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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

J'espère qu'un jour je ferai aimer la vérité.

 ... Qui selon l'adage, n'est pas touours bonne à dire .

Volti ne se gène pas pour remonter les bretelles du "cher et ancien ami" et c'est normal, comme dirait un président connu . Ce dernier saura-t-il faire aimer la vérité ? J'en doute . Ou alors, il faudra la présenter comme dans le monde allégorique, femme nue sortant du puits, la partie masculine de la population (majoritairement, mais je ne vous exclus pas mesdames )  pourrait alors la trouver aimable .


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 http://elisandre-librairie-oeuvre-au-noir.blogspot.fr/2012/02/entre-femmes-philosophes-et-allegories.html


Sinon, reste l'espoir !



 

« A M. THIERIOT

Aux Délices, 26 juin [1756]

Vous ne savez ce que vous dites, mon cher et ancien ami, et vous faites toujours quelque quiproquo. Vous vous imaginez d'abord qu'il est question d'un intérêt d'argent pour vous, quand je vous mande que, si vous laissez subsister la note sur Bayle, elle pourra faire tort à l'éditeur 1. Il était bien question de cela . Vous allez vous plaindre à M. d'Argental que j'ai supposé que Lambert vous faisait un présent! Quel présent pouvait-il vous faire pour une telle bagatelle ? Et, quand je vous écris que vous n'avez pas entendu le passage de ma lettre, vous me répondez comme si je vous avais écrit que vous n'entendiez pas un passage de mon ouvrage, ayez donc un peu plus d'attention et des idées plus nettes.
Songez bien que je vous demande si Lambert compte ajouter des pièces fugitives, que je n'ai point, à celles que les Cramer ont imprimées. Songez que je vous demande si vous en avez quelques-unes. Songez qu'alors il devrait attendre, et faire à loisir une édition complète à laquelle vous présideriez. En ce cas, vous devriez venir aux Délices, et vous ne vous en repentiriez pas. Vous seriez en quatre jours à Lyon, je vous adresserais à M. Tronchin, le banquier 2, qui vous fournirait une voiture, et nous causerions. Il y a une Histoire générale qui pourrait mériter vos soins, etc.
Je vous répète, mon cher et ancien ami, que je sais, à n'en pouvoir douter, que La Beaumelle est l'auteur du Citoyen de Montmartre 3, et qu'il l'avait communiqué à Fréron.4
Vous avouez donc enfin que cet homme5, qui cherchait à imiter Tacite, n'a imité que Gacon 6. Plus vous avez avancé dans la lecture de ses infâmes rapsodies, plus vous avez dû être indigné. On n'a jamais écrit plus insolemment tant de mensonges et ces mensonges sont d'autant plus dangereux qu'ils sont souvent mêlés avec la vérité. Un mot de Mme de Maintenon lui sert de canevas pour cent impostures. On a mis au pilori des hommes bien moins coupables.
J'ai lu les Mémoires de Dangeau 7 dont vous me parlez, il n'y a pas quatre pages à extraire. J'ai beaucoup retouché le Siècle de Louis XIV; il terminera l'Histoire générale. J'espère qu'un jour je ferai aimer la vérité.
Je vous embrasse. »

2 Jean-Robert Tronchin , à Lyon .

3 Les Pensées philosophiques d'un citoyen de Montmartre sont de Sennemaud .

5 La Beaumelle.

6 François Gacon, dit « le poète sans fard » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Gacon

 

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15/07/2012 | Lien permanent

le [rend] plus piquant, c’est de comparer la différente façon de penser des hommes, et les motifs qui les font agir : so

... Je ne citerai pas de noms, juste un petit survol de l'actualité internationale : https://news.google.com/topics/CAAqJggKIiBDQkFTRWdvSUwyMH...

 

 

« A Jean-Jacques Gilbert, marquis de Fraigne

Ferney, le 25 janvier 1765 1

[.  .  .] Nous avons, dans ce moment-ci, une petite esquisse à Genève de ce qu’on nomme liberté, qui me fait aimer passionnément mes chaînes. La république est dans une combustion violente. Le peuple, qui se croit le souverain, veut culbuter le pauvre petit gouvernement, qui assurément mérite à peine ce nom. Cela fait, de Ferney, un spectacle assez agréable. Ce qui le rend plus piquant, c’est de comparer la différente façon de penser des hommes, et les motifs qui les font agir : souvent ces motifs ne font pas honneur à l’humanité. Le peuple veut une démocratie décidée ; le parti qui s’y oppose n’est point uni, parce que l’envie est le vice dominant de cette petite ruche, où l’on distille du fiel au lieu de miel. Cette querelle n’est pas prête à finir, la démocratie ne pouvant subsister quand les fortunes sont trop inégales. Ainsi je prédis que la ruche bourdonnera jusqu’à ce qu’on vienne manger le miel . C’est Rousseau qui a fait tout ce tapage. Il trouve plaisant, du haut de sa montagne, de bouleverser une ville, comme la trompette du Seigneur qui renversa les murs de Jéricho .

