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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je serais mort en quatre jours, s'il me fallait vivre en homme du monde ; je suis tranquille au milieu du tintamarre, et

... "Le monde est peuplé d'imbéciles qui se battent contre des demeurés pour sauvegarder une société absurde." Jean Yanne, le génial .

https://www.topito.com/top-citations-jean-yanne

 

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian

12è octobre 1767, à Ferney

Il n'y a pas moyen, ma chère nièce, que je vous blâme de penser comme moi. Je vous sais très bon gré de passer votre hiver à la campagne . On n'est bien que dans son château. Consultez le roi; c'est ainsi qu'il en use, il ne passe jamais ses hivers à Paris. Le fracas des villes n'est fait que pour ceux qui ne peuvent s'occuper. Ma santé a été si mauvaise que je n'ai pu aller à Montbéliard, quoique ce voyage fût indispensable. Il y a un mois que je ne sors presque pas de mon lit. Je ne me suis habillé que pour aller voir une petite fête que votre sœur m'a donnée. Vous jugerez si la fête a été agréable, par les petites bagatelles ci-jointes 1. On vous enverra bientôt de Paris la petite comédie qu'on a jouée 2. M. de La Harpe et M. de Chabanon n'ont pas encore fini leurs pièces; et quand elles seraient achevées, je ne vois pas quel usage ils en pourraient faire dans le délabrement horrible où le théâtre est tombé.

Ferney est toujours le quartier général. Nous avons le colonel du régiment de Conti dans la maison, et trois compagnies dans le village. Les soldats nous font des chemins, les grenadiers me plantent des arbres ;Mme Denis, qui a été accoutumée à tout ce fracas à Landau et à Lille, s'en accommode à merveille. Je suis trop malade pour faire les honneurs du château. Je ne mange jamais au grand couvert ; je serais mort en quatre jours, s'il me fallait vivre en homme du monde ; je suis tranquille au milieu du tintamarre, et solitaire dans la cohue.

S'il me tombe quelque chose de nouveau entre les mains, je ne manquerai pas de vous l'envoyer à l'adresse que vous m'avez donnée.

Je m'imagine que M. de Florian ne perd pas son temps cet automne ; il aligne sans doute des allées , il fait des pièces d'eau et des avenues. Les pauvres Parisiens ne savent pas quel est le plaisir de cultiver son jardin, il n'y a que Candide 3 et nous qui ayons raison.

Je vous embrasse tous de tout mon cœur. »



1Les vers de Chabanon, qui sont imprimés à la page 142 de son Tableau de quelques circonstances de ma vie, 1795, in-8°; et sans doute quelques autres pièces de vers en l'honneur de Voltaire, dont la fête se célébrait le 4 octobre, jour de saint François son patron.

Voir lettre du 4 octobre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/12/ces-marauds-la-ne-valent-pas-la-plaisanterie-il-ne-faut-poin-6442855.html

2 Charlot, ou la Comtesse de Givry.

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18/05/2023 | Lien permanent

j'ai encore peine à l'en croire l'auteur

... A vrai dire, au contraire, je n'ai aucun doute sur les déclarations du président qui, aux yeux d'un nombre énorme de Français "se marche sur le sac" . "Elargir la majorité", beau programme pour rallier quelques députés et autres élus, mais ridiculement insuffisant pour calmer les citoyens qui , exprimant un sentiment d'infériorité , ne sont plus capables que de gueuler  leur haine . La France n'a pourtant pas les moyens de s'offrir une révolution .

https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des...

 

 

« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont

1er auguste 1767 à Ferney

J'ai reçu, monsieur, la lettre dont vous m'honorez du 22 juillet, mais non pas celle que vous m'annoncez du 21 par le major de la légion. Il faut qu'elle ait été perdue avec quelques autres.

Vous aviez bien raison, monsieur; le livre intitulé Les Hommes 1 n'est pas fait par un homme fin. Si celui du Soldat aux gardes 2 était en effet d'un soldat, il faudrait le faire aide-major; mais je soupçonne qu'il est du chevalier de La Tour, qui l'a mis, pour se réjouir, sous le nom d'un caporal de sa compagnie. Ce caporal m'a envoyé le livre avec une belle lettre, et j'ai encore peine à l'en 3 croire l'auteur.

Je suis pénétré de vos bontés; je voudrais pouvoir les mériter mais un pauvre anachorète ne peut vous présenter que ses regrets et son respect. Agréez, monsieur, ces sentiments de votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 Il n'est pas possible d'identifier cet ouvrage avec une vraisemblance suffisante pour tenter des conjectures .

3 Correction du texte édité par Besterman qui donne le pour l'en .

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07/03/2023 | Lien permanent

lui dire que je ne lui écris point parce que je suis malade

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"Je ne lui écris point parce que je suis malade " : et s'il avait eu le téléphone, je parie que Volti aurait dit qu'il n'avait pas le réseau, ou plus de batterie, ou plus d'abonnement ! Visiblement il a le cul entre deux chaises avec ses illustrateurs de La Henriade et ménage la chèvre et le chou.

Dure vie que celle d'auteur du XVIII ème qui doit s'occuper de tout - je dis bien de TOUT - pour enfin paraitre et s'exprimer .

