du roi leur bien paternel ? Je vois bien qu’il faudra que je meure en capucin, tel que j’aurai vécu.
Dès que j’aurai chassé ces tristes idées de ma cervelle encapuchonnée, et que ma chèvre aura mis un peu de douceur dans mon sang, je vous parlerai de Ninon 2; je vous dirai qu’elle ne serait pas Ninon si elle ne formait pas les jeunes gens, et qu’alors il faudrait lui donner tout un autre nom. Le plaisant et l’utile, à mon gré, est qu’une coquette soit cent fois plus vertueuse qu’un marguillier, sans quoi il n’y a plus de pièce.
Je ne connais ni Sylvain 3, ni les Trois Capucins 4. Je suis entièrement de votre avis sur La Religieuse 5. C’est la seule pièce de théâtre qui nous tire de la barbarie welche ; elle est écrite comme il faut écrire.
Je tremble sur la démarche de Mlle Daudet 6. Comment l’envoyer dans un pays si orageux, pendant une guerre ruineuse, et qui peut finir d’une manière terrible, quoiqu’elle ait heureusement commencé ? En vérité je ne sais quel parti prendre. Mon avis est qu’on attende les événements de cette campagne ; est-ce le vôtre ?
On dit qu’on ne pendra ni Billard 7 le dévot, ni Grizel 8 l’apôtre ; c’est bien dommage que ce confesseur ne soit pas martyr. J’ai quelque envie de donner à M. Garant 9 le nom de Grizant au moins.
Mais si vous avez quelqu’un à pendre, je vous donne Fréron. Lisez, je vous prie, le mémoire ci-joint que m’a envoyé son beau-frère 10 11. Tâchez d’approfondir cette affaire, quand ce ne serait que pour vous amuser. On m’assure que Fréron est espion de la police, et que c’est ce qui le soutient dans le beau monde. Je me flatte que vous distribuerez des copies du petit mémoire du beau-frère. Il faut rendre justice aux gens de bien.
Nous faisons mille vœux ici pour la santé de Mme d’Argental ; vous savez si nos cœurs sont aux deux anges.
V.»
1 Lettre Besterman D 16185.
2 Dans la comédie du Dépositaire .
3 Voir lettre du 3 mars 1770 à la marquise de Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/03/08/allons-courage-mettez-la-philosophie-l-humanite-a-la-mode.html
4 Les Trois Capucins n'ont pu être identifiés malgré la référence qu'on y trouve dans une lettre de d'Argental du 26 mars 1770 : « Vous ne voulez pas convenir des Trois Capucins. Je ne vous en parlerai plus . »
5 Mélanie, de Marmontel ; voir la lettre du 26 janvier 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/07/04/l-aventure-de-cette-pauvre-novice-qui-en-se-mettant-une-cord-6553752.html
6 Fille de Mlle Lecouvreur ; voir note 5 de la lettre du 16 août 1753 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome38.djvu/123
7 Voir note 2 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome8.djvu/554
8 Voir ibid.
9 L’un des personnages du Dépositaire ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/406
10 Voici le texte de cet étrange « mémoire » tel qu'il est donné dans Dieu , réponse au Système de la nature, 1770.
« Mardi matin 6 mars 1770.
« Fréron, auteur de l'Année littéraire est mon cousin, et, malheureusement pour ma sœur, pour moi et pour toute la famille, mon beau-frère depuis trois ans .
Mo père subdélégué et sénéchal du Pont-l'Abbé, à trois lieues de Quimper-Corentin en Basse-Bretagne, quoique dans une situation aisée, n’étant pas riche, ne donna à sa fille que vingt mille livres de dot . Trois jours après les noces, M. Fréron jugea à propos d'aller à Brest, où il dissipa cette somme avec des bateleuses .
Il revint chez son beau-père pour donner à ma sœur, sa femme, un tr-s mauvais présent et demander en grâce de quoi se rendre à Paris . Mon père fut assez bon, ou plutôt assez faible pour donner encore mille écus … Il t »tait alors à Lorient et quoiqu'il reçut cette nouvelle somme par lettre de change, il ne put se rendre qu'à Alençon, et fit le reste de la route jusqu'à Paris comme les capucins, et ne donna pour toute voiture à sa femme qu’une place sur un peu de paille de la voiture publique .
