24/11/2025
J'ajoute à cette triste excuse l'avis que vous me donnâtes, que vous alliez pour longtemps hors de Paris
... Telle est la déclaration du premier ministre Lecornu au président Macron avant son départ pour le G20 en Afrique du Sud , tous deux étant au four et au moulin : https://www.info.gouv.fr/suivre-l-actualite-du-premier-ministre
et https://www.elysee.fr/toutes-les-actualites
A côté d'eux les VRP semblent des pantouflards !
« A [ Anne-Robert-Jacques Turgot ] Monsieur l'abbé de l'Aage
Des Bournais
à Paris
19è juin 1770 à Ferney 1
Monsieur,
Une vieillesse très décrépite, et une longue maladie, sont mon excuse de ne vous avoir pas remercié plus tôt de l'honneur et du plaisir que vous m'avez faits . J'ajoute à cette triste excuse l'avis que vous me donnâtes, que vous alliez pour longtemps hors de Paris .
J'emploie les premiers moments de la convalescence à relire encore votre ouvrage, et à vous dire combien j'en ai été content . Voilà la première traduction où il y ait de l’âme . Les autres pour la plupart sont aussi sèches qu’infidèles . Je vois dans la vôtre de l’enthousiasme, et un style qui est à vous . Qui traduit ainsi méritera bientôt d'avoir des traducteurs . J'applaudis à votre mérite autant que je suis sensible à votre politesse.
J'ai l'honneur d'être avec une estime respectueuse,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Original signé . Le nom qu'on lit dans l’adresse -Aage- est celui d'une personne imaginaire inventée par Turgot, tant pour jouer un tour à V* que pour obtenir de lui une appréciation élogieuse de sa poésie . Turgot a en effet tenté une traduction de Virgile en vers mesurés qui est loin d'être sans intérêt ; voir F. Deloffre, Le Vers français, 1979, p. 103-106.
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tout spectacle amuse les hommes ; on va également aux marionnettes, au feu de la Saint-Jean, à l’Opéra-Comique, à la grand-messe , à un enterrement
... On manifeste pour , on manifeste contre, on défile en masse pour honorer des assassinés, on tente de se faire remarquer (le fameux 'vu à la TV") par des dépôts de fleurs, bougies, photos, lettres et cartes qui viennent encombrer les trottoirs , faisant les affaires des commerçants , agaçant les employés de la voirie, et ne faisant pourtant pas revenir les morts . On fait ces frais inutiles , et à côté de ça, on râle parce que le kilo de nouilles augmente de cinq centimes : Débile !
« A Suzanne Necker
19è juin 1770 1
Vous qui chez la belle Hypathie 2
Tous les vendredis raisonnez
De vertu , de philosophie
Et tant d'exemples en donnez,
Vous saurez que dans ma retraite
Est venu Phidias Pigal
Pour dessiner l'original
De mon vieux et petit squelette.
Chacun rit vers le mont Jura
En voyant ces honneurs insignes,
Mais la France entière dira
Combien vous seuls en étiez dignes.
Quand les gens de mon village ont vu Pigalle déployer quelques instruments de son art : tiens, tiens, disaient-ils, on va le disséquer ; cela sera drôle. C’est ainsi, madame, vous le savez, que tout spectacle amuse les hommes ; on va également aux marionnettes, au feu de la Saint-Jean, à l’Opéra-Comique, à la grand-messe 3, à un enterrement. Ma statue fera sourire quelques philosophes, et renfrognera les sourcils réprouvés de quelque coquin d’hypocrite ou de quelque polisson de folliculaire . Vanité des vanités !
Mais tout n’est pas vanité 4 ; ma tendre reconnaissance pour mes amis et surtout pour vous, madame, n’est pas vanité.
V.
