10/10/2024
il faut louer la liberté de penser. Cette liberté est un service rendu au genre humain
... Au passage, petite pensée pour Florent Pagny : https://www.youtube.com/watch?v=6w5vWHqU3uM&ab_channel=FlorentPagnyVEVO
Observation, bon sens, recherche de la pacification et non de con-vaincre ou exclure, c'est bien ce que veut le Patriarche .
Et puisque Voltaire fait référence à l'Académie Française, on peut faire un petit tour en compagnie de Claudine Tiercelin, philosophe : https://www.youtube.com/watch?v=OoJOMTsdllA&ab_channe...
P.-S. Vous avez tenu jusqu'au bout ? C'est bien , c'est le temps d'un film courant . On peut sauter les 13 premières minutes .
« A Bernard-Joseph Saurin, de
l'Académie française, etc.
à Paris
À Ferney, 5è avril 1769
Je vous remercie très sincèrement, mon cher confrère, de votre Spartacus 1; il était bon, et il est devenu meilleur. Les oreilles d’âne de Martin Fréron doivent lui allonger d’un demi-pied. Je ne vous dirai pas fadement que cette pièce fasse fondre en larmes ; mais je vous dirai qu’elle intéresse quiconque pense, et qu’à chaque page le lecteur est obligé de dire : « Voilà un esprit supérieur. » J’aime mieux cent vers de cette pièce que tout ce qu’on a fait depuis Jean Racine. Tout ce que j’ai vu depuis soixante ans est boursouflé, ou plat, ou romanesque. Je ne vois point dans votre pièce ce charlatanisme de théâtre qui en impose aux sots, et qui fait crier miracle au parterre welche : Neque, te ut miretur turba, labores.2
Le rôle de Spartacus me paraît, en général, supérieur au Sertorius de Corneille.
Vous m’avez piqué : j’ai relu l’Esprit des lois ; je suis entièrement de l’avis de Mme du Deffand, ce n'est que de l'esprit sur les lois 3. J'aime mieux l’instruction donnée par l’impératrice de Russie pour la rédaction de son code . Cela est net, précis, il n’y a point de contradictions ni de fausses citations. Si Montesquieu n’avait pas aiguisé son livre d’épigrammes contre le pouvoir despotique, les prêtres, et les financiers, il était perdu ; mais les épigrammes ne conviennent guère à un objet aussi sérieux. Toutefois, je loue beaucoup son livre, parce qu’il faut louer la liberté de penser. Cette liberté est un service rendu au genre humain.
J’ai été sur le point de mourir il y a quelques jours. J’ai rempli, à mon dixième accès de lièvre, tous les devoirs d’un officier de la chambre du Roi Très Chrétien, et d’un citoyen qui doit mourir dans la religion de sa patrie. J’ai pris acte formel de ces deux points par-devant notaire, et j’enverrai l’acte à notre cher secrétaire, pour le déposer dans les archives de l’Académie, afin que la prêtraille ne s’avise pas, après ma mort, de manquer de respect au corps dont j’ai l’honneur d’être 4. Je vous prie d’en raisonner avec M. d’Alembert. Vous savez que pour avoir une place en Angleterre, quelle qu’elle puisse être, fût-ce celle de roi, il faut être de la religion du pays, telle qu’elle est établie par acte du Parlement. Que tout le monde pense ainsi, et tout ira bien ; et, à fin de compte, il n’y aura plus de sots que parmi la canaille, qui ne doit jamais être comptée.
Je vous embrasse très philosophiquement et très tendrement.
V. »
1 Saurin a envoyé cette pièce à V* dont une nouvelle édition vient de paraître : https://books.google.fr/books?id=NldbAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
2 Horace., lib. I, Satires , X, v. 74 : https://www.loebclassics.com/view/horace-satires/1926/pb_LCL194.121.xml
3 Les mots ce n'est que de l'esprit sur le sois manquent dans la copie Beaumarchais et toutes les éditions.
Voir aussi lettre du 28 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/06/tout-ce-que-peuvent-faire-les-adeptes-c-est-de-s-aider-un-pe-6505853.html
4 On retrouve ici le souci de V* pour que son corps soit enterré en terre chrétienne . Le mot corps est même à prendre ici avec un double sens .
