12/09/2023
Les morts se moquent de la calomnie, mais les vivants peuvent en mourir
... Les réseaux sociaux peuvent tuer, c'est indéniable . Le harcèlement , comme on dit, l'exposition de l'intimité d'autrui sont mortifères chez les plus fragiles . Quand l'IA sera-t-elle mise en route pour effacer toute attaque de ce genre , réduire au silence ces malfaisants ? Ce serait plus utile que de pondre des dissertations à la place de lycéens boutonneux ou/et les balader dans le metavers .
Il est quand même effarant, mais utile, qu'on soit obligé d'avoir recours à un service de prévention du suicide : https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/sante-mentale/la-prevention-du-suicide/article/le-numero-national-de-prevention-du-suicide
« A Bernard-Joseph Saurin
5è février 1768
Mon cher confrère, mon cher poète philosophe, je ne suis point de votre avis. On disait autrefois les vertus de Henri IV, et il est permis aujourd'hui de dire les vertus d'Henri IV. Les Italiens se sont défaits des h, et nous pourrions bien nous en défaire aussi, comme de tant d'autres choses.
J'aime bien mieux
Femme par sa tendresse, héros par son courage 1,
que
Femme par sa tendresse, et non par son courage.
Ayez donc le courage de laisser le vers tel qu'il était, et de ne pas affaiblir une grande pensée pour l'intérêt d'un h. Je dirai toujours ma tendresse héroïque, et cela fera un très bon hémistiche. Ma tendress-eu héroïque serait barbare.
Le Dîner dont vous me parlez est sûrement de Saint-Hyacinthe. On a de lui un Militaire philosophe qui est beaucoup plus fort, et qui est très bien écrit 2. Vous sentez d'ailleurs, mon cher confrère, combien il serait affreux qu'on m'imputât cette brochure, évidemment faite en 1726 ou 27, puisqu'il y est parlé du commencement des convulsions. Je n'ai qu'un asile au monde . Mon âge, ma santé très dérangée, mes affaires qui le sont aussi, ne me permettent pas de chercher une autre retraite contre la calomnie. Il faut que les sages s’entraident; ils sont trop persécutés par les fous.
Engagez vos amis, et surtout M. Suard, et M. l'abbé Arnaud, à repousser l'imposture qui m'accuse de la chose du monde la plus dangereuse. On ne fait nul tort à la mémoire de Saint Hyacinthe, en lui attribuant une plaisanterie faite il y a quarante ans . Les morts se moquent de la calomnie, mais les vivants peuvent en mourir. En un mot, mon cher confrère, je me recommande à votre amitié pour que les confesseurs ne soient pas martyrs. »
1 Spartacus, ac. I, sc. 1, de Saurin . V* a parfaitement raison : l'h d'origine grecque n'a aucune existence phonétique en français .
2 La position de V* est bien arrêtée : il renvoie Le Dîner du comte de Boulainvilliers à Saint-Hyacinthe à qui il attribue, par une précaution supplémentaire Le Militaire philosophe . Le mot « beaucoup plus fort » n'est pas entièrement insincère : V* a été frappé par l’argumentation de l'auteur . Mais l'ouvrage n'est pas plus « fort » au sens de plus audacieux puisqu'il est très positivement déiste, au moins dans sa version authentique .
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