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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Vous travaillez pour la raison et pour l'humanité ...Elles commencent enfin à marcher et à parler ; mais dès qu'elles pa

... Triste constat d'actualité , notre humanité n'est pas brillante ces temps-ci sur tous les continents .

Certains ont pu voir heureusement ce contrepoison : https://www.spectatif.com/2017/03/je-suis-voltaire-au-theatre-de-l-epee-de-bois.html

et moi je me régale aussi avec Pierre Desproges : https://www.dailymotion.com/video/x7xkfog

 

 

« A Cesare Bonesana , marquis de Beccaria

30 mai 1768 1

Mes maladies, monsieur, m'empêchent de vous remercier de ma main, mais assurément je vous remercie de tout mon cœur.

Ces sentiments doivent être tous ceux de toute l'Europe. Vous avez aplani la carrière de l'équité dans laquelle tant d'hommes marchent encore comme des barbares . Votre ouvrage a fait du bien et en fera . Vous travaillez pour la raison et pour l'humanité qui ont été toutes deux si longtemps écrasées . Vous relevez ces deux sœurs abattues depuis environ treize cents ans . Elles commencent enfin à marcher et à parler ; mais dès qu'elles parlent, le fanatisme hurle . On craint d'être humain, autant qu'on devrait craindre d'être cruel . La mort du chevalier de La barre, à laquelle vous donnez si justement le nom d'assassinat excite partout l'horreur et la pitié . Je ne puis que bénir la mémoire de l'avocat au Conseil 2 qui vous adressa, monsieur, l'histoire très véritable du funeste procès . Il est plus horrible que celui des Calas : car le parlement de Toulouse ne fut que trompé, il prit de fausses apparences pour des preuves, et des préjugés pour des raisons ; Calas méritait son supplice si l'accusation eût été prouvée ; mais les juges du chevalier de La Barre n'ont point été en erreur . Ils ont puni d'une mort épouvantable, précédée de la torture, ce qui ne méritait que six mois de prison . Il sont commis un crime juridique . Quelle abominable jurisprudence que celle de ne soutenir la religion que par des bourreaux . Voilà donc de qu'on appelle une religion de douceur et de charité ! Les honnêtes gens déposent leur douleur dans votre sein comme dans celui du vengeur de la nature humaine .

Que n'ai-je pu, monsieur, avoir l'honneur de vous voir, de vous embrasser, j'ose dire de pleurer avec vous ! J'ai du moins la consolation de vous dire à quel point je vous estime, je vous aime, et vous respecte .

Celui que vous avez honoré de votre lettre. »

1 Édition Cesare Beccaria, Scritti e lettere inediti, publiées par Eugène Landry, 1910 . L'intermédiaire entre V* et Beccaria est Barthélémy Chirol ; le 8 juin ce dernier écrit à Beccaria : « Vous avez dû recevoir une lettre de M. de Voltaire en répons à la vôtre que j'avais eu l'honneur de lui rendre. » ( Ambrosiana, Lettere di Beccaria.)

Voir : https://books.openedition.org/enseditions/7610?lang=fr

2 En fait, bien entendu, V* lui-même.

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20/01/2024 | Lien permanent

personne ne fait de plus grandes enjambées que lui dans le chemin de l'erreur 

... Vladimir Poutine, lui qui a refusé d'écouter les mises en garde US à propos d'attentats à venir ; il est vrai qu'il ne tient en place qu'avec la complicité d'apparatchiks aussi pourris que lui, prêts à tout , y compris sacrifier leurs concitoyens .

Voir / écouter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/serie-le-...

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« A Marie-Louise Denis

au château d'Hornoy

par Abbeville

Picardie

5è septembre 1768

Je reçois votre lettre de ce 27 auguste appelé août par les barbares . Il est midi , je ne sais si ma lettre, partira aujourd'hui . Je me hâte toujours de vous dire que Dupuits a lu la facétie 1, qu'elle n'est point de moi, qu'elle est de Desmahis que vous avez connu . Le sujet m'en a paru si intéressant et si conforme à ce qui se passe aujourd’hui dans une partie de l'Europe, que je crains beaucoup que la pièce ne soit pas jouée, surtout si elle passe pour être d'un autre que de Desmahis . Il faut que tout ce qui est à Hornoy s'en amuse ; mais il faut garder le plus profond secret . Le moindre soupçon sur moi ferait naître mille allusions auxquelles je suis sûr que l'auteur n'a jamais pensé . Ce qui serait innocent pour Desmahis pourrait me rendre très coupable, tant la calomnie est aveugle . Jurez-moi donc un secret éternel tous tant que vous êtes . Cette lettre est pour vous tous que j'embrasse bien tendrement .

Je ne sais si les habitants d'Hornoy ont reçu un petit écrit traduit de l'italien concernant les droits du pape sur le royaume de Naples, sur les États du duc de Parme, et sur quelques autres principautés 2 . L'ouvrage m'a paru curieux et instructif . La pièce de Desmahis le serait bien davantage .

M., ou Mme de Florian est prié ou priée de mander si on peut leur adresser des paquets par M. de Corcelles . La voie de M. de Chennevières ne me paraît pas fort sûre . Il m'a toujours paru qu'on ne respectait pas beaucoup un paquet à la poste .

