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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Unissons-nous tous contre ces barbares . La paix soit avec nous .

 La Paix sur terre : chant que je dédie de tout coeur à Mam'zelle Wagnière , et que je vous autorise aussi à écouter heureux(?) visiteurs :

http://www.deezer.com/listen-2554471

 

Voici deux voeux en titre de note, qui, je le suppose, peuvent s'accorder , du moins je l'espère, avec ceux du dalaï lama et ceux du pape .

Tous deux ont du succès, tous deux semblent animés de bonne volonté pour la paix du monde .

Je dois vous avouer que si les prises de position de Benoit xvi sont destinées, à mon humble avis, à être appliquées par des saints, d'un autre côté, malgré ma sympathie pour Tenzin Gyatzo, la réincarnation sous forme de moucheron ou toutou-à-sa-mémère devra m'être imposée . 

"Le but même d'une réincarnation est de continuer le travail inachevé de l'incarnation précédente. Si donc la situation tibétaine n'est toujours pas résolue, il est logique que je renaisse en exil, pour continuer mon travail inachevé".

Et  : « Si une majorité de Tibétains a le sentiment que l'institution du Dalaï-lama n'a plus de sens, alors cette institution doit cesser d'exister, il n'y a aucun problème. », ajoutant en riant « Il semblerait que les Chinois soient plus inquiets pour cette institution que moi. »

Ces paroles me semblent bien sensées .Et ce qui ne gâte rien, avec le sourire .

 

Tenzin_Gyatzo.jpg

Benedykt_XVI_(2010-10-17).jpgCelui-ci , décoré comme un sapin de Noël,- (jusqu'à quand les papes et hauts gradés de la religion catholique feront-ils étalage d'une ridicule immodestie vestimentaire ?),- a choisi cette devise :
Nos ergo debemus sublevare huiusmodi, ut cooperatores simus veritatis

 C'est clair ! non ?

Traductions : http://www.biblegateway.com/passage/?search=3Jo%201:8&...

 

Mise en ligne ce jour d'une lettre du 20 octobre 1761 à Damilaville, rédigée le 21 août 2011 pour parution le 20 octobre 2010 :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/08/21/comme-les-anciens-inities-qui-sans-s-etre-jamais-vus-se-conn.html

 

 

P.S. - Mam'zelle Wagnière avez-vous bien entendu :

Parce qu'ils ont un jour atteint l'Universel
Dans ce qu'ils ont écrit cherché sculpté ou peint
La force de la France c'est Cézanne et Ravel
C'est Voltaire et Pasteur c'est Verlaine et Rodin

Nous ne voulons plus de guerre ...

 http://www.frmusique.ru/texts/f/ferrat_jean/paixsurterre.htm

J'ai toujours aimé Ferrat, et j'ai, ici, encore un motif de plus , tout comme vous Mam'zelle W.

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21/08/2011 | Lien permanent

Ce pauvre diable traine une vie misérable et le pape est souverain avec quinze millions de revenu. Voilà comme va le mon

http://www.voltaire-integral.com/VOLTAIRE/Catechi.htm#Not...


http://www.dailymotion.com/video/x7pehf_syd-barrett-pink-...

Let's go !

Que ceux qui ont eu les oreilles écorchées (par les Pink F .) se disent que c'est moins douloureux que les injustices de la vie .

Bon ! il ne manquerait plus que je devienne philosophe  !

 



 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha


19 juillet [1763]


