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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

criez, je vous en prie, et faites crier . Il n'y a que le cri public qui puisse nous obtenir justice . Les formes ont ét

... et permettre aux coupables de retarder ou éviter la condamnation, n'est-ce pas Nanar Tapie, Sarko, Balkany, Guaino, Guéant, Fillon, Marine Le Pen, etc.

L. Giavarini (dir.), Pouvoir des formes, écriture des normes. Brièveté et normativité (Moyen Âge/ Temps modernes)

 On tombe souvent sur un os ... Qui l'emportera ?

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 Petit rappel ...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

8 juillet [1762]

Toutes les raisons de justice et de convenance sont pour vous, mais elles doivent céder à l'autorité de monsieur le contrôleur général et à son amitié pour M. de Morival . S'il vous avait connu, ce serait vous qu'il aimerait sans doute . Faites vous un mérite auprès de lui de votre sacrifice , afin qu'il vous aime à votre tour . Tâchez de lui parler ; donnez-lui des éloges sur ce que l'amitié lui fait faire ; remettez votre sort entre ses mains . Cette conduite, la seule que vous deviez tenir, peut contribuer à votre fortune . Mon cher frère, je vous prierai toujours de prendre votre parti en philosophe sur l'affaire de cette direction . Il est bien à souhaiter qu'on puisse imprimer à son profit ces pièces qui me paraissent convaincantes et qu'elles puissent être portées au pied du trône par le public soulevé en faveur de l'innocence . Faites-les imprimer, criez, je vous en prie, et faites crier . Il n'y a que le cri public qui puisse nous obtenir justice . Les formes ont été inventées pour perdre les innocents .

Mon frère Thieriot vous embrasse; mon frère d'Alembert me néglige positivement . »

 

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27/05/2017 | Lien permanent

Une main comme la vôtre doit servir à écraser les monstres de la superstition et du fanatisme ; et quand on peut rendre

... Nos hommes/femmes politiques ne semblent pas avoir la carrure, l'esprit, ni même la moindre intention de lutter contre ces deux fléaux . Ils/elles ne sont souvent pas indemnes de ces deux tares, ce qui peut expliquer leur incapacité . Sont-ils/elles doué(e)s de conscience ?  Oui, à géométrie variable, dirais-je . Me trompè-je ?

Vous reprendrez bien un peu de vérité ?

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/quel...

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

[12 d’octobre 1764.]

Mon cher philosophe, on ne peut pas toujours rire ; il faut cette fois-ci que je vous écrive sérieusement. Il est très certain que la persécution s’armerait de ses feux et de ses poignards, si le livre en question lui était déféré. On en a déjà parlé au roi comme d’un livre dangereux, et le roi en a parlé sur ce ton au président Hénault. On me l’attribue, et on peut agir contre moi-même aussi bien que contre le livre. Il est très vrai que cet ouvrage est de plusieurs mains. L’article Apocalypse est tout entier d’un M. Abausit, si vanté par Jean-Jacques 1 : je crois vous l’avoir déjà dit 2. Je crois aussi vous avoir mandé, et que vous savez d’ailleurs que ce M. Abausit est le patriarche des ariens de Genève. Son traité sur l’Apocalypse court depuis longtemps en manuscrit chez tous les adeptes de l’arianisme. En un mot, il est public que l’article Apocalypse est de lui.

Messie est tout entier de M. Polier, premier pasteur de Lausanne. Il envoya ce morceau avec plusieurs autres à Briasson, qui doit avoir encore l’original ; il était destiné à l’Encyclopédie.

Enfer est en partie de l’évêque de Glocester, Warburton 3.

Idolâtrie, doit encore être chez Briasson ou entre les mains de Diderot, et fut envoyé pour l’Encyclopédie.

Il y a des pages entières copiées presque mot pour mot des mélanges de littérature qu’on a imprimés sous mon nom.

Il est donc évident que le Dictionnaire philosophiq est de plusieurs mains. Quelques personnes ont rassemblé ces matériaux, et si je puis y avoir eu quelque part, c’était uniquement dans la vue de tirer une famille nombreuse de la plus affreuse misère . Le père avait une mauvaise imprimerie . Il a imprimé détestablement : mais on fait en Hollande une édition très jolie, qu’on dit fort augmentée, et qu’on espère qui sera correcte 4. Si vous vouliez fournir un ou deux articles, vous embelliriez le recueil, vous le rendriez utile, et on vous garderait un profond secret. Une main comme la vôtre doit servir à écraser les monstres de la superstition et du fanatisme ; et quand on peut rendre ce service aux hommes, sans se compromettre, je crois qu’on y est obligé en conscience. J’ose vous demander ce petit travail comme une grande grâce, et je vous demande le reste comme une justice. Rien n’est plus vrai que tout ce que je vous ai dit sur le Dictionnaire philosophique. Votre voix est écoutée, et quand vous direz que ce recueil est de plusieurs mains différentes, non seulement on vous croira, mais on verra que ce n’est pas un seul homme qui attaque l’hydre du fanatisme, que des philosophes de différents pays et de différentes sectes 5 se réunissent pour le combattre. Cette réflexion même sera utile à la cause de la raison, si indignement persécutée par des Omer et par d'autres fripons ignorants, si lâchement abandonnée par la plupart de ses partisans, mais qui, à la fin, doit triompher.

Dites-moi, je vous en prie, si ce n’est pas Diderot qui est l’auteur d’un livre singulier intitulé : De la nature 6 ?