Arrivé à Paris, il n'en agit pas mieux avec elle . Ma sœur, après deux ans de patience, se plaignit à mon père, qui m'ordonna de me rendre incessamment à Paris pour m'informer si ma sœur était aussi cruellement traitée qu'elle le lui marquait . Alors Fréron chercha et tenta par tous les moyens de me perdre . Il sut que, pendant les troubles du parlement de Bretagne, où je militais depuis plusieurs années en qualité d'avocat, j'ai montré un zèle vraiment patriotique et toute la fermeté d'un bon citoyen .
Comme il faisait le métier d'espion, il ne négligea rien pour obtenir, par le moyen de …, une lettre de cachet pour me faire enfermer .
Fréron qui voulait être à la fois ma partie, mon témoin et mon bourreau, vint en personne, escorté d'un commissaire et de neuf à dix manants, m'arrêter dans mon appartement à Paris, rue des Noyers . Il me fit traiter de la manière la plus barbare, et conduire au petit Châtelet, où je passai, dans le fond d'un cachot la nuit du dimanche au lundi de la Pentecôte . Le lundi, Fréron se rendit environ les dix heures du matin, avec ses affiliés, au petit Châtelet . Il me fit charger de chaînes et conduire à mes destinations . Il était à côté de moi dans un fiacre, et tenait lui-même les chaînes, etc.,etc. »
Sur le caractère suspect de ce Royou voir la lettre du 23 avril 1770 à La Harpe : « Avez-vous entendu parler de l'aventure de Fréron et de son beau-frère ? Ce beau frère nommé Royou est avocat au parlement de Rennes . Il prétend que Fréron est venu à Rennes pendant les troubles en qualité d'espion, l'a déféré au gouvernement .[...] » V* finira par en convenir, mais non sans avoir exploité au maximum les « informations » contenues dans la présente lettre .
11 Un passage de ce mémoire est note 1 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome17.djvu/235.
. Voyez aussi le Mémoire à la suite de la lettre : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7833
: Mémoire sur lequel M. Duclos est prié de dire son avis, et d’agir selon son cœur et sa prudence.
Le sieur Royou, avocat au parlement de Rennes[1], me mande de Londres, où il est réfugié, que le nommé Fréron, ayant épousé sa sœur depuis trois ans, a dissipé sa dot en débauches, et fait coucher sa femme sur la paille ; qu’il la maltraite indignement, etc.
Qu’étant venu à Paris pour y mettre ordre, Fréron l’a accusé d’un commerce secret avec M. de La Chalotais, et a obtenu une lettre de cachet contre lui ; que Fréron a conduit lui-même les archers dans son auberge, et lui a fait mettre les fers aux pieds et aux mains. N. B. Fréron tenait le bout de la chaîne.
Que, par un hasard singulier, le sieur Royou s’est échappé de sa prison ; que Fréron a servi, pendant six mois, d’espion à Rennes ; qu’il a depuis été espion de la police, et que c’est la seule chose qui l’a soutenu.
Qu’on peut s’informer de toutes les particularités de cette affaire au sieur Royou, père du déposant, lequel demeure à Quimper-Corentin ; à M. Dupont, conseiller au parlement de Rennes ; à M. Duparc, professeur royal en droit français à Rennes ; à M. Chapelier, doyen des avocats à Rennes.
La personne à qui le fugitif s’est adressé ne fera rien sans que M. Duclos ait pris des informations, qu’il ait donné son avis, et accordé sa protection au sieur Royou. »
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31/08/2025
Oui, madame, on a assassiné des femmes grosses
... Bien sûr des femmes enceintes et non pas des obèses . Voltaire ne se permettant pas ce genre de critique . Oui, de futures mères sont assassinées dans la bande de Gaza,: https://www.unfpa.org/fr/news/famine-confirm%C3%A9e-%C3%A0-gaza-les-femmes-enceintes-et-les-nouveau-n%C3%A9s-courent-un-risque-majeur
et d'autres en Ukraine, en nombre inconnu, bilan dissimulé :
« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
17 mars 1770
Madame,
Il ne s’agit point ici de capucins, il s’agit de femmes grosses ; vous devez les protéger ; et plût à Dieu que vous le fussiez (car la fussiez n’est pas français, régulièrement parlant ) 1. Je ferais une belle offrande à saint François mon patron.
