03/11/2025
Vous savez comme on s’égorge ...comme on massacre et comme on pille
... On parle beaucoup de ceux qui sont des partenaires économiques tels Ukraine et Israel et on oublie l'abominable tuerie qui se passe au Darfour et au Soudan : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
4è juin 1770 1
Mon cher ange, je vous dirai d’abord, pour m’insinuer dans vos bonnes grâces, que l’abbé de Châteauneuf 2 s’est arrangé tout comme vous l’avez voulu avec Le Dépositaire. Ninon n’a point couché avec le jeune Gourville ; et quant à M. Agnant, il n’est point un ivrogne à balbutiement et à hoquets ; c’est un buveur du quartier qui peut regarder les gens fixement et d’un air comique, en disant son mot, mais qui n’est point du tout ivre : et, en cela même, il est un personnage assez neuf au théâtre.
Dès que messieurs du clergé seront prêts à plier bagage, je vous enverrai celui de Ninon . L’Encyclopédie ne me laisse pas à présent à moi.
Venons maintenant au profane. Je crains bien que M. le duc de Praslin ne fasse pas sitôt des présents de montres aux janissaires et aux douaniers de la Porte Ottomane. Vous savez comme on s’égorge dans la patrie de Sophocle et de Platon, comme on massacre et comme on pille. Cependant, si nos consuls restent, si M. le duc de Praslin veut des montres, nous sommes à ses ordres.
M. le duc de Choiseul a la bonté de nous en prendre. Favorisez-nous, je vous en conjure ; engagez vos camarades, messieurs les ministres étrangers, à nous donner la préférence. Si nous avions une estampe de votre prince 3, nous lui enverrions une montre avec son portrait en émail qui ne serait pas chère. Nous avons fait celui du roi et de monseigneur le dauphin, qui ont parfaitement réussi. Nous faisons à présent celui de M. le comte d’Aranda . C’est une entreprise très considérable. M. l’abbé Terray en a fait une bien cruelle en me saisissant deux cent mille francs d’argent comptant qui n’avaient rien à démêler avec les deniers de l’État, et qui auraient servi à bâtir des maisons pour nos artistes, et à augmenter la fabrique. Il a fait un mal irréparable. Je vous prie très instamment , mon cher ange, de distribuer les petits avis imprimés 4 ci-joints . Je vous aurai la plus grande obligation . Un mardi suffira pour mettre ma manufacture à la mode .
On avait bien trompé ou du moins voulu tromper M. le duc de Choiseul, quand on lui avait dit que les Natifs de Genève massacrés par les Bourgeois n’étaient que des gredins et des séditieux. Je vous assure que ceux qui travaillent chez moi sont les plus honnêtes gens du monde, les plus sages, les plus dignes de sa protection.
Dites bien, je vous prie, à MM. les deux ducs combien je leur suis attaché . Mon cœur vous en dit toujours autant. »
1 Manuscrit olographe sauf la date ; éd. Kehl , qui suivie des éditions, élimine la fin du quatrième alinéa sur les « avis » et corrige légèrement le reste de la lettre .( voir : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/12/correspondance-annee-1770-partie-16.html ).
2 On a vu que V* a voulu faire passer Le Dépositaire pour une œuvre posthume de l'abbé de Châteauneuf, son parrain et introducteur auprès de Ninon de Lenclos .
3 Le prince de Parme.
4Des avis relatifs à la vente de montres et à leurs prix ; on retrouvera l'un d'entre eux reproduit en fac similé dans la première édition Besterman de la correspondance, T. LXXIV, fig. 421.
La voici :
«
Montres d'argent lisse 3 louis
dite Idem gravée ou guillochée 4 dit
dite Idem pour particulier lisse 4
Répétition Idem bonne 14
Montre d'or lisse de pacotille * ou légères 7
dite Idem de 18 denr bonne 8 1/2
dite Idem d'une once 9 1/2
dite Idem gravées taille douce ouvrage fin et particulier 10 1/2
dite Or de couleur ouvrage très fin 11
Répétition d 'or lisse bon ouvrage 20
Répétition Idem taille douce 21
Répétition or de couleur de 24 à 28
Répétition à cylindre de 32 à 38
Répétition à cylindre ou à seconde 42
Nous répondons pour deux ans de toutes les pièces qui passeront de huit louis et demi.