Je ne serai pas étonné si Tronchin se trompe sur Damilaville . Il avait condamné Daumart à mourir dans deux jours, 3 et il y a neuf ans qu'il est en vie pour son malheur . Quand Tronchin se trompe il a la gloire de passer en cela tous ses confrères ; personne ne fait de plus grandes enjambées que lui dans le chemin de l'erreur ; quelquefois il rencontre juste, mais quand il se fourvoie il est à cent lieues .

Adieu mes chers habitants d'Hornoy, je vous embrasse à plus de cent lieues le plus tendrement du monde. »

1 Les Guèbres .

2 Les Droits des hommes et les Usurpations des autres .

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24/03/2024 | Lien permanent

On forme souvent des vœux qui nous seraient préjudiciables s'ils s'accomplissaient; aussi n'en fais-je plus. Si quelque

... Je comprends , au vu de ces écrits, l'assiduité de Voltaire auprès de cette margravine .

 

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« De Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margrave de Baireuth.

Le 2 janvier [1758], car, grâce au ciel, nous avons fini la plus funeste des années.

Vous me dites tant de choses obligeantes sur celle qui court, que c'est un sujet de reconnaissance de plus pour moi. Je vous souhaite tout ce qui peut vous rendre parfaitement heureux. Pour ce qui me regarde, j'abandonne mon sort à la destinée. On forme souvent des vœux qui nous seraient préjudiciables s'ils s'accomplissaient; aussi n'en fais-je plus. Si quelque chose au monde peut contenter mes désirs, c'est la paix. Je pense comme vous sur la guerre; nous avons un tiers qui pense certainement comme nous, mais peut-on toujours, suivre sa façon de penser? Ne faut-il pas se soumettre à bien des préjugés établis depuis que le monde existe? L'homme court après le clinquant de la réputation, chacun la cherche dans son métier et dans ses talents on veut s'immortaliser. Ne faut-il pas chercher cette gloire chimérique dans les idées, vraies ou fausses, que l'esprit de l'homme s'en fait? Démocrite avait bien raison de rire de la folie humaine. Je vois une hypocrite 1, d'un côté, courant les processions et implorant les saints, occupée à brouiller toute l'Europe, et à la priver de ses habitants. Je vois, de l'autre côté, un philosophe 2 faire couler (quoique avec regret) des flots de sang humain. Je vois un peuple avare 3 conjuré à la perte des mortels, pour accumuler ses richesses. Mais baste ! je pourrais trop voir, et cela n'est pas nécessaire. Il faut vous contenter, pour cette fois, de mon verbiage et de mes réflexions, car je n'ai point de nouvelles depuis la dernière lettre que vous avez reçue de moi.
Ce que vous me proposez est un peu scabreux; je m'explique sur ce sujet dans la lettre 4 que je vous adresse. J'en reviens à ma vieille phrase, que l'on est sourd dans votre patrie. Si je pouvais vous parler, vous jugeriez peut-être différemment que vous ne faites. Le roi est dans le cas d'Orphée 5, si sa bonne fortune ne le tire d'affaire. I1 souhaite la paix, mais il y a bien des mais. Si elle ne se fait avant le printemps, toute l'Allemagne sera ruinée et désolée. L'état où elle se trouve déjà est affreux. Quelque conduite sage qu'on tienne, on ne peut se mettre à l'abri des violences et du pillage. Je ne finirais point si je vous faisais un détail des malheurs qui l'accablent. C'est une honte que, dans un siècle policé, on en agisse avec tant de cruauté. Le roi n'en souffre point. Malgré tout ce qu'on en dit, le peuple saxon l'aime, mais la noblesse le hait, parce qu'elle est privée des pensions et des appointements qu'elle retirait. On débite contre lui des calomnies atroces. Peut-on y ajouter foi ? elles viennent de ses ennemis. L'envie a persécuté tous les grands hommes; il faut y joindre l'animosité. Que n'est-on sourd quand elle lance ses traits empoisonnés?. Encore une fois, il faut que je finisse, car je m'aperçois que je bavarde trop. Soyez persuadé de toute mon estime, et que je serai toute ma vie la véritable amie du frère Suisse.

WILHELMINE. »

1 Marie-Thérèse d'Autriche .

2 Frédéric II .

3 Les Anglais .

4 On ne sait quelle est cette lettre, où il s'agissait sans doute de paix. (Clogenson.)

5 Des femmes, par excès d'amour, mirent Orphée en pièces; la Pompadour, Élisabeth et Marie-Thérèse, par un excès contraire, en eussent fait autant de Frédéric, prince très- peu soucieux du sexe féminin, et qui, de plus, composait des vers contre elles. Voyez sa lettre du 18 mai 1759, à Voltaire; il s'y compare aussi à Orphée, en songeant au sort que lui réservaient ses trois illustrissimes ennemies. (Clogenson.)

 

 

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04/03/2013 | Lien permanent

Gardez-vous d’avoir jamais affaire aux Russes

... Bien dit, mon cher Voltaire !

Surtout quand ce sont des femmes ? May be !

Bye bye Natacha!

http://www.lecourrierderussie.com/societe/2016/06/russes-...

Poutine nous fait -il payer le poids du pouvoir de son épouse/ex ? Courage, fuyons , ce n'est pas très honorable mon cher, votre côté Napoléon le petit , peu flatteur.

 http://madame.lefigaro.fr/societe/poutine-toutes-les-femm...