Adieu, mon cher philosophe ; défendez la cause de la vérité et celle de votre ami. Quelle plus belle et plus juste pénitence pouvez-vous faire de ces deux cruelles lignes qui vous sont échappées contre père Bayle ? et de qui attendrons-nous quelque consolation, si ce n’est de nos frères ? et d’un frère tel que vous ? »

1 Ce savant, âgé de près de quatre-vingt-dix ans, habitait Genève. Jean-Jacques lui a emprunté des remarques sur la musique des anciens. (Georges Avenel )

2 Il ne semble pas, à notre connaissance que V* ait écrit cela à d'Alembert .

3 V* corrige une erreur qu'il avait faite dans sa correspondance et dans le Dictionnaire philosophique en faisant de Warburton l'évêque de Worcester . On retrouve cette rectification dans un mémoire préparé par lui à cette époque et dont subsistent deux copies par Wagnière, dont la première comporte un paragraphe supplémentaire de la main de V* ; le voici : « Un jeune homme destiné à former une grande bibliothèque, ramassa il y a quelques années en Suisse quelques manuscrits , dont quelques uns étaient pour le dictionnaire des sciences et des arts . Entre autres l'article Messie d'un célèbre pasteur de Lausanne, homme de condition et de beaucoup de mérite, article très savant, et orthodoxe dans toutes les communautés chrétiennes , et qui fut envoyé en 1760 de la part de M. Polier de Bottens, aux libraires de l'Encyclopédie . Un extrait de l’article Apocalypse, manuscrit très connu de M. Abauzit, l'un des plus savants hommes de l'Europe, et des plus connus , malgré sa modestie . L'article Baptême, traduit tout entier des œuvres du docteur Midleton. . Amour, Amitié, Guerre, Gloire, destinés à l’Encyclopédie, mais qui n'avaient pu être envoyés . Christianisme et Enfer, tirés de la Légation de Moïse de Mylord Warburton, évêque de Glocester .enfin plusieurs morceaux imités de Bayle, de Le Clerc, du marquis d'Argens et de plusieurs auteurs . Il en fit un recueil qu'il imprima à Bâle . Ce recueil paraît très informe, et plein de fautes grossières . On y trouve : Warburton, évêque de Worchester, pour Warburton , évêque de Glocester . On y dit que les Juifs eurent des rois huit cents ans après Moïse, et c'est environ cinq cents ans . On y compte 867 ans depuis Moïse à Josias, il faut compter plus de 1100 . Il dit que soixante millions font la deux centième partie de seize cents millions, c'est environ la vingt-sixième . L'ouvrage est d’ailleurs imprimé sur le papier le plus grossier et avec les plus mauvais caractères, ce qui prouve assez qu'il n'a point été mis sous presse par un libraire de profession . On voit assez par cet exposé combien il est injuste d'attribuer cet ouvrage et cette édition aux personnes connues auxquelles la calomnie l'impute . On est prié de communiquer ce mémoire aux personnes bien intentionnées qui peuvent élever leurs voix contre la calomnie. »

Inutile de souligner la faiblesse de l' »exposé » et la naïveté ( ou l'impudence) avec laquelle V* prétend qu’on y ajoute foi .

4Sur cette construction de la proposition relative, qui, avec les années, se raréfie chez V*, voir F. Deloffre : La Phrase française . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Deloffre

5V* a d'abord écrit différents âges .

6 V* pense-t-il aux Pensées sur l'interprétation de la nature qui sont de 1760 ? Voir note 10 de la lettre du 9 juin 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/09/mes-enfants-aimez-vous-les-uns-les-autres-si-vous-pouvez-votre-ennemi-vous.html

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29/11/2019 | Lien permanent

Ne pourrai-je vous donner encore une tragédie avant de finir ma carrière ?

... Si, bien sûr, Eric ! Profite bien du financement de tes prestations, ça ne va pas durer autant que la pandémie . Tu luttes apparemment contre Marine Le Pen, ce qui ne t'empêche pas de saluer la foule comme le regrettable Jean-Marie : grotesque - ri-di-cule ! Tu pourras te recycler en épouvantail , seul moyen réellement efficace pour continuer à aider les paysans que tu courtises maintenant (et fiche la paix aux petits agneaux ! ).

humour Éric Zemmour – Blagues et Dessins

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

5è novembre 1766

Nous verrons , mes anges, si ce petit paquet sera encore soufflé comme les autres . Vous connaîtrez Jean-Jacques Rousseau ; il est digne de se lier en Angleterre avec d’Éon et Vergy 1 . Il est vrai qu'il n'y a point de galères en Angleterre, mais les Anglais ont des îles et possèdent le grand pays du Canada, où ces messieurs ne figureraient pas mal parmi les Hurons .

Les Genevois sont devenus fous d'Olympie, on la joue tous les jours, et à trois heures il n'y a plus de place . Tâchez donc que cet hiver Mlle Durancy puisse inspirer à Paris la même folie . Tout le monde a vu Olympie hors moi qui suis dans mon lit . Ne pourrai-je vous donner encore une tragédie avant de finir ma carrière ? Il faudrait que les fripons de la littérature ne dérangeassent pas mon repos et ne me fissent pas perdre un temps précieux .

Je suis enchanté de M. Marin, et je vois par les services qu'il me rend combien il vous est dévoué .

Respect et tendresse . »

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06/02/2022 | Lien permanent

Quand vous voudrez venir dans ma chaumière, nous vous voiturerons, nous vous hébergerons, chaufferons, blanchirons, rase

... Si ce n'est pas de la générosité, qu'est-ce  donc ?

 

Mis en ligne le 9/8/2017 pour le 19/10/2015

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

19 octobre [1760]

Voici mon cher ami une lettre de change de quatre Pierre, sur Robin mouton : je vous prie de donner un exemplaire de ma part au ferme et admirable Protagoras, et quand il aura lu mon Pierre, vous le lui ferez relier bien proprement . Faites des trois autres exemplaires ce qu'il vous plaira, et tâchez qu'aucun ne vous ennuie . Quand vous voudrez venir dans ma chaumière, nous vous voiturerons, nous vous hébergerons, chaufferons, blanchirons, raserons et égaierons 1.

