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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je trouve que vous avez raison dans tout ce que j'entends, et je suis sûr que vous auriez raison encore dans les choses

... Entendez par là ( non, par ici !) , ce que je comprends , ou non . C'est loin, bien sûr, de ce qui fait mon quotidien, où je ne saisis pas le bien fondé de certaines (énormémént de )  lois  pondues par des gouvernants et validées par députés et sénateurs, qui à mon goût sont trop bien payés .


Et pour accompagner Voltaire, que "j'entends", cette oeuvre, que j'écoute, qui fait partie de mes préférées .

http://www.youtube.com/watch?v=Pmj7nCRYNs4&feature=re...

 

condillac1.jpg


 

« A M. l'abbé Etienne BONNOT de CONDILLAC 1

à PARIS.

 

[avril 1756]

Vous serez peut-être étonné, monsieur, que je vous fasse si tard des remerciements que je vous dois depuis si longtemps; plus je les ai différés, et plus ils vous sont dus. Il m'a fallu passer une année entière au milieu des ouvriers et des historiens. Les ajustements de ma campagne, les événements contingents de ce monde, et je ne sais quel Orphelin de la Chine qui s'est venu jeter à la traverse, ne m'avaient pas permis de rentrer dans le labyrinthe de la métaphysique. Enfin j'ai trouvé le temps de vous lire avec l'attention que vous méritez. Je trouve que vous avez raison dans tout ce que j'entends, et je suis sûr que vous auriez raison encore dans les choses que j'entends le moins, et sur lesquelles j'aurais quelques petites difficultés. Il me semble que personne ne pense ni avec tant de profondeur ni avec tant de justesse que vous.
J'ose vous communiquer une idée que je crois utile au genre humain. Je connais de vous trois ouvrages l'Essai sur l'origine des connaissances humaines 2, le Traité des Sensations 3, et celui des Animaux 4. Peut-être, quand vous fîtes le premier, ne songiez- vous pas à faire le second, et, quand vous travaillâtes au second, vous ne songiez pas au troisième. J'imagine que, depuis ce temps-là, il vous est venu quelquefois la pensée de rassembler en un corps les idées qui règnent dans ces trois volumes, et d'en faire un ouvrage méthodique et suivi qui contiendrait tout ce qu'il est permis aux hommes de savoir en métaphysique. Tantôt vous iriez plus loin que Locke, tantôt vous le combattriez, et souvent vous seriez de son avis. Il me semble qu'un tel livre manque à notre nation vous la rendriez vraiment philosophe, elle cherche à l'être, et vous ne pouvez mieux prendre votre temps.
Je crois que la campagne est plus propre pour le recueillement d'esprit que le tumulte de Paris. Je n'ose vous offrir la mienne, je crains que l'éloignement ne vous fasse peur mais, après tout, il n'y a que quatre-vingts lieues en passant par Dijon. Je me chargerais d'arranger votre voyage vous seriez le maître chez moi comme chez vous, je serais votre vieux disciple vous en auriez un plus jeune dans Mme Denis, et nous verrions tous trois ensemble ce que c'est que l'âme. S'il y a quelqu'un capable d'inventer des lunettes pour découvrir cet être imperceptible, c'est assurément vous. Je sais que vous avez, physiquement parlant, les yeux du corps aussi faibles que ceux de votre esprit sont perçants. Vous ne manqueriez point ici de gens qui écriraient sous votre dictée. Nous sommes d'ailleurs près d'une ville où l'on trouve de tout, jusqu'à de bons métaphysiciens. M. Tronchin n'est pas le seul homme rare qui soit dans Genève. Voilà bien des paroles pour un philosophe et pour un malade. Ma faiblesse m'empêche d'avoir l'honneur de vous écrire de ma main, mais elle n'ôte rien aux sentiments que vous m'inspirez. En un mot, si vous pouviez venir travailler dans ma retraite à un ouvrage qui vous immortaliserait, si j'avais l'avantage de vous posséder, j'ajouterais à votre livre un chapitre du bonheur. Je vous suis déjà attaché par la plus haute estime, et j'aurai l'honneur d'être toute ma vie, monsieur, etc. »

 

1 Étienne Bonnot de Condillac, frère puiné de l'écrivain politique , l'abbé de Mably : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Bonnot_de_Condillac

3 Le Traité des Sensations vit le jour vera novembre 1754, et fut suivi, un an après, du Traité des Animaux.Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626258v/f7.image.r=.langFR

 

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20/06/2012 | Lien permanent

je n’entre pas dans le détail des opérations militaires ; je n’ai jamais pu supporter ces minuties de carnage. Toutes le

... Voltaire n'aurait sans doute pas aimé nos journaux télévisés, le "carnage" y étant quasi un produit d'appel, une tête de gondole où l'on trouve une débauche de chiffres -de morts , blessés, disparus,- disparates selon les chaines . Je déteste également ça , à l'égal des jeux vidéo kill them all , parfaitement abrutissants au sens premier du terme .

 Résultat de recherche d'images pour "kill them all humour"

... but I try again !

 

« Au comte Francesco Algarotti

17è janvier 1763 au château de Ferney 1

Mon cher cygne de Padoue, si le climat de Bologne est aussi dur et aussi froid que le mien pendant l’hiver, vous avez très bien fait de le quitter pour aller je ne sais où , car je n’ai pu lire l’endroit d’où vous datez, et je vous écris à Venise, ne doutant pas que ma lettre ne vous soit rendue où vous êtes. Pour moi, je reste dans mon lit comme Charles XII, en attendant le printemps. Je ne suis pas étonné que vous ayez des lauriers dans la campagne où vous êtes ; vous en feriez naître à Pétersbourg.

En relisant votre lettre, et, en tâchant de la déchiffrer, je vois que vous êtes à Pise, ou du moins je crois le voir. C’est donc un beau pays que Pise ? Je voudrais bien vous y aller trouver ; mais j’ai bâti et planté en Laponie ; je me suis fait lapon, et je mourrai lapon.

