Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Le ministère ne s’occupe pas sans doute de ces pauvretés : il n’est occupé que du soin de faire fleurir l’État 

... On va pouvoir le constater ce jour : https://actu.orange.fr/france/les-syndicats-dans-la-rue-mardi-pour-les-salaires-et-envoyer-un-signal-fort-CNT000001EZRYg.html

D'abord un indice : https://www.lepoint.fr/sondages-oui-non/estimez-vous-que-votre-pouvoir-d-achat-a-augmente-pendant-le-quinquennat-d-emmanuel-macron-05-10-2021-2446184_1923.php?boc=991023&m_i=nPTnVfTcA524e23sm9CdUmVbeTQuTO0UU6A1jQfsEFR7%2ByA4Nvj6Pl7uvqte8kngoicR2AYSVtWnWWR0IsPgqzaXwmnnnz&M_BT=443989616563#xtor=EPR-6-[Newsletter-Matinale]-20211005-[Question_Jour]

Mais n'y a-t-il rien de mieux à faire dans les deux camps , ministère et syndicats ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

12 juillet 1766 1

Mon cher frère, Polyeucte et Néarque 2 déchirent toujours mon cœur ; et il ne goûtera quelque consolation que quand vous me manderez tout ce que vous aurez pu recueillir.

On dit qu’on ne jouera point la pièce de Collé 3 , je m’y intéresse peu, puisque je ne la verrai pas ; et, en vérité, je suis incapable de prendre du 4 plaisir après la funeste catastrophe dont on veut me rendre en quelque façon responsable. Vous savez que je n’ai aucune part au livre 5 que ces pauvres insensés adoraient à genoux. Il pleut de tous côtés des ouvrages indécents, comme La Chandelle d’Arras 6, le Compère Matthieu 7, l’Espion chinois 8 ; et cent autres avortons qui périssent au bout de quinze jours, et qui ne méritent pas qu’on fasse attention à leur existence passagère. Le ministère ne s’occupe pas sans doute de ces pauvretés : il n’est occupé que du soin de faire fleurir l’État . L’intérêt réduit à quatre pour cent me paraît 9 une preuve d’abondance. Je ne crois pas que cet édit ait un effet rétroactif . Je vous prie de vouloir bien m'en instruire, et si les rentes sur l'hôtel de ville seront sujettes à cette réduction .

Je suis bien plus embarrassé de Voltaire des Sirven 10. Je tremble que M. de Beaumont ne se décourage . Je vous conjure d’exciter son zèle. J’ai pris des mesures qui m’embarrassent 11 beaucoup s’il abandonne cette affaire . Parlez-lui, je vous prie, de celle d’Abbeville ; il s’en sera sans doute informé. Je ne connais point de loi qui ordonne la torture et la mort pour des extravagances qui n’annoncent qu’un cerveau troublé. Que fera-t-on donc aux empoisonneurs et aux homicides  12?

Adieu, mon cher ami ; adoucissez, par vos lettres, la tristesse où je suis plongé. »

1 L'édition de Kehl , suivant la copie Beaumarchais, suivie des éditions comporte une suppression et des variantes de détail ; voir notes .

2 Le chevalier de La Barre et le chevalier d’Étallonde.

3 La Partie de chasse de Henri IV, voir lettre du 17 avril 1762 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/18/2-5922869.html

4Variante : aucun .

5 Le Dictionnaire philosophique.

6 Poème en dix-huit chants , 1765, in-8°, par l'abbé Du Laurens : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5846131s

7 Le Compère Matthieu, ou les Bigarrures de l'esprit humain, 1766, de l'abbé Henri.-Joseph. Du Laurens . Sur son exemplaire conservé à Ferney, V* a noté : « ce livre est d'un nommé Laurent, moine défroqué, c'est en plusieurs endroits et même pour le fonds une imitation de Candide [...] » Cette remarque est juste .Roman du même auteur, 1766, trois volumes in-8°.

9 Variante : est .

10 Depuis Je ne crois pas que cet édit […], passage supprimé sur le manuscrit Beaumarchais et absent des éditions . Effectivement , la dernière phrase comporte une erreur de copie qui la rend incompréhensible et interdit même toute conjecture ; sauf la suppression pure et simple des mots de Voltaire .

11 Var. : vont m'embarrasser .

12 Var. : parricides.

Lire la suite

05/10/2021 | Lien permanent

c’était un apprenti prêtre qui a renoncé au métier, et qui parait assez philosophe. Comme on prétend qu’il n’est plus pe

... Et cependant, statistiquement parlant, être Français, c'est tout bon : https://www.20minutes.fr/insolite/2657763-20191122-nation...

Image associée

Nous sommes malgré tout en odeur de sainteté .

 

 

« A Charles Bordes

de l'Académie de Lyon

à Lyon

Aux Délices 6è octobre 1764 1

Madame Cramer m’a parlé, monsieur, d’une comédie 2 remplie d’esprit et de bonnes plaisanteries. Si vous voulez quelque jour en gratifier le petit théâtre de Ferney, les acteurs et actrices tâcheront de ne point gâter un si joli ouvrage. Je serai spectateur , car, à mon âge de soixante et onze ans, j’ai demandé mon congé, comme le vieux bonhomme Sarrazin 3. Permettez-moi de vous parler d’un livre nouveau qu’on m’attribue très mal à propos . Il est intitulé Dictionnaire philosophique. L’auteur est un jeune homme assez instruit, nommé Des Buttes ; c’était un apprenti prêtre qui a renoncé au métier, et qui parait assez philosophe. Comme on prétend qu’il n’est plus permis en France de l’être, je serais très fâché qu’on imprimât cet ouvrage à Lyon, car je m’intéresse fort à ce pauvre M. Des Buttes . Pourriez-vous avoir la bonté de me dire si en effet on imprime le Dictionnaire philosophique dans votre ville ? au moins Des Buttes enverrait un errata. Il dit qu’il s’est glissé des fautes intolérables dans l’édition qui se débite. Il serait mieux qu’on n’imprimât pas ce livre ; mais si on s’obstine à en faire une seconde édition, Des Buttes souhaite qu’elle soit correcte : il implore votre médiation, et je me joins à lui. Mais j'ai bien plus à cœur cette jolie comédie . Plût à Dieu que nous puissions la jouer devant l'auteur à qui toute la troupe est tendrement attachée aussi bien que le barbouilleur de cette lettre . »



 

1 L'édition de Kehl , suite à la copie Beaumarchais amalgame cette lettre abrégée avec celle du 27 octobre 1764 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1765-partie-31.html

3 Pierre-Claude Sarrazin s'est retiré de la scène en 1759 à l'âge de soixante-dix ans, ce qui ne l'empêchera pas de se remarier l'année suivante . Voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/pierre-claude...#

et : https://data.bnf.fr/fr/14658209/pierre_sarrazin/

Lire la suite

25/11/2019 | Lien permanent

Ce n’est pas assez de prouver que l’intolérance est horrible, il faut montrer à des Français qu’elle est ridicule

...  Entendez-vous, politiciens extrémistes de tous bords ? Vous seriez risibles si vous n'étiez pas des haineux suivis par tant de citoyens abusés . Vous êtes détestables et vos discours ridicules d'excès . Vous allez heureusement prendre une déculottée .

