Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/06/2025

In vitium culpae [ducit] fuga, si caret arte / La crainte de la faute mène à l'erreur, si le sentiment de l'art est absent

... Maître Bayrou premier ministre ne craint absolument pas de commettre des fautes ce qui, hélas, ne le dispense en aucun cas d'aller d'erreur en erreur tant il manque de beau style ; il est un modèle de balourdise et fait oublier les menues dispositions de progrès .

beymedias.brightspotcdn.jpg

https://www.lopinion.fr/de-qui-se-moque-t-on/dessin-bayro...

 

 

« A Anne-Robert-Jacques Turgot

12è janvier 1770 1

Le Suisse à qui vous eûtes , monsieur, la bonté d'écrire il y a quelque temps 2 est coupable envers vous ; mais c'est que dans les intervalles de ses souffrances continuelles il travaillait pour vous-même ; car c'est à vous qu'il veut plaire quand il fait quelques tours de son métier .

On vient de m'envoyer de Paris un livre bien étrange que vous connaissez sans doute, ou que vous connaîtrez bientôt ; c'est un Dialogue sur le commerce des blés 3 avec cette devise, In vitium culpae [ducit] fuga, si caret arte 4.

J'ignore si le ministère en sera content ou non ; j'ignore même si quelque ministre n'aurait pas commandé cet ouvrage . C'est le seul de cette espèce qui soit gai et plaisant . Comment peut-on l'être sur un tel sujet ? L'auteur en a trouvé le secret ; il se fait lire comme une bonne comédie, et de plus, il ne raisonne pas mal . Il s'exprime en homme d’État.

J'ai été d'abord très surpris de voir que l'auteur est parfaitement au fait de la police des grains établie à Genève . J'ai soupçonné un moment M. d'Alembert . Il ferait tout aussi bien, et mieux, mais ce n'est pas là son style . Je ne connais qu'un seul homme que je puise accuser, encore ne l'ai-je jamais vu, c'est M. de L'Hulière 5 , qui est très protégé par M. le duc de Choiseul . Il a fait, de ma connaissance, une épître sur la dispute qui me plaît plus que quelques épîtres de Boileau . Il y a un portrait à faire mourir de rire de feu M. Daube 6 le disputeur qui n’était votre camarade qu'en qualité d maître des requêtes . Si ce n'est pas L'Hulière qui a fait les Dialogues, c'est Molière qui est revenu de l'autre monde . Il ne paraît pas trop ami de l'exportation, mais il n'en est pas l'ennemi, et il joue peu le rôle de maître Jacques .

Je suis mieux instruit sur Michon ou Michaud et Michette . Il est fort mal à l'auteur d'avoir dit à M. d'Alembert que ce petit poème était de moi . Un ancien militaire qui fait de beaux vers, qui a le courage d'attaquer le boeuf-tigre 7, doit avoir aussi le courage de l'attaquer à visage découvert, et ne point se cacher sous le casque d'un autre, quand il en a un d'une si bonne trempe . Je pourrais être très fâché contre lui, mais il faut bien lui pardonner, puisqu'il a la sagesse au moins de n'avoir donné , que je sache, aucune copie de son ouvrage dans Paris . Je suis même persuadé qu’il est assez galant homme pour se présenter au combat si le bœuf voulait me donner des coups de corne . Ce qui me fâche encore plus, c'est qu'on n'attaque que par des vers un monstre qui s'est assouvi du sang innocent . J'ai toujours la place d’Abbeville devant les yeux . Les Français oublient tout, et trop vite . Pour moi j'ai la fièvre tous les ans le 24 août, jour de la Saint-Barthélemy . J'ai le même enthousiasme pour la philosophie vertueuse ; ainsi jugez, monsieur, avec quel tendre respect je vous suis attaché .

V.

Voici un rogaton 8 qu'on m'a envoyé pour vous . »

1 Original (Lantheuil ) .

2 Lettre non connue .

4 Horace, Ars poetica, V, 31 . Traduction : La crainte de la faute mène à l'erreur, si le sentiment de l'art est absent . Ce texte est corrigé , le texte de cette citation étant incompréhensible dans l'édition Besterman( culpas frega ).

