Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

si j'étais du métier des meurtriers j'aimerais beaucoup mieux être chargé de défendre les côtes d'Angleterre que de les

... Les meurtriers sont ici les soldats, que Voltaire ne porte guère dans son coeur . Sale métier ! Désespérément indispensable hélas .

"Attaquer", atteindre les côtes anglaises, c'est le rêve de centaines, milliers de migrants, dont quelques uns sont pitoyablement tenus éloignés sur notre sol . Misère . Misérables .

 

DSCF7428 cote anglaise.jpg

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

Délices 28 juillet [1759]

Je n'ai pu encore mon cher monsieur, joindre le sieur Mirani pour arranger avec lui le devis de notre grande muraille de la Chine 1 ; cet ouvrage sera cher et difficile attendu la grande quantité de terre qu'il faudra rapporter, l'inégalité du terrain, la longueur et la hauteur du mur, lequel mur coûte trente francs la toise, ce qui n'est pas conforme aux lois de mon académie de lésine ; je prévois déjà 1800 livres de frais pour le mur avec son parapet, et 200 écus au moins pour le transport des terres . On pourrait avoir meilleur marché en fournissant soi-même les pierres et la chaux ; ce qui est certain c'est qu'il est indispensable de se fermer, et de faire là quelque ouvrage qui ait de la solidité et de l'agrément ; je vous en rendrai compte quand j'aurai raisonné avec Mirani qui travaille actuellement outre-mer au village de Chène 2, et qui peut-être étant pour longtemps engagé avec la république ne pourra travailler pour nous .

On dit M. de Bompart battu et tué 3, et le Canada très en danger malgré le capitaine Canon 4. A l'égard de la descente en Angleterre si j'étais du métier des meurtriers j'aimerais beaucoup mieux être chargé de défendre les côtes d'Angleterre que de les attaquer , Dieu aie pitié d nous et de l'Espagne !

Voici deux lettres de change pour M. de Montmartel . Je vous promets bien de ne plus acheter de nouvelles terres .

J'ai été très aise de voir M. l'intendant de Lyon 5 et M. l'avocat général 6. Non seulement ce sont gens de mérite, mais d'un mérite très aimable .

Mille tendres compliments à toute la famille .

V. »

1 François Tronchin dans son mot du 23 juillet 1759 demandait à V* d'ajouter aux « sept toises de mur » à finir et à l' « exhaussement jusqu’à hauteur d'appui » de la terrasse le long du grand chemin la « partie depuis la gauche du clédat … jusqu'à la haie qui nous dépare de Mlle Laurent » ; il lui demandait de traiter avec Mirani sur le devis .

2 Chêne est banlieue de Genève ( Chêne-Bougerie) ; outre-mer, pour dire que Chêne est coté rive gauche du lac , Les Délices étant rive droite . De plus l'usage genevois appelle « étrangers » les gens des autres cantons, et « étrangers du dehors » les étrangers proprement dits .

3 Jean-Baptiste-François Bompart avait échoué dans ses efforts pour défendre la Guadeloupe . Les Anglais venaient de s'emparer de la Guadeloupe qu'ils garderont jusqu'en 1763 .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_de_la_Guadeloupe_%281759%29

4 Fameux pirate français .

5 La Michodière, qui dîna chez V* le 25 juillet 1759 .Voir lettre du 21 juillet 1759 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/20/environ-400-livres-au-plus-pour-payer-la-chambre-des-comptes-5431431.html

6 Jean-François Tronchin était avocat général à Lyon .

 

Lire la suite

27/08/2014 | Lien permanent

j'ai peur d'être assez sot pour être malade de chagrin ; mais que mes ennemis ne le sachent pas

... Pudeur et orgueil voltairien s'il en est . Et c'est touchant .

 Image associée

Tant qu'on peut le dire, ça va !

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

Ferney, 17 octobre [1762]

Mon cher confrère, mon cher et vrai philosophe, je vous ai envoyé la traduction de cette infâme lettre anglaise insérée dans les papiers de Londres, du mois de juin . C'est la même que M. le duc de Choiseul a eu la bonté de me faire parvenir . Si je vous avais écrit une pareille lettre, il faudrait me pendre à la porte des petites-maisons : et il serait très triste pour vous d'être en correspondance avec un malhonnête homme si insensé .

