10/06/2025
Je me flatte, mon cher philosophe, que vos déclarations publiques feront avorter l'infâme dessein
... de Netanyahou qui se permet d'arraisonner un navire et retenir ses occupants . Emmanuel Macron va devoir hausser le ton et réclamer non seulement la libération des Français mais aussi celle des autres, détenus abusivement : https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250609-gaza-isra%C3%...
« A Paul-Claude Moultou
à Genève
25è décembre 1769
Je me flatte, mon cher philosophe, que vos déclarations publiques feront avorter l'infâme dessein de Philibert et de Chirol que vous avez la bonté d'appeler messieurs Chirol et Philibert.
Je regarde leur manœuvre comme le larcin d'un juif qui vole un habit, et qui le dégalonne pour le vendre . Le premier juif de cette friperie est donc Vernet . Il consomme avec vous l’apprentissage qu’il fit avec les héritiers de Gianone 1 ; ce sont des fraudes pieuses .
La petite société qui travaille à l'Encyclopédie s'est défendu expressément la morale, à moins qu'elle ne soit soutenue par des anecdotes historiques comme celles de Montaigne . Nous bannissons sans pitié tout ce qui peu avoir l'air de déclamation . Je ne doute pas que l'article de votre ami ne soit un morceau piquant, nous le recevrons avec beaucoup de remerciements .
Vous nous feriez un extrême plaisir, à nous, et au public, si vous trouviez dans vos papiers quelques notes historiques concernant l’égalité des premiers chrétiens, qui n’étaient précisément que ce que sont aujourd'hui les quakers . Il me semble que les évêques qui sont devenus si fiers n'eurent un habit différent des laïques que du temps de saint Augustin . Je ne sais plus quel évêque dit dans je ne sais quelle lettre : Infulam deponere paratus sum 2. Mais cette expression ne me parut que métaphysique . Je ne sais plus où retrouver tout cela . Aidez-nous, je vous en prie, autant que vous le pourrez .
Je vous embrasse du meilleur de mon cœur . »
1 Sur Pietro Giannone, voir lettre du 24 février 1757 à Jean Levesque de Burigny : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/10/01/n...
2 Je suis prêt à déposer le bandeau .
Infula désigne la bandelette qui ornait la tête des prêtres .
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/06/2025
Je suis bien flatté que vous ayez approuvé le peu que j’ai dit
... Emmanuel Macron, autosatisfait, a bien entamé le troisième sommet des Nations pour les mers et océans ; voyons l'état des lieux : https://www.franceinfo.fr/environnement/biodiversite/prot...
« À Madame Dupuy 1
Au château de Ferney, le 23 Décembre 1769.
Madame, le triste état de ma santé, qui est la suite de la vieillesse, ne m’a pas permis de répondre plus tôt à l’honneur que vous me faites.
L’ouvrage 2 dont vous me parlez n’est qu’un abrégé, qui n’a pas permis qu’on entrât dans les détails. Je ferai sans doute usage de ceux que vous avez bien voulu me faire parvenir, si mon âge et mes maladies me permettent d’étendre cette histoire selon mes premières vues.
Je suis bien flatté que vous ayez approuvé le peu que j’ai dit de M. votre père ; je n’ai fait que rendre gloire à la vérité, et justice à son rare mérite.
J’ai l’honneur d’être avec les sentiments les plus respectueux, madame, etc.
Voltaire. »
1 Ed. Beuchot, avec note : « Mme Dupuy, fille de M. de L'Estanduère, ayant prétendu que Voltaire [voyez Précis du siècle de Louis XV, chap. XXVIII : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvre... ] n'avait pas rendu un compte rendu exact du nombre de vaisseaux sous les ordres de son père, s'en était plainte à Voltaire, qui lui écrivit la lettre ci-dessus .
2 Le Précis du Siècle de Louis XV, où Voltaire avait parlé du père de cette dame. Voyez chapitre XXVIII. (Georges Avenel.)
10:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
faire rentrer cette bagatelle
... Tel est le voeu des réfugiés de la bande de Gaza pour qui toute aide, si modeste soit-elle, est vitale pour cette foule . Israël- Netanyahou dans la continuité de sa sauvagerie a décidé d'arrêter le petit navire humanitaire Madleen : https://www.lessentiel.lu/fr/story/guerre-au-proche-orient-le-madleen-poursuit-sa-course-malgre-les-menaces-d-israel-832644009510
« A Gaspard-Henri Schérer
M. de Voltaire supplie monsieur Schérer de vouloir bien faire rentrer cette bagatelle .
22è décembre 1769 à Ferney 1. »
1 Original . Le manuscrit est endossé : « … Reçue le 26 [décem]bre. » Le montant de la somme n'est pas indiqué .
00:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/06/2025
en quelque temps qu'on prenne la peine de mourir il y a toujours six mois d’arrérages à recevoir
... Je n'y comprends goutte, mais voici l'information : https://baseircantec.retraites.fr/demander-sa-retraite/li...
A l'heure où c'est encore le grand bazar pour adopter une attitude raisonnable concernant le départ à la retraite, je me demande s'il y a encore quelqu'un qui sait compter en France : comment va-t-on payer plus de retraités avec moins de cotisants ?
« A Guillaume-Claude de Laleu, Secrétaire
du roi, Notaire
rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie
à Paris
22è décembre 1769 à Ferney 1
Je vous souhaite, monsieur, de longues et heureuses années, et une santé meilleure que la mienne . Je n'aurai pas longtemps à vous importuner de mes petits comptes . Vous trouverez certainement tout bien en règle, et de quoi payer, comme il est juste, tous les honoraires que je dois, car en quelque temps qu'on prenne la peine de mourir il y a toujours six mois d’arrérages à recevoir . Faites-moi le plaisir, je vous en supplie, de mettre sur mon compte les cent louis d'or que vous avez eu la bonté de prêter à Mme Denis, et de permettre que j'en tire cent autres sur vous vers le commencement de février . Je vous aurai une obligation essentielle . Je vous devrai la douceur de la fin de ma vie .
J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Original signé, cachet « de Lyon ». La lettre est accompagnée, dans les dossiers de Guillaume de Laleu, d'un reçu annulé , de la main de Mme Denis : « Je reconnais avoir reçu de monsieur Delaleu la somme de deux mille quatre cents livres que je promets de lui rendre à sa volonté . Fait à Paris de douze octobre mille sept cent soixante et neuf . Mignot Denis. »
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/06/2025
On n'obtiendra pas un écu de moi par menaces ... On n'obtiendra pas un écu par prière
... Telle est la conclusion du clash Elon Musk vs Donald Trump . Trop d'argent est en cause pour que le plus grand milliardaire reste sans réagir face au plus grand brouillon : https://www.slate.fr/monde/vraies-raisons-clash-trump-elo...
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
22è décembre 1769
Quoique bien malade et bien languissant, mon cher Cicéron, je me hâte de vous remercier de vos bontés . Tout ce que vous me dites de votre part est humain et digne de vous ; mais ce que vous m'apprenez est horrible .
1° Ce n'est point elle du tout qu'on prie d’assister son frère 1, c'est la commission qui est priée de voir si elle peut faire donner une somme de six mille francs.
2° Quel discours ! J'irai plutôt me jeter aux pieds du roi que de faire prêter de l'argent à mon frère .
3° On n'obtiendra pas un écu de moi par menaces . Eh qui diable l'a jamais menacée ?
4° On n'obtiendra pas un écu par prière 2 . Vraiment je le crois bien .
5° N'est-ce pas assez d'avoir fait enfermer son frère par lettre de cachet sans déshonorer sa famille en imputant à cet infortuné les crimes de la Brinvilliers ? Je suis parfaitement infortuné de cette abominable calomnie . Je suis convaincu de même que ce pauvre homme n'est malheureux que pour avoir écouté toute sa vie des fripons qui l'ont perdu . Je ne l'ai retiré chez moi que par pitié et pour le sauver d'un nouveau naufrage . S'il était indigne de tout ce que j'ai fait pour lui je le renverrais demain . J'ai borné, et je borne mes prières à vous supplier , mon cher Cicéron de parler à l'un des avocats de la commission quand vous en rencontrerez et de savoir si on peut ou non lui faire toucher deux mille écus, dont je me rendrai caution s'il le faut .