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09/10/2024
quitter son ermitage for his long home
... Six pieds sous terre, voilà qui est souhaitable quand on pense à Poutine qui profite en douce de continuer à tuer en Ukraine pendant que les yeux de monde sont tournés vers le Moyen-Orient ; n'oublions pas ce sinistre dictateur dans nos prières le vouant au gémonies , au plus tôt .
https://voxeurop.eu/fr/guerre-poutine-ukraine-remporte-eu...
« A Henri Rieu
Vendredi au soir 5 avril [1769]
L'ermite de Ferney, mon cher corsaire, a eu douze accès de fièvre consécutifs et a été sur le point de quitter son ermitage for his long home 1. Il a même bravement passé par toutes les cérémonies de sa chère Église papiste, à la barbe des huguenots .
Dès qu'il aura repris un peu de force, il sera charmé de voir le philosophe danois-polonais 2 dont son cher corsaire lui parle . »
1 Pour sa durable demeure ; Allusion à l'Ecclésiaste, XII, 5 : https://saintebible.com/ecclesiastes/12-5.htm
2 Élie Salomon François Reverdil, qui vient de trouver V* pour obtenir une modification de son attitude hostile à la Pologne . Voir Emmanuel Rostworowski : « Une négociation des agents du roi de Pologne auprès de Voltaire en 1769. », Revue d'histoire littéraire de Janvier-février 1969 ; voir bibliographie : https://books.openedition.org/editionscnrs/34702?lang=fr
Voir : https://lumieres.unil.ch/fiches/bio/86/
et : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/681-elie-reverdil
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08/10/2024
Je déteste le fatras et le petit
... Aussi ne supportè-je ni un Mélenchon ni un Ciotti qui sont maîtres dans la petitesse d'esprit et le souk de leurs projets .
« A Jean-François de Saint-Lambert
De F[erney] ce 4 avril 1769 1
De la coquetterie ! Non, pardieu ! mon cher confrère ou mon cher successeur ; ma franchise suissesse n’a ni rouge ni mouches. Quand je vous dis que votre ouvrage 2 est le meilleur qu’on ait fait depuis cinquante ans, je vous dis vrai. Quelques personnes vous reprochent un peu trop de flots d’azur, quelques répétitions, quelques longueurs, et souhaiteraient, dans les premiers chants, des épisodes plus frappants. Je ne peux ici entrer dans aucun détail, parce que votre ouvrage court tout Genève, et qu’on ne le rend point ; mais soyez très certain que c’est le seul de notre siècle qui passera à la postérité, parce que le fond en est utile, parce que tout y est vrai, parce qu’il brille presque partout d’une poésie charmante, parce qu’il y a une imagination toujours renaissante dans l’expression. Je déteste le fatras et le petit, et tout ce que je vois ailleurs est petit et fatras.
Qui diable vous a donné la Canonisation de saint Cucufin 3 ? Il faut que ce soit quelque capucin. On pourra bientôt me canoniser aussi, car, depuis un mois, je ne vis que de jaunes d’œufs comme saint Cucufin. J’ai eu douze accès de fièvre ; j’ai reçu bravement le viatique, en dépit de l’envie. Cela s'est passé avec une décence charmante 4 . J’ai déclaré expressément que je mourais dans la religion du Roi Très Chrétien mon maître 5 et de la France ma patrie, as it is established by act of parliament 6. Cela est fier et honnête 7.
Ma maladie m’a empêché d’écrire à M. Grimm, mais je ne l’en aime pas moins, lui et ma philosophe Mme d’Épinay. Je vous ai la plus sensible et la plus tendre obligation de vouloir bien engager M. le prince de Beauvau 8 à daigner 9 solliciter de toutes ses forces en faveur des Sirven. Votre cœur aurait été bien ému si vous aviez vu cette déplorable famille, père, mère, filles, enfants : la mère rendant les derniers soupirs en me venant voir, les filles dans les convulsions du désespoir, le père en cheveux blancs, baigné de larmes. Et qui a-t-on persécuté ainsi ? la plus pure innocence et la probité la plus respectable. La destinée m’a envoyé cette famille ; il y a six ans que je travaille pour elle. Enfin la lumière est parvenue dans les têtes de quelques jeunes conseillers de Toulouse, qui ont juré de faire amende honorable. Cuistres fanatiques de Paris, misérables convulsionnaires, singes changés en tigres, assassins du che. d. L. B. 10, apprenez que la philosophie est bonne à quelque chose !