Douce vie pour les auteurs modernes à qui on mâche le travail dans les grosses maisons d'édition. Je parie qu'ils ne connaissent même pas leur bonheur d'écrire au XXIème siècle.

Mais cette fois encore, Volti mènera, par sa ténacité, son ouvrage au public.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

                            En arrivant à Ussé [chez le marquis d’Ussé, entre Tours et Chinon], j’avais la plume à la main pour vous écrire lorsque dans le moment j’ai reçu votre lettre datée du 3è ; la conversation de Genonville [ son « vieil ami » La Faluère de Genonville –fils d’un ancien président à mortier au parlement de Bretagne – avec qui V* est resté en bons termes quoique celui-ci lui eût enlevé sa maitresse Suzanne de Livry lors de son séjour à La Bastille, V* l’ayant reconquise ensuite ; les relations avec Genonville se refroidirent à propos de la publication de La Henriade ] , vous a inspiré un esprit de critique que je m’en vais adoucir ; vous saurez que dans le marché que j’ai fait avec Levier [Le Viers , car il n’a pas obtenu le privilège en France suite au véto de Fleury, précepteur de Louis XV] à La Haye j’ai stipulé expressément que je me réservais  le droit de faire imprimer mon poème partout où je voudrais, je suis convenu avec lui que supposé que l’ouvrage pût se débiter en France je ferais mettre à la tête le nom du libraire de Paris qui le vendrait, avec le nom du libraire de La Haye . Mon dessein donc est que le public soit informé que le livre se débitera à Paris comme en Hollande afin de ne point effaroucher les souscripteurs [souscription annoncée dans la Gazette de Hollande les 6,16 et 23 octobre 1722, et dans le Mercure de France de novembre ], selon les idées que j’ai toujours eues sur cela et qui ont été invariables.

 

                            Quel démenti aurai-je donc ? et que pourra me reprocher la canaille d’auteurs quand mon ouvrage paraitra imprimé en Hollande et sera débité en France ? [Fuzelier se moque dans Arlequin-Persée de la souscription « urbi et orbi » ; cette édition franco-hollandaise est mal vue ] quel ridicule sera-ce à moi de voir mon poème être reçu dans ma patrie avec l’approbation des supérieurs ? Je n’ai que faire d’écrire au cardinal [Cardinal Dubois ]. Je viens de recevoir un billet du garde des Sceaux [ depuis février 1722 : Armenonville ] qui me croyait à Paris, et qui m’ordonnait de venir lui parler, apparemment au sujet de mon livre. C’est à lui que je vais écrire pour lui expliquer mes intentions.

 

                            A l’égard de M. de Troy, c’est de tout mon cœur et avec autant de plaisir que de reconnaissance que je verrai le dessin du frontispice exécuté de sa main, je vous prie de l’en remercier de ma part. Et de lui dire que je ne lui écris point parce que je suis malade. Vous pouvez fort bien dire à M. Coypel que les retardements qu’il apporte sont préjudiciables à l’édition de l’ouvrage, qu’ainsi vous croyez que je serai assez honoré et assez content quand je n’aurai que deux dessins de sa façon. S’il persiste à vouloir pour lui le dessin qui doit être à la tête, vous pourrez lui dire tout simplement qu’il est juste que ce soit un morceau pour le professeur [De Troy ] qui sans cette préférence ne voudra pas livrer ses dessins. Si cette déclaration le fâche, et si par là vous le mettez au point de refuser le tout, alors ce sera moi qui aurai à me plaindre de lui, et non lui de moi. En ce cas, vous exagèrerez auprès de lui l’estime que je fais de ses talents et la douleur où je serai de n’être point embelli par lui. Remerciez bien de Troy et Galloches, dites-leur que je leur écrirai incessamment, tâchez de consommer au plus vite cette négociation, j’ai trouvé  Ussé un peintre qui me fera fort bien mes vignettes [ Durand , que V* dira à Thiriot avoir été « vu à la comédie. Il était mauvais acteur et il est assez bon peintre » 12 décembre ]. Écrivez moi un peu des nouvelles des actions .Genonville ne peut rien auprès des Pâris que par M. de Maisons qui a déjà été refusé comme vous savez. J’écrirai une lettre très forte à Mme la maréchale [Maréchale de Villars] et je profiterai de mon loisir pour en faire une en vers aux Pâris où je serai inspiré par mon amitié [V* veut obtenir que ces banquiers « fassent quelque chose » pour Thiriot ] qui est assurément un Apollon assez vif. Adieu.

 

                            Voltaire

                            Le 5 décembre 1722 à Ussé. »

 

 

 

 

 

Pour mieux apprécier ce Jean-Francois De Troy que Volti considère comme un « professeur » :

http://www.artcyclopedia.com/artists/troy_jean-francois_d...

http://www.universalis.fr/encyclopedie/T323193/DE_TROY_LE...

 

Quand au Coypel, (Charles-Antoine pour les intimes ), source de « retardements » mais dont on aura « la douleur de n’être point embelli par lui » :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Antoine_Coypel

http://www.artcyclopedia.com/artists/coypel_charles-antoi...