Ma réponse aurait suivi votre lettre de plus près, si je n'avais pas attendu que je pusse vous envoyer tous les écrits qui [ont 2] animé cette petite république . Qui veut aussi être quelque chose ; je souhaite que vous soyez meilleur prophète que moi . Je suis avec toute la reconnaissance, et le respect,

monseigneur, etc. »

1 L'édition Correspondance littéraire donne une lettre réduite au premier paragraphe . La première édition, publiée à Dublin est encore plus corrompue que d'habitude, comme on verra , par exemple par la faute signalée en note 2 ; elle date la lettre des Délices et la dit adressée au duc de Choiseul ; or celle-ci ne peut avoir été écrite des Délices, et le nom du destinataire fait aussi difficulté . La Correspondance littéraire donne la lettre comme écrite au marquis de Fraigne, mais dans ce cas le Monseigneur qui la termine ne peut être exact . Les éditeurs de la Correspondance littéraire doutent, du reste, de l'authenticité de toute la lettre, et peut-être n'ont ils pas tort, quoiqu'elle repose sans doute sur quelque document authentique .

Voir le commentaire de Grimm : « Je ne garantis point l'authenticité de, cette lettre, qui a couru depuis quelques jours. Au reste, M. de Voltaire vient de se fixer pour toujours à Ferney. Il a rendu lés. Délices à M. Tronchin, fermier-général, dont il tenait cette maison à vie. Les troubles de Genève peuvent l'avoir dégoûté d'avoir une maison sur le territoire de la république; le dérangement de ses affaires peut y avoir contribué. M. de Voltaire ne connaît point de bornes à sa bienfaisance depuis qu'il est à Genève, et sa nièce ne connaît ni l'ordre ni l'économie dans la conduite d'une maison. Lorsque cet homme célèbre alla s'établir près de Genève, il avait plus de cent mille livres de rente, et dans une seule maison de commerce à Lyon un capital de huit cent mille livres. Ce capital est aujourd'hui presque mangé. Je crois que M. de Voltaire ne se doute guère que je sois si bien au fait de l'état de ses finances. Le duc de Wurtemberg lui doit près de trente mille, livres de rente viagère tous les ans, et cette rente n'est pas payée depuis quelque temps, quoique M. de Voltaire ait prêté de nouveau finement, et sans consulter personne, une somme de cinquante mille écus; il prétend que quand il demande de l'argent à ce prince il lui renvoie en réponse le programme de ses fêtes, avec de pompeux éloges de sa magnificence et de son bon goût. Toutes ces raisons peuvent avoir engagé M. de Voltaire à s'en tenir à sa maison de Ferney, où il vient de" faire abattre le joli théâtre » qu'il y avait fait construire. Ainsi, plus de spectacles non plus,, au moins jusqu'à nouvel ordre. Toute cette réforme me ferait peur pour le patriarche, si je ne remarquais dans ses lettres particulières toujours le même fonds de gaieté. » Grimm : page 218 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5719205h/texteBrut

2 Dans les Lettres curieuses qui, comme on l'a dit, donnent seules ce paragraphe, le texte est qui a au lieu de qui ont . La correction s’impose manifestement .

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09/04/2020 | Lien permanent

Tout notre parlement sera à vos genoux quand vous voudrez ; mais ne le foulez pas aux pieds, quand il s’y jette de bonne

... De Bardella ( qui désormais ne se sent plus pisser ) à Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2027 - ou peut-être avant, qui sait, avec ce sacré président Macron .

 

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

26è décembre 1768

Ce n’est pas assurément, madame, une lettre de bonne année que je vous écris, car tous les jours m’ont paru fort égaux, et il n’y en a point où je ne vous sois très tendrement attaché.

Je vous écris pour vous dire que votre petite mère ou grand-mère (je ne sais comment vous l’appelez), a écrit à son protégé Dupuits une lettre où elle met, sans y songer, tout l’esprit et les grâces que vous lui connaissez. Elle prétend qu’elle est disgraciée à ma cour, parce que je ne lui ai envoyé que le Marseillais et le Lion, de Saint-Didier, et qu’elle n’a point eu Les Trois Empereurs, de l’abbé Caille . Mais je n’ai pas osé lui envoyer par la poste ces trois têtes couronnées, à cause des notes, qui sont un peu insolentes ; et, de plus, il m’a paru que vous aimiez mieux Le Marseillais et le Lion : c’est pourquoi elle n’a eu que ces deux animaux. Il y a pourtant un vers dans les Trois Empereurs qui est le meilleur que l’abbé Caille fera de sa vie. C’est quand Trajan dit aux chats-fourrés de Sorbonne 1 :

Dieu n’est ni si méchant ni si sot que vous dites.

Quand un homme comme Trajan prononce une telle maxime, elle doit faire un très grand effet sur les cœurs honnêtes.

Votre petite mère ou grand-mère a un cœur généreux et compatissant . Elle daigne proposer la paix entre La Bletterie et moi. Je demande, pour premier article, qu’il me permette de vivre encore deux ans, attendu que je n’en ai que 75  ; et que, pendant ces deux années, il me soit loisible de faire une épigramme contre lui tous les six mois . Pour lui, il mourra quand il voudra.