L'affaire Sirven est tout autre chose . Il obtiendra sans doute une déclaration positive de son innocence de la part du parlement de Toulouse ; mais je serai bien étonné s'il n'est pas condamné aux frais de la contumace . Dieu merci, tous ces frais sont déjà payés, je regarde cela comme une affaire finie .
Vous êtes toujours le protecteur des innocents . Je vois bien que messieurs de Lyon ne savent mesurer que des étoffes . Cette corde du puits à laquelle il manque vingt pieds 3 est une découverte digne du jugement de Salomon .
Mme Denis et moi, nous vous souhaitons cent heureuses années, à vous , mon cher Cicéron, et à votre très digne épouse .
V. »
1 Il s'agit bien entendu de Mme de Sauvigny et de son frère . La réponse d’Élie de Beaumont, du 15 décembre 1769 est de nature à renforcer les bruits dont Mme Denis faisait état auprès de V* . Il en ressort que la famille Durey le tenait pour un assassin .
Voir lettre du 20 janvier à Mme de Sauvigny : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/02/permettez-moi-ensuite-d-en-appeler-a-tous-les-commentateurs-6509156.html
2Ces phrases sont les réponses rapportées par Élie de Beaumont, aux demandes présentées de la part de V* .
3 Élie de Beaumont avait eu l'idée de vérifier la longueur de la corde avec laquelle on prétendait que Sirven avait descendu sa fille Elisabeth dans le puits . Il y avait trouvé « plus de vingt pieds de différence » ; mais sa lettre ne précise pas entre quel et quel repère se trouve cette différence .
09:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/06/2025
quoiqu'il y ait encore beaucoup de tristes cérémonies par lesquelles il faut passer ...Ce monde-ci, mon cher neveu, ne subsiste guère que d'abus et de sottises ; maximus ille est qui minimis urgetur
.... Abus et sottises, mélange détonnant dans des mains armées .
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
conseiller en Parlement
à Paris
[vers le 20 décembre 1769]
Vous avez, mon cher ami, un caractère comme je les aime . Dès que je vous ai parlé de l'aventure du pauvre Martin, vous avez couru vite vous en informer . Un grand chambrier n'y eut pas seulement fait d'attention ; mais les jeunes gens sont plus honnêtes . L'aventure n'est que trop vraie ; on s’était seulement trompé de date . Ce fut le 26è juillet de cette année qu'un scélérat, dont on ne m'a pas dit le nom, avoua sur la roue que c'était lui qui avait commis le meurtre pour lequel Martin avait été condamne et exécuté auparavant . C'est le juge du bailliage de La Marche 1 qui fit rouer Martin, et le juge de ce bailliage n'en savait pas plus que celui qui avait condamné toute la famille Sirven à être pendue . Il y a environ trois ans que Martin a été roué, et son innocence n'a été reconnue que depuis deux mois . Voici les deux motifs de sa condamnation .
Ses souliers, et un mot lui échappa . Ses souliers déposèrent contre lui parce qu'on remarqua qu'ils cadraient assez avec les traces laissées vers sa maison .
Les paroles qu'il prononça après avoir été confronté avec un témoin qui le déchargea sont celles-ci : Dieu soit béni, il ne m'a pas reconnu ! Martin entendait Dieu soit béni, voilà un témoin du meurtre qui reconnaît que ce n'est pas moi qui suis l'assassin, et le juge expliquait ces paroles dans un autre sens : Dieu soit béni je suis l'assassin et je n’ai pas été reconnu par le témoin . Le juge avait sans doute très grand tort et ne savait ni le français, ni son métier .
Il se peut très bien faire que la Tournelle qui confirma la sentence ait jugé trop légèrement sur des preuves qui pouvaient éblouir . Il se peut que Martin fût un imbécile qui ne sut pas se défendre . Cela n'arrive que trop souvent, et l'infortuné Calas lui-même se défendit très mal .