 

 

 

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"Je suis, Madame, votre très humble et très dévoué ... amant ! "

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05/12/2009 | Lien permanent

Je ne sais, Dieu merci, aucune nouvelle ; il me semble qu'il y a plus de quinze jours qu'on n'a massacré personne

... Et il faut bien être complètement isolé du monde moderne , source inépuisable et ininterrompue de nouvelles, pour pouvoir s'imaginer une période de quinze jours sans massacre humain .

Rien que les quelques minutes nécessaires à la rédaction de ces quelques lignes, combien d'humains sont passés de vie à trépas par la main et les armes d'autres humains ? Je ne sais, mais c'est surement un nombre qui donne le vertige à tout être sensé .

 jeu de massacre.jpg


Ah ! qu'il est bon le temps des vacances quand les évènements du monde restent virtuels, qu'il n'y a que le ici et maintenant qui compte, et que cet ici et maintenant est fort agréable, ou au pire pas désagréable  . Je vous souhaite de le vivre aussi souvent que possible .

 

 

 

« A M. Élie BERTRAND.

premier pasteur de l’Église française

à Berne

Aux Délices, 9 mai [1758].

Vraiment, mon cher philosophe, il vous est venu là une très bonne idée. Vous pouvez donner aisément une cinquantaine d'articles d'histoire naturelle, et surtout l'article Tremblement de terre vous est dévolu de droit. Je vais sur-le-champ écrire aux encyclopédistes, et leur donner part du service que vous voulez bien leur rendre. J'insisterai pour qu'on vous envoie les exemplaires déjà imprimés.

J'ai été fort malade à Lausanne. Les Délices réparent un peu le mal que Lausanne m'a fait. Je ne sais si M. de Freudenreich ne viendra pas cette année dans nos cantons; je me flatte qu'en ce cas vous serez du voyage, et que j'aurai l'honneur de recevoir dans mon petit ermitage les personnes à qui je suis le plus attaché. Vous verrez mes petites Délices un peu plus ajustées qu'elles n'étaient. Je cultive aussi l'histoire naturelle mais c'est en plantant des arbres, en faisant des terrasses, des allées, des potagers. Je fais plus de cas d'une bonne pêche que de toutes les coquilles du monde.

J'ai reçu votre Gazette italienne 1 des fantaisies qui passent par la tête de nous autres écrivains en Europe. On écrit tant que je suis honteux d'écrire; mais cela amuse. Quand faudra-t-il envoyer le payement de ce journal ? et à qui ?

Je ne sais, Dieu merci, aucune nouvelle ; il me semble qu'il y a plus de quinze jours qu'on n'a massacré personne. C'est une époque singulière.

Mille respects, je vous prie, à M. et à Mme de Freudenreich. Nous avons une assez bonne comédie aux portes de Genève. Cette ville n'a point encore de théâtre comme Amsterdam mais quand il y aura quelques millions de plus dans la ville, il faudra bien alors avoir du plaisir.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

V. »

 

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16/08/2013 | Lien permanent

la Riforma d’Italia  a beaucoup de réputation en Europe, et fait espérer de très grands changements

... N'exagérons pas, ces "changements" n'ont de grand que leur publicité, il s'agit d'un accord migratoire Italie-Albanie qui prend effet en ce mois de  mai (et avec des mais, beaucoup de mais ) et de "réputation" mauvaise  au Conseil de l'Europe : https://www.euractiv.fr/section/international/news/accord...

Aux homme d'affaire peu sentimentaux et qui veulent faire des placements en Albanie, les appels d'offres sont lancés , l'assistance aux personnes est un business qui peut être juteux, les ripoux sont en marche . Les migrants n'ont dès le premier instant pas d'espoir de succès, c'est écrit : "Une fois leur demande traitée, quelle qu’en soit l’issue, ils seront expulsés du territoire albanais."

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port de Shëngjin, où les procédures de débarquement et d’identification seront effectuées

On n'y tournera pas Camping 4 .

 

 

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli

Senatore di Bologna, etc.

à Vérone

Italie

21è octobre à Ferney

Une tragédie italienne dans le goût français 1 ! Monsieur, c’est le plus grand honneur que l’Italie, la mère des arts, puisse faire à la France, sa fille. Je souhaite passionnément de voir cet ouvrage. Vous pourriez avoir la bonté de me l’envoyer par les voitures de Milan à Lyon, à l’adresse de M. Tabareau, directeur général des postes de Lyon. Mais je vous demande en grâce que le caractère en soit bien lisible. Il faut ménager les yeux d’un vieillard qui est presque aveugle.

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien présenter mes respects à M.le chevalier Carli et de vouloir bien recevoir les miens. Pardonnez à l’état où je suis si mes lettres sont si courtes et si rares.

Vous allez donc réformer le théâtre italien ; c’est le temps, ou jamais. Le livre intitulé la Riforma d’Italia 2 a beaucoup de réputation en Europe, et fait espérer de très grands changements.

Permettez-moi de vous embrasser avec amitié et sans cérémonie. »

1 Erizia, de Giovanni Stefano Carli ; voir lettre du 3 janvier 1769 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7440

et du 31 mars 1769 à Carli :

et : https://archive.org/details/laeriziatragedia00carl/page/n1/mode/2up

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05/05/2024 | Lien permanent

C’est chez moi que mûrit la figue à côté du melon

... La paternité de cette phrase est disputée entre l'Elysée et les chefs de tous les partis d'opposition sans exception .

