15/12/2025
quia oportet cognosi malos / Parce qu'il faut que les méchants soient connus
... La liberté de la presse doit être une priorité .
Il est aussi recommandable que les bons soient eux aussi connus , même davantage que les méchants . Mais il est vrai que on met plus en lumière les trains en retard et les chiens écrasés, les divorces plutôt que les unions, les tempêtes plus que le beau temps , le blabla des influenceurs.euses plus que la réflexion : baste !
« A Jacques Lacombe
L’auteur de ces anecdotes 1 les écrivit il y a sept ou huit ans comme il paraît par ses dates . Il est difficile que ces faits ne soient pas vrais . On les fait imprimer à bon compte quia oportet cognosi malos 2.
L'auteur est sûrement lié avec Lambert qu'il cite en plusieurs endroits . Monsieur de Lacombe doit être au fait de tout ce qui est raconté dans cette brochure ; s'il veut bien me nommer le sacrificateur qui a immolé au public ce bouc émissaire de la littérature je lui serai très obligé, et je lui garderai le secret .
Je ne sais si monsieur de Lacombe connaît M. Thieriot. C'est lui qui envoya le manuscrit il y a quelques années ; il le tenait de la main de l'auteur, mais je ne sais plus à présent où demeure M. Thieriot ; tout ce que je sais, c'est qu'un maraud comme Fréron doit être marqué de la fleur de lys du Parnasse . Si monsieur de Lacombe veut bien me donner quelques éclaircissements sur tout cela, il ne sera point cité, et il rendra service au public .
Je lui renouvelle les sentiments avec lesquels je serai toujours son très humble et très obéissant serviteur
V.
6è Juillet 1770. »
1 Les Anecdotes sur Fréron ; voir lettre du 20 août 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/16/continuez-a-combattre-en-faveur-du-bon-gout-et-du-sens-commu-6277712.html
et https://www.monsieurdevoltaire.com/article-satires-anecdotes-sur-freron-123235251.html
2 Parce qu'il faut que les méchants soient connus .
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14/12/2025
Voulez-vous bien aussi avoir la bonté de m'envoyer quelques -unes de vos déclarations pour être signées par les émigrants qui se présentent tous les jours
... De tout temps l'émigration semble bien avoir été source de paperasse, et on peut envier la simplicité des démarches au XVIIIè siècle : bon courage et patience : https://www.service-public.gouv.fr/particuliers/vosdroits...
« A Louis-Gaspard Fabry
6è juillet 1770 à Ferney
Monsieur,
Les affaires se multiplieront à mesure que Ferney s'agrandira . Le charpentier Landry est venu me trouver aujourd'hui, et m'a montré l’ordre de monsieur le résident de faire passer des bois aux confins de Prégny pour bâtir un théâtre qui devait adoucir les mœurs des Genevois , et qui n'aura point lieu 1. Il m'a mis cet ordre entre les mains . Il n’est pas étonnant que ces bois devenus inutiles causent une perte à Landry que nous tâcherons de réparer . Les voituriers ont eu très grand tort de ne vous pas demander un visa . C'est leur faute .
Au reste, ces bois sont toujours sur France, et j'espère m'en servir . Je vous prie de me mander quelles sont vos volontés .
Voulez-vous bien aussi avoir la bonté de m'envoyer quelques -unes de vos déclarations pour être signées par les émigrants qui se présentent tous les jours à Ferney.
J'ai l'honneur d'être avec un attachement respectueux,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 V* a renoncé dès lors à l'espoir de voir Versoix devenir la rivale de Genève . Le 9 juillet Dupan devait écrire aux Freudenreich : « M. de Jaucourt, qui commande en Bresse, et l'un des promoteurs de Versoix, commence à en être dégoûté, et Voltaire est le rival de ce Versoix, qu'il voudrait transporter à Ferney. »
09:59 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/12/2025
Je me flatte pourtant que vous vous occuperez plus à loger les vivants que les morts
... "Laisse les morts enterrer les morts" dit Jésus, mais il est vrai que de nos jours Netanyahou est à mille lieues de cette sage résolution et fait plus de cas de récupérer des cadavres que de rebâtir pour des sur/vivants . Sans parler de ce brindezingue Trump qui ne rêve que de golf et stations balnéaires méditerranéennes à Gaza . Même en France, je n'admets toujours pas qu'on bâtisse des monuments aux morts plus facilement que des logements pour les sans abris .