Madame,


On n'est pas si raisonnable à Genève que l'est Votre Altesse Sérénissime. Il y a beaucoup de philosophes à la vérité qui ont un profond mépris pour les infâmes superstitions que le vicaire savoyard semble avoir détruites dans l'Emile de ce pauvre Rousseau. L'article de ce vicaire vaut mieux sans doute que tout le reste du livre. Il est goûté des grands et des petits, et cependant il est anathématisé par le Conseil qui est un peu l'esclave des prêtres. [L'Emile a été condamné le 19 juin 1762 par le Petit Conseil de Genève].Tout est contradiction dans ce monde, ce n'en est pas une petite de condamner ce qu'on estime, et ce qu'on croit dans le fond de son cœur. Deux cents citoyens ont réclamé contre l'arrêt du Petit Conseil de Genève,[#] mais bien moins par amitié pour Jean-Jacques que par haine contre les magistrats. Leur requête n'a rien produit et Jean-Jacques ayant renoncé à son beau titre de citoyen [il a abdiqué son droit de bourgeoisie le 12 mai 1763] n'a plus de titre que celui de Diogène. Il va transporter son tonneau en Écosse avec milord Maréchal [Écossais devenu gouverneur du territoire de Neuchâtel qui dépendait du roi de Prusse. La duchesse, le 9 juillet a écrit que milord Maréchal fait de Rousseau « son idole »]. Ce pauvre diable traine une vie misérable et le pape est souverain avec quinze millions de revenu. Voilà comme va le monde.


Nous autres français, nous chassons les jésuites mais nous restons en proie aux convulsionnaires. Je ne connais que les princes protestants qui se conduisent raisonnablement. Ils tiennent les prêtres à la place où ils doivent être, et ils vivent tranquilles (quand la rage de la guerre ne s'en mêle pas).


Madame, j'ai l'honneur de vous envoyer un petit catéchisme qui m'a paru assez raisonnable [Catéchisme de l'honnête homme ou dialogue entre un caloyer et un homme de bien, de V* qui se conclut ainsi : « (je sers Dieu) selon ma conscience. Elle me dit de le craindre, d'aimer les caloyers, les derviches, les bonzes et les talapoins, et de regarder tous les hommes comme mes frères. »].


Agréez mon profond respect.


v. »

#Il y eut plusieurs protestations en faveur de Rousseau, ce qui est enregistré dans les registres du Conseil, les 18 juin, 8 et 20 août. Les protestataires posent le problème général du droit de Représentation et des attributions du Conseil général.

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19/07/2010 | Lien permanent

Il faudrait que Mme de Pompadour fût une grande poule mouillée pour craindre ma fière dédicace

http://www.deezer.com/listen-4708926

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

envoyé de Parme, rue de la Sourdière à Paris

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

 

20 septembre 1760

 

Madame Scaliger, vous êtes divine, vous nous avez donc secourus dans la guerre, vous avez payé de votre personne. Vous avez pansé des blessés et mis les morts à quartier. C'est à vous que la dédicace devrait appartenir.[i]

 

Mes divins anges,nous jouâmes hier Alzire, nous allons rejouer Tancrède. Nous sommes à l'abri des cabales. C'est beaucoup. Nos plaisirs sont purs. M. le duc de Villars, grand connaisseur, nous encourage. Notre théâtre commence à être en réputation. Brioché n'avait pas si bien réussi chez les Suisses [ii]. Envoyez nous donc la pièce telle qu'on la joue à Paris. Vous donnez L'Indiscret [iii]. La pièce n'est-elle pas un peu froide ?

 

Le comique écrit noblement

Fait bailler ordinairement .[iv]

 

Si Tancrède avait un plein succès, il faudrait hardiment donner La Femme qui a raison [v]. Car qu'elle ait raison ou non elle est gaie. Et la morale est bonne. Il y a beaucoup de coucherie, mais c'est en tout bien tout honneur.

 

Il faudrait que Mme de Pompadour fût une grande poule mouillée pour craindre ma fière dédicace.[vi] Pardon , divins anges, de mon laconisme. Il faut marier demain notre résident de France [vii] dans mon petit château de Ferney. Nous sommes occupés à imaginer une façon nouvelle de dire la messe. Et je vais répéter deux rôles, Argire et Zopire [viii]. La tête me tournera si je n'y prends garde.