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Bien divisés !

oui ! mais bien accompagnés ?

 

 

« A Jean-François de Saint-Lambert

Au château de Ferney par Genève 7è mars 1769

Je reçus hier matin, monsieur, le présent dont vous m’avez honoré 1, et vous vous doutez bien à quoi je passai ma journée. Il y a bien longtemps que je n’ai goûté un plaisir plus pur et plus vrai. J’avais quelques droits à vos bontés comme votre confrère dans un art très difficile, comme votre ancien ami, et comme agriculteur. Vous aurez beaucoup d’admirateurs ; mais je me flatte d’avoir senti le charme de vos vers et de vos peintures plus que personne. Je crois me connaître un peu en vers . Les grands plaisirs, dans tous les arts, ne sont que pour les connaisseurs.

J’ai éprouvé, en vous lisant, une autre satisfaction encore plus rare, c’est que vous avez peint précisément ce que j’ai fait :

Ô que j’aime bien mieux ce modeste jardin
Où l’art en se cachant fécondait le terrain !
etc., etc. 2

Voilà mon aventure ; de longues allées où, parmi quelques ormeaux et mille autres arbres, on cueille des abricots et des prunes : des troupeaux qui bondissent entre un parterre et des bosquets : un petit champ que je sème moi-même, entouré d’allées agréables ; des vignes, au milieu desquelles sont des promenades ; au bout des vignes, des pâturages, et au bout des pâturages, une forêt.

C’est chez moi que mûrit la figue à côté du melon 3, car je crois que vous n’avez guère de figues en Lorraine. Je dois donc vous remercier d’avoir dit si bien ce que j’aurais dû dire.

Je vous assure que mon cœur a été bien ému en lisant les petites leçons que vous donnez aux seigneurs des terres, dans votre troisième chant. Il est vrai que je n’habite pas le donjon de mes ancêtres 4, je n’aime en aucune façon les donjons ; mais du moins je n’ai pas fait le malheur de mes vassaux et de mes voisins. Les terres que j’ai défrichées, et un peu embellies, n’ont vu couler que les larmes des Calas et des Sirven, quand ils sont venus dans mon asile. J’ai quadruplé le nombre de mes paroissiens ; et, Dieu merci, il n’y a pas un pauvre.

Nec doluit miserans inopem aut invidit habenti .5

En vous remerciant de tout mon cœur du compliment fait à l’intendant qui exigeait si à propos des corvées, et qui servait si bien le roi que les enfants en mouraient sur le sein de leurs mères 6. Chaque chant a des tableaux qui parlent au cœur. Pourquoi citez-vous Thompson 7 ? C’est le Titien qui loue un peintre flamand.

Votre quatrième, qui paraît fournir le moins, est celui qui rend le plus. Je ne crains point d’être aveuglé par la reconnaissance extrême que je vous dois 8. Il m’a charmé très indépendamment de la générosité courageuse avec laquelle vous parlez d’un homme si longtemps persécuté par ceux qui se disaient gens de lettres .

J’ai un remords : c’est d’avoir insinué à la fin du siècle présent, qui termine le grand Siècle de Louis XIV, que les beaux-arts dégénéraient 9. Je ne me serais pas ainsi exprimé si j’avais lu vos Quatre Saisons un peu plus tôt. Votre ouvrage est un chef-d’œuvre ; les Quatres Saisons et le quinzième chapitre de Bélisaire sont deux morceaux au-dessus du siècle. Ce n’est pas que je les mette à côté l’un de l’autre, je sais le profond respect que la prose doit à la poésie ; c’est ce que Montesquieu ne savait pas, ou voulait ne pas savoir. Écrit en prose qui veut, mais en vers qui peut. Il est plus difficile de faire cent beaux vers que d’écrire toute l’histoire de France. Aussi qui fait beaucoup de bons vers de suite ? presque personne. On a osé faire des tragédies depuis Racine ; mais ce sont des tragédies en rimes, et non pas en vers. Nos Welches du parterre et des loges, qu’on a eu tant de peine à débarbariser 10, se doutent rarement si une pièce est bien écrite. Le nombre des vrais poètes et des vrais connaisseurs sera toujours extrêmement petit ; mais il faut qu’il le soit, c’est le petit nombre des élus. Moins il y a d’initiés, plus les mystères sont sacrés.

Je suis fâché que vous ayez écrit français avec un o ; c’est la seule chose que je vous reproche. Sans doute vous serez des nôtres à la première place vacante 11. Si c’est la mienne, je m’applaudis de vous avoir pour successeur. Nous avons besoin d’un homme comme vous contre les ennemis du bon goût, et contre ceux de la raison. Ces derniers commencent à être dans la boue ; mais ils trépignent si fort qu’ils excitent quelquefois de petits nuages. Il faudrait se donner le mot de ne jamais recevoir aucun de ces messieurs-là.