L'intendant de Bourgogne vint dans mon trou ces jours passés avec le fils de l'avocat général qui en a usé si cordialement avec nous . Il avait un cortège de proconsul . Le duc de Villars était chez moi . Nous allions jouer Fanime ou Médime, le nom n'y fait rien . Fanime est plus sonore à cause de l'alpha ; nous n'en mîmes pas plus grand pot au feu . Nous étions cinquante-deux à table . L'intendant alla coucher à Ferney, sa troupe à Tournay, la mienne aux Délices . Je reçus fort noblement , fort dignement le fils de l'avocat général . Son oncle me dit que dans quelques années il succéderait à son père 2. Souvenez-vous alors, lui dis-je, que vous devez être l'avocat de la nation . Le jeune homme m'attendrit . Il pleura à Fanime

Je ne le punis point des fautes de son père 3 .

Il faut que Pompignan m'envoie son fils 4 . J'ai lu deux brochures, l'une est de Lanoue,5 aerugo mera 6– l'autre 7 d'une bonne âme mais cette âme se trompe sur le second acte de Tancrède . Il est vrai que les comédiens l'ont induit en erreur . Tancrède est toute autre chose que ce que vous avez vu au théâtre . J'espère qu'à la reprise, ils joueront ma pièce et non pas la leur . Ils me doivent cette petite condescendance puisque je leur ai donné le produit des représentations et de l'impression . Mon cher ami il serait plus doux pour moi de faire pour l'amitié ce que j'ai fait pour les talents . Ce que vous me  mandez de la Popelinière passe mes conceptions . Quelle disparate ! Les fermiers généraux sont cependant les seuls qui aient de l'argent à Paris . Adieu, vous intéressiez-vous beaucoup au Canada? quid novi ?

V. »

1 D'après Regnard, Le Joueur, III, 3 .

2 Omer-Louis-François Joly de Fleury qui était alors âgé de 17 ans succéda en effet à son père en 1767 dans la charge d'avocat général .

3 Mahomet, II, 5 .

4 Pompignan allait en effet avoir un fils qui naitra le 8 décembre 1760 et sera prénommé Jean-Georges-Louis-Marie . V* savait-il que Pompignan allait avoir cet enfant ?

5 La Noue : Lettre critique à M*** sur la tragédie de Tancrède, 1760, datée « A Paris, ce 25 septembre 1760 » ; voir un résumé de cette brochure dans John S. Henderson, Voltaire's Tancrède (Studies, 1968 ) p. 36-37 .

6 Du pur vert-de-gris ; Horace, Satires, I, 4 , 101 .

7 Cette brochure n'a pu être identifiée .

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19/10/2015 | Lien permanent

faire encor de si beaux coups, Et d'être entre les deux genoux D'une coquine fraiche et belle .

Rédigé le 22 juillet 2011 pour parution le 21 décembre 2010

 

Dieu seul sait, et encore il n'en est pas sûr, ce qui se passa dans la chambre de Volti, une froide, -mais peut-être aussi torride,- journée de décembre 1772 ! Acceptons la version du principal intéressé . Un jour peut-être aurai-je aussi tous mes membres qui trembleront en compagnie d'une belle jeune femme ? Je fais des voeux pour ne pas m'évanouir .

 

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 http://melaniegribouillis.ultra-book.com/portfolio#imagin...

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

A Ferney, 21è décembre 1772

 

Quoi ! Toujours la cruelle envie

Poursuit ma réputation !

On dit qu'une nymphe jolie

Dans ma dernière maladie

M'a donné l'extrême-onction,

Et que j'emporte en l'autre vie

Ce peu de satisfaction ;

Voyez l'horrible calomnie !1

 

Seigneur, il n'appartient qu'à vous,

A votre jeunesse immortelle

De faire encor de si beaux coups,

Et d'être entre les deux genoux

D'une coquine fraiche et belle .

 

Je sens que je suis au tombeau.

Cet état me fait de la peine,

Mais il ne faut pas qu'un roseau

Vive aussi longtemps que le chêne.

 

Mon héros exige que je lui conte le fait, parce qu'il veut être instruit de ce que ses sujets jeunes et vieux font dans son empire . Je lui dirai donc comme devant mon Dieu que Mme Denis faisant les honneurs d'un grand dîner, je mangeais dans ma chambre un plat de légumes, ainsi que vous en usâtes quand vous honorâtes mon taudis de votre présence . Une belle demoiselle de la compagnie plus grande que Mme de Ménage 2 de deux doigts, plus jeune, plus étoffée, plus rebondie, vint me consoler . Les Genevois sont malins, et les calvinistes sont toujours bien aises de jeter le chat aux jambes des papistes, mais le fait est que cette auguste demoiselle me faisait trembler tous les membres, et que si je m'évanouis, c'était de crainte et de respect .

 

Je vous jure que j'aurais plutôt fait la scène de Sylla, de César et de Pompée 3 dont vous me parlez que je n'aurais fait un couplet avec cette belle personne . Depuis que j'ai des lettres de capucin 4, je mets toutes ces impostures au pied de mon crucifix, et je ne dis à personne : ouvrez le loquet .

 

Au reste je présume toujours que les princesses de la comédie sont partout sous vos lois ainsi que dans leurs lits, et que vous êtes toujours le maître des autres à table, au lit et à la guerre .

 

Comme je crois que vous l'êtes aussi au spectacle, j'ai rapetassé toute la Sophonisbe, et j'aurai l'honneur de vous en envoyer deux exemplaires, l'un pour vous, l'autre pour la Comédie . Je ne suis pas bien sûr que vos ports soient francs de Lyon à Paris ; je sais seulement qu'ils sont exorbitants . Je vous demande vos ordres pour savoir si je dois faire partir ce paquet sous votre nom ou celui de M. le duc d'Aiguillon .