Après y avoir bien rêvé, je crois que vous n'avez autre chose à faire qu'à m'envoyer, sous l'enveloppe de M. le duc de Choiseul, la lettre que je vous écrivis au mois de mai ou d'avril, sur laquelle on a mis cette abominable broderie . Je crois que c'était un billet en petit papier, que ce billet était ouvert et que je l'avais adressé chez M. d'Argental, ou chez M. Damilaville, ou chez M. Thieriot . Je me souviens que je vous instruisais de l'affaire des Calas , et que je vous disais très librement mon avis sur les huit juges de Toulouse qui, malgré les remontrances des cinq autres, ont fait un service solennel à un jeune protestant comme à un martyr, et ont roué un père innocent comme un parricide . J'ai pu vous dire ce que je pensais de ces juges, ainsi que quinze avocats de Paris et un avocat du conseil l'ont dit et imprimé dans leurs mémoires . J'ai pris, comme je le devais, le parti d'un vieillard que je connaissais, et dont les enfants sont chez moi . J'ai pu vous parler avec peu de respect pour les juges, comme je leur parlerais à eux-mêmes : mais il me paraît essentiel que M. de Choiseul voie si le roi et les ministres sont mêlés si indignement et si mal à propos dans ma lettre , et si j'ai écrit les bêtises, les absurdités et les horreurs qu'on a si charitablement ajoutées à mon billet . Cherchez-le je vous en conjure ; vous devez à vous et à moi la preuve de la vérité que je demande : c'est la seule manière de confondre une telle imposture, et il est bon que le ministère voie combien on calomnie les gens de lettres . Il y a soixante ans que j'y suis accoutumé, mais je n'y suis pas encore entièrement fait . Tâchez encore une fois de retrouver mon billet , envoyez, je vous en supplie, l'original de ma main à M. Le duc de Choiseul, et à moi copie . S'il y a quelque chose de trop fort dans ce billet, je veux bien en porter la peine : je n'ai point d'ailleurs fait serment de fidélité aux juges de Toulouse ; je l'ai fait au roi ; je me crois un de ses plus fidèles sujets, et je pense que quiconque a écrit ce qui se trouve dans la lettre anglaise mérite une punition exemplaire .

Pour une cour de judicature, c'est autre chose : je ne lui dois rien que des épices quand j'ai des procès . En un mot ; je vous supplie de chercher ce billet, et de l'envoyer à M. le duc de Choiseul, à mes risques, périls et fortunes .

Il y a un Mehégan 1, place Sainte-Geneviève, Anglais ou Irlandais d'origine, travaillant au Journal encyclopédique ; il est à portée de découvrir l'auteur de la sotte et coupable lettre , d'autant plus que le Journal encyclopédique 2 y est maltraité, et qu'il doit connaître ses ennemis . Je le récompenserai bien, s'il en vient à bout . Joignez vous à moi, je vous en supplie ; vous en voyez l'importance .

Je ne vous écris pas de ma main ; je suis malade , j'ai peur d'être assez sot pour être malade de chagrin ; mais que mes ennemis ne le sachent pas . »

2 Ce passage depuis il est à portée est emprunté à Renouard ; l'édition de Kehl l'avait remplacé par on dit qu'il .

Lire la suite

14/09/2017 | Lien permanent

Caro – le est neutre – fière je le suis

... Parfaitement monsieur, exactement madame ! Ainsi le dire il  faut, - selon maitre Yoda,- après Voltaire .

 Image associée

Oublie le côté obscur, c'est l'été maintenant .

 

 

« A Gabriel Cramer

[juin-juillet 1763]

Caro – le est neutre – fière je le suis 1.

J'aimerais mieux

Je suis bien fier aussi – j'abaisserai votre superbe , et vous la réduirai car je le veux .

Imprimez Saül 2 si vous l'osez mais il n'y a que les noms de plaisants . Nous en parlerons . Je vous recommande le Siècle .

Bonjour caro . Je suis bien malade . Tâchez que je ne meure sans avoir vu le Siècle .