 

 

« A Paul-Claude Moultou, ministre

à Genève

[octobre-novembre 1766] 1

J’ai avec vous, monsieur, la conformité d’un très grand mal aux yeux ; mais les vôtres sont jeunes, et je perdrai bientôt les miens. Ils lisent en pleurant cet amas d’horreurs rapportées dans le livre que vous m’envoyez 2. En vérité cela rend honteux d’être catholique. Je voudrais que de tels livres fussent en France dans les mains de tout le monde ; mais l’Opéra-Comique l’emporte, et presque tout le monde ignore que les galères sont pleines de malheureux condamnés pour avoir chanté de mauvais psaumes. Ne pourrait-on point faire quelque livre qui pût se faire lire avec quelque plaisir par les gens même qui n’aiment point à lire, et qui portât les cœurs à la compassion ?

Plus j’y pense, plus il me paraît difficile d’avertir que les fruits d’un arbre sont mortels sans faire sentir aux esprits exercés que l’arbre est d’une bien mauvaise nature.

Me permettez-vous, monsieur, de garder quelques jours le compte de vos frères ? Il me parait par leur nombre que vous n’auriez pas dû vous laisser pendre . Mais, entre nous, je crois ce nombre terriblement exagéré. Je vais écrire dans une province dont je pourrai recevoir des instructions, et ce qu’on m’apprendra de ce canton me servira de règle pour les autres. Je voudrais bien que votre confrère de Séligny 3 vous envoyât le petit chapitre en question. Je ne sais s’il n’est point trop plaisant pour être mis dans un ouvrage sérieux, mais il me paraît essentiel de se faire lire de tout le monde si l’on peut. Ce n’est pas assez de prouver que l’intolérance est horrible, il faut montrer à des Français qu’elle est ridicule.

Je vous embrasse de tout mon cœur. Comme un véritable ami des hommes, vous êtes au-dessus des cérémonies. »

1 Sur l'original, Moultou a porté l'année et « persécutions ».

2 Ce doit être , Le Patriote français et impartial, ou Réponse à la Lettre de M. l′évêque d′Agen à M. le contrôleur général contre la tolérance des huguenots, en date du 1er mai 1751, 1751, d'Antoine Court. Le tome second contient des listes de galériens, de prisonniers, d’enfants enlevés, de personnes bannies, condamnées au fouet, etc.; c’est ce que Voltaire appelle le compte de vos frères. (Note du premier éditeur.) . Ou alors un autre plus récent .

Dans Le Patriote […] une section est intitulée « Mémoire historique de ce qui s'est passé de plus remarquable au sujet de la religion réformée, en plusieurs provinces de France depuis 1744 jusqu'à la présente année 1751 »

Voir : https://archives.bge-geneve.ch/archive/fonds/court_antoine

et : http://www.theses.fr/1994PA040132

et : https://books.google.fr/books?id=ctw7AAAAcAAJ&pg=PA1&lpg=PA1&dq=M%C3%A9moire+historique+de+ce+qui+s%27est+pass%C3%A9+de+plus+remarquable+au+sujet+de+la+religion+r%C3%A9form%C3%A9e,+en+plusieurs+provinces+de+France+depuis+1744+jusqu%27%C3%A0+la+pr%C3%A9sente+ann%C3%A9e+1751&source=bl&ots=Bm_pQ-rxY7&sig=ACfU3U2nwVKZa8NlI33HMCKwonwia8LJ-g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjFyMXBr9z1AhUHxIUKHREUDi4Q6AF6BAgCEAM#v=onepage&q=M%C3%A9moire%20historique%20de%20ce%20qui%20s'est%20pass%C3%A9%20de%20plus%20remarquable%20au%20sujet%20de%20la%20religion%20r%C3%A9form%C3%A9e%2C%20en%20plusieurs%20provinces%20de%20France%20depuis%201744%20jusqu'%C3%A0%20la%20pr%C3%A9sente%20ann%C3%A9e%201751&f=false

et : https://hal-amu.archives-ouvertes.fr/hal-02117232/document

3 Le pasteur Vernes.

Lire la suite

31/01/2022 | Lien permanent

cet homme extraordinaire moitié héros moitié fou ... son exemple devait servir de leçon aux conquérants qui auraient aut

... "Servir de leçon" et non pas "servir de modèle", subtil distinguo qui peut se solder par une conquête pacifique telle celle de la santé et du bien-être général de tous humains (et autres êtres vivants si affinités) plutôt que bains de sang et cendres .

Conquérants sanguinaires, circulez, il n'y a rien pour vous , ni compliments, ni citations à l'ordre du mérite . Tout comme Voltaire, je vous hais : "Je hais les conquérants, fiers ennemis d’eux-mêmes,...", voir lettre à Frédéric II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/05/26/je-hais-les-conquerants-je-songe-a-l-humanite-sire-avant-de.html

 

DSCF7743moitié fou.JPG

 

 

 

« A Gabriel de Seigneux, seigneur de Correvon

[septembre-octobre 1759]1

[…] Il est vrai que je suis occupé actuellement de l'histoire de Pierre le Grand ; elle n'est peut-être pas si divertissante pour le commun des lecteurs que celle de ce don Quichotte du Nord qui couchait en bottes, et qui se battait avec ses cuisiniers et ses secrétaires contre dix mille Turcs ; mais l'histoire d'un législateur qui a créé des villes et des hommes, vaut bien aux yeux d'un philosophe tel que vous les prouesses d'un chevalier errant . Il y a trente ans que j'ai dit dans l'histoire de cet homme extraordinaire moitié héros moitié fou que son exemple devait servir de leçon aux conquérants qui auraient autant d'ambition et moins de valeur [...] »

1 Ce fragment de lettre est une citation par Seigneux dans une lettre non datée à Johann Jakob Bodmer, de la lettre originale . Après avoir cité ceci, il écrit : « Il [V*] me mande qu'il viendra nous voir cet hiver ; mais pour peu de temps je crois . Il a de belles terres nouvellement acquises et un théâtre à Tournay qui le retiendront, sans compter peut-être quelque autre motif . Si j'avais comme ce célèbre confrère cent mille livres de rente, il me semble que je glisserais sur des sujets qui l'ont beaucoup affecté . » On déduit la date d'après ce commentaire .

Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/745-gabriel-seigneux-de-correvon

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Jakob_Bodmer

 

Lire la suite

21/10/2014 | Lien permanent

je vous dirai sans détour ... les déplaisirs qui troublent en cet instant le goût que je prenais à vos leçons

 ... Et moi, au nom de la tolérance, j'ai pris le soin de transcrire cette lettre fleuve -rude pensum- à laquelle Voltaire fera une réponse aussi courte et polie que possible (voir note mise en ligne  suivante) .

"Vous jouissez; mais j'espère, et l'espérance embellit tout." dit le citoyen de Genève qui, n'en étant pas à une contradiction près, fait une phrase d'esbrouffe, et à mes yeux représente tout à fait la femme à la robe tachée et aux ciseaux qu'il s'est plû à citer  . Qui es-tu Jean-Jacques  pour croire que tu es le seul à espérer et que tu es un être supérieur par celà ? "La vanité de mépriser la mort" est chez toi la vanité de mépriser le luxe et ta rancoeur est déjà en germe dans cette lettre . Coupeur de cheveu en quatre tu es, coupeur de cheveu en quatre tu restes .

 Idées noires à l'aube ?

corneilles à l aube8822.JPG

 

 

 

« DE M. J.-J. ROUSSEAU 1
Le 18 août 1756.

Vos deux derniers poèmes, monsieur, me sont parvenus dans ma solitude, et quoique tous mes amis connaissent l'amour que j'ai pour vos écrits, je ne sais de quelle part ceux-ci me pourraient venir, à moins que ce ne soit de la vôtre. J'y ai trouvé le plaisir avec l'instruction, et reconnu la main du maître ainsi je crois vous devoir remercier à la fois de l'exemplaire et de l'ouvrage. Je ne vous dirai pas que tout m'en paraisse également bon, mais les choses qui m'y déplaisent ne font que m'inspirer plus de confiance pour celles qui me transportent: ce n'est pas sans peine que je défends quelquefois ma raison contre les charmes de votre poésie; mais c'est pour rendre mon admiration plus digne de vos ouvrages que je m'efforce de n'y pas tout admirer.