Mille tendres obéissances à M. Necker. »
1 Original ; minute olographe ; éd. Kehl qui à la suite de la minute omet les vers . Ceux -ci figurent pourtant dans la Correspondance littéraire de Grimm. Au verso de la minute, on lit encore l’ébauche suivante :
« Ce n'est pas moi que l'on contemple
Sous le beau ciseau de Pigal ;
C'est vous, c'est cet illustre exemple
Qu'on donne à mon pays natal ;
C'est »
2 Hypathie qui vécut à Athènes à la fin du IVè siècle après J.-C., était si savante que les magistrats lui demandèrent de faire des cours publics . Peu favorable aux chrétiens, elle mourut assassinée . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypatie
3 Nouvelle assimilation des cérémonies religieuses aux divertissements ; c'est la veine du Pot-Pourri : https://www.libreplay.fr/livres/voltaire/pot-pourri.pdf
Voir par ailleurs une analyse de la présente lettre (prose seule ) par Léo Spitzer, A method of interpreting literature, 1949, p. 74-98 ; voir : https://journals.openedition.org/praxematique/1959?lang=en
4 L’Ecclésiaste dit le contraire, chapitre I, verset 2 : https://saintebible.com/lsg/ecclesiastes/1.htm
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Vive désormais le parlement de Toulouse !
... Si toutefois il existait encore ! Pour celui de Paris, aucune félicitation à lui accorder, c'est le haut-lieu de la gabegie , et même guéguerre de chefs de partis par affidés et démolisseurs bêtifiants . Bande de tireurs de couverture ! et dire qu'on les paye grassement pour seulement tourner en rond indéfiniment . Ah ! quelle belle bande pour diriger un pays !
« A l'abbé Joseph Audra
Baron de Saint-Just, Professeur en
histoire etc.
Place Mage
à Toulouse
19è juin 1770
Mon très cher philosophe, vous m’avez raccommodé avec Sirven. Je vois avec plaisir qu’il poursuit son affaire . Je ne doute pas qu’un homme aussi sage et aussi éloquent que M. de La Croix ne lui fasse remporter une victoire entière. Tous les honnêtes gens lui applaudiront. Dites-lui, je vous prie, qu’il ait la bonté d’adresser son mémoire 1 à M. Vasselier, premier commis de la poste de Lyon. Il ne serait pas mal qu’il y en eût deux exemplaires dans le paquet, l’un pour M. Vasselier, l’autre pour moi. Je préviendrai M. Vasselier que l'un de ces mémoires est pour moi 2.Vive désormais le parlement de Toulouse !
Je dois vous dire que j’ai prié M. de La Croix 3 de gronder Sirven d’avoir été six mois entiers sans écrire à ses filles.
À l’égard de votre sage hardiesse, vous n’avez rien à craindre. Il n’y a pas un mot dans votre Abrégé 4 sur lequel on puisse vous inquiéter. On sera fâché, mais comme les plaideurs qui ont perdu leur procès. Vous avez d’ailleurs un archevêque 5 qui pense comme vous, qui est prudent comme vous, et qui sera bientôt de l’Académie . Il ne ressemble point du tout à messire Lefranc de Pompignan 6.
Je vous demande votre bénédiction, mon cher docteur de Sorbonne et je vous donne la mienne, en qualité de capucin. »
1 Ce mémoire est annoncé par Lacroix dans une lettre du 23 août 1770 .
2 Cette phrase est omise dans la copie Beaumarchais-Kehl suivie des éditions .
3 Cette lettre n'est pas connue .
4 L'Histoire générale à l'usage des collèges . Voir : lettre 20 septembre 1769 à Audra : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/04/04/n-6542509si-on-rend-une-justice-complete-a-cette-famille-innocente-et-oppri.html
En fait cet ouvrage attira des ennemis à Audra .
Voir note 1 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome11.djvu/517
5 M. de Brienne. (Kehl.) — Voir note 2 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome43.djvu/568
6 Cette phrase depuis « Vous avez … est lisible bien qu'énergiquement biffée sur le manuscrit .
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23/11/2025
Il jure toujours qu’il y a eu du cul dans cette affaire
... Voyons ce que dira la justice à Gaël Perdriau le 1er décembre : https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2025/09/3...
Qu'il se souvienne que ce n'est pas beau de mettre son grain de sel où il ne faut pas, en résumé on peut bien le traiter de foutu tordu .
« A Pierre-Michel Hennin
Vous êtes trop bon, monsieur, et Dalloz est un animal. Je vous l’envoie tout malade qu’il est ; je le suis aussi. Il jure toujours qu’il y a eu du cul dans cette affaire. Le mien est dans un piteux état ; il n’est pas fait pour être sculpté par Pigalle. Prêtez-nous le vôtre, ou plutôt votre belle mine,
Consule Fabricio dignum que numismate vultum 1.