-
On entend par pacotille les pièces marchandes qui nous sont payées comptant et dont nous ne répondons pas .
-
Les Dufour et Ceret
-
Entrepreneurs de la fabrique de Ferney. »
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02/11/2025
elle paiera dès qu'on lui présentera les pièces probantes
... La caution ! Et pourquoi pas, pendant qu'on y est, un petit éclaircissement sur les locations, sujet épineux : https://www.ouest-france.fr/societe/logement/une-personne...
« A Joseph-Marie Balleidier
Il faut que Betens justifie que c'est pour le bois et champ de Ferney qu'il a été imposé .
S'il fait assigner, Mme Denis consigne l’argent, et déclare qu’elle paiera dès qu'on lui présentera les pièces probantes .
On attend la saisie du champ détenu par Mauzier .
Si Choudens ose poursuivre on l'assignera au conseil du roi comme fripon ayant surpris lettres de rescision 1 sur un exposé faux dans tous les points .
On envoie le contrat de Betens pour faire le rejet ; monsieur Balleidier est prié d'assigner M. Vaillet pour les cinq années de [dus?].
Monsieur Balleidier est prié aussi de faire le rejet de la taille et du vingtième de l'acte ci-joint qui se payait à Moens, et de le faire porter sur le rôle de Ferney .
2è juin 1770.2 »
2 Manuscrit olographe, sauf le dernier paragraphe, de la main de Wagnière ; éd. Vézinet , fragments . Le manuscrit est écrit sur l'original de la lettre de Balleidier du 31 mai à laquelle la présente répond .
17:56 | Lien permanent | Commentaires (0)
ce n’est pas négligence, c’est misère ...l’affaire a tant traîné qu’elle ne fera nulle sensation dans le monde lorsqu’elle sera sur le bureau
... On peut le dire en voyant les désaccords croissants au sein de l'ex-NFP, et c'est tant mieux ; les partisans de Mélenchon ont assez fait de mal et cesser de les suivre est salutaire mais de peu d'intérêt pour la survie de la nation . Marre des démolisseurs systématiques : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/budget-20...

« A Joseph Audra
Pardonnez, mon cher docteur, si je réponds si tard à votre dernière lettre : ce n’est pas négligence, c’est misère . Je tombe tous les jours, je n’ai pas un moment de santé.
À l’égard de Sirven, l’affaire a tant traîné qu’elle ne fera nulle sensation dans le monde lorsqu’elle sera sur le bureau. Personne au monde ne se souciera que Sirven, replongé dans son obscurité, ait un hors-de-cour ou un arrêt plus agréable 1. Le voilà maître de son bien ; il exerce son ancienne profession. Ses filles sont un peu folles ; ainsi l’était la noyée. Sa famille a été bien secourue ; il doit être content. S’il obtient l’arrêt qu’il désire, tant mieux ; sinon je lui conseille de vivre en paix.
Jouissez, mon cher ami, de votre réputation et de tous les agréments que votre mérite vous procure.
Puis-je vous demander s’il y a quelques négociants à Toulouse qui puissent faire usage des billets ci-joints ?
Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.
V.
2è juin 1770.»
1 Voir lettre du 29 novembre 1769 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/05/16/il-est-tetu-mais-il-a-raison-de-l-etre-6548211.html
10:47 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/11/2025
Je me flatte qu'il ne désertera pas
... C'est le sentiment qui domine quand on évoque Volodymyr Zelensky et pour preuve on lui fournit des armes : https://www.ladepeche.fr/2025/11/01/direct-guerre-en-ukra...

« A Pierre-Michel Hennin
[vers le 1er juin ] 1
Le malade remercie monsieur Hennin de tout son cœur pour le déserteur qu'il n'a jamais eu l'honneur de voir, mais qu'il verra sans doute, et auquel il rendra la belle pancarte . Je me flatte qu'il ne désertera pas .
