15/11/2024
Conservez, sous quelque titre que ce puisse être, vos bontés pour le vieux laboureur
... N'oublions pas ceux qui nous alimentent : https://www.terre-net.fr/manifestations/article/874190/aides-obtenues-et-nouvelles-attentes-des-agriculteurs
Que ce fumeux Mercosur ne soit pas un marché de dupes à nos dépens , le ver dans le fruit .
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
A Ferney 8è mai 1769
Puisque vous êtes encore, monseigneur, dans votre caisse de planches 1, en attendant le Saint-Esprit, il est bien juste de tâcher d’amuser Votre Éminence.
Vous avez lu sans doute actuellement les Quatre Saisons de M. de Saint-Lambert. Cet ouvrage est d’autant plus précieux qu’on le compare à un poème qui a le même titre 2, et qui est rempli d’images riantes, tracées du pinceau le plus léger et le plus facile. Je les ai lus tous deux avec un plaisir égal. Ce sont deux jolis pendants pour le cabinet d’un agriculteur tel que j’ai l’honneur de l’être. Je ne sais de qui sont ces Quatre Saisons à côté desquelles nous osons placer le poème de M. de Saint-Lambert. Le titre porte « par M. le C. de B… »; c’est apparemment M. le cardinal de Bembo. On dit que ce cardinal était l’homme du monde le plus aimable, qu’il aima la littérature toute sa vie, qu’elle augmenta ses plaisirs ainsi que sa considération, et qu’elle adoucit ses chagrins, s’il en eut. On prétend qu’il n’y a actuellement dans le Sacré-Collège qu’un seul homme qui ressemble à ce Bembo, et moi je tiens qu’il vaut beaucoup mieux.
Il y a un mois que quelques étrangers étant venus voir ma cellule, nous nous mîmes à jouer le pape aux trois dés 3: je jouai pour le cardinal Stoppani, et j’amenai rafle . Mais le Saint-Esprit n’était pas dans mon cornet . Ce qui est sûr, c’est que l’un de ceux pour qui nous avons joué sera pape. Si c’est vous, je me recommande à Votre Sainteté. Conservez, sous quelque titre que ce puisse être, vos bontés pour le vieux laboureur
V.
Fortunatus et ille deos qui novit agrestes !4 »
1 Le conclave, qui se tenait alors pour l’élection de Clément XIV.
2 Le poème de Bernis est intitulé Les Quatre Saisons ou les Georgiques françaises, 1763 ; celui de Saint-Lambert a pour titre Les Saisons.
3 Voir lettre du 20 février 1769 à Vasselier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/24/nous-avons-tire-aux-trois-des-la-place-6511712.html
4 Virgile :. Georgiques., lib. II, v. 493 : Heureux celui qui connaît les dieux agrestes( ou : fortuné aussi celui qui connaît les dieux champêtres ): https://bcs.fltr.ucl.ac.be/virg/georg/georgii.html
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14/11/2024
tout cela s’est fait par le conseil d’un avocat qui connaît la province
... Quelle piètre défense Mme Le Pen !
Votre lâcheté n'a d'égal que votre malhonnêteté et profitez bien du soutien d'un Darmanin -bienvenue au club- magnifique dans son rôle d'évincé du pouvoir comme vous, cocu politique en veine de reconnaissance à tout prix : lamentable !
Mariage de la carpe et du lapin ?
Ou Le vrai Darmanin avoue ses amours
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
8 mai 1769
On renvoie aux divins anges les Deux Frères 1, avec les quatre-vingts vers nouveaux qu’on avait promis. On y ajoute la préface honnête qui doit faire passer l’ouvrage, si on a encore le sens commun à Paris. Il me paraît juste que Marin et Lekain partagent le profit de l’édition.
Mes chers anges sont tout ébouriffés d’un déjeuner par-devant notaire 2: mais s’ils savaient que tout cela s’est fait par le conseil d’un avocat qui connaît la province ; s’ils savaient à quel fanatique fripon j’ai affaire, et dans quel extrême embarras je me suis trouvé, ils avoueraient que j’ai très bien fait. On ne peut donner une plus grande marque de mépris pour ces facéties que de les jouer soi-même. Ceux qui s’en abstiennent paraissent les craindre ; c’est le cas de qui vous savez 3. On dit que laquelle vous savez 4 affiche aussi la dévotion ; mais vraiment c’est très bien fait, car je suis très dévot aussi, et si dévot que j’ai reçu des lettres datées du conclave 5.