« A Louis-Jean Desprez
Ferney 6 juillet 1770 1
Si je n’avais point essuyé, monsieur, un violent accès d’une maladie à laquelle ma vieillesse est sujette, je vous aurais assurément remercié plus tôt de l’honneur que vous me faites . M. Pigalle était prêt à partir de ma petite retraite lorsque votre beau présent arriva 2. Ce grand artiste lui donna l’approbation la plus complète ; M. Hennin, résident de France à Genève, un des meilleurs connaisseurs que nous ayons, en fut enchanté, et moi j’eus la vanité de vouloir être enterré au plus vite dans ce beau monument. Je me flatte pourtant que vous vous occuperez plus à loger les vivants que les morts . Je suis un peu architecte aussi, j’ai bâti la maison dans laquelle je finis mes jours. Je voudrais vous voir construire une salle de spectacle ou un hôtel de ville 3 . Alors j’aurais autant d’envie de vous aller féliciter à Paris que j’en ai d’être éloigné d’une ville où tout un peuple s’écrase et se tue pour aller voir des bouts de chandelles sur un rempart 4.
J’ai l’honneur d’être avec toute l’estime et la reconnaissance que je vous dois, etc. »
1 Copie contemporaine ; copie par Rieu dans un ouvrage de la bibliothèque de V* ; éd. C. L.
2 Desprez , architecte et professeur de dessin à l’École royale militaire, avait publié et dédié à Voltaire trois gravures représentant son Projet d’un Temple funéraire destiné à honorer les cendres des rois et des grands hommes, ouvrage couronné, en 1766, par l’Académie d’architecture.
Voir le Mercure de France d'octobre 1770, I, 171 : https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015065738059&seq=607
et II, 161 .
3 Il fit au moins le plan d'un hôpital ; voir le Mercure de France d'octobre 1771, I, 201 : https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015065738018&seq=211
4 Le 30 mai 1770, aux fêtes pour le mariage du dauphin (futur Louis XVI.)
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12/12/2025
J’ignore ce qu’il faut faire et ce que je dois répondre à ceux qui s’adressent à moi
... Et oui, le doute m'habite, dit Mme Brigitte Macron. Toi qui ne manques pas de vocabulaire ( oui, je te tutoie ) pourquoi insulter si bassement des femmes qui croient un homme coupable et l'expriment même si c'est à tort . Les ors de l'Elysée viennent de se décoller et l'époux président n'avait pas besoin de ce caillou sur la tête pour être insomniaque . Le "Casse-toi pov'con!" gueulé par Sarkozy n'avait pas besoin d'une version féminine, l'inclusion a ses limites . Quoi que tu fasses, tu ne sera plus respectée que comme une femme ordinaire, vulgaire même . Dur d'entrer dans la petite Histoire, je dirai même c'est con .

« A Pierre-Michel Hennin
4è juillet 1770 à Ferney
Le nommé Tourte, horloger de Genève, dont on saisit plusieurs montres à Collonge, il y a trois semaines, s’adressa sans doute à vous, et on me mande de Lyon que son affaire a été accommodée 1. C’est ce que j’ignore. Mais un négociant nommé Maroy, domicilié à Lyon, était celui à qui les montres appartenaient. Il a déjà payé 1400 livres argent comptant à Tourte, et lui a donné pour 2000 livres de lettres de change ; mais il n’a reçu aucune montre, et il n’est pas juste qu’il paye une marchandise qu’il n’a point reçue.
Je vous supplie de vouloir bien me mettre au fait de cette affaire ; elle m’est recommandée très vivement. J’ignore ce qu’il faut faire et ce que je dois répondre à ceux qui s’adressent à moi.
Êtes-vous dans votre maison de campagne ?