Oui, madame, on a assassiné des femmes grosses à Genève, et je vous demande justice de monseigneur votre époux. Je vous demande en grâce de lui faire lire cette lettre 2, quoiqu’il n’ait pas beaucoup de temps à perdre.
Je ne veux pas abuser du vôtre et de vos bontés . Je suis très malade ; ma dernière volonté est pour votre salut ; et, si je réchappe, je compte avoir l’honneur de vous envoyer des œufs de Pâques. En attendant, daignez agréer le respect paternel, les prières et les bénédictions de Frère François, capucin indigne. »
1 Telle est la règle de Vaugelas, mais les femmes résistèrent longtemps à l'appliquer .
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
30/08/2025
il se peut faire qu’on vous ait caché une partie des horreurs qui se sont passées
... Exactement, sans aller jusqu'en Israël ou en Ukraine, l'horreur n'a pas de frontière ni nationalité, et on a encore un triste lot de violences sexuelles commis dans un collège- lycée catholique : c'est puant https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/08/29/violences-sexuelles-dans-un-etablissement-catholique-a-nantes-10-victimes-5-pretres-mis-en-cause_6637413_3224.html
L'Infâme sévit encore , vite, Ecr l'Inf !
« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul
17 mars 1770 à Ferney
Notre protecteur,
Vous ne croyez donc pas aux femmes grosses assassinées ? Tenez, voyez, lisez 1. Il y a huit jours que je n’ai vu votre résident ; il se peut faire qu’on vous ait caché une partie des horreurs qui se sont passées à Genève. Très souvent on ne sait pas dans une rue ce qu’on a fait dans l’autre. Pour moi, qui suis bien malade, et qui paraîtrai bientôt devant Dieu, je vous dis la vérité telle qu’on me l’a dite. Je n’en aime pas moins mon libraire Philibert Cramer, conseiller de Genève.
Je pardonnerai, à l’article de la mort, et pas plus tôt, à M. l’abbé Terray ; et je ne pardonnerai ni dans ce monde ni dans l’autre à ceux qui voudraient vous contrecarrer : voilà ma dernière volonté. Mes petits-neveux verront Versoix, mais moi je verrai Dieu face à face 2; je vous aurais donné volontiers la préférence. Agréez le profond respect du capucin, et moquez-vous de lui si vous voulez.
V. »
1 Ce memorandum n'est pas conservé, à moins qu'il ne s'agisse de celui qui est dans la lettre du 12 mars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/25/m-6560152.html
2 Genèse, XXXII, 30 : https://saintebible.com/genesis/32-30.htm
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29/08/2025
J’ai soupçonné que, dans toute cette affaire, il y avait eu quelque malin vouloir
... Rien d'étonnant à ça, mon cher Voltaire, dès qu'on parle politique, et plus encore élections, et les tractations pour que Rachida Dati puisse concourir à la mairie de Paris en sont un des exemples . Cette femme est vraiment un morpion (elle s'attache aux parti(e)s et tant pis si ça ne sent pas bon) , gloriole et pognon sont ses buts .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
17è mars 1770
Je reçois, mon cher ange, aujourd’hui 17 de mars, votre lettre du 27 de février 1. Cela est aussi difficile à concilier que la chronologie de la Vulgate et des Septante.
Quoique votre lettre vienne bien tard, je ne laisse pas d’envoyer 2 sur-le-champ à M. le duc de Choiseul les attestations de la mort de femmes grosses. Je prétends qu’on me croie quand je dis la vérité. Un capucin est fait pour être cru sur sa parole, qui est celle de Dieu. D’ailleurs on ne ment point quand on est aussi malade que je le suis ; on a sa conscience à ménager.