 

Je suis bien sensible à toutes les peines que mon héros daigne prendre d'écarter les sifflets préparés pour Les Lois de Minos . A l'égard de Sylla, cette entreprise était aisée pour le père de La Rue 5 et est fort difficile pour moi . Je vous avoue que je baisse beaucoup quoi qu'en disent mes panégyristes et ceux de la belle demoiselle qu'on suppose avoir eu pour moi tant de bontés . Il me semble que le goût de ma chère nation est un peu changé ; et si vous me permettez de vous le dire , je crois qu'elle n'est pas plus digne d'entendre Sylla, Pompée et César, que je ne suis digne de les faire parler . Cependant , s'il me venait quelque idée heureuse, je l'emploierais bien vite pour vous faire ma cour, mais les idées viennent comme elles veulent . Ma plus chère idée serait de ne point mourir sans avoir la consolation de vous revoir encore ; je ne suis le maître ni de chasser cette idée ni de l'exécuter . Je suis bien sûr seulement que ma destinée est de vous être attaché jusqu'à la mort avec le plus tendre respect.

 

Le vieux malade de Ferney

à qui on fait trop d'honneur . »

 

 

 

1 La Correspondance littéraire parle des « étranges bruits qui ont couru sur la conduite du seigneur patriarche pendant le mois dernier », et rapporte le « conte » que l'on a « bâti », donne le nom de la demoiselle : Mlle de Saussure, parente de la nouvelle Mme de Florian,

(Mme Rilliet de Saussure)

et ajoute « M. le maréchal de Richelieu a voulu tenir la vérité des faits du prétendu coupable lui-même, en l'assurant que le roi voulait qu'il se ménageât davantage ».

V* écrit à Hennin le 20 janvier : « On m'a fait mille fois trop d'honneur . Cette belle calomnie a été jusqu’au roi »

Selon Du Pan : « On a presque autant parlé à Paris de l'aventure de V* que du détronement de sa Catau »

2 Rappel du fait que , comme le rappelle Du Pan , le maréchal « étant à Ferney … s'enferma pendant un grand diner avec Mme Ménage »

3 Le maréchal lui a demandé de corriger la fin du quatrième acte de sa Sophonisbe .

4 Il a été fait père temporel des capucins de Gex ; voir lettre à Choiseul du 18 février : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/23/le-dieu-d-israel-est-irrite-contre-les-enfants-de-jacob-qui.html

5Auteur d'une tragédie nommée Sylla «  remplie de … brailler et (de) raisonné », qu'on attribua à Corneille à la suite d'une erreur de lecture, comme le racontait V* à Richelieu le 2 décembre : page 106 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f111.image.r=.langFR

 

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21/12/2010 | Lien permanent

Il y a peut-être quelques vers qu'on pourrait soupçonner d'hérésie, mais si quelques théologiens s'en scandalisent, je l

 

 

 

http://www.deezer.com/listen-2745518

http://www.deezer.com/listen-5517676

 

Irene_Edition_Originale_Paris_1779.jpg

 

Irène au XXIè siècle : http://www.deezer.com/fr/#video/yves-simon/irene-irene-V3...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

25è octobre 1777

 

Messieurs et anges, laissez-là votre Agathocle, cela n'est bon qu'à être joué aux jeux Olympiques, dans quelque école de platoniciens. Je vous envoie quelque chose de plus passionné, de plus théâtral, et de plus intéressant. Point de salut au théâtre sans la fureur des passions. On dit qu'Alexis [i] est ce que j'ai fait de moins plat et de moins indigne de vous [ii], si on ne me trompa pas . Si cela déchire l'âme d'un bout à l'autre comme on me l'assure, c'est donc pour Alexis que je vous implore, c'est ma dernière volonté, c'est mon testament ; il est plus vrai que celui qui m'a été imputé par l'avocat Marchand [iii]. Je vous supplie donc, messieurs et anges, d'être mes exécuteurs testamentaires et les protecteurs de mon dernier enfant, tachez que M. le maréchal de Duras fasse sa fortune. Agathocle pourra un jour paraître et être souffert en faveur de son frère Alexis mais à présent , mes chers anges, il n'y a qu'Alexis qui puisse me procurer le bonheur de venir passer quelques jours avec vous, de vous serrer dans mes bras, et de pouvoir m'y consoler.

 

M. de Villette, votre voisin qui est à Ferney depuis quelques jours et qui a été témoin de la naissance d'Alexis, prétend que le nom de Bazille est très dangereux depuis qu'il y a eu un Bazille dans le Barbier de Séville. Il dit que le parterre crie quelquefois : Bazille, allez vous coucher [iv] et qu'il ne faut avec les Welches qu'une pareille plaisanterie pour faire tomber la meilleure pièce du monde. Je ne connais point le Barbier de Séville, je ne l'ai jamais vu ; mais je crois que M. de Villette a raison. Il n'y aura qu'à faire mettre Léonce au lieu de Bazille [v] par le copiste de la Comédie supposé que ce copiste puisse être employé. Heureusement le nom de Bazille ne se trouve jamais à la fin d'un vers, et Léonce peut suppléer partout [vi]. Voilà, je crois , le seul embarras que cette pièce pourrait donner . Il y a peut-être quelques vers qu'on pourrait soupçonner d'hérésie, mais si quelques théologiens s'en scandalisent, je les rendrai orthodoxes par un tour de main. Je me jette entre vos bras comme un homme qui revient d'un voyage de long cours n'ayant d'autre ressource que dans votre amitié. Si vous ne prenez pas cette affaire avec vivacité, avec emportement, avec rage, je suis perdu.

 

Je me mets, mon cher ange, bien sérieusement à l'ombre de vos ailes. J'envoie le manuscrit de Constantinople au quai d'Orsay [vii] par M. de Vaines. On m'a dit qu'il était encore en place jusqu'au mois de janvier. Faites -vous rendre le paquet, et ayez pitié de

 

V. »

 


ii M. de Villevieille en a fait les plus grands éloges à Condorcet le 24 octobre, après l'avoir vue jouée à Ferney.

http://www.voltaire-integral.com/Grimm/Avr1778.html...


