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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je voulais hasarder de faire voir une femme mourant de douleur

http://www.youtube.com/watch?v=Q1cKPn-xBbw&feature=re...

 

 

statue hom fem bb 8 mars.jpg

 

Journée de la femme ! centième anniversaire !

 

Allez ! je mets un titre provocateur en hommage (sic) à Coline Serrault .

Pour dire le vrai, très franchement, je l'ai trouvée gonflante . Et me trouvant gonflé, je me permets d'accoucher sur le papier cette pensée .

Cette féministe convaincue  m'a fait découvrir à la radio ce matin, un terme assez peu usité : "anthropoculture", entendez par là, tout simplement le fait que les femmes "cultivent" les enfants en leur sein, ou encore plus prosaïquement font des enfants .

 

Il y a une trentaine d'années, une psychologue, ex-enseignante, mère de famille avait déclaré lors d'un congrès de parents d'élèves, qu'elle faisait mettre sur son passeport , à la rubrique "métier" : ingénieur domestique, ce qui correspondait tout à fait fonctionnellement exactement,  à "mère au foyer". Cette trouvaille avait été déclarée géniale, et j'approuvais et approuve encore, mais combien de femmes ont osé suivre ce modèle ? Je serais curieux de la savoir, n'hésitez pas à me le dire

 

http://www.youtube.com/watch?v=36qzWxBBXX8&feature=re...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

Ferney 8 mars [1762]

 

             Paire d’anges,

 

             Madame Scaliger [surnom donné par V* à la comtesse] est plus que Scaliger [Philologue italien du XVIème, auteur d’une Poétique qui pose les fondements du classicisme], elle a du génie. Je suis plein de reconnaissance et de vénération. C’est encore peu que du génie, elle est bon génie. Assez de dames disent leurs dégoûts, assez disent en tournant la tête : ah !l’horreur ! et puis vont jouer et souper. Mais trouver le mal et le remède cela n’est pas du train ordinaire. Je ne peux encore prendre un parti sur ce qu’elle propose. J’avais fait ce Cassandre ou cette Olympie [changement de titre pour satisfaire Mlle Clairon qui doit jouer le rôle l’Olympie] uniquement pour le cinquième acte. Je voulais hasarder de faire voir une femme mourant de douleur. Je me disais : le président Hénault dans son petit livre [Le Nouvel abrégé chronologique de l’histoire de France] fait mourir vingt ministres de chagrin, pourquoi Statira n’en mourrait-elle pas ? En la peignant surtout dès le second acte accablée de ses douleurs, et languissante, et invoquant la mort, et n’attendant que ce moment, cela n’était-il pas cent fois plus naturel que de faire expirer de douleur en un seul vers, et d’une seule bouchée une sotte princesse dans Suréna ? Ah ! que cela est beau ! disaient les cornéliens que j’ai vus dans ma jeunesse : Non, je n’expire point, Madame ; mais je meurs [citation inexacte de Suréna]. Et moi je dis : que cela est froid ! que cela est pauvre ! Ah ! ce que je commente ne me plait guère [Commentaires sur Corneille].

 

             Enfin pourquoi un bûcher ne vaudrait-il pas le pont aux ânes du coup de poignard ?

 

             Pourquoi avant-hier un acteur qui lisait la pièce aux autres acteurs qui vont la jouer chez moi dans huit jours, nous fit-il tous fondre en larmes ? Attendons ces huit jours, laissez moi jouer la pièce telle que je l’ai achevée, laissez-moi reprendre mes esprits. Je n’en peux plus, je sors du bal, ma tête n’est point à moi. Un bal, vieux fou ? un bal dans tes montagnes ? et à qui l’as-tu donné ? aux blaireaux ? Non, s’il vous plait : à très bonne compagnie, car voici le fait. Nous jouâmes hier Le Droit du seigneur, et cela sur un théâtre[f1]  qui est plus joli, plus brillant que le vôtre assurément. Notre théâtre est favorable aux cinquièmes actes. La fin du quatre fut reçue très froidement comme elle mérite de l’être. Mais à ces vers : Je vais partir, je ne partirai plus, Avouez donc la gageure perdue. J’aime, eh bien donc régnez, à ces vers si vrais, si naturels, si indignement retranchés, il partait des applaudissements des mains et du cœur. J’avoue que la pièce est bien arrondie, mais enfin c’est notre cinquième acte qui a plu. A des Allobroges, direz-vous. Non, à des gens d’un goût très sûr, et dont l’esprit n’est ni frelaté, ni jaloux, qui ne cherchent que leur plaisir, qui ne connaissent pas celui de critiquer à tort et à travers, comme il arrive toujours à Paris à une première représentation, comme il arriva à L’Enfant prodigue, à Nanine, à Sémiramis, à Mahomet, à Zaïre, oui, à Zaïre . On est assez lâche pour céder quelquefois à d’impertinentes critiques, on sacrifie des traits noblement hasardés, auxquels le public s’accoutumerait en quatre jours. Il y a un beau milieu à tenir  entre l’obstination contre les critiques des sages, et l’esclavage de la critique des fous. Vous êtes mes sages, mais soyez fermes. Oui Le Droit du seigneur a enchanté trois cents personnes, de tout état et de tout âge, seigneurs et fermiers, dévotes et galantes. On y est venu de Lyon, de Dijon, de Turin. Croiriez-vous que Mlle Corneille a enlevé tous les suffrages ? Comme elle était naturelle ! vive ! gaie ! comme elle était maîtresse du théâtre, tapant du pied quand on la soufflait mal à propos ! Il y a un endroit où le public l’a forcée de répéter. J’ai fait le bailli ; et ne vous en déplaise, à faire pouffer de rire. Mais que faire de trois cents personnes au milieu des neiges, à minuit quand le spectacle a fini ? Il a fallu leur donner à souper à toutes, ensuite il a fallu les faire danser. C’était une fête assez bien troussée [ref. à Monsieur de Pourceaugnac, de Molière]. Je ne comptais que sur cinquante personnes. Mais passons, c’est trop me vanter.