Si les choses de ce monde profane me touchaient encore, je vous parlerais de M. l’abbé Terray, votre ancien confrère, qui, sans respecter votre amitié pour moi, m’a pris, dans la caisse de M. de Laborde, tout ce que j’avais, tout ce que je possédais de bien libre, toute ma ressource. Je lui donne ma malédiction séraphique. Mais, plaisanterie à part, je suis très fâché et très embarrassé. Je n’ai assurément ni assez de santé, ni assez de liberté dans l’esprit pour songer au Dépositaire. Mon dépositaire est contrôleur général ; mais il n’est pas marguillier. J’ai soupçonné que, dans toute cette affaire, il y avait eu quelque malin vouloir ; et vous pouvez, en général, me mander si je me trompe.
Je vous ai envoyé une petite consultation pour M. Bouvart 3. Elle arrivera peut-être au mois d’avril, comme votre lettre de février est arrivée en mars. Je voulais savoir s’il avait des exemples que le lait de chèvre eût fait quelque bien à des pauvres diables de mon âge, attaqués de la maladie qui me mine. N’ayant point de réponse, j’ai consulté une chèvre ; et si elle me trompe, je la quitterai.
J’imagine qu’à présent vous avez quelques beaux jours à Paris, et que Mme d’Argental s’en trouve mieux. Je vous souhaite à tous deux tous les plaisirs, toutes les douceurs, tous les agréments possibles. Vous pouvez être toujours sûrs de ma bénédiction. Non seulement je suis capucin, mais je suis si bien avec les autres familles de saint François que frère Ganganelly m’a fait des compliments 4.
Vraiment oui j’ai lu La Religieuse, et ce n’a pas été avec des yeux secs. Tout ce qui intéresse les couvents me touche jusqu’au fond de l’âme.
Recommandez-vous bien aux saintes prières de
Frère François, capucin indigne. »
1 Elle est conservée.
2 Lettre du 17 mars 1770 à Choiseul : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7827
3 La lettre du 5 mars 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/16/il-demande-si-on-a-l-experience-que-le-lait-de-chevre-avec-q-6559249.html
4 Voir lettre du 16 mars à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/29/je-doute-beaucoup-de-toutes-ces-seductions-vous-savez-avoir-6560709.html
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Je doute beaucoup de toutes ces séductions. Vous savez avoir raison et plaire
... Heu ! non ! sinon M. Bayrou, premier ministre encore en place de justesse, vous n'auriez pas besoin de brandir l'article 49-1 de la Constitution : https://www.publicsenat.fr/actualites/parlementaire/vote-...
Voltaire vous aurait-il approuvé, lui qui écrivait en 1733 : "... flatté qu’en adoucissant certains traits, je pourrais obtenir une permission tacite ; et je ne sais si je prendrai le parti de gâter mon ouvrage pour avoir une approbation."
Rendez-vous le 8 , en comptant sur les abstentions .
« A Pierre-Michel Hennin
16è mars 1770
Vraiment, monsieur, je ne me plains point de Bougroz 1; mais je plains beaucoup ceux qu’il a volés. Sa femme et lui sont fort adroits. Ils enlevèrent tous leurs meubles pendant la nuit sous le nez de leur hôtesse, emportèrent la clef de l’appartement, laissèrent pour environ six cents livres de dettes, et vinrent tranquillement vous demander un passeport.
Ce Bougroz a été garde du corps dans la compagnie de Noailles, chassé probablement pour des tours semblables, et envoyé en Amérique. Il se fit depuis chirurgien, médecin et apothicaire. Il est très violemment soupçonné d’avoir empoisonné à Ferney une pauvre fille de Suisse qu’il disait sa femme.
Tout ce qu’on pourrait faire en faveur de celle qu’il a emmenée en Languedoc, et avec laquelle il a fait un contrat en Suisse, serait de l’exhorter à n’être jamais purgée de sa façon.
Je pense d’ailleurs que vous pourriez lui faire envoyer son attestation de divorce, mais avec une boîte de contre-poison.
Voilà tout ce que je sais de Bougroz.
Quant a monsieur l’a[m]bassadeur, si c’est M. le BARON DE PHILIBERT, il est bon qu’on en soit instruit à Versailles pour le recevoir selon sa dignité 2.
On prétend que monsieur le duc est fort mécontent de monsieur l’abbé 3, je le défie de l’être plus que moi ; j’aiderai pourtant la colonie autant que je le pourrai, quoiqu’on m’ait pris une somme terrible.