Saviez-vous qu’il a outragé le président Hénault autant que moi ? Tout ceci est la guerre des vieillards. Voici comme cet apostat janséniste s’exprime, page 235, tome II : « En revanche, fixer l’époque des plus petits faits avec exactitude, c’est le sublime de plusieurs prétendus historiens modernes. Cela leur tient lieu de génie et de talents historiques. »

Je vous demande, madame, si on peut désigner plus clairement votre ami ? Ne devait-il pas l’excepter de cette censure aussi générale qu’injuste ? ne devait-il pas faire comme moi, qui n’ai perdu aucune occasion de rendre justice à M. Hénault, et qui l’ai cité trois fois 2 dans le Siècle de Louis XIV, avec les plus grands éloges ? Par quelle rage ce traducteur pincé du nerveux Tacite outrage-t-il le président Hénault, Marmontel, un avocat Linguet, et moi, dans des notes sur Tibère ? Qu’avons-nous à démêler avec Tibère ? Quelle pitié ! et pourquoi votre petite mère n’avoue-t-elle pas tout net que l’abbé de La Bletterie est un mal avisé ?

Et vous, madame, il faut que je vous gronde. Pourquoi haïssez-vous les philosophes quand vous pensez comme eux ? Vous devriez être leur reine, et vous vous faites leur ennemie. Il y en a un 3 dont vous avez été mécontente ; mais faut-il que le corps en souffre ? est-ce à vous de décrier vos sujets ?

Permettez-moi de vous faire cette remontrance, en qualité de votre avocat général. Tout notre parlement sera à vos genoux quand vous voudrez ; mais ne le foulez pas aux pieds, quand il s’y jette de bonne grâce.

Votre petite mère et vous, vous me demandez L’A, B, C. Je vous proteste à toutes deux, et à l’archevêque de Paris, et au syndic de la Sorbonne, que LA, B, C. est un ouvrage anglais, composé par un M. Huet, très connu, traduit il y a dix ans, imprimé en 1762 4 ; que c’est un rosbif 5 anglais, très difficile à digérer par beaucoup de petits estomacs de Paris. Et sérieusement, je serais au désespoir qu’on me soupçonnât d’avoir été le traducteur de ce livre hardi dans mon jeune âge, car, en 1762, je n’avais que 69 ans. Vous n’aurez jamais cette infamie, qu’à condition que vous rendrez partout justice à mon innocence, qui sera furieusement attaquée par les méchants jusqu’à mon dernier jour.

Au reste, il y a depuis longtemps un déluge de pareils livres. La Théologie portative 6, pleine d’excellentes plaisanteries, et d’assez mauvaises ; l’Imposture sacerdotale 7, traduite de Gordon ; la Riforma d’Italia 8, ouvrage trop déclamatoire, qui n’est pas encore traduit, mais qui sonne le tocsin contre tous les moines ; les Droits des hommes et les Usurpations des papes 9le Christianisme dévoile 10, par feu Damilaville ; le Militaire philosophe[ 11, de Saint-Hyacinthe, livres tous pleins de raisonnements, et capables d’ennuyer une tête qui ne voudrait que s’amuser. Enfin il y a cent mains invisibles qui lancent des flèches contre la superstition. Je souhaite passionnément que leurs traits ne se méprennent point, et ne détruisent pas la religion, que je respecte infiniment et que je pratique.

Un de mes articles de foi, madame, est de croire que vous avez un esprit supérieur. Ma charité consiste à vous aimer, quand même vous ne m’aimeriez plus ; mais malheureusement je n’ai pas l’espérance de vous revoir. »

1 Vers 101 des Trois Empereurs en Sorbonne : voir : https://satires18.univ-st-etienne.fr/texte/les-trois-empereurs-en-sorbonne

3 D’Alembert.

 

5 Le mot rostbif est bien connu des Français depuis une cinquantaine d'années ; il y a un personnage nomme Jacques Rosbif dans Le Français à Londres, de Boissy ( 1727 ) . Mais V* est un des premiers à s'en servir sous sa forme ( on disait rôt de bif ) et dans son sens moderne .Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56516859.pdf

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02/07/2024 | Lien permanent

Il me semble que c'est une chose assez aisée de faire retarder les affaires ; voilà de toutes les grâces la plus facile

http://www.deezer.com/listen-7344305

 

Ce titre est choisi en pensant très fortement à Mme Lagarde, ministre d'Etat en mauvais état, au bronzage inoxydable, copie conforme de ceux de Nanard le bienheureux  et Jacques Séguela, grands menteurs devant l'Eternel . Elle a écrit :  La politique est-elle esclave de la finance ?, (avec Jean-Paul Fitoussi), et moi je reponds et écris : "oui", et vous n'êtes pas un exemple pour changer cet état de choses .

Ah ! qu'il est aisé de disposer de l'argent du citoyen pour le mettre au Tapie .

Madame, vous croyez vous à une table de poker ? Pour faire tapis, il faut être crédible . Et moi, je ne vous crois pas . Vos menaces sont du bluff .

http://www.deezer.com/listen-2767995

Vos menaces ne sont qu'une censure déguisée du voile de la légalité .