Je ferai plus, monsieur; je vous dirai sans détour, non les beautés que j'ai cru sentir dans ces deux poèmes la tâche effrayerait ma paresse; ni même les défauts qu'y remarqueront peut-être de plus habiles gens que moi, mais les déplaisirs qui troublent en cet instant le goût que je prenais à vos leçons, et je vous les dirai encore attendri d'une première lecture où mon cœur écoutait avidement le vôtre, vous aimant comme mon frère, vous honorant comme mon maître, me flattant enfin que vous reconnaîtrez dans mes intentions la franchise d'une âme droite, et dans mes discours le ton d'un ami de la vérité qui parle à un philosophe. D'ailleurs, plus votre second poème m'enchante, plus je prends librement parti contre le premier. Car, si vous n'avez pas craint de vous opposer à vous-même, pourquoi craindrais-je d'être de votre avis? Je dois croire que vous ne tenez pas beaucoup à des sentiments que vous réfutez si bien.
Tous mes griefs sont donc contre votre Poème sur le Désastre de Lisbonne, parce que j'en attendais des effets plus dignes de l'humanité qui parait vous l'avoir inspiré. Vous reprochez à Pope et à Leibnitz d'insulter à nos maux, en soutenant que tout est bien, et vous amplifiez tellement le tableau de nos misères que vous en aggravez le sentiment. Au lieu des consolations que j'espérais, vous ne faites que m'affliger; on dirait que vous craignez que je ne voie pas assez combien je suis malheureux, et vous croiriez, ce me semble, me tranquilliser beaucoup en me prouvant que tout est mal. Ne vous y trompez pas, monsieur, il arrive tout le contraire de ce que vous vous proposez. Cet optimisme que vous trouvez si cruel me console pourtant dans les mêmes douleurs que vous me peignez comme insupportables. Le poème de Pope adoucit mes maux, et, me porte à la patience; le vôtre aigrit mes peines, m'excite au murmure, et, m'ôtant tout, hors une espérance ébranlée, il me réduit au désespoir. Dans cette étrange opposition qui règne entre ce que vous établissez et ce que j'éprouve, calmez la perplexité qui m'agite, et dites-moi qui s'abuse du sentiment ou de la raison.
« Homme, prends patience, me disent Pope et Leibnitz; les maux sont un effet nécessaire de la nature et de la constitution de cet univers. L'Être éternel et bienfaisant qui le gouverne eût voulu l'en garantir de toutes les économies possibles il a choisi celle qui réunissait le moins de mal et le plus de bien ou, pour dire la même chose encore plus crument s'il le faut, s'il n'a pas mieux fait, c'est qu'il ne pouvait mieux faire. »
Que me dit maintenant votre poème? « Souffre à jamais, malheureux ! S'il est un Dieu qui t'ait créé, sans doute qu'il est tout-puissant, il pouvait prévenir tous tes maux; n'espère donc jamais qu'ils finissent, car on ne saurait voir pourquoi tu existes, si ce n'est pour souffrir et mourir. » Je ne sais ce qu'une pareille doctrine peut avoir de plus consolant que l'optimisme et que la fatalité même pour moi, j'avoue qu'elle me parait plus cruelle encore que le manichéisme. Si l'embarras de l'origine du mal vous forçait d'altérer quelqu'une des perfections de Dieu, pourquoi vouloir justifier sa puissance aux dépens de sa bonté? S'il faut choisir entre deux erreurs, j'aime encore mieux la première.
Vous ne voulez pas, monsieur, qu'on regarde votre ouvrage comme un poème contre la Providence, et je me garderai bien de lui donner ce nom, quoique vous ayez qualifié de livre contre le genre humain 2 un écrit où je plaidais la cause du genre humain contre lui-même. Je sais la distinction qu'il faut faire entre les intentions d'un auteur et les conséquences qui peuvent se tirer de sa doctrine. La juste défense de moi-même m'oblige seulement à vous faire observer qu'en peignant les misères humaines mon but était excusable, et même louable, à ce que je crois car je montrais aux hommes comment ils faisaient leurs malheurs eux-mêmes, et par conséquent comment ils les pouvaient éviter.
Je ne vois pas qu'on puisse chercher la source du mal moral ailleurs que dans l'homme libre, perfectionné, partant corrompu; et quant aux maux physiques, si la matière sensible et impassible est une contradiction, comme il me le semble, ils sont inévitables dans tout système dont l'homme fait partie, et alors la question n'est point pourquoi l'homme n'est pas parfaitement heureux, mais pourquoi il existe. De plus, je crois avoir montré qu'excepté la mort, qui n'est presque un mal que par les préparatifs dont on la fait précéder, la plupart de nos maux physiques sont encore notre ouvrage. Sans quitter votre sujet de Lisbonne, convenez, par exemple, que la nature n'avait point rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages, et que si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également, et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre, et peut- être nul. Tout eût fui au premier ébranlement, et on les eût vus le lendemain, à vingt lieues de là, tout aussi gais que s'il n'était rien arrivé. Mais il faut rester, s'opiniâtrer autour des masures, s'exposer à de nouvelles secousses, parce que ce qu'on laisse vaut mieux que ce qu'on peut emporter. Combien de malheureux ont péri dans ce désastre pour vouloir prendre, l'un ses habits, l'autre ses papiers, l'autre son argent ? Ne sait-on pas que la personne de chaque homme est devenue la moindre partie de lui-même, et que ce n'est presque pas la peine de la sauver quand on a perdu tout le reste ?
Vous auriez voulu, et qui ne l'eût pas voulu de même, que le tremblement se fût fait au fond d'un désert plutôt qu'à Lisbonne. Peut-on douter qu'il ne s'en forme aussi dans les déserts? Mais nous n'en parlons point, parce qu'ils ne font aucun mal aux messieurs des villes, les seuls hommes dont nous tenions compte. Ils en font peu même aux animaux et aux sauvages qui habitent épars ces lieux retirés, et qui ne craignent ni la chute des toits ni l'embrasement des maisons. Mais que signifierait un pareil privilège ? Serait-ce donc à dire que l'ordre du monde doit changer selon nos caprices, que la nature doit être soumise à nos lois, et que, pour lui interdire un tremblement de terre en quelque lieu, nous n'avons qu'à y bâtir une ville ?
Il y a des événements qui nous frappent souvent plus ou moins selon les faces sous lesquelles on les considère, et qui perdent beaucoup de l'horreur qu'ils inspirent au premier aspect, quand on veut les examiner de près. J'ai appris dans Zadig 3, et la nature me confirme de jour en jour qu'une mort accélérée n'est pas toujours un mal réel, et qu'elle peut quelquefois passer pour un bien relatif. De tant d'hommes écrasés sous les ruines de Lisbonne, plusieurs sans doute ont évité de plus grands malheurs; et malgré ce qu'une pareille description a de touchant et fournit à la poésie, il n'est pas sûr qu'un seul de ces infortunés ait plus souffert que si, selon le cours ordinaire des choses, il eût attendu dans de longues angoisses la mort qui l'est venue surprendre. Est-il une fin plus triste que celle d'un mourant qu'on accable de soins inutiles, qu'un notaire et des héritiers ne laissent pas respirer, que les médecins assassinent dans son lit à leur aise, et à qui des prêtres barbares font avec art savourer la mort ! Pour moi, je vois partout que les maux auxquels nous assujettit la nature sont beaucoup moins cruels que ceux que nous y ajoutons.