À propos, pourquoi votre livre dit-il qu’il est imprimé à Amsterdam ? Est-ce que Paris n’en est pas digne ? N’y a-t-il que le Journal chrétien et les décrets de la Sorbonne qui puissent être imprimés dans la capitale des Welches ? 

Je finis en vous remerciant, en vous admirant, et en vous aimant.

V. »



1 Les Saisons, poème, 1769, in-8° et in-12.

2 Les Saisons, chant I, vers 307-308 , page 10 de https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Printemps_(Saint-Lambert)

4 Dans le troisième chant des Saisons, vers 204 , page 76 de https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Automne_(Saint-Lambert)

Saint-Lambert a dit : « Habite le donjon qu’habitaient ses ancêtres ! » ( ou autre version : « Se plaît dans Le séjour qu’ont bâti ses ancêtres » )

5 Virgile, Géorgiques , II, v. 499 ; le vers ne commence pas par nec mais par tua ; V* a dû rétablir la négation : Et il ne s'affligea pas à déplorer le sort du pauvre ni ne porta pas envie à qui possédait .

6 Allusion à un passage des Saisons II, vers 417-466, page 46 et suiv. : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%89t%C3%A9_(S...)

7 James Thompson, fameux auteur des Seasons ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Saisons_(James_Thomson)

8 Voltaire est appelé« Va

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09/09/2024 | Lien permanent

ménager l'impatience des lecteurs français, qui d'ordinaire ne peut souffrir dans une ode que quinze ou vingt strophes t

... Les paroles s'envolent, les écrits restent, dit-on . Nous sommes arrivés au siècle de l'audio-visuel, que diable et l'on ne dissocie plus guère l'écrit de l'oral, le vu de l'entendu . Hommes politiques gagnés par la fièvre d'écrivaillons ( entretenue par la fièvre de bons revenus pour les éditeurs, directement ou par envoi d'ascenseur ) votre peine est aussi vaine que vos mensonges ont été gros . Qui est encore assez ballot pour se coltiner les états d'âme d'un orgueilleux profiteur . Hommes d'état, vous n'êtes plus des De Gaulle . Plutôt des "Que Dalle" !

 

« A Ponce-Denis Écouchard Le Brun

Au château de Ferney, pays de Gex en Bourgogne

par Genève 30è janvier 1761

Permettez-moi, monsieur, d'être aussi en colère contre vous que je me sens pour vous d'estime et d'amitié . Vous auriez bien dû m’envoyer plus tôt la lettre insolente de ce coquin de Fréron depuis la page 145 jusqu'à la page 164 1. Je n’insisterai point ici sur les mauvaises critiques qu'il fait de votre ode . Parmi ses censures de mauvaise foi, il y en a quelques unes qui pourraient éblouir 2, et si vous réimprimez votre ode, je vous demande en grâce de consulter quelque ami d'un goût sévère, et surtout de ménager l'impatience des lecteurs français, qui d'ordinaire ne peut souffrir dans une ode que quinze ou vingt strophes tout au plus . Le sujet est si beau, et il y a dans votre ode des morceaux si touchants, que vous vous êtes vous-même imposé la nécessité de rendre votre ouvrage parfait . Un des grands moyens de le perfectionner, est de l'accourcir, et de sacrifier quelques expressions auxquelles l'oreille française n'est pas accoutumée ; je n'ai jamais fait un ouvrage de longue haleine, sans consulter mes amis . M. d'Argental m'a fait corriger plus de deux cents vers dans Tancrède ; et m'en a fait retrancher plus de cent ; et la pièce est encore très loin de mériter les bontés dont il l'a honorée .

Croyez-moi, monsieur, il faut que nos ouvrages appartiennent à nos amis et à nous .

Vir bonus ac prudens versus reprehendes inertes,

Culpabit duros ...etc.3

Je me sens vivement intéressé à votre gloire, et je crois qu'il vous sera très aisé de rendre toute votre ode digne de votre génie, de la noblesse d’âme qui vous l'a inspirée, et du sujet intéressant qui en est l'objet .

Vous me pardonnerez sans doute la liberté que je prends ; les soins que nous avons pris tous deux du grand nom de Corneille doivent nous lier à jamais . Je regarde jusqu'à présent comme un bienfait l'honneur et le plaisir que vous avez procurés à ma vieillesse . Mlle Corneille paraît mériter de plus tous les soins que vous avez pris d'elle . Ma nièce l'élève, et la traite comme sa fille . Mais plus le nom de Corneille est respectable, et plus vos soins, ceux de M. Titon, et ceux de ma nièce ont l'approbation de tous les honnêtes gens , plus l'outrage que Fréron ose faire à cette demoiselle et à vos bontés est punissable .

Monsieur le chancelier et M. de Malesherbes peuvent lui permettre de dire son avis à tort et à travers, sur des vers et de la prose ; mais ils ne doivent certainement pas souffrir qu'il insulte personnellement Mme Denis, Mlle Corneille et vous même , monsieur, qui nous avez procuré l'honneur que nous avons . Le nom de Lamoignon est respectable, mais celui de Corneille l'est aussi 4, et sans compter deux cents ans de noblesse qui sont dans la famille des Corneille, la France doit aimer assez ce nom pour demander le châtiment du coquin qui ose insulter la seule personne qui le porte .