Je vous enverrai incessamment le deuxième tome du Czar Pierre. Je me suis d’ailleurs amusé à pousser l’Histoire générale jusqu’à cette paix dont nous avions tant besoin. Vous sentez bien que je n’entre pas dans le détail des opérations militaires ; je n’ai jamais pu supporter ces minuties de carnage. Toutes les guerres se ressemblent à peu près : c’est comme si on faisait l’histoire de la chasse, et que l’on supputât le nombre des loups mangés par chiens, ou des chiens mangés par les loups.

J’aime bien mieux vos Lettres militaires 2, où il s’agit des principes de l’art : cet art est, à la vérité, fort vilain ; mais il est nécessaire. Le prince Louis de Virtemberg, que vous avez vu à Berlin, a renoncé à cet art comme au roi de Prusse, et est venu s’établir dans mon voisinage. Nous avons des neiges, j’en conviens ; mais nous ne manquons pas de bois. On a des théâtres chez soi, si on en manque à Genève ; on fait bonne chère ; on est le maître de son château ; on ne paie de tribut à personne : cela ne laisse pas de faire une position assez agréable. Vous qui aimez à courir, je voudrais que vous allassiez de Pise à Gênes, de Gênes à Turin, et de Turin dans mon ermitage ; mais je ne suis pas assez heureux pour m’en flatter.

Buona notte, caro cigno di Pisa 3!

V. »

1 Original, formule et initiale autographes . Une main a noté sur le manuscrit « à Alberto Capacelli probablem[en]t », ce à quoi Wagnière a biffé en corrigeant : « non, c'est à M. Algaroti », ce qui est exact .

La présente lettre répond à celle du 17 décembre 1762 d'Algarotti . Il disait avoir quitté Bologne pour Pise, où il trouvait des orangers portant leurs fruits ainsi que l'  "arbor vittoriosa e trionfale della quale voi avere ricinte le chiome » (« l'arbre de la victoire et du triomphe, dont vous avez connu le feuillage ») . Algarotti disait aussi avoir lu dans les gazettes anglaises que V* avait assaisonné une fête donnée au duc de Richelieu d'une tragédie intitulée La Famille d'Alexandre . Or aucune pièce de ce nom n'est connue et V* n'y fait pas allusion dans sa réponse .

3 Bonne nuit cher cygne de Pise .

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30/11/2017 | Lien permanent

Permettez-moi ensuite d’en appeler à tous les commentateurs passés et à venir.

... Prudence et hypocrisie si vous tenez à votre place ; vous êtes appelés à être entendus par des millions d'auditeurs et surveillés comme le lait sur le feu, attention à tout propos qui pourrait vexer , l'humour et le second degré ne sont pas de mise, la sanction est immédiate comme celle de Bob Ballard "scandaleux" sexiste : https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/paris-202...

Médaille d'or de la lâcheté pour la chaîne Eurosport qui s'est dégonflée face à X-Fesse-de-bouc , doublée de la médaille  des culs serrés .

 

 

 

« A Louise-Bernarde Berthier de Sauvigny

20 janvier 1769 1

Je commence, madame, par vous remercier de la boîte que vous voulez bien avoir la bonté de me faire parvenir par M. Lullin.

Permettez-moi ensuite d’en appeler à tous les commentateurs passés et à venir. Certainement, madame, vous dire qu’il est à craindre que des réfugiés, et surtout un banqueroutier chicaneur, ne déterminent monsieur votre frère à se plaindre, ce n’est pas vous dire qu’il vous menace et qu’il plaidera. Certainement vous exposer ses douleurs et son malheur, solliciter votre pitié naturelle pour votre frère, ce n’est pas vous animer l’un contre l’autre. Je ne connais point d’homme de son état qui soit plus à plaindre, et je n’ai pas douté un moment, quand vous avez voulu que je le fisse venir chez moi, que vous n’eussiez intention de soulager, autant qu’il est en vous, des infortunes si longues et si cruelles : il se les est attirées, je l’avoue ; mais il en est bien puni.

Je ne savais qu’une petite partie de ses fautes et de ses disgrâces. J’ai tout appris ; vous m’en avez chargé ; je lui ai fait quelques reproches, et il s’en fait cent fois davantage. Je crois que l’âge et le malheur l’ont mûri ; mais il est d’une facilité étonnante. C’est cette malheureuse facilité qui l’a plongé dans l’abîme où il est.

Voilà pourquoi j’ai pensé qu’il est à propos de le tirer des mains de l’homme 2 qui semble le gouverner dans le pays de Neuchâtel, et qui lui mange le peu qui lui reste. J’ai cru que ce serait lui rendre un très grand service, et ne pas vous désobliger. Cet homme a été autrefois connu de monsieur votre père 3, et ensuite receveur en Franche-Comté. Il a perdu tout son bien, et vit absolument aux dépens de M. de Morsan. Enfin monsieur votre frère me mande qu’il ne lui reste plus que dix-huit francs. C’est sans doute un grand et triste exemple qu’un homme, né pour avoir deux millions de bien, soit réduit à cette extrémité. Ses fautes ont creusé son précipice ; mais enfin vous êtes sa sœur, et votre cœur est bienfaisant.

Il m’a envoyé un exemplaire de l’arrêt du conseil, du 2 août 1760. Je vois que ses dettes se montaient alors, tant en principaux qu’en intérêts, à plus de onze cent vingt mille livres. Assurément il n’avait pas brillé pour sa dépense.

Je vois, par un mémoire intitulé Succession de monsieur et de madame d’Harnoncourt, que, tout payé, il lui reste encore quatre cent vingt-quatre mille et tant de livres substituées, indépendamment des effets restés en commun, qui ne sont pas spécifiés. Ainsi je ne vois pas comment on lui a fait entendre qu’il pouvait avoir quarante-deux mille livres de revenu.

Quel que soit son bien, je l’exhorte tous les jours à être sage et économe. Mais je crois, comme j’ai eu l’honneur de vous le mander 4, madame, qu’il est de son devoir d’assurer, autant qu’il le pourra, une petite pension à la nièce de l’abbé Nollet, qui s’est sacrifiée pendant quatorze ans pour lui. Je conçois bien que ce n’est pas à vous de ratifier cette pension, puisque vous n’êtes pas son héritière, et que c’est une affaire de pure conciliation entre lui et Mme Nollet, dans laquelle vous ne devez pas entrer. Je n’insiste donc que sur votre compassion pour les malheureux, surtout pour un frère. Je ne lui connais, depuis qu’il est mon voisin, d’autre défaut que celui de cette facilité qui le plonge souvent dans l’indigence. Le premier aventurier qui paraît puise dans sa bourse. Ce serait une vertu s’il était riche ; mais c’est un vice, quand on s’est appauvri par sa faute.