La censure :  http://www.deezer.com/listen-2148317

 

PS . (oui, je sais, vu le contexte, que vient faire le PS ici ? ):Message aux résistants : " Le peuple, ici le peuple : Lallouette vole de ses propres ailes, je répète, Lallouette vole de ses propres ailes "

 

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« A Jean Dumas d'Aigueberre 1

 

J'ai été bien malade, mon cher ami, j'ai fait parler à M. de La Houssaye 2 comme vous me l'avez ordonné . Il me semble que c'est une chose assez aisée de faire retarder les affaires ; voilà de toutes les grâces la plus facile à obtenir . Je n'ai point vu M. l'abbé Berth, qui devait m’expliquer tant de choses , je ne sais où le déterrer . Si vous me mandez sa demeure, j'irai chez lui . Vous savez si j'ai de l'empressement à vous obéir . Notre Mérope n'est pas encore imprimée . Je doute qu'elle réussisse à la lecture autant qu'à la représentation . Ce n'est point moi qui ai fait la pièce, c'est Mlle Dumesnil . Que dites-vous d'une actrice qui fait pleurer le parterre pendant deux actes de suite ? Le public a pris un peu le change, il a mis sur mon compte une partie du plaisir extrême que lui ont fait les acteurs et la séduction a été au point que je n’ai pu paraître à la comédie qu'on ne m’ait battu des mains 3. Cette faveur populaire m'a un peu consolé de la petite persécution que j'ai essuyée de M. l'évêque de Mirepoix 4. L’Académie, le roi et le public m'avaient désigné pour avoir l'honneur de succéder à M. le cardinal de Fleury, parmi les quarante . Mais M. de Mirepoix n'a pas voulu, et il a enfin trouvé après deux mois et demi un évêque 5 pour remplir la place qu'on me destinait . Je crois qu'il convient à un profane comme moi de renoncer pour jamais à l'Académie, et de m'en tenir au bontés du public, mais il y a encore quelque chose de plus précieux que cette bienveillance peut-être passagère, c'est l'amitié constante d'un cœur comme le vôtre .

 

Les lettres sont ici plus persécutées que favorisées . On vient de mettre à la Bastille l'abbé Lenglet pour avoir publié des Mémoires déjà connus qui servent de supplément à l'Histoire de M. de Thou 6; il a rendu un très grand service aux bons citoyens, et aux amateurs des recherches sur l'histoire, il méritait des récompenses, et on l'emprisonne à l'âge de soixante et huit ans .

 

Insere nunc Meliboee piros ! pone ordine vitis 7.

 

Mme du Châtelet vous fait mille compliments ; elle marie sa fille, comme je crois vous l'avoir mandé, à M. le duc de Montenero, Napolitain au grand nez, à la taille courte, à la face maigre et noire, à la poitrine enfoncée ; il est ici et va vous enlever une Française aux joues rebondies . Vale et me ama .

 

V.

 

A Paris ce 4 avril 1743. »

 

Jean du Mas d'AIGUEBERRE [1692 - 1755,Toulouse]. Cet auteur était conseiller au parlement de Toulouse, il a fait trois pièces de théâtre, qui sont les Trois spectacles ; le Prince de Noisy, et Colinette. Il donna la première en 1729, et est mort au mois de juillet 1755, à Toulouse.

Intendant des finances .

3   La pièce avait été jouée le 20 février 1743 ; Barbier a fait le récit du succès de V* .

4   Boyer qui a fait obstacle à son élection à l'Académie ; de même que Languet de Gergy, archevêque de Sens et aussi Maurepas .

5   Paul-Albert de Luynes, évêque de Bayeux élu à l'unanimité le 22 mars 1743, et reçu le 16 mai .

6   Lenglet du Fresnoy ; Mémoires servant d'éclaircissement et de preuves à l'Histoire de M. de Thou . Tome 6è, ou Supplément ..., 1743 .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Lenglet_Du_Fresnoy

7   Greffe maintenant, Mélibée, des poiriers ! aligne des vignes .

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04/04/2011 | Lien permanent

Quant aux rois d'Asie et aux itimadoulets qu'on adore , je crois qu'on fait beaucoup mieux de les éviter

... De même que tous les saints et prophêtes, gourous et marchands d'illusions qui en foule viennent bouffer les dernières bribes de raison des humains crédules, si tant est qu'ils en aient jamais eue !

 

 

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 But inavoué ou revendiqué bien haut de toutes religions et partis politiques via leurs représentants séculiers et réguliers

 

 

« A Charles-Jean-François Hénault

15 mai [1760]

Votre amusement lyrique 1

M'a paru du meilleur ton .

Si Linus fit la musique,

Les vers sont d'Anacréon .

L'Anacréon de la Grèce

Vaut-il celui de Paris ?

Il chanta la double ivresse

De Silène et de Cypris ;

Mais fit-il avec sagesse

L'histoire de son pays ?

Après les travaux austères,

Dans vos doux délassements,

Vous célébrez les chimères .

Elles sont de tous les temps ;

Elles nous sont nécessaires ;

Nous sommes de vieux enfants :

Nos erreurs sont nos lisières ,

Et les vanités légères

Nous bercent en cheveux blancs .

Quiconque a fait le dialogue entre le curé de Courdimanche et moi,2 son digne successeur, est assurément très aimable, et véritablement philosophe . Je ne connais rien de plus beau, de plus vrai que ce petit passage :

Le sentiment de l'immortalité 3 est un sentiment, et il n'y a rien de plus réel qu'un sentiment, car nous ne sommes que cela .

Je souscris à cet Évangile .

Quant aux rois d'Asie et aux itimadoulets 4 qu'on adore , je crois qu'on fait beaucoup mieux de les éviter et de mettre entre eux et le le fou ou le sage un fil long de cinq cent mille brasses .

