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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il n’est permis qu’aux gens riches d’aller chercher la santé loin de chez eux ; et à l’égard des pauvres, ils travaillen

... Toujours vrai !?

https://www.youtube.com/watch?v=B5VyRmrN0-Q

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

[vers le 18] mars [1764] 1

Mon cher frère, je vous envoie l’avis d’Esculape-Tronchin. Tout Esculape qu’il est, il ne vous apprendra pas grand-chose . Vous savez assez que la vie sédentaire fait bien du mal aux tempéraments secs et délicats. Si j’étais assez insolent pour ajouter quelque chose aux oracles d’Esculape, je conseillerais les eaux de Plombières, ou quelques autres eaux chaudes et douces, en cas que la fortune de la malade lui permette de faire ce voyage sans s’incommoder, car il n’est permis qu’aux gens riches d’aller chercher la santé loin de chez eux ; et à l’égard des pauvres, ils travaillent et ils guérissent. Le voyage, l’exercice, des eaux qui lavent le sang et qui débouchent les canaux, rétablissent presque toujours la machine. Je voudrais aussi qu’on fît lit à part ; un mari malsain et une femme malade ne se feront pas grand bien l’un à l’autre, attendu que mal sur mal n’est pas santé. Voilà l’avis d’un vieux routier qui n’est pas médecin, mais qui depuis longtemps ne doit la vie qu’à une extrême attention sur lui-même.

J’ai oublié, dans ma dernière lettre, de vous prier de m’envoyer Macare imprimé, avec la lettre au grand-fauconnier 2. Il faut que ce grand-fauconnier ait le diable au corps de faire imprimer ces rogatons.

Ne pourrai-je jamais m’édifier avec l’instruction pastorale de Christophe ? Je suis fou des pastorales, depuis celle de Jean-George . Elles m’amusent infiniment.

Est-il vrai qu’il y a un jésuite, nommé Desnoyers, qui a bravement signé le formulaire imposé aux ci-devant soi-disant jésuites ?

Est-il vrai qu’on a mis au pilori la grosse face de l’abbé Caveyrac, apologiste de la Saint-Barthélemy et de l’institut de Loyola ? S’il est de la maison de Caveyrac, c’est un homme de grande qualité ; mais il se peut que ce soit un polisson qui ait pris le nom de son village . Il me paraît que nos seigneurs du parlement vont grand train. Quand serai-je assez heureux pour avoir le libelle de ce prêtre 3 ? C’est un coquin qui ne manque pas d’esprit ; il est même fort instruit des fadaises ecclésiastiques, et il a une sorte d’éloquence.

Frère Thieriot devrait bien s’amuser un quart d’heure à m’écrire tout ce qu’on dit et tout ce qu’on fait. Vous ne me parlez plus de ce paresseux, de ce négligent, de ce loir, de cet ingrat, de ce liron 4 qui passe sa vie à manger, à dormir, et à oublier ses amis. Il n’a rien à faire ; et vous, qui êtes accablé d’occupations désagréables, vous trouvez encore du temps pour écrire à votre frère.

Dieu vous le rende ! vous avez une âme charmante.

Ecr. l’inf. »

1 Copie par Wagnière qui en datant cette lettre a laissé le jour en blanc . L'édition de Kehl, ignorant le mois la date du 2 avril 1764, bien qu'elle précède évidemment la lettre du 26 mars 1764 si on en juge par le troisième paragraphe : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-11.html

2 Voir l'allusion aux « faucons » dans la lettre du 6 février 1764 au duc de La Vallière, grand fauconnier de France  : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/02/16/on-ne-lui-fera-pas-cette-injure-6129123.html

3 Il s'agit du Il est temps de parler .

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21/04/2019 | Lien permanent

ce n'est pas assez de montrer qu'on a plus d'esprit que les autres . Allons donc, rendez quelque service au genre humain

... Etait-ce une preuve d'esprit que de suivre la prestation télévisée de notre Fanfoué Hollande hier soir ? En était-ce une encore que de suivre le débat qui lui succèda ? Je pense que le débat valait mieux que les dires présidentiels convenus et prévisibles .