Je ne manquerai pas, mon cher ange, de prendre le parti que vous me proposez, si on me rembourse. J’aime à être à l’ombre de vos ailes dans le temporel comme dans le spirituel.
N’avez-vous pas perdu un peu à Cadix avec les Gilly ? J’en ai été pour quarante mille écus. J’ai perdu en ma vie cinq ou six fois plus que je n’ai eu de patrimoine : aussi ma vie est-elle un peu singulière. Dieu a tout fait pour le mieux.
Portez-vous bien tous deux, mes anges ; c’est là le point capital.
V. »
1 C’est le titre que Voltaire donnait à sa tragédie des Guèbres ; voir lettre du 19 décembre 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/25/il-n-y-a-plus-rien-a-changer-que-le-titre-de-la-tragedie.html
2 Voir la seconde pièce citée à propos de la lettre du 15 avril 1769 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/16/6519171si-je-me-suis-trompe-dans-quelques-occasions-j-ai-droit-de-m-adresse.html
3 Louis XV.
4 La Du Barry.
5 Allusion au cardinal de Bernis, voir lettre du même jour à celui-ci : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-16.html
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13/11/2024
J’ai été bien étonné de me trouver très ressemblant
... No comment
https://lepoing.net/agora/fachos-il-faut-que-tu-te-barres-de-la/
« A Jean Signy ; Dessinateur 1
pour la Ville de Paris etc.
au nouvel hôtel des Monnaies
à Paris
À Ferney 6è mai 1769
Vous avez fait, monsieur, à mes retraites de Ferney et des Délices un honneur que ni elles ni moi ne méritions 2. J’ai été bien étonné de me trouver très ressemblant dans des figures de quatre ou cinq lignes. C’est un prodige de l’art. Vos dessins dureront plus que mes maisons ; elles sont fort changées depuis que vous ne les avez vues. Je me suis défait des Délices, et j’ai ajouté deux ailes au château de Ferney. Les quatre tours qui cachaient une très belle vue sont détruites. Les jardins sont augmentés, et ce séjour est actuellement moins indigne de vous recevoir.
La santé, sans laquelle on ne jouit de rien, me manque absolument. Les neiges dont je suis entouré, secondées par soixante et quinze ans, me priveront bientôt de la vue ; mais rien n’affaiblira en moi l’estime et la reconnaissance que je vous dois. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
2 Allusion aux gravures représentant les Délices et Ferney d'après les dessins de Signy . Dans la première, V* est représenté , à très petite échelle, se promenant dans son jardin . Il répond ici à l'envoi de Signy, annoncé par une lettre de celui-ci du 9 avril 1769 .
Voir : https://www.bge-geneve.ch/iconographie/oeuvre/imv-ic-0227
et : https://www.bge-geneve.ch/iconographie/oeuvre/imv-ic-0033
et : https://www.bge-geneve.ch/iconographie/oeuvre/imv-ic-0222
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12/11/2024
il est impossible d’accommoder cette affaire
... Où trouver l'argent nécessaire pour avoir un résultat probant lors de la COP29 ?
https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/cop/a-la-...
A l'heure où la France est en plein brouillard budgétaire et en pleine certitude d'endettement disproportionné, qui va trouver de quoi se soucier de l'avenir de la planète aux dépens de ses fins de mois ? Demandons à ceux qui battent des records avec des bitcoins à profusion (en attendant que, comme les actions de Law du temps du Patriarche, cette monnaie se casse la gueule ).
Poor lonesome negociator
https://www.youtube.com/watch?v=dczriIx0Pl0&ab_channe...
« A Joseph-Marie Balleidier
Mme Denis ne veut avoir le bien de personne . Le morceau de bois dont il s'agit a été très longtemps en litige entre le sieur Déodati 1, ministre de Genève, et le sieur Pommier, lequel Pommier a vendu ses droits à Mme Denis .