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Lioudmila, puissante gaillarde, comme disent mes amis Suisses .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

8è janvier 1762 1

Eh, mon Dieu ! il y a six ou sept jours que Cassandre clôt votre quatrième acte, et que ce quatre est tout changé. Il faut que l’idée soit bien naturelle, puisqu’elle est venue à l’auteur et à l’acteur. Mes divins anges, envoyez-moi donc mon brouillon, que je vous le rebrouillonne 2. Je vous jure que vous n’aurez plus d’autels souterrains ; mais vous aurez des autels que je vous dresserai.

Il y a toujours des gens qui, comme dit Cicéron, cherchent midi à quatorze heures à une pièce nouvelle ; il est aisé de dire qu’un sabre est trop grand ; il n’y a qu’à le raccourcir . Madame Denis 3 avait une bonne pique . On ne trouva point du tout mauvais que la forcenée, dans sa rage d’amour, allât se battre contre le premier venu. Elle rencontre son père, et jette ses armes ; cela faisait chez nous un beau coup de théâtre. Nous avons beaucoup d’esprit et de jugement, et votre Paris n’a pas le sens d’une oie. Quand vous faites des opérations de finances, nous vous redressons . Je parle de Genève, car pour moi je suis modeste. Faites comme vous l’entendez ; mais à votre place je laisserais crier les critiques.

Duchesne, Guy-Duchesne 4, m’écrit qu’il veut imprimer Zulime 5. Pourquoi l’imprimer ? quelle nécessité ? Mon avis est qu’elle reste dans le dépôt du tripot . Qu’en pensent mes anges ?

Je soutiens toujours que deux scènes de Statira valent mieux que tout Zulime et que toute l’eau rose possible.

Mais vous croyez connaître Cassandre (car c’est Cassandre) : non, vous ne le connaissez pas . Quatrième acte nouveau et presque tout entier nouveau, et beaucoup de mailles reprises. Je vous dis que ma nièce Fontaine est folle ; elle ne sait ce qu’elle dit. Mon Dieu, que j’aime Cassandre et le Droit du Seigneur !

Clairon Statira ! c’était ma première pensée. Mes premières idées sont excellentes.

M. le comte de Choiseul, quand vous n’aurez rien à faire, daignez donc vous informer si le roi mon maître a été proposé jadis à Élisabeth l’autocratrice.

Le roi de Prusse a une descente . Les flatteurs disent que c’est la descente de Mars ; mais elle n’est que de boyau, et il ne peut plus monter à cheval. Il est comme nous ; il n’a plus de Colbert 6, à ce que disent les mauvais plaisants.

Mais, monsieur le comte de Choiseul, dites donc à l’Espagne qu’elle envoie cinquante vaisseaux à notre secours. Que voulez-vous que nous fassions avec des compliments .

Gardez-vous d’avoir jamais affaire aux Russes.

Je n’ai point entendu parler de Lekain ; mais son affaire est faite 7.

Je baise bien tendrement le bout de vos ailes. 

V.»

1 L'édition de Kehl, à la suite de la copie Beaumarchais, donne seulement un extrait, joint, en post scriptum à la lettre du 10 janvier 1762 .

2 Nouvelle création plaisante .

3 Jouant Zulime .

4 C'est à dire Guy agissant pour le compte de Duchesne ; voir lettre du 10 janvier 1762 à Pierre Guy .

5 Zulime avait déjà été imprimée ; voir lettre du 23 juin 1761 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/05/23/je-vais-d-abord-tater-le-roi-5805505.html

En conséquence du refus de V*, Duchesne imprima une nouvelle édition pirate .

6 Jeu de mot, allusion à la perte de Colberg.

7 Il s'agit sans doute d'un congé obtenu pour lui .

 

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05/01/2017 | Lien permanent

je vous prie de me faire canoniser au plus vite : cela ne coûtera que cent mille écus

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L'amour vache ?

Auréoles sans taches :

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« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Ferney, 27 avril [1770]

 

Sire,

Quand vous étiez malade je l'étais bien aussi, et je faisais même tout comme vous de la prose et des vers, à cela près que mes vers et ma prose ne valaient pas grand-chose ; je conclus que j’étais fait pour vivre et mourir auprès de vous, et qu’il y a eu du malentendu si cela n'est pas arrivé .

 

Me voila capucin pendant que vous êtes jésuite i, c'est encore une raison de plus qui devait me retenir à Berlin ; cependant on dit que frère Ganganelli a condamné mes œuvres ii, ou du moins celles que les libraires vendent sous mon nom .

 

Je vais écrire à Sa Sainteté que je suis très bon catholique, et que je prends Votre Majesté pour mon répondant .

 

Je ne renonce point du tout à mon auréole ; et comme je suis près de mourir d'une fluxion de poitrine, je vous prie de me faire canoniser au plus vite : cela ne coûtera que cent mille écus iii; c'est marché donné .

 

Pour vous, Sire, quand il faudra vous canoniser, on s’adressera à Marc-Aurèle . Vos Dialogues iv sont tout à fait dans son goût comme dans ses principes : je ne sais rien de plus utile . Vous avez trouvé le secret d'être le défenseur, le législateur, l'historien et le précepteur de votre royaume ; tout cela est pourtant vrai ; je défie qu'on en dise autant de Moustapha . Vous devriez bien vous arranger pour attraper quelques dépouilles de ce gros cochon : ce serait rendre service au genre humain .