Libertas quae sera temen respexit inerteme 5.

L'indépendance aux pieds du mont Caucase vaut lieux assurément que les chaines dorées de Babylone ; j'ai tâté de tout cela et, si j'avais à renaître, je prendrais de bonne heure le parti que j'ai pris sur la fin de ma vie .

Il est vrai que des circonstances uniques se sont réunies en ma faveur ; trouver des terres libres où on est le maître absolu, être à la fois dans trois souverainetés et ne dépendre d'aucune, c'est un bonheur singulier, auquel je n'osais pas prétendre .

Di melius fecere : bene est ; nihil amplius opto 6 .

Je crois que cela m'a prolongé la vie, car par toutes les règles ma figure légère devrait être il y a longtemps avec la masse du curé de Courdimanche .

Songez-vous bien, mon illustre et respectable confrère, que de tous ceux qui assistèrent à l’extrême-onction que je donnai au curé et à cette fête que vous embellîtes, il n'y a que vous et moi qui soyons en vie ?

Conservez-vous, je vous en conjure . Je vous promets de venir dans vingt ans célébrer avec vous l'anniversaire du curé : à condition que le souper se fera chez Mme du Deffand, dont l'amitié doit contribuer à vous faire aimer la vie et à la rendre très agréable .

Le roi de Prusse vient de donner une édition plus ample et plus correcte de ses poésies ; il en a ôté, comme il le dit, dans sa préface, tous les endroits scandaleux que les éditeurs infidèles y avaient glissés . Par exemple, au lieu de ces vers :

Allez, lâches chrétiens, que vos feux éternels,

il a mis :

Allez, pauvres chrétiens, 7 etc ?

Il faut avouer que cela est bien plus circonspect . Nous sommes en effet, nous autres, de très pauvres chrétiens , surtout ceux qui ont des annuités, et des billets de la quatrième loterie ; c'est bien cela qui est chimère, mais ce n'est pas chimère agréable . La plus douce réalité, monsieur, que je connaisse est l'honneur de votre souvenir ; comptez que je vous suis tendrement attaché ainsi qu'à Mme du Deffand . Mme Denis vous remercie bien d'avoir pensé à elle . Savez-vous qu'elle est devenue une actrice excellente : elle a ce que Mlle Clairon n'a point, le don des larmes, et joue avec la même vérité . Aussi nous nous en donnons ; le théâtre n'est pas grand mais il est rempli . N'approuvez-vous pas ces chimères ? Rien n'est plus vrai que les sentiments de l'estime infinie qu'elle partage avec moi pour tout ce que vous avez fait, pour votre personne, pour votre caractère . Vous régnez dans ce petit coin du monde comme dans la bonne compagnie de Paris .

 "

3 Lapsus pour « désir de l'immortalité » qu'avait écrit Hénault .

4 Ce titre désignerait, selon Raymond, Dictionnaire des termes appropriés aux arts et aux sciences, et des mots nouveaux que l'usage a consacrés, 1824, un grand personnage de Turquie , d’autres disent de Perse . Le radical de ce mot, itimad, est arabe .

5 La liberté, qui m'a enfin regardé d'un œil favorable, malgré mon insouciance ; Virgile, Bucoliques, I, 28 .

6 Les dieux ont mieux fait les choses ; c'est bien, je ne souhaite rien de plus ; Horace, Satires, II, vi, 4 .

 

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12/05/2015 | Lien permanent

Nous parviendrons infailliblement au point où nous voulions arriver, qui est d'ôter tout crédit aux fanatiques dans l'es

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 21/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

21è décembre 1763 1

On m'envoie du Languedoc cette chanson, sur l'air de L'Inconnu

Simon Lefranc qui toujours se rengorge

Traduit en vers tout le Vieux Testament,

Simon les forge très durement :

Mais pour la prose écrite horriblement

Simon le cède à son puîné Jean-Georges .

 

Cependant, on me mande aussi de Paris que l'édition publique de la Lettre du quakre pourrait faire grand tort à la bonne cause, que les doutes proposés à Jean-Georges sur une douzaine de questions absurdes, rejaillissent également contre la doctrine, et contre l'endoctrineur, que le ridicule tombe autant sur les mystères que sur le prélat, qu'il suffit du moindre Gauchat, du moindre Chaumeix, du moindre polisson orthodoxe, pour faire naître un réquisitoire de maître Omer, que cet esclandre ferait grand tort à la Tolérance, qu'il ne faut pas sacrifier un bel habit pour un ruban, que ces ouvrages sont faits pour les adeptes, et non pour la multitude .

C'est à mon très cher frère à peser mûrement ces raisons . Je me souviens d'un petit bossu qui vendait autrefois des Meslier sous le manteau, mais il connaissait son monde et n'en vendait qu'aux amateurs .

Enfin , je me repose toujours sur le zèle éclairé de mon frère . Nous parviendrons infailliblement au point où nous voulions arriver, qui est d'ôter tout crédit aux fanatiques dans l'esprit des honnêtes gens . C'est bien assez, et c'est tout ce qu'on peut raisonnablement espérer . On réduira la superstition à faire le moindre mal qu'il soit possible . Nous imiterons enfin les Anglais qui sont depuis près de cent ans le peuple le plus sage de la terre comme le plus libre .

