06/10/2025
Allez, allez, mon cher monsieur . Ne soyez point inconsolable ...On connaît votre mérite et vos services
... Au revoir M. Lecornu, et grand bien vous fasse si vous osez continuer politiquement à fréquenter de tels individus que ceux qui vous ont "cassé !"
« A Louis-Gaspard Fabry, Maire
et subdélégué Chevalier
de l'ordre du roi
Gex
Allez, allez, mon cher monsieur . Ne soyez point inconsolable . C'est à moi qu'on avait mandé que deux articles et entre autres celui de l’éducation pourraient écarter les nouveaux colons . C'est à moi qu'on a écrit depuis qu’il ne serait point question d'éducation ? C'est à moi qu'on écrit par une troisième lettre du 14 ( reçue seulement aujourd'hui de M. Hennin ) qu'on fera garder le port par des invalides . Ainsi vous n'êtes responsable que du bien que vous faites tous les jours au pays . On connaît votre mérite et vos services, et vous devez vous consoler .
Il est clair qu'il faudra un autre édit si on veut que la ville soit habitée . En pareil cas c'est à ceux qu'on veut attirer, à donner la loi ; on traite ses sujets comme on veut ; mais il faut composer avec ceux qu'on veut acquérir .
Mille très tendres respects .
V.
Dimanche matin [avril-mai1770] 1.»
1 Copie par Théophile Dufour. L'original a appartenu à Thérèse-Gabrielle-Suzanne-Emma de Laure, née Fabry ( 1870-1913).
17:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
Quelque parti qu'il prenne, on pense qu'il est très important pour lui d'achever le premier volume à tire-d'ailes
... Je ne pensais pas en conseillant à M. Lecornu de "taper dans le tas" qu'il nommerait un gouvernement éphémère qui n'a duré pas plus que ces restaurants ambulants à la mode . Retailleau peut jubiler , son orgueil et son ambition ont fait mouche . L R = Les Renégats est bien à jeter aux ordures avec les extrêmes de droite et de gauche . La Gauche avec les Ecologistes va pouvoir mettre ses motions de censure sous le coude en attendant le prochain gouvernement ; leur mauvaise foi ne connait pas la péremption.
Conseil au Président, bâclez l'ouvrage ou non, quoi que vous fassiez ça sera pisser dans un violon . Qui , un peu sensé, acceptera le poste de Premier Ministre et trouvera avec qui mener l'Etat ? Au secours Parcoursup et Chat GPT !
« A Gabriel Cramer
[avril-mai 1770]
On renvoie à monsieur Cramer, les feuilles auxquelles on a mis les grands alinéas nécessaires . Quelque parti qu'il prenne, on pense qu'il est très important pour lui d'achever le premier volume à tire-d'ailes .
On a rayé dans l’article « Adorer » un paragraphe qui était répété .
On revoit toujours deux fois l’épreuve .
Si monsieur Cramer est prié de recommander à l'imprimerie qu'on renvoie A et B avec les nouvelles feuilles, afin qu'on puisse voir s'il n'y a rien de répété, ce qui est essentiel .
Il faudra qu'on en use ainsi pour toutes les feuilles .
J'avais besoin de Dion Cassius ; je n'y pouvais rien comprendre parce qu’il était en feuilles entremêlées les unes dans les autres . Je l'avais envoyé relier chez Jacoby ; mais monsieur Cramer l'ayant redemandé je l'ai rendu sans en avoir profité . Je crois qu’il est chez Chirol relié . Il faudrait savoir combien Chirol veut le vendre . Monsieur Cramer alors aurait la bonté de le faire envoyer chez M. Souchay, et le messager me l'apporterait .
Pardon de tant de menus détails . »
16:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
j’ai renoncé à ma chèvre,...Je vous demande quelques mois de grâce
... Bien dit Monsieur le Premier ministre . Pourtant, j'ai bien entendu dire que Rachida fera encore partie du nouveau gouvernement, elle qui n'a pas de clochette au cou mais des casseroles plaquées or : https://www.lefigaro.fr/tag/rachida-dati . Le loup a encore près d'un an pour s'affuter les crocs avant de nous en débarrasser : beaucoup trop long .
Il serait bon que vous bénéficiez de quelques mois de grâce M. Lecornu, mais les chiens sont lâchés, tant à droite qu'à gauche, une seule solution : foncez dans le tas, ce ne sont que des opportunistes de bas étage !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
[vers le 30 avril 1770] 1
Je reçois, en ce moment, les faveurs de M. Bouvart 2, dont je vous remercie tous deux ; j’ai renoncé à ma chèvre, mon cher ange ; le temps est trop affreux ; je suis plongé dans les neiges.
Je vous demande quelques mois de grâce pour Le Dépositaire 3; il m’est impossible de travailler dans l’état où je suis . Quand je serai en vie, à la bonne heure, je serai assurément à vos ordres.
Les petits versiculets faits pour Mme la duchesse de Choiseul 4 et pour M. Saurin 5 n’étaient faits que pour eux.