Rendre quelque(s) service(s) ? oups ! Au genre humain , dites-vous  ? dur, dur de trier le bon grain de l'ivraie ! dur, dur de penser aux autres quand on vit pour sa pomme .

Ecraser l'infâme ? reste à oser enfin l'entreprendre .

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« A Jean Le Rond d'Alembert

7 ou 8 mai [1761] 1

Monsieur le Protée, monsieur le multiforme, je crois que votre discours sur l'étude 2 est celui de vos ouvrages qui m'a fait le plus de plaisir, soit parce que c'est le dernier, soit parce que je m'y retrouve . Somme totale vous êtes grand penseur et grand metteur en œuvre . Mais ce n'est pas assez de montrer qu'on a plus d'esprit que les autres . Allons donc, rendez quelque service au genre humain . Écrasez l’infâme, sans pourtant risquer de tomber comme Samson sous les ruines du temple qu'il démolit . Faites sentir à notre siècle toute sa petitesse et tout son ridicule . Renversez ses idoles . Qui sont ces polissons qui ont fait brûler cette consultation de ce polisson qui a répondu à Mlle Clairon par du galimatias ? a-t-on jamais rien vu de plus sot que le livre de cet avocat ? et rien de plus impertinent que l'arrêt qui le condamne ?

La séance contre l'Encyclopédie, et le réquisitoire aussi insolent qu'absurde de maître Aliboron Omer ne sont-ils pas dignes du quatorzième siècle ? Faut-il qu'une troupe de convulsionnaires soit toute puissante ? et ne doit-on pas rougir quand on est homme, de ne pas sonner le tocsin contre ces ennemis de l'humanité ? Ne détruisit-on pas dans Athènes la tyrannie des Trente ? Et n'est-ce pas par le ridicule qu'il faut détruire dans Paris la tyrannie des 180 3? On se plaignait autrefois des jésuites, mais saint Médard 4 devient plus à craindre que saint Ignace . Si on ne peut étrangler le dernier moliniste avec les boyaux du dernier janséniste, rendons au moins ces perturbateurs du repos public si ridicules aux yeux des honnêtes gens, qu'ils n'aient plus pour eux que le faubourg Saint Marceau et les halles . Mon cher philosophe vous vous déclarez l'ennemi des grands et de leurs flatteurs et vous avez raison . Mais ces grands protègent dans l'occasion, ils peuvent faire du bien, ils méprisent l’infâme, ils ne persécuteront jamais les philosophes pour peu que les philosophes daignent s'humaniser avec eux . Mais pour vos pédants de Paris qui ont acheté un office, pour ces insolents bourgeois moitié fanatiques moitié imbéciles ils ne peuvent faire que du mal . Notre foutue académie a donné pour sujet de son prix, les louanges d'un chancelier janséniste 5, persécuteur de toute vérité, mauvais cartésien, ennemi de Neuton, faux savant et faux honnête homme . Passe pour le maréchal de Saxe qui aimait les filles et qui ne persécutait personne . Je suis indigné de tout ce qui m'est revenu de Paris . Je ne connais que vous qui puissiez venger la raison . Dites hardiment et fortement tout ce que vous avez sur le cœur . Frappez et cachez votre main . On vous reconnaitra, je veux bien croire qu'on en ait l'esprit, qu'on ait le nez assez bon, mais on ne pourra vous convaincre, et vous aurez détruit l'empire des cuistres dans la bonne compagnie . En un mot je vous recommande l’infâme . Faites-moi ce plaisir avant que je meure . C'est le point essentiel . L'Oracle des fidèles 6 devrait faire une prodigieuse sensation, mais la nation est trop frivole pour un livre qui demande de l'attention .

À propos je n'ai pas ici mes calculs de la vie humaine mais il est clair que nous autres animaux à deux pieds nous n'avons que 22 ans dans le ventre , l'un portant l'autre . Expliquez-moi comment à 30 ans on doit espérer 60 . J'en ai 67 et je suis bien malingre . Je voudrais vous voir avant de rendre mon corps et mon âme aux quatre éléments .

Dites, je vous prie à Mme du Deffand combien je lui suis attaché, elle pense et parle, et il y en a de par le monde qui ne savent pas même parler .