Je n'entends point parler de frère Thieriot . Je sais l'aventure des bigots . Voilà le seul bigot qu'on ait puni . Pardon de cette mauvaise plaisanterie . Bonsoir, mon cher frère .

Ecr l'inf. »

1 L'édition Lettres curieuses est limitée aux vers ; l’édition Correspondance littéraire donne une version abrégée de la prose seule ; on a ici la version des Lettres inédites .

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21/12/2018 | Lien permanent

J'écrirai jusqu'à ce que je sois mort

...Je m'y suis engagé et , encore plus important, je l'ai promis à Mam'zelle Wagnière qui est mon modèle de persévérance, à l'égal de Voltaire .

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Soyez heureux, grâce au PC vous échappez à ma terrible écriture de chat .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

15 octobre [1762]

Je vous ai déjà, mon cher frère, envoyé une lettre importante pour M. d'Alembert ; en voici une seconde 1. La chose presse ; c'est une blessure qui demande un prompt appareil . Mais comment se peut-il faire qu'un billet innocent à vous envoyé, il y a près de cinq mois, ait pu produire une pareille horreur ? Tâchez, mes frères, de remonter à la source . Vous voyez quels coups on veut porter aux bons citoyens qu'on appelle par dérision philosophes, et qu'on ne doit nommer ainsi que par respect . La calomnie sera confondue .

M. le duc de Choiseul m'a écrit quatre pages sur cette horreur dont il m'a cru coupable 2. mais comment m'a-t-il pu soupçonner d'une telle bêtise, d'une telle folie, de telles expressions, d'un tel style ? lui qui a de l'esprit et du goût ! Le poids des affaires publiques empêche qu'on ne voie avec attention les affaires des particuliers . On juge rapidement ; on juge au hasard ; on n'examine rien ; on avale la calomnie comme du vin de Champagne, et on rend son vin sur le visage du calomnié . Je suis pénétré de colère et de douleur . J'envoie à M. le duc de Choiseul le duplicata de ma lettre à M. d'Alembert . J'écrirai 3 jusqu'à ce que je sois mort .

Je crois que j'envoyai à mon frère le billet qui a causé tant de tracas et produit tant de calomnies : c'était au mois de mai 4, ou je suis fort trompé . À qui l'a-t-on montré ? Ce billet autant qu’il m'en souvient, était très vif et très innocent . On l'a brodé d'infamies et d'horreurs .

Recherche et vengeance. »

1 Lettre du 12 octobre 1762 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/09/09/le-torrent-des-affaires-ne-permet-pas-de-reflechir-sur-l-inn-5978121.html

et voir celle du 17 octobre 1762 au même .

3 On pense être presque sûr depuis longtemps qu'il faudrait corriger en je crierai .

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12/09/2017 | Lien permanent

elle a le département des plaisirs , de la grande chère, des spectacles, des bals et de la ruine

...  On dirait bien que le patriarche connait Anne Hidalgo ainsi que Marlène Schiappa :

https://www.lejdd.fr/politique/exclusif-ce-que-revelent-l...

https://www.ouest-france.fr/politique/marlene-schiappa/

https://static.jeanmarcmorandini.com/sites/jeanmarcmorandini.com/files/capture_decran_2023-04-18_a_14.04.07_0.jpg

 

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

Conseiller au Parlement

rue d'Anjou au Marais

à Paris

4è septembre 1767 1

Nous remercions bien tendrement, Mme Denis et moi, notre très cher et gros neveu . Il est exact dans les affaires ; il est serviable, il ne plaint point sa peine, il écrit, il rend bon compte . Et Laleu qui est peut-être aussi gros que lui n'écrit jamais . Vous avez, mon cher neveu, toutes les qualités sociales, comme disent les nouveaux philosophes ; et maman aimera les parlementaires à cause de vous .

M. de La Harpe vous est bien obligé de la part que vous daignez prendre à ses succès . C'est un garçon de beaucoup de mérite, et qui doit aller loin dans le malheureux genre qu'il a embrassé .

Il est vrai qu'il y a bien des fêtes à Ferney, mais c'est maman qui s'en mêle uniquement, elle a le département des plaisirs , de la grande chère, des spectacles, des bals et de la ruine . Pour moi, je mène une vie toujours souffrante et languissante . J'ai pensé mourir d'une indigestion de vers barbares en lisant et Les Illinois . Ce sont bien messieurs les Français qui sont les Illinois eux-mêmes en souffrant des choses aussi sauvages . Je suis , comme vous savez, pour la tolérance, mais non pas pour celle des mauvais vers . Je me flatte que votre oncle le Turc est enfoncé actuellement dans l’histoire des califes 2. Il a le malheur d'être sous-diacre, il n'aura pas pu dire de l'Alcoran autant de bien que le comte de Boulainvilliers 3. Faites-lui, je vous prie, nos tendres compliments . Je n'ai point répondu à la lettre par laquelle il m'annonça la convalescence de Mme d'Argental que je savais déjà . Je compte que cette lettre sera ma réponse, je ne vous sépare point de lui . Si vous allez faire un tout à Hornoy cet automne ; embrassez, je vous prie, pour moi madame votre mère et M. de Florian ;

Adieu , vous êtes aimé à Ferney autant que vous l'êtes à Hornoy ;

V. »

1 Original, initiale autographe, cachet « de Lyon » ; une autre main a modifié l'adresse « A Abbeville / au château d'Hornoy par Abbeville « .