 

             Nous jouons Cassandre dans huit ou dix jours. Je vous dirai l’effet. Comptez que nous sommes très bons juges, parce que nous sommes la nature pure et éclairée. Fiez-vous à nous.

 

             Je reviens de Cassandre à mon impératrice. Je savais bien qu’Ivan Chouvalow, mon favori et celui d’Elisabeth, avait raccommodé la princesse impériale avec la mourante, mais on me dit que dans le fond il est fort mal avec l’empereur germanico-russe aujourd’hui buvant et régnant [Pierre III, ami de Frédéric II]. C’est son cousin de l’artillerie [Pietr Petrovitch Shouvalov , grand maître de l’artillerie, mort le 16 janvier 1762] qui était en grâce. Il n’y est plus ; il vient de mourir.

 

             Cet empire russe deviendra l’arbitre du Nord. Je vous en avertis, messieurs les Français.

 

             Faut-il que les Anglais se moquent partout de vous ? Il y a là un Keat [Robert Keith, ambassadeur d’Angleterre à St Petersbourg de 1758 à 1762] qui sait boire, qui a captivé l’empereur, et votre Breteuil [fils du frère de Mme du Châtelet, ambassadeur de France à St Petersbourg de 1760 à 1763] n’a captivé personne. Ah ! pauvres Français avec vos vaisseaux de province ![chaque province devait fournir un vaisseau] Vous êtes dans le temps de la décadence, et vous y serez longtemps. Faites votre provision de café et de sucre, vous le payerez cher avant qu’il soit peu.

 

             Mes anges, neige-t-il à Paris ?

             Mille tendres respects.

 

             V. La Créature »

 

 

 

 

 

 

 

            


 [f1]Il est « mieux entendu, mieux orné, mieux éclairé que celui de Paris » : à Mme de Fontaine le 19 mars.

Au duc de Villars, le 25 mars : détails sur la mise en scène de Cassandre-Olympie jouée la veille (et où Gabriel Cramer a joué le Baron) : « notre salle est sur le modèle de celle de Lyon ; le même peintre a fait nos décorations ; la perspective en est étonnante, on n’imagine pas d’abord qu’on puisse entendre les acteurs qui sont au milieu du théâtre, ils paraissent éloignés de cinq cent toises. Ce milieu était occupé par un autel. Un péristyle régnait jusqu’aux portes du temple. La scène s’est toujours passée dans ce péristyle, mais quand les portes de l’intérieur étaient ouvertes, alors les personnages paraissaient être dans le temple, qui par son ordre d’architecture se confondait avec le vestibule ; de sorte que sans aucun embarras cette différence essentielle de position a toujours été très bien marquée. »

Au deuxième acte, « deux fermes sur lesquelles on avait peint des charbons ardents, des flammes véritables qui s’élançaient à travers les découpements de la première ferme percée de plusieurs trous, cette première ferme s’ouvrant pour recevoir Olympie, et se refermant en un clin d’œil, tout cet artifice a été si bien ménagé que la pitié et la terreur étaient au comble. »

 

 

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=hjaPvdFaJZc&NR=1

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08/03/2010 | Lien permanent

Gardons ce secret d'État, et amusons-nous

... Dit en mettant son maillot de bain (protecteur de secret(s) d'Etat) notre président de la raie publique, vacancier pour peu de temps . J'ose espérer qu'il en reviendra meilleur .

 A bon entendeur salut !

secrets d etat.jpg

 Julie G***? ou ... ?

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de FONTAINE.
16 juin [1759] 1
Si vous êtes à Paris, ma chère nièce, il faut que je vous importune encore pour ma chevalerie 2. J'ai donné congé pour quelque temps à Pierre le Grand en faveur de mes chevaliers. Gardez-vous bien de montrer mon brouillon à qui que ce soit au monde ; ceci est un secret de famille, excepté pour M. de Florian.
Cet ouvrage est-il dans vos mains? est-il chez M. d'Argental?
Je n'en sais rien. Je suis toujours tout stupéfait de ne recevoir aucune nouvelle, depuis plus d'un mois, du nouvel envoyé de Parme. Il s'était chargé d'une négociation avec M. le comte de La Marche, mon seigneur suzerain ; rien n'était plus convenable à un ministre. Je l'ai pressé de ne me point instruire de mes affaires ; mais je ne puis concevoir qu'il ne me parle pas d'une tragédie.
Il faut qu'il ait quelque chose sur le cœur; je vous prie de m'en éclaircir. Il m'aurait autrefois écrit des volumes sur une pièce de théâtre ; je ne conçois rien à son silence. Aimez toujours un peu le vieux Suisse.