Je vous conjure, mon cher successeur, de presser la bonne volonté de M. le prince de Beauvau. Voici le moment d’agir. Sirven, condamné à mort, est actuellement devant ses juges, ses filles sont auprès de moi ; je les ferai partir, si ses juges veulent les interroger. Je me recommande à vos bontés et à celles de M. le prince de Beauvau.
Je vous embrasse de tout mon cœur, sans cérémonie ; mais c’est avec la plus profonde estime et la plus sincère amitié.
V. »
1 Original, initiale et corrections autographes ; édition de Kehl qui pratique des coupures à la suite de la copie Beaumarchais qui porte en note : « A M. de La Harpe probablement. », corrigé en « A M. de Saint-Lambert probablement.'
2 Le poème des Quatre Saisons.
3 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/427
4 Phrase supprimée dans édition de Kehl .
5 Ces deux mots sont supprimés dans l'édition de Kehl .
6 Telle qu'elle est établie par acte du Parlement ; allusion aux sommations que V* a adressées au curé Gros, d'après les ordonnances parlementaires édictées à l'occasion de l'affaire des billets de confession ; voir Candide, chap. XXII : https://fr.wikisource.org/wiki/Candide,_ou_l%E2%80%99Opti... .
7 Voltaire étant malade, dans le temps de Pâques, fit avertir le curé de Ferney de lui apporter le viatique. Le curé répondit qu’il ne le pouvait qu’après que Voltaire aurait rétracté les mauvais ouvrages qu’il avait faits.
8 Le nom est supprimé dans la copie Beaumarchais et les éditions .
9 V* a corrigé de vouloir bien , dicté d'abord .
10 Assassins du chevalier de La Barre ; V* a ajouté ces mots au-dessus de la ligne .
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07/10/2024
Mon cher ami, je ne saurais mieux faire
... ni mieux dire ! " : tel est le résumé du message d'Emmanuel Macron à Netanyahou :
« A Sébastien Dupont
A Ferney 4 avril 1769
Mon cher ami, je ne saurais mieux faire que de vous envoyer la copie de la lettre que j’écris à M Jeanmaire 1; elle vous mettra au fait de tout. Vous me parlerez en ami et en homme vertueux, tel que vous êtes.
J’ai eu douze accès de fièvre ; j’ai passé par toutes les cérémonies qu’un officier de la chambre du roi, un membre de l’Académie française, et un seigneur de paroisse, doivent faire. Je n’ai que peu de temps à vivre ; je ne dois rien faire que ma famille puisse reprocher à ma mémoire. Je serai bien fâché de mourir sans vous avoir embrassé.
Voltaire. »
1 On n'a pas de lettre du 4 avril à Jeanmaire . Mais peut-être ne s'agit-il ici que de la minute de la lettre du 22 avril 1789 qui n'aurait été envoyée que plus tard après certaines rectifications .
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ce mot d'inutile convient beaucoup à tout ce qui se fait dans ce monde
... Inutile que j'y rajoute un commentaire; il n'est qu'à voir le monde des réseaux sociaux, --pour se limiter à ce qui est le plus pratiqué,-- pour constater que le Patriarche a bien raison .
« A Marie-Louise Denis
3è avril 1769
Vous avez dû recevoir,ma chère nièce, trois pièces de vers inutiles, et quatre médailles plus inutiles encore ; car ce mot d'inutile convient beaucoup à tout ce qui se fait dans ce monde .
Je compte parmi ces inutilités mon remerciement à M. de Saint-Lambert que vous ne connaissiez pas, et La Canonisation de saint Cucufin 1 qui m'est enfin venue de Hollande, et que je vous ai envoyée par M. de La Borde, premier valet de chambre du roi . À l'égard des quatre médaillons en argent, ils doivent vous être parvenus par M. Jeannel .
Vous m'avez parlé souvent d'une lettre instructive que vous me destiniez, et que vous deviez me faire tenir par un voyageur, mais je ne sais qui est ce voyageur, et je n'ai pas reçu cette lettre . Il faut apparemment qu'il ne soit point encore parti .