Oui oui j'ai reçu votre lettre 7 et je m'intéresse fort à votre pouce . »

 

1 Edition de Kehl, incomplète ; éditon Renouard plus fidèle mais il y manque les deux derniers paragraphes écits dasn la marge du bas sur le manuscrit .

3 Le parlement de Paris .

4 Allusion au cimetière Saint Médard, où se déroulaient les scènes des convulsionnaires jansénistes ; on les évoque dans Candide, chap . XXII (version initale ) .

5 Le chancelier d'Aguesseau ; mais ce sujet avait en fait été proposé l'année pécédente et gagné par Antoine-Léonard Thomas pour son Eloge du chancelier d'Aguesseau, 1761 ; voir :http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/antoine-leonard-thomas

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_L%C3%A9onard_Thomas

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Fran%C3%A7ois_d'Aguesseau

et : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00551610/document

6 Sur cet « oracles des fidèles », voir lettre du 8 décembre 1760 à Tieriot : L'Oracle des anciens fidèles, pour servir de suite et d'éclaircissement à la sainte Bible, 1760,condamné au feu par le parlement de Paris le 3 décembre 1760 et brûlé le 6 , serait de Simon Bigex ; V* désigne le véritable auteur dans sa lettre à Damilaville du 12 juillet 1763 ; l'attribution qu'il fait ici de l'ouvrage est- elle une plaisanterie ? Sur Bigex, voir Louis Bouvier :  « Simon Bigex, secrétaire de Voltaire », Revue savoisienne, Annecy, 15 novembre 1863, IV, 85-87 .

 

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15/04/2016 | Lien permanent

Je vous avertis seulement que ce temps-ci n'est pas propre à donner tant d'ouvrages à la fois....Il faut laisser au publ

 ... Tant de réunions où le mensonge est encore et toujours d'actualité, avec des projets de réformettes législatives "trompe-couillons",  Mister Sarko . Etourdir un auditoire déjà acquis, enfantin ! mais  il faut laisser le grand public exprimer son goût/dégoût .


 D'un autre côté, l'orgueil d'un PPDA, candidat à l'élection à l'Académie française, ne m'étonne même plus . Il a très bien fait sa cour en invitant à son émission une belle brochette d'Immortels ; la ficelle est énorme ! où est son mérite à mettre en avant de possibles partisans en utilisant des heures d'antenne qui lui sont de surcroit grassement payées ? Mais le crime ne paye pas, il reste dans le monde des mortels, il peut continuer à avoir la grosse tête, c'est tout ce qu'il mérite :

http://www.laposte.net/thematique/actualites/france/article.jsp?idArticle=20120426173000-ppda-pas-encore-immortel&idAgg=actu_france

PPDA, dis adieu à l'habit vert !

Moi je sais qui l'a endossé depuis peu de jours au château de Voltaire !

 

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« A M. GABRIEL CRAMER

A Monrion, 21 décembre [1755]

L'Histoire de la Guerre de 1741, mon cher ami, est aussi défigurée, aussi falsifiée, aussi barbarement imprimée que la prétendue Histoire universelle de Jean Néaulme. Je vous envoie la copie de la lettre que j'adresse à l'Académie française 1; vous me ferez plaisir de la faire imprimer dans tous les journaux de Hollande.

Cet autre ouvrage, dont vous prétendez qu'on affole, est presque entièrement terminé. Je vais me remettre à l'Histoire générale; mais il faut auparavant que je remplisse la tâche que les encyclopédistes m'ont donnée. Après cela je vous donnerai quelques petits chapitres, quelques épiceries pour relever le goût de vos sauces.

Je n'ai point à Monrion le manuscrit de la Guerre de 1741; il faudra que j'aille le chercher aux Délices. Je vous avertis seulement que ce temps-ci n'est pas propre à donner tant d'ouvrages à la fois. Ces infâmes éditions subreptices, données coup sur coup, font grand tort à la véritable, que vous préparez. Il faut laisser au public le temps de se remettre en goût. C'est ce que j'écris très-fortement à Lambert.