Mais quelque ingénieux que nous puissions être à fomenter nos misères à force de belles institutions, nous n'avons pu jusqu'à présent nous perfectionner au point de nous rendre généralement la vie à charge, et de préférer le néant à notre existence; sans quoi le découragement et le désespoir se seraient bientôt emparés du plus grand nombre, et le genre humain n'eût pu subsister longtemps. Or s'il est mieux pour nous d'être que de n'être pas, c'en serait assez pour justifier notre existence, quand même nous n'aurions aucun dédommagement à attendre des maux que nous avons à souffrir, et que ces maux seraient aussi grands que vous les dépeignez. Mais il est difficile de trouver sur ce sujet de la bonne foi chez les hommes et de bons calculs chez les philosophes, parce que ceux-ci, dans la comparaison des biens et des maux, oublient toujours le doux sentiment de l'existence, indépendant de toute autre sensation, et que la vanité de mépriser la mort engage les autres à calomnier la vie, à peu près comme ces femmes qui, avec une robe tachée et des ciseaux, prétendent aimer mieux des trous que des taches.
Vous pensez avec Érasme que peu de gens voudraient renaître aux mêmes conditions qu'ils ont vécu, mais tel tient sa marchandise fort haute, qui en rabattrait beaucoup s'il avait quelque espoir de conclure le marché. D'ailleurs, monsieur, qui dois-je croire que vous avez consulté sur cela? des riches peut-être, rassasiés de faux plaisirs, mais ignorant les véritables; toujours ennuyés de la vie, et tremblant de la perdre? peut-être des gens de lettres, de tous les ordres d'hommes le plus sédentaire, le plus malsain, le plus réfléchissant, et par conséquent le plus malheureux? Voulez-vous trouver des hommes de meilleure composition, ou, du moins, communément plus sincères, et qui, formant le plus grand nombre, doivent au moins pour cela être écoutés par préférence? Consultez un honnête bourgeois qui aura passé une vie obscure et tranquille, sans projets et sans ambition; un bon artisan qui vit commodément de son métier; un paysan même, non de France où l'on prétend qu'il faut les faire mourir de misère afin qu'ils nous fassent vivre, mais du pays, par exemple, où vous êtes, et généralement de tout pays libre; j'ose poser en fait qu'il n'y a peut-être pas dans le Haut-Valais un seul montagnard mécontent de sa vie presque automate, et qui n'acceptât volontiers, au lieu même du paradis, le marché de renaitre sans cesse pour végéter ainsi perpétuellement. Ces différences me font croire que c'est souvent l'abus que nous faisons de la vie qui nous la rend à charge; et j'ai bien moins bonne opinion de ceux qui sont fâchés d'avoir vécu que de celui qui peut dire avec Caton Nec me vixisse pœnitet, quoniam ila vixi ut frustra me natum non existimem 4. Cela n'empêche pas que le sage ne puisse quelquefois déloger volontairement, sans murmure et sans désespoir, quand la nature ou la fortune lui portent bien distinctement l'ordre du départ. Mais selon le cours ordinaire des choses, de quelques maux que soit semée la vie humaine, elle n'est pas, à tout prendre, un mauvais présent; et si ce n'est pas toujours un mal de mourir, c'en est fort rarement un de vivre. Nos différentes manières de penser sur tous ces articles m'apprennent pourquoi plusieurs de vos preuves sont peu concluantes pour moi car je n'ignore pas combien la raison humaine prend plus facilement le moule de nos opinions que celui de la vérité, et qu'entre deux hommes d'avis contraire, ce que l'un croit démontré n'est souvent qu'un sophisme pour l'autre.
Quand vous attaquez, par exemple, la chaîne des êtres si bien décrite par Pope, vous dites qu'il n'est pas vrai que si l'on ôtait un atome du monde le monde ne pourrait subsister. Vous citez là-dessus M. de Crousaz 5 puis vous ajoutez que la nature n'est asservie à aucune mesure précise ni à aucune forme précise; que nulle planète ne se meut dans une courbe absolument régulière; que nul être connu n'est d'une figure précisément mathématique que nulle quantité précise n'est requise pour nulle opération; que la nature n'agit jamais rigoureusement; qu'ainsi on n'a aucune raison d'assurer qu'un atome de moins sur la terre serait la cause de la destruction de la terre. Je vous avoue que, sur tout cela, monsieur, je suis plus frappé de la force de l'assertion que de celle du raisonnement, et qu'en cette occasion je céderais avec plus de confiance à votre autorité qu'à vos preuves. A l'égard de M. de Crousaz, je n'ai point lu son écrit contre Pope 6, et ne suis peut-être pas en état de l'entendre; mais ce qu'il y a de très-certain, c'est que je ne lui céderai pas ce que je vous aurai disputé, et que j'ai tout aussi peu de foi à ses preuves qu'à son autorité. Loin de penser que la nature ne soit point asservie à la précision des quantités et des figures, je croirais tout au contraire qu'elle seule suit à la rigueur cette précision, parce qu'elle seule sait comparer exactement les fins et les moyens, et mesurer la force à la résistance. Quant à ses irrégularités prétendues, peut-on douter qu'elles n'aient toutes leur cause physique? Et suffit-il de ne la pas apercevoir pour nier qu'elle existe ? Ces apparentes irrégularités viennent sans doute de quelques lois que nous ignorons, et que la nature suit tout aussi fidèlement que celles qui nous sont connues; de quelque agent que nous n'apercevons pas, et dont l'obstacle ou le concours a des mesures fixes dans toutes ses opérations; autrement il faudrait dire nettement qu'il y a des actions sans principe et des effets sans cause, ce qui répugne à toute philosophie. Supposons deux poids en équilibre, et pourtant inégaux; qu'on ajoute au plus petit la quantité dont ils diffèrent ou les deux poids resteront encore en équilibre, et l'on aura une cause sans effet, ou l'équilibre sera rompu, et l'on aura un effet sans cause. Mais si les poids étaient de fer, et qu'il y eût un grain d'aimant caché sous l'un des deux, la précision de la nature lui ôterait alors l'apparence de la précision, et à force d'exactitude elle paraîtrait en manquer. Il n'y a pas une figure, pas une opération, pas une loi, dans le monde physique, à laquelle on ne puisse appliquer quelque exemple semblable à celui que je viens de proposer sur la pesanteur. Vous dites que nul être connu n'est d'une figure précisément mathématique je vous demande, monsieur, s'il y a quelque figure possible qui ne le soit pas, et si la courbe la plus bizarre n'est pas aussi régulière aux yeux de la nature qu'un cercle parfait aux nôtres. J'imagine, au reste, que si quelque corps pouvait avoir cette apparente régularité, ce ne serait que l'univers même, en le supposant plein et borné car les figures mathématiques n'étant que des abstractions, n'ont de rapport qu'à elles-mêmes, au lieu que toutes celles des corps naturels sont relatives à d'autres corps et à des mouvements qui les modifient. Ainsi cela ne prouverait encore rien contre la précision de la nature, quand même nous serions d'accord sur ce que vous entendez par ce mot de précision.
Vous distinguez les événements qui ont des effets, de ceux qui n'en ont point; je doute que cette distinction soit solide. Tout événement me semble avoir nécessairement quelque effet ou moral, ou physique, ou composé des deux, mais qu'on n'aperçoit pas toujours, parce que la filiation des événements est encore plus difficile à suivre que celle des hommes. Comme, en général, on ne doit pas chercher des effets plus considérables que les événements qui les produisent, la petitesse des causes rend souvent l'examen ridicule, quoique les effets soient certains, et souvent aussi plusieurs effets presque imperceptibles se réunissent pour produire un événement considérable. Ajoutez que tel effet ne laisse pas d'avoir lieu quoiqu'il agisse hors du corps qui l'a produit. Ainsi la poussière qu'élève un carrosse peut ne rien faire à la marche de la voiture, et influer sur celle du mon