Philippe-Charles-Francois-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle ou Villevieille (1738-1825), ami de Voltaire et collectionneur de ses oeuvres.

 

iii Jean-Henri de Marchand a écrit le Testament politique de M. de V***, 1770

http://books.google.fr/books?id=c_VaAAAAQAAJ&printsec...

 

iv On trouve dans le Barbier de Séville Ac III, sc 2. : Bartholo : « Garder le lit ! Bazile !...

http://cesar.org.uk/cesar2/titles/titles.php?fct=edit&...

 

v Le changement fut effectué.

 

vi V* s'est arrangé pour que les noms de ses personnages d'une tragédie -telle celle de Zulime- que V* changea puis repris, ont le même nombre de syllabes et la même finale ce qui permet de les mettre en vers sans autre changement.

 

vii Où habite d'Argental.

 

 

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25/10/2010 | Lien permanent

je ne suis pas assez sot pour me plaindre, et j’aime mieux rire jusqu’au bout

...

 

« A Charles-Jean-François Hénault

Aux Délices, le 20 Octobre 1764.

A la mort de M. d’Argenson, je ne pouvais écrire à personne, mon cher et respectable confrère . J’étais très malade, ce qui m’arrive souvent ; et je suis toujours prêt à faire l’éternel voyage  qu’a fait votre ami, que nous ferons tous, et qui n’est que la fin d’un rôle ou pénible, ou insipide, ou frivole, que nous jouons pour un moment sur ce petit globe. Je ne pus alors écrire ni à vous, son illustre ami, ni à MM. de Paulmy et de Voyer.

Quelque temps après, dans une lettre que je fus obligé d’écrire, tout malade que j’étais, à Mme Du Deffand, pour une commission qu’elle m’avait donnée, je vous adressai sept ou huit lignes un peu à la hâte, mais c’était mon cœur qui les dictait. J’étais d’ailleurs très embarrassé de l’exécution des ordres de madame du Deffand. Il s’agissait de lui procurer un exemplaire d’un petit livre intitulé : Dictionnaire philosophique portatif, imprimé à Liège ou à Bâle. C’est un recueil de pièces déjà connues, tirées de différents auteurs. Il y a trois ou quatre articles assez hardis, et je vous avoue que j’étais au désespoir qu’on me les imputât ; ce qui a donné lieu à cette calomnie, c’est que l’éditeur a mis dans l’ouvrage une demi-douzaine de morceaux que j’avais destinés autrefois au Dictionnaire encyclopédique, comme Amour, Amour-propre, Amour socratique, Amitié, Gloire, etc.

Les autres articles sont pris partout. Baptême est du docteur Middleton, traduit mot pour mot. Enfer, Christianisme, sont traduits de milord Warburton, évêque de Glocester. Apocalypse est un extrait du manuscrit curieux de M. Abauzit, l’un des plus savants hommes de l’Europe, et des plus modestes ; mais l’extrait est très mal fait. Messie est tout entier du premier pasteur de l’Église de Lausanne, nommé M. Polier de Bottens, homme de condition et de beaucoup de mérite, qui envoya cet article aux encyclopédistes il y a quelques années. Cet article me paraît savant et bien fait. J’ai obtenu depuis peu qu’on m’envoyât l’original écrit de sa main, que je possède. Ainsi vous voyez, mon cher et illustre confrère, que l’ouvrage n’est pas de moi ; mais il faudra toujours que les gens de lettres soient persécutés par la calomnie ; c’est leur partage, c’est leur récompense. Je pourrais, si je voulais, me plaindre qu’à l’âge de 71 ans, accablé d’infirmités, et presque aveugle, on ne veuille pas me laisser achever ma carrière en paix ; mais je ne suis pas assez sot pour me plaindre, et j’aime mieux rire jusqu’au bout des vains efforts de la clique des Pompignan et des Fréron.

Vos bontés me les font oublier, mon aimable et illustre confrère ; et quand je suis toujours un peu aimé du seul homme qui ait appris aux Français leur histoire, je me rengorge, et je suis toujours fier dans mes déserts. Vivez, poussez votre carrière aussi loin que Fontenelle ; et quand je serai mort, dites : J’ai perdu un admirateur. »

 

 

 

 

 

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11/12/2019 | Lien permanent

Je ne vois pas pourquoi l'on défendrait le transport des pensées de province à Paris , tandis qu'on permet l'exportation

Note rédigée le 31 août 2011 pour parution le 6 octobre 2010

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

6è octobre 1766

 

Vraiment , mes adorables anges, je ne suis pas étonné que le prophète Élie de Beaumont 1 ne vous ait pas envoyé son mémoire pour les Sirven . La raison en est bien claire, c'est que ce mémoire n'est pas encore fait . Il m'avait mandé, il y a près de deux mois, qu'il l'avait remis entre les mains de plusieurs avocats pour le signer, et même M. Damilaville lui avait donné quelque argent de ma part . Je croyais même déjà l'ouvrage imprimé ; je me hâtais de demander un rapporteur, je sollicitais votre protection et celle de vos amis ; mais enfin, il s'est trouvé que Beaumont avait pris le futur pour le passé . Je vois qu'il a été un peu désorienté par deux causes malheureuses qu'il a perdues coup sur coup 2. Il ne faudrait pas que le défenseur des Calas se chargeât jamais d'une cause équivoque . Celle des Sirven lui aurait fait un honneur infini .

 

Il a encore, comme vous savez, un procès très intéressant au nom de sa femme 3; mais je tremble encore pour ce procès-là . Il a le malheur d'y réclamer les lois rigoureuses contre les protestants, lois dont il avait fait sentir la dureté, non seulement dans l’affaire des Calas, mais dans une autre encore que je lui avais confiée 4. Cette funeste coutume des avocats de soutenir ainsi le pour et le contre pourra lui faire grand tort, et en fera sûrement à la cause des Sirven . Cependant, l'affaire est entamée, il la faut suivre . J'ai obtenu pour cette malheureuse famille Sirven la protection de plusieurs princes étrangers, je leur ai écrit que le factum était prêt 5. S'il ne paraît pas, ils seront en droit de croire que je les ai trompés . Je ne me rebute point, mais je suis fort affligé .