Mme Denis fait mille tendres compliments à monsieur Hennin . »
1 Original ; éd. Correspondance inédite, 1825, place la lettre en juillet, ce qui est un peu trop tard . Voir lettre de Hennin : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7959
18:42 | Lien permanent | Commentaires (0)
disposer favorablement les esprits . Il serait même très bon de se hâter
... Il serait idéal que le temps des magouilles pour avoir le pouvoir ait sa fin rapide et que l'on passe aux choses sérieuses, comme définir et voter un budget national . Comment va faire le premier ministre face à une horde qui ne sait pas compter ni réellement prévoir les conséquences de son opposition de privilégiés absurdes ?
Pour info : https://www.info.gouv.fr/toute-l-actualite
« A Gabriel Cramer
[vers le 1er juin 1770]
Je reverrai S.T. demain .
Monsieur Cramer pourrait-il sans faire tort à l’impression de cet ouvrage imprimer une réponse au Système de la nature avec une réponse aux trois Juifs prétendus 1 ?
Ces deux réponses rentreront, il est vrai , dans le petit dictionnaire encyclopédique à la lettre D et à la lettre F .
Mais il est nécessaire de donner actuellement ce petit ouvrage qui sera un avant-goût du dictionnaire , et qui pourra disposer favorablement les esprits . Il serait même très bon de se hâter . »
1 Ces deux réponses parurent dans le petit livre intitulé Dieu, réponse au Système de la nature, publié, sans lieu ni date, vers le 10 août 1770 . L'article en réponse à Antoine Guénée, auteur des Lettres de quelques juifs portugais et allemands à M. de Voltaire ,1769, s'intitule Fonte, et art de jeter en fonte des figures considérables d'or et de bronze . Réponse à un homme qui est d'un autre métier. » Les articles en question sont donnés comme « tirés » des Questions sur l'Encyclopédie, mais ils n'y parurent que plus tard , dans les volumes IV et VI . Enfin, Dieu et les hommes inclut aussi les Anecdotes sur Fréron, ouvrage acide où l'on ne pouvait pas ne pas reconnaître la main de Voltaire .
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6531335s.texteImage
et note 3 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome19.djvu/171
et : https://www.monsieurdevoltaire.com/article-satires-anecdotes-sur-freron-123235251.html
17:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
Pour nous autres, si les choses continuent sur le même pied, nous allons voir renaître le beau siècle d’or où l’arbre de Jupiter nourrissait des hommes qui étaient, dit-on, innocents, ou plutôt des innocents
... Hélas, notre Jupiter national n'a pas la main verte et son arbre providentiel est sec sur pied , tout juste bon à recevoir le pissat de son chien Nemo . La cote de popularité présidentielle est inversement proportionnelle à celle de l'or , monsignor !

https://www.facebook.com/Plantu.page.officielle/posts/de-...
« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille
1er juin 1770
Je dois vous dire, monsieur, que mon ombre, ensevelie pendant six mois dans des neiges qui durent encore, est de toutes les ombres la plus sensible , que je suis pénétré dans mon tombeau de toutes vos bontés, et que je pense comme vous sur les affaires de ce monde et de l’autre.
J’eus l’honneur de vous écrire quand vous étiez aux États 1. Votre province manquerait à présent de blé si on n’avait pas arrêté celui qui allait à Genève. Les Genevois ne méritent guère de manger du pain, depuis qu’ils se mettent à canarder leurs compatriotes. Pour nous autres, si les choses continuent sur le même pied, nous allons voir renaître le beau siècle d’or où l’arbre de Jupiter nourrissait des hommes qui étaient, dit-on, innocents, ou plutôt des innocents.
Quand Son Altesse Sérénissime voudra des montres de Ferney, qui a l’honneur d’être dans sa province, nous en faisons d’aussi bonnes qu’à Paris, et à un tiers meilleur marché.
Conservez, monsieur, vos bontés au vieil ermite.
1 De Bourgogne, à Dijon, avec le prince de Condé.
Voir lettre du 16 septembre 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/03/30/on-a-eu-cette-fois-ci-une-intention-plus-maligne-6541778.html
16:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
je ne crois pas que tout ce qu’on ne peut comprendre soit inutile...Il est fort utile d’être défait de certains abominables préjugés, sans qu’on ait quelque chose de bien satisfaisant à mettre à la place
... Qu'on se le dise... et le fasse ...