Je crois vous avoir ponctuellement obéi, et vous avoir assez détaillé tout ce qui est venu à ma connaissance. Ma conclusion est qu’il faudrait qu’il se jetât entre vos bras, que vous lui tinssiez lieu de mère, quoique vous soyez plus jeune que lui ; qu’il sortît de Neuchâtel, et qu’il ne fût plus gouverné par un homme qui peut le ruiner et l’aigrir ; qu’il vécût dans quelque terre, comme madame sa femme. Il a besoin qu’on gouverne ses affaires et sa personne. Il faut surtout qu’il tombe en bonnes mains. Il aime les lettres, il a des connaissances ; l’étude pourrait faire sa consolation. Enfin je voudrais pouvoir diminuer les malheurs du frère, et témoigner à la sœur mon attachement inviolable et mon zèle.

J’ai l’honneur d’être avec bien du respect . »

1 Minute largement révisée par V* ce qui montre l'importance qu'il attache à cette lettre ; édition Supplément au recueil, II, 11è-120.

2 Guérin .Voir lettre du 30 janvier 1769 à Mme de Sauvigny : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1769-partie-4.html

3 Pierre Durey d’Harnoncourt : 6 mai 1682-27 juin 1765 . Voir : https://books.openedition.org/pufc/3100?lang=fr

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02/08/2024 | Lien permanent

je le prie de se servir de la main de madame

... Marion Rousse pour donner le signal de départ du Tour de France féminin 2023

Le peloton lors de la première étape de l'édition 2022, à Paris, le 24 juillet 2022. (MATTHIEU MIRVILLE / AFP)

Bonne route mesdames !

https://www.francetvinfo.fr/tour-de-france/femmes/tour-de...

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[1767-1768]

J'apprends que monsieur Gabriel a la goutte, et le bruit est que monsieur Gabriel l'a méritée . Je lui souhaite un prompt rétablissement . Pour moi j'ai des maux que je n'ai point mérité. Si monsieur Caro n'a pas la goutte à la main, je le supplie de me mander des nouvelles de son édition in-4°, de me dire s'il en est à Pierre le Grand, si on m'enverra les épreuves des feuilles que j'ai corrigées, de m'apprendre s'il n'a point reçu l'Encyclopédie, ou quand il  la recevra . Et s'il ne peut m'écrire tout cela de sa main, je le prie de se servir de la main de madame Cara . Je présente mes obéissances à madame la mère. Je me recommande au secrétaire de la justice, et j'embrasse Jean-Louis et si son précepteur se fait prêtre je souhaite que tous les prêtres le ressemblent, et qu'il ne se gâte point avec eux.

Eh bien ! Le contrat insocial de Jean-Jacques n'est-il pas impertinent ?

V. »

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23/07/2023 | Lien permanent

Ce sont eux qui sont les dupes car ils ne savent pas jouir

... Yes !!!

 

savoir jouir.jpg

 

 

« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

5 janvier [1759], aux Délices

(j'aimerais mieux dater de Tournay)

Lynx envers nos pareils et taupes envers nous !1

Il vous sied vraiment bien monsieur, de me dire en courant que je cours, de me dire vivement que je suis vif, et d'ajouter méchamment, vous qui écrivez si bien, que je ne lis pas ce que vous écrivez 2. Je lis vos lettres avec le plus grand plaisir . Je lirai votre Sallustre à mon grand profit, si vous daignez me l'envoyer , et je le ferai même imprimer à Genève avec une préface où je vous louerai depuis les pieds jusqu'à la tête , si vous voulez être imprimé et si votre modestie ne me lie la main et la langue . Je lis et je relis votre contrat, et plus je le relis plus je vois que vous m'avez dicté la loi en vainqueur, mais j'en suis fort aise j'aime à embellir les lieux que j'habite, et je fais à la fois votre bien et mon plaisir . J'ai déjà ordonné qu'on jetât à bas la moitié du château et qu'on changeât l'autre . Les fossés seront grands et réguliers . Nous auront des ponts tournants, et vos arbres de Dodone 3 seront mieux employés à ces embellissements qu'à chauffer la ville de Genève .

Il vaudrait mieux en abattre pour 50 ou 60 louis pour des réparations excellentes que d'en couper pour cent quarante louis comme vous l'avez fait . Je me tiens meilleur père de famille que vous car je ne détruis que pour édifier ; et vous avez, ne vous déplaise, dévasté la moitié de votre forêt pour avoir de l'argent comptant . Vous avez négligé votre terre et moi je la cultive avant d'en être le maître, et vous serez un jour tout étonné d'avoir un château très beau, très peigné et des campagnes fertiles, labourées et semées à la nouvelle mode , et de belles prairies qui sont aujourd'hui couvertes de taupes et que vous verrez arrosées de petits ruisseaux .

Remerciez Dieu de m'avoir fait Suisse, Genevois et Bourguignon, de Parisien que j'étais . Nos Genevois disent que je suis une dupe . Ce sont eux qui sont les dupes car ils ne savent pas jouir et moi je jouis de tout le bien que je fais à votre maison ; comptez que je ne fais cas ici que de votre amitié .

Je vous prie de vouloir bien, monsieur, me dire positivement si mon contrat ne me donne pas le droit de nommer des officiers . Vous m'assurâtes en signant l'acte, que ce droit était incontestable et sous-entendu dans l'acte même . Mais j’aime mieux vous entendre que de sous entendre .