Mme Denis est née demoiselle, et est veuve d'un gentilhomme mort au service du roi ; elle est estimée et considérée, toute sa famille est dans la magistrature et dans le service . Ces mots de Fréron, Mlle Corneille va tomber entre bonnes mains, méritent le carcan .

Le sieur L’Écluse qui n'avait certainement que faire à tout cela se trouve insulté dans la même page ; il est vrai qu'étant jeune il monta sur le théâtre, mais il y a plus de vingt cinq ans qu'il exerce avec honneur la profession de chirurgien-dentiste ; il est faux qu'il loge chez moi . Il y est venu il y a un an pour avoir soin des dents de ma nièce ; je le traite, dit-il, comme mon frère, et il insinue que je ne fais nulle différence entre une demoiselle de condition du nom de Corneille , et un acteur de la foire . J'ai reçu M. de L’Écluse avec amitié et avec la distinction que mérite un chirurgien habile, et un homme très estimable tel que lui . Il y a d'ailleurs quatre mois entiers qu'il n'est plus chez moi, et qu'il exerce sa profession à Genève, où il est très honorablement accueilli . J'enverrai, s'il le faut les témoignages des syndics de Genève qui certifieront tout ce que j'ai l'honneur de vous dire .

Le résultat de la lettre insolente de Fréron est que vous m'avez envoyé une fille de qualité, pour être élevée par un danseur de corde . C’est outrager aussi M. Titon, Mlle de Villegenon, madame votre femme, et tous ceux qui se sont intéressés à l'éducation de Mlle Corneille . Je ne doute pas que si vous présentez les choses sous ce point de vue à Mgr le prince de Conti, il ne trouve que Fréron mérite punition . On devrait en parler aux ministres, et je crois même que c'est une affaire du ressort du lieutenant-criminel 5; jamais rien n'a été plus marqué au coin du libelle diffamatoire, que ces quatre lignes de la page 164 . Vous pourriez, monsieur, engager son père à signer un pouvoir à un procureur . Ma nièce, M. de L’Écluse et moi, nous pourrions intervenir au procès 6. Je vous supplie, monsieur, de m'instruire au plus tôt de ce que vous aurez fait, et de me dire ce qu'on me conseille de faire . Nous allons d'ailleurs envoyer nos plaintes à monsieur le chancelier . Voici copie de la lettre de Mme Denis .7

Je vous présente mes respects .

V.

N.B. – Il faut mettre la page 164 entre les mains de mon procureur, nommé Pinon de Coudray, rue de Bièvre, et attaquer Fréron à la Tournelle, c'est le droit de la noblesse 8. »

2 V* doit convenir à contrecœur que la critique de Fréron n'est pas totalement infondée .

3 Un homme sage et prudent critiquera les vers faibles, blâmera les vers durs … etc. ; Horace, Art poétique, 445-446 .

4 V* a d'abord dicté davantage, rayé .

5 C'était depuis le 7 décembre 1759, Jean-Charles-Pierre Lenoir qui occupait cette situation ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Charles-Pierre_Lenoir

6 V* avait ajouté : vous êtes sur les lieux, vous pourrez voir si cela est convenable ; ces mots ont été ensuite biffés et tout ce qui suit est écrit dans la marge extérieure .

8 V* n'hésite pas à profiter de ses privilèges nobiliaires ou de ceux de Mlle Corneille ; du reste, si les privilèges du clergé seront attaqués dans L'Homme aux quarante écus, notamment ( voir :http://www.monsieurdevoltaire.com/article-conte-l-homme-a... ) , ceux de la noblesse reteront soigneusement préservés .

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31/01/2016 | Lien permanent

on est plus raisonnable dans l’Armorique que dans la Septimanie . Les têtes bretonnes tiennent de Locke et de Newton, et

... Tout ceci reste à prouver me disent les Languedochiens .

 

 

« A Louis-René de Caradeuc de La Chalotais

21 mars [1763] , aux Délices

J’ai l’honneur, monsieur, de vous renvoyer par M. d’Argental le manuscrit que vous avez bien voulu me confier, et je vous assure que c’est avec bien de la peine que je m’en dessaisis. Il le fera contre-signer par M. le duc de Praslin, ou par quelque autre contresigneur.

Ne doutez pas que cet ouvrage ne soit imprimé dans plus d’une ville, dès qu’il l’aura été à Rennes. Il sera bien plus aisé de le contrefaire que de l’imiter. Vous me ferez une très grande grâce, monsieur, de daigner me faire parvenir le mémoire sur l’origine du parlement 1. Si le paquet est gros, je vous prierai de l’adresser pour moi à M. Damilaville, premier commis du vingtième, quai Saint-Bernard, à Paris. Si le volume n’est pas considérable, comme je le crains, ayez la bonté de me l’envoyer en droiture.

J’ai peur de n’avoir pas des notions assez justes de cette origine ; car, à commencer par l’origine du monde, je n’en vois aucun bien claire. Elles ressemblent assez aux généalogies des grandes maisons, qui commencent toutes par des fables. Quoique le nouveau tableau des sottises du genre humain soit déjà achevé d’imprimer sous le titre d’Essai sur l’Histoire générale, je n’en profiterai pas moins des lumières que vous aurez la bonté de me communiquer. Tout se rajuste au moyen de quelques cartons.