Lire la suite

07/08/2012 | Lien permanent

tous les ministres, savent assez quelle est la conduite punissable de cet homme. C’est tout ce que je puis vous dire, et

... Eric Zemmour ne se sent plus pisser , L'Heureux-con-quête des voix en perdant la sienne, ce dégonflé n'a pas osé faire taire ceux qui hurlaient "Macron assassin" alors qu'il fait appel et fait applaudir les plus grands guignols de la droite , des fonds de panier avariés . Zemmour , tu ne seras pas même chef de classe, c'est écrit  .

 

 

« A Alexandre-Frédéric-Jacques Masson, marquis de Pezay

22è décembre 1766 1

L’amitié que vous me témoignâtes, monsieur, dans votre séjour à Ferney, et les sentiments que vous m’inspirâtes, me mettent en droit de me plaindre à vous de M. Dorat  2. Il m’a confondu d’une manière bien désagréable avec Jean-Jacques 3, et il a trop oublié que l’ingratitude de ce malheureux envers M. Hume, son bienfaiteur, et son infâme conduite envers moi, sont des choses très essentielles qui blessent la société, et dans lesquelles le seul agresseur a tort. Ce n’est pas là un objet de plaisanterie. Ce malheureux m’a calomnié pendant un an auprès de M. le prince de Conti et de madame la duchesse de Luxembourg. Il a eu la basse hypocrisie de signer entre les mains d’un cuistre, à Neuchâtel, qu’il écrivait contre M. Helvétius, l’un de ses bienfaiteurs, et il accusait M. Helvétius d’un matérialisme grossier 4. Il m’a de même accusé presque juridiquement ; il a insulté tous ceux qui l’ont nourri.

Encore une fois, monsieur, il n’est point question ici de ses mauvais livres et des querelles de littérature ; il s’agit des procédés les plus lâches et les plus coupables. M. le duc de Choiseul, et tous les ministres, savent assez quelle est la conduite punissable de cet homme. C’est tout ce que je puis vous dire, et je vous prie de le dire à M. Dorat, dont vous savez que je ne vous ai jamais parlé qu’avec la plus grande estime.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.»

2 L’Avis aux sages du siècle, M. Voltaire et Rousseau, par Dorat, se terminait ainsi : Soyez toujours nos bienfaiteurs,/ Et, plus dignes de nos hommages, / Achevez enfin par vos mœurs / Ce qu’ont ébauché vos ouvrages .

Voir page 224 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774837n/texteBrut

Lire la suite

27/03/2022 | Lien permanent

Tout est inutile jusqu'à présent . Mais peut-être cet arbre portera fruit en son temps

... Je vais partager l'optimisme de Voltaire , en l'adaptant aux prévisions de nos gouvernants , mais est-ce  bien raisonnable ?

Faudra-t-il abattre l'arbre et en faire du bois à feu, dernière solution douée d'un peu d'utilité ?

En faire du bois de menuiserie ? de cercueil des illusions ?

Récolter un jour des fruits, plus ou moins amers, acides qui font grincer les dents et hérisser le poil ?

 SUNP0030 donnera du fruit.png

 Verger du château de Voltaire en renouveau

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

Grâce aux bontés de messieurs Tronchin et Camp tout alla hier à merveille dans la masure de Tournay . Beaux habits, joli théâtre . Mais ce qu'il y a d'horrible, c'est qu'il n'y avait pas un Tronchin . Je vais les excommunier .

J'attends M. et Mme Chauvelin le 30 . Il se pourrait bien que M. Chauvelin fût secrétaire d’État , s'il n'est pas parti dimanche . Mais probablement il est actuellement à Lyon . Je vous prie de tout cas mon cher monsieur de garder mon billet doux pour son passage . S'il ne vient point, ayez la bonté de le lui envoyer . J'aurais un plaisir bien vif à le voir, mais je l'aime encore mieux ministre .

 

À vous seul

J'ai renouvelé une certaine négociation 1 entamée par vous il y a deux ans . On a écrit de part et d'autre . J'ai fait passer les lettres . Tout est inutile jusqu'à présent . Mais peut-être cet arbre portera fruit en son temps . »

1 Sur cette « négociation », voir lettre du 4 septembre 1759 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/04/que-vous-faites-bien-madame-de-vous-delivrer-de-tous-ces-ban-5461161.html

Voir aussi la lettre du 22 septembre 1759 de Frédéric citée en note dans la lettre du 1er septembre 1759 à la duchesse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/03/je-n-ai-ose-meler-ma-voix-au-bruit-des-canons-qui-ont-gronde.html

.Voir aussi lettre de V* à J.-R. Tronchin du 20 octobre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/10/toute-mon-ambition-se-borne-a-n-avoir-pas-la-colique.html , et lettres suivantes .

 

 

Lire la suite

09/11/2014 | Lien permanent

Ces archives des lois, ce vaste amas d'écrits, Tous ces fruits du génie, objets de vos mépris. Si l'erreur les dicta c

... Credo d'un Poutine, Xi Jinping, Erdogan and Co !

 

 

« A Mme Nicolas-Bonaventure Duchesne

Corrections essentielles à faire dans l'édition des pièces de théâtre.

Tome Ier

Page 28, vers dernier . Pour la dernière fois le sort guida vos pas , corrigez : Pour la dernière fois le Ciel guida vos pas .

Page 29, vers 27 . D'une commune voix Thèbes, corr. : D'une commune voix Thèbe.

P. 31, vers 4, mettez un point et une virgule après Je rapporte sa cendre ;

P.31, vers 10 . Tu me verras point, corr. : Tu ne me verras point .

P. 71, mettez un point et une virgule après le 23è vers .

P. 258, vers 21 . De ce conseil de Roi, corr. De ce conseil de Rois.

P. 259, mettez un point après le second vers .

(Toutes ces fautes et celles que le réviseur apercevra peuvent être indiquées .)

P. 282., après de vers Un cœur tel que le sien méritait d'être à vous, on a oublié ;

Titus

Non, c'en est fait , Titus ne sera point l'époux .

Messala

Pourquoi ? Quel vain scrupule à vos désirs s'oppose ?

Titus

Abominables lois que la cruelle impose, etc .

 

Tome II

Page 192, lignes 26 et 28 . Salcede , corr. : Jaurigni.

P. 226, vers Ier : on fait entrer, corr : ont fait entrer .

 

Tome III

P. 193, vers 15, attiré dans un piège, corr. : attiré dans le piège .

P. 235, après ce vers : D'où vient qu'à ses bienfaits vous n’avez point recours ? Mettez :

Oreste

Je chéris la vengeance et je hais l'infamie,

Ma main d'un ennemi n'a point vendu la vie.

Des intérêts secrets, seigneur, m’avaient conduit,

Cet âme les connut, il en fut seul instruit.

Sans implorer des rois je venge ma querelle.

etc.

Page 237, après ce vers : C'est m'acquitter vers vous bien moins que la punir,mettez :

Si de Priam jadis la race malheureuse

Traîna chez ses vainqueurs une chaîne honteuse

Le sang d'Agamemnon peut servir à son tour .

Clytemnestre

Qui moi ! Je souffrirais...

Ègiste

Eh ! Madame, en ce jour

Défendez-vous encor ce sang que je déteste ?

N'épargnez point Électre ayant proscrit Oreste.