Lundi [18 juin 1770] à dix heures trois quarts. 2»
1 Visage digne d'être frappé en médaille sous le consulat de Fabricius . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Caius_Fabricius_Luscinus
2 Voir lettre de Hennin du 17 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7921
et celle du 18 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7925
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22/11/2025
car ce n’est pas assez de penser avec justesse, de s’exprimer avec agrément, de fouler aux pieds les préjugés de tant de pauvres femmes, et même de tant de sots hommes, de connaître bien le monde, et par conséquent de le mépriser
... Ce n'est pas là ce qu'on voit le plus sur les réseaux dits sociaux/dissociaux , hormis le mépris et l'insulte qui y prospèrent .
« A Marie de Vichy de Chamrond , marquise Du Deffand
À Ferney, 18 juin 1770
On fait ce qu’on peut, madame, dans nos déserts, pour vous faire passer quelques minutes à Saint-Joseph ; et, malgré la crainte de vous ennuyer, on vous envoie ces deux feuilles détachées. Imposez silence à votre lecteur, sitôt que vous vous sentirez la moindre envie de bâiller.
J’ignore tout ce qui se fait à présent sur la terre. Je ne sais pas même si Lacédémone appartient à Catherine II ou à Moustapha .
Je ne sais où est votre grand’maman, et c’est ce qui m’intéresse davantage.
Si elle est dans son palais de Chanteloup, occupée de sa florissante colonie, je la déclare philosophe. J’entends surtout, par ce mot, philosophe pratique : car ce n’est pas assez de penser avec justesse, de s’exprimer avec agrément, de fouler aux pieds les préjugés de tant de pauvres femmes, et même de tant de sots hommes, de connaître bien le monde, et par conséquent de le mépriser . Mais se retirer de la foule pour faire du bien, encourager les arts nécessaires, être supérieur à son rang par ses actions comme par son esprit, n’est-ce pas là la véritable philosophie ?
Je vous plains toutes deux de ne pouvoir pas aller ensemble dans le paradis terrestre de Chanteloup. Il faut toujours, madame, que je vous remercie de toutes les bontés dont elle m’a comblé, car sans vous elle m’aurait peut-être ignoré. Elle protège, du haut de sa colonie de Carthage, la colonie de mon hameau . Elle me fait goûter chaque jour le plaisir de la reconnaissance. Je me flatte qu’elle était dans son royaume dans le temps que les badauds de Paris se tuaient au milieu des fêtes 1, assez près de son hôtel . Elle aurait été trop sensiblement frappée de ce désastre. Est-il possible qu’on s’égorge pour aller voir des lampions !
Adieu, madame ; conservez du moins votre santé . La mienne est désespérée. Mille tendres respects. »
1 Pour le mariage du dauphin (depuis Louis XVI). Beaucoup de personnes périrent le 30 mai. Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/11/15/on-me-mande-qu-il-n-aura-point-de-suites-funestes.html
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21/11/2025
Nous n’attendons ni ne voulons aucune justice de ces messieurs
... Telle peut être la conclusion de la bluette de Nicolas Sarkozy, qui connaissant bien le mauvais esprit de ses partisans et leur curiosité malsaine, se paye le luxe de faire paraitre un énième livre qui a encore moins d'intérêt que la collection Harlequin : https://www.20minutes.fr/politique/4187113-20251121-nicolas-sarkozy-prison-toutes-questions-auxquelles-va-devoir-repondre-livre-journal-prisonnier
Marre de la diarrhée verbale de cet individu !
« A Pierre-Michel Hennin
Dimanche au soir 17è juin 1770 à Ferney
Permettez-moi, mon très aimable résident, de ne point envoyer Dalloz devant un auditeur qui est Genevois. Nous n’attendons ni ne voulons aucune justice de ces messieurs. Nous pensons que c’est à M. le duc de Choiseul qu’il faut envoyer sa déposition, seulement pour l’amuser, en attendant qu’il rende aux vingt-quatre 1 et aux vingt-cinq 2 tout ce qu’il leur doit.
Pigalle est venu. Vous seriez charmant si vous vouliez venir quelqu’un de ces jours avec un recueil de vos plus belles estampes ; vous raisonneriez peinture et sculpture avec un homme qui est assurément digne de vous entendre.