Patientons la terre ne tremblera pas toujours; je ne serai pas toujours volé et barbouillé. Mme Denis vous remercie de votre souvenir. Mille tendres compliments à toute votre famille. »

 

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26/04/2012 | Lien permanent

Quoi ! dit Alix, cet homme-ci s’endort Après trois fois ! Ah ! chien, tu n’es pas carme !

... Pour le fun : http://www.rfm.fr/player?stream=5107

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«A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 Quoi ! dit Alix, cet homme-ci s’endort

Après trois fois ! Ah ! chien, tu n’es pas carme 1!

On me dira : ah tu n’es pas Sophocle.

Ceci, mes adorables anges, est en réponse de la lettre du 30 de juin, dans laquelle vous me reprochez ma glace. Vraiment il n’est que trop vrai que l’âge, les maladies, les bâtiments, les procès, peuvent geler un pauvre homme. J’étais peut-être très froid quand j’ai radoubé Oreste, mais je suis très vif quand vous avez la bonté de le faire jouer ; et cette vivacité, mes chers anges, est en toute reconnaissance, et non amour-propre d’auteur. Cependant, comme cet amour-propre se glisse partout, je vous prierai de faire jouer Oreste une quatrième fois 2, après l’avoir annoncé pour trois, mais en cas qu’elle réussisse, en cas que le public soit pour la quatrième représentation, et qu’elle soit comme accordée à ses désirs. Il se pourra qu’en été trois fois lassent le parterre ; alors je me retirai avec ma courte honte.

J’insiste beaucoup plus sur ce Pantalon de Rezzonico 3 ; c’est un bœuf qui ne sait pas un mot de français, et qui est assez épais pour ne me pas connaître ; mais ce n’est pas à lui que j’écris, c’est au cardinal Passionei, homme de beaucoup d’esprit, homme de lettres, et qui fait de Rezzonico le cas qu’il doit. Il y a longtemps qu’il m’honore de ses bontés. Je ne demande à M. le duc de Choiseul rien autre chose, sinon qu’il ait la bonté de faire donner cours à mon paquet 4. La grâce est légère ; mais je la demande très instamment. M. le comte de Choiseul, protégez-moi dans cette importante négociation.

Je demande trois ridicules à Rezzonico ; qu’il m’en accorde un 5, cela me suffira ; et s’il me refuse, il n’y a rien de perdu, pas même mon crédit en cour de Rome.

Comment, mes procès terminés ! Dieu m’en préserve ! Il faut que madame Denis vous ait parlé de quelques anciens procès. Mais, pour peu que dans ce monde on ait un champ et un pré, ou qu’on fasse bâtir une église, ou qu’on fasse une ode comme M. Le Brun, on est en guerre 6. Mais je ne sais point de plus sotte guerre que celle qu’on a faite aux Anglais sans avoir cent vaisseaux de ligne et quarante mille hommes de marine.

Divins anges, si l’abbé Coyer parle comme il écrit 7, il doit être fort aimable. Mais ma mère, qui avait vu Despréaux, disait que c’était un bon livre, et un sot homme.

La nièce, la pupille, et l’oncle, baisent le bout de vos ailes.

Pour Dieu, que mon paquet parte ; c’est tout ce que je veux, et point de recommandation. Je veux bien être ridicule, mais je ne veux pas que mes protecteurs le soient. Priez M. le comte de Choiseul de faire mettre mon paquet romain à la poste par un de ses laquais. C’est assez pour Rezzonico et pour moi. »



 

 

 

2 Oreste fut joué deux fois seulement en juillet, mais eut quatre représentations en septembre-octobre 1761 .

3 Clément XIII .

4 Choiseul répondit : « A Saint-Hubert ce 25 juillet 1761 . Je ne vous écris pas ma chère marmotte, mais je m'occupe de vos petites affaires ; voilà : 1° Le passeport que vous avez demandé . 2° Le cardinal Passionei est mort , mais j'ai demandé au nonce de me faire tenir ma relique pour votre église avec les authentiques les plus authentiques . 3° Vous proposez deux choses à la cour de Rome qui en la regardent pas:la première de transférer votre cimetière, cela dépend de votre curé et de l'emplacement ; la deuxième de diminuer les fêtes, cela dépend de votre évêque ; de Rome on lui renvoierait ces demandes . Vos souscriptions vont à merveille, dépêchez-vous de faire imprimer . Adieu, je vous aime et vous embrasse de tout mon cœur . »

5 Une relique .

6 Allusion au proverbe : Qui terre a , guerre a .

 

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10/06/2016 | Lien permanent

unis dans la communion des gens de bien, lisons bien la Sainte Écriture et écr l'Inf.