V.
Mon Parmesan m'écrit enfin, et m'envoie des volumes d'observations. Vraiment oui, il est bien question de cela ! Pense-t-il que depuis trois semaines je n'aie pas changé la pièce? Gardons ce secret d'État, et amusons-nous. »

 

1 Copie par Wagnière, datée de 1760, éditée aussi de manière incomplète et inexacte qui corrige l'année et change le jour en 15 ; 16 en effet présente une difficulté, V* ayant la veille accusé réception à d'Argental de l'envoi du « volume des critiques » qu'il mentionne ici en post-sciptum comme lui arrivant « enfin ».

 

2 Tancrède .

 

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06/08/2014 | Lien permanent

Ainsi en usent tous nos grands seigneurs . Leurs affaires sont aussi embrouillées que celles du roi . Comme je ne suis

...Une pétition pour préserver les ressources des personnes handicapées -  Faire Face - Toute l'actualité du handicap

C'est du passé récent .

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

7è décembre 1767 à Ferney

Mon cher magistrat, vous ne ressemblez pas à ce conseiller de grand-chambre qui, étant prié d'arranger les affaires de sa famille, répondit qu'il n’entendait pas les affaires . Vous me paraissez les entendre fort bien ; vous n'avez point de négligence quoique votre notoriété vous mette en droit d'être paresseux .

Vous verrez par l'aide authentique que je vous envoie qu'il est nécessaire que vous me donniez un petit mot de ratification conjointement avec votre mère et le gros abbé .

De plus il est nécessaire que vous préveniez les chicanes de nos seigneurs les fermiers généraux des domaines . Ils pourraient très bien vous faire payer les droits d'insinuation que vous ne devez pas ; ou essayer de vous dépouiller de vos rentes sous prétexte que l'acte n'a ni été contrôlé , ni insinué . Il n'a point été contrôlé parce qu'il a passé en Alsace où le contrôle n'a point lieu . Il n'a point été insinué parce qu'on n'insinue que les donations et les substitutions ; et que cet acte ne porte aucun de ces caractères .

Votre mère s'arrangea avec moi il y a quelques années ; et c'est en vertu de cet arrangement que vous avez tous trois de ce chef chacun deux mille livres de rente immédiatement après ma mort indépendamment de ce qui vous revient d'ailleurs . Il faut donc qu'en ratifiant cet acte vous ayez la bonté de spécifier que l'argent a été fourni en partie par par vous trois, selon les conventions faites entre nous . En effet, ma nièce votre mère m'a fourni de l'argent comptant dans un de ses voyages ; et c'est cet argent qui a servi de base à ce contrat . Il est inutile de spécifier la somme .

Vous pouvez dire en deux mots, vous, Mme de Florian et l'abbé Mignot, que vous ratifiez l'acte pour la passation duquel vous avez tous trois fourni les deniers dont la rente vous est assurée .

Je suppose que vous êtes majeur, et, quand vous ne le seriez pas, je crois que votre signature autorisée par Mme de Florian et l'abbé Mignot est très valable dans le cas dont il s'agit .

Mme de Florian étant à la campagne, vous pourrez aisément lui envoyer un modèle de procuration ; moyennant quoi, l'abbé Mignot ou vous signerez pour elle .

Cette petite formalité étant expédiée, voici une autre affaire que je confie à votre prudence et à votre amitié, bien sûr que vous ne me refuserez pas vos bons offices . Il y a dans le monde un abbé de Blet 1, prieur de je ne sais où, gentilhomme poitevin attaché depuis longtemps au maréchal de Richelieu . Il s'est chargé de débrouiller les affaires de la maison par pur attachement . C'est un homme sage, honnête et exact . M. le maréchal me doit une somme assez considérable . Elle sera selon M. de Laleu d'environ quarante-deux mille livres au mois de janvier, et selon M. l'abbé de Blet elle ne sera que d'environ vingt-sept . La raison de cette différence est probablement que le commissionnaire chargé du recouvrement par M. de Laleu, n'a point compté avec lui de toute sa recette .

Je vous supplierais donc premièrement d'éclaircir cette difficulté, et de savoir ensuite de M. de Blet comment et dans quel temps il pourra me satisfaire, en m’envoyant des lettres de change sur Lyon .

Ce même M. de Blet s'est chargé aussi des arrangements concernant la succession du prince et de la princesse de Guise, dont M. le duc de Fronsac est petit-fils et héritier par sa mère .

J'avais contribué beaucoup au mariage de M. le duc de Richelieu avec Mlle de Guise en prêtant au prince de Guise le sourdaud, vingt-cinq mille livres dont il me fit une rente viagère de deux mille cinq cents livres 2, croyant que je mourrais dans l'année .

Ce fut au contraire le sourdaud qui mourut . L'auguste princesse sa femme, sur les biens de laquelle ma rente fut hypothéquée mourut aussi . Sa fille , la duchesse de Richelieu, en fit autant, et me voici en vie encore pour quelques mois .

La succession se partage entre M. le duc de Fronsac et M. le prince de Beauvau, M. de Fronsac parce qu'il est petit-fils , M. de Beauvau parce qu’il a épousé une petite-fille .

Tout ceci posé, il faut savoir que cette succession me doit environ dix-huit mille livres, et au mois de janvier plus de vint mille livres . J'entends toujours toutes impositions déduites . L'abbé de Blet ne refusera pas d'entrer en conférence avec vous . Vous verrez ce que je peux et ce que je dois faire, et vous me fournirez s'il en est besoin, un avocat et un procureur, qui ne demeurant pas, s'il est possible, fort loin de l'hôtel de Richelieu où demeure M. l'abbé de Blet, et qui ne dédaignent pas de me rendre compte du succès de cette entremise, soit entremise de simple considération, soit entremise juridique .