Maman vous fait mille compliments. »
1 C’était le nombre des commissaires des Bourgeois nommés pour défendre la cause des représentants ou originaires genevois devant les médiateurs. Voir : Otto Karmin, Sir Francis d'Ivernois, Genève 1920, p. 25 : https://www.loc.gov/item/30009397/
2 C’était le nombre des membres du « petit conseil » de la république de Genève. Hennin craignait que les « bourgeois » n’exerçassent trop d'influence dans le petit conseil .
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tant de fautes de commission et d’omission
... Quelques informations sans fautes : http://fr.jurispedia.org/index.php/Distinction_des_infractions_de_commission_des_infractions_d%27omission_(fr)
Compris ?
« A Nicolas-Claude Thieriot
17è juin 1770
Mon ancien ami, c’est dommage que M. Guy Duchesne ait imprimé avec tant de fautes de commission et d’omission 1 la vieille Sophonisbe de Mairet, rajeunie par M. Lantin 2. Vous connaissez ce Lantin, auteur du conte de la Fourmi 3. Son neveu, qui demeure à Dijon 4, est bien indigné qu’on attribue à d’autres qu’à lui le rapetassage de cette vieille Sophonisbe. C’est, à ce que je vois, le Rajeunissement inutile 5. On a une étrange rage dans Paris de vouloir toujours nommer au hasard les pères des enfants trouvés : sans cela vous auriez déjà Mlle Ninon 6 aux Tuileries.
Vous souvenez-vous d’une espèce de Vie de Catherin Fréron 7, dit Aliboron, que vous m’envoyâtes manuscrite il y a vraiment dix années ? Je ne savais ce qu’elle était devenue : je la trouve imprimée dans un recueil intitulé les Choses utiles et agréables 8 ; mais on en a fait une autre édition particulière 9, à laquelle on ajoute la lettre du sieur Royou, beau-frère d’Aliboron, avocat au parlement de Rennes, lequel se plaint que son beau-frère, ayant servi d’espion dans les troubles de Bretagne, l’accusa d’avoir écrit en faveur de M. de La Chalotais, obtint une lettre de cachet contre lui, vint lui-même le saisir avec des archers, le fit enchaîner, et le conduisit en prison en tenant le bout de la chaîne 10. Fréron mettra apparemment cet événement dans son Année littéraire.
Portez-vous bien, mon ancien ami, et jouissez de l’hiver de la vie autant que vous le pourrez. »
1 Expression de Bayle dans le 4e paragraphe de la Préface de la première édition de son Dictionnaire. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dictionnaire_historique_et_critique
2 La pièce de Sophonisbe est, dans cette édition, dédiée au duc de La Vallière, grand fauconnier de France ; elle se présente comme refondue par un nommé Lantin . La seule représentation connue de cette pièce fut celle qui fut donnée par la Comédie Française le 15 janvier 1774.
3 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome7.djvu/45
4 Voir sur ce Rajeunissement de Sophonisbe la lettre du 21 mai 1770 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/10/23/m.... Il n'existe, bien entendu, aucun neveu de Lantin à Dijon .
5 Titre d’une pièce de vers de Moncrif. Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Amuseurs_d%27autrefois_-_Paradis_de_Moncrif
6 Le Dépositaire ; c’était alors aux Tuileries que jouaient les comédiens français .
7 Anecdotes sur Fréron : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/191
Voir lettre du 20 août 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/16/continuez-a-combattre-en-faveur-du-bon-gout-et-du-sens-commu-6277712.html
et du 11 juin 1770 à Belloy : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/11/17/diligo-probos-j-aime-les-bons.html
8 Les Choses utiles et agréables, Genève, 1770 , II, 350-352 . Il en existe aussi des impressions séparées .
Voir notes : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome7.djvu/45
9 Voltaire veut sans doute parler de l’édition qui est à la suite de sa réfutation du Système de la Nature, dont nous avons déjà parlé : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome19.djvu/171
10 Sur tout ceci , voir la lettre du 18 mars 1770 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/31/m-6560967.html
V* redouble sa campagne contre Fréron car celui-ci mène à l’époque un train de vie assez large et protège un certain nombre de gens de lettres . C'est cette influence qui doit être ruinée .
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