Je vous recommande enixe et fortiter 4 ce maroufle de curé chicaneur qui passe sa vie à plaider et à ruiner de pauvres diables . L'évêque et prince de Genève 5 (qui heureusement n'est rien de tout cela) m'a envoyé une lettre dans laquelle il lave la tête au curé . Mais vous devriez écraser cette tête dure . Il serait plaisant qu'un président et un intendant réunis ne puissent venir à bout de secourir de pauvres diables qu'un prêtre persécute . Il sont été très mal défendus . Ils n'avaient qu'à dire simplement qu'ils étaient possesseurs de bonne foi et qu'ils s'en rapportaient à la cour . Ils n'auraient point été condamnés à 1500 livres de frais pour un objet de trente livres par an . Ne pourraient -ils pas aussi , en qualité de pauvres de Ferney (pauvres de nom, pauvres d'effet et de d'esprit), présenter requête in forma pauperis ?6 1500 livres de frais ! payer le vin que le curé a bu à Dijon et à Mâcon ! cela est abominable . Au nom de Dieu ! miséricorde ! summum jus, summa injuria .7

Les peuples seront-ils encore longtemps ruinés pour aller se faire bafouer, abhorrer et égorger en Germanie , et pour enrichir Marquet et compagnie ,

Et Pâris, et fratres, et qui rapuere sub illia .8

Mille tendres respects .

V.

J'ai encore une grâce à vous demander, c'est de dire à M. de Fleury, votre ami, qu'il n'y a point d'intendant si aimable que lui dans le monde .

Autre grâce : permission de chasse dans le royaume des lièvres pour mon parent Daumart, mousquetaire du roi ; pourrait-il être lieutenant des chasses ? Le gibier serait gardé et les magnifiques seigneurs horlogers 9 ne le mangeraient pas . »

1Fable La Besace de La Fontaine .http://fr.wikisource.org/wiki/La_Besace

2Le 4 janvier 1759 De Brosses écrit , de Dijon, à Charles-Catherine Loppin, baron de Gemeaux : « J'ai passé quinze jours d'arrache-pied avec lui [Voltaire]qui m'ont absolument mis sur les dents . C'est une chose qu'on ne peut pas imaginer, et encore moins décrire, que les écarts d son imagination vagabonde et de sa conversation disparate . Il faut que les fées m'aient absolument protégé pour que j'aie pu finir une affaire avec un homme si voltigeant, qui n'a ni ordre, ni suite, ni arrêt dans ses pensées . J'aimerais autant faire des armes contre une puce . Ce n'est pas seulement un esprit qu'il a , ce sont tous les esprits ensemble qui reviennent dans son crâne et y tiennent le sabbat . »

4 De toutes mes forces.

5 L'évêque de Belley était prince-évêque in partibus infidelium de Genève ; voir lettre du 16 décembre 1758 à Deschamps de Chaumont évêque d'Annecy : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/28/des-les-premiers-temps-de-l-eglise-les-saints-peres-se-sont-5257676.html

8Et Pâris, et ses frères, et ceux qui ont volé sous leurs ordres ; V* joue sur le nom de Pâris = héros antique ou Paris-Duverney, banquier .

9Les Genevois .

 

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24/01/2014 | Lien permanent

La plupart des hommes vivent comme des fous et meurent comme des sots : cela fait pitié...N’êtes-vous pas effrayée de l’

... Vrai de vrai .

Hélas !

Vive la France !

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

26è juillet 1764

Je commence, madame, par vous supplier de me mettre aux pieds de madame la maréchale de Luxembourg. Son protégé Jean-Jacques aura toujours des droits sur moi, puisqu’elle l’honore de ses bontés ; et j’aimerai toujours l’auteur du Vicaire savoyard, quoi qu’il ait fait et quoi  qu’il puisse faire. Il est vrai qu’il n’y a point en Savoie de pareils vicaires ; mais il faudrait qu’il y en eût dans toute l’Europe.

Il me semble, madame, qu’au milieu de toutes vos privations, vous pensez précisément comme madame de Maintenon, lorsqu’à votre âge elle était reine de France . Elle était dégoûtée de tout ; c’est qu’elle voyait les choses comme elles sont et qu’elle n’avait plus d’illusions. Vous souvient-il d’une de ses lettres dans laquelle elle peint si bien l’ennui et l’insipidité des courtisans ? Si vous jouissiez de vos deux yeux, je vous tiendrais bien plus heureuse que les reines et surtout que leurs suivantes. Maîtresse de vous-même, de votre temps, de vos occupations, avec du goût, de l’imagination, de l’esprit, de la philosophie et des amis, je ne vois pas quel sort pourrait être au-dessus du vôtre : mais il faut deux yeux ou du moins un pour jouir de la vie. Je sais ce qui en est avec mes fluxions horribles, qui me rendent quelquefois entièrement aveugle . Je n’ai pas vos ressources ; vous êtes à la tête de la bonne compagnie, et je vis dans la retraite ; mais je l’ai toujours aimée, et la vie de Paris m’est insupportable.

Dieu soit béni de ce que M. le président Hénault aime le monde autant qu’il en est aimé, et qu’il vit dans une heureuse dissipation . J’aimerais peut-être encore mieux qu’il se partageât uniquement entre vous et lui-même : il ne trouvera jamais de société plus charmante que ces deux-là. On m’a dit aujourd’hui du mal de la santé de M. d’Argenson . C’est le seul mal qu’on puisse dire de lui. Il ne se soucie guère que je m’intéresse à son bien-être,  mais cela ne me fait rien, et je lui serai toujours très attaché. Il n’y a plus de santé dans le monde . J’entends dire que mon frère d’Alembert, qui vous fait quelquefois sa cour, est assez mal. Celui-là est bien philosophe, et méprise souverainement les pauvres préjugés qui empoisonnent la vie. La plupart des hommes vivent comme des fous et meurent comme des sots : cela fait pitié.

Ne lisez-vous pas quelquefois l’histoire ? Ne voyez-vous pas combien la nature humaine est avilie depuis les beaux temps des Romains ? N’êtes-vous pas effrayée de l’excès de la sottise de notre nation , et ne voyez-vous pas que c’est une race de singes dans laquelle il y a eu quelques hommes ?

Adieu, madame ; je suis un peu malade, et je ne vois pas le monde en beau. Ayez soin de votre santé, supportez la vie, méprisez tout ce qui est méprisable ; fortifiez votre âme tant que vous pourrez, digérez, conversez, dormez. J’oubliais de vous parler de Cornélie. C’était, à ce que dit l’histoire, une assez sotte petite femme qui ne se mêla jamais de rien. Corneille a très bien fait de l’ennoblir ; mais je ne puis souffrir qu’elle traite César comme un marmouset.