Mille respects à Mme Le Gendre 2.
V. »
1 Voir lettre du 6 juillet 1770 à Vasselier : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/12/correspondance-annee-1770-partie-19.html
2 Sœur de M. Hennin. On entendra de nouveau de parler de cette dame qui habitait chez Hennin, il sera aussi question de son mari ; voir lettre du 17 juin 1770 à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/11/20/racas-et-bougres-6571243.html
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11/12/2025
Vous auriez bientôt fait de cette prison le lieu le plus délicieux de la terre. Daignez, je vous en conjure, me dire si vous espérez y parvenir
... Oui, Nico, encore quelques semaines et tu aurais rendu ta cellule digne d'un quatre étoiles et tu aurais cantiné avec Fauchon ! Tu as pris tes marques pour ton prochain séjour ?
« A Catherine II, impératrice de Russie
A Ferney, 4 juillet [1770]
Madame,
J’ai reçu la lettre dont Votre Majesté Impériale m’honore, en date du 20 mai 1. Je vous admire en tout . Mon admiration est stérile, mais elle voudrait vous servir . Encore une fois je ne suis pas du métier, mais je parierais ma vie que, dans une plaine, ces chars armés, soutenus par vos troupes, détruiraient tout bataillon ou tout escadron ennemi qui marcherait régulièrement . Vos officiers en conviennent le cas peut arriver. Il est difficile que dans une bataille tous les corps turcs attaquent en désordre, dispersés, et voltigeant vers les flancs de votre armée . Mais s’ils combattent d’une manière si irrégulière, en sauvages sans discipline, vous n’aurez pas besoin des chars de Tomyris . Il suffira de leur ignorance et de leur emportement pour les faire battre comme vous les avez toujours battus.
Je ne conçois pas comment Votre Majesté n’est pas encore maîtresse de Brahilow et de Bender 2, au moment que je vous écris ; mais peut-être ces deux places sont-elles prises, et nous n’en avons pas encore la nouvelle.
Les gazettes me font toujours une peine égale à mon attachement . Je crains que les Turcs ne soient en force dans le Péloponnèse.
Je n’entends plus parler de la révolution prétendue arrivée en Égypte 3 ; tout cela m’inquiète pour mes chers Grecs, et pour vos armées victorieuses, qui ne me sont pas moins chères.
La France envoie une flotte contre Tunis ; j’aimerais encore mieux qu’elle envoyât trente vaisseaux de ligne contre Constantinople.
Votre entreprise sur la Grèce est sans contredit la plus belle manœuvre qu’on ait faite depuis deux mille ans ; mais il faut qu’elle réussisse pleinement . Ce n’est pas assez qu’elle vous fasse un honneur infini. Où est le profit, là est la gloire, disait notre roi Louis XI, qui ne vous égalait en rien.
Je donnerais tout ce que j’ai au monde pour voir Votre Majesté impériale sur le sopha de Moustapha. Son palais est assez vilain, ses jardins aussi . Vous auriez bientôt fait de cette prison le lieu le plus délicieux de la terre. Daignez, je vous en conjure, me dire si vous espérez y parvenir. Il me semble qu’il ne faudrait qu’une bataille ; elle serait décisive.
Je ne reviens point de ma surprise. Votre Majesté est obligée de diriger des armées en Valachie, en Pologne, dans la Bessarabie, dans la Géorgie, et elle trouve encore du temps pour daigner m’écrire ! Je suis stupéfait et confus autant que reconnaissant.
Daignez toujours agréer mon profond respect et mon enthousiasme pour Votre Majesté impériale.
Le très vieux Ermite de Ferney. »
1 Et non du 2 comme le portent toutes les éditions . Il s'agit de celle-ci : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7886
2 Brailow ou Braila, est située sur le Danube, à environ 150km de son embouchure, dans l'actuelle Roumanie . Bender est sur le Dniester près d'Odessa ; la place a été rendue fameuse par Charles XII : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article2492
3 Ali Bey a songé à profiter de la situation pour proclamer l'indépendance de l’Égypte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ali_Bey_al-Kabir
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10/12/2025
La malversation me paraît évidente
...Quoi qu'en dise le menteur patenté Nicolas Sarkozy qui aura beaucoup à se faire pardonner par ce dieu qu'il prie et dont il attend une clémence miraculeuse demandée à Lourdes . Salut aux gogos qui vont encore acheter sa prose inepte .