Il faut vous dire que dans cette affaire le duc de Fronsac agit en son propre nom, et le prince de Beauvau au nom de ses enfants mineurs . Ainsi je soupçonne qu'il y a du juridique dans l'arrangement de cette succession .

Voici de plus ce qui est arrivé, et ce qui pourrait me nuire . Mon hypothèque pour les deux mille cinq cents livres de rente était spécialement établie sur la terre de Monjeu . Cette terre a été vendue, et je ne sais ce qui est advenu de mon hypothèque .

J'ai eu la même aventure avec M. le maréchal de Richelieu ; il a tant retourné, tant saboulé son bien, que mon hypothèque avec lui est à tous les diables . Ainsi en usent tous nos grands seigneurs . Leurs affaires sont aussi embrouillées que celles du roi .

Comme je ne suis pas grand seigneur, les miennes sont fort nettes ; mais aussi personne ne me paie, et tout le monde se moque de moi 3.

Il n'en sera pas ainsi de vous, et les bagatelles déléguées irrévocablement sur des fermiers de Franche-Comté, ne souffriront jamais de retardement . Je m'arrange actuellement en Franche-Comté ; je compte sur votre amitié pour être arrangé à Paris . Je vous demande pardon d'une si longue lettre et de tant de fatras, mais les fatras d'affaires sont l'élément d'un conseiller de la cour .

Sur ce, mon cher neveu, je vous embrasse le plus tendrement du monde .

V. »

1 Il est question de cet abbé de Blet dans une lettre de Richelieu à V* du 12 novembre 1767 ; c'est une sorte d'intendant du duc . Voir : « Blet, abbé, correspondant de Voltaire, XV 74 » https://societe-voltaire.org/cv-index.php

2 Somme ajoutée de la main de V* .

3 Ces mots et tout le monde se moque de moi sont une addition manuscrite de V*.

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28/06/2023 | Lien permanent

Je trouve que c'est un grand effet de votre sagesse de ne point chercher à vous charger de dettes

... Et il est bien évident que cette félicitation ne s'adresse pas à la France actuelle, et surtout pas à son gouvernement .

Non plus qu'aux trublions imbéciles qui cassent à tout va du matériel , ce qui ne fera que gonfler les impôts ( de fer contre les im-pots de terre), car en bout de course tout se paye, qui que ce soit qui doive mettre la main au porte-monnaie .

Pour tout dire , ça me gonfle d'avoir à payer pour des con...ies de voyous syndiqués ou non . Manifestants, continuez à scier la branche sur laquelle vous êtes assis, vous allez vous casser la gueule , je vous le prédis . Qu'avez vous à râler contre une écotaxe qu'on voit déjà appliquée dans d'autres pays ?

 http://www.slate.fr/story/75087/pays-endette-mauvaise-dette-cherche-bonne-dette

 /dette.jpg

 Vous pouvez remplacer les bidons par des bonnets rouges, ça sonnera toujours creux !

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse DE SAXE-GOTHA

Aux Délices, 26 septembre [1758]

Madame, par la lettre du 16, dont Votre Altesse sérénissime m'honore 1, je vois qu'elle est très-contente du baron 2, qui ne lui a pas encore fait toucher sa somme au bout de trois mois. De là je conclus que Votre Altesse sérénissime est très-indulgente, et mon baron un grand lanternier. Je ne l'ai point vu, il est dans sa superbe baronnie, sur le bord du lac Morat, moi sur le lac de Genève et je m'aperçois que la vie est courte, et les affaires longues. Non-seulement elle est courte, cette vie, mais le peu de moments qu'elle dure est bien malheureux. Le canon gronde de tous côtés autour de vos États. Je trouve que c'est un grand effet de votre sagesse de ne point chercher à vous charger de dettes. Dans ces temps de calamités, il vaut mieux certainement se retrancher que s'endetter.

Il me paraissait bien naturel que la branche de Gotha fut tutrice de la branche de Weimar 3 mais dans les troubles qui vous entourent, c'est là une de vos moindres peines.

La nouvelle victoire du roi de Prusse auprès de Custrin 4 n'est contestée, ce me semble, que par écrit. Il paraît bien clair que les Russes ont été battus, puisqu'ils ne paraissent point. S'ils étaient vainqueurs, ils seraient dans Berlin, et le roi de Prusse ne serait pas dans Dresde. Je ne vois jusqu'ici que du carnage, et les choses sont à peu près au même point où elles étaient au commencement de la guerre. Six armées ravagent l'Allemagne c'est là tout le fruit qu'on en a tiré. La guerre de Trente ans fut infiniment moins meurtrière. Dieu veuille que celle-ci n'égale pas l'autre en durée, comme elle la surpasse en destructions La grande maîtresse des cœurs n'est-elle pas bien désolée ? Ne gémit-elle pas sur ce pauvre genre humain ? Il me semble que je serais un peu consolé si j'avais l'honneur de jouir comme elle, madame, de votre conversation. Ne vous attendez-vous pas tous les jours à quelque événement sanglant vers Dresde et vers la Lippe? Le roi de Prusse me mande, au milieu de ses combats et de ses marches, que je suis trop heureux dans ma retraite paisible, il a bien raison , je le plains au milieu de sa gloire, et je vous plains, madame, d'être si près des champs d'honneur. Je présente mes profonds respects à monseigneur le duc, je fais toujours mille vœux pour la prospérité de toute votre maison. Vous savez, madame, avec quel tendre respect ce vieux Suisse est attaché à Votre Altesse sérénissime. »

2  Labat, baron de Grandcour , homme d'affaires .

4 Zorndorf où Frédéric II a remporté une victoire est au nord de Custrin .

 

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05/11/2013 | Lien permanent

il ne tiendra qu'à vous de faire un nouveau volume delle mie coyonerie . 