 

Je baise le bout de vos ailes humblement. »

 

i Cf. lettre du 8 septembre pour la « bataille » de Tancrède et dédicace à Mme de Pompadour.

ii Cf. le Pot pourri que V* commence à composer (voir lettre du 5 septembre 1760 ) . Brioché qui avait montré ses marionnettes à Soleure avait été accusé de magie par les paysans et emprisonné.

iii Pièce pour accompagner Tancrède à sa dernière représentation du 2 octobre.

iv Extrait de L'Impromptu de la folie, 1726, de Marc-Antoine Le Grand.

v Jamais jouée en public à Paris.

vi Cf. lettre du 8 septembre ; Mme de Pompadour fit supprimer quelques lignes de l'Épitre dédicatoire , elle fera demander par Choiseul que V* n'ajoute pas de préface pour ne pas être compromise.

vii M. de Montpéroux ; V* a entrepris la construction d'une nouvelle église à Ferney, et vient juste de finir les travaux de son château de Ferney.

viii Dans Tancrède et dans Mahomet.

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20/09/2010 | Lien permanent

J'arrive de chez Voltaire. Je suis fort contente du grand homme

...  Je sais que vous l'êtes tous les jours, chère Mam'zelle Wagnière, et je suis du même sentiment .

Innombrables sont ceux qui aiment Voltaire, pour leur plus grand plaisir .

Lumière des Lumières

 DSCF7866 lumière des lumières .png

 

 

« De madame d'ÉPINAI à M. GRIMM 1
[décembre 1757]2
Je comptais, mon tendre ami 3, passer ma matinée avec vous; mais je suis privée aujourd'hui de cette unique et douce consolation. M. d'Épinai ne fait que de partir, et le courrier en va faire autant. Je n'écris qu'à ma mère, et à vous ce mot pour vous dire que je me porte bien, et que mon sauveur 4, qui est adorable, me rabâche et me gronde presque autant que vous. Il me mène aujourd'hui chez Voltaire pour la première fois. Je n'ai pas voulu me presser de me rendre aux instances continuelles que lui et sa nièce m'ont faites. I1 m'a écrit presque tous les jours les plus jolis billets du monde 5; j'ai répondu verbalement je me suis contentée de lui envoyer mon mari, mon fils et M. Linant; et je me suis tenue tranquille. J'y vais enfin; mais il me tarde d'être de retour pour causer un peu librement avec vous. Bon ! l'on m'annonce que le courrier est parti, et voilà ma lettre retardée de quatre jours Si vous allez être inquiet, je serai désolée. On m'attend. Bonjour donc; à ce soir.


Le soir.

Il est tard cependant il faut vous dire un petit mot ; il n'y a pas moyen de se coucher sans cela .
J'arrive de chez Voltaire. Je suis fort contente du grand homme; il m'a accablée de politesses. Ce n'est pas sa faute si nous sommes revenus ce soir en ville: il voulait nous garder. J'ai fort bien soutenu cette journée; ainsi soyez tranquille. A demain. »

2 Mémoires et Correspondances de Mme d'Épinai. Paris, Charpentier, 1865,
2 vol. in-18. Voir page 190 :
http://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=umn.31951002398603o;view=2up;seq=198;q1=voltaire;start=1;size=10;page=search;num=190

3 Et amant !

4 Théodore Tronchin, médecin .

 

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17/02/2013 | Lien permanent

Les meilleurs magistrats doivent faire dans leurs intérêts personnels, ce que les meilleurs médecins font dans leurs mal

... De même que les parlementaires doivent se soumettre aux lois et règlements votés par la majorité d'entre eux consultés . Justifier le montant de ses frais quand on vit aux frais du contribuable, ce n'est quand même pas la mer à boire . 

 Résultat de recherche d'images pour "justification des frais remboursés parlementaires"

Autant que possible, arrêtons désormais de faire partir l'impôt en fumée !

 

«  A Germain-Gilles-Richard de Ruffey

14è janvier 1763, à Ferney 1

Je ne vous écris point de ma main, mon cher président, parce que je suis malingre, à mon ordinaire ; mais mon cœur vous écrit : il est pénétré de vos bontés. Je vois qu’il vous est dû quelque argent que vous avez bien voulu avancer pour moi. J’ai mandé à mon banquier de Lyon, M. Camp, de vous le faire rembourser par son correspondant de Dijon . Pour moi, je vous le rembourse par mille remerciements.

Vous m’avouerez qu'il est plaisant qu'un parlement dise à un autre parlement : nous chasserons les jésuites si vous prenez notre parti . Ne trouvez-vous pas que c'est là rendre une justice impartiale ! Si les jésuites sont intolérables par leurs constitutions, leurs maximes et leur conduite, faut-il faire un marché pour les juger ?