Il y a deux émigrants à Ferney, l’un nommé Vaucher, l’autre Gaubiac, qui veulent ravoir leurs femmes et leurs effets. On les a menacés de la prison, s’ils reviennent à Genève, parce qu’ils n’ont pas fait le serment. Je pense que vous pourriez leur accorder un passeport comme à des Français ; mais, en attendant, j’envoie leur placet à monsieur le duc, et je le prie de vous le renvoyer apostillé 4.
On m’a assuré que l’ambassadeur, qui est séduisant, séduirait M. de Taulès contre vous 5, et que tous deux séduiraient M. de Bournonville, lequel séduirait monsieur le duc. Je doute beaucoup de toutes ces séductions. Vous savez avoir raison et plaire. Vous avez séduit mon cœur pour tout le temps qu’il battra dans ma pauvre machine.
Comme le pape me fait des compliments par M. le cardinal de Bernis 6, je vous prie, monsieur, de recevoir ma bénédiction séraphique.
Frère François, capucin indigne. »
1 Réponse à la lettre du 15 mars de Hennin : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7824
2 En effet Choiseul refusa de recevoir Philibert Cramer et lui écrivit de sa main qu'il était inutile qu'il se donnât la peine de le voir, « comme il était très inutile que vous fissiez ce voyage ».
3 L’abbé Terray.
4 Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/28/procurer-a-eux-et-a-leurs-camarades-toutes-les-facilites-con-6560521.html
5 Le 24 mars, Hennin informa Choiseul des rumeurs selon lesquelles il aurait été remplacé comme envoyé à Genève, rumeurs sans fondement .
6 V* force un peu la note. Dans sa lettre du 28 février 1770 Bernis lui écrivit textuellement : « J'ai dit au pape que vous m'écriviez il y a quelque temps : :Comment donc ! Votre pape paraît avoir une bonne tête ! Depuis qu'il règne il n'a pas fait encore une sottise ! Sa Sainteté écouta cette plaisanterie avec plaisir , elle me parla avec éloge de la supériorité de vos talents . Si vous finissez par être un bon capucin, le pape osera vous aimer autant qu'il vous estime . »
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Il n'y a que vous qui puissiez me donner de mauvaises pensées si j'avais l'honneur de vous faire ma cour
... Peut-on , mesdames, être plus agréablement courtisées ?
« À Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
16 mars 1770, à Ferney.
Madame,
Je vois que vous êtes une mondaine, qui négligez les grâces d'en haut et qui n'êtes occupée que des vôtres.
Après avoir si noblement secouru les capucins mes confrères, vous abandonnez frère François qui prie Dieu soir et matin pour votre colonie de la ville de Choiseul sur la rivière de Versoix.
C'est une belle chose Madame que d'être fondateur, mais je vous prie de considérer que mon patron saint François d'Assise a été fondateur aussi, et qu'il a nourri plus de fainéants que M. l'abbé Terray n'en ruine.
Pensez-vous que si monsieur le contrôleur général m'a pris tout ce qui était dans mon tronc, j'en sois moins cher à Dieu? Tout au contraire Madame, j'en serais plus résigné . Il n'y a que vous qui puissiez me donner de mauvaises pensées si j'avais l'honneur de vous faire ma cour.
En attendant que vous me damniez, j'ose vous supplier de faire votre métier, et de satisfaire votre passion favorite c'est-à-dire, de faire du bien et de protéger des malheureux.
Daignez proposer à monseigneur votre époux d’apostiller à Genève ce placet 1 que je mets à vos pieds. Je les préfère à ceux de frère Ganganelly avec lequel je ne suis pas mal .
Agréez toujours à bon compte, Madame, ma très respectueuse bénédiction
Frère François capucin indigne.
Nota . – On m'a dit que mon libraire Cramer, député de Genève s'appelle le BARON PHILIBERT, il est bon que monseigneur le sache afin qu'il n'y ait point d'équivoque. Philibert est son nom de baptême et vous savez quelle vénération j 'ai pour ces noms-là. Un député peut mentir mais il ne peut tromper monseigneur votre époux . Au reste mon libraire est fort aimable, mais je ne voudrais pas qu’il vit mes mauvaises plaisanteries qui ne conviennent pas à la gravité de mon caractère. »
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