 

Je ne le suis pas moins que vous n'ayez pas reçu le Commentaire sur les délits et les peines par M. Christin, avocat de Besançon 6. Je sais bien que M. Jannel a des ordres positifs de ne laisser passer aucune brochure suspecte par la voie de la poste ; mais cette brochure est très sage, elle me paraît instructive ; il n'y a aucun mot qui puisse choquer le gouvernement de France ni aucun gouvernement . Je reçois tous les jours par la poste tous les imprimés qui paraissent, on les laisse tous arriver sans aucune difficulté . Je ne vois pas pourquoi l'on défendrait le transport des pensées de province à Paris , tandis qu'on permet l'exportation de Paris en province .

 

Je suis encore plus surpris qu'on n'ait pas respecté l'enveloppe de M. de Courteilles, et que l'on prive un conseiller d’État d'un écrit sur la jurisprudence . Vous recevrez cet écrit par quelque autre voie, et vous jugerez si on doit le traiter avec tant de rigueur .

 

Vous n'ignorez pas qu'on a fait en Hollande deux éditions de quelques unes de mes lettres 7 qu'on a cruellement falsifiées, et auxquelles on a joint des notes d'une insolence punissable contre les personnes du royaume les plus respectables. On m'a conseillé de m'adresser à un nommé M. du Clairon,8 qui est, dit-on, actuellement commissaire à la marine, ou consul à Amsterdam ; il est auteur d'une tragédie de Cromwell qu'il a dédiée à M. le duc de Praslin . Je ne veux pas croire qu'il soit trop instruit du mystère de cette abominable édition , mais je crois qu'il peut aisément se procurer des lumières sur l'éditeur .

 

M. le prince de Soubise, et plusieurs autres personnes d'une grande distinction sont très outragées dans ces lettres . Il est nécessaire que je mette au moins dans les journaux un avertissement 9 qui démontre et qui confonde la calomnie . Heureusement les preuves sont nettes et claires ; j'ai en main les certificats de ceux à qui j'avais écrit ces lettres qu'un faussaire a défigurées 10. J'espère que M. du Clairon qui est sur les lieux voudra bien me donner des éclaircissements sur cette manœuvre infâme . Je lui écris qu'ayant comme lui M. le duc de Praslin pour protecteur, j'ai quelque droit d'espérer ses bons offices dans cette conjoncture à l'abri d'une telle protection, que le livre est imprimé par Michel Rey, imprimeur de Jean-Jacques Rousseau à Amsterdam, que Jean-Jacques y est loué,11 et les hommes les plus respectables chargés d'outrages ; que je le supplie de vouloir bien me donner sur cette œuvre d'iniquité les notions qu'il pourra acquérir, et que tous les honnêtes gens lui en auront obligation . Je me flatte que M. le duc de Praslin permettre la liberté que je prends de dire un mot dans cette lettre de mon attachement pour lui, et de la protection dont il m'honore . »


1 L'avocat Jean-Baptiste Jacques Élie de Beaumont.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste-Jacques_%C3%89lie_de_Beaumont

2 V* pense à l'affaire de La Luzerne où Beaumont n'a pas obtenu entièrement gain de cause, et peut-être à l'affaire de Roncherolles ou plutôt à l'affaire Potin (de l'été 1764).

3 Beaumont veut faire « rentrer » sa femme « dans une terre de sa famille vendue à vil prix »(la terre de Canon en Calvados) . Mais pour cela il « demande la confiscation du bien d'un protestant » écrira V*.

4 V* pense sûrement à l'affaire Potin : on voulait faire reconnaître la légitimité de son mariage, et par ce biais, reconnaître la légitimité du mariage des protestants .

6 Son propre Commentaire sur le livre des délits et des peines par un avocat de province : http://www.voltaire-integral.com/Html/25/37_Delits.html ; voir lettre du 23 juin à Damilaville .

7 Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse, 1766 : http://books.google.fr/books?id=vzMHAAAAQAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false

V* soupçonne Robinet .

8 Antoine Maillet du Clairon, consul de France à Amsterdam . V* lui écrit et dans sa deuxième lettre il lui signale que l'éditeur des Lettres l'a accusé de vol de manuscrit .

9 Intitulé Appel au public , publié dans le Journal encyclopédique du 15 novembre .

10 V* demande des certificats à Damilaville, à Deodati, à Lacombe, au duc de La Vallière .

11 L'éditeur des Lettres parle effectivement des « rares talents », de l'éloquence, des « paradoxes ingénieux et séduisants » de J.-J. Rousseau.

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06/10/2010 | Lien permanent

c’est dommage que je me sois adonné parfois au sérieux

"Mon cœur est tout gros" en caractères gras ! dans un corps mince .

Oubliez ceci ! it's a private joke !

 

Pour la première fois de ma vie, - et allez savoir peut-être la dernière -, j'ai vu une partie de "Questions au gouvernement" à l'Assemblée nationale ce jour .

Je me suis retrouvé avec l'ambiance des amphis de carabins de ma jeunesse (encore très proche , rassurez-vous ;-)) ou craignez-le ,vous qui voulez acheter en viager ) .

Autre chose qui m'a frappé, la quantité de têtes chenues enneigées.

Bien sûr, messieurs en costume et dames en tailleur de belle façon. Mme Guigou déposera sa belle écharpe rouge avant son intervention ; c'est dommage qu'elle n'assumât pas cette note de couleur, donc de gaîté ou de révolte (je ne suis pas dans la confidence  ! )

 

Vous êtes, ô gouttelettes

De mon sang espagnol,

Entre mille fauvettes

Un joyeux rossignol .