Vous permettez ...?http://www.deezer.com/listen-3367725diner des philosophes.jpg  , "aujourd'hui, c'est le dîner ... des gens bien" .

http://www.deezer.com/listen-1124660

        J'ai lu dans la sainte Ecriture : http://www.deezer.com/listen-7840867

                 Jusqu'à la tolérance :http://www.deezer.com/listen-2295094

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

[pour frère d'Alembert]

 

15è décembre [1763]

 

Mon très aimable philosophe, c'est pour vous dire que l'ouvrage du saint prêtre sur la tolérance ayant été très toléré des ministres et des personnes plus que ministres, et ayant été même jugé fort édifiant i, quoiqu'il y ait peut-être quelques endroits dont les faibles pourraient se scandaliser, il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous, mon cher frère, de vous supplier de donner une saccade, et un coup d'éperon, au cheval qui a rué contre la Tolérance, et qui l'a empêchée d'entrer en France par Lyon . Figurez-vous que ce ballot est actuellement sur l'avare mer, exposé à être pris par les Numides, avec qui nous sommes en guerre. Si votre ami M. Bourgelat ii avait un mors de votre façon, son allure deviendrait plus aisée. Les frères Cramer feraient au plus vite une nouvelle édition qu'ils enverraient en la cité de Lyon en guise d'un ballot de soie iii, et les fidèles jouiraient bientôt de l'œuvre honnête dont ils sont privés. Dieu sait quand vous recevrez votre exemplaire.

 

Je vous demande en grâce de m'envoyer copie de la lettre dont vous avez honoré Jean-Georges iv. Vous savez qu'on a imprimé un Examen de notre sainte religion, attribué à St Evremond et qui est de Du Marsais v; je ne l'ai point vu, mais comme je sais que Du Marsais est un très bon chrétien, je souhaite passionnément que cet ouvrage soit entre les mains de tout le monde . Soyons toujours tendrement unis dans la communion des gens de bien, lisons bien la Sainte Écriture et écr l'Inf. »

 

i  Son Traité sur la Tolérance ; Choiseul lui écrivit le 27 novembre : « Mme de Pompadour, Mme de Gramont, tous ceux qui ont lu ... le livre de votre prêtre en ont été enchantés ... »   http://www.voltaire-integral.com/Html/25/01_Tolerance.html

 

ii  Claude Bourgelat , vétérinaire et adjudicataire de la ferme des fiacres à Lyon, ami de d'Alembert; V* demanda à celui-ci le 13 décembre de « lui laver la tête. »                              http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bourgelat

http://www.lyon-photos.com/diaporama/moyenne_555.htm

bourgelat claude.jpg

http://www.deezer.com/listen-2422628

 

iii  A Gabriel Cramer : si d'Alembert intervient auprès de Bourgelat « ... vous ne feriez pas mal d'en tirer sur le champ mille exemplaires, que vous enverriez par Lyon tout droit à Paris . Vous pourriez employer le plus petit caractère ... Il y aurait de plus quelques corrections à faire ... » « Cet ouvrage n'est point un oiseau de passage, il parait être de toutes les saisons. »

 

iv Le 8 décembre, d'Alembert écrit à V* : « ...ce Jean-Georges ( Lefranc de Pompignan) ... a fait une réponse impertinente à la lettre par laquelle je lui mandais que j'avais envoyé son instruction pastorale à son libraire ... J'ai répondu à sa réponse en lui prouvant très poliment qu'il était un sot et un menteur ... » ; il enverra le 29 décembre copie des deux lettres à V*.