... Si vous en avez déjà fait un !

Mais est-ce bien nécessaire ?

NON ! c'est mon avis .

 

 

« A Gabriel Cramer

Monsieur l'auteur

J'examinerai par ordre de M. le chancelier votre belle préface, et j'aurai l'honneur de vous en dire librement mon avis . En attendant je vous supplie de vouloir bien faire mettre à Genève dans l'intitulé de vos sermons avec approbation et permission . Et pour Dieu la lettre C.

J'ai l'honneur.

V. »

 

« La première fois que j'aurai l'honneur de vous voir mon cher éditeur je vous donnerai les 42 pour le maréchal de Saxe qui a mieux combattu qu'il n'a écrit .

Vous pouvez imprimer le Charles XII avec le carton quand il vous plaira, et il ne tiendra qu'à vous de faire un nouveau volume delle mie coyonerie . »

 

« Le malade de Ferney fait les plus tendres compliments à monsieur Gabriel . Il n'est pas possible de fournir deux volumes à la fois . Il y a beaucoup à refaire dans les dernières lettres . Va sano chi va piano . »

 

« Le malade de Ferney prie instamment monsieur Cramer de lui faire savoir si l'article histoire est déjà imprimé . S'il ne l'est pas on a des choses curieuses et même essentielles à y ajouter . Il y aura d'ailleurs beaucoup d'articles nouveaux. »

 

« Le malade est fort content et fait bien ses compliments à monsieur Cramer . »

 

« Le pauvre malade de Ferney prie monsieur Cramer de lui envoyer l'épître dédicatoire pour sa consolation . »

 

« Le pauvre malade embrasse de tout son cœur monsieur Caro . Il lui renvoie les planches dont il est fort content . Il faudra y mettre les lettres avec les renvois, mais le barbouilleur de papier n'est pas en état de faire actuellement cette besogne .

Monsieur Cramer est prié de relire attentivement les endroits dont il parle dans son billet . »

 

« Le pauvre malade prie monsieur Cramer de lui envoyer pour sa consolation cette épître dédicatoire où il faut tant corriger et ajouter . »

 

« Le pauvre malade rapetasse toujours . Il prie monsieur Cramer d'avoir égard aux additions ci-jointes .

Il le prie surtout de ne pas l'oublier auprès de monsieur son frère et de M. Tronchin Boissier quand il leur écrira . »

 

« Mes pauvres yeux ne peuvent suffire à corriger .

Les fautes du 4 et du 5 sont bien plus nombreuses que je n'avais cru .

À l'égard des fautes de la France, elles sont énormes . »

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30/10/2020 | Lien permanent

Les morts se moquent de la calomnie, mais les vivants peuvent en mourir

... Les réseaux sociaux peuvent tuer, c'est indéniable . Le harcèlement , comme on dit, l'exposition de l'intimité d'autrui sont mortifères chez les plus fragiles . Quand l'IA sera-t-elle mise en route pour effacer toute attaque de ce genre , réduire au silence ces malfaisants ? Ce serait plus utile que de pondre des dissertations à la place de lycéens boutonneux ou/et les balader dans le metavers .

Il est quand même effarant, mais utile, qu'on soit obligé d'avoir recours à un service de prévention du suicide : https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/sante-mentale/la-prevention-du-suicide/article/le-numero-national-de-prevention-du-suicide

préventionsuicideppt.jpg

 

 

 

« A Bernard-Joseph Saurin

5è février 1768

Mon cher confrère, mon cher poète philosophe, je ne suis point de votre avis. On disait autrefois les vertus de Henri IV, et il est permis aujourd'hui de dire les vertus d'Henri IV. Les Italiens se sont défaits des h, et nous pourrions bien nous en défaire aussi, comme de tant d'autres choses.

J'aime bien mieux

Femme par sa tendresse, héros par son courage 1,

que

Femme par sa tendresse, et non par son courage.

Ayez donc le courage de laisser le vers tel qu'il était, et de ne pas affaiblir une grande pensée pour l'intérêt d'un h. Je dirai toujours ma tendresse héroïque, et cela fera un très bon hémistiche. Ma tendress-eu héroïque serait barbare.

Le Dîner dont vous me parlez est sûrement de Saint-Hyacinthe. On a de lui un Militaire philosophe qui est beaucoup plus fort, et qui est très bien écrit 2. Vous sentez d'ailleurs, mon cher confrère, combien il serait affreux qu'on m'imputât cette brochure, évidemment faite en 1726 ou 27, puisqu'il y est parlé du commencement des convulsions. Je n'ai qu'un asile au monde . Mon âge, ma santé très dérangée, mes affaires qui le sont aussi, ne me permettent pas de chercher une autre retraite contre la calomnie. Il faut que les sages s’entraident; ils sont trop persécutés par les fous.