Je suis très instruit de la conduite de David et d'Absalon 2. Je trouve le jugement des arbitres assez raisonnable, quoiqu’il ait un peu passé les bornes de son pouvoir . Je conseille très fort à notre ami, de s'en tenir à ce jugement, et de finir pour jamais une chose si désagréable . Je vous prie même de l'engager à ce léger acquiescement qui fera son repos . Il sera honorable pour lui de céder un peu de ses droits, et de ne pas paraître traiter son fils à la rigueur . Écrivez lui , je vous en conjure, la lettre la plus forte . Les meilleurs magistrats doivent faire dans leurs intérêts personnels, ce que les meilleurs médecins font dans leurs maladies, ils consultent d'autres médecins .

Je me mêle peu du temporel de Corneille : je ne suis que pour le spirituel. Je crois qu’il y a dans votre capitale de Bourgogne un libraire correspondant des Cramer pour les souscriptions ; c’est tout ce que j’en sais.

Je vous remercie de votre nouvelle liste : je vois avec grand plaisir que le nombre et le mérite de vos académiciens augmentent tous les jours ; c’est votre ouvrage, et je n’en suis pas étonné.

Malgré les neiges qui me gèlent, et une bonne fluxion sur les deux yeux, je vous dirai que celui qui se proposait pour épouser mademoiselle Corneille était M. de Cormont, capitaine de cavalerie, fils du commissaire des guerres de Châlons. Je donnais une dot honnête, mais le commissaire ne donnait rien du tout ; et la raison sans dot n’a pas réussi 3.

Je vous embrasse bien tendrement.

V.»

1 Manuscrit original avec les deux derniers paragraphes autographes ; l'édition Girault est incomplète, y manquent les 2è et 3è paragraphes , voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-2.html

3 L'Avare, I, 5, de Molière : http://www.toutmoliere.net/acte-1,405354.html

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30/11/2017 | Lien permanent

On ne réussit dans ce monde qu'à la pointe de l'épée

... Je préfère , pour ma part, à la "pointe de l'aiguille" qui vaccine, nettement plus désirable . De nouveaux vaccins anti-covid-19 sont annoncés ; reste à les fabriquer, les acheminer, les administrer : c'est là que le bât blesse en France, particulièrement . Faut-il se réduire à être contaminé pour s'auto-vacciner ? La roulette russe au virus , le loto du covid ...

 

RENDEZ-VOUS EN LIGNE INDISPONIBLE ACTUELLEMENT

Vous devez connaitre aussi . Pour info, l'actuellement dure depuis 4 semaines ! qui dit mieux ?

 

 

« A Jean-François de La Harpe 1

On dit un grand bien de vos Dalécarliens 2, mon cher confrère . On dit que les pyrrhoniens seront écrasés par votre ouvrage ; je vous en félicite d'avance . Il faut que les Français vous aient l'obligation de soutenir leur théâtre , mais ils sont quelquefois plus ingrats que reconnaissants , et il y a autant d’arbitraire dans les jugements de parterre que dans ceux des parlements . J'avoue qu'il y a quelque chose de vrai dans ce que vous dites de la belle réception qu'on fit à cette Adélaïde du Guesclin longtemps avant que vous ne fussiez né . On ne réussit dans ce monde qu'à la pointe de l'épée . Le plaisant de l'affaire, c'est qu'il n'y a pas un mot de changé dans la pièce autrefois sifflée et aujourd'hui applaudie . Ces exemples doivent consoler la jeunesse . Songez que si vous travaillez pour des Français vous travaillez aussi pour des Welches qui ont approuvé une Electre amoureuse d'un Itis, qui ont préféré la Phèdre de Pradon à celle de Racine, et qui ont méprisé Athalie pendant trente ans . C'est bien pis dans les provinces où les présidents des élections et les échevins jugent d'un ouvrage par les feuilles de Fréron . Heureusement vous avez autant de courage que de génie . Quelqu’un a dit que la gloire réside au haut d'une montagne, les aigles y volent et les reptiles s'y trainent . Vous avez pris un vol d'aigle dans Warwick, et vos ailes sont bonnes .