V. »

1 V* est pour l'usage académique, logique, colmtre l'usage spontané , ancien .

2 Saül, tragédie tirée de l'Ecriture sainte ; cette tragédie avait circulé en manuscrit dès la fin de 1762 ( voir lettre du 12 décembre 1762 du duc de La Vallière à V* ). elle parut sous la date de 1755, Genève, quoique publiée en fait en 1763 : voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5568443g.texteImage

 

Lire la suite

22/06/2018 | Lien permanent

Je ne vous reproche rien, mais vous savez tout ce que j'ai à vous reprocher

... Dit François le pape à François le président (président : tout à fait accessoirement en ce moment) en messe basse .

Dédicace à ces deux François pingouins

 

messe basse pingouins.jpg

 

 http://www.youtube.com/watch?v=ghxlii2UdIw

(un peu sopo)

 Un seul homme pour une flopée de femmes, quelle maîtrise !

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille d'Esclavelles d'Epinay

A ma belle philosophe

[1758-1759] 1

Ma belle philosophe, vous êtes un petit monstre, une ingrate, une friponne, vous le savez bien . Ce n'est pas la peine de vous aimer . Je ne vous reproche rien, mais vous savez tout ce que j'ai à vous reprocher . Venez demain coucher chez nous ; si vous daignez nous faire cet honneur et si vous l'osez . Venez ma charmante philosophe . Ah ah c'est donc ainsi que … Fi ! Quel infâme procédé .

Mille respects .

V. »

1 Le degré d'intimité de ce mot manifeste qu'il a été écrit des Délices .

 

Lire la suite

20/01/2014 | Lien permanent

vous ne souffrirez plus des articles tels que celui de Femme , de Fat, etc., ni tant de vaines déclamations, ni tant de

... Demain, mardi 10 décembre 2013, au stade de Soccer City à Soweto, match dont je peux vous donner le résultat : Mandela 1 - Reste du monde 0 .

Une foule de gugusses titrés vont bavasser et rivaliser d'éloges pour le défunt qui les réunit, eux qui souvent ne peuvent pas se sentir le reste du temps . Lors de ce festival de vanité et lieux communs, il nous sera heureusement épargné d'entendre la voix française qui n'aurait fait qu'ajouter du rien à l'inutile .

 

DSCF5208 jusqu au trognon.png

... Jusqu'au trognon !

Combien d'affamés vont mourir seuls, sans secours, sur ce continent, alors qu'on va dépenser des millions pour accompagner et enterrer une dépouille qui n'en demande pas tant, et qui n'en mérite pas tant , les vivants étant plus importants que les morts, selon moi .

 Onze mille soldats mobilisés ( ou plutôt immobilisés ) : je suppose que ce n'est pas pour sauver Mandela d'un attentat, ses laudateurs devraient apprécier ces protecteurs . 

Qui pourrait m'expliquer les raisons des refus de visas pour le dalaï lama ? Pas assez va-t-en-guerre au goût de l'Afrique du Sud ? Je n'ose l'envisager . Trop mal vu par la Chine qui est un énorme client à chouchouter ? Bingo ! (enfin, je le suppose ).

Donc à tous les amateurs de vacuité, phrases ronflantes, hypocrisie, rendez-vous au reportage du spectacle "Nous l'avons tant aimé que nous sommes heureux qu'il ne souffre plus" , avec un cercueil dans le rôle principal et des pingouins endimanchés pour le choeur .

NDLR - Netanyahu n'a pas voulu casser sa tirelire , le voyage étant, dit-il,  trop cher pour l'Afrique du Sud ; je lui conseille de faire la manche dans les territoires palestiniens injustement colonisés, succès assuré , triste faux cul .

 

 

« A Denis DIDEROT.

Aux Délices, 16 novembre [1758]

Je vous remercie du fond de mon cœur, monsieur, de votre attention et de votre nouvel ouvrage 1. Il y a des choses tendres, vertueuses, et d'un goût nouveau, comme dans tout ce que vous faites; mais permettez-moi de vous dire que je suis affligé de vous voir faire des pièces de théâtre qu'on ne met point au théâtre 2, autant que je suis fâché que Rousseau écrive contre la comédie , après avoir fait des comédies.