Engagez vos amis, et surtout M. Suard, et M. l'abbé Arnaud, à repousser l'imposture qui m'accuse de la chose du monde la plus dangereuse. On ne fait nul tort à la mémoire de Saint Hyacinthe, en lui attribuant une plaisanterie faite il y a quarante ans . Les morts se moquent de la calomnie, mais les vivants peuvent en mourir. En un mot, mon cher confrère, je me recommande à votre amitié pour que les confesseurs ne soient pas martyrs. »

1 Spartacus, ac. I, sc. 1, de Saurin . V* a parfaitement raison : l'h d'origine grecque n'a aucune existence phonétique en français .

2 La position de V* est bien arrêtée : il renvoie Le Dîner du comte de Boulainvilliers à Saint-Hyacinthe à qui il attribue, par une précaution supplémentaire Le Militaire philosophe . Le mot « beaucoup plus fort » n'est pas entièrement insincère : V* a été frappé par l’argumentation de l'auteur . Mais l'ouvrage n'est pas plus « fort » au sens de plus audacieux puisqu'il est très positivement déiste, au moins dans sa version authentique .

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12/09/2023 | Lien permanent

Mon cher frère, la tempête gronde de tous côtés

... Alors quel cap choisir ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

1er octobre 1764

Mon cher frère, la tempête gronde de tous côtés contre le Portatif . Quelle barbarie de m'attribuer un livre farci de citations de saint Jérôme, d'Ambroise, d'Augustin, de Clément d'Alexandrie, de Tatien, de Tertullien, d'Origène ! N'y a-t-il pas de l'absurdité de soupçonner un pauvre homme de lettres d'avoir seulement lu aucun de ces auteurs ? Le livre est reconnu pour être d'un nommé Dubut, petit apprenti théologien de Hollande . Hélas ! Je m'occupais tranquillement de la tragédie de Pierre le Cruel, dont j’avais déjà fait quatre actes, quand cette funeste nouvelle est venue troubler mon repos . J'ai jeté dans le feu et ce malheureux Portatif que je venais d'acheter, et la tragédie de Pierre, et tous mes papiers ; et j'ai bien résolu de ne me mêler que d'agriculture le reste de ma vie .

Je vous le dis, je vous le répète : ce maudit livre sera funeste aux frères si on persévère dans l’injustice de me l'attribuer . On sait comment la calomnie est faite . Voilà son style, dit-elle ; ne le reconnaissez-vous pas à ce tour, à cette phrase 1? Eh madame l'impudente ! Qui vous a dit que M. Dubut n'a pas le même style ? Est-il donc si rare de trouver deux auteurs qui écrivent à peu près dans le même goût ? Est-il donc permis de persécuter un pauvre innocent parce qu'on a cru reconnaître sa manière d'écrire ? La calomnie répond à cela qu’elle n'entend point raison, qu'il faut venger Pompignan et maître Aliboron, et qu'elle poursuivra les philosophes tant qu'elle pourra .

Opposez-donc, mon cher frère, votre éloquence à ses fureurs . En vérité tous les philosophes sont intéressés à repousser des accusations de cette nature . Interim écrasez l'infâme.

Voici un petit billet pour Protagoras . 2»

1 Ainsi Goldoni écrivait à Albergati , le 3 (selon le catalogue de la vente) ou le 30 (selon l'édition de Kehl) octobre, qu'il avait pu lire le livre qui courait secrètement, sans avoir encore pu l'acheter, et il ajoutait : Tout le monde le dit de Voltaire, et lui ne le reconnaît pas pour sien ; mais s'il n’est pas de lui il y a au monde un autre Voltaire que je ne connais pas . Celui qui l’a écrit n'a pas peur du diable .

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20/11/2019 | Lien permanent

avec vérité j'ai abhorré les abus, les querelles et les crimes mais toujours avec la vénération due aux choses sacrées,

 ... A tous les défenseurs des choses "sacrées" ou sacrées choses, je dédie le : Bonhomme bleu marine ! Saurez-vous donner un nom , sans vous tromper à ce bonhomme ?

Vous donnez votre langue au chat ( qui n'est toujours pas végétarien ! ) ?

Vous avez trop d'idées après cette merveilleuse période électorale qui enfin va laisser un peu de temps pour se consacrer aux vraies valeurs , celles du foot, du cyclisme et enfin de l'olympisme à l'anglaise ?

Alors écoutez :

http://www.deezer.com/music/track/7007623

 

choses sacrées.jpg

http://www.wattpad.com/17596-trait%C3%A9-du-pouvoir-du-ma...