Vous ignorez sans doute que dans la foule épouvantable des sottises qu'on imprime tous les jours à Paris avec approbation et privilège du roi, la veuve Duchesne au Temple du goût, rue Saint-Jacques a donné La France littéraire en deux volumes . C'est un livre qui peut être de bibliothèque, parce que c'est une notice de toutes les académies du royaume, de tous les auteurs vivants, par ordre alphabétique, et de tous leurs ouvrages ; mon article est très long . Il a été probablement rédigé par Fréron ou par quelque homme de cette tempe . On m'y fait auteur du Catéchumène 2, un des billets les plus criminels qu'on ait jamais composés, et dont vous et moi connaissons l'écrivain . On m'y impute un détestable livre de Hollande intitulé Tableau philosophique du genre humain 3 , et quantité d'autres brochures infâmes.
Si je laissais subsister ce monument d'impostures je paraîtrais l'avoir approuvé, je m'avouerais moi-même coupable, et je donnerais aux fanatiques les armes les plus terribles contre moi . J'étais dans mon onzième accès de fièvre entre la vie et la mort lorsque la veuve Duchesne m'envoya ces deux volumes, n'y entendant point finesse, et ne sachant même ce dont il s'agit . C'est ainsi qu'en usent la plupart de vos libraires de Paris qui commandent un livre à des barbouilleurs mercenaires, et qui font travailler leurs nègres à leurs manufactures ; c'est le plus grand avilissement de l'esprit humain .
Les sieurs Christin, Wagnière et Bigex s'amusèrent à lire quelques articles de ce livre, et étant indignés des impostures dont il était plein, ils écrivirent la lettre la plus forte à la veuve Duchesne, et lui envoyèrent un article tel qu'il doit être imprimé 4. Mais cette précaution sera inutile si vous n’engagez pas M. d'Hornoy à passer sur-le-champ chez la veuve Duchesne, et à exiger incontinent l'impression du carton dont on lui a envoyé le modèle .
Les belles-lettres de France sont dans le plus grand opprobre, mais les libraires respectent une robe, et réellement vous me rendrez un très grand service .
D’ailleurs, il est un peu de l’intérêt de la famille que le pauvre oncle ne soit pas éternellement vilipendé .
Les enfants me sont venus voir plusieurs fois pendant ma maladie, Joly y est venu une seule fois par amitié, et je me suis tiré d'affaire tout seul .
J'ai vu d'Hermenches qui retournait en Corse, et qui en est aussi mécontent que du Siège de Calais . Et de quoi n'est-on pas mécontent ? Je ne connais guère que le poème des Quatre Saisons qui ait mérité le suffrage des connaisseurs . Voilà la seule chose à mon gré, qui nous sauve de la décadence générale . Il y a sans doute beaucoup d'esprit à Paris, mais cela est répandu comme de la petite monnaie, et il n'y a pas une seule grande fortune . Je suis persuadé que vous avez choisi une société parmi ceux qui sont les plus riches .
J'écris une longue lettre à Mme Du Deffand, sa grand-maman n'y est pas oubliée . Vous pourrez lui en demander communication quand vous la verrez .
Je ne vous parle point du procès que nous fait Choudens, nous nous défendrons de notre mieux .
Comme j'allais fermer ma lettre, je reçois la vôtre du 26 mars 5 . Vous m'apprenez que c'est Perrachon par qui vous me mandez des choses que j’ignore . Vraiment, vous avez choisi un plaisant commissionnaire . Il ne reviendra probablement pas dans le pays, il craint d'y retrouver Dupuits . Si votre lettre contient des choses secrètes, j'en suis très affligé . Tâchez de me mettre au fait avec vos précautions ordinaires .
Si la caisse d'escompte fait banqueroute 6, je perds le seul effet dont je pouvais disposer .
Ce que vous me mandez de votre aversion pour Paris dérange toutes mes idées . Il serait nécessaire que je vécusse encore un peu pour arranger mes affaires ; mais je ne dois pas compter sur une longue vie .
Voici le billet que vous me demandez pour M. de Laleu 7 . Je vous embrasse avec le peu de forces qui me restent, et très tendrement .