 

Pendant que l'empire russe et l'empire ottoman se choquent avec un fracas qui retentit jusqu'aux deux bouts du monde, la petite république de Genève est toujours sous les armes ; mon manoir est rempli d'émigrants qui s'y réfugient v. La ville de Jean Calvin n'est pas édifiante pour le moment présent .

 

Je n'ai jamais vu tant de neige et tant de sottises . Je ne verrai bientôt rien de tout cela, car je me meurs .

 

Daignez recevoir la bénédiction de frère François et m'envoyer celle de saint Ignace .

 

Restez un héros sur la terre, et n'abandonnez pas absolument la mémoire d'un homme dont l'âme a toujours été aux pieds de la vôtre . »

 

i Le 6 avril, Frédéric lui écrit : « ... j'apprends que les capucins vous ont choisi pour leur protecteur .. je ne vous le cède pas car les jésuites m'ont pris pour le leur, et si je les soutiens chez moi, St Ignace et St Xavier n'ont qu'à trembler que je ne fourre dans leur niche que St Voltaire et St Frédéric » .

V* dit dans le Précis du siècle de Louis XV que Frédéric a accueilli les jésuites chassés des autres pays parce qu'il les jugeait utiles à l'enseignement des belles lettres et qu'il était assez puissant pour ne pas les redouter . Voir fin du chapitre XXXIII : http://www.voltaire-integral.com/Html/15/12PRECFI.html#i39

ii Dans un bref daté du 1er mars 1770 .

iii Voir sa Canonisation de Saint Cucufin . http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Cucufin

Page 255 et suivantes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5781462p/f268.image...

iv Dialogue de morale à l'usage de la jeune noblesse, envoyé le 6 avril à V* . Voir page 158 : http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-201476&...

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15/04/2011 | Lien permanent

je suis le plus trompé du monde, si nous n’allons pas tomber sous le joug d’un pédantisme despotique

... Qui peut aujourd'hui lire et comprendre la  prose des enseignants et des énarques qui nous gavent de termes ampoulés et d'acronymes qui pleuvent comme les mensonges du Donald de la Maison Blanche ?

Quand cesseront-ils de péter plus haut que leurs culs ?

Jamais, je crains bien . Alors avec Bob :[I] Wait in vain : https://www.youtube.com/watch?v=8WQVb_nuKvs

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J'en perds le Nord !

 

 

« A Jean-François Marmontel, de

l'Académie française

à Paris

12è avril 1764, aux Délices

près de Genève 1

On a fait bien de l’honneur, mon cher confrère, aux ouvrages de Simon Lefranc, en les faisant servir à envelopper du tabac. Je connais des citoyens de Montauban qui ont employé les vers et la prose de ce grand homme à un usage qui n’est pas celui du nez. Ce qu’il y a de bien bon, c’est que lorsque maître Simon nous fit l’honneur de demander une place à l’Académie, c’était dans le dessein d’y introduire après lui M. son frère Aaron. Tous deux prétendaient y faire une réforme, et s’ériger en dictateurs. Le ridicule nous a défaits de ces deux tyrans ; Dieu veuille que nous n’en ayons pas d’autres ! Il me semble que les lettres sont peu protégées et peu honorées dans le moment présent ; et je suis le plus trompé du monde, si nous n’allons pas tomber sous le joug d’un pédantisme despotique. Nous sommes délivrés des jésuites, qui n’avaient plus de crédit, et dont on se moquait. Mais croyez-vous que nous aurons beaucoup à nous louer des jansénistes ? Je plains surtout les pauvres philosophes ; je les vois éparpillés, isolés, et tremblants. Il n’y aura bientôt plus de consolation dans la vie que de dire au coin de feu une partie de ce qu’on pense. Que nous sommes petits et misérables, en comparaison des Grecs, des Romains, et des Anglais !

Je ne sais nulle nouvelle de Pierre Corneille ; les libraires de Genève se mêlent de tous les détails, et moi je n’ai eu d’autre emploi que celui de dire mon avis sur quelques pièces étincelantes des beautés les plus sublimes, défigurées par des défauts pardonnables à un homme qui n’avait point de modèle. J’ai dit très librement ce que je pensais, parce que je ne pouvais dire ce que je ne pensais pas.

Je vous ferai parvenir un exemplaire, dès qu’un petit ballot qui m’appartient sera arrivé à Paris. La nièce de Pierre va nous donner incessamment un ouvrage de sa façon ; c’est un petit enfant ; si c’est une fille, je doute fort qu’elle ressemble à Émilie et à Cornélie ; si c’est un garçon, je serais fort attrapé de le voir ressembler à Cinna , la mère n’a rien du tout des anciens Romains ; elle n’a jamais lu les pièces de son oncle ; mais on peut être aimable sans être une héroïne de tragédie.

Adieu, mon cher confrère ; le sort des lettres en France me fait pitié. Conservez-moi votre amitié, elle me console.

V.

N. B. – M. d'Alembert m'avait parlé d'un envoyé de Dannemark, […] toutes les nouvelles que j'ai eues 2 du Nord, je me suis voué [...] entièrement à l'agriculture et à la retraite 3. »

1 L'édition de Kehl suite à la copie Beaumarchais omet le nota bene .

2 Écrit eu dans l'original, suivant un usage encore fréquent à l'époque, qui consiste à laisser invariable la participe passé conjugué avec avoir, lorsque ce participe n'est pas à la fin du groupe de mots .