2 Mignot travaille à l'Histoire de l'empire ottoman ; voir lettre du 14 janvier 1767 au marquis de Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/05/07/les-choses-dans-ce-monde-prennent-des-faces-bien-differentes-6380671.html

3 Voir l'article Alcoran du Dictionnaire philosophique , page 105:( Le comte de Boulainvilliers, qui avait du goût pour Mahomet , a beau me vanter les Arabes, il ne peut empêcher que ce ne fût un peuple de brigands …) : https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/Alcoran

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20/04/2023 | Lien permanent

la haine cordiale que j'ai pour votre métier de César.

Dans le domaine "je me fous de votre gueule et je me gave", un César, qui au demeurant ne manquait pas de talent artistique, et qui a eu celui de vivre grâce au mauvais goût de ses contemporains, dont un exemple suit :

 

cesar_moto.jpg

Etre Cesar ! Est-ce bien enviable ?  http://www.deezer.com/listen-5803986

Rendons à Cesar ce qui appartient à Jules : http://www.deezer.com/listen-2417346 ; merci à Georges Chelon, que, malheureusement, on n'entend qu'à dose homéopathique sur nos ondes hertziennes.

Une curiosité :  http://www.deezer.com/listen-1566386

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Ferney, 8 décembre [1773]

 

Sire,

 

Une belle dame de Paris i (dont vous ne vous souciez guère) prétend que vous serez fâché contre moi de ce que je donne Votre Majesté au diable ii; et moi je lui soutiens que vous me le pardonnerez, et que Belzébuth même en sera fort content, attendu qu'il n'y a jamais eu personne plus diable que vous à la tête d'une armée, soit pour arranger un plan de campagne, soit pour l'exécuter, soit pour réparer un accident.

 

Je n'aime point du tout, il est vrai, votre métier de héros, mais je le révère ; ce n'est point à moi de juger de la Tactique de M. Guibert. Je ne m'entends point à ces belles choses ; je sais seulement qu'il vous regarde avec raison comme le premier tacticien, et moi, j'ajoute : comme le premier politique ; car vous venez d'acquérir un beau royaume, sans avoir tué personne iii, et non seulement vous voilà pourvu d'évêchés et d'abbayes, non seulement vous voilà général des jésuites iv après avoir été général d'armée, mais vous faites des canaux comme à la Chine, et vous enrichissez le royaume que vous vous êtes donné par un trait de plume. Que vous reste-t-il à faire ? rien d'autre que de vivre longtemps pour jouir.

 

Comme Votre Majesté recevra probablement mon petit paquet aux bonnes fêtes de Noël, et que le Dieu de paix va naître avant qu'il soit trois semaines, je me recommande à lui, afin qu'il obtienne ma grâce de vous et que vous me pardonniez toutes les pouilles que j'ai dites à Votre Majesté, et la haine cordiale que j'ai pour votre métier de César. Ce César comme vous savez, pardonnait à ses ennemis quand il les avait vaincus ; et vous aurez pour moi la même clémence, après vous être bien moqué de moi v.

 

Le vieux malade de Ferney, qui s'égaye quelquefois dans les intervalles de ses souffrances, se met à vos pieds avec cinq ou six sortes de vénérations pour vos cinq ou six sortes de grands talents, et pour votre personne qui les réunit. »

 

i  Mme Necker ; V* en parlait à d'Alembert le 5 décembre.

 

ii  En parlant de l'Essai général de tactique de Guibert, V* dans la Tactique écrit : « A Frédéric surtout portez ce bel ouvrage, / Et soyez convaincu qu'il en fait davantage : / Lucifer l'inspira bien mieux que votre auteur ; / Il est maître passé dans cet art plein d'horreur, / Plus adroit meurtrier que Gustave et qu'Eugène. » ; cf. lettre à d'Alembert du 19 novembre. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Antoine-Hippolyte_de...

Tactique de V* : page 6 : http://books.google.fr/books?id=0y4HAAAAQAAJ&printsec...

 

iii  Partage de la Pologne en 1772, -traité ratifié par le roi de Pologne et la diète le 18 septembre 1773,- alors que Frédéric n'a pas participé à la guerre. Il se justifia auprès de V* le 9 octobre 1773 : « ... l'Europe croit assez généralement que le partage que l'on a fait de la Pologne est une suite de manigances politiques qu'on m'attribue, cependant rien n'est plus faux. Après avoir proposé vainement des tempéraments différents, il fallut recourir à ce partage comme l'unique moyen d'éviter une guerre générale. » D'autre part il écrivit : « je concours depuis longtemps aux opérations des Russes par des subsides que je leur paie, et vous devez savoir qu'un allié ne fournit pas des troupes et de l'argent en même temps... »

 

iv  Cf. lettre à d'Alembert du 19 novembre.

 

v   Le 9 octobre, Frédéric venait de se moquer des attitudes contradictoires de V* face à la guerre.