Vraiment, monsieur, le Jugement de la Raison est un joli sujet ; mais les appels à la raison 2 sont déjà oubliés ; et les plaisanteries ne sont bonnes que quand elles sont servies toutes chaudes. D’ailleurs il me paraît bien difficile que la raison prononce sur les enfants de Loyola, sans dire son avis sur ceux de cet extravagant François d’Assise, et de cet énergumène de Dominique, et de cet insolent Norbert 3, et de tous ces instituteurs de milice papale, toujours à charge aux citoyens, et toujours dangereuse pour les gouvernements.

Je me chargerai bien pourtant, et très volontiers, d’être le greffier de la raison dans un tribunal dont vous êtes le premier président ; mais je suis depuis longtemps occupé d’une affaire qui n’est ni moins raisonnable ni moins pressante ; c’est malheureusement contre le parlement de Toulouse. La destinée a voulu qu’on me vînt chercher dans les antres des Alpes pour secourir une famille infortunée, sacrifiée au fanatisme le plus absurde, et dont le père a été condamné à la roue sur les indices les plus trompeurs. Vous aurez sans doute entendu parler de cette aventure : elle intéresse toute l’Europe ; car c’est le zèle de la religion qui a produit ce désastre. Il me paraît que, grâce à vous, monsieur, on est plus raisonnable dans l’Armorique que dans la Septimanie 4. Les têtes bretonnes tiennent de Locke et de Newton, et les têtes toulousaines tiennent un peu de Dominique et de Torquemada.

Je vous avoue que j’ai eu une grande satisfaction quand j’ai su que tout le conseil, au nombre de cent juges, avait condamné, d’une voix unanime, le zèle avec lequel huit catholiques toulousains ont condamné à la roue un père de famille, parce qu’il était huguenot ; car voilà à quoi se réduit tout le procès.

J’ai lu les deux tomes de votre société d’agriculture, et j’en ai profité. J’ai fait semer du fromental ; j’ai défriché ; j’ai fait une terre de sept à huit mille livres de rente d’une terre qui n’en valait pas trois mille. Cette occupation de la vieillesse vaut mieux que de faire des Agésilas et des Suréna. Cependant j’en fais encore pour mon malheur, mais je n’en ferai pas longtemps . Vox quoque Mœrim deficit 5; ce qui ne me déficite point, c’est l’estime très respectueuse et le sincère attachement avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc. »

1 Mémoire touchant l'origine et l'autorité du parlement de France appelé judicium Francorum, 1732 . Cette brochure de sept pages a été condamnée par le Parlement de Paris le 2 septembre 1732 : https://books.google.fr/books/about/Arrest_de_la_cour_du_Parlement_qui_ordon.html?id=arw7twAACAAJ&redir_esc=y

4 La Septimanie était un des royaumes des Goths en Gaule ; le mot désigne ici le Languedoc, pays des juges des Calas .

5 La voix aussi manqua à Moeris ; Virgile, Bucoliques, IX, 53-54 .

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16/03/2018 | Lien permanent

Vous souvenez-vous du temps où vous montiez si agilement à l'échelle pour me dénicher un livre

... Non ?! Pardonnez-moi, je vous ai prise pour la bibliothéquaire .

Montée si haut que je vous retrouve dans les nuages .

Nébuleux ! non ?

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Cette question, on ne risque pas de la poser à quelque humain que ce soit à la Très Grande Bibiothèque parisienne qui est robotisée au dernier point, mais susceptible de pannes tout autant qu'un personnel humain réclamant des augmentations par voie de grève .

 

 

 

« A dom Augustin FANGÉ 1
à Sénones.

Aux Délices, près de Genève 14 juin 1757

J'ai reçu, monsieur, à ma campagne dans le voisinage de Genève les livres que vous avez bien voulu m'envoyer dans lesquels était votre lettre 2. Voilà bien des remerciements que je vous dois . Votre souvenir, vos bontés et votre itinéraire très curieux de Suisse 3 me pénètrent de reconnaissance .

J'admire la force du tempérament de monsieur votre oncle 4 elle est égale à celle de son esprit. Il a résisté en dernier lieu à une maladie à laquelle toute autre constitution eût succombé. Personne au monde n'est plus digne d'une longue vie. Il a employé la sienne à nous fournir les meilleurs secours pour la connaissance de l'antiquité. La plupart de ses ouvrages ne sont pas seulement de bons livres, ce sont des livres dont on ne peut se passer 5. Je vous prie, monsieur, de vouloir bien lui dire qu'il n'y a personne au monde qui ait pour lui plus d'estime que moi. J'ai assurément les mêmes sentiments pour le neveu et j'ajoute, monsieur, que si vous vous occupez des mêmes études que ce savant homme vous y porterez un esprit encore plus philosophique que lui . Je voudrais bien que ma santé me permit de venir quelque jour dans vos cantons et que je puisse encore jouir de votre aimable société et de votre bibliothèque . Vous souvenez-vous du temps où vous montiez si agilement à l'échelle pour me dénicher un livre et pour me montrer la page dont j'avais besoin ? Il s'en faut bien que j'aie de pareils secours dans le pays que j’habite .