N'oubliez pas, je vous prie, d'engager d'Hornoy à passer chez la veuve Duchesne . »
1 Voir lettre du 21 décembre 1768 à Mme Du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/20/je-deteste-les-poules-mouillees-et-les-ames-faibles.html
On a ici la première référence à cette pièce sous forme imprimée .
2 Sur Le Catéchumène, voir lettre du 1er mars 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/11/je-ne-veux-pas-payer-pour-lui-6465393.html
3 Le Tableau philosophique de l'esprit humain, 1767, n'est pas de V*, mais de Charles Bordes . La fin de la phrase (et quantités d'autres brochures infâmes ) permet à V* de rejeter du même coup la responsabilité des autres ouvrages qui , eux , sont incontestablement de lui .
4 Effectivement, cette lettre (certainement inspirée et approuvée par le maître V* ) et écrite par Wagnière en son nom et au nom de Christin et Bigex, datée du 29 mars est passée à la vente Capelle le 6 juin 1849 . On n'en connaît qu'un résumé .
5 Cette lettre de Mme Denis à laquelle répond V* à partir d'ici est conservée .
6 Cette caisse d'escompte, dont parle Mme Denis, et à laquelle présidait Laborde, fut supprimée le 21 mars avec effet du 1er avril .
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06/10/2024
Nous nous arrangerons aisément
... Ou pas, M. Barnier !
Que dites-vous ?
https://www.francetvinfo.fr/politique/michel-barnier/mich...
et que comprend-on ? https://www.francetvinfo.fr/politique/michel-barnier/budg...
En passant, Bonne Fête aux Grands-Pères !... tant qu'on peut .
Petits-enfants, sur quels chemins nous lançons-vous ?
« A Guillaume-Claude de Laleu
Secrétaire du roi, Notaire
rue Sainte-Croix de la Bretonnerie
à Paris
3è avril 1769 à Ferney 1
Je vous demande en grâce, monsieur, de faire l’impossible pour avancer trois mille livres à Mme Denis . Nous nous arrangerons aisément, vous et moi, pour le reste, et pour les honoraires que je vous dois .
J'ai l'honneur d'être avec un attachement inviolable, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Original signé sur lequel est portée la mention : « Je soussigné reconnais avoir reçu du d[it] Me de Laleu les trois milles livres contenues au billet de l'autre part . À Paris ce 27 avril 1769, Mignot Denis. »
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05/10/2024
Chacun a son diable, madame, dans cet enfer de la vie
...Ces diables sont plus aisés à trouver que des saints, la liste est déjà longue et éternellement renouvelée, depuis le dealer du coin de la rue jusqu'au dictateur sanguinaire en passant par le mari violent et les passeurs/assassins de migrants . Comment vivent ces fléaux ? Actuellement, il en est un qui est au premier rang des malfaisants : le Hezbollah, hydre mortelle alimentée de toute part , y compris l'Afrique de l'Ouest : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/10/04/l-afriq...
« A Marie de Vichy de Chamrond , marquise Du Deffand
3è avril 1769 à Ferney 1
Chacun a son diable, madame, dans cet enfer de la vie. Le mien m’a affublé de onze accès de fièvre, et me voilà ; mais ce n’est pas pour longtemps 2. En vérité, c’est dommage que la nature m’ayant fait, ce me semble, pour vivre avec vous, me fasse mourir si loin de vous. Quand je dis que nos deux 3 espèces d’âmes étaient modelées l’une pour l’autre, n’allez pas croire que ma vanité radote. Le fait est clair. Vous me dites par votre dernière lettre 4 que les choses qui ne peuvent nous être connues ne nous sont pas nécessaires . Grand mot, madame, grande vérité, et, qui plus est, vérité très consolante. Où il n’y a rien le roi perd ses droits, et Dieu 5 aussi. Faites-vous lire, s’il vous plaît, l’article « Nécessaire » dans un certain livre alphabétique 6, vous y verrez votre pensée.
C’est un dialogue entre Selim et Osmin, deux braves musulmans ; et Osmin 7 conclut que la nature n’ayant pas favorisé le genre humain, en tout temps et en tout lieu, du divin Alcoran, l’Alcoran n’est pas nécessaire à l’homme.