Je vous embrasse de tout mon cœur . Mme Denis vous fait mille compliments .

19è octobre 1765 . »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais omet les trois premières phrases . La lettre à laquelle répond V* n'est pas connue .

Le 18 octobre 1765, Formey écrit à Charles Bonnet de Berlin : « Quand on répondrait à tout le monde, il ne faudrait pas répondre à Voltaire . C'est un animal immonde qui se vautre dans son bourbier, et qui cherche à le faire rejaillir sur ceux qui ont quelque liaison avec lui . » Il faudrait être maître en double jeu pour expliquer en quoi la dernière lettre de V* à Formey (du 17 juin 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/26/je-me-doute-que-ce-sont-des-radoteurs-et-c-est-pour-cela-meme-que-je-les-ve.html ) justifie une pareille calomnie .

2 La Dalécarlie est une région de Suède : V* fait allusion à Gustave Vasa , pièce d'Alexis Piron, qui sera jouée le 3 mars 1766 ; voir : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/PIRON_GUSTAVEWASA.xml

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17/02/2021 | Lien permanent

Je les reçus à l’anglaise, peu de façons, un peu de disputes sur Shakespeare, des propos vagues

... Et donc toujours pas d'accord pour le Brexit ; là, c'est plutôt filer à l'anglaise .

L'art de la queue à l'anglaise

Wait and see

Et chantons en choeur : https://www.youtube.com/watch?v=69S4GTFJg3A

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

À Ferney, 3 juillet 1765

Il faut vous dire, mon cher et respectable magistrat, que deux jours avant de recevoir la lettre dont vous m’avez honoré, on vint m’avertir dans mon sale cabinet, vers les deux heures, qu’il y avait dans mon petit salon grand comme la main une douzaine d’Anglais et d’Anglaises qui venaient dîner. Je les reçus à l’anglaise, peu de façons, un peu de disputes sur Shakespeare, des propos vagues ; ensuite envisageant une dame de la compagnie autant que mes faibles yeux peuvent envisager, je dis à une de mes nièces : « Voilà une Anglaise qui a bien de l’air de M. le premier président de La Marche ; je la prendrais pour sa fille, si je ne savais qu’elle vient de Londres. » Elle entendit mon propos ; elle me dit qu’elle ne venait point d’Angleterre, mais de Lyon, et qu’elle était votre nièce 1. M. de Longecour, que j’avais pris pour un officier de dragons anglais, m’apprit qu’il était votre parent 2; je me trouvai tout d’un coup dans votre famille. Jugez si mon cœur tressaillit ; j’oubliai alors mes Anglais, et Shakespeare, et Milton, et jusqu’à tous les maux qui m’accablent, pour demander de vos nouvelles, et pour me vanter de vous être attaché depuis environ soixante ans au moins. On me dit que vous êtes plus heureux dans votre château que moi dans ma chaumière, et cela me consola ; que vous jouissez d’une santé que je n’ai point, et j’en fus ravi : que vous êtes vraiment philosophe, et je voudrais l’être. Il y a des années que je ne vous ai écrit. Mais j’ai été longtemps persécuté d’une fluxion cruelle sur les yeux, et ce n’est que depuis peu que j’ai recouvré la vue. Mme la marquise d’Allemand et compagnie m’ont trouvé entouré de maçons qui font deux ailes à mon bouge pour avoir l’honneur de vous recevoir si jamais vous revoyez nos déserts. Je suis bien coupable de n’être pas encore venu vous faire ma cour. Je le sens. J’en suis encore plus fâché que honteux ; ma misérable santé en est la seule cause. Je suis condamné à souffrir. Vivez heureux, philosophez, continuez-moi vos bontés. Si jamais je peux faire un petit voyage, ce sera assurément pour vous renouveler le tendre respect et tous les sentiments qui m’attachent inviolablement à vous jusqu’au dernier moment de ma vie.

V. »

1Marie-Judith, fille de Jacques-Philippe Fyot de La Marche, comte de Neuilly, ex-ministre plénipotentiaire de France à Gènes, frère de l'ami de V*, femme de Pierre Allemand, seigneur de Champier .