J'attends avec impatience votre nouveau tome de l'Encyclopédie; je m'intéresse bien vivement à ce grand ouvrage et à son auteur; vous méritiez d'avoir été mieux secondé. J'aurai la hardiesse de vouloir que l'article Idolâtrie soit de moi, s'il a passé, et j'aurais désiré que d'autres articles importants eussent été écrits avec la même passion pour la vérité. Nous étions indignés, l'autre jour, au mot Enfer 3, de lire que Moïse en a parlé; une fausseté si évidente révolte.

Vingt articles de métaphysique, et, en particulier, celui d’Âme 4, sont traités d'une manière qui doit bien déplaire à votre cœur naïf et à votre esprit juste. Je me flatte que vous ne souffrirez plus des articles tels que celui de Femme 5, de Fat, etc., ni tant de vaines déclamations, ni tant de puérilités et de lieux communs sans principes, sans définitions, sans instructions. Jugez, à ma franchise, de l'intérêt que votre grande entreprise m'a inspiré.

Je n'ai pu, malgré cet intérêt, travailler beaucoup à votre nouveau tome. J'ai acheté, à deux lieues de mes Délices, une terre encore plus retirée, où je compte finir mes jours dans la tranquillité, mais où je me vois obligé de me donner beaucoup de soins les premières années. Ces soins sont amusants, et les travaux de la campagne me paraissent tenir à la philosophie . Les bonnes expériences de physique sont celles de la culture de la terre. Dans cet heureux oubli d'un monde pervers et frivole, j'interromprai mes travaux avec joie quand vous me demanderez des articles intéressants dont d'autres personnes ne se seront point chargées.

Adieu, monsieur; honorez de quelque amitié un homme qui vous est attaché comme il voudrait que tous les philosophes le fussent, et qui est extrêmement sensible à tous vos talents.

V.»

1 Le Père de famille, imprimé en 1758, et représenté en 1761. Thieriot écrit à V* le 12 novembre 1758 : « La comédie du Père de famille de M. Diderot paraît avec une grande et sérieuse épître dédicatoire et un long discours sur la poésie dramatique . » Le 27 novembre Diderot citera le jugement qui suit en réponse aux critiques sa pièce que Mme Riccoboni (Marie Jeanne de Laboras de Mezières ) lui avait adressée (voir pages 454 et 459 : http://books.google.it/books?id=EEIHAAAAQAAJ&printsec... )

2 La pièce ne fut représentée à Paris que le 18 février 1761, mais avait été jouée à Marseille en novembre 1760 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_P%C3%A8re_de_famille_%28Diderot%29

4 De l'abbé Yvon ; voir : http://rde.revues.org/1201

Lire la suite

09/12/2013 | Lien permanent

humblement François-Marie Arouet de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, historiographe de France etc.

http://www.deezer.com/listen-4969033

"Le vent pleure "Mary" dit Jimi Hendrix, Marie dont Volti ne reconnaitra pas la sainte durable virginité  .

http://www.deezer.com/listen-4499881


http://www.deezer.com/listen-5124054

Cool ! Cool ! j'en reste baba !

Qui a crié "sopo' " ?

Mon éléphant rose vient de s'écraser sur mon carré de fraises des bois !

Tant pis, je rêve encore mieux : http://www.deezer.com/listen-3455391

 

 

 

 

« A Nicolas-René Berryer de Ramenoville

[¥]

[24 juillet 1747]


Supplie humblement François-Marie Arouet de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, historiographe de France etc. , disant qu'en un procès pendant actuellement entre lui et les nommés Antoine Travenol, et Louis Travenol père et fils [¥¥], par-devant MM. de la Tournelle [¥¥¥], sa partie adverse le veut rendre responsable de l'emprisonnement d'Antoine Travenol fait par ordre du roi le 7 juin 1746 [¥¥¥¥], et qu'ainsi il se trouve obligé de requérir que M. le lieutenant de police se fasse représenter cet ordre du roi existant dans son dépôt, et qu'il veuille bien interroger le commissaire et l'exempt chargés de cet ordre du roi, afin que sur l'inspection de cet ordre, et sur le rapport du commissaire et de l'exempt, comme aussi sur le dépouillement des registres, M. le lieutenant de police puisse certifier au dos de cette requête 1° si Antoine Travenol a été constitué prisonnier en vertu d'un ordre du roi, 2° si cet ordre, ou ordonnance de police a été précédé de plainte contre Antoine Travenol, dénonciation ou requête, de la part du suppliant, afin que la cour puisse faire droit. [¥¥¥¥¥