5V* pense en fait à Claude Carloman de Rulhière ; voir lettre du 26 avril 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/26/le-plus-grand-des-torts-est-d-avoir-trop-raison-6520516.html

8 Ce rogaton est peut être la Requête à tous les magistrats du royaume , 1770; voir lettre du 7 juin 1769 à Dupont de Nemours : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/12/09/le-gouvernement-nous-doit-toute-sa-protection-c-est-un-crime-de-lese-humani.html

enfin il faudra bien que l’argent se retrouve

... C'est dans l'urgence de fonds à obtenir des USA que se trouve le Haut Commissariat aux Réfugiés : 

https://www.unhcr.org/fr/actualites/communiques-de-presse/le-hcr-reste-determine-%C3%A0-proteger-les-refugies-alors-quil-ach%C3%A8ve

Il semblerait bien que Mister Trump aie du dollar à foison pour larguer des bombes mais des clopinettes pour les réfugiés . A sa défense, on peut remarquer que le HCR est sans doute doté de trop de fonctionnaires trop bien payés, comme dans tous ces organismes internationaux , de l'ONU à la Croix Rouge en passant par le BIT et l'ILO , et l'OMC, etc. : https://www.geneve.ch/themes/geneve-internationale/instit...

 

 

 

 

« A Jean-François-René Tabareau

Directeur général des postes, etc.

à Lyon

et à

Joseph Vasselier

je suis très sensiblement touché, monsieur, de tout ce qui vous arrive. Voilà une aventure bien étrange que celle de ce dévot caissier 1 qui vous emporte votre argent ! On dit qu’il portait un cilice, ou du moins qu’il le faisait porter par son laquais. Je suis bien sûr que, si vous en aviez été informé, vous ne lui auriez pas confié un sou . Mais enfin il faudra bien que l’argent se retrouve, puisqu’on a sa personne.

Je vous prie d’avoir la bonté de m’instruire de votre bonne ou mauvaise fortune dans cette singulière affaire. Croyez que je prends l'intérêt le plus vif à tout ce qui vous regarde .

Est-il bien vrai qu’il y a cinq banqueroutiers qui se sont tués dans Paris ! comment peut-on avoir la lâcheté de voler, et le courage de se donner la mort ? Voilà de plaisants Catons d’Utique que ces drôles-là !

La banqueroute est-elle aussi considérable qu’on le dit ? M. Jeannel 2 exerce-t-il toujours son emploi ? Voilà bien des questions que je vous fais. J’y ajouterai encore une importunité sur le roi de Portugal. On m’avait mandé que son aventure n’était qu’une galanterie, qu’un cocu lui avait donné quelques coups de bâton, et que cela n’était rien.

En voilà trop pour un homme accablé d’affaires, comme vous l’êtes. Ne me répondez point.

Mais vous, monsieur Vasselier, si vous avez un moment à vous, répondez-moi sur toutes mes demandes.

Votre bibliothécaire ne pourra augmenter votre cabinet de livres qu’au printemps . En attendant, conservez-moi tous deux une amitié qui fait ma consolation dans ma très infirme vieillesse. 

V.

12è janvier 1769 [1770]3

2 Jeannel est l'intendant général des Postes et fait partie du Cabinet noir : https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/7e6bfdd6bb72c24e2a77bbd05e29979f.pdf&ved=2ahUKEwiGv_XNvISOAxU7KvsDHRP-DkwQFnoECBcQAQ&usg=AOvVaw3KlcUz-iXe860VJp0l21XJ

; voir lettre du 9 août 1756 à Thieriot, note 8 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/05/je-m-unis-a-tout-hasard-aux-sentiments-des-saints-sans-savoi.html

Il mourra le 5 mars 1770 âgé de 87 ans. Son successeur sera un de ses parents Claude Rigoley, baron d'Ogny .

3 Cette lettre a toujours été classée mal à propos à l’année 1769. Elle est de 1770. (Garnier.)

Le lapsus de Wagnière concernant la date a été suivi par toutes les éditions jusqu'à ce qu'Avenel le corrigeât dans l'édition Moland .

22/06/2025

Lui rappelle que le paiement relatif au quartier échu de la rente n'a pas été fait

... Ce dont se fiche éperdument le ministre de l'Economie qui jongle  tranquillement avec les millions de sa fortune : https://www.tf1info.fr/politique/le-ministre-eric-lombard...

images.jpg

Fraudeur en col blanc 

 

 

 

« A Charles-Henri-Chrétien Rosé

[12 janvier 1770] 1

[Lui rappelle que le paiement relatif au quartier échu de la rente n'a pas été fait .]