(à Oreste )

Vous … laissez cette cendre à mon juste courroux, etc.

P. 273, vers 9è : ah ! Grands dieux ! Corrigez , ah ! Barbare !

P. 274, après mon fils … j'expie de ta main, mettez ainsi :

Je me meurs .

Électre

Ciel !

Iphise

Ô crime !

Électre

Ô destin ! Ô mon frère !

J'entends les derniers cris de ma mourante mère.

etc.

P. 275, vers 10 : ah ! Ne m'approchez pas, corr. : Cessez, n'approchez pas .

P. 276, dernier vers . Et des crimes des dieux, corr. : Et du crime des dieux.

Tome IV

P. 72, vers 5è . Que tes mânes sanglants, corr . : que tes membres sanglants.

P. 195, après les prodiges des arts consacrés pour les temps, mettez :

Respectez-les : il sont le prix de mon courage .

Qu'on cesse de livrer aux flammes, au pillage,

Ces archives des lois, ce vaste amas d'écrits,

Tous ces fruits du génie, objets de vos mépris.

Si l'erreur les dicta cette erreur m'est utile ;

Elle occupe ce peuple et le rend plus docile.

Octar, je vous destine à porter mes drapeaux.

Etc.

P.212, après , c'en est assez, volez, mettez la scène VI telle qu'elle est dans toutes les éditions des frères Cramer, laquelle scène finit le IIIè acte. Cette scène commence par ces vers :

Octar

Quels ordres donnez-vous 

Sur cet enfant des rois qu'on dérobe à vos coups?

Rétablissez aussi à la page 230 la scène II telle qu'elle est dans l'édition des frères Cramer .

Ne manquez pas d'imprimer Adélaïde Du Guesclin au lieu du Duc de Foix, puisque la tragédie du Duc de Foix n'était autre chose que celle d’Adélaïde Du Guesclin, à quelques vers près, le public l'a redemandée sous son véritable nom, et que c'est Adélaïde Du Guesclin que l'on représente et non pas Le Duc de Foix .

Voici ce qu'il faut observer dans l'édition de L’Écossaise.

1° Dans l’avertissement, toutes les fois qu'on trouvera ce mot f... avec des points poursuivants, il faut mettre frelon pour éviter les allusions trop licencieuses .

2° à la page 18 aux lignes 12,13,14, etc., la f... de f... mon m..., il faudra mettre : la femme de Frelonmon mari, etc., sans quoi on n'entendrait rien.

P. 25 de la préface, ligne 21, malheur à celui qui y tâche, mettez : malheur à celui qui tâche, et le mot tâche en lettres italiques.

P. 50, scène VII, corrigez cette scène ainsi .

Lady Alton ( ayant traversé avec colère le théâtre et prenant Fabrice par le bras ) : Suivez-moi, il faut que je vous parle .

Fabrice : A moi, madame ?

Lady Alton : Bon , bon, on tue tous les jours des gens qu'on ne connaît pas . Vous me tuez, vous dis-je .

Fabrice : Je vous tue ?

Lady Alton : Oui, suivez-moi , malheureux !

Fabrice : Quelle diablesse de femme !

Page 52, commencez ainsi la scène du IId acte.

Lindane : Eh ! Qui peut frapper ainsi , et que vois-je ?

Lady Alton : Connaissez-vous les grandes passions, mademoiselle ?

Lindane : Hélas ! Madame, voilà une étrange question.

Lady Alton : Connaissez-vous l'amour véritable ? Non pas l’amour insipide, l’amour langoureux, mais cet amour-là qui fait qu'on vous voit empoisonner sa rivale, tuer son amant, et se jeter ensuite par la fenêtre ?

Lindane : Mais c'est la rage dont vous me parlez là .

Lady Alton : Sachez que je n'aime pas autrement, que je suis jalouse, vindicative, furieuse, implacable .

Lindane : Tant pis pour vous , madame .

Lady Alton : Répondez-moi ; milord Murrai n'est-il pas venu ici quelquefois ?

(etc., comme dans l'imprimé .)

 

Tancrède

Page 151 , après des vers :

C'est lui qui découvrit dans une couse utile

Que Tancrède en secret a revu la Sicile .

Ôtez ces deux ver

Lire la suite

13/06/2023 | Lien permanent

Les sottises de cet animal ne sont que ridicules ; mais je ne reviens point des choses affreuses

... Oyez, oyez, Dr Zemmour a parlé : s'il est élu, il supprimera la pass sanitaire et réservera la dose de rappel Covid aux plus de 65 ans . Ô grand génie , omniscient, veux-tu remplacer le président de l'Académie de Médecine et le ministre de la Santé ? Il ne risque rien à dire cela, il n'est pas candidat et il va se prendre une veste s'il tente le coup .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

29 auguste 1766 1

Je vous envoie donc, mon cher ami, les lettres 2 très ennuyeuses, écrites, il y a vingt-deux ans, par un polisson. Ces lettres ne prouvent autre chose, sinon qu’il était alors un mauvais valet, et qu’il a toujours été ingrat et orgueilleux.

Je vous supplie de me renvoyer ces lettres le plus tôt que vous pourrez, non-seulement parce qu’elles me sont nécessaires, mais parce qu’on m’a fait promettre de ne m’en point dessaisir.

Il est triste qu’un pareil homme ait écrit cinquante bonnes pages 3. Cela fait souvenir d’un fripon qui, ayant ouvert un bon avis dans Athènes, fut déclaré indigne de bien penser ; et on fit proposer son avis par un homme de bien.

Mais vous savez que j’ai de plus grands sujets de chagrin que ceux qui peuvent venir de Jean-Jacques. Les sottises de cet animal ne sont que ridicules ; mais je ne reviens point des choses affreuses. Ma tristesse augmente, et ma santé diminue tous les jours ; je mourrai avec la douleur de voir les hommes devenir tous les jours plus méchants. Votre amitié vertueuse fait ma consolation.

Vous croyez bien que j’attends vos deux Hollandais 4 avec quelque impatience. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; édition Correspondance littéraire sans destinataire , d'après laquelle est faite la copie .

2 Les lettres de Rousseau à M. du Theil, mentionnées au début de la lettre du 11 août 1766 à Damilaville ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/11/06/on-voit-les-choses-de-loin-sous-des-points-de-vue-si-differents-qu-il-est-b.html )

, et dont un extrait est page 41 de https://fr.wikisource.org/wiki/Notes_sur_la_lettre_%C3%A0_Hume

3 La Profession de foi du vicaire savoyard, qui fait parie du troisième livre d’Émile, et seule pièce d'un autre que V* admise dans le Recueil nécessaire à l'exception du  « curé Meslier ».