C’est apparemment pour faire sa cour à M. l’abbé Terray qu’on les a montrés.
Voulez-vous me faire un plaisir ? informez-vous, je vous en prie, si on a fulminé, le jeudi de l’absoute 6, la bulle In cœna Domini 7. Quel mot, fulminé ! cela m’est important pour fixer mes idées sur Ganganelli . Il faut avoir des idées nettes.
Mais surtout dites à Mme de Choiseul que vous vous êtes chargé expressément de la gronder.
Me pardonnez-vous tout ce bavardage ? »
1 Dans l’édition de Kehl, cette lettre est datée de mars. Le nom du mois est surchargé dans l’original. (Beuchot)
Copie Beaumarchais-Kehl. L'original olographe de deux pages est passé en vente chez Privat en janvier 1930 et le 15 septembre de la même année . Sur le manuscrit, cette lettre, après quelques faux départs est placée ne mars 1770 ; pourtant il est évident, en dehors de quelques autres indices, qu'elle a été écrite après celle du 24 avril à de Caire et avant celle du 4 mai 1770 : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/12/correspondance-annee-1770-partie-13.html
2 La réponse à la consultation, celle-ci ayant disparu, Mais on a conservé le texte de la petite note de Bouvart datée du 17 avril 1770 qui l'accompagnait . Voir aussi lettre du 5 mars 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/16/il-demande-si-on-a-l-experience-que-le-lait-de-chevre-avec-q-6559249.html
3Sur cette comédie du Dépositaire dont V* parle depuis longtemps, voir lettre du 4 mars 1769 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/07/tout-est-coup-de-des-dans-ce-monde-6513623.html
Le délai de réflexion qu'il demande est significatif de sa manière de composer ses pièces de théâtre .
4 Voir lettre du 26 mars 1770 à Mme de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/09/08/je-m-acquitte-de-ce-devoir-en-vertu-de-la-sainte-obedience-6561921.html
5 Dans la lettre du 21 mars 1770 à Saurin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/09/03/je-ne-veux-pas-dans-mon-declin-finir-comme-les-gens-du-monde-6561333.html
6 Le Jeudi Saint qui tombait le 12 avril en 1770 .
7 Clément XIV ne la fulmina pas ; voir la note de Voltaire : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome18.djvu/53
et lettre du 5 mai 1769 au prince de Ligne : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/11/08/les-pretres-apprennent-enfin-qu-ils-doivent-prier-dieu-pour-6522212.html
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05/10/2025
pour l'âme, elle est je ne sais où
... Et d'ailleurs pour savoir "où" il faut d'abord savoir "quoi ou qui" . Pour ma part, je ne la connais pas, pas plus que l'un de ces dieux qui sont motifs de tant de guerres menées par des prophètes avides . Contentons-nous de savoir ce que nous ne savons pas .
Suivons l'ami Voltaire pour nous éclairer : https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/%C3%82me
« A Jeanne-Louise Pavée de Provenchères de Rochefort d'Ally
A Ferney ce 30 avril 1770 1
Vous avez été attaquée dans votre foie, madame, et vous avez été saignée trois fois ; M. d'Alembert qui a été votre garde-malade vous dira qu'autrefois, selon l'ancienne philosophie et l'Ancien Testament, les passions étaient dans le foie et l'âme dans le sang . Aujourd'hui on dit que les passions sont dans le cœur, et pour l'âme, elle est je ne sais où. La mienne quelque part qu'elle soit, a été sensible comme elle le doit, à votre danger et à votre convalescence .
Je remercie bien tendrement monsieur de Rochefort de m'avoir donné de vos nouvelles . J'en ai quelquefois aussi de M. l'abbé Bigot 2 de fort agréables mais elles ne me rendent pas la santé que je crois avoir perdue sans retour . J'ai eu beau me faire capucin ; je n'ai pas prospéré depuis ce temps-là, et je crois que je verrai bientôt saint François mon bon maître . Je serai très aise de laisser sur la terre des personnes qui l'embellissent comme vous .
Je vous prie d'agréer ma bénédiction.
Frère François capucin indigne.
Mme Denis vous assure de son tendre attachement . »
1 Copie par Boissy d'Anglas (Clarke) ; copie contemporaine ; éd . La Vie privée de Voltaire qui fond cette lettre avec celle du 19 novembre 1770 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_8037
2 Choiseul, comme on l'a déjà vu .
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04/10/2025
Une adorable indifférente, Faisant du bien pour son plaisir
... Par altruisme, pur altruisme je vous assure, je serais satisfait de connaitre une charmante personne comme cela .
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
30 avril 1770 1
Dixain contre votre grand-maman
Oui, j’ai tort si je vous ai dit
Qu’elle n’était qu’une volage,
Fière du brillant avantage
De sa beauté, de son esprit,
Et se moquant de l’esclavage
De tous ceux qu’elle assujettit.