Au reste, je sens très bien que le siècle de Louis XIV est si prodigieusement supérieur au siècle présent que les athées de ce temps-ci ne valent pas ceux du temps passé. Il n’y en a aucun qui approche de Spinosa. Ce Spinosa admettait, avec toute l’antiquité, une intelligence universelle ; et il faut bien qu’il y en ait une, puisque nous avons de l’intelligence. Nos athées modernes substituent à cela je ne sais quelle nature incompréhensible, et je ne sais quels calculs impossibles. C’est un galimatias qui fait pitié.
J’aime mieux lire un conte de La Fontaine, ( quoique, par parenthèse, ses Contes soient autant au-dessous de l’Arioste que l’écolier est au-dessous du maître ). Cependant ces philosophes ont tous quelque chose d’excellent. Leur horreur pour le fanatisme et leur amour de la tolérance m’attache à eux 8. Ces deux points doivent leur concilier l’amitié de tous les honnêtes gens.
Je passe des athées à Sémiramis. Que voulez-vous, s’il vous plaît, que je fasse ? Je ne saurais, en vérité, prendre le parti de Moustapha contre elle. Son fils l’aime, son peuple l’aime, sa cour l’idolâtre . Elle m’envoie le portrait de son beau visage, entouré de vingt gros diamants, avec la plus belle pelisse du Nord et un Code de lois aussi admirable que notre jurisprudence française est impertinente. On parle français à Moscou et en Ukraine. Ce n’est ni le parlement de Paris ni la Sorbonne qui a établi des chaires de professeurs en notre langue dans ces pays autrefois si barbares. Peut-être y ai-je un peu contribué. Permettez-moi d’avoir quelque condescendance pour un empire de deux mille lieues d’étendue, où je suis aimé 9, tandis que je ne suis pas excessivement bien traité dans la petite partie occidentale de l’Europe où le hasard m’a fait naître 10.
Je vous avoue que j’aimerais mieux avoir l’honneur de souper avec vous dans votre couvent de Saint-Joseph 11 que de rester au milieu des neiges de l' épouvantable 12 chaîne des Alpes, ou de courir de roi en impératrice. Soyez très sûre, madame, que vos lettres ont fait de mon envie extrême de vous revoir une très grande passion. Comptez que mon âme court après la vôtre.
Je serais peut-être un peu décontenancé devant Mme la duchesse de Choi... Quand le vieux chevalier Des Touches Canon 13, père putatif de d’Alembert 14, voyait une jolie femme, bien aimable, il lui disait : « Passez, passez vite, madame ; vous n’êtes pas de ma sorte. » Je suis devenu un peu grossier dans ma retraite 15.
Que m’importe que la nature,
En dessinant ses traits chéris,
Pour modèle ait pris la figure
De la Vénus de Médicis ?
Je suis berger, mais non Pâris.
Un vieux berger n’est pas un homme.
Je pourrais lui donner la pomme
Sans que mon cœur en fût épris,
Et sans que la maligne engeance
Des déesses de son pays
Reprochât à mes sens surpris
D’être séduits par l’apparence.
Je sais que son esprit orné
A toute la délicatesse
Que l’on vanta dans Sévigné,
Avec beaucoup plus de justesse,
Qu’elle aime fort la vérité,
Mais ne la dit qu’avec finesse.
Ma grossière rusticité
Et mon impudence suissesse
Auraient grand-peine à se prêter
À tant de grâce et de souplesse.
Il faut que, pour bien s’ajuster,
Les gens soient d’une même espèce.
Vous, dont l’esprit et les bons mots,
L’imagination féconde,
La repartie et l’à-propos
Font toujours le charme du monde ;
Vous, ma brillante Du Deffand,
Conversez 16 dans votre retraite,
Vivez avec la grand’maman :
C’est pour vous que les dieux l’ont faite.
Si j’allais très imprudemment
Troubler vos séances secrètes,
Que diriez-vous d’un chat-huant
Introduit entre deux fauvettes ?
Cependant je veux savoir qui soupe entre Mme de Choi... et vous ; qui en est digne, qui soutient encore l’honneur du siècle 17.