 

 

 

 

« A MM. CRAMER frères 1

[mars 1756]

Je ne peux que vous remercier, messieurs, de l'honneur que vous me faites d'imprimer mes ouvrages; mais je n'en ai pas moins de regret de les avoir faits. Plus on avance en âge et en connaissances, plus on doit se repentir d'avoir écrit. Il n'y a presque aucun de mes ouvrages dont je sois content, et il y en a quelques-uns que je voudrais n'avoir jamais faits. Toutes les pièces fugitives que vous avez recueillies étaient des amusements de société qui ne méritaient pas d'être imprimés. J'ai toujours eu d'ailleurs un si grand respect pour le public que, quand j'ai fait imprimer la Henriade et mes tragédies, je n'y ai jamais mis mon nom; je dois, à plus forte raison, n'être point responsable de toutes ces pièces fugitives qui échappent à l'imagination, qui sont consacrées à l'amitié, et qui devaient rester dans les porte-feuilles de ceux pour qui elles ont été faites.
A l'égard de quelques écrits plus sérieux, tout ce que j'ai à vous dire, c'est que je suis né Français et catholique et c'est principalement dans un pays protestant que je dois vous marquer mon zèle pour ma patrie, et mon profond respect pour la religion dans laquelle je suis né, et pour ceux qui sont à la tête de cette religion. Je ne crois pas que dans aucun de mes ouvrages il y ait un seul mot qui démente ces sentiments. J'ai écrit l'histoire avec vérité j'ai abhorré les abus, les querelles et les crimes mais toujours avec la vénération due aux choses sacrées, que les hommes ont si souvent fait servir de prétexte à ces querelles, à ces abus et à ces crimes. Je n'ai jamais écrit en théologien je n'ai été qu'un citoyen zélé, et plus encore un citoyen de l'univers. L'humanité, la candeur, la vérité, m'ont toujours conduit dans la morale et dans l'histoire. S'il se trouvait dans ces écrits quelques expressions répréhensibles, je serais le premier à les condamner et à les réformer.
Au reste, puisque vous avez rassemblé mes ouvrages, c'est- à-dire les fautes que j'ai pu faire, je vous déclare que je n'ai point commis d'autres fautes ; que toutes les pièces qui ne seront point dans votre édition sont supposées, et que c'est à cette seule édition que ceux qui me veulent du mal ou du bien doivent ajouter foi. S'il y a dans ce recueil quelques pièces pour lesquelles le public ait de l'indulgence, je voudrais avoir mérité encore plus cette indulgence par un plus grand travail. S'il y a des choses que le public désapprouve, je les désapprouve encore davantage.
Si quelque chose peut me faire penser que mes faibles ouvrages ne sont pas indignes d'être lus des honnêtes gens, c'est que vous en êtes les éditeurs. L'estime que s'est acquise depuis longtemps votre famille dans une république où règnent l'esprit, la philosophie, et les mœurs, celle dont vous jouissez personnellement, les soins que vous prenez, et votre amitié pour moi, combattent la défiance que j'ai de moi-même. Je suis, etc. »

 

1 Cette lettre est imprimée dans le premier volume des Œuvres de Voltaire, 1756. Elle doit être antérieure au 12 avril, jour où Voltaire écrivait à Thieriot que l'édition était finie depuis quelques jours. (Beuchot)

 

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18/06/2012 | Lien permanent

Le couvent de Ferney envoie savoir des nouvelles de la santé de Son Excellence

... Oh ! pardon , je veux dire , de Sa Royale Majesté Elisabeth II . Ce n'est évidemment pas un mini-virus chinois qui va l'abattre , elle en a vu de plus rudes . Fluctuat nec mergitur .

https://images.rtl.fr/~c/365v243/rtl/www/1463573-elizabeth-ii-le-19-octobre-2021.jpg

Grande dame

 

« Au chevalier Pierre de Taulès

20 novembre 1766 1

Le couvent de Ferney envoie savoir des nouvelles de la santé de Son Excellence ; il supplie M. le chevalier de Taulès de vouloir bien en dire . Il fait mille compliments à M. Hennin .

V. »

1 Manuscrit passé en vente chez Laverdet le 23 mars[novembre] 1848 .

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22/02/2022 | Lien permanent

il est temps de faire voir que la France s'occupe de ses grands hommes, et non pas de ces viles brochures et de ces malh

...

 

 

« A Louis-Jules Barbon Mancini-Mazarini, duc de Nivernais 1

L'honneur que vous faites, monseigneur le duc, aux belles-lettres et à l'Académie, les discours enchanteurs que vous avez prononcés,2 et que j'ai eu du moins le bonheur de lire, les bontés dont vous m'avez toujours honoré, et enfin le nom de Corneille, m'autorisent à m'adresser à vous . L'Académie a daigné accepter mes propositions . Le projet qu'elle a de donner des auteurs classiques est digne d'elle et de la France . J'ai cru qu'il convenait de commencer par le grand Corneille ; j'ai représenté que nous lui devons tout, que c'est par lui seul que notre patrie fut enfin respectée des étrangers, qui lui refusaient auparavant la gloire du génie . Je me suis dévoué à faire, sur tous les chefs-d’œuvre de Corneille, des remarques grammaticales, historiques et littéraires, que je soumettrai au jugement de mes illustres confrères, et qui rectifiées par leurs lumières pourraient être utiles aux étrangers et aux Français .

On est entré dans mes vues avec d'autant plus de bienveillance, qu'il est temps de faire voir que la France s'occupe de ses grands hommes, et non pas de ces viles brochures et de ces malheureux romans qui nous déshonorent .

L'avilissement que quelques fanatiques semblent avoir voulu jeter sur notre théâtre, est encore une raison de plus qui m'encourage à rendre un hommage public au père de la scène en Europe, et à celui qui a fait la gloire de la France .