Si le sieur Créper a des droits sur ce petit morceau de terre, il n'a qu'à montrer ses titres justificatifs et alors, il faut que Pommier rende à Mme Denis l’argent qu'il a reçu d'elle avec les frais . C'est de quoi monsieur Balleidier est prié de faire instruire le sieur Créper par son procureur .
À l'égard du bois que le sieur Créper a coupé, il n'en était certainement pas en droit puisqu'il avoue qu'il n'a de prétention que sur une portion de ce bois même . Il savait que son beau-frère Pommier avait vendu ce petit morceau par contrat, il devait donc le réclamer en justice, et ne le pas faire couper clandestinement .
Si Créper, dans ses défenses, dit que ce bien appartient à des mineurs, on ne conçoit pas somment monsieur Balleidier a pu conseiller d'acheter ce bien de mineurs qu'il faudrait rendre un jour .
Il faut donc exiger que le sieur Créper exhibe ses titres , sans quoi il est impossible d’accommoder cette affaire .
On envoie à monsieur Balleidier quatre louis d'or à compte, dont il est prié de donner un reçu au porteur .
6è mai 1769 à Ferney . »
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11/11/2024
la cause est intéressante pour un certain nombre d’honnêtes gens
... Mais leur nombre diminue régulièrement dans les rangs macroniens : https://www.lefigaro.fr/politique/on-se-demande-a-quoi-on...
Qu'ils se méfient, maître Sarkozy va les descendre en flammes comme les enseignants en leur reprochant leur peu d'heure de travail ; ce donneur de leçons ferait mieux de la fermer, lui qui touche une retraite somptueuse pour seulement cinq ans de travail [sic].
« A Nicolas-Claude Thieriot
5è mai 1769 à Ferney
Le petit magistrat de province s’attendait, mon cher ami, à l’avis du procureur 1 que vous avez consulté. Je le lui avais prédit, et, en dernier lieu, je vous en avais prévenu. J’ai connu ces gens-là, lorsque j’étais dans votre ville de Paris. Il n’y a d’autre parti à prendre qu’à me renvoyer les pièces du procès. Le jeune magistrat arrangera lui-même la procédure. Il y a même de nouvelles additions qu’il a faites à son factum. Il me le remettra, dès qu’il y aura travaillé, et vous l’aurez incessamment. Je pense que vous pourrez tirer parti de l’impression, et que la cause est intéressante pour un certain nombre d’honnêtes gens.
Je vous prie, mon cher ami, de m’envoyer l’Alexandre Linguet 2 et les Maladies de l’esprit 3, nouvelle édition.
Tâchez de me faire avoir le petit livre de l’abbé de Châteauneuf, sur la musique des anciens 4 . Vous savez que j’en ai besoin. Je vous ferai rembourser le tout fort exactement. Je vous embrasse de tout mon cœur.
Le vieux malade. »
1 Préville, consulté sur le Dépositaire.
Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_D%C3%A9positaire/%C3%89dition_Garnier
2 Histoire du siècle d’Alexandre le Grand, de Simon-Nicolas-Henri Linguet, réimprimée en 1769.
Thieriot en a entretenu V* dans une lettre du 6 février 1769 .
3 Antoine Le Camus, Médecine de l'esprit, 1769 : dans son exemplaire de cet ouvrage V* le définit sur la page de titre comme un « plat livre qui promet beaucoup et où l'on ne trouve rien. »
4 François de Châteauneuf, Dialogue sur la musique des Anciens, 1725 : https://books.google.ru/books?id=hTJDAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
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10/11/2024
si les fiacres avaient une juridiction dans Paris, leur greffier terminerait ses lettres par ces mots : Tel est notre plaisir
... Les fiacres sont les voitures, le greffier est une greffière : Mme Hidalgo . Elle correspond tout à fait aux craintes du Patriarche .