1 L'existence de cette lettre et sa teneur ne sont connues que par la réponse de Rosé du 29 janvier 1770 ( Best. D 16119)

Si j'ai tort le temps me l'apprendra

... Peut-être !...

 

« Au baron Friedrich Melchior von Grimm

12 janvier 1770 1

J'ai cru lire, mon cher philosophe, tantôt Platon, tantôt Molière . Je me trompe fort ou le nom de l'auteur commence par un I . Si j'ai tort le temps me l'apprendra . Quoi qu'il en soit je vous remercie du fond de mon cœur de m'avoir fait lire un ouvrage qui m'a autant instruit qu'amusé 2.

On m'a fait tant de contes sur le coup donné au roi de Portugal que je ne sais plus que croire : tout ce que je vois c'est qu'il a quelques ennemis sur les bras . Si vous avez un moment de loisir, je vous prie de me dire des nouvelles de cette tracasserie et des Caton d'Utique qui se sont tués à Paris . Je suis fâché que les hommes héroïques ne soient que des banqueroutiers frauduleux et des coupeurs de bourses .

Bonsoir, mon cher prophète . L'oncle et la nièce vous font mille compliments . »

1 Copie contemporaine qui ne donne pas le nom du destinataire ; ce ne peut être que Grimm .

2 A savoir Ferdinando Galiani, Dialogue sur le commerce des blés, 1770 . Le manuscrit de l'auteur avait été revu par Diderot et Grimm, mais V*, on ne sait pourquoi l'attribue à un M. de L'Hulière ; voir lettre du même jour à Turgot  .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialogues_sur_le_commerce_des_bl%C3%A9s

21/06/2025

elle s’en ira en fumée, comme toutes les affaires qui traînent

... Allez ! du vent contre l'éolien : https://www.franceinfo.fr/environnement/energie/energies-...

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

12 de janvier [1770]

Premièrement, mon cher philosophe, il faut que je vous dise que j’ai vu, il y a quelque temps, une annonce intitulée Supplèment à l’Encyclopédie 1, etc. Ce plan ou programme, appelé prospectus, comme si nous manquions de mots français, commence ainsi :

« Des libraires associés avaient projeté de refondre entièrement l’immense Dictionnaire de l’Encyclopédie, et d’en faire un ouvrage nouveau ; mais on leur a représenté, etc. »

Il manquait à cet édit la formule car tel est notre plaisir. Vous avez enrichi les libraires, et vous voyez qu’ils n’en sont pas plus modestes.

Il y a quelqu’un qui fait, dit-on, un petit supplément 2 pour se réjouir ; mais il ne fera aucune représentation à ces messieurs.

J’ai lu un petit Avis aux gens de lettres 3, par M. de Falbaire, auteur de L’Honnête Criminel 4: il ne traite pas ces despotes , (j’entends les libraires) , avec tout le respect possible.

Je ne sais où en est actuellement l’affaire de Luneau de Boisjermain 5 ; j’imagine qu’elle s’en ira en fumée, comme toutes les affaires qui traînent.

Je sais à présent qui vous a récité des vers sur Michon ou Michault 6, je sais qui vous a dit qu’ils étaient de moi. Il n’est point du tout honnête qu’Achille ait voulu combattre sous les armes de Patrocle. Heureusement il est assez sage pour n’avoir point lâché son ouvrage dans le monde ; mais je ne dois pas être content du procédé. Je lui pardonne, à condition qu’il assommera le bœuf-tigre 7 quand il le rencontrera ; mais je ne lui pardonne qu’à cette condition.

Je m’aperçois que je passe ma vie à pardonner : mais ce n’est pas à vous, qui êtes mon vrai philosophe, et qui remplissez tous les devoirs de la société. Vos théorèmes sur cet article sont aussi bons que sur tout le reste.

Est-il vrai que l’abbé Alary 8 soit encore plus vieux et plus mal que moi ? Je l’en défie, car je n’en puis plus.

L’oncle et la nièce vous embrassent de tout leur cœur. »

1 Ce Supplément, dont les premiers volumes parurent en 1776, est intitulé Nouveau Dictionnaire des sciences et arts ; il est en cinq volumes in-folio.

Le prospectus fut reproduit notamment dans le Journal étranger du 15 septembre 1769, VI, iii, 463-465.

2 Il s’agit des Questions sur l’Encyclopédie, qui ont été fondues dans le Dictionnaire philosophique.

Ces mots peuvent suggérer que V* au lieu de fournir le Supplément à Panckoicke a décidé de donner lui-même ses Questions sur l'Encyclopédie ; voir lettre du 20 février 1770 à Cramer .

3Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey : Avis aux gens de lettres contre les prétentions des libraires, 1770, in-8°.V* eut l'idée d'inclure cet Avis dan le second volume des Choses utiles et agréables .

5 Luneau vendait ses ouvrages ; le 31 aoûl 1768, les libraires firent faire une saisie chez lui. En février 1770, la chambre de police du Châtelet déclara irrégulière la saisie, et condamna les libraires à cent écus de dommages-intérêts.

8 Pierre-Joseph Alary, membre de l’Académie française, était né le 19 mars 1690, et mourut le 15 décembre 1770. C’est de lui qu’il est question dans la lettre du 15 février 1739 à Frédéric, prince royal de Prusse  : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome35.djvu/183

20/06/2025

Mais sur quelle parole peut-on compter ?

... Ah les bons billets que nous donnent les gouvernants ! D'est en ouest et de nord en sud, où y a-t-il des gens de parole quand parlent les armes ? On vit avec les menaces de comptes à rebours fatals épuisants .

 

 

« A Sébastien Dupont

A Ferney, 11 Janvier 1770 1

Tâchez, mon cher ami, de tuer quelque gros prélat dont le bénéfice soit à la nomination de M. le duc de Virtemberg, car il m’a promis que la première place serait pour M. votre fils 2, et M. de Montmartin m’en a donné aussi sa parole. Mais sur quelle parole peut-on compter ? Je n’entends parler ni de M. Rosé 3, ni de la subrogation sur la terre du baron banquier Diétrich, ni du remboursement di questo barone 4. On s’est moqué de moi dans cet arrangement ; mais, après tout, le sieur Rosé s’est soumis à me payer quatorze mille francs tous les trois mois jusqu’à fin de compte ; et quand même il dirait : Le beau billet qu’a La Châtre ! 5 il faut qu’il me donne de l’argent.

Je vous prie de vouloir bien le faire souvenir très sérieusement de ses engagements, et d’avoir la bonté de me dire en quels termes on est avec le baron. Je soupçonne qu’il n’a jamais été question de le rembourser ; il est assez vraisemblable que tout mon argent a été donné à M. le prince de Virtemberg, qui est à Montbéliard avec quatre enfants. Il est juste qu’étant prince et père de famille, il passe avant nous ; mais il est juste aussi que Rosé me paie, car j’ai aussi une nombreuse famille à nourrir. Je vous demande en grâce de me recommander à ses bontés, afin que je ne sois pas forcé de demander la protection du conseil souverain d’Alsace auprès de lui.

Adieu, mon cher ami ; je vous souhaite à vous et à toute votre famille beaucoup de bonnes années ; ainsi fait madame Denis ; ainsi fait aussi père Adam.

V. »

1 Original passé à la vente à New York les 21-22 novembre 1938 ; éd. Lettres inédites, 1821 .

2 Il reçut la cure de Bennwihr près de Colmar, dont le revenu était de 4000 livres par an ; voir Fernand J. Heitz, Le Barreau à Colmar, Deux registres de délibérations du Barreau de Colmar 1712-1870, 1932 , p. 279 .

3 V* n'a manifestement pas encore reçu la lettre de Rosé du 4 janvier 1770 qui le rassurait sur le paiement, mais lui déconseillait l'usage du vin de Riquewihr qu'il souhaitait se procurer : « Il abrégerait vos jours précieux […] En général le vin de Riquewihr est malsain pour les personnes qui n'y sont pas accoutumées. »

4 De ce baron .

il faut absolument que vous ajoutiez à toutes vos bontés celle de venir coucher chez nous, le plus tôt sera le mieux

... Invitation un tantinet lèche-culbottes . Le plus tôt sera le 1er janvier 2026 avec le sommet des dirigeants du G7 : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2025/06/17/annonce-...

 

 

 

« A Henri Rieu

Mon aimable corsaire, il faut absolument que vous ajoutiez à toutes vos bontés celle de venir coucher chez nous, le plus tôt sera le mieux ; voyez quand vous voulez qu'on vous envoie un carrosse si vous n'avez pas le vôtre à Genève . Je ne vous fais point de compliments, je vous aime trop pour vous en faire .

10è janvier [vers 1770] 1»

1 La lettre pourrait être aussi de quelques années antérieures .