Permettez-moi de croire que l’amour n’est pas la seule passion naturelle . L’ambition et la vengeance sont également l’apanage de notre espèce pour notre malheur. Je souscris d’ailleurs à toutes vos idées, excepté à ce que vous dites sur l’abbé Pellegrin et sa Pélopée 1. Le grand défaut de notre théâtre, à mon gré, c’est qu’il n’est guère qu’un recueil de conservations en rimes. Mille tendres respects. »

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18/09/2019 | Lien permanent

Cela est effroyable

... Ce satané Netanyahou applique à la lettre un précepte de Machiavel :" il ne faut pas faire à demi les choses violentes ."  Jusqu'où ira-t-il ? Jusqu'où ira le Hamas ?

Jusqu'à quand appliquera-t-il cette variante de la loi du talion vulgaire " Pour un oeil , les deux yeux, et pour une dent, toute la gueule ! " On croirait revivre ces récits bibliques où les hommes , au nom de Dieu, massacrent leurs ennemis , hommes, femmes, enfants, bétail, par dizaines de milliers . Bien minable dieu que celui qu'ils disent  les inspirer , alors que , en réalité, ce n'est que pour avoir la terre et ses revenus qu'ils se battent des deux côtés . Qui supportera de voir tuer des innocents aux mains nues sans avoir envie de vengeance ?

Israël n'abuse plus ! Hamas soumets-toi !

https://www.la-croix.com/international/guerre-israel-hamas-jour-213-attaque-bande-gaza-otages-liban-resume-20240506

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Qui pourra oublier ces horreurs ?

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel des

Menus

à Paris

26 octobre [1768]1

Je reçois la lettre de ma chère nièce du 11 . Je ne sais pas pourquoi M. de Béthisy 2 exalte tant ma bonne santé . Il ne m'a jamais vu qu'en bonnet de nuit, et je ne suis pas sorti du château depuis que vous en êtes partie . On me disait mort à Fontainebleau . Ma bonne santé et ma mort 3 sont également fausses .

Si j'avais encore un peu de forces, je prendrais mes mesures pour aller vivre ailleurs . Il règne ici une maladie horrible qui désole la moitié du village et du pays de Gex . C'est une mélange d'écrouelles et de lèpre ; ceux qui en sont attaqués ont la mauvaise honte de ne se montrer à aucun médecin, à aucun chirurgien . Les troupes qu'on nous a envoyées ont ajouté la vérole à ces deux horreurs, et ont fait gémir le malheureux paysan qui est ruiné .

La maladie des coquins dont vous me parlez n'est pas moins incurable . L'Homme aux quarante écus est un ouvrage sage et utile qui a plu au ministère et surtout à M. Bertin 4, mais on dit qu'on y combat le sentiment d'un conseiller au Parlement . Cela est effroyable .

Le Siècle de Louis XIV part aujourd'hui pour Paris . Vous le recevrez bien tard, et encore faudra-t-il s'adresser à la chambre syndicale .

Je ne pouvais m'empêcher de prévenir le président Hérault, l'article où il est jugé et condamné est très bien fait . On me l'attribuait . J’ai dû me justifier . Son amour-propre est cruellement blessé . Il affecte de l’indifférence, et il est percé au fond du cœur . Ce scélérat de La Beaumelle a fait imprimer cette satire sous le nom du marquis de Bélestat, jeune home du Languedoc de beaucoup d'esprit et de mœurs charmantes . C'est Chirol 5, l'homme de Cramer, qui a imprimé l'ouvrage . La Beaumelle est un ignorant audacieux qui écrit quelquefois des morceaux pleins de chaleur et de force .

Je m'intéresse davantage aux Guèbres de Linant, et non moins aux Scythes que Lekain devrait bien rejouer . Il me doit à ce qu'il me semble cette justice .

C'est Jacob Tronchin qui a été dire que j'avais fait une tragédie 6. Ce bavard de Cramer l'avait imaginé parce qu'il avait vu des vers sur ma table . Il a fait vraiment bien d'autres indiscrétions . Mais il a parlé en l'air, et j'ai lavé la tête à Jacob ; ainsi que la tête chauve et poudrée de Gabriel . J’aime la vôtre, j'aime votre cœur . Je vous embrasse tendrement . Me voilà las d'écrire de ma main mais non pas de m’entretenir avec vous . Embrassez pour moi les deux enfants . M. Dupuits doit avoir reçu à Hornoy un gros paquet par M. de Courcelles . Vous savez notre dernière déconfiture en Corse .7 »

1 L'année a été ajoutée par Mme Denis .

2 Eugène-Eustache Béthisy de Mézières, nommé le comte de Béthisy, colonel du régiment de Cambrésis, stationné à Gex : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eustache_de_B%C3%A9thisy#Mariage_et_descendance

3 Celle-ci a été annoncée à la cour le 10 octobre ; voir les Mémoires secrets de Bachaumont à la date du 14 octobre . Voir page 344 : Extrait d’une lettre de Fontainebleau, du 10 octobre : https://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9moires_secrets_de_Bachaumont,_Tome_Deuxi%C3%A8me_(1766-1769)#cite_ref-398

4 Bertin était devenu secrétaire d’État ;

5 L'ouvrage porte la marque de Philibert, mais celui-ci était étroitement associé à Chirol à l'époque .

6 On se souvient que Jacob Tronchin était alors à Paris .

7 Voir lettre du 26 octobre à Tabareau et Vasselier : prise de Borgo par les Corses .

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06/05/2024 | Lien permanent

24 [août], jour de la St-Barthélémy ...Je ne sais par quelle fatalité singulière j'ai la fièvre tous les ans ce jour-là.

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Beethoven, je t'aime au même titre que Volti .

Beethoven ce n'est quand même pas qu'un chien baveux, idole made in USA !