¥Il succède à Marville le 28 mai comme lieutenant de police ; V* a écrit une lettre quasi identique à Marville le 8 décembre 1746.


¥¥ Libelles diffusés contre V* ; cf. lettres à Marville des 17 mai, 3 juillet et 16 novembre 1746.


¥¥¥ = Chambre du parlement de Paris chargée des affaires criminelles.


¥¥¥¥ Après la fuite du fils, Louis, le père de quatre-vingts ans Antoine a été arrêté le 7 juin au grand scandale de beaucoup ; il a été libéré le 12, notamment grâce à l'intervention de V* conseillé par d'Olivet.


¥¥¥¥¥ C'est le commissaire qui avait décidé d'arrêter Antoine Travenol après une perquisition où il avait trouvé des libelles , mais ce n'est pas Antoine Travenol, c'est louis Travenol qui a été dénoncé. V* avait demandé la perquisition suite à la dénonciation de Louis Travenol par Phélizot.

 

 

Avant l'aube : http://www.deezer.com/listen-3359744


Lire la suite

24/07/2010 | Lien permanent

il ne faut négliger aucune précaution

... car Erdogan est réélu ! Il va falloir diplomatiquement lui passer la pommade, et j'espère que notre président ne le fait qu'à contre-coeur .

Erdogan tout puissant | Globecartoon - Political Cartoons - Patrick  Chappatte

Encore un sale type qui reste au pouvoir

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin

27è octobre 1767 à Ferney

Mon cher ami, je vous écris à tout hasard, ne sachant où vous êtes, et je prie M. Leriche de vous faire tenir ma lettre. J'ai écrit à M. Jeanmaire, receveur de M. le duc de Virtemberg; je lui ai mandé que la nécessité de soutenir mes droits et ceux de ma famille contre les créanciers du prince m'oblige de mettre les affaires en règle; que vous êtes chargé de ma procuration que vous devez être incessamment dans le bailliage de Beaume, et qu'il est de l'intérêt du prince que la chambre de Montbéliard prenne sans délai des arrangements avec vous, pour prévenir des frais ultérieurs; qu'il n'y a qu'à me déléguer mes rentes et celles de ma famille, sur des fermiers solvables et sur des régisseurs, en stipulant que leurs successeurs seront tenus aux mêmes conditions, quand même ces conditions ne seraient pas exprimées dans les contrats que la chambre de Montbéliard ferait un jour avec eux.

Si la chambre de Montbéliard a une envie sincère de terminer cette affaire, elle le pourra très aisément et il sera nécessaire que M. le duc de Virtemberg ratifie ces conventions. Si les terres de Franche-Comté étaient tellement chargées qu'elles ne pussent suffire à mon paiement, il faudrait faire déléguer le surplus sur les terres de Riquewihr et d'Horbourg, situées près de Colmar. Mais, dans toutes ces délégations, il faut stipuler que les fermiers ou régisseurs seront tenus de me faire toucher ces revenus dans mon domicile, sans aucuns frais, selon mes conventions avec M. Jeanmaire, bien entendu surtout que l'on comprendra dans la dette tous les frais que l'on aura faits, tant pour la procédure que pour les contrôles et insinuations, que pour le payement de votre voyage.

S'il est impossible d'entrer dans cet accommodement raisonnable, vous ferez saisir toutes les terres dépendantes de Montbéliard en Franche-Comté; après quoi je vous prierai d'envoyer le contrat de deux cent mille livres, par la poste, à M. Dupont, avocat au conseil souverain de Colmar, à Colmar, avec la précaution de faire charger le paquet à la poste.