 

v  César Chesneau Du Marsais : http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_Chesneau_Dumarsais ; il écrivit : Analyse de la religion chrétienne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k84514n

La Vraie Religion traduite de l'Écriture sainte dont V* parle le 11 décembre à Damilaville est plutôt l'Examen de la religion dont on cherche l'éclaircissement de bonne foi, Attribué à M. de Saint-Evremond, traduit de l'anglais de Gilbert Burnet, 1761 ; cf. lettre à Cramer vers le 30 décembre 1761.

Cf. Page 591 :http://books.google.fr/books?id=-gzgAAAAMAAJ&pg=PA591...


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16/12/2010 | Lien permanent

Rien n'est plus commun que de nous prouver que nous avons tort, et rien de plus rare que de nous corriger .

... No comment !

 

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« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille,

Commis de Mgr le Contrôleur

général à Paris

Au château de Ferney 22 avril 1761

Vous ne pouvez douter, monsieur, que je ne reçoive avec bien du plaisir la mainlevée de l'anathème prononcé contre mes troupes . Il est bien difficile d'excommunier les soldats, sans que les éclaboussures des foudres sacrés ne frappent un peu les officiers . La contradiction ridicule d'être payé par le roi et de n'être pas enterré par son curé est d'ailleurs une des impertinences des plus dignes de nos lois et de nos mœurs . Si vous parvenez à nous défaire de cette barbarie, vous rendrez service à la nation . J'attends votre livre 1 avec impatience, mais je doute fort qu'il produise un autre effet que celui de nous convaincre de notre sottise . Rien n'est plus commun que de nous prouver que nous avons tort, et rien de plus rare que de nous corriger .

J'ai l'honneur d'être avec toute l'estime que votre projet m'inspire

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Bestermann suggère qu'il peut s'agir du Moyen d'acquitter les dettes de l'Etat dans un temps donné sans recourir au papier monnaie ; voir : http://data.bnf.fr/12443470/philibert-charles-marie_varenne_de_fenille/#allmanifs

. Cependant il nous semble que toute la lettre se réfère à l'excommunication prononcée contre les comédiens, « payés par le roi » mais non « enterrés par [leur] curé » ; voir lettre du même jour à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/01/m-damilaville-me-mande-qu-il-y-a-quelque-breche-a-votre-roto-5782839.html

On observera du reste que , dans diverses copies anciennes de cette lettre elle est suivie de l'Epître du pape à Mlle Clairon, faussement attribuée à V* depuis 1762, qui reprend le même sujet ; voir page 232 : https://books.google.fr/books?id=fwFlAAAAcAAJ&pg=PA232&lpg=PA232&dq=Ep%C3%AEtre+du+pape+%C3%A0+Mlle+Clairon&source=bl&ots=b75hPkDfSs&sig=T_wHYhoMfoweyPbpvpMhvip4uKQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiD0NPyxO_LAhXMORQKHed1AMEQ6AEIHTAA#v=onepage&q=Ep%C3%AEtre%20du%20pape%20%C3%A0%20Mlle%20Clairon&f=false

 

 

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02/04/2016 | Lien permanent

en vérité, rien n'est si sage que de s'amuser paisiblement de ses travaux, sans les exposer aux critiques

... Rien à ajouter ! Ma sagesse sera égale à celle de Volti, y compris lorsque je ne fais rien, ce qui est un comble .

Je reste de marbre, ou plus précisément de plâtre

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« A M. Charles-Augustin FERRIOL, comte D'ARGENTAL.