3 Quelques mots ont été arrachés chaque fois avec le cachet de cire .

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11/05/2019 | Lien permanent

Aidez-moi, mon cher ange, et je vous promets encore une tragédie, ...En attendant, laissez-moi pleurer ...

... Sur mes espérances déçues .

Une larme

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"Aidez-moi" dixit Zébulon 1er , président affaibli dans une France Forte (fortement en danger, ça , oui ), prometteur de tragédie si jamais on l'écarte du pouvoir, si un autre que lui monte sur ce trône envié .

Deux larmes

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 22 avril 1755, Voltaire commence l'écriture de la tragédie Tancrède ; la marquise de Pompadour, maitresse du roi fera censurer cet écrit, et le fera modifier à son goût.

22 avril 2012, Sarko commence tragiquement son avant dernier tour de piste ; Carla, femme et maîtresse du président déchu, se demande comment elle va supporter de l'avoir constamment à la maison .

Un sanglot

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« A M. LE COMTE D'ARGENTAL.

14 novembre [1755]

Mon cher ange, je prends la liberté de vous adresser une lettre 1 pour l'Académie française, et pour monsieur son secrétaire, dont j'ignore le nom. J'envoie ma lettre sous l'enveloppe de M. Dupin, secrétaire de M. le comte d'Argenson. Je me suis déjà servi de cette voie pour vous faire tenir deux exemplaires corrigés de l'Orphelin de la Chine; et je me flatte que vous les avez reçus. La lettre pour l'Académie et celle au secrétaire 2 sont à cachet volant, dans la même enveloppe. Pardonnez encore, mon cher et respectable ami, à cette importunité. La démarche que je fais est nécessaire, et il faut qu'elle soit publique. Elle est mesurée, elle est décente, elle est bien consultée, bien approuvée, et j'ose croire que vous ne la condamnerez pas. C'est un très- grand malheur que la publicité de ce manuscrit qui inonde l'Europe sous le nom de la Pucelle d'Orléans. Un désaveu modeste est le seul palliatif que je puisse appliquer à un mal sans remède. Je vous supplie donc de vouloir bien faire rendre au secrétaire de l'Académie le paquet que M. Dupin vous fera tenir, et qui part le même jour que cette lettre.
Cette maudite Jeanne d'Arc a fait grand tort à notre Orphelin; il vaudrait bien mieux sans elle mais vous pouvez compter que ma vie est empoisonnée, et mon âme accablée depuis six mois. Je suis si honteux qu'à mon âge on réveille ces plaisanteries indécentes, que mes montagnes ne me paraissent pas avoir assez de cavernes pour me cacher. Aidez-moi, mon cher ange, et je vous promets encore une tragédie 3, quand j'aurai de la santé et de la liberté d'esprit. En attendant, laissez-moi pleurer sur Jeanne, qui cependant fait rire beaucoup d'honnêtes gens. Comment va le pied de Mme d'Argental? et pourquoi a-t-elle mal au pied? Lekain m'a mandé que notre Orphelin n'allait pas mal. Vous êtes le père de l'Orphelin; je voudrais bien lui donner un frère, mais seulement pour vous plaire. Mme Denis vous fait les plus tendres compliments. Je baise les ailes de tous les anges. »

 

 

 

2 La lettre au secrétaire de l'Académie (Duclos) manque.

3 Après !'Orphelin, Voltaire composa Tancrède; mais il ne commença cette tragédie que le 22 avril 1759, et la marquise de Pompadour y fera faire des coupes et retouches avant édition. .

 

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19/04/2012 | Lien permanent

je mépriserai toujours les fanatiques, en quelque genre que ce puisse être

"je mépriserai toujours les fanatiques, en quelque genre que ce puisse être" : les mépriser, parfois ! les détester, toujours ! c'est mon option ferme et définitive (je ne demanderai pas de joker , mon cher Jean-Pierre ! ).

Quelques exemples qui me sont tombés sous le museau du mulot !!

 

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Amis du sport, je vous conseille de garder le sourire comme le spectateur à lunettes, vous pleurerez plus tard !! Je me demande comment les sportifs peuvent recevoir les ovations d'une foule de beaufs comme le canari obèse ci-dessus, et continuer à s'y exposer ? Pour le fric, may be ?!

 

 

 

 

Ce qui me frappe dans la lettre suivante, c'est que Volti est devenu un EUROPEEN et parle de la France et des Français comme d'un peuple et une nation dont il n'est que spectateur désabusé . Que dirait-il aujourd'hui ?

 

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                            Mon cher philosophe, auriez-vous jamais lu un chant de la Pucelle, dans lequel tout le monde est devenu fou [chant XVII], et où chacun donne et reçoit sur les oreilles à tort et à travers ? Voilà précisément le cas de vos chers compatriotes les Français. Parlements, évêques, gens de lettres, financiers, antifinanciers [allusion au livre l’Antifinancier], tous donnent et reçoivent des soufflets à tour de bras ; et vous avez bien raison de rire ; mais vous ne rirez pas longtemps, et vous verrez les fanatiques maîtres du champ de bataille. L’aventure de ce cuistre de Crevier [qualifié d’ « âne » par Palissot, Crevier, vieux janséniste avait obtenu l’exil de Palissot et celui de l’archevêque de Paris] fait déjà voir qu’il n’est pas permis de dire d’un janséniste qu’il est un plat auteur . Vous serez les esclaves de l’université avant qu’il soit deux ans. Les Jésuites étaient nécessaires, ils faisaient diversion ; on se moquait d’eux, et on va être écrasé par des pédants qui n’inspireront que l’indignation. Ce que vous écrit un certain goguenard couronné [Frederic II a écrit à d’Alembert qu’il n’est en guerre ni avec « les cagots, ni avec les jésuites » et laisse aux Français le soin de « ferrailler envers et contre tout » ] doit bien faire rougir votre nation belliqueuse.