J'ai eu le bonheur de trouver dans ce coin du monde où j'achève mes jours, une édition du Cid et de Pompée 3 dans laquelle Pierre Corneille avait eu soin de mettre au bas des pages les endroits qu'il avait imités de Guilain de Castro 4 dans Le Cid ; et de Lucain dans Pompée . Cette édition est dédiée à Mme la duchesse d'Aiguillon, ce qui devait désarmer le cardinal de Richelieu ; et l'aveu que ce grand homme fait de ses imitations, devait bien aussi apaiser Scudéry . Si quelque chose pouvait abaisser l'orgueil et adoucir l'envie, ce sera cette édition si glorieuse pour Corneille, et si peu connue, que je suivrai .

Je pense, monseigneur, qu'il convient de borner nos remarques aux bonnes pièces de Corneille, et d'indiquer seulement les beaux endroits qui se trouvent dans les pièces moins dignes de son génie .

Mon idée est aussi de n'orner d'estampes que les tragédies qui méritent d'être lues toutes entières . On doit , ce me semble, quelques honneurs de plus à Cinna et au Cid, qu'à Pertharite et à Théodore . Toutes les pièces seront assez embellies par tous les ornements que les graveurs et les imprimeurs fourniront .

Je ne crois pas, moyennant cette économie, que l'ouvrage doive coûter plus de 36 livres, ou 40, tout au plus .

Les sieurs frères Cramer, à qui l'Académie veut bien s'en remettre, et qui méritent cet honneur par leur probité, travailleront sous mes yeux . Ils auront pour leurs honoraires les souscriptions étrangères, et le produit des souscriptions de France, les frais prélevés, appartiendra à M. Corneille et à sa fille, les seuls qui portent le nom de ce grand homme .

Les souscripteurs ne paieront rien d'avance ; il ne s'agit que de trouver un assez grand nombre de Français touchés de l'honneur des lettres, de celui de la patrie, et du sort d'une famille noble, dont le plus grand lustre est celui que Pierre Corneille lui donne, réduite à n'avoir d'autre bien que ce nom illustre .

Le peu que j'ai fait pour l'éducation de Mlle Corneille ne suffit pas ; je me flatte que la nation m'aidera, quand vous voudrez bien, vous et mes confrères, lui donner l'exemple ; et vous encouragerez sans doute mon projet quand vous saurez que Mlle Corneille, sous la figure d'un enfant, a l'âme de Cornélie, avec beaucoup plus de simplicité .

Nous imprimerons les noms des souscripteurs . Je porte mes espérances jusqu'à croire que le roi, protecteur de l'Académie, sera à la tête de ceux qui favorisent cette entreprise .

Que la famille royale, les princes, les seigneurs souscrivent pour quelque nombre d'exemplaires, le roi pour une vingtaine, les autres à proportion, il se fera un fonds suffisant pour une édition digne des protecteurs, et de Corneille lui-même, qui n'aura, selon l'usage, trouvé de vrais protecteurs que longtemps après sa mort .

J'ajoute qu'il ne faut pas regarder cette édition comme étrangère ; elle est faite par votre confrère ; les gravures , les caractères, le papier, un ouvrier principal, tout viendra de Paris, et on travaillera en France dans ma maison .

Si je peux avant ma mort consommer cette entreprise, je mourrai bien plus content du titre d'éditeur du grand Corneille, que de tous mes faibles ouvrages, qui ne m'ont procuré, comme à lui, que les ennemis les plus vils, et les plus acharnés .

La manière de recueillir les noms des souscripteurs, est la seule chose qui m’embarrasse . Je demande votre protection, et je me soumets à vos idées . Cinq ou six académiciens ne pourraient-ils pas avoir la bonté de s'en charger ? ne pourrait-on pas d'ailleurs souscrire chez le libraire de l'Académie, auquel on ferait un présent ? chaque libraire de Paris ne pourrait-il pas recevoir les souscriptions, et les porter à l'imprimeur de l'Académie ?

J'ajoute que l'édition ne peut être faite que sous mes yeux ; j'ai déjà eu l'honneur de mander à l'Académie, que ma méthode est de corriger sur les épreuves tout ce que j'ai écrit, parce que l'esprit est plus éclairé, quand les yeux sont plus satisfaits ; mes fautes imprimées m'avertissent bien mieux qu'un manuscrit, qu'elles sont des fautes ; et quand il s'agit de juger Corneille, il faut y regarder à plusieurs fois . Enfin, monseigneur le duc, je vous supplie d'en parler à l'Académie en conformité de monsieur le secrétaire . Le nom de Corneille se recommande à vous, à la cour, et à la ville ; et moi je suis du fond de ma retraite avec autant de respect que d'estime et d'attachement

monseigneur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

A Ferney 27 mai 1761 . 5»

2 Ce sont les Discours prononcés dans l' académie française le jeudi 9 avril 1761, à la réception de M. l'abbé Batteux ; le jeudi 9 avril 1761 à la réception de M. de Coëtlosquet ; le lundi 13 avril à la réception de M. Saurin ; le lundi 13 avril à la réception de M. l'abbé Trublet, tous imprimés à Paris en 1761 et dont V* avait des exemplaires (sauf celui concernant Trublet) .

3 V* parle de l'édition de 1758 du Théâtre de Pierre Corneille .

4 Guilhem di Castro y Bellvis, auteur de Las Mocedades del Cid .

5 Lettre endossée « Lettre de M. de Voltaire . Reçue le 1er juin --1ère réponse le 2 – seconde rép[on]se le 11 . Les deux rép[on]ses sont d[an]s la lettre » ; un fragment de la première de ces réponses nous est parvenue .

 

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26/04/2016 | Lien permanent

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