M. Leriche m'écrit d'Orgelet qu'il faut faire insinuer mon contrat de deux cent mille livres, parce que, dit-il, on pourrait un jour prétendre que j'aurais seulement placé sur la tête de ma nièce, sans que ce soit à son profit. Je ne conçois point du tout cette difficulté, puisqu'il est stipulé dans le contrat que ma nièce ne jouira qu'après ma mort. Certainement cette jouissance exprimée est au profit de Mme Denis mais il ne faut négliger aucune précaution, et je payerai tout ce que M. Leriche jugera convenable.

Au reste, je me rapporte de toute cette affaire entièrement à vous; mais je crois qu'il ne faut pas se presser de faire l'insinuation si la chambre des finances se prête à un prompt accommodement.

Mandez-moi, je vous prie, ce que vous pensez de tout cela, et ce que vous aurez fait. Adieu, mon cher ami, on ne peut vous être plus tendrement attaché que je le suis. 

V.»

Lire la suite

29/05/2023 | Lien permanent

se défier de tous les saints

... et davantage encore de ceux qui les ont créés, créateurs diablement intéressés qui en attendent diverses prébendes et miracles (fumeux !) à usage personnel .

 Résultat de recherche d'images pour "des saints humour"

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

15 février 1763 1

En réponse à la lettre du 8 janvier qui était probablement

du 9 février puisqu'elle a été reçue le 14 février .

Mes anges, maman Denis est toujours malade, moi aveugle, et le tuteur de M. Dupuits sourd . Tout cela a dérangé notre petite fête à la Pompignan. Nous n’avons point tiré de canon, maman n’a point soupé, et on s’est marié sans cérémonie.

Je réponds à la lettre dont madame d’Argental honore ma nièce. Elle me l’a montrée, et j’ai été très affligé qu’elle ait pu s’attirer quelques reproches en vous donnant, sans me consulter, des paroles qu’elle ne pouvait pas donner, et qui ne dépendent point du tout d’elle. Elle m’a répondu que, dans sa lettre du 6 de janvier, elle avait eu l’honneur de vous écrire nos intentions ; mais des intentions ne sont pas un contrat. Nous avons eu beaucoup de peine à faire regarder, par ce tuteur de M. Dupuits, l’espérance de la vente d’un livre comme une dot. Ce sourdaud est un vieux marin à peu près de mon âge, et plus difficile que moi en affaires. Son neveu a un très joli bien, précisément à ma porte ; il était parfaitement informé de la condition du père et de la mère, qui ne descendent point de Pierre Corneille, et qui ne participent en rien aux prérogatives de la branche éteinte. C’est, par parenthèse, une obligation que nous avons à Fréron, qui eut, il y a plus d’un an, l’insolence impunie d’imprimer dans ses feuilles que le père de mademoiselle Corneille était un facteur de la petite poste, à cinquante francs par mois 2; et cette injure personnelle nous fit manquer alors un mariage. Celui-ci est beaucoup plus avantageux que celui qui fut manqué ; mais nous n’aurions jamais pu parvenir à le faire si nous avions insisté sur le partage du produit des souscriptions, que le tuteur a regardé et regarde encore comme un objet fort mince.

Le Cramer que vous voyez à Paris avait offert de donner quarante mille francs du produit des souscriptions et de la vente de l’édition, et ensuite il avait laissé tomber cette offre. On savait très bien dans Genève que nos seigneurs de France avaient donné leurs noms, et rien de plus, et qu’un d’eux ayant souscrit pour vingt louis d’or, en avait payé un. Les Cramer avaient fait retentir que M. le contrôleur-général avait demandé deux cents exemplaires payables en papiers royaux, à huit francs l’exemplaire au-dessous de la valeur ; et ce n’est qu’après les fiançailles que nous avons appris les nouvelles offres de M. Bertin.

Les Anglais qui sont à Genève se moquaient un peu de notre générosité française. On nous disait encore que les libraires de Paris, ayant dans leurs magasins deux éditions de Corneille qui pourrissent, se plaignaient continuellement de la nôtre, et empêchaient plusieurs personnes de souscrire. Le sieur Philibert Cramer était trop occupé des plaisirs de Paris pour me rendre le moindre compte, pendant que je travaillais nuit et jour à des commentaires très fatigants qui me font enfin perdre les yeux.