 

                            Répandez ce bon mot tant que vous pourrez, car il faut que vos gens sachent le cas qu’on fait d’eux en Europe. Pour moi, je gémis sérieusement sur la persécution que les philosophes vont infailliblement essuyer . N’avez-vous pas un souverain mépris pour votre France, quand vous lisez l’histoire grecque et romaine ? trouvez-vous un seul homme persécuté à Rome depuis Romulus jusqu’à Constantin, pour sa manière de penser ? le sénat aurait-il jamais arrêté l’Encyclopédie ? y-a-t-il jamais eu un fanatisme aussi stupide et aussi désespérant que celui de vos pédants ?

 

                            Vraiment oui, j’ai donné une chandelle au diable [expression de d’Alembert quand V* a envoyé son conte Les Trois Manières à Mme du Deffand]; mais vous auriez pu vous apercevoir que cette chandelle devait lui brûler les griffes, et que je lui faisais sentir tout doucement qu’il ne fallait pas manquer à ses anciens amis [lettre du 7 mars à Mme du Deffand].

 

                            A l’égard des hauts lieux dont vous me parlez, sachez que ceux qui habitent ces hauts lieux sont philosophes, sont tolérants, et détestent les intolérants avec les quels ils sont obligés de vivre [allusion aux Choiseul].

 

                            Je ne sais si le Corneille entrera en France, et si on permettra au roi d’avoir ses exemplaires [« … entre les mains d’un cuistre nommé Marin, qui doit décider si le public pourra le lire. » : d’Alembert]. Ce dont je suis bien sûr, c’est que tous ceux qui s’ennuient à Sertorius et à Sophonisbe, etc., trouveront fort mauvais que je m’y ennuie aussi ; mais je suis en possession depuis longtemps de dire hardiment ce que je pense, et je mépriserai toujours les fanatiques, en quelque genre que ce puisse être. Ce qui me déplait dans presque tous les livres de votre nation, c’est que personne n’ose mettre son âme sur le papier, c’est que les auteurs feignent de respecter ce qu’ils méprisent ; vos historiens surtout sont de plates gens, il n’y en a pas un qui ait osé dire la vérité. Adieu, mon cher philosophe ; si vous pouvez écrasez l’Infâme, écrasez-la et aimez-moi, car je vous aime de tout mon cœur.

 

                            Voltaire

                            14 avril 1764. »

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14/04/2009 | Lien permanent

Ils ont tous les ans des tracasseries pour étrennes au sujet des élections ; elles ont été très fortes cette année . Il

... Mon cher Voltaire, tu ne crois pas si bien dire !

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C'est un pronostic, le seul dont je sois sûr .

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

9 de Janvier [1765]

Mon cher et grand philosophe, en réponse à votre lettre du 3 1, je vous dirai d’abord qu’il y a plus de huit jours que j’ai donné à frère Cramer la Destruction ; il m’assura qu’il édifierait dès le lendemain, et vous enverrait ce que vous savez. Or ce que vous savez est bien peu pour un si bon ouvrage. Depuis ce temps, je n’ai pas entendu parler de frère Gabriel . Je lui écris dans le moment pour le sommer de sa parole ; il donne beaucoup de promesses, ce Gabriel, et les tient rarement ; il avait promis de remplir son devoir envers l’Académie, et il ne l’a pas fait 2. Il faut lui pardonner cette fois-ci ; il est un peu intrigué, ainsi que tous les autres bourdons de la ruche de Genève. Ils ont tous les ans des tracasseries pour étrennes au sujet des élections ; elles ont été très fortes cette année 3. Il y a beaucoup de dissensions entre le conseil et le peuple, qui se croient tous deux souverains. Jean-Jacques a un peu attisé le feu de la discorde. La députation des Corses à Jean-Jacques est une fable absurde 4 ; mais les querelles genevoises sont une vérité C’est dommage pour la philosophie que Jean-Jacques soit un fou, mais il est encore plus triste que ce soit un malhonnête homme. La lettre insolente et absurde qu’il m’écrivit 5 au sujet des spectacles de Ferney était à la fois d’un insensé et d’un brouillon. Il voulait se faire valoir alors auprès des pédants de Genève, qui prêchaient contre la comédie par jalousie de métier ; il prétendait engager avec moi une querelle. Le petit magot, boursouflé d’orgueil, fut piqué de mon silence. Il manda au docteur Tronchin qu’il ne reviendrait jamais dans Genève, tant que je serais possesseur des Délices ; et, huit jours après, il se brouilla avec Tronchin pour jamais.