La personne qui désirait placer quelque fonds sur une communauté libre et indépendante de la France a pris son parti avant que je reçusse l'honneur de votre réponse . Mais c'est une affaire qui peut se renouer à la première occasion . C'est une veuve d'environ cinquante ans qui voudrait des rentes viagères exactement payées au denier dix ; elle ne pourrait mieux faire que de se mettre entre les mains d'une communauté à la tête de laquelle vous êtes . Je ne désespère pas de venir faire cette affaire avec vous si elle vous agrée et si elle ne souffre aucune difficulté .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois

Monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 C'est ainsi que ce nom est écrit dans la Vie du très-révérend père dom Augustin Calmet, abbé de Senones; 1762, in-8°. Cette Vie est de dom Augustin Fangé, son neveu, qui était né au commencement du XVIIIe siècle. (Beuchot.)

Voir : http://books.google.fr/books?id=4905AAAAcAAJ&pg=PA15&lpg=PA15&dq=Vie+du+tr%C3%A8s-r%C3%A9v%C3%A9rend+p%C3%A8re+dom+Augustin+Calmet,+abb%C3%A9+de+Senones&source=bl&ots=Ef_l8meTrn&sig=giHfvOSQgjijbUOf8iwunhc25TY&hl=fr&sa=X&ei=48ibUJyTDeXP0QWR3YG4Cg&ved=0CCcQ6AEwAQ#v=onepage&q=fang%C3%A9&f=false

2 Les livres avaient été gracieusement envoyés à V* par Fangé, coadjuteur de Senones en même temps qu'une lettre datée du 25 avril 1757 .

4 Dom Calmet (Antoine Augustin) mourra le 25 octobre 1757 .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_Calmet

5 On sait ce que V* a fait des pieux ouvrages de Dom Calmet, entre autres le Dictionnaire de la Bible assaisonné à la sauce Taureau Blanc : voir : http://narratologie.revues.org/323?lang=en

 

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08/11/2012 | Lien permanent

Les vers … qu’on a substitué aux miens sont aussi mauvais que si je les avais faits moi-même

Ce jour, outre la naissance d'un agneau sur les terres du château, j'ai accompagné un groupe de visiteurs qui venaient de Nancy et qui heureusement pour eux, m'ont trouvé en pleine forme et sont repartis avec "la banane".

C'est très motivant ; j'ai même réussi à oublier cette lettre de remerciements qui me voue à la voie de garage de la retraite .

Remercié et largué .

Mais un vrai voltairien ne se laisse pas abattre !

Je vais faire comme Volti : "je reprendrai ma gaieté pour les minutes que j’ai à ramper sur ce misérable globule."

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Comme ce mouton, tondu, qui ne trouve plus assez à se nourrir au sol, dressons-nous pour grappiller tout ce qui est à portée !
C'est bien mon intention !
Volti a écrit "Les Lois de Minos", que dirait-il des lois du travail au CMN ?
En tout cas, moi je ne les aime pas !
Reprenons en coeur ...

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

17 mars 1773

 

              Je ne sais pas, mon cher ange, si je suis encore en vie, mais si j’existe, c’est bien tristement. J’ai la sottise d’être profondément afflige de l’insolence avec laquelle ce fripon de Valade a fait accroire à monsieur le Chancelier et à M. de Sartines qu’il n’avait fait sa détestable édition [ Les Lois de Minos ; « Les vers … qu’on a substitué aux miens sont aussi mauvais que si je les avais faits moi-même ». : lettre à d’Argental le 30 janvier ; « feuilles remplies de fautes grossières… » : à d’Argental le 4 janvier ] que sur celle qui lui avait été envoyée de Genève, tandis que ma véritable édition de Genève n’est pas encore tout à fait achevée d’imprimer à l’heure où je vous écris.

 

              Vous pouviez confondre d’un mot l’imposture de ce misérable, puisque son édition contient des vers que je n’ai point faits et dont la pièce a été remplie sans m’en donner le moindre avis. Vous savez ce que je vous ai mandé sur ces vers et vous pouvez juger de la peine extrême que j’en ai ressentie. Il faut peu de choses pour accabler un malade et souvent qui a résisté à cinquante accès de fièvre consécutifs ne résiste pas à un chagrin.

 

              Pendant ma maladie il m’est arrivé des revers bien funestes dans ma fortune, et j’ai craint de mourir sans pouvoir remplir mes engagements avec ma famille. La vie et la mort des hommes sont souvent bien malheureuses : mais l’amitié que vous avez pour moi depuis plus de soixante ans rend la fin de ma carrière moins affreuse.

 

              Pardonnez les expressions que la douleur m’arrache ; elles sont bien excusables dans un vieillard octogénaire qui sort de la mort pour se voir enseveli sous quatre pieds de neige et pour être comme il est d’usage abandonné de tout le monde. J’espère que je ne le serai pas par vous, que je ne mourrai pas de chagrin, n’étant pas mort de cinquante accès de fièvre ; et que je reprendrai ma gaieté pour les minutes que j’ai à ramper sur ce misérable globule. »

 

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