Si dans de pareilles circonstances j’avais voulu couper en deux la partie de la dot fondée sur les souscriptions, soyez très sûrs, mes anges, qu’on m’aurait remercié sur-le-champ, en se moquant de moi. Le père et la mère de madame Dupuits n’y perdront rien ; leur fille les a nourris du bout de ses dix doigts, avant qu’ils eussent été présentés à M. de Fontenelle . Elle ne manquera jamais à son devoir, et j’y mettrai bon ordre. Le contrat est fait dans la meilleure forme possible. Ne troublons point les plaisirs de deux amants, et jouissons tranquillement du fruit de nos peines, et de la consolation que me donne madame Dupuits dans ma vieillesse.

Au reste je dois vous dire mes anges, et je crois vous avoir déjà dit, que j'avais assigné mille livres par année sur la terre de M. de La Marche . Cela est d'autant plus convenable , que M. Dupuits étant établi en Bourgogne sera plus à portés de recevoir cette partie de la dot de sa femme . Ainsi je compte que M. de La Marche voudra bien avoir la bonté de m'envoyer l'acte qu'il m'a promis ; je n'ai actuellement aucun titre, lui ayant envoyé ses billets ; et si nous mourions actuellement lui et moi, comme cela est très possible, ce fonds de vingt mille livres serait entièrement perdu . J'ose vous supplier de vouloir bien dans l'occasion en rafraichir la mémoire de M. de La Marche avec votre bonté et votre prudence ordinaires .

Permettez-moi de vous supplier encore d’empêcher Philibert Cramer de faire présenter aux spectacles et aux promenades des billets de souscription, comme des billets d’huîtres vertes . L’ami Fréron ne manquerait pas d’en faire de mauvaises plaisanteries dans ses belles feuilles.

On m’a mandé que l’affaire des Calas avait été rapportée par M. de Crosne, et qu’il a très bien parlé. Je vous assure que toute l’Europe a les yeux sur cet évènement.

J’ai lu le Second Appel à la Raison 3 ; je ne sais rien de si insolent et de si maladroit. Les jésuites ont des amis dans le parlement de Bourgogne, mais certainement ils n’en auront plus quand on connaîtra ce libelle. Ils étaient des tyrans du temps du père Le Tellier ; ils ne sont aujourd’hui que des fous . J’ai un jésuite pour aumônier, mais je donnerais volontiers ma voix pour abolir l’ordre. Je n’ai vu qu’une seule bonne chose dans tout ce qu’ils ont écrit, c’est qu’ils ont prouvé invinciblement ce que j’avais déjà dit dans quelques petites réflexions sur Pascal, que les jacobins avaient écrit plus de sottises qu’eux 4. J’ai eu le plaisir de vérifier, dans saint Thomas, le docteur angélique, toute la doctrine du régicide 5 ; que conclure de là ? qu’il serait très expédient de se défaire de tous les moines, et de se défier de tous les saints.

Je me mets au bout de vos ailes . Mme Denis a été bien malade et l'est encore ; nous sommes tous bien fâchés .

V.»

1 La copie Beaumarcahis et l'édtion de Kehl omettent le sixième paragraphe et le dernier, rayés sur le manuscrit ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-7.html

2 Voir lettres de janvier 1761 ; on observe que les dires de Fréron sont souvent confirmés par V* lui-même .

3 Ce nouvel Appel est de l'abbé Caveyrac . Voir lettre du 28 janvier 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/23/nous-sommes-dans-un-etrange-temps-ou-il-faut-craindre-qu-un-6010865.html

4 On ne trouve pas cette réflexion dans les différentes Remarques sur Pascal : https://fr.wikisource.org/wiki/Remarques_sur_les_Pens%C3%A9es_de_Pascal/%C3%89dition_Garnier

5 V* écrit une longue note sur ce point dans le Traité sur la tolérance, chapitre XI : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/traite-sur-la-tolerance-chapitre-xi.html

Lire la suite

13/01/2018 | Lien permanent

si j'étais plus jeune je ferais l'impossible pour me damner avec vous ou avec madame votre fille