Cette image est trop révoltante ;
Je crois qu’on peut la définir
Une adorable indifférente,
Faisant du bien pour son plaisir. »
1 Copie par Wyatt ; éd. Kehl qui place cette pièce après le premier alinéa de la lettre datée du 5 mai et que Mme Du Deffand se réfère à ces vers dès le 8 mai . Voir : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/12/correspondance-annee-1770-partie-13.html
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Vejanus se cache à la campagne, après avoir suspendu au jambage de la porte les armes d'Hercule
... C'est tout à fait vous M. Lecornu , encore en pleine réflexion et tractations, ou me trompè-je ?
« A Louis de Laus de Boissy
Ferney 28 avril 1770
Monsieur,
Anacréon chantait et dansait, Platon raisonnait ou déraisonnait dans le beau pays de la Grèce, et moi je suis entouré de quarante lieues de neiges, à la fin d’avril, entre les Savoyards et les Suisses ; et tant que les neiges sont sur la terre, je suis privé de la vue. Pardonnez-moi si, dans cet état, je ne réponds qu’en prose à vos très jolis vers 1. Je sens tout leur mérite ; mais vous me prenez trop à votre avantage . Ce n’est pas le cas où
Nardi parvus onix eliciet cadum. 2
….........................................................
…................................Vejanius, armis
Herculis ad postem fixis, latet abditus agro. 3
Vous daignez me chercher dans la solitude où je suis enseveli pour me récompenser de mes travaux passés . Je ne puis que vous offrir de sincères et d’inutiles remerciements des fleurs que vous jetez sur le bord de mon tombeau. J’ai perdu la voix ; mais si elle me revient, ce sera pour vous dire combien je suis sensible aux bontés dont vous m’honorez.
J'ai l'honneur d'être etc . »
1 Laus de Boissy a envoyé ces vers à V* dans une lettre de trois pages en prose et en vers qui, après avoir passé chez Charavay le 19 mars 1860 a apparemment disparu . Il est l'auteur du Secrétaire du Parnasse , ou recueil de nouvelles pièces en vers et en prose, dédié à « M. Arouet de Voltaire, comte de Ferney » appellation contre laquelle V* protestera dans sa lettre du 7 décembre 1770 .
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Laus_de_Boissy
et : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/467-ma-laus-de-boissy
2 Horace, Odes, IV, xii, v. 17 . Un petit vase d'onyx plein de nard fera sortir une jarre (de vin ) .
3 Horace, Épîtres, I, i, V. 4-5 . Vejanus se cache à la campagne, après avoir suspendu au jambage de la porte les armes d'Hercule .
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Cet honneur est bien grand, tous l’ont su mériter
... Telle sera la réponse - flatteuse - de M. Lecornu quand on lui demandera pourquoi il a choisi ceux qui vont gouverner avec lui .
« A Jean-François Marmontel
27 avril 1770
Au sujet près, mon cher ami, jamais les gens de lettres, dans aucun pays, n’ont imaginé rien de plus noble. Les douze apôtres n’ont pas eu ce courage. Les douze personnes 1 à qui cette étrange idée à passé par la tête sont dignes chacune de ce qu’elles veulent me donner.
Cet honneur est bien grand, tous l’ont su mériter.
Mais douze monuments et douze statuaires !
Ce serait un peu trop d’affaires.
Ils ont dit « Choisissons, pour nous représenter,
Celui qui d’entre nous donna les étrivières
Le plus fort et le plus longtemps
Aux Grizels, aux Frérons, aux cuistres, aux pédants ;
C’est notre prête-nom, c’est lui qui dans la troupe
Combattit en enfant perdu ;
C’est notre vieux soldat, au service assidu :
Faisons son effigie avant qu’à notre insu
La friponne Atropos lui coupe
Le fil mal renoué dont on le tient pourvu ;
On croira, quand on l’aura vu,
Que de nous tous on voit le groupe.
D’ailleurs, si nous l’aimons, certe il nous le rend bien.
Vite, qu’on nous l’ébauche ; allons, Pigal, dépêche ;
Figure à ton plaisir ce très mauvais chrétien ;
Mais en secret nous craignons bien
Qu’un bon chrétien ne t’en empêche. »
Vous m’allez dire que ces petits versiculets familiers ne valent rien . Je le sais tout comme vous ; mais j’ai la poitrine attaquée, je n’en puis plus ; et je vous conseille de mettre l’inscription : À Voltaire mourant , comme je le mande à M. d’Alembert.
Ce qui me rend un peu de vie, mais pas pour longtemps, c'est que Mlle Clairon va reparaître 2. Hélas ! Je ne la verrai pas. Je suis privé des joies de ce monde .
Bonsoir, mon très cher confrère.
Frère François. »
1 Selon la Correspondance littéraire, IX, 15, elles étaient dix sept .
2 Voir lettre du 20 avril 1770 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/09/25/je-ne-sais-pas-a-quoi-aboutiront-toutes-les-secousses-que-l-on-donne-aux-fo.html
10:10 | Lien permanent | Commentaires (0)