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

5è septembre 1774

 

Mon cher ange, je suis toujours inquiet de la santé de Mme d'Argental, et de M. de Pont-de-Veyle. Je vois par votre lettre du 23 auguste que ni vous , ni le Grand Référendaire [i] n'êtes pas devins, quelque esprit que vous ayez tous deux. Vous ne vous doutiez ni l'un, ni l'autre du compliment qu'on devait lui faire le lendemain 24, jour de la St-Barthélémy [ii].

 

Je ne sais par quelle fatalité singulière j'ai la fièvre tous les ans ce jour-là.

 

Je crois bien qu'on n'a pas beaucoup parlé de la Lettre du théologien [iii] dans tout le fracas des nouveaux changements qu'on fait de tous côtés. Le bourdonnement des guêpes ne fait pas grand bruit au milieu des coups de tonnerre. Il est ridicule d'attribuer cette Lettre à un Allemand nommé Paw qui a écrit dans un style obscur et entortillé des conjectures hasardées sur les Américains et sur les Chinois [iv]. Vous savez que c'est l'abbé Duvernet qui a tenu la plume, et qui sont ceux qui l'ont dirigée [v]. Ils m'ont pris pour leur bouc émissaire, et ils m'ont couronné de fleurs pour me sacrifier. Pour comble de douleur vous sentez que je ne puis les nommer et qu'il a fallu encore les ménager quand je leur ai fait des reproches qu'ils méritaient [vi]. Rien n'est plus triste, à mon sens, que d'être assassiné par ses amis, et d'être obligé de se taire.

 

Madame du Deffand me mande qu'elle vous voit quelquefois. Je vous prie de lui faire connaitre la vérité ; elle sait la répandre et la rendre piquante.

 

Je me garderai bien de traîner mon cadavre à Paris, parmi les factions qui le divisent. Je laisse à mes deux neveux de l'ancien et du nouveau parlement [vii] le soin de débrouiller le chaos. Je crois savoir qu'on veut créer une nouvelle compagnie, composée des deux autres, et que ce projet n'est guère exécutable. J'entrevois qu'il ne serait ni honnête, ni utile de sacrifier ceux qui ont servi le Roi à ceux qui l'ont bravé [viii]. J'aperçois de tous côtés des embarras et des dangers, mais les choses s'arrangent presque toujours d'une manière que personne n'avait prévue ; et rien de ce qui était vraisemblable n'arrive. Qui aurait imaginé la paix des Turcs et de ma Catau si prochaine !

 

M. Turgot passa quinze jours aux Délices il y a plusieurs années [ix]; mais M. Bertin y vint aussi [x], et ne m'a servi de rien. Si j'avais quelques jours de vie encore à espérer j'attendrais beaucoup de M. Turgot, non que je lui redemande l'argent que l'abbé Terray m'a pris dans ma poche [xi], mais j'espère sa protection pour les gens qui pensent, parce qu'il est lui-même excellent penseur. Il a été élevé pour être prêtre, et il connaît trop bien les prêtres pour être leur dupe ou leur ami. Toutefois Antoine se ligua avec Lépide qui était grand pontife, sot et fripon.

 

On me mande que le pontife Beaumont est exilé à Conflans . Je crois bien qu'il est à Conflans pour radouber sa vessie [xii], mais exilé j'en doute. Je doute aussi que M. le duc de La Vrillière se soit enfin défait de sa charge de facteur des lettres de cachet [xiii].

 

Il y a quelque temps que M. le maréchal de Richelieu m'envoya un mémoire qui me parait une lettre circulaire sur l'étrange procédé de sa folle cousine, très indigne petite-fille de Mme de Sévigné [xiv]. Je le crois plus affligé des aventures de la cour [xv] que de celles de Mme de St-Vincent.

 

Je vous trouve bien heureux d'être plein de sécurité au milieu de tant d'orages, et d'être un tranquille ambassadeur de famille [xvi]. Je voudrais seulement que Parme fût un État plus considérable.

 

Ecrivez-moi, je vous en prie, non pas comme ambassadeur, mais comme ami, soit par Mme Lobreau, soit par Mme de Sauvigny, soit par Bacon, substitut du procureur général, qui demeure à un ancien hôtel de Richelieu, place Royale.

 

Je crois que l'hippopotame Quez-à co [xvii] ne se charge plus des lettres de personne. On dit qu'un abbé Aubert est chargé de l'histoire appelée Gazette [xviii], attendu qu'il fait des fables.

 

Je vous embrasse, mon cher ange, de mes mains maigres, et je soupire après des nouvelles de vos malades.

 

V. »

i Maupéou.

ii Maupéou et ses collègues a été congédié le 24 août ; Maupéou a refusé de démissionner de sa charge de chancelier.

iii « Ouvrage aussi dangereux qu'admirable » de Condorcet que V* ne voulait pas se voir attribuer ; cf. lettre du 17 août.

iv Les Recherches philosophiques sur les Américains ou mémoires intéressants pour servir à l'histoire de l'espèce humaine, 1768-1769 et Recherches philosophiques sur les Égyptiens et les Chinois, 1773

v A De Lisle, le 17 novembre : « Le fond de cette brochure ... est d'un abbé Duvernet qui ne sait pas ce que c'est qu'un triangle. Il a été revu , corrigé et augmenté par M. de Condorcet qui le sait très bien, et qui a un génie supérieur. »

vi A Condorcet le 20 aout : « En un mot, je ne suis pas l'auteur de la Lettre du théologien ; je ne dois pas passer pour l'être ; et je suis bien sûr que vous et vos amis vous me rendrez cette justice ... J'attends mon repos de la vérité et de votre amitié. »

vii De l'ancien : d'Hornoy, du nouveau : Mignot.

viii A savoir, le nouveau parlement (de Maupéou) à l'ancien ; cf. lettre à d'Argental du 24 novembre.

ix En 1760.

x En 1755.

xi Turgot était devenu contrôleur général des Finances.

xii Christophe de Beaumont, archevêque de Paris , venait effectivement de se faire opérer et conserva ses fonctions.

xiii Il ne se défit pas en 1774 de sa charge de ministre de la maison du roi.

xiv Procès de Richelieu avec sa cousine Mme de St-Vincent qui aurait fait de faux billets à ordre au nom de Richelieu ; cf. lettre à d'Argental du 24 novembre 1774.