A peine arrivé dans sa montagne, il fait un livre qui met le trouble dans sa patrie ; il excite les citoyens contre le magistrat ; il se plaint, dans ce  livre, qu’on l’a condamné sans l’entendre ; il m’y donne formellement comme l’auteur du Sermon des cinquante  ; il joue le rôle de délateur et de calomniateur : voilà, je vous l’avoue, un plaisant philosophe ; il est comme les diables dans Quinault :

Goûtons l’unique bien des cœurs infortunés,

Ne soyons pas seuls misérables.6

Et savez-vous dans quel temps ce malheureux faisait ces belles manœuvres ? C’était lorsque je prenais vivement son parti, au hasard même de passer pour mauvais chrétien ; c’était en disant aux magistrats de Genève, quand par hasard je les voyais, qu’ils avaient fait une vilaine action en brûlant Émile, et en décrétant Jean-Jacques ; mais lui, m’ayant offensé, il s’imaginait que je devais le haïr, et écrivait partout que je le persécutais, dans le temps que je le servais et que j’étais persécuté moi-même.

Tout cela est d’un prodigieux ridicule, ainsi que la plupart des choses de ce monde ; mais je pardonne tout, pourvu que l’infâme superstition soit décriée comme il faut chez les honnêtes gens, et qu’elle soit abandonnée aux laquais et aux servantes, comme de raison.

Je croyais vous avoir mandé que l’abbé de Condillac était ressuscité ; Tronchin le croyait mort avec raison, puisqu’il ne l’avait pas traité. Pour M. le chevalier de La Tremblaye, tout ce que je sais, c’est qu’il doit réussir auprès des hommes par la douceur de ses mœurs, et auprès des dames par sa figure 7.

Vous voilà instruit de tout, mon cher maître ; je vous ferai part de la réponse de Gabriel, s’il m’en fait une. »



2 D'Alembert a écrit : »N'oubliez pas votre commentaire de Corneille pour l'Académie . Duclos m'a dit que vous veniez de lui écrire à ce sujet . Je lui avais fait part de votre lettre [ du 19 décembre 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/02/18/je-ne-me-suis-mele-en-aucune-maniere-du-temporel-j-ai-eu-beaucoup-de-peine.html] et je ne doute point que l'oubli vienne de Cramer . » Si V* a écrit à Duclos, sa lettre n'est pas connue .

3François Tronchin et Pierre Lullin furent parmi les candidats battus .

4 Voir lettre citée en 1 ; aucune lettre de V* à ce sujet n'est connue ; d'autre part, la première des lettres de Matteo Buttafoco qui ont pu amener JJ Rousseau au Projet de constitution pour la Corse date du 31 août 1764 . On ne sait ce que V* pouvait connaître de l'affaire . Quoi qu'il en soit , des amis de Rousseau, Toussaint-Pierre Le Nieps et Mme de Verdelin, lui ont dit que la lettre reçue des Corses n'est qu'une machination de V*.

Voir : http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/old2/file/rousseau_corse.pdf

et : http://corseimagesethistoire.over-blog.com/2018/05/matteo-buttafoco-demande-a-jj-rousseau-un-projet-de-constitution-pour-la-corse-matteo-buttafoco-matteo-dit-parfois-matthieu-buttafoc

et : https://books.google.fr/books?id=HffnxK22dksC&pg=PA140&lpg=PA140&dq=Toussaint-Pierre+Le+Nieps&source=bl&ots=8tqgnHzlKi&sig=ACfU3U3UFcuny69yDs47fBAZ971B9XmgGQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwisj66A0pnoAhVE8hQKHdI5BG4Q6AEwAnoECAcQAQ#v=onepage&q=Toussaint-Pierre%20Le%20Nieps&f=false

et : http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k16147j

7 Voir lettre citée en 1 : « Dites-moi …. ce que vous pensez d'un M. le chevalier de La Tremblaye... » et lettre du 28 août 1764 à B.-L. Chauvelin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/10/22/gentilhomme-savoyard-par-consequent-pauvre-et-en-qualite-de-pauvre-grand-fa.html

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14/03/2020 | Lien permanent

Vous savez votre histoire de France ; il y a eu des temps plus funestes ; mais y en-t-il eu de plus impertinents ?

... Où l'on voit deux dirigeants, l'un de gauche, le Mélenchon, et l'autre de droite, la Le Pen, attribuer l'appartenance des Black Blocs au camp adverse et s'en tenir à la ridicule condamnation du gouvernement, sans doute parce que eux, avec un courage légendaire auraient su , avec leurs petits bras musclés, arrêter les vandales . Avoue, au fond, Jean-Luc que tu es un peu responsable , les Black Blocs ne peuvent pas être calmés  par tes discours qui se veulent anarchistes, pompier incendiaire que tu es , homme d'Etat de pacotille .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

8 mai 1763 1

Anges exterminateurs,

Celui qui vous appelait furie avait bien raison. Vous êtes mon berger, et vous écorchez votre vieux mouton. Voici les derniers bêlements de votre ouaille misérable.

1°/ Vous voulez qu’on imprime la médiocre Zulime au profit de mademoiselle Clairon . Très volontiers, pourvu qu’elle la fasse imprimer comme je l’ai faite. Je doute qu’elle trouve un libraire qui lui en donne cent écus ; mais je consens à tout, pourvu qu’on donne l’ouvrage tel que je l’ai envoyé en dernier lieu.

2°/ Voulez-vous faire supprimer l’édition d' Olympie, ou en faire imprimer une autre, en adoucissant quelques passages sur ce détestable grand-prêtre Joad ? et le tout au profit de mademoiselle Clairon ? de tout mon cœur, avec plaisir assurément.