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
1er juin 1770 1
Vous avez dû voir, madame, que je consume ma pauvre vie dans mes déserts de neige pour vous récréer un quart d’heure, vous et votre grand-maman. Il y a des insectes qui sont trois ans à se former pour vivre quelques minutes : c’est le sort de la plupart des ouvrages en plus d’un genre. Je vous prie toutes deux de prêter un peu d’attention à l’article « Anciens et Modernes » 2, c’est une affaire de goût . Vous êtes juges en dernier ressort.
Quant aux choses scientifiques, je ne crois pas que tout ce qu’on ne peut comprendre soit inutile. Personne ne sait comment une médecine purge, et comment le sang circule vingt fois par heure dans les veines ; cependant il est très souvent utile d’être purgé et saigné.
Il est fort utile d’être défait de certains abominables préjugés, sans qu’on ait quelque chose de bien satisfaisant à mettre à la place. C’est assez qu’on sache certainement ce qui n’est pas, on n’est pas obligé de savoir ce qui est. Je suis grand démolisseur, et je ne bâtis guère que des maisons pour les émigrants de Genève. La protection de Mme la duchesse de Choiseul leur a fait plus de bien que leurs compatriotes ne leur ont fait de mal. Qui m’aurait dit que je lui devrais tout, et qu’un jour je fonderais au mont Jura une colonie qui ne prospérerait que par ses bontés ? Et puis qu’on dise qu’il n’y a point de destinée ! C’est vous, madame, qui m’avez valu cette destinée-là ; c’est à vous que je dois votre grand-maman.
Je lui ai envoyé le mémoire 3 des communautés de Franche-Comté . D’accord ; mais il est signé des syndics 4, et non pas de moi. Je ne suis point avocat : le fond du mémoire est de M. Christin, avocat de Besançon ; je l’ai un peu retouché. Il n’y a rien que de très vrai. L’avocat au conseil chargé de l’affaire l’a approuvé, l’a donné à plusieurs juges. S’il n’est pas permis de soutenir le droit le plus évident, où fuir ? Je tiens qu’il faut le soutenir très fortement, ou l’abandonner.
Ce n’est point ici une grâce qu’on demande. Ces communautés sont précisément sur la route que M. le duc de Choiseul veut ouvrir de sa colonie en Franche-Comté. Ces gens-là seraient fort aises d’être les serfs du mari de votre grand-maman, mais ils ne veulent point du tout l’être des moines de saint Benoît, devenus chanoines. La prétention de Saint Claude est absurde. Saint Claude est un grand saint, mais il est aussi ridicule qu’injuste du moins il me paraît tel. J’ai cru qu’il fallait faire sentir cette absurdité avant qu’on discutât des fatras de papiers que les ministres n’ont jamais le temps de lire.
J’avoue que mon nom est fatal en matière ecclésiastique ; mais je n’ai jamais prétendu que mon nom parût . Dieu m’en préserve ! et d’ailleurs ceci est matière féodale. Le roi ne lit point ces factums préparatoires, on ne les met point sous ses yeux. Le rapporteur seul est écouté ; et comme tout dépend ordinairement de lui, il nous a paru essentiel que les juges fussent bien au fait. Ils jettent souvent un coup d’œil égaré sur ces pièces ennuyeuses ; j’ai voulu les intéresser par la tournure . J’ai voulu les amuser, eux, et non pas le roi, qui a d’autres affaires, et qui très communément laisse décider ces procès sommaires sans y assister, comme il arriva dans le procès des Sirven, où M. le duc de Choiseul fut net contre moi, et avec raison.
Enfin, si j’ai tort, on perdra de bons sujets, et j’en suis fâché . Mais je me résigne, car il faut toujours se résigner, et je ne suis pas capucin pour rien.
Résignez-vous, madame, à la fatalité qui gouverne ce monde. Horace recommandait cette philosophie, il y a quelque dix-huit cents ans ; il recommandait aussi l’amitié, et la vôtre fait le charme de ma vie. »
1 Manuscrit olographe, sauf la date minute partielle ; éd. Kehl. La lettre et le mémoire joint avaient été envoyés à la duchesse de Choiseul qui en fit la transmission le 7 juin .
2 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome17.djvu/245
3 Au roi en son conseil : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/363
4 Il est signé de trois « procureurs spéciaux ».
09:23 | Lien permanent | Commentaires (0)