xv Depuis la mort de Louis XV, Richelieu est en disgrâce relative.

xvi Ambassadeur du duc de Parme qui est parent du roi de France (petit-fils de Louis XV).

xvii Marin que Beaumarchais appelait « animal marin », « hippopotame » dans les Mémoires Goësmann et dans l'Addition au supplément du mémoire (cf. lettre du 17 janvier 1774 à d'Argental). Dans son Quatrième mémoire, il le représentait allant à Versailles dans un carrosse portant pour armoiries une Renommée et l'Europe, le « tout embrassé d'une soutanelle doublée de gazettes, et surmontée d'un bonnet carré, avec cette légende à la houppe : Quez-à co ? Marin. »

xviii La Gazette de l'histoire « donne l'histoire de l'Europe deux fois par semaine » , la direction a été retirée à Marin ; cf. lettre du 31 mai 1773 à Vasselier.

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05/09/2010 | Lien permanent

je m'en remets entièrement à vous, sur tout ce que vous voudrez faire et dire

... Blanc-seing du président à son premier ministre ? ça m'étonnerait fort, compte tenu du tempérament d'Emmanuel Macron .

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« A Marie-Louise Denis

27 mai 1768

On m'a dit, ma chère nièce, que M. le duc de Choiseul est devenu l'homme du monde le plus invisible , que vous lui avez demandé une audience et qu'il n'a pas même eu le temps de vous faire réponse . S'il est ainsi, je ne crois pas que vous deviez faire un voyage à Versailles, surtout n'ayant rien à lui dire de particulier . Mais comme il y a cent lieues d'ici à Versailles et que mon télescope ne porte pas jusque là, je m'en remets entièrement à vous, sur tout ce que vous voudrez faire et dire .

Je n'écrirai à mon gros petit neveu que quand il sera de retour à Paris . Rien ne presse ni pour nos affaires communes, ni pour aucun autre objet . Si vous voyez quelque homme de lettres qui connaisse Panckoucke, il ne serait pas mal de lui faire insinuer qu'il vend peut-être un peut trop cher la grande édition des Cramer, et que son empressement à envoyer des avertissements de maison en maison porte avec soi une espèce de ridicule qui pourrait lui faire tort .

D'ailleurs Cramer, dans le cours de son édition, ne m'a pas assez consulté ; il a imprimé bien des choses que j'aurais rendues moins indignes du public, si, après les avoir rassemblées de tous côtés, il me les avait confiées et s'il m'avait donné le temps de les corriger . Voilà la seconde fois que j'ai à me plaindre de lui à cet égard . Il m'a envoyé ces jours passés deux exemplaires brochés dont apparemment il y en a un pour vous ; à peine ai-je eu encore le temps de les parcourir .

Je ne quitterai point ce petit article de littérature sans vous parler de votre frère le Turc . On vient d'imprimer un abrégé de l'histoire ottomane 1, dans le goût du président Hénault, mais beaucoup plus détaillé, précédé d'un petit vocabulaire des noms turcs employés dans l'histoire, et d'une introduction qui est assez curieuse . Cet ouvrage est dans un ordre très commode pour le lecteur . On y trouve une notice abrégée des pays qui ont fait la guerre à ces barbares . En un mot le livre a la réputation d'être bien fait et bien écrit . C'est à votre frère à voir s'il veut continuer une entreprise dans laquelle il a été prévenu, ou s'il veut exercer son talent sur quelque autre sujet .

Il est bien heureux, on ne lui impute point les livres qu'il n'a pas faits, son vieil oncle ne jouit point d'une pareille tranquillité . Il y a dans la provinces une fraction furieuse comme à Paris ; l'affaire de Fantet dont vous avez tant entendu parler, en est une bonne preuve . L'effet de cet acharnement peut aller très loin . J’ai toujours pensé que les jansénistes étaient encore plus dangereux et plus méchants que les jésuites . Les fanatiques seront toujours à craindre, il faut comme le roi de Prusse cent cinquante mille hommes pour écraser les fanatiques . Je n'ai à peu près que cent cinquante mille vers 2 à leur opposer ; mais ce sont de fort mauvaises troupes . Les antifanatiques écrivent de tous côtés ; ils ont pour eux les honnêtes gens , mais ces honnêtes gens ne combattront point en leur faveur ; les philosophes, ou ceux qui se disent tels, écrivent d'assez bonnes choses ; mais ils se cachent, ils mettent tout sur mon compte, et en voulant que je leur serve de bouclier ils m'exposent à tous les traits des ennemis . On a la cruauté de m'imputer la Relation de la mort du chevalier de La Barre dont on a fait deux éditions 3. Il serait aisé de confondre cette calomnie auprès des gens raisonnables, car comment pourrais-je être instruit des pièces de ce procès ? Il est évident que c'est un homme du barreau qui a fait cet ouvrage . Vous pourrez en dire un mot dans l'occasion à M. d'Argental et à l'abbé de Chauvelin si vous les voyez . Je ne veux pas augmenter le nombre des martyrs .

Disons à présent un petit mot de nos affaires domestiques . J'espère que je recevrai bientôt les deux petits certificats, l'un de vous, l'autre de Maron . Wagnière est encore assez malade ; ma santé est toujours bien faible ; mon cœur est à vous plus que jamais . J'embrasse tendrement toute la famille et l'enfant .

Ne serait-il pas assez à propos que l'enfant se fit écrire à la porte de M. de Laborde ? Il est invisible comme M. de Choiseul, il sera fort aise de retrouver une carte par laquelle Mme Dupuits sera censée être venue lui témoigner sa reconnaissance . »

2 Approximativement exact en comptant les pièces de théâtre .

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19/01/2024 | Lien permanent

il est digne qu'on lui dise ses torts, c'est le plus grand éloge que je puisse faire de lui.

 http://videos.tf1.fr/50-mn-inside/les-confidences-d-alain...