4 Probablement le Recueil nécessaire .

Lire la suite

23/11/2021 | Lien permanent

Il est faux que j'aie jamais rien écrit contre la religion chrétienne ; j'ai toujours recommandé la religion et la tolér

... Enfin... presque !

 

 Résultat de recherche d'images pour "religion et tolérance humour"

http://meteopolitique.com/Fiches/Religion-Spiritualite-La...

 

 

« A Charles Pictet

[vers le 10 juillet 1762]

Je supplie monsieur le colonel Pictet de vouloir bien se faire mieux informer 1. Je ne suis point venu chercher un asile dans la république de Genève . Je n'y ai pris une maison de campagne que pour ma santé . Tout le monde sait que j'allais aux eaux d'Aix ; que M. le professeur Tronchin me les déconseilla et entreprit ma guérison . Je ne suis venu ici que comme cent autres étrangers que la réputation et la science de M. Tronchin y attirent .

J'ai acquis des terres dans le pays de Gex, parce que j'ai du bien dans les provinces voisines . Je pouvais suivre mon goût pour l’agriculture et pour la retraite dans d'autres terres en France, puisque le roi m'a toujours conservé ma charge de gentilhomme ordinaire de la chambre et m'a gratifié d'une pension depuis que je suis ici .

Il ne tenait qu’à moi de revenir auprès du roi de Prusse qui m'a fait l'honneur de m'écrire plusieurs fois, mais je ne l'ai pas voulu, et je ne l'ai pas dû .

J'ai toujours vécu dans la retraite ; et je n'ai couché que deux fois à Genève depuis huit années .

Je n'ai vu qu'une seule fois en ma vie le sieur Jean-Jacques Rousseau à Paris il y a vingt cinq ans 2.

Je suis si éloigné d'être son ennemi que je lui ai fait offrir, il y a quelques années, une de mes maisons pour rétablir sa santé .

Je n'ai point lu ses deux derniers livres ; j'en ai parcouru un à la hâte, ayant des occupations plus pressées, qui demandent tout mon temps .

Il est impossible qu'on ait pu prendre dans mon château de Ferney la résolution de condamner le sieur Rousseau , puisque j'habite depuis trois mois aux Délices où j'ai été malade à la mort .

J'ai été assez heureux pour rendre quelques services à des citoyens de Genève auprès du ministère de France . Voilà toute ma faction .

Je respecte tellement le conseil de Genève, que je n'ai parlé à aucun de ses membres ni du sieur Rousseau, ni de ses livres, cela ne convient pas à un étranger ; je ne m'informe jamais de ce qui se passe à Genève .

Il est faux que j'aie jamais rien écrit contre la religion chrétienne ; j'ai toujours recommandé la religion et la tolérance . Je suis très persuadé qu'un aussi honnête homme que monsieur Pictet, à la famille duquel je suis très attaché, sera fâché de m'avoir rendu si peu de justice .

Je l'assure de mes respectueux sentiments . »

1 Pictet avait écrit à Duvillars le 22 juin 1762 une lettre où il blâmait sévèrement la décision prise par le conseil de Genève à l'égard de Rousseau . Le texte en est conservé aux Archives de Genève, où est aussi enregistré l'ordre de destruction de cette lettre en présence de Pictet .

«  […] Je crois voir dans trois causes la source de cette sentence infamante ; l'une est l’engouement où l'on est de M. de Voltaire , la seconde qu'on aura cru faire sa cour à celle de Versailles, et on aura voulu en troisième lieu réparer par une démarche éclatante le mal que M. d'Alembert peut nous avoir fait par l'article « Genève » du Dictionnaire encyclopédique .

Le premier motif ne peut se justifier par aucun endroit , il n'est jamais permis de flétrir la réputation d'un auteur pour augmenter celle de son adversaire, et encore moins à un tribunal d'entrer dans des vues aussi odieuses ; en vérité, si cette sentence est émanée de Ferney, les moyens que les adhérents de M. de Voltaire emploient pour étayer sa réputation me paraissent bien plus propres à la détruire qu'à y contribuer ; je comprends qu'il faut que cette faction ait prévalu dans le conseil, car comment ne se serait-il pas aperçu de ce qu'il y a d'inconséquent dans sa sentence !

Ce tribunal flétrit par un jugement infâme un citoyen de la république qui a toujours jusqu'à présent bien mérité d'elle par ses démarches et par ses écrits ; on le condamne sur des matières sur lesquelles une explication plus ample eût peut-être ôté toute équivoque, pendant que le même tribunal permet qu'on imprime avec l'approbation publique les ouvrages d'un homme qui insulte à Genève et à la religion qu'on y professe, qui infecte tout ce qui l'environne du poison de ses sentiments erronés , et qui a fait à Genève plus de déistes que Calvin n'y a fait de protestants ; et en faveur de qui le conseil fait-il cette distinction ? en faveur d'un étranger, auquel on a accordé une retraite dans un temps où toute l'Europe la lui refusait ; j'avoue que cette sentence nous couvre de confusion, si l'esprit de parti l'a dictée , et qu'en ce cas elle fait plus de tort à Voltaire et à ses partisans qu'à Rousseau contre lequel elle a été exécutée […] »

Pour sa part, rendant compte des faits à Choiseul , le 12 juillet 1762, le baron de Montpéroux parle de la lettre en question, répandue dans la ville où l'on fait « la censure la plus vive de quelques ouvrages de [Voltaire] ». Il mentionne deux réponses dont l'une dont «  on soupçonne un citoyen attaché à M. de Voltaire d'être l'auteur ». Sur quoi « plusieurs personnes travaillent, pour venger Rousseau, à rassembler tout ce qui leur paraît attaquer la religion dans les ouvrages de M. de Voltaire, et veulent déférer ces extraits au Conseil en demandant qu'ils soient condamnés et flétris ». Montpéroux ajoute «  que l'on est occupé à empêcher les ennemis de cet auteur de faire cette démarche qui embarrasserait beaucoup le magistrat et le forcerait peut-être à sévir contre un étranger, après avoir condamné un citoyen » .

2 Ceci est probablement vrai .

 

Lire la suite

02/06/2017 | Lien permanent

Page : 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25