2 Nicolas-Philippe Berbis de Longecour, officier de cavalerie, né à Dijon en 1727,(père de M. Berbis de Rancy, mort en cette ville en 1814 ).

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12/11/2020 | Lien permanent

Je trouve que le public pense presque toujours comme mon cher frère . On me dit autant de mal qu'il m'en dit

... Ainsi se plaint Bouteflika après les déclarations de frère Bayrou qui approuve les manifestations populaires algériennes : https://www.europe1.fr/politique/manifestations-en-algeri...

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

20è février 1764

J'ai, grâce aux bontés de mon cher frère, le second tome des Lettres historiques sur le parlement . L'auteur est un homme très instruit mais il ressemble à don Quichotte qui voyait partout des chevaliers et des châteaux, quand les autres ne voyaient que des meuniers et des moulins à vent . Ne pourriez-vous point me dire à qui on attribue ce livre ? Le second tome en promet un troisième . Est-il imprimé ? Auriez-vous la bonté de me le faire tenir ? Je trouve que le public pense presque toujours comme mon cher frère . On me dit autant de mal qu'il m'en dit . Il est vrai qu'il y a des vers oubliés dans l'exemplaire de Thélème et Macare envoyé à mon frère .

Voici le texte :

La belle courut de ce pas

Chercher au milieu du fracas,

Celui qu'elle croyait volage .

Il sera peut-être à Paris,

Dit-elle, avec les beaux esprits,

Qui l'ont peint si doux et si sage .

L'un d'eux lui dit, sur nos avis

Vous pourriez vous tromper, peut-être :

Macare n'est qu'en nos écrits,

Nous l'avons peint sans le connaître .etc .1

Mon frère veut-il bien permettre que je lui adresse ce petit billet de Cramer pour Merlin ?

Voici aussi un petit mémoire pour notre ami Mariette . Je le crois actuellement occupé à faire rendre justice aux Calas ; mais il peut aisément mener deux affaires à la fois .

Pourrait-il avoir la bonté de m'envoyer le conte de Piron intitulé La Queue ? On prétend que le public a dit comme le compère Pierre,

Messire Jean, je n'y veux point de queue 2.

Le livre attribué à Saint-Evremond fait-il un peu de fortune ? Quel parti prend-on sur la Tolérance . Aimons-nous bien . Écr l'inf .

Encore un mot à mon cher frère .

Il a dû recevoir pour moi à M. de Laleu un certificat de vie, par lequel il apparaît que je suis possesseur de soixante et dix ans . Je souhaite vivre encore quelques années pour embrasser mon frère, et pour aider à écr l'inf .

Tout malingre que je suis, je recevrai de mon mieux M. l’envoyé de Danemark. »

2 La Fontaine, Contes, IV, 10, 156 :  « La jument de compère Pierre » : https://www.lafontaine.net/lesContes/afficheConte.php?id=56

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11/03/2019 | Lien permanent

Il est vrai que cette abominable aventure semble être du temps de la Saint-Barthélemy ou de celui des Albigeois

... Les guerres de religions se suivent et se ressemblent quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse ; le fanatique qui a frappé en Nouvelle-Zélande hier est d'une espèce qui, elle,  n'est pas en voie de disparition, hélas . A quand la tolérance et la raison ?

https://www.lci.fr/international/en-direct-attentat-de-ch...

 

 

« A Frédéric II, landgrave de Hesse-Cassel 1

Au château de Ferney

le 24 février 1764 2

Monseigneur,

L’aveugle remercie Votre Altesse Sérénissime pour les roués 3 et autres martyrs ; votre bonne œuvre pourra être récompensée dans le ciel, mais elle n’y sera pas plus louée qu’elle l’est sur la terre On va juger incessamment le procès que la pauvre famille Calas intente à leurs juges. Il est vrai que cette abominable aventure semble être du temps de la Saint-Barthélemy ou de celui des Albigeois. La raison a beau élever son trône parmi nous, le fanatisme dresse encore ses échafauds, et il faut bien du temps pour que la philosophie triomphe de ce monstre entièrement .