 

 

 

« A M. le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 10 septembre [1755]

Voilà ce que causent, mon cher ange, les persécutions, les procédés infâmes, les injustices. Tout cela m'a empêché de donner la dernière main à mon ouvrage 1, et m'a forcé de le faire imprimer en hâte, afin de donner au moins quelque petit préservatif contre la crédulité, qui adopte les calomnies dont je suis accablé depuis si longtemps. C'était une occasion de faire voir dans tout son jour ce que j'essuie, sans pourtant paraître trop m'en plaindre car à quoi servent les plaintes ?

Ce n'est que dans votre sein, mon cher et respectable ami, qu'il faut déposer sa douleur. Je n'ai su que depuis quelques jours tout ce qui s'est passé entre Mme Denis et M. de Malesherbes. Elle m'avait tout caché, pendant un assez violent accès de ma maladie. Il me paraît qu'elle s'est conduite avec le zèle et la fermeté de l'amitié. Elle devait dire la vérité à Mme de Pompadour. Il était très-dangereux que des minutes informes, des papiers de rebut, qui contenaient l'Histoire du roi, fussent imprimés sans l'aveu du roi. Il est indubitable que Ximenès les a volés; que La Morlière 2 et les a vendus, de sa part, au libraire Prieur; et que ce La Morlière est encore, en dernier lieu, allé à Rouen les vendre une seconde fois. C'est une chose dont Lambert peut vous instruire. J'ai dû moi-même écrire à Mme de Pompadour, dès que j'ai été instruit. Elle m'a mandé sur-le-champ qu'on saisirait l'édition. On l'a saisie, à Paris, chez Prieur; mais la pourra-t-on saisir à Rouen? C'est ce que j'ignore. Tout ce que je sais bien certainement, par la réponse de Mme de Pompadour et par sa démarche, c'est qu'il ne fallait pas que l'ouvrage parût.

Pour le procédé de Ximenès, qu'en dites-vous? Consolez-vous, pardonnez à la race humaine. Il y a un homme de condition 3, dans ce pays-ci, qui en faisait autant, et qui faisait vendre un autre manuscrit par ce fripon de Grasset, dont vos bontés pour moi avaient découvert les manœuvres.

Et que pensez-vous de la belle lettre de Ximenès 4 à Mme Denis, et de la manière dont ce misérable ose parler de vous? Toutes ces horreurs, toutes ces bassesses, toutes ces insolences, sont-elles concevables? Je ne conçois pas M. de Malesherbes 5; il est fâché contre ma nièce, pourquoi? Parce qu'elle a fait son devoir. Il est trop juste pour lui en savoir longtemps mauvais gré. Je suis persuadé que vous lui ferez sentir la raison. Il s'y rendra, il verra que l'action infâme de Ximenès et de La Morlière exigeait un prompt remède. En quoi M. de Malesherbes est-il compromis? Je ne le vois pas. Aurait-il voulu protéger une mauvaise action, pour me perdre? Mon cher ange, mon cher ange, la vie d'un homme de lettres n'est bonne qu'après sa mort.

Voilà ce que je vous écrivais, mon cher ange, et je devais vous envoyer cette lettre, dans quelques jours, avec la pièce imprimée, lorsque je reçois la vôtre du 3 du courant. Moi, corriger cet Orphelin! moi, y travailler, mon cher ange, dans l'état où je suis! Cela m'est impossible. Je suis anéanti. La douleur m'a tué. J'ai voulu absolument imprimer la pièce pour avoir une occasion de confondre, à la face du public, tout ce que la calomnie m'impute. Cent copies abominables de la Pucelle d'Orléans se débitent en manuscrit, sous mes yeux, dans un pays qui se croit recommandable par la sévérité des mœurs. On farcit cet ouvrage de vers diffamatoires contre les puissances, de vers impies. Voulez-vous que je me taise ici, que je sois en exécration, que je laisse courir ces scandales sans les réfuter? J'ai pris l'occasion de la célébrité de l'Orphelin; j'ai fait imprimer la pièce, avec une lettre où je vais au-devant du mal qu'on veut me faire 6. Mon asile me coûte assez cher pour que je cherche à y achever en paix des jours si malheureux. Que m'importe, dans cet état cruel, qu'on rejoue ou non une tragédie? Je me vois dans une situation à n'être ni flatté du succès, ni sensible à la chute. Les grands maux absorbent tout.
J'ai envoyé à Lambert les trois premiers actes un peu corrigés. Il aura incessamment le reste, avec l’Épître à M. de Richelieu, et une à Jean-Jacques. Les Cramer ont la pièce pour les pays étrangers. Lambert l'a pour Paris. Je leur en fais présent à ces conditions. Il ne me manque plus que de les avoir pour ennemis, parce que je les gratifie les uns et les autres. Je vous le répète, les talents sont damnés dans ce monde.
Je vous conjure de faire entendre raison à M. de Malesherbes, il n'a ni bien agi ni bien parlé. Il a bien des torts, mais il est digne qu'on lui dise ses torts, c'est le plus grand éloge que je puisse faire de lui. Je vous embrasse mille fois. »

1 L'Orphelin de la Chine .

2 La Morliére, chevalier de l'ordre du Christ, et le premier homme de lettres qui, plus tard, encensa les vertus de la Du Barry, est cité comme un escroc dans les Mémoires de Bachaumont. Né à Grenoble en 1701, mort à Paris en 1785; il est auteur de Réflexions sur la tragédie d'Oreste, d'Observations sur celle d'Amélie, ou le Duc de Foix, et d'une Analyse de l'Orphelin de la Chine. (CL.)

3 M. de Montolieu qui appartenait à l'une des principales familles de Lausanne.

4 Mme Denis écrivait à Colini, le 15 août 1755, en parlant du manuscrit dérobé chez elle « Je ne reviens pas encore d'un homme qui vole chez moi une parcelle de brouillon pour la vendre! moi, amie intime de sa mère, et lui venant très-souvent me voir! J'ai caché cette horreur à mon oncle, et je ne la lui dirai que lorsque nous aurons réparé le mal. ». Il résulte du quatrième alinéa de la lettre du 6 septembre à Mme de Fontaine que Voltaire croyait Mme Denis coupable d'une partie de ce mal.

5 Directeur de la Librairie, et donc responsable de la censure : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chr%C3%A9tien_Guillaume_de_L...

 

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25/03/2012 | Lien permanent

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