 

Je cite ces quelques vers de mémoire, je n'en sais plus l'auteur, je n'en garanti pas l'exactitude, ils me sont venus spontanément en voyant l'écharpe rouge de Mme Guigou qui est plutôt ici un rouge-gorge (Oh ! méandres de l'inconscient ! pourquoi ai-je un faible pour le rouge ?  ...).

 

 

fanime.jpg

 

Ah ! Mam'zelle Wagnière !

Savez-vous que vous êtes adorable ?

C'est bien vous ?

Dans le rôle de Fanime ?

Ah! je comprends mieux ...

 

 

 

« A  Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

                            Madame Scaliger ! Savez-vous bien que vous êtes adorable ? Des lettres de quatre pages ! des mémoires raisonnés ! des bontés de toute espèce ! Mon cœur est tout gros. J’aime mes anges à la folie. Quand je vous ai envoyé des bribes pour Tancrède, imaginez-vous, Madame, qu’on m’essayait un habit de théâtre pour Zopire, et un autre pour Zamti [Zopire dans Mahomet et Zamti dans L’Orphelin de la chine], qu’il fallait compter avec mes ouvriers, faire mes vendanges et mes répétitions. J’écrivais au courant de la plume, et un Tancrède sortait de la place. Cette place n’est pas tenable. Il y avait cent autres incongruités. Je m’en apercevais bien, je les corrigeais quand le courrier est parti. J’envoyais des mémoires à Clairon, je priais qu’on suspendît les représentations, qu’on me donnât du temps. Voilà qui est fait. Tout est fini. Plus de chevalerie. Vous aurez une nouvelle leçon quand vous voudrez. Pour moi je vais jouer le père de Fanime dans deux heures et je vous avertis que je vais faire pleurer. Fanime se tue ; il faut que je vous confie cette anecdote. Mais comment se tue-t-elle ? A mon gré de la manière la plus neuve, la plus touchante. Cette Fanime fait fondre en larmes. Du moins Madame Denis fait cet effet, car ne vous déplaise elle a la voix plus attendrissante que Clairon. Et moi, je vous répète que je vaux cent Sarrasin et que j’ai formé une troupe qui gagnerait fort bien sa vie. Ah ! si nous pouvions jouer devant madame Scaliger ! Mais vous a-t-on envoyé Pierre Ier ? Cela n’est pas si amusant qu’une tragédie. Que ferez-vous de la grande Permie et des Samoyèdes ? Il y a pourtant une préface à faire rire [Dans la préface de son Histoire de Pierre le Grand, il se moque en particulier du mémoire de de Guignes et de la conformité que celui-ci croit voir entre les Egyptiens et les Chinois qui seraient « une colonie égyptienne »]. Et j’ose vous répondre qu’elle vous divertira. Je crois que j’étais né plaisant, et que c’est dommage que je me sois adonné parfois au sérieux.

 

                   Je n’ai point vu les fréronades sur Tancrède [Le compte-rendu de Fréron dans L’Année littéraire qu’il demande incessamment à Thiriot le 27 octobre parce qu’il « y a une bonne âme » -(le prétendu Jérome Carré)- « qui se charge d’en faire un assez plaisant usage » ; le 29 il écrit à Grimm : « Fréron n’a –t-il pas trouvé quelques impiétés dans Tancrède ? »]. Mais je me trompe ou Jérôme Carré est plus plaisant que Fréron. Je me moque un peu du genre humain ; et je fais bien.

 

                            Mais avec cela comme mon cœur est sensible ! comme je suis pénétré de vos bontés ! comme j’aime mes anges ! Je les chéris autant que je déteste ce que vous savez. Mon aversion pour cette infamie [l’Infâme] ne fait que croitre et embellir. M. d’Argental est donc à la campagne ; comment peut-il faire pour ne pas sortir à cinq heures ![pour aller au spectacle] Comment va la santé de M. de Pont-de-Veyle ?[frère de d’Argental]

 

                            M. d’Argental m’a envoyé un quatrain de la muse limonadière [Charlotte Reynier – alias Mme Carré et Mme Bourette – qui tenait un café et écrivait des poèmes . Un recueil de se œuvres avait été publié en 1755 sous le titre de La Muse limonadière. Elle avait écrit un quatrain sur le succès de Tancrède imprimé dans Le Censeur hebdomadaire . Les d’Argental lui offrirent une tasse de la part de V* qui les remerciera le 30 janvier 1761.] . J’imagine qu’on pourrait lui donner une breloque pour les 36 livres de Mme de Courteilles. Quand mon cher ange reviendra-t-il ? Je suis à vos pieds, divine Scaliger.

 

 

                            Nous venons de jouer Fanime  -sa mort ne m’a pas paru si plaisante que je l’espérais – je souhaite seulement que Mlle Clairon joue Fanime aussi bien que Mme Denis.

 

                            Montigny [Fils de Jean-François Mignot de Montigny. Parent de Mme Denis et « commissaire nommé par le conseil pour examiner les sels de la Franche-Comté » ; on sait que V* voulait fonder une compagnie pour la vente du sel en pays de Gex ; cf lettre à De Brosses du 8 février 1760] qui arrive dit qu’il n’y a que notre troupe.

 

 

                            Voltaire

                            13 octobre 1760. »

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13/10/2009 | Lien permanent

Ce malheureux qui veut violer tous les petits garçons et outrager tous les gens raisonnables

Titre percutant , non ?

Volti fâché .

Moi aussi ! quand je vois tout le foin que l'on fait suite à l'arrestation de Roman Polanski . As-t-il oui ou non abusé d'une adolescente de 13 ans  ?

Oui .

Alors c'est un salaud ! quoi qu'il ait fait professionnellement, quelque soit l'arrangement avec la victime et l'aura qu'il a obtenue par ses oeuvres .