Aux Délices, 1er octobre [1757]
Je ne vous ai point encore parlé, mon divin ange, de M. et de Mme de Montferrat 1, qui sont venus bravement faire inoculer leur fils unique à Genève. Ils viennent souvent dîner dans mon petit ermitage, où ils voient des gens de toutes les nations, sans excepter le pays d'Alzire 2.
Nous avons aux portes de Genève une troupe dans laquelle il y a quelques acteurs passables. J'ai eu le plaisir de voir jouer l'Orphelin de la Chine, pour la première fois de ma vie. J'ai, dans plus d'un endroit, souhaité des Clairon et des Lekain mais on ne peut tout avoir. C'est vous, mon cher et respectable ami, que je souhaite toujours, et que je ne vois jamais. Vous m'allez dire qu'après avoir vu des comédies je devrais être encouragé à en donner; que je devrais vous envoyer Fanime dans son cadre pour le mois de novembre mais je vous conjure de vous rendre aux raisons que j'ai de différer. Empêchez, je vous en supplie, qu'on ne me prodigue à Paris. Ce serait actuellement un très-grand chagrin pour moi d'être livré au public. Il viendra un temps plus favorable, et alors vous gratifierez les comédiens de cette Fanime, quand vous la jugerez digne de paraître. Nous nous
amuserons à donner des essais sur notre petit théâtre de Lausanne, et nous vous enverrons ces essais; mais point de Paris à présent. Comptez que ce n'est point dégoût, c'est sagesse car, en vérité, rien n'est si sage que de s'amuser paisiblement de ses travaux, sans les exposer aux critiques de votre parterre. Je vous supplie instamment de me mander s'il est vrai que vous ayez à Paris ou à la cour un comte de Gotter 3, grand-maréchal de la maison du roi de Prusse, tout fraîchement débarqué, pour demander quelque accommodement qui sera, je crois, plus difficile à négocier que ne l'a été l'union de la France et de l'Autriche. Je reçois assez souvent des lettres du roi de Prusse, beaucoup plus singulières, beaucoup plus étranges que toute sa conduite avec moi depuis vingt années. Je vous jure que la chose est curieuse. Je vois tout à présent avec tranquillité. Je suis heureux au pied des Alpes; mais je n'y serais pas si l'envie et le brigandage qui règnent à Paris dans la littérature ne m'avaient arraché à ma patrie et à vous. Je me flatte que Mme d'Argental continue
à jouir d'une bonne santé. Je vous embrasse tendrement, mon cher et respectable ami. »

1 La marquise de Montferrat est la dame dont le nom figure en tête d'un madrigal : page 589 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113266/f591.image.r=montferrat et voir lettre du 21 septembre 1757 à JR Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/22/il-ne-faut-pas-que-cette-campagne-finisse-sans-quelque-nouve.html

2 L’Amérique .

3 C'est sans doute à ce comte que Voltaire avait écrit en 1753 . Il est peu probable que ce grand maître des postes de Prusse ait été envoyé en ce moment ci à Paris .Voir : page 136 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f139.image.r=gotter.langFR

page 141 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f144.image.r=gotter.langFR

 

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30/12/2012 | Lien permanent

Ce n'est que par des choses nouvelles qu'on peut réveiller l'attention du public

... Un peu de silence peut aussi réveiller l'attention sur soi-même et sur les autres, je crois .

 

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« A Alexis-Jean Le Bret

A Lausanne le 8 janvier [1758]

Je n'ai pas manqué , monsieur, d'écrire à celui des Cramer qui est à Genève 1, conformément à vos intentions ; mais si vous avez envie de tirer quelque parti avantageux d'un ouvrage aussi considérable 2, je vous conseillerais d'en entreprendre l'édition vous-même ; on pourrait vous y aider . Je vous répondrais d'un très grand succès et très utile pour vous si vous pouviez consacrer trois ou quatre mois à la révision du livre . Il s'agirait de retrancher tous les articles purement historiques, vagues et inutiles, de fortifier ceux de philosophie et de dire tout ce que les dictionnaires ordinaires n'ont pas encore dit . Ce n'est que par des choses nouvelles qu'on peut réveiller l'attention du public .

Si je ne fais pas cet été un voyage en Allemagne, je vous offre un petit logement dans mon ermitage des Délices auprès de Genève . Vous n'y manquerez pas de livres et je vous seconderai dans ce travail . Vous jouirez d'un loisir qui vous mettra en état de rendre votre entreprise utile au public et à vous, etc. »

1 Philibert, car Gabriel est en voyage .

2 Sans doute un abrégé du Dictionnaire historique et critique , 1696-1697, de Pierre Bayle .

 

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15/03/2013 | Lien permanent

Le présent est affreux, s'il n'est point d'avenir

 ... Tout comme cette pomme en devenir qui ne paye pas de mine, velue comme un ours, hérissée comme un Barbidur, dure comme l'âme d'un mafioso .