J’ai encore à remercier Votre Altesse Sérénissime d’avoir donné la préférence aux acteurs français sur les châtrés italiens. Je n’ai jamais pu m’accoutumer à voir les rôles de César et d’Alexandre fredonnés en fausset par un chapon. Vous avez bien raison de faire plus de cas de votre cœur et de votre esprit que de vos oreilles. Que n’ai-je de la santé et de la jeunesse , j’irais à Cassel, et n’irais pas plus loin.

Agréez le profond respect, etc.

Voltaire. »

2 V* répond à une lettre du 6 février 1764 dans laquelle Frédéric écrit : « J'ai reçu avec tout le plaisir imaginable votre lettre avec le Traité sur la Tolérance […] Le sort de cette pauvre famille des Calas m'a touché jusqu'au fond de l'âme […] J'ai eu soin de vous faire remettre par un marchand de Genève, un petit secours […] Que je serais charmé si je pouvais espérer de vous voir ici à ma cour ! […] J'ai vu représenter Olympie à Manheim qui m'a fait un plaisir infini, et en dernier lieu sur mon théâtre les comédiens français nous ont donné Sémiramis où Mme Baron et M. Plante que vous connaissez se sont surpassés . Je suis fort content de ma troupe, et je puis dire qu'il y a quatre sujets qui sont excellents, d'abord ces deux que je viens de vous nommer , et ensuite Mlle Evrard et Mme Verteuil . »

3Les roués ici ne font pas allusion à la pièce Le Triumvirat, mais aux Calas .

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16/03/2019 | Lien permanent

Il me paraît que madame votre femme est de ce nombre [des sages], puisqu’elle sent votre mérite et qu’elle vous rend heu

... En mathématiques on pourrait parler de raisonnement par l'absurde et au billard d'un point par deux bandes . Ô femmes soyez sages selon Voltaire, et vous messieurs méritez-les ! On n'aura jamais trop de gens heureux .

HUMOUR DU 13.4.18 - Chez dom

Il va de soi que la femme en fait et sait  autant .

 

« A Bernard-Joseph Saurin, de l'Académie

française, rue Neuve des Petits-

Champs, vis-à-vis la rue d'Antin

à Paris 1

4è décembre 1765.

Je soupçonne, monsieur, qu’il en est à peu près aujourd’hui comme de mon temps. Il y avait tout au plus aux premières représentations une centaine de gens raisonnables ; c’est pour ceux-là que vous avez écrit. Votre pièce est remplie de traits qui valent mieux à mon gré que bien des pièces nouvelles qui ont eu de grands succès ; on y voit à tout moment l’empreinte d’un esprit supérieur, et vous ne ferez jamais rien qui ne vous fasse beaucoup d’honneur auprès des sages.

Il me paraît que madame votre femme est de ce nombre, puisqu’elle sent votre mérite et qu’elle vous rend heureux ; c’est une preuve qu’elle l’est aussi ; je vous en fais à tous deux mes très tendres compliments.

Quant aux Anglais, je ne peux vous savoir mauvais gré de vous être un peu moqué de Gilles Shakespear 2 ; c’était un sauvage qui avait de l’imagination ; il a fait même quelques vers heureux 3, mais ses pièces ne peuvent plaire qu’à Londres et au Canada. Ce n’est pas bon signe pour le goût d’une nation, quand ce qu’elle admire ne réussit que chez elle.

Rendez toujours service, mon cher confrère, à la raison humaine. On dit qu’elle a de plats ennemis qui osent lever la tête. C’est un bien sot projet de vouloir aveugler les esprits, quand une fois ils ont connu la lumière.

Conservez-moi votre amitié ; elle me fera oublier les sots dont votre grande ville est encore remplie.

V. »

1 Adresse complétée par une autre main

2 Dans la préface de L'Orpheline léguée, Saurin fait des allusions méprisantes  en parlant des «plus   monstrueuses absurdités » des pièces de Shakespeare . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5853624q/f4.item.texteImage

3 Dans l'édition Garnier on a , curieusement : « Il a fait beaucoup de vers heureux ».

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05/04/2021 | Lien permanent

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