Que voulez-vous que je vous dise ? Hélas ! toutes nos petites consolations ne sont encore que des emplâtres sur la blessure de la vie. Mais, dans votre malheur, vous avez du moins le meilleur des remèdes ; et, puisque vous existez, qu’y a-t-il de mieux que de consumer quelques moments de cette existence douloureuse et passagère avec des amis qui sont au-dessus du commun des hommes ? Vous m’avez donné une grande satisfaction en m'apprenant que le président a repris son âme.
Hélas ! qu’a-t-il pu ressaisir
De cette âme qui sut vous plaire ?
Quelque faible ressouvenir,
Et quelque image bien légère,
Qui ne revient que pour s’enfuir !
A-t-il du moins quelque désir,
Même encor sans le satisfaire ?
A-t-il quelque ombre de plaisir ?
Voilà notre importante affaire.
Qu’on a peu de temps pour jouir !
Et la jouissance est un songe 18.
Du néant tout semble sortir,
Dans le néant tout se replonge.
Plus d’un bel esprit nous l’a dit ;
Un autre Hénault19 et Deshoulière,
Chapelle et Chaulieu, l’ont écrit ;
L’antiquité, leur devancière,
Mille fois nous en avertit ;
La Sorbonne dit le contraire :
À ces messieurs rien, n’est voilé ;
Et quand la Sorbonne a parlé,
Les beaux esprits doivent se taire.
Dites, je vous en conjure, au délabré président combien je m’intéresse à son âme aimable. La mienne prend la liberté d’embrasser la vôtre. Adieu, madame ; vivons comme nous pourrons.
V.
P.-S. La lettre à Guillemet 20 à Versailles, de Versailles à Lyon, de Lyon à Genève, et m'a enfin été rendue . Elle est charmante 21. »
1 Original . On dispose en outre pour cette lettre dont V* a particulièrement soigné le texte, de la première minute olographe et d'une seconde minute qui seront désignées respectivement par les sigles Min 1 et Min 2, et d'une copie corrigée de la main de V* sans doute en vue d'une publication qui aura pour sigle Cop 3 ; édition de Kehl.
2 Cette phrase manque dans Op 3.
3Ce mot manque dans Cop3.
4 Voir lettre du 21 mars 1769 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7512
5 Dans Min 1 V* a écrit Dieu ; dans Min 2, Dieu figure dans un premier jet puis a été corrigé en la nature et enfin restitué . Dans Cop 3 V* a de sa main corrigé Dieu en la nature .
6 Le Dictionnaire philosophique .
7 Dans Cop 3 , tout le début de ce paragraphe a été remplacé simplement par Un Turc y .
8 Dans Cop 3 les mots m'attache à eux ont été remplacés par en font de bons citoyens.
9 Les mots où je suis aimé ont été ajoutés au-dessus de la ligne dans Min 2 mais n'ont pas été transcrits dans l'original .
10 Ce paragraphe tout entier est omis dans Cop 3.
11 Les mots dans votre cuvent de Saint-Joseph sont omis dans Cop 3.
12 des neiges dans la belle et épouvantable (Min 2 et Cop 3).
13 Tel est le surnom du chevalier Des Touches, père présumé de d'Alembert . Voir Jean Sareil, Les Tencin, 1969, p. 54. Voir : https://journals.openedition.org/rde/4949#tocto1n9
14 Ces cinq mots sont omis dans Cop 3.
15 Les mots dans ma retraite sont omis dans Cop 3.
16 Et non conservez dans l'édition Besterman .
17 Les douze premiers vers depuis Vous dont l'esprit ... et le bref paragraphe qui les suit sont omis dans Cop3.
18 Ajouté dans Min 2, ce vers, nécessaire pour fournir une rime à replonge, est pourtant omis dans l'original . Il a été restitué dans Cop 3 par V*.
19 Jean Hesnault ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome14.djvu/100
20 Il s'agit de la réponse de la duchesse de Choiseul à « monsieur Guillemet » : voir lettre du 2 février 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/08/j... . Cette lettre de la duchesse datée du 8 février 1769, remise par elle au duc pour qu'il l'achemine par Hennin a été par erreur postée par lui ; aussi n'atteignit-elle V* qu’après un assez long délai .
21 Ce post-scriptum, omis dans Cop 3 manque dans toutes les éditions .
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