Je vous le dis tout net, à vous qui lui accordez les circonstances atténuantes, le pardon : seriez-vous aussi indulgents si c'était votre fille ? Oui, alors vous êtes des dieux, ou des ministres !

Moi, je touche encore terre .

Le statut d'artiste ne met pas au dessus des lois, arrêtez de glapir ! Ce n'est tout de même pas un agneau pascal ! Je ne suis pas un fan de la Suisse, mais là, je leur dis "bravo" , c'est "propre en ordre". Ils sont encore capables, eux, de ne pas enfreindre la loi qu'il se sont choisie. Ils ne sont pas parfaits, mais sont corrects.

Je considère qu'on ne doit pas salir un enfant. Je ne garantis pas le calme si on touchait un de mes petits enfants.

Roman P., comme "pourri", même si vous vous en fichez, je n'irai plus jamais voir un de vos films. Basta !!

innocence outragée.jpg

« A Pierre-Joseph Thoulier d’Olivet

 

                            Quel procédé est-ce là ? pourquoi donc ne m’écrivez-vous point ? avez-vous, s’il vous plait, un plus ancien ami que moi ?[V* élève au collège Louis Le Grand] avez-vous un approbateur plus zélé de vos ouvrages ? Je vous avertis que ma colère contre vous est aussi grande que mon estime et mon amitié, et qu’ainsi je dois être terriblement fâché. En un mot je souhaite passionnément que vous m’écriviez, que vous me parliez de vous, de belles-lettres, d’ouvrages nouveaux. Je veux réparer le temps perdu, je veux m’entretenir avec vous. Premièrement je vous demande en grâce de me mander où je pourrais  trouver le livre pour lequel le pauvre Vanini fût brûlé [De admirandis naturae reginae deaeque mortalium arcanis, Lutetiae 1616]. Ce n’est point son Amphiteatrum [Amphiteatrum aeternae providentiae divino-magicum christiano-physicum, Lugduni 1615]. Je viens de lire cet ennuyeux Amphiteatrum, c’est l’ouvrage d’un pauvre théologien orthodoxe. Il n’y a pas l’apparence que ce barbouilleur thomiste soit devenu d’un coup athée. Je soupçonne qu’il n’y a eu nul athéisme dans son fait, et qu’il pourrait bien avoir été cuit comme Goffredi [Louis Gaufridi , prêtre marseillais brûlé pour sorcellerie le 30 avril 1611] et tant d’autres par l’ignorance des juges de ce temps là. C’est un petit point de l’histoire que je veux éclaircir, et qui en vaut la peine à mon sens

 

                            Il y a dans Paris un homme beaucoup plus brûlable, c’est l’abbé Desfontaines. Ce malheureux qui veut violer tous les petits garçons et outrager tous les gens raisonnables vient de payer d’un procédé bien noir les obligations qu’il m’a. Vous me demanderez peut-être quelles obligations il peut m’avoir : rien que celle d’avoir été tiré de Bicêtre, et d’avoir échappé à la Grève [V* a contribué en 1725 à faire libérer l’abbé Desfontaines emprisonné à Bicêtre pour sodomie le 25 avril 1725, libéré le 24 mai, malgré les témoignages accablants d’un jeune homme de seize ans]. On voulait à toute force en faire un exemple. J’avais alors bien des amis (que je n’avais jamais employés pour moi). Enfin je lui sauvais l’honneur et la vie, et je n’ai jamais affaibli par le plus léger procédé les services que je lui ai rendus. Il me doit tout, et pour unique reconnaissance, il ne cesse de me déchirer. Savez-vous qu’on a imprimé une tragédie de César composée de beaucoup de mes vers estropiés, et de quelques uns d’un régent de rhétorique, le tout donné sous mon nom ? [V* avait confié sa pièce La Mort de César à l’abbé Asselin pour qu’elle fût jouée au collège d’Harcourt « avec promesse de sa part que copie n’en serait point tirée »  écrit-il à Thiriot le 1er septembre, ajoutant « non seulement on vient d’imprimer cet ouvrage mais … on l’a honoré de plusieurs additions et corrections qu’un régent de collège y a faites ».] . J’écris à l’abbé Desfontaines avec confiance, avec amitié à ce sujet, je le prie d’avertir en deux mots que l’ouvrage tel qu’il est n’est point de moi, [le 7 septembre] que fait mon abbé Des Chaufours ? [l’abbé Desfontaines assimilé à l’abbé Des Chaufours exécuté pour sodomie le 24 mai 1726] . Il broche dans ses malsemaines [Les Observations sur les écrits modernes, parution hebdomadaire, ici numéro du 16 septembre 1735 . A Thiriot (le 4 octobre ), il dit qu’il reproche également à Desfontaines ses critiques du Temple du Goût (numéro du 5 mars 1735), les critiques des Lettres philosophiques (numéro du 7 septembre 1735)] une satire honnêtement impertinente dans laquelle il dit que Brutus était un quaker, ignorant que les quakers sont les plus bénis des hommes, et qu’il ne leur est pas seulement permis de porter l’épée. Il ajoute qu’il est contre les bonnes mœurs de représenter l’assassinat de César, et après tout cela, il imprime ma lettre [ce qui révèle la cachette de V*, menacé de lettre de cachet a fuit à Cirey]. Quels procédés il y a [à] essuyer de nos prétendus beaux esprits ! que de bassesses ! que de misères ! Ils déshonorent un métier divin. Consolez-moi par votre amitié, et par votre commerce. Vous avez le solide des anciens philosophes, et les grâces des modernes. Jugez de quel prix vos attentions seront pour moi. S’il y a quelque livre nouveau qui vaille la peine d’être lu je vous prie de m’en dire deux mots. Si vous faites quelque chose, je vous prie de m’en parler beaucoup.

 

 

                            Voltaire

                            A Cirey par Vassy en Champagne ce 4 octobre 1735. »

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