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07/12/2010 | Lien permanent

que le parlement commence à ouvrir les yeux : que plusieurs jeunes conseillers embrassent le parti de la tolérance

... Que ce voeu se réalise et tout ira mieux, du moins on peut l'espérer .

 

 

« A François de Varagne-Gardouch, marquis de Bélestat

Du 5 janvier 1769

Votre lettre du 20 de décembre, monsieur, n’est point du style de vos autres lettres : et votre critique de Bury est encore moins du style de l’Éloge de Clémence Isaure. C’est une énigme que vous m’expliquerez quand vous aurez en moi plus de confiance 1.

Le libraire de Genève 2 qui imprima votre dissertation 3 étant le même qui avait imprimé les Mémoires de La Beaumelle, on crut que ce petit ouvrage était de lui ; et ce nom le rendit suspect. Le public ne regarda l’intitulé, Par M. le marquis de B…, que comme un masque sous lequel La Beaumelle se cachait. L’article du petit-fils de Sha-Abas parut à tout le monde un portrait trop ressemblant. Le libraire de Genève envoya à Paris six cents exemplaires que M. de Sartines fit mettre au pilon, et il en informa M. de Saint-Florentin.

Ce n’est pas tout, monsieur ; comme le livre venait de Genève, on me l’attribua ; et cette calomnie en imposa d’autant plus que dans ce temps-là même je faisais imprimer publiquement à Genève une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV.

Le président Hénault, si durement traité dans votre brochure 4, est mon ami depuis plus de quarante ans ; je lui ai toujours donné des marques publiques de mon attachement et de mon estime. Ses nombreux amis m’ont regardé comme un traître qui avait flatté publiquement le président Hénault, pour le déchirer avec plus de cruauté en prenant un nom supposé.

Si vous m’aviez fait l’honneur de répondre plus tôt à mes lettres 5, vous m’auriez épargné des chagrins que je ne méritais pas. Lorsque je vous écrivis, j’étais persuadé avec toute la ville de Genève que La Beaumelle était l’auteur de cet écrit, et tout Paris croyait qu’il était de moi. Voilà, monsieur, l’exacte vérité.

Vous pouvez me rendre plus de services que vous ne m’avez fait de peines ; il s’agit d’une affaire plus importante.

J’ai auprès de moi la famille des Sirven ; vous n’ignorez peut-être pas que cette famille entière a été condamnée à la mort dans le temps même qu’on faisait expirer Calas sur la roue. La sentence qui condamne les Sirven est plus absurde encore que l’abominable arrêt contre les Calas. J’ai fait présenter au nom des Sirven une requête au conseil privé du roi . Cette famille malheureuse, jugée par contumace, et dont le bien est confisqué, demandait au roi d’autres juges, et ne voulait point purger son décret au parlement de Toulouse, qu’elle regardait comme trop prévenu, et trop irrité même de la justification des Calas . Le conseil privé, en plaignant les Sirven, a décidé qu’ils ne pouvaient purger le décret qu’à Toulouse.

Un homme très instruit  me mande de cette ville même que le parlement commence à ouvrir les yeux : que plusieurs jeunes conseillers embrassent le parti de la tolérance ; qu’on va jusqu’à se reprocher l’arrêt contre M. Rochette et les trois gentilshommes 6, Ces circonstances m’encourageraient, monsieur, à envoyer les Sirven dans votre pays, si je pouvais compter sur quelque conseiller au parlement qui voulût se faire un honneur de protéger et de conduire cette famille aussi innocente que malheureuse. Je serais bien sûr alors qu’elle serait réhabilitée, et qu’elle rentrerait dans ses biens. Voyez, monsieur, si vous connaissez quelque magistrat qui soit capable de cette belle action, et qui, ayant vu les pièces, puisse prendre sur lui de confondre la fanatique ignorance des premiers juges, et tirer l’innocence de la plus injuste oppression.

Combien que le parlement ne soit qu’une forme des trois états raccourcis au petit pied( ce sont les termes des premiers états de Blois, page 445 ) 7 . Ce sera à vous seul, monsieur, qu’on sera redevable d’une action si généreuse et si juste  . Le parlement même nous en devra de la reconnaissance, vous lui aurez fourni une occasion de montrer sa justice, et d’expier le sang des Calas.

Pour moi, je n’oublierai jamais ce service que vous aurez rendu a l’humanité, et j’aurai l’honneur d’être avec la plus vive reconnaissance, avec l’estime que je dois à vos talents, et toute l’amitié d’un confrère, votre très humble. »

2 Claude Philibert .

3 Examen de la Nouvelle histoire de Henri IV, de M. de Bury ; voir lettre du 13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html

4 Voir le passage cité dans la lettre  du 13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html

6 On reconnaît les termes de la lettre de l’abbé d'Audra déjà cités par V* à plusieurs correspondants  ; voir lettre https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7457

7 Note de Voltaire qu'il a mise entre parenthèses .

Sur cette phrase, voir les lettres du 28 septembre 1768 et du 31 octobre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/10/me-voila-lave-mais-non-absous-6493592.html

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/10/en-fait-d-ouvrages-de-gout-il-ne-faut-jamais-repondre-en-fai-6497711.html

Il est à noter que ce début de paragraphe ne paraît pas être à sa place ; il ne se rattache ni à ce qui précède ni à ce qui suit .

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15/07/2024 | Lien permanent

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