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« A M. BERTRAND 1

Aux Délices, 7 mars 1756.

En arrivant, mon cher et humain philosophe, à mes petites Délices, j'ai été instruit des plaintes injustes que forme ici un libraire. Je conçois que tout libraire doit aspirer à vous imprimer, mais que ceux de votre pays doivent avoir la préférence. Ensuite on vous imprimera partout. J'attends avec la plus grande impatience votre dissertation sur les tremblements de terre 2. Vous connaissez si bien les montagnes que vous devez connaître aussi les cavernes. Vous nous instruirez sur tous les recoins de notre habitation, et principalement sur le grand architecte qui l'a bâtie. Je reviendrai le plus tôt que je pourrai à mon petit ermitage de Monrion, après quoi je compte venir vous apporter à Berne et soumettre à votre jugement et à celui de M. le banneret de Freudenreich mes rêveries dont vous avez voulu voir l'ébauche. Vous verrez que j'aurai profité de vos sages et judicieuses réflexions.
Il est vrai que des vers ne sont que des vers, c'est-à-dire des bagatelles difficiles, dans lesquelles on ne s'exprime pas toujours comme on voudrait. Je vous supplie de ne montrer à personne ces misères. Votre prose me dégoûte un peu de la poésie. Il est honteux à mon âge de songer à des rimes. Je ne dois penser qu'à vivre obscur et tranquille et à mourir avec confiance dans la bonté infinie de notre commun maître, dont vous parlez si noblement. Je vous embrasse bien tendrement.

V.

Je reçois dans ce moment cette brochure sur les tremblements de terre. Je me flatte avec raison que vous nous donnerez des conjectures plus satisfaisantes. Cette dissertation me ramène encore au tout est bien 3.

Je sais que dans nos jours consacrés aux douleurs,
Par la main du plaisir nous essuyons nos pleurs.
Mais le plaisir s'envole et passe comme une ombre;
Nos chagrins, nos regrets, nos pertes, sont sans nombre,

 

Le passé n'est pour nous qu'un triste souvenir;
Le présent est affreux, s'il n'est point d'avenir,
Si la nuit du tombeau détruit l'être qui pense.
Un jour tout sera bien, voilà notre espérance;
Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion
;
Les sages me trompaient, et Dieu seul a raison 4, etc.


Voilà à peu près comme je voudrais finir, mais il est bien difficile de dire en vers tout ce qu'on voudrait. Ayez la bonté de communiquer cette esquisse à votre respectable ami. Voici de beaux jours, je ne m'en porte pas mieux. Conservez votre santé et aimez-moi.

V. »


1 Magasin universel, 1838-1839, tome VI.

3 On sait que Voltaire combat l'optimisme dans son poème sur le tremblement de terre de Lisbonne.

4 Ces vers se retrouvent à la fin de ce poème. Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Po%C3%A8me_sur_le_d%C3%A9sastre_de_Lisbonne

 

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05/06/2012 | Lien permanent

toutes les tuiles qu'il voudra, mais ce n'est pas encore le temps de cuire

... Dires de Marine Le Pen pour Jean-Luc Mélenchon au moment du vote de la motion de censure . Pas folle la guèpe . Belle démonstration et rappel à la NUPES que celle-ci,  toute seule, ne fait pas le poids .  Bravo pour ce coup d'esbrouffe .

 

 

« A Henri Rieu

à Genève

[vers le 20 avril 1767]

Mon cher corsaire aura toutes les tuiles qu'il voudra, mais ce n'est pas encore le temps de cuire . Les pluies nous contrarient beaucoup .

Je me flatte que Pellet ne nous contrariera pas, et que l'ouvrage honnête et utile que vous lui avez confié fera quelque bien aux hommes 1.

Il me tarde bien de vous aller voir dans votre nouveau château de Gaillardin 2 . Je ne sortirai du mien que pour vous . »

2 Le château de Gaillardin (ou plutôt de Gaillard ) est à mi-chemin entre Genève et Bellegarde, en un endroit où certains Genevois possédaient des maisons de campagne .

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25/10/2022 | Lien permanent

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