Sirven se défend mieux . Le parlement de Toulouse, déjà persuadé de son innocence, a ôté au juge ignorant qui l'a condamné en première instance 2 la connaissance de cette affaire, et a nommé d'autres juges . Ainsi je regarde l'affaire de Sirven comme finie, quoiqu'il y ait encore beaucoup de tristes cérémonies par lesquelles il faut passer .
Cela me rafraîchit un peu le sang, car je vous avoue qu'il y a longtemps que je suis de mauvaise humeur .
Je pense comme vous sur la jurisprudence criminelle de France, et vous pensez comme le président de Lamoignon qui était toujours pour les partis les plus modérés .
Il est honteux que les Anglais soient plus humains que nous . Il est encore plus honteux que toutes les lois soient uniformes chez eux ainsi que les poids et mesures, et qu'en France on change de loi en changeant de chevaux de poste .
Monsieur l’avocat général du parlement de Grenoble 3 et celui de Dijon travaillent actuellement sur cette importante matière . J'imagine que vous animerez un jour le zèle de vos confrères . C'est une belle chose de réformer son pays .
Je ne suis point l'ennemi des remontrances , au contraire, mais je voudrais qu'il en fut des remontrances comme de la messe, on l'avilit en la disant tous les jours . Ce monde-ci, mon cher neveu, ne subsiste guère que d'abus et de sottises ; maximus ille est qui minimis urgetur 4 .
Vous avez pris des Anglais les redingotes, Faxhall 5, l'attraction , l’inoculation, tâchez de prendre les lois anglaises le plus que vous pourrez .
Je vous embrasse de tout mon cœur en anglais et en français, mais non pas en welche .
Je vous prierais de me marquer le nom du receveur de Rechicourt 6 si vous l’apprenez ; car je suis bien vieux et bien malade, et il faut mettre ordre à tout . »
1 La mention du bailliage de La Marche est nouvelle ; mais pour le reste on est toujours aussi peu avancé sur la fameuse affaire Martin .
2 François de Bastard qui s'est simplement démis de sa charge ; voir lettre du 10 décembre 1769 à Audra : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/05/28/je-me-flatte-que-le-parlement-saisira-cette-occasion-de-fair-6549791.html
3 Servan.
4 Celui-là est le plus grand, qui est accablé par les plus petites choses .
5 Vauxhall dont une imitation est en préparation aux Champs-Élysées sous le nom de Colisée .
6 Ce mot est écrit ici Régicourt ; voir lettre du 6 octobre 1769 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/05/25/on-lui-reservera-tout-le-terrain-qu-il-voudra-beaucoup-d-etrangers-en-deman.html
et du 10 janvier 1770 à A.-M.-F. Dompierre d'Hornoy .
00:31 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/06/2025
Vous prendrez les mesures que l'intérêt de la vérité et de votre prudence vous suggéreront
... Recommandation impérative à tous ceux qui ont quelque pouvoir de décision et de commandement . Usez sans crainte de la vérité mais ne soyez pas figés par une prudence excessive et paralysante .
« A Paul-Claude Moultou
à Genève
20è décembre 1769
Je vous envoie, mon cher philosophe,l'annonce des nommés Philibert et Chirol 1 . Vous prendrez les mesures que l'intérêt de la vérité et de votre prudence vous suggéreront 2.
Vous aviez, ce me semble, plusieurs matériaux sur la primitive Église ; si vous vouliez en faire part on les insérerait par ordre alphabétique dans le supplément qu'on fait à l'Encyclopédie . Les libraires vous en témoigneraient leur reconnaissance de la manière dont vous trouveriez à propos . On vous garderait le secret, et vous contribueriez à la perfection d'un ouvrage qui peut être utile .
Bonsoir, ne laissez pas flétrir la mémoire d'Abauzit. 3»
1 Voir lettre du 13 décembre 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/06/02/6550341on-n-en-parlera-qu-apres-l-arrangement-ou-derangement-des-finances-q.html
2 Moultou a déjà vu l'annonce, et protesté dans une lettre datée du 9 décembre qui paraîtra dans les Nouvelles de divers endroits le 20 décembre .
3 Grâce à l'édition de ses œuvres ; voir encore la lettre du 13 décembre à Moultou .
09:53 | Lien permanent | Commentaires (0)