« A Louis-Gaspard Fabry, Maire
et Subdélégué
à Gex
3è juillet [1770 ?] à Ferney
Monsieur,
Je vais écrire sur-le-champ, et ma lettre partira demain. Il faut que l'homme en question soit bien riche s'il n'est pas condamné . La malversation me paraît évidente ; et si M. l’intendant de Bourgogne a vu l'affaire par lui-même, et ne l'a pas renvoyée à d'autres, je ne doute pas que vous ne fassiez rende justice à la province .
Je suis d'ailleurs trop heureux, monsieur, de trouver une occasion de vous témoigner mon dévouement, et ma reconnaissance . J'ai l'honneur d'être pour toute ma vie avec des sentiments inviolables,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
17:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
cette affaire réussira et je la regarde déjà comme si elle était terminée
... Oui M. Lecornu voici ce que vous diriez si vous étiez ultra optimiste au moment de faire adopter le budget 2026 de la Nation sans écouter les menaces de tous les bords extrêmes qui unissent leurs forces de démolition habituelles, Marine et Jean-Luc enrageant de n'avoir pas réussi leur premier travail de sape avec le budget Assurances sociales . Gardez-vous bien de crier victoire , elle pourrait l'être à la Pyrrhus .
Voir de nos jours un premier ministre heureux, ça s'arrose : https://www.20minutes.fr/diaporama/diaporama-4190704-imag...

Aïe !
Marie-Louise Denis
et Voltaire
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
Conseiller au Parlement
rue d'Anjou
à Paris
Vous nous apprenez mon cher neveu une nouvelle qui me fait autant de plaisir qu'à vous-même . Vous entrez dans une famille charmante qui fera l'agrément de votre vie comme la personne que vous épousez 1 en fera le bonheur . Mon cœur me dit que cette affaire réussira et je la regarde déjà comme si elle était terminée . Vous verrez par le petit mot que mon oncle doit joindre à cette lettre combien il approuve votre choix .
Je vous suis très obligée en mon particulier de vous être marié . Je le désirais depuis longtemps mais vous n'avez pas perdu pour attendre . Demandez à votre aimable prétendue un peu d'amitié pour une vieille tante qui vous aime tendrement et qui aura pour elle les mêmes sentiments puisqu'elle doit vous être unie . Je donne ma plume à mon oncle et je ne veux pas différer plus longtemps le plaisir que vous aurez à le lire .
Mariez-vous vite et faites des conseillers au Parlement philosophes ; permettez que l'entrepreneur des montres de Ferney vous assure cent mille francs par votre contrat de mariage . Ayez la bonté de lui envoyer un modèle de procuration .
Il faut que deux neveux aient le diable au corps pour aller donner dix louis 2 quand la mise n'est que de deux . Vous gâtez le métier . Je vous embrasse tous deux . J'attends un arrière-petit-neveu dans dix mois .
V.
3 juillet [1770].3 »
1D'Hornoy épousera le 3 août 1770 Louise-Sophie Savalette de Flacourt de Magnanville, fille de Charles-Pierre Savalette de Magnanville et de Marie Joli de Choin ; le père ancien intendant de Tours était à l'époque garde du Trésor Royal .
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Pierre_de_Savalette_de_Magnanville
et : https://gw.geneanet.org/jfnuger?lang=fr&n=de+savalette&oc=0&p=louise+sophie
2 Pour la statue de Pigalle .
3 Original, les deux premiers paragraphes de la main de Mme Denis, le reste, adresse comprise, de celle de V*, cachet « de Lyon ». ce manuscrit est passé à la vente Stargardt à Marbourg le 11 juin 1974 .
11:13 | Lien permanent | Commentaires (0)