« A François-Louis-Claude Marin
À F... 5 mai [1769] 1
Le jeune homme, monsieur, qui est auteur des Deux Frères, et qui est aussi magistrat dans son tripot de province, a été un peu surpris que le Châtelet ait jugé ces Deux Frères à mort. Il se peut faire que le Châtelet se connaisse mieux en vers que lui ; mais la sentence paraît un peu dure. Quel est donc ce M. de Launay qui a tout l’air d’avoir la plus grande part à cette sentence, et qui écrit des lettres si impérieuses ? Je suis persuadé que si les fiacres avaient une juridiction dans Paris, leur greffier terminerait ses lettres par ces mots : Tel est notre plaisir.
Voici un petit mot de requête civile 2 dont vous pouvez vous aider en cas de besoin. Peut-être serait-il convenable de le faire lire à M. de Sartines, uniquement pour votre justification. Le jeune homme serait fort curieux de savoir les motifs de l’arrêt rendu par le parc civil 3.
On dit que monsieur le chancelier est fort tenté de rappeler à son autorité cette partie de son ministère, qui y a toujours été attachée ; en ce cas, vous auriez tout le crédit que vous devez avoir, et la littérature s’en trouverait bien.
Il y aurait peut-être de la fatuité à vous présenter cette médaille 4 ;mais l’amitié ne peut être ridicule.
Un avocat nommé M. Marchand m’a écrit qu’il possède un cabinet de cinq mille médailles, et qu’il veut en avoir cinq mille et une. Il m’apprend qu’il demeure chez M. Pasquier, conseiller de grand-chambre, qu’il a soupé chez M. de Sartines avec un de mes parents, et que par conséquent je dois lui envoyer cette médaille dont on lui a parlé. Si jamais vous le rencontrez à souper chez M. de Sartines, je vous prie de vouloir bien lui faire rendre ma réponse et ma médaille, que je prends la liberté de faire insérer dans ce paquet. Je vous demande bien pardon.
V. »
1 Les éditeurs de cette lettre, MM. de Cayrol et François, l’avaient mise à tort à l’année 1770. (Georges Avenel.) ; éd. Moland .
2 La préface des Guèbres .
3 Parc semble ici avoir le sens de parquet, partie de la chambre où se rend la justice dans laquelle se tiennent les juges .
4 Sur cette médaille de Waechter voir lettre du 29 mars 1769 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/26/le-public-est-d-opinion-qu-il-eut-du-faire-tout-le-contraire-6516273.html
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09/11/2024
Les prêtres apprennent enfin qu’ils doivent prier Dieu pour les laïques, et non pas les tyranniser
... C'est pourtant si simple ! On doit encore s'étonner de les voir menacer leurs ouailles du châtiment éternel pour prix de leurs péchés à géométrie variable selon la religion concernée . Résultat, des fanatiques tuent au nom de dieu pour gagner un paradis de fête foraine .
« A Charles-Joseph, prince de Ligne
5è mai 1769
Vous daignez quelquefois, monsieur le prince, ranimer par vos bontés un vieillard malade. Quoique je sois mort au monde, votre souvenir ne m’en est pas moins précieux. Vous jouissez à présent des plaisirs de Paris, et vous les faites ; mais je suis persuadé qu’au milieu de ces plaisirs vous goûtez la noble satisfaction de voir le règne de la raison qui s’avance partout à grands pas. Ferdinand second n’aurait jamais osé proscrire la bulle In cœna Domini 1. Il y aura enfin des philosophes à Vienne, et même à Bruxelles. Les hommes apprendront à penser, et vous ne contribuerez pas peu à cette bonne œuvre. On substitue déjà presque partout la religion au fanatisme. Les bûchers de l’Inquisition sont éteints en Espagne et en Portugal. Les prêtres apprennent enfin qu’ils doivent prier Dieu pour les laïques, et non pas les tyranniser. On n’aurait jamais osé imaginer cette révolution il y a cinquante ans . Elle console ma vieillesse, que vous égayez par votre très aimable lettre.
Agréez, monsieur le prince, avec votre bonté ordinaire, le respect et l’attachement du solitaire
V. »
1 Le nouveau pape a supprimé la coutume consistant à fulminer de nouveau chaque année, en la semaine de Pâques, la bulle In coena Domini, qui condamnait les hérésies et les atteintes à l'autorité pontificale .
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