3°/ L’Histoire générale est peut-être un peu plus sérieuse. Le parlement sera irrité ; de quoi ? de ce que j’ai dit la vérité ? Le gouvernement ne me pardonnera donc pas d’avoir dit que les Anglais ont pris le Canada,2 (que j’avais, par parenthèse, offert, il y a quatre ans, de vendre aux Anglais ; ce qui aurait tout fini 3, et ce que le frère de M. Pitt m’avait proposé). Mais laissons là le Canada, et parlons des Iroquois qui me feraient brûler pour avoir laissé entrevoir un air 4 d’ironie sur des choses très ridicules.

Entre nous, y aurait-il rien de plus tyrannique et de plus absurde que d’oser condamner un homme pour avoir représenté le roi comme un père qui veut mettre la paix entre ses enfants 5 ? Voilà le précis de toute la conduite du roi. J’ai rendu gloire à la vérité, et cette vérité n’a point été souillée par la flatterie. La cour peut ne m’en pas savoir gré ; mais, de bonne foi, le parlement ferait-il une démarche honnête de rendre un arrêt contre un miroir qui le montre à la postérité , miroir qu’il ne cassera pas, et qui est d’un assez bon métal ? Ne saura-t-on pas que c’est la vérité qui l’a indisposé personnellement ? et quand il condamnera le livre en général, quel homme ignorera qu’il n’a vengé que ses prétendues injures particulières ? Je n’ai d’ailleurs rien à craindre du parlement de Paris, et j’ai beaucoup à m’en plaindre. Il ne peut rien ni sur mon bien ni sur ma personne. Ma réponse est toute prête, et la voici :

Il y avait un roi de la Chine qui dit un jour à l’historien de l’État : « Quoi ! vous voulez écrire mes fautes ? – Sire, répondit le griffonnier 6 chinois, mon devoir m’oblige d’aller écrire tout à l’heure le reproche que vous venez de me faire. – Eh bien donc, dit l’empereur, allez, et je tâcherai de ne plus faire de fautes », etc., etc.,etc.

Mais s’il est vrai que j’aie altéré des faits et des dates, j’ai beaucoup d’obligation à M. l’abbé de Chauvelin et à M. le président de Mesnières. Ces dates et ces faits ont été pris dans tous les journaux du temps, et même dans la Gazette ecclésiastique, qui certainement n’a pas eu envie de déplaire au parlement. J’attends avec empressement l’effet des bontés de MM. de Mesnières et de Chauvelin, et je corrigerai les chapitres concernant les billets de confession et la cessation de la justice. J’avoue que j’aurai bien de la peine à louer ces deux choses ; elles me paraissent absurdes, comme à toute la terre. Je m’en rapporte à votre ami M. le duc de Praslin . Je m’en rapporte à vous, mes anges. Vous savez votre histoire de France ; il y a eu des temps plus funestes ; mais y en-t-il eu de plus impertinents ? Je voudrais que vous fussiez aux Délices ; oui assurément, je le voudrais ; vous y verriez des Anglais, des Tudesques, des Polaires, des Russes , vous verriez ce qu'on pense de notre pauvre nation . Vous verriez comme l’Europe la traite . Vous me trouveriez le plus circonspect de tous les hommes dans la manière dont j’ai parlé de vos belles querelles.

A l’égard du czar Pierre 1er, vous en usez avec moi précisément comme le docteur Tronchin avec madame Denis . Elle lui a demandé quatre pilules de moins : et il lui fait prendre quatre pilules de plus. Mais, mes divins anges, quand un livre est lâché dans l’Europe, il n’y a plus de remède. Je griffonne, Cramer imprime, bien ou mal, et il fait ses envois sans me consulter. Je n’ai assurément aucun intérêt à la chose, je n’en ai que la peine. Qu’on supprime ses livres à Paris, c’est son affaire. Pourquoi ne vous a- t-il pas fait présenter le premier exemplaire ?

Voilà M. de Thibouville qui m’envoie vraiment de beaux projets pour Olympie ? c’est bien prendre son temps !

Ma conclusion est que je vous suis très obligé de me procurer les remarques de MM. de Mesnières et de Chauvelin. La vérité, que je préfère à tout, me les fera adopter sur-le-champ. Mais je vous jure que la crainte de tous les parlements du royaume ne me ferait pas altérer un fait vrai ; de même que les trois états du royaume assemblés ne m’empêcheraient pas de vous aimer.

Ne me faites pas peur des parlements, je vous en prie ; car je ne tiens en nulle manière à mes terres au bout de la Bourgogne. Je vais vendre tout ce que j’ai en France dont je peux disposer ; j’enverrai ma nièce avec M. et madame Dupuits à Paris : le parlement ne saisira pas ce que je lui aurai donné, et il m’en restera assez pour vivre et pour mourir libre, et même pour aller mourir dans un pays plus chaud que le mont Jura et les Alpes, dont la neige me rend aveugle six mois de l’année.

Mes anges, tout diables que vous êtes, je suis sous vos ailes à la vie et à la mort. »

1 V* a numéroté les pages du manuscrit de 1 à 9 . la date n'est peut-être pas de sa main .

3 Certains commentateurs disent que V* ne se rend pas compte que cette « solution » est déshonorante . Personnellement, je trouve que V* a raison et qu'on aurait ainsi évité bien des morts inutiles .

4 ton remplacé par air sur le manuscrit .

6 Variante peu attestée de griffonneur .

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02/05/2018 | Lien permanent

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