... Petit canaillou !

 light sleeper.jpg

 

 

« A Louise-Suzanne Gallatin

Vaudenet 1

[vers le 5 janvier 1759]

Par l'enchainement des causes secondes, madame, il arrive que de neuf chevaux de carrosse nous n'en avons aujourd'hui pas un 2. Pour Dieu, tâchez de venir dîner avec nous à deux heures . Nous raisonnerons, ma chère voisine . J'ai à cœur ce chemin autant que vous . J'ai écrit à M. de Brosses 3. Je suis prêt à donner cinq cents livres, mais il faut qu'il y consente . Je ne conçois pas qu'il puisse refuser un consentement qui ne lui coûte rien . Les difficultés et les petitesses me révoltent, je l'en croit incapable . Il faut que j'aie l'honneur de vous parler . Vous savez que je ne vais jamais dans votre ville hérétique . Je ne veux point me damner . Cependant si j'étais plus jeune je ferais l'impossible pour me damner avec vous ou avec madame votre fille . Ce m'est tout un . Mille respects .

V.

J'ai fait attendre le porteur ; j'en demande très humblement pardon, mais nous gobelottions 4 avec les amis de M. et de Mme Gallatin et nous buvions à leur santé . Je leur présente mes respects . Je mets dans ce paquet l'écrit en question . J'attends la réponse de M. De Brosses . Je me charge de tout le chemin de Prégny à Tournay ; et j'entrerai dans les dépenses du chemin de Prégny à Genève, en conséquence des sentiments magnanimes que le président ne manquera pas de me témoigner , car il est attaché à M. et à Mme Gallatin Vaudenet comme moi . Tout ce qui me fâche c'est qu'ils ne soient pas venus manger avec leurs amis, un dindon aux truffes de Ferney tendre comme un pigeonneau, et gros comme l'évêque de Genève . Quand aurons-nous l'ami Gauffecourt ? Je lui arrange un appartement .

Mille tendres respects ,

l'ermite V. »

2 Mme Denis écrit le 3 janvier 1759 à Gabriel Cramer : « Je suis désolée, monsieur de ne point voir Mme Cramer et je ne sais par où m'y prendre pour y parvenir ; nous n'allons point à Lausanne . Mon oncle y a envoyé ce matin Jean-Louis [Wagnière] et Maton ce qui nous prend trois chevaux et les quatre autres sont à Ferney . Je vous avoue qu'il est triste d'avoir huit chevaux et d'être toujours à pied, il ne nous reste que l'étalon […]

Je serai quatre jours sans chevaux […] parce que mon oncle fait voiturer des bois de charpente . »

4 « Ce mot est bas et signifie boire et grenouiller dans quelque cabaret ou autre lieu . »

 

Lire la suite

26/01/2014 | Lien permanent

V. vous souhaite santé et joie, supposé qu'il y ait joie à Genève

... Petite dédicace à mon jeune fils qui est mieux placé que moi pour juger de l'état d'esprit genevois actuel .

Résultat de recherche d'images pour "joie à genève"

On est loin de la Lake Parade !

 

 

« A Paul-Claude Moultou

[1763-1764]

Mon cher philosophe , le pauvre quinze-vingt V. vous souhaite santé et joie, supposé qu'il y ait joie à Genève . Quand vous aurez un moment de loisir tâchez de venir voir des papistes qui vous aiment bien tendrement , et qui font le même cas que vous de l'homme au grand nez, au front chauve et aux jambes torses 1.

Voici un petit billet moyennant lequel vous aurez probablement l'inutile brochure qu'on demande . Ne m'oubliez pas, je vous en prie, quand vous écrirez à la belle muse qu'un philosophe a épousée 2.

Mille tendres respects . »

1 On lit sur le manuscrit une note contemporaine : « C'est saint Paul, ne montrez donc pas le billet . »

2 Suzanne Necker : https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzanne_Curchod

Celle-ci ayant épousé Jacques Necker en 1764 à Paris, la présente lettre ne peut être de 1763 .

Lire la suite

04/01/2019